J.-P. Reneric, M.-P. BouvardS128
« cachées » (destructrices : violations de propriétés ; non des-
tructrices : fugues). Non traité, le TC aura des conséquences
néfastes à long terme : sur le plan académique et profession-
nel (arrêt de la scolarité malgré des compétences normales,
chômage, non emploi) ; problèmes relationnels et conjugaux ;
abus de substances (drogues, alcool) ; criminalité ; mort pré-
maturée (suicide, conduites à risque…).
Les options thérapeutiques incluent des thérapies cogni-
tives et comportementales, individuelles, familiales ou grou-
pales, axées sur l’école et la maison [1, 2]. Elles sont surtout
développées dans les pays nord-américains où plusieurs
programmes ont montré leur effi cacité. Prises en charges
institutionnelles et approches psycho dynamiques font éga-
lement partie de la palette des outils thérapeutiques.
Les sujets pour lesquels les comportements agressifs et
violents sont persistants, envahissants et répétés dans le
temps seront susceptibles de recevoir un traitement phar-
macologique. Les traitements interviennent le plus souvent
en deuxième intention, à titre palliatif, en cas d’ineffi cacité
des prises en charges psychosociales ou en cas de danger
pour le sujet lui même ou les autres. Les traitements ciblent
soit des troubles spécifi ques sous-jacents dont l’agressivité
est une manifestation, soit l’agressivité elle-même indépen-
damment de troubles associés. Il est recommandé de traiter
en première intention le trouble pouvant générer de l’agres-
sivité et d’adopter ensuite une approche plus purement
symptomatique. Trois grandes classes pharmacologiques ont
été étudiées dans cette indication, à partir d’un rationnel
basé sur la neurobiologie de l’agressivité et de l’impulsivité :
les antipsychotiques, les thymorégulateurs (lithium et anti-
convulsivants), les psychostimulants [3, 4, 5].
Conclusion
Les traitements pharmacologiques les plus étudiés dans les
troubles du comportement perturbateurs avec agressivité
et/ou violence restent à ce jour les antipsychotiques aty-
piques : ils ont l’avantage d’une effi cacité rapide avec une
bonne tolérance à court, moyen et long terme. Les thymoré-
gulateurs ont un intérêt lorsque des fl uctuations d’humeur,
une explosivité ou un trouble bipolaire sont associés au TC.
Enfi n, les psychostimulants et la clonidine ont des effets
intéressants en cas de trouble défi citaire de l’attention
avec hyperactivité (TDA/H). La comorbidité apparaît donc
déterminante dans le choix du traitement pharmacologique
des comportements agressifs et/ou violents. Cela suppose
une évaluation rigoureuse non seulement de manière caté-
gorielle et transversale (inventaire des symptômes, syndro-
mes, troubles) mais aussi longitudinale et dimensionnelle.
La prise en charge d’un TC devrait avant tout être pré-
ventive. Cela suppose une réfl exion précoce des divers
intervenants auprès de l’enfant (parents, enseignants, édu-
cateurs…) lors de l’observation de comportements agressifs
ou « anti-sociaux » comme modalité univoque et/ou dura-
ble d’interaction avec autrui. Des programmes de guidance
parentale sont utiles, visant à contenir des comportements
de l’enfant ou à prévenir leur consolidation.
Références
[1] Connor DF, Carlson GA, Chang KD et al. for Stanford/Howard/
AACAP Workgroup on Juvenile Impulsivity and Aggression.
Juvenile maladaptive aggression : a review of prevention,
treatment, and service configuration and a proposed research
agenda. J Clin Psychiatry 2006 ; 67 : 808-20.
[2] Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale
(INSERM) : Expertise collective Trouble des conduits chez
l’enfant et l’adolescent, éditions Inserm, 2005, 428 pages.
[3] McDougle CJ, Stigler KA, Posey DJ. Treatment of aggression in
children and adolescents with autism and conduct disorder. J
Clin Psychiatry 2003 ; 64 : 16-25.
[4] Ruths S, Steiner H. Psychopharmacologic treatment of aggression
in children and adolescents. Pediatr Ann 2004 ; 33 : 318-27.
[5] Steiner H, Saxena K, Chang K. Psychopharmacologic strate-
gies for the treatment of aggression in juveniles. CNS Spectr
2003 ; 8 : 298-308.
Principes de traitement pharmacologique des comportements agressifs durables chez l’enfant et l’adolescent (NB : les traitements
pharmacologiques lorsqu’ils sont nécessaires sont toujours associés à une prise en charge psychosociale et/ou psychothérapique)
Diagnostic principal (hors troubles envahissants
du développement et schizophrénie) Diagnostic secondaire
ou dimension clinique Molécules ou classes
pharmacologiques conseillées
Pas de trouble spécifi que
Contexte environnemental
et/ou réactionnel
Prescription transitoire (en cas d’agitation importante
et/ou dans les manifestations réactionnelles) :
– hydroxyzine – cyamemazine
Trouble affectif :
dépression, manie, anxiété Traitement spécifi que du trouble :
- antidépresseurs - thymorégulateurs
- anxiolytiques - antipsychotiques
Trouble des conduites Antipsychotique :
– risperidone – olanzapine
TDA/H
Impulsivité Psychostimulants :
– methylphenidate - nouveaux antipsychotiques
- clonidine
Trouble de l’humeur
Fluctuations de l’humeur
Explosivité
- lithium - divalproex
- carbamazepine - nouveaux antipsychotiques