plus la modération des Hadj, ibn Badis ou Abbas, et ils s’organisent rapidement. En 1954 ils créent le FLN et son bras
armé, l’ALN, et dont le but affiché est clair : indépendance, restauration de l’unité algérienne et d’un Etat souverain.
Or, les dissensions entre les chefs fondateurs et entre partisans d’une action politique ou militaire entraîne de
nombreux conflits et de graves problèmes de cohésion face au colonisateur. Entre Ahmad Ben Bella (1er président
destitué en 1965 après un coup d’Etat), Hocine Ait Ahmed (exilé en 1962), Abane Ramdane (assassiné par ses pairs),
Mohammad Boudiaf (président algérien assassiné en 1992) et les militaires tel Houari Boumedienne, les oppositions
sont rudes. Des anciens leaders, seul Ferhat Abbas rejoint le FLN et devient en 1958 le premier président du GPRA
créé au Caire.
Mais le 1er novembre 1954 (Toussaint) l’insurrection armée débute par une série d’attentats à travers l’Algérie : ce
que le gouvernement nomme les « événements » par faiblesse et aveuglement est bien le début de la guerre d’Algérie,
guerre d’indépendance. En effet, l’opération de « maintien de l’ordre » se transforme rapidement en guerre avec
l’afflux d’une armée très nombreuse. Jacques Soustelle, fidèle de de Gaulle et nommé gouverneur général, décide
d’une politique de réformes économiques et sociales. Pourtant il change d’opinion radicalement en 1955 après de
nouveaux attentats du FLN en 1955, férocement réprimés : ce sera la guerre.
François Mitterrand, alors ministre de l’intérieur déclare au même moment : « il se trouve que l’Algérie c’est la
France, il se trouve que les départements de l’Algérie sont des départements de la République française. » (discours à
l’AN, 12 novembre 1954).
L’opinion des Européens d’Algérie joue un grand rôle dans l’échec systématique des réformes : lorsqu’un nouveau
réformateur arrive en 1956, le général Catroux, autre fidèle de de Gaulle, il est chassé et remplacé par Robert
Lacoste : toute négociation doit commencer par un cessez-le-feu du FLN, or ce dernier refuse l’arrêt des combats.
Guy Mollet, président du Conseil décide de l’envoi de l’armée, et notamment des parachutistes du général Massu :
l’usage de la torture est vite révélé à l’opinion publique de métropole, l’effet est considérable. Nombreux sont les
intellectuels qui prennent position, d’autant que même les européens favorables à l’indépendance sont torturés (Henri
Alleg, Maurice Audin, etc.)
En métropole, des soutiens au FLN se développent, mais c’est surtout au niveau international que les appuis sont plus
forts : pays arabes, Etats-Unis, Angleterre, ONU…
La guerre est d’autant plus violente que l’armée française sort d’une défaite cuisante en mai 1954 en Indochine, à Dien
Bien Phu, et ne veut pas être une nouvelle fois vaincue et perdre une colonie maîtresse.
C/ Des « événements d’Alger » à la « paix des braves », et à l’indépendance.
Les premières violences d’après-guerre sont vite étouffées par le gouvernement parisien : alors même que le GPRF
signe l’armistice le 8 mai 1945, des défilés ont lieu en Algérie pour fêter la fin de la guerre. Les partis nationalistes
profitent de l’occasion pour défiler pacifiquement, mais la police intervient et les manifestations dégénèrent en tuerie à
Sétif et Guelma : une centaine d’européens et plusieurs milliers de musulmans algériens meurent.
Les tueries s’étendent à d’autres villages et l’armée réprime les émeutiers jusqu’au 22 mai : le général Duval déclare
alors avoir « donné la paix pour 10 ans ».Ferhat Abbas est arrêté, jugé responsable des émeutes et de la mort des
européens, et rares sont ceux qui protesteront pour dénoncer les massacres massifs de musulmans.
C’est donc en novembre 1954 que la guerre éclate, que le gouvernement et les médias de l’époque ne considèrent que
comme des « événements ».
Le véritable tournant de la guerre se situe en 1958, car elle emporte le gouvernement et balaye la IVe République : le
FLN trouve des soutiens internationaux et se renforce, des armes arrivent par les frontières et l’ALN mène des
opérations depuis les frontières tunisienne et marocaine. L’armée française bombarde alors un village tunisien
frontalier, sensé abriter un camp de l’ALN le 8 février 1958 à Sakiet Sidi Youssef. De nombreux paysans sont tués et
blessés, ainsi que des enfants : la Tunisie de Bourguiba porte plainte à l’ONU et souhaite internationaliser le conflit, la
France est vivement critiquée à l’extérieur comme à l’intérieur où les opposants, notamment communistes sont plus
virulents contre l’incapacité du gouvernement.
C’est alors qu’en Algérie, nombreux sont les européens qui souhaitent un putsch militaire contre le nouveau
gouvernement de Pierre Pflimlin qui déclare vouloir négocier avec le FLN. Alors que la foule s’empare du
gouvernement général à Alger, le Général Salan prend, le 13 mai 1958, la tête d’un Comité de Salut public avec le
général Massu. Salan, poussé par les partisans de de Gaulle, lui lance un appel, le croyant partisan de l’Algérie
française :
• 21 mai 1958, Salan à de Gaulle : « Mon Général, vos paroles ont fait naître dans le cœur des Algériens
une immense espérance de grandeur et d’unité nationale » ;
De Gaulle est nommé Président du Conseil le 1er juin 1958, appelé par le président René Coty : il obtient alors les
pleins pouvoirs constituants, la IVe République s’effondre.
Dans un premier temps, de Gaulle tente de rétablir l’ordre sans prendre franchement position, il souhaite avant tout un
cessez-le-feu du FLN.
• 5 juin 1958, De Gaulle aux Algérois : « Je vous ai compris ».
• juin 1958, De Gaulle à Mostaganem : « Vive l’Algérie française ».