PRATIQUES | Gestion des risques au cabinet
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Le ConCoURS méDICAL
tome 135
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n° 1
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JANVIER 2013
communication médecin traitant - médecin spécialiste - médecin hospitalier
montre que ce transfert de confiance (relation
chirurgien – généraliste – patient) se fait impli-
citement lorsque le chirurgien est proposé par
le praticien et qu’il est réellement connu du
praticien (relations directes existantes entre
eux) ; inversement, le transfert de confiance et
la position du généraliste tourne plus facilement
au conflit avec le patient quand généralistes et
chirurgiens ne se connaissent pas, ou pire, ont
des ressentiments réciproques non exprimés.
En comparant les données dans le temps, on
constate une tendance à l’apaisement des ten-
sions en médecine générale, alors que pour les
spécialistes le climat relationnel s’est alourdi.
Plus de la moitié des généralistes se plaignaient
des exigences des patients (54 %), mais encore
plus de spécialistes libéraux trois ans plus tard
(45 % en 2005, versus 71 % en 2008). Les conflits
avec l’Assurance maladie affectaient 26 % des gé-
néralistes et 38 % des spécialistes en 2008. Les
difficultés avec l’hôpital, elles, sont deux fois plus
fréquentes (de 16 % en 2005 à 29 % en 2008).
La densité médicale dans le secteur d’activité,
source a priori de concurrence, a souvent été
évoquée comme facteur de risque de conflit. Au
début de 2008, sur 100 praticiens libéraux, 52 es-
timaient avoir une charge de travail « normale »
et 44 pensaient être en situation de surcharge(3).
L’enquête montre que sur 100 médecins libéraux
62 estiment que le nombre de confrères dans le
secteur géographique est adéquat, 9 sont d’avis
qu’il est trop élevé, et 26 seulement pensent que
• Se connaître personnellement, travailler en réseau, partager une
relation professionnelle réelle : c’est LE meilleur moyen de faciliter
une uidité de la communication/coordination et une résolution
immédiate des conits : organiser des opportunités de rencontre
où chacun peut expliquer à l’autre son métier, ses besoins et ses
contraintes.
• Développer des approches communes pour suivre des patients
ou des cohortes de pathologies : staffs, revue de mortalité et de
morbidité, ou toute occasion de travail en groupe de pairs.
• Se réserver du temps pour coordonner ses activités médicales.
La plupart des incompréhensions et des conits résultent d’un
temps insufsant de contact et d’une charge de travail excessive des
protagonistes : il faut arriver à « acheter » du temps sur son agenda
pour assurer ce travail de coordination.
• Se forcer à débriefer les conits : téléphone, contact direct.
Ne pas laisser de conits latents et non dits, où des insatisfactions vont
nourrir les échanges futurs et les aggraver, au détriment du patient.
• Tenir les patients en dehors des conits : quels que soient les
divergences et désaccords, conits qui peuvent se créer entre
praticiens, le patient en particulier et la clientèle en général méritent
d’être tenus à l’écart au bénéce du patient et de la médecine(1).
• Développer un protocole plus clair de communication des
informations médicales entre médecin traitant et spécialistes,
particulièrement pour l’envoi des patients aux urgences des
hôpitaux(2).
1. Rougeron, 2000 http://www.parisouest.cnge.fr/IMG/pdf/LES_RELATIONS_ENTRE_
MEDECINS_GENERALISTES_ET_CHIRURGIENS.pdf
2. Alalo M, Lang E, Léger R, et al. Impact of a standardized communication system
on continuity of care between family physicians and the emergency department, CJEM
2007;9:79-86.
Six conseils pour réduire les conflits entre spécialistes de médecine générale et spécialistes référents
Parfaire les relations entre généralistes, urgentistes et réanimateurs
des urgences des hôpitaux
Une étude, conduite dans le sud de la France sur les motifs de conit entre généralistes
et urgentistes/réanimateurs des hôpitaux, montre qu’il existe vraiment des gisements
de progrès pour améliorer leurs relations mutuelles.
L’étude bilatérale a procédé par enquête auprès des deux populations.
Les urgentistes et réanimateurs (245 médecins inclus)[1] considèrent que seulement
20 % de patients arrivent avec une vraie lettre explicative présentant une observation
médicale, et encore, la moitié de ces lettres est quand même considérée en défaut
d’informations (histoire, traitement en cours, pathologies intercurrentes, allergies, et
état réel du patient à l’adressage aux urgences). Trente-trois pour cent des généralistes
ont demandé des informations par téléphone ou ont visité leur patient pendant
le séjour ; 80 % des réanimateurs disent avoir fait une lettre au généraliste assez
complète à la sortie ; au total, le niveau de collaboration a été estimé à 5,5 sur 10,
pas de contacts, peu d’informations réciproques, particulièrement pour la tranche
d’âge des médecins de 45 à 55 ans.
Les généralistes ont répondu en retour à un questionnaire anonyme
(7 329 généralistes, 1 521 réponses)[2] en estimant la qualité de la relation à 57 sur
une échelle allant de 0 à 100. Cinq motifs
d’insatisfaction dominent : manque
d’information donnée au médecin traitant, y
compris par téléphone, mauvaise qualité de
l’accueil des familles, ou sur l’interlocuteur
désigné dans chaque famille pour être tenu
informé, manque d’information donnée
aux familles, ce qui en retour pénalise
le généraliste, qui n’a souvent pas plus
d’informations (et doit néanmoins servir de
relais), absence de lettre de sortie.
1. De Laitre V, Lefrant JY, Jaber S, et al. General practitioners’ and intensivists’ relationships: intensivists’ point of view
from eight French southern regional areas, Ann Fr Anesth Reanim 2006;25:493-500. Epub 2006 Feb 20.
2. Etesse B, Jaber S, Mura T, et al. How the relationships between general practitionners and intensivists can be
improved: the general practitionners’point of view, Critical Care 2010;14:R212.
DR
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