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— la récurrence est l'apparition de virus infectieux à la périphérie, sans lésion
clinique ;
— la recrudescence ou maladie récurrente consiste en des lésions cliniques dans
les tissus périphériques, induites par un virus récurrent (6).
La réactivation proprement dite est très difficile à mettre en évidence. Le seul
moyen est d'étudier directement le site de la latence et d'y vérifier la réapparition de
la multiplication virale. Le plus souvent, la réactivation est étudiée à travers ses
conséquences directes : réexcrétion et réponse immunitaire secondaire.
Stimuli de la réactivation
Plusieurs stimuli de réactivation ont été rapportés ; ils peuvent différer d'un
herpèsvirus à l'autre. La fréquence de la réactivation est si grande dans certains
modèles (par exemple, les cobayes infectés par un HSV) qu'il est impossible d'iden-
tifier un stimulus de réactivation, car on ne peut pas distinguer sans équivoque une
réactivation spontanée d'une réactivation provoquée. D'autre part, la définition
d'une réactivation spontanée n'est pas évidente : elle pourrait être provoquée par
un état endogène de l'animal infecté de manière latente ou par une modification de
l'interaction entre le virus latent et la cellule infectée, au niveau cellulaire (24).
Néanmoins, des stimuli de réactivation ont été identifiés sans équivoque dans la
plupart des infections à herpèsvirus. Ce sont : les situations de stress, la mise-bas, le
transport, la surinfection par un autre virus (63), le changement d'habitat (13),
l'irritation locale de la peau (18), un traitement à la cyclophosphamide (6, 65).
Expérimentalement, le stimulus le plus important de la réactivation est l'injection
de glucocorticoïdes : en effet, elle réactive plusieurs herpèsvirus présentant un inté-
rêt vétérinaire : l'herpèsvirus bovin 1 (BHV-1) (59), l'herpèsvirus bovin 2 (BHV-2)
(57),
l'herpèsvirus félin 1 (12), le SHV-1 (33) et l'herpèsvirus 1 des équidés, dont on
a pu provoquer récemment la réactivation et la réexcrétion chez des poneys infectés
de manière latente (9).
Les mécanismes de la réactivation
Les mécanismes de la réactivation sont apparentés aux facteurs impliqués dans
le contrôle de la latence. Trois hypothèses sont à envisager : la réactivation d'un
herpèsvirus latent peut être induite, soit par une immunodépression, soit par un
effet direct du stimulus sur les cellules infectées de manière latente, soit encore par
une combinaison de ces deux mécanismes. Les deux mécanismes peuvent être illus-
trés par l'effet d'une injection de glucocorticoïdes. Les glucocorticoïdes peuvent
agir soit par leurs propriétés immunodépressives connues (51), soit par effet direct
sur la cellule infectée de manière latente (41). La deuxième hypothèse est corroborée
par le fait que les glucocorticoïdes pénètrent dans la cellule, sont couplés à une pro-
téine vectrice et peuvent induire de façon sélective la transcription de certaines par-
ties du génome. L'effet direct des glucocorticoïdes sur le génome proviral a été mis
en évidence dans une autre famille de virus, les Retroviridae (56).
Le mécanisme de la réactivation reste controversé. Par exemple, la réactivation
du cytomégalovirus murin est induite par plusieurs stimuli ; on sait que la plupart
d'entre eux sont immunodépresseurs. Néanmoins, des effets non immunologiques
accompagnent ces traitements et pourraient constituer le vrai stimulus de la réacti-
vation (21). La cyclophosphamide est un immunodépresseur très
actif.
Elle induit la
réactivation de plusieurs herpèsvirus : HSV (20) et herpèsvirus 1 du pigeon (65),
mais est sans effet sur la latence du BHV-1 (42). La dose de cyclophosphamide utili-
sée provoque également des altérations de l'ADN (6). On ne peut donc pas conclure
que l'effet de la cyclophosphamide soit dû à l'immunodépression. Enfin, comme les