La prise en charge des
brûlures de l’enfant
dans les 48 premières
heures
Dr Erpicum
Céline Debouche
4ème pédiatrie
2005-2006
La prise en charge des brûlures de l’enfant dans les
48 premières heures.
1. Introduction / Epidémiologie
Les brûlures de l’enfant sont différentes de celles de l’adulte à trois niveaux :
- Dans ¾ des cas, la brûlure survient à l’occasion d’une négligence ou d’une faute
d’attention de l’entourage et le plus souvent au domicile (accident domestique).
- A surface atteinte et à profondeur identique, les brûlures mettent plus rapidement en
jeu le pronostic vital de l’enfant.
- Leurs cicatrices nécessitent une surveillance continue tout au long de la croissance car
les régions brûlées ne grandissent pas comme une peau saine.
Quelques chiffres : Profil type de l’enfant brûlé :1
- Jeune enfant de moins de trois ans (59%)
- Plutôt un garçon (62%)
- Famille d’immigrés (11%)
- Famille de plus de trois enfants et victime d’un accident domestique (87%), dans la
cuisine (53%) ou dans la salle de bain (11%) et en présence de la mère.
- La brûlure est occasionnée par un liquide chaud : eau de cuisson (21%) ou aliments
(24%), immersion dans l’eau chaude sanitaire (12%), contact avec un objet chaud
(9%). Les flammes sont la deuxième cause de brûlures (17%) et sont plus graves.
- Plus d’un enfant sur deux est brûlé sur une surface inférieure à 10% mais 23% le sont
à 20% et 14% à plus de 30%.
Dans la région de Charleroi :
- Les patients brûlés représentent 0,5% des admissions au service des urgences.
- 21% des ces patients sont des enfants âgés de 0 à 10 ans.
- Dans la tranche d’âge de 11 à 20 ans, le sexe masculin est trois fois plus représenté
que le sexe féminin.
Au centre des brûlés de Loverval (IMTR) :
- 1/3 des patients sont des enfants. Beaucoup sont admis suite à un transfert d’un autre
hôpital.
- La tranche dâge 0-5 ans est la plus représentée.
1 Données épidémiologiques en France en 1991-1992, enquête menée par le Professeur C. Mercier de Tours
2. Qu’est ce qu’une brûlure ?
= Lésion cutanée provoquée par un agent causal (thermique, électrique, physique, chimique)
dont la gravité dépend du temps d'exposition à celui-ci.
3. Quelles sont les causes de brûlures ?
- Agents thermiques
o par liquides chauds
aspersion : eau chaude, potage, thé, café… (l’enfant qui veut boire
quelque chose de chaud et le renverse, l’enfant qui renverse une
casserole d’eau bouillante…).
Immersion : moins fréquente mais les lésions sont plus profondes.
o par flamme : entraîne souvent des brûlures des 2ème et 3ème degrés. (barbecue,
feu de vêtements ou incendie…).
o par contact : fer à repasser, porte du four, plaque de cuisson, poêle à bois pot
d’échappement…
o par frictions : enfant traîné sur la route, chute de moto…
- Electricité : brûlures graves avec séquelles esthétiques et fonctionnelles. (accès trop
facile à l’électricité)
- Agents chimiques acides ou alcalins : souvent du 3ème degré (décapant pour
meuble…).
- Rayonnements – radiation (soleil, banc solaire…)
4. Profondeur de la brûlure
- 1er degré : Lésion superficielle de l’épiderme. Elle se traduit par un érythème
douloureux et cicatrise en moins de quatre jours après desquamation.
- 2ème degré :
o Superficiel : Se traduit par des phlyctènes. Il cicatrise spontanément en 10 à 12
jours sans cicatrice.
o Profond : Se traduit par des placards rouges-violacés ne décolorant pas à la
pression. Il est peu sensible. Il peut évoluer spontanément en trois semaines
avec des séquelles esthétiques et fonctionnelles soit nécessiter une greffe.
- 3ème degré : Destruction complète de la peau. Il se traduit par des placards blanchâtres,
bruns ou noirs indurés ou cartonnés ne décolorant pas à la pression. Il est insensible. Il
ne peu cicatriser spontanément que par la périphérie si la surface est peu importante. Il
doit être greffé.
- 4ème degré : Atteinte des structures sous-cutanées (os, muscles). Cette situation est
grave et ne peut être améliorée que par une intervention chirurgicale. La peau est
carbonisée et présente un aspect cartonné.
5. Comment calculer la surface brûlée ?
La surface corporelle brûlée est exprimée en pourcentage de la surface corporelle totale.
La règle de Wallace n’est applicable que chez l’adulte. Pour l’enfant, on utilise les tables de
Lund et Browder car elles tiennent compte des variations de surface de la tête et des membres
inférieurs au cours de la croissance.
Lorsque les brûlures sont disséminées, il est possible d’évaluer en utilisant la paume de la
main de l’enfant qui, quel que soit son âge, représente 1% de sa surface corporelle.
6. Quels sont les facteurs aggravants ?
6.1. Terrain
- Age : Les brûlures sont plus graves chez l’enfant de moins de trois ans.
- Topographie des brûlures
o Les brûlures profondes du cou par compression veineuse, de la face par œdème
des voies respiratoires supérieures ou du thorax par rigidité thoracique peuvent
mettre en jeu le pronostic vital de l’enfant.
o Les brûlures des extrémités (mains doigts et pieds) et des articulations peuvent
mettre en jeu le pronostic fonctionnel.
o Une brûlure circulaire profonde peut avoir un effet garrot et être responsable
d’une ischémie distale.
6.2. Lésions associées
Elles sont à rechercher systématiquement :
- Intoxication au CO
- Fractures diverses
- Traumatismes crâniens
- Traumatismes thoraciques
- Lésion pulmonaire par blast et perforation tympanique en cas d’explosion.
7. Traitement des brûlures bénignes
= La surface corporelle brûlée au 2ème degré est inférieure à 5% en dehors des brûlures de la
face et des mains, chez un patient ne présentant pas de lésions associées.
- Le traitement d’une brûlure du premier degré consiste à appliquer régulièrement une
crème hydratante associée à un traitement antalgique et antipyrétique (paracétamol).
- Une brûlure du deuxième degré superficiel nécessite un nettoyage et une désinfection
des lésions avec des antiseptiques dermiques non agressifs (chlorexidine) et l’excision
des phlyctènes. Le pansement est réalisé avec des hydrocolloides. En l’absence de
vaccination antitétanique ou si elle est supérieure à 10 ans, il convient d’administrer
des gamma-globulines anti-tétanique et vacciner. Toute brûlure non cicatrisée en 10
12 jours doit être vue par un spécialiste.
- Une brûlure du deuxième degré profond et du troisième degré doit, compte tenu du
risque de séquelles esthétiques et fonctionnelles, faire l’objet d’un avis spécialiste.
- Il ne faut jamais appliquer un colorant sur une brûlure (éosine) car il est difficile
ensuite d’évaluer la gravité.
- Pour tous les types de brûlures, un traitement antalgique DOIT être prescrit.
- Il est important de réévaluer une brûlure après 24 heures.
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