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I. Introduction
De tout temps, l'Homme a créé en s'inspirant. Que ce soient les Romains qui adaptèrent les Grecs ou
les écrivains qui se basèrent sur les histoires antiques, l'Homme passe par divers processus adaptatifs
pour s'approprier l'œuvre initiale et la modeler comme il le veut. Pour reprendre la célèbre
expression : "Tout n'est qu'adaptation".
L'adaptation concerne deux œuvres, la première sur laquelle l'artiste se base et la seconde qui
constitue son adaptation. La nature des œuvres de base et adaptées peut être variée. Ainsi, il est
possible de rester dans le même genre (roman vers roman, pièce de théâtre vers pièce de théâtre, ...)
ou de changer de registre (roman vers pièce de théâtre, film vers roman, ...). Dès lors, il est
intéressant d'analyser les circonstances qui ont poussé l'auteur original à créer son œuvre et
l'adaptateur à adapter cette œuvre.
Il est pourtant un type d'adaptation qui est le plus couramment utilisé : de la pièce de théâtre au
film. L'analyse se porte alors sur la traduction intersémiotique, qui est le passage du langage théâtral
au langage cinématographique. Le présent travail porte sur l'adaptation au cinéma de Huit femmes,
réalisé par François Ozon, tiré de la pièce éponyme de Robert Thomas. L'analyse compare le film à la
pièce de théâtre mise en scène par Jean Le Poulain.
II. La pièce de théâtre
1. L'auteur
Robert Thomas est un auteur dramatique, comédien, metteur en scène et réalisateur français, né le
28 septembre 1927. Très tôt, il se découvre une passion pour le théâtre contemporain et moderne. Il
n'a plus qu'une seule idée en tête : écrire et jouer la comédie à Paris. Il travaille de nombreuses
années au Nouveau-Théâtre ce qui lui permet de côtoyer les grands noms du théâtre français (Noëlle
Adam, Ginette Garcin, Mona Monick). Il joue ses premiers rôles dans La Main de César et Les Belles
Bacchantes. C'est en 1958 et 1959 que ses deux premières pièces sont créées. L'une des deux est
Huit Femmes, mais elle ne rencontrera pas le succès escompté. Celui-ci arrive avec sa huitième
pièce, Piège pour un homme seul, qui connaît un triomphe. Il reçoit le prix du Quai des Orfèvres pour
cette pièce. Il se rend compte de l'avenir prometteur qu'ont les pièces qui mélangent intrigue