nr 24 - Taty Lauwers

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Cuisine
Nature
Belgique - Belgïe
P.P. - P.B.
1400 Nivelles 1
BC 5883
nr 24 @ décembre 2006
Lettre personnelle de Taty. Impact de la cuisine sur la santé:
un autre éclairage.
J
e tiens à vous remercier tous, chers
abonnés, pour m’avoir accompagnée
dans mes recherches pendant ces
quelques années. Outre le plaisir que vous
m’avez offert de jouer Miss Marple en
cuisine, j’ai été honorée de tant de confiance. On me prend donc pour un véritable
auteur !
J
e ne suis pas plus douée qu’une autre
pour écouter l’intuition de mes
besoins nutrimentaires profonds. Si
j’ai trouvé mon assiette idéale, ce sont les
graves épreuves de santé qui m’ont
accablée qui m’ont ouvert les yeux sur
quelques réalités physiques qu’un mental
trop puissant m’empêchaient d’accueillir.
Quelques auteurs m’ont aidée. Il y a douze
ans, la méthode Kousmine a été, ma
plateforme de salut, mais ce n’est que du
prêt-à-porter alimentaire. Je ne peux la
pratiquer telle quelle à long terme. De par
mon polymorphisme de santé (d’agonique
à dynamique à plusieurs reprises), j’ai pu
ressentir à quel point les bons conseils
alimentaires doivent être modulés en
fonction de l’état général de la personne.
Grâce à la méthode du régime selon le
groupe sanguin, je me suis autorisée, lors
de mes années végétariennes, à inclure un
peu plus de produits animaux dans mon
assiette. Les livres de diététique de l’ayurveda tout autant que la diététique chinoise
m’ont confirmé que, par nature, je ne suis
pas nourrie par le cru, que je me ressource
grâce aux matières grasses et que je dois en
consommer plus que la moyenne. L’appui
sur ces méthodes m’a rassurée dans mes
premières intuitions. J’ai parfois été
distraite par des auteurs (trop) convaincants. Je propose ici une relecture critique de l’ouvrage de la macrobiote Gillian
McKeith : Vous êtes ce que vous
Mangez (page 15). Sous l’intitulé
Comment manger selon ma nature
(pages 9 à 16), j’y fais la synthèse de ce que
j’ai transmis tout au long des articles et des
questionnaires qui vous ont été soumis
depuis le début. Ce dossier sera un
chapitre du prochain livre Mon Assiette
en Équilibre (prévu mars 2007).
A
vant de nous quitter, il me
semblait aussi essentiel de vous
communiquer au moins deux
visions latérales de l’assiette saine : la
Diététique Chinoise (pages 6 à 8) et la
Diététique de l’Ayurveda (pages 2 à 5),
ainsi qu’une méthode qui pourrait vous
aider à cibler plus vite votre profil : le
Typage Métabolique (page 8).
C
es sujets étant complexes, je suis
à court de place (16 pages max.)
pour les recettes de cuisine qu’il
me restait à partager. Elles sont trop peu
nombreuses pour amorcer une nouvelle
année du bimestriel. Je publierai donc
d’ici fin mars sur le site les dernières
recettes que je comptais partager avec
vous dans la catégorie gâteries : le Gâteau
aux Poires; le Cake Léger de Véro; les
Pataploufs au Citron (soufflés); les
Souffles de Chocolat ; les Éclairs au
Chocolat ; les Croissants; les Palmiers en
pâte feuilletée; les Bouchées à la Reine
maison. Toutes les recettes ad hoc du
Bimestriel. Ag P304055. Bureau de dépôt: Nivelles distribution. 22.12.06
Cuisine Nature
bimestriel, compilées dans la série
Desserts en Famille, ne seront pas
publiées sous forme papier, comme prévu
initialement, mais bien sous forme digitale
dès l’été 2007. Je présente mes excuses aux
lecteurs qui ne sont pas connectés à la
Grande Toile (10 sur 439 abonnés). Je me
console : vous pouvez faire imprimer par
n’importe quel ami ou relation internaute.
Je n’ai pas pu non plus intégrer quelques
articles qui me tenaient à cœur. Ils prendront le même chemin (d’ici mars 2007,
écrit-elle; traduisez en « d’ici juin 2007 »):
X
X
X
X
X
Comment trouver dans l’assiette
l’équivalent des compléments
alimentaires (silice, magnésium, acide
lipoïque, etc.) ?
Se Nourrir Autrement, de J. Acremant
(l’alimentation selon l’anthroposophie).
Inflammation chronique : le mal du
siècle.
Le bio n’est pas une mode.
Etc. etc.
Les autres sujets sont trop spécialisés et
trop complexes pour être inclus dans un
bimestriel grand public (Le Cru à Corps
Perdu, Docteur Je Veux Maigrir, etc.) Ils
seront traités dans des livres électroniques
à venir.
Avec toute ma reconnaissance, mon
amitié et mes meilleurs vœux de saison,
Taty, 21.12.2006
nr 24
décembre 2006 - p. 1
La diététique
de l’ayurveda
(partie 1)
Dans la vision holistique de la diététique
de l’ayurveda, technique indienne séculaire que j’ai très succinctement présentée
page 10 du numéro 23, certains profils
métaboliques sont apaisés ou excités par
certains aliments. La pratique sérieuse de
la diététique de l’ayurveda exige l’intervention d’un médecin indien. Je n’expose
ici que des principes de base. Les idées de
plats que je soumets ne sont qu’anecdotiques au regard de la complexité du regard
d’un ayurvédiste. Il se peut que vous viviez
une maladie à tendance pitta alors que
vous êtes d’un autre dosha, que l’hiver
rallume des petites dérives vata chez un
tempérament kapha, que vous ayiez,
comme la quasi majorité des Occidentaux
ajourd’hui, subi des «déformations» de
votre constitution première. Vous êtes
devenu un faux vâta, par exemple.
Suite du dossier paru dans le dernier numéro de Cuisine Nature. Où l’on verra
comment adapter son assiette quotidienne selon les doahas, ou forces et
faiblesses, en diététique indienne. Cet articlene fait sens que si vous avez lu la
première partie. Je cite ici quelques recettes de mes livres, pour une adaptation
à l’européenne, comme le fait Deepak Chopra.
Les résultats au questionnaire sur le site
ne sont que le reflet de votre condition
dumoment, et non de votre constitution
profonde. Les principes et menus
proposés ici vous seront utiles pour mettre
en place au quotidien les conseils du
médecin. Si vous êtes tridosha, cet article
ne vous apportera pas grand chose. En
famille, ne vous fatiguez pas à préparer
trois plats différents si les trois convives
sont de trois doshas différents. Je
comprends désormais l’ordonnance des
tables en Inde. Au milieu de la table sont
placés plusieurs bols contenant les
aliments que chacun associe dans sa
propre assiette: riz, épinards, lentilles,
sauce, etc. Les magasins spécialisés
vendent des mélanges Vata Churna (idem
pour pitta ou kapha) dont on saupoudre les
plats qui ne sont pas préparés selon votre
mode alimentaire individuel.
Je rappelle que «mon but est d’ouvrir une
porte à une autre vision du réel
nutrimentaire et de vous convaincre que
votre intuition profonde au plan
alimentaire est généralement juste. Mais
oui, vous avez raison, vous vous sentez
mieux à manger gras ou tout cru ou plus
liquide que la moyenne. Mais non, vous
n’avez plus besoin des conseils du gourou
alimentaire qui vous a tenu la main lors
de votre entrée en matière. Le seul gourou
de vous c’est vous désormais. C’est le bien
être profond qui peut se dégager de cette
nouvelle forme d’entente avec votre
corps-partenaire qui sera votre maître.».
Vâta
Vata représente l’air et l’éther, ainsi que le
mouvement. Représentons-nous, en
icône, une Françoise Hardy. Profil
changeant, imprévisible, variable en
taille, en humeur, en action! Enthousiaste,
impatient, imaginatif, impulsif. Rapide à
agir mais rapide à se fatiguer aussi.
Termine avec difficultés les multiples
tâches qu’il entame simultanément.
L’énergie fluctue fort : il saute de son lit
comme un jack in the box, tourbillonne
comme une abeille puis s’écroule pour une
sieste après quelques heures. Lorsque vata
est déséquilibré, nous voici en face d’une
poule qui court sans tête (mon profil
d’avant la révolution kousminienne). On
comprend qu’il n’est pas de limite à leur
imagination. vâta entamera dix huit
projets pour en mener un seul à bout
puisque the sky is the limit. Facilement
p. 2 - nr 24
décembre 2006
anxieux, sujet aux insomnies, au
syndrome prémenstruel, à la constipation.
Articulations fines. Métabolisme rapide, il
reste facilement mince et sec, sauf après
des exagérations répétées. Il n’a aucun
mérite à rester mince, c’est sa nature!En
déséquilibre, vâta tend à mener une vie de
bâton de chaise, sans horaires réguliers.
Ce sera difficile de l’y contraindre, mais la
régularité des horaires est l’une des clés de
son bien-être.
À mon expérience, ce sont les profils en
excès vata qui sont les plus susceptibles
d’être victimes de carences en neuromédiateurs (voir C.N. n° 22) ou de ce que
l’on nomme candidose aujourd’hui dans
les cercles naturos - ce qui n’est parfois
qu’un affaiblissement général de l’organisme. C’est normal. Comme ces profils
trouvent leur nourriture essentielle via les
Cuisine Nature
matières grasses, ce sont les premiers à
souffrir de la lipidophobie actuelle. C’est
d’ailleurs chez eux que le désendoctrinement est le plus laborieux. Cérébraux à
outrance, les profils vata n’écoutent tout
simplement pas leur corps. Ils lisent les
livres !
Parmi les trois doshas, c’est vata qui
s’aggrave le plus facilement. Évitez tout ce
qui renforce le déséquilibre Vata : le
climat froid, le jeûne, les déplacements
surtout en avion, le chagrin, l’automne et
le début de l’hiver, les horaires irréguliers,
les lavements intestinaux fréquents,
l’alimentation telle que décrite dans les
paragraphes suivants. C’est le point le plus
facile à travailler, car sous certains climats
il faut bien s’accommoder de climat froid,
de vent et d’humidité.
Principes alimentaires
pour pacifier vâta
nombreuses variantes en soliste dans
Cuisine Nature à Toute Vapeur).
Pour tempérer les excès vâta, le mot
d’ordre sera : gras, cuit, onctueux.
Privilégiez les goûts salé, acide et doux.
Soyez régulier dans vos rythmes
alimentaires : deux à trois repas, sans en
sauter un, aux mêmes heures chaque jour.
Végétaux. Les légumes seront présentés
en mousses, améliorées d’un bon peu de
matière grasse. Facile à faire avec les
mousses : chaque convive ajoute dans
son assiette la dose et la qualité de matière
grasse qui lui convient.. Consommez peu
de légumes et de fruits crus, sauf sous la
forme de jus frais dilués dans du bouillon
maison chaud ou de l’eau chaude. Ou
alors accompagnés de beaucoup de
matière grasse.
Matières grasses. Votre plan alimentaire doit être riche en graisses: 6 cuill.s.
ou équivalent par jour minimum (huile de
sésame, beurre, crème). Le type de graisses
dépend de votre profil individuel et de
l’état digestif global. Les noix & C° seront
salées et torréfiées (maison, selon la
recette de Brésilienne). Elles sont alors
« chaudes, lourdes » au sens ayurvedique. Évitez les aliments froids, légers et
pauvres en calories qui vous laissent sur
votre faim. Une salade composée étant
dans ce cas, assaissonnez-la d’huile pour
l’équilibrer ou, au restau, préférez un
potage bien chaud, pain et beurre. Le cas
échéant, le dessert doit aussi être chaud.
Cuissons. Privilégiez la cuisson
« sèche » au four (les cuissons basse
température à 85°C détaillées dans Mes
Recettes Antifatigue ou dans les n°S 8 et9),
au wok, les rôtis, les grillés, les sautés
plutôt que la vapeur, la forme bouillie ou
pochée. Les fritures sont même autorisées (en modération, bien sûr). Vos
plats de choix seront donc des potages
onctueux, des plats au wok finis à la crème
de coco ou à la crème fraîche (voir les
recettes et principes dans les numéros 5,
7, 18), des plats mijotés longs (daube ou
carbonnades à la flamande, voir le s et ses
Matin. Prenez un petit déjeuner sage et
salé (version English Breakfast dans
Petits Déjeuners).Votre autre choix serait
du pain bien beurré ou du Porridge au lait
entier(ou à la crème fraîche ou à la purée
d’amandes), Riz au Lait, un Crumble
spécial jules au beurre ou du Lemon Curd
(C.N. n° 14 ou Tartes et Légumineuses)
sur une Crêpe maison.
Collation. S’il vous en faut (lors de
périodes de multiprises alimentaires,
comme pendant la cure antifatigue),
votre choix sera gras cuit onctueux, de
préférence salé. Peut-être une Barre
Protéinée d’Avoine . Je me contente
parfois d’une cuillérée de Lemon Curd.
Les fruits riches en sucre et MÛRS sont
bons pour vata, spécialement s’ils sont
cuits (en compote, par exemple). Une
pomme crue à la mode W.W. est un choix
contreindiqué. Accompagnez-la, le cas
échéant, d’une belle et bonne poignée
d’amandes ou de graines de courge. Les
aliments à sucre ajouté sont toujours,
chez vâta, accompagné d’aliments
nourrissants, comme des laitages: par
Cuisine Nature
exemple une compote de fruits maison à
la cannelle avec un peu de fromage frais
de lait cru ou de la crème (mmmmh!).
Piste de menus. La version douce de la
cure antifatigue est propice à vâta (car le
système digestif est le point faible de vâta).
La chrononutrition très stricte de la cure
les apaisera. Dans le livre Germes de
Gourmand, j’ai prévu des versions cuites
pour ces cas.
Divers. Vata est le seul profil ayurveda
qui est bien nourri par les laitages.
Deepak Chopra conseille un thé à
l’anglaise lors de la forte baisse d’énergtie
en fin d’après midi : une infusion et des
biscuits (des Rochers de coco, des Barres
Protéinées d’Avoine, par exemple). Un
thérapeute indien ne conseillerait-il pas
plutôt du salé ?
Boissons. Une boisson indienne
élimine l’excès de vata : le lassi (yaourt
dilué pour moitié d’eau).
Autocitation encore. Voici ce que j’en dis
dans la dernière édition de Germes de
Gourmand , dans le paragraphe
Tempéraments inadaptés au cru et aux
germinations: «En diététique chinoise, ce
sont les profils « yin instable » qui
devraient éviter les crudités, même
germées. En diététique de l’ayurveda
indienne, ce sont les profils en excès de
vâta. Très souvent (mais pas toujours, ce
serait trop facile, hé !), les victimes de
candidose sont dans ce cas : soit yin
instable, soit vata en excès. Germez si vous
voulez, mais cuisez ! En revanche, il
semble que les profils kapha peuvent
germifier tant et plus !»
nr 24
décembre 2006 - p. 3
Pitta
Pitta représente le feu et le métabolisme.
S’il fallait trouver un prototype pour ce
dosha, notre profil type serait Alain
Delon. Rapide, intelligence acérée, très
efficace et méthodique dans son travail et
dans l’organisation. Peut exploser en
colères. Perfectionniste, parfois trop
critique, même arrogant. Sujet à l’acné,
aux ulcères. Physique équilibré, il peut
quasi tout se permettre en hygiène de
vie.... jusqu’à quarante ans. Endurant à
l’effort. A souvent soif et facilement
chaud. Ne supporte pas les chaleurs fortes
ni l’été. Le mot d’ordre pour apaiser pitta
serait : modération en toute chose, mot
d’ordre qui les ferait plutôt fuir. Tant pis.
Ils y viendront bien un jour. Ces personnalités cherchent l’excès : s’ils boivent,
c’est trop ; s’ils épicent, c’est du tabasco
dans tous les plats... Difficile de les
modérer et pourtant, telle est leur clé de
bien-être.
Pitta sera déséquilibré par le climat chaud,
trop de responsabilités, la compétition, le
sel et les épices, la colère, l’alimentation
telle que décrite dans le tableau pitta, l’été.
Au plan alimentaire, les pitta choisiront
des versions les plus liquides des plats. Ils
sont les plus adaptés au régime Kousmine
(végétarien, céréales complètes et
légumes, huiles végétales).
Principes alimentaires
pour pacifier pitta
Pour tempérer les excès pitta, mangez en
quantités modérées, moyennement gras et
plutôt végétarien, tout au moins sans chair
animale. Beaucoup de légumes, légumes
secs et céréales. Les recettes de mon livre
Cuisine Nature à Toute Vapeur sont pour
vous, tout comme la cure antifatigue
version express. Limitez les stimulants
comme l’alcool, le sucre, le thé, le café,
l’excès de sel, les piments. Ajoutez des
aromates pour compenser les moindres
doses de sel. Privilégiez les aliments
légers, frais ou tièdes, de préférence très
aqueux (jus de légumes frais, salades de
fruits, etc.), le cru, les goûts amers,
astringents et doux (la salade, par exemple,
est amère, astringente, légère et fraîche).
Peu d’aliments frits. Évitez les aliments
secs et salés (biscuits d’apéritif, cacahuètes), surtout accompagnés d’alcool.
Réduisez l’excès de goûts acides et salés
(yaourts, vinaigre, tomates, etc.). Deepak
Chopra conseille un petit déjeuner de
céréales froides, de biscuits à la cannelle,
jus de pomme et salade de fruits frais. Pour
un petit déjeuner de pitta qui aurait peu
faim le matin, on pourrait imaginer du
Chocolat Chaud au lait entier ou un Jus de
Légumes Protéiné (dans Cocktails
Nature), si pas un Potage du Matin. Un
milk shake conviendra mieux qu’une
Crème Budwig. En boissons, buvez plutôt
des infusions (menthe, réglisse, etc.). Pour
apaiser une digestion irrégulière ou difficile, consommez du tchaï (thé au lait
chaud cuit avec des épices dont cardamome).
Kapha
Notre icône de kapha serait Gérard
Depardieu. Kapha (se prononce kafa
dans le Nord et kapa dans le Sud de
l’Inde) représente la terre et l’eau, ainsi
que la structure. Solidité, fiabilité, force,
énergie disponible à long terme mais
digestion laborieuse. Le métabolisme est
très lent. Calme, il est lent à se fâcher, mais
à agir aussi. Évitant les polémiques, il est
diplomate en diable. Tend à la procrastination et à l’excès de poids. Là où vata se
lève comme une torpille, kapha mettrait
bien une heure à se mettre en route. Sujet
aux allergies, aux mucosités (sinus, etc.).
C’est un plaisir de traiter d’alimentation
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décembre 2006
saine avec un profil nettement kapha, car
ceux-ci semblent souvent à l’écoute de
leurs sensations, de leurs goûts, des effets
de l’alimentation sur leur bien-être.
Kapha sera déséquilibré par la sédentarité, le doute, l’avidité, trop dormir,
l’alimentation telle que décrite ci-après, la
fin de l’hiver et le printemps
Principes alimentaires
pour pacifier kapha
La cure antifatigue de mon livre éponyme,
sous sa version express, est rédigée à leur
intention : cru, modéré en quantité et
variété, multiprises alimentaires (il est
Cuisine Nature
utile pour une digestion lente de manger
souvent de petites quantités).
Pour tempérer les excès kapha, évitez les
laitages, les goûts doux et mangez léger. Au
restau : préférez la cuisine orientale, plus
légère Privilégiez le croquant chaud.
Choisissez des saveurs amères (laitue,
endives, eau gazeuse) ou piquantes
(gingembre dans un jus de légume frais)
plutôt qu’acides ou salées. Les goûts amers
et astringents doivent être présents à
chaque repas (cumin, fenugrec, curcuma,
graines de sésame du gomasio).
Pour kapha, tous les laitages sont à
modérer y compris le beurre. Deepak
Chopra recommande de les éviter surtout
au cours d’un repas riche, lourd, sucré
(hamburger + milk shake, repas quotidien
de tant d’américains aujourd’hui). évitez
tout spécialement les crèmes glacées qui
refroidissent. À mon sens, les laitages
devraient être exclus totalement en phase
de crise, spécialement en cas de mucosités.
En excès kapha, vous pouvez manger plus
maigre que les autres doshas, mais sans
descendre sous la barre des 20% de la
ration quotidienne (que l’on peut comparer aux excès vata, qui doivent parfois
consommer jusqu’à 50% de graisses pour y
trouver leur équilibre. Parfois, ai-je écrit.
Amie vata, que je ne vous surprenne pas à
me copier sans vous écouter.... Ce seraient
nausées et écœurement garantis.) Votre
mode alimentaire étant peu riche en
graisse, vous devez les choisir exclusivement de qualité originelle, nue et crue (à
l’exception de la famille coco/palme, qui
garde ses propriétés cuites).
Ciblez le plus de légumes et fruits frais. En
gros, les tempéraments kapha semblent les
seuls à qui réussit à long terme le cru. Les
indiens autant que les chinois partent du
principe qu’à manger trop de végétaux
crus, on épuise le feu digestif... Dans la
Crème de Courgettes de Corinne , les
légumes sont cuits mais les œufs et le
parmesan restent crus. Cuisez en tout cas
les légumes et les fruits si vous avez des
soucis d’intestin. Toutes les protéines
animales peuvent être crues, comme dans
les Carpaccio, ceviches, les Tartares, steaks
saignants, dont des recettes sont dans Mes
Recettes Antifatigue. Ce livre est d’autant
plus utile qu’on y utilise peu de farineux.
Or, en excès de kapha, vous êtes souvent
victime de résistance à l’insuline. Vous
n’êtes pas apte à traiter les sucres et les
farineux dans les doses que nous consommons ici en Belgique. Pas drôle, d’accord.
Réduisez les farineux au maximum de ce
qui vous fait encore plaisir. évitez en tout
cas le plus possible le sucre ajouté, même
sous sa forme réputée saine. La Liste des
Unités Sucres (voir point 4, p. 12) est pour
vous. Mangez peu d’aliments sucrés en
général, même riches en sucres naturels
(fruits crus ou cuits, saveurs sucrées
comme carottes, etc.). Selon l’ayurveda,
seul le miel vous est favorable en petites
quantités et toujours hors cuisson.
Dans la gamme du pur cru végétal, les
germinations sont idéales. Le livre à
paraître sur les graines germées est tout à
fait recommandé, car les graines germées
représentent la forme prédigérée de
l’alimentation. Deux verres de jus de
légumes frais et crus par jour seraient aussi
l’idéal pour le profils kapha, ils sont si
faciles à digérer. L’autre solution pour eux
serait de pratiquer la dissociation séquentielle selon le docteur Bass, exposée dans
C.N. n° 13.
Les sujets en excès kapha doivent encore
moins se forcer à manger le matin que les
autres profils. Un brunch est amplement
suffisant, précédé du petit déjeuner le plus
léger de tous: une tisane, un thé ou de
l’Hydromel avec ou sans jus de gingembre. Le brunch serait alors l’équivalent
d’un repas de midi complet ou des Biscottes ou Crackers (sec) avec des pommes,
crackers, une Salade de Fruits Améliorée
de noix, un Velouté de Fruits frais (toutes
recettes dans Petits Déjeuners), mais PAS
de muesli ou de céréales froides, pas de lait
froid, pas de desserts du matin comme le
Crumble aux Speculoos qui sont tous des
aliments trop lourds, froids, sucrés. Bien
sûr, PAS de petit déjeuner bacon-saucisses.
à l’inverse de vata, kapha peut jeûner sans
dégâts. Ils devraient même jeûner un jour
par semaine pour le repos digestif. Kapha
peut sauter un repas de temps en temps, le
remplacer par de l’Hydromel (avec ou
sans miel). Profitez des aliments stimulants, usez et abusez d’aromates et d’épices.
Les plats épicés élimineront chez vous les
mucosités excessives, contrebalanceront
le froid/humide de l’hiver. En gros, il faut
s’outiller de tous les outils culinaires qui
facilitent le processus digestif et permettent au corps de s’atteler à d’autres boulots
plus essentiels. Mâchez des graines de
fenouil après les repas pour faciliter la
digestion, buvez de infusions de gingembre chaud et de miel.
Le cas des laitages
En ayurveda, tous les mangeurs ne
peuvent profiter des vertus des laitages.
Ce sont en particulier les personnes qui
vivent un excès de kapha. D’autres types
biologiques profitent à plein du beurre et
des laitages: ce sont les personnes en
excès « vâta ». Ici,n’est pas le lieu d’un
exposé sur le sujet, bien plus complexe
que la phrase précédente ne le sousentend. Dans le cas d’otites à répétition
chez un de mes enfants, quel que soit son
profil, j’éliminerais les laitages tout
venant le temps de calmer l’inflammation, en privilégiant les laitages de lait cru
lors de la reprise alimentaire — surtout
s’il s’agit d’un sujet du groupe A, de type
kapha. Avant de procéder à une douloureuse opération et à la mise en place de
drains, je commencerais par tester l’éviction de tous les laitages. Si cette exclusion
ne donne pas d’effet, il sera encore bien
temps d’intervenir ultérieurement. Nous
Cuisine Nature
disposons de tant d’aliments frais et sains
sur nos étals européens qu’on ne souffrira
pas de cette éviction sur le plan nutritionnel. Sur le plan affectif, la vie sans lait
devient d’ailleurs de plus en plus facile à
pratiquer en société, car ces allergies aux
laitages se sont généralisées. Il n’est plus
étonnant de prévoir, dans les goûters
d’anniversaire, des variantes de surprises
sans laitages.
nr 24
décembre 2006 - p. 5
La diététique chinoise
L’approche de la diététique chinoise*1 offre une vision tout à
fait différente de l’analytique nutrimentaire à l’occidentale.
Elle est un sujet très complexe, qui demande plusieurs années
d’études. Résumons ce qu’une ménagère peut comprendre
et en extraire.
Dans cette approche, il n’y a pas d’interdiction formelle de l’un ou l’autre aliment
ou mode de cuisson. Le praticien conseillera de modérer ou de stimuler certains
paramètres en fonction de votre profil. Il
vous recommandera des aliments, des
modes de préparation ou des condiments,
en fonction de votre tempérament de base,
de vos faiblesses organiques du moment,
de la saison (acide au printemps, amer en
été, doux en fin d’été, piquant en automne,
salé en hiver) et de quantité d’autres
paramètres subtils. Dans certaines pathologies, qui sont marquées par un excès
d’humidité comme les troubles gastroduédonaux dont j’ai souffert, un diététicien chinois vous conseillera des pommes
de terre et un rôti de bœuf au four plutôt
que les cuissons vapeur ou le cru. Par
essais et erreurs, j’étais arrivée à la même
conclusion en 2000. Imaginez qu’à l’époque j’étais végétarienne crudivore. Quel
saut quantique ai-je du faire...
Le graphique de la page 7, extrait de
l’excellent livre sur la diététique du tao
intitulé La Santé Vient en Mangeant de
Pierre-Henri Meunier, positionne chaque
aliment selon qu’il est plutôt sec, humide,
chaud ou froid. La mode du jour voudrait
imposer à tous les mangeurs la cuisson à
la vapeur et une haute consommation de
végétaux, en particulier crus. Ce sont des
choix « humides », « yin » en diététique
chinoise. Si vous êtes en excès d’humidité
ou de yin*2, vous risquez de vous déséquilibrer au niveau énergétique à consommer
ces aliments trop yin dans ces cuissons
trop yin. Il vous faudrait alors les yangiser.
Vous pourriez utiliser des modes de
préparation qui sont complémentaires à la
nature de l’aliment, dans ce cas-ci des
potées, des ragoûts, des pots au feu, des
cuissons au four. Du moment que vous
conservez les cuissons douces, vous ne
pâtirez pas de la dénaturation de l’aliment
que peuvent provoquer les cuissons violentes, sous pression, à très haute température (généralement en industrie).
Des condiments peuvent aussi tempérer la
nature de l’aliment. Les piments et le
poivre sont très réchauffants. Des épices
pourraient ramener les aliments vers
l’équilibre, telles que : ail, cannelle,
ciboulette, girofle, coriandre, cumin,
échalote, gingembre ou persil.
Autre illustration. Vous adôôôrez les
légumes, mais vous êtes en manque de
yang/sec. Bon. Une tomate (yin) à l’ail,
cuite au gril deviendra presque neutre.
Une pomme (yin) cuite au four avec de la
cannelle aussi. Une petite sauce au curry
(non cuite, mais juste réchauffée à température du corps comme je l’ai décrite dans
Mes Recettes Antifatigue) vous permettra
de manger des crudités sans vous dévitaliser, petit yin que vous êtes...
Tant qu’on zone dans les yin et les yang,
sachez qu’une personne n’est pas toute
« yin » ou toute « yang », mais peut souffrir
de vide du yin des reins et d’excès de yang
du foie simultanément. La vision est très
complexe. Laissez donc dire votre amie
qui dicte un menu selon que vous êtes yin
ou yang.
Certains diététiciens annonçant pratiquer une méthode chinoise suivent en réalité des enseignements
de George Ohsawa, grand prêtre des macrobiotes. Celui-ci avait intégré quelques pans de la diététique
chinoise dans sa pratique d’une alimentation essentiellement céréalienne. Cette vision unilatérale n’est
PAS de la diététique chinoise. Si vous rencontrez un « diététicien chinois » qui interdit la viande ou les
laitages à tout le monde : c’est un macrobiote !
*2
Voyez un acupuncteur; je résume ici pour nous, profanes, des notions infiniment plus complexes.
*1
p. 6 - nr 24
décembre 2006
Cuisine Nature
Documentation supplémentaire
Alléché par cette portion du réel ? Faites
un tour sur le site du très averti Philippe
Sionneau, auteur avec Richard Zagorski
de La Diététique du Tao (G. Trédaniel
www.sionneau.com). Vous y lirez des
extraits du livre : Les 9 principes du
savoir-manger de la diététique chinoise Manger cru ou manger cuit ? - Faut-il
boire des litres d’eau ? Si vous êtes féru de
médecine chinoise et que vous la comprenez (pas moi, snif!), le même site offre de
nombreux articles, tous plus passionnants
les uns que les autres. On trouvera entre
autres sur ce site le fort utile tableau
permettant d’évaluer sa capacité propre à
traiter le cru, que j’avais repris page 43
d’Une Cure Antifatigue. Voir aussi le site
www.ladietetiquedutao.com. Philippe
Sionneau vient de publier chez le même
éditeur Ces aliments qui nous soignent :
La diététique chinoise au service de votre
santé.
À part les livres déjà mentionnés, il m’a
été difficile de trouver un auteur qui
transmet la véritable expérience chinoise,
sans se perdre dans des synthèses acrobatiques et vaines avec la nutrition moderne.
Je pense à ce médecin français, acupuncteur, qui recommande dans son livre de
diététique du tao de boire beaucoup d’eau.
Cela ne ressemble-t-il pas plutôt aux
théories naturopathiques ? À ma connaissance, la diététique chinoise aurait plutôt
tendance à diminuer les doses d’eau et à
les faire boire chaudes. Autre exemple,
extrait d’un livre écrit par un médecin :
« Un des meilleurs (modes de cuisson) est
la vapeur qui préserve la saveur et conserve aux aliments leur valeur nutritive ».
C’est peut-être vrai selon la vision occidentale, mais pourquoi « polluer » ainsi
un livre de diététique chinoise ? La
vapeur douce peut dévitaliser certains
mangeurs. Les « valeurs nutritives »
tombent alors dans un tonneau percé ! On
peut aussi être étonné de lire,, dans un
livre de diététique chinoise, la recommandation de boire du lait de soja, alors que
les chinois n’ont jamais consommé que du
soja fermenté sous la forme de sauce soja
ou de tofu (très peu), ou de germes de soja
(qui n’est pas du soja, mais du haricot
mungo), ou de vermicelles de soja (idem,
mungo). Si les textes anciens recommandent des « haricots », pourquoi le traduire
par « soja » systématiquement ?
Les profils métaboliques dans le tao
En tao, il existe six tempéraments et six
régimes adaptés : yin ou yang, respectivement instable, corpulent, mince. Vous
pourriez faire totalement confiance à cette
diététique comme grille principale, sans
vous préoccuper de l’analyse individuelle
que je propose pages 8 à 16. Ce sera alors à
condition d’être suivi par un thérapeute
formé à la diététique chinoise, car votre
profil doit être parfaitement ciblé*1. Vous
pourriez aussi utiliser les listes d’aliments
par profil comme un petit détail technique
Le sujet fait l’objet de longues études de la part
des praticiens, ceci n’est qu’un avant-goût. Le
meilleur livre d’approche des profils serait
Diététique énergétique et médecine chinoise, des
docteurs J.M. Eyssalet et al, éditions Présences,
dont je me suis inspirée pour la suite du texte
(attention : pointu!). Des tableaux de signes et
symptômes aident à trouver son tempérament.
*1
d’aide au choix, qui constituera une petite
touche de plus dans notre tableau complexe d’individualisation.
Je vous présente, en résumé de chez
résumé, les conseils par tempérament à
titre d’illustration de la nécessaire individualisation. La mauvaise réputation du
beurre ou du lard et la bonne réputation
des poissons gras en sortent différentes.
Lisez par deux fois les recommandations
qui suivent en pensant à la mode actuelle
du tout-cru ou à l’évitement pour chacun
des fromages (ou du pain ou du citron,
etc.).
Le yin mince a la chance de pouvoir
manger du beurre et toutes sortes de
fromages (vache, chèvre, brebis, etc.),
boire du vin à table et manger du pain; lui
sont conseillés entre autres poulet,
pigeon, bœuf, mouton, foie de veau,
agneau, porc, lapin; lui sont vivement
déconseillés : crudités, lait froid, crabe,
cheval, moutarde et poivre, pamplemousse.
Le yang mince peut manger des gâteaux,
des crêpes, tous les fromages de vache, du
beurre; lui sont conseillés; lui sont déconseillés : œufs frits, fromages de chèvre ou
brebis, dinde, faisan, mouton, poisson
gras, etc.
Le yin corpulent peut manger modérément des fromages; lui sont conseillés :
œufs, poisson, bœuf, mouton, pigeon,
dinde, etc, du pain uniquement le matin ;
lui sont déconseillés : beurre, jambon,
côte de porc, cheval, lapin, escargots,
fromages gras ; doivent être modérés :
abricots, crevettes, citron, fromages, etc.
Le yang corpulent doit manger peu de
viande, peu de fromage de chèvre et
brebis, mais peut manger du fromage de
vache en gratins ! Sucre permis très
modérément. Pain uniquement le matin.
Conseillés : poissons maigres. Déconseillés : jambon, porc, sardines, thon,
saucisson, pâté, gruyère, lard, beurre, jus
de fruits.
Pour information. Ce graphique n’est utilisable que sur les conseils d’un thérapeute. Les aliments
et condiments sont conseillés en fonction de leur caractère chaud/froid, humide/sec pour
équilibrer des déficiences d’humeurs chez chaque sujet ou saison.
Cuisine Nature
Le yin instable doit viser la juste mesure
en tout : en quantité ou en chaleur (ni
trop chaud ni trop froid); on lui déconseille tomates, agrumes, oseille, crudités
nr 24
décembre 2006 - p. 7
ainsi que : cheval, lard, beurre et tous
fromages y compris chèvre et brebis,
chocolat, orange et pamplemousse. Mais
on lui conseille : blé, pommes de terre,
canard, volaille, caille, bœuf/veau,
poisson, citron, par exemple.
Le yang instable peut manger : camembert, tomme, lait, huîtres, poisson, volailles, bœuf, porc, cheval, lapin, agrumes ;
lui sont déconseillés : dinde, faisan,
mouton, chèvre, roquefort, chocolat; sont
autorisés en quantités modérées : œufs,
poulet, jambon cru ou cuit, agneau,
mouton, crevettes, noix.
Le typage
métabolique
Si l’on se cantonne à l’exemple des laitages, objet de tant de confusion en alternutrition, le tempérament « yin mince »
a la chance de pouvoir manger, en tant
qu’aliments remèdes, du beurre et toutes
sortes de fromages (vache, chèvre, brebis).
Le tempérament « yang instable » sera
ressourcé par le camembert, la tomme, du
lait de vache, mais pas de chèvre. Les
aliments qui ne sont pas cités ne sont pas
néfastes pour autant. Ils ont simplement
moins d’effet thérapeutique sur la personne. Beurre, fromages gras et crème sont
carrément contre-indiqués pour les
« yang corpulents ».
Dans tous les cas, le thérapeute ciblera
l’évitement des produits laitiers dans les
cas d’atteinte à la sphère oto-rhino, alors
qu’il conseil-lera d’exclure les céréales
lorsque les intestins sont atteints. Si vous
êtes victime de sinusite ou rhinite à
répétition, il semble peut-être judicieux
de mettre les laitages au placard un
moment. Oui, même s’ils sont de source
bio ou fermière. Cela ne durera que le
temps de se remettre.
Vous avez lu l’article « Comment manger selon ma nature ». Cette avalanche de
choix possibles vous fatigue ! Avant même d’essayer, tiens. Bon, d’accord, vous
viendrez plus tard à l’autonomie dans l’assiette. Où trouver de l’aide ? A ma
connaissance, la seule vraie méthode occidentale d’individualisation
alimentaire est le Metabolic Typing médiatisé par William Wolcott*1.
William Wolcott a largement médiatisé le
typage métabolique dans son récent livre
The Metabolic Typing Diet (chez Broadway Books, www.metabolictypingdiet.com). Cette méthode s’inspire des
travaux de plusieurs médecins depuis plus
de cinquante ans. Chacun de leur côté
avait pu observer que les médicaments, les
compléments ou les aliments ne sont
pleinement efficaces que s’ils sont conseillés selon le type biochimique du patient,
selon sa glande endocrine la plus fragile
ou la plus forte, selon son type autonomique (sympathique, parasympathique,
équilibré), selon le métabolisme basal, tous
ces paramètres qui sont bien étrangers au
vulgum pécores de notre acabit. Wolcott
fait la synthèse des recherches du docteur
Francis Pottenger (impact du système
nerveux autonome sur les besoins
individuels), du travail de William Kelley
(types autonomiques, sympathiques,
parasympathiques et mixtes), des classifications que les naturopathes, Sheldon en
tête, ont défini des types naturels
humains (somatotypes, exposés sur le
site), de la pratique du docteur Henry
Bieler (types hormonaux : surrénalien,
hypothyroïdien, etc.), des découvertes du
docteur George Watson (oxydeurs lents,
rapides ou mixtes) ainsi que des travaux
des docteurs Roger Williams, Royal Lee,
Emanuel Revici, etc. Les groupes
sanguins sont aussi utilisés chez Wolcott.
Pour la petite histoire, dans la lignée du
surmesure en nutrition, c’est James
d’Adamo, le père de l’auteur connu, qui a
eu l’intuition que la nutrition pouvait être
individualisée selon le groupe sanguin.
William Kelley s’est guéri par le végétarisme strict d’un cancer du pancréas
réputé incurable. Le premier parmi ses
pairs, il a compris que plusieurs biotypes
existent chez l’humain. En effet, fort de
son expérience personnelle quasi miraculeuse, il avait mis toute sa famille au pas :
le plein de verdures pour tout le monde.
Après moins d’un an de ce régime, son
épouse était épuisée et si affaiblie sur le
plan immunitaire qu’elle demanda grâce.
William Kelley eut alors le bon sens de
modifier son régime en conséquence. Dès
*1
Les lecteurs pointus m’indiqueront avec justesse que les thérapeutes Iomet utilisent un profilage
similaire. Hélas, les plans alimentaires sont quasi les mêmes pour tous les biotypes, soit du Kousmine
revisité. Si je devais suivre leurs conseils pour mon type (baso-colitique), je serais plus près des soins
intensifs que du terrain de tennis qui a mes faveurs.
p. 8 - nr 24
décembre 2006
Cuisine Nature
les premières semaines, un remarquable
sursaut de santé fut au rendez-vous.
L’épouse redevint elle-même. Kelley a
ensuite déterminé trois types métaboliques principaux : végétarien, carnivore et
mixte; ainsi que dix sous-types. Dans les
types mixtes, il répartit les mangeurs
selon qu’ils sont mieux nourris:
n de peu de graisses, de peu de protéines
animales, de beaucoup de végétaux
o de graisses animales (beurre, crème,
etc.), d’œufs et de poulet, de végétaux
en modération, en excluant tous les
oléagineux
p ou plutôt de protéines et de légumes
riches en purines (viande et légumineuses, épinards, avocats, etc.), de
graisses végétales, d’oléagineux, en
excluant les fruits.
Le livre de William Wolcott n’existe pas
en français à ce jour. Cette méthode
demande l’intervention d’un thérapeute
bien formé. La méthode se base sur un
questionnaire individuel et sur l’analyse
factuelle de marqueurs biologiques (sans
besoin de prises de sang) pour déterminer
quels besoins nutritionnels précis sont
requis pour votre profil. Le praticien vous
communiquera alors un syllabus perso
reprenant vos données, la liste des aliments, des menus et des compléments
alimentaires, tous choisis selon votre
biotype.
J’ai pratiqué les tests du Metabolic Typing
à titre d’essai sur moi-même il y a quatre
ans, chez un naturopathe allemand (Peter
König, près de Frankfurt; je les ai réalisés
par correspondance; peterkoenigs @
compuserve.com). Les tests et le syllabus
personnalisé de recettes et conseils m’ont
Comment
manger selon
ma nature
coûté 200 euros. Un praticien francophone s’installe à Bruxelles dès janvier
2007 : David Germeau, kiné formé en
profilage métabolique au centre Chek aux
Etats-Unis. L’évaluation complète coûte
125 euros. Une réévaluation est possible
toutes les six semaines, au prix de 75 euros.
Son centre d’entraînement privé basé sur
l’exercice, la typologie métabolique et la
détente : Lifestyle & Training Studio, Rue
des Mélèzes, 91-93 , 1050 Bruxelles. 0474/
257 664 en attendant un téléphone fixe [email protected].
Néérlandophones : Hens Renierkens, à
Heerlen (NL); 045-5285116. Voir le
questionnaire Vindt nu uw voedingstype
sur www.nl.bio-balance.org.
Toutes ces adresses sans garantie de
résultat, bien sûr.
J’émets l’hypothèse que l’assiette au naturel ne suffit pas à la jubilation
cellulaire. Encore faut-il l’adapter à vos mesures : tant à votre profil profond
qu’à votre condition du moment. Dans ces quelques pages, qui seront étoffées
en version finale dans le livre Mon Assiette en Équilibre, je fais la synthèse des
questions à se poser pour pouvoir peaufiner votre plan alimentaire, que ce soit
l’omnivore à la française, le Weight Watchers, le régime Seignalet ou
paléonutritionniste, celui des groupes sanguins, la «living food» (le cru et les
graines germées), la macrobiotique, le plan low-carb. Et j’en passe, bien sûr. Les
moyens que je cite ici n’ont pas lieu d’être si vous avez déjà eu la chance ou la
force de vous connecter à votre réalité biochimique profonde. Il y a peu d’élus
à ce jour, car nous sommes drillés à écouter les maîtres... maîtres à manger en
l’occurrence. Au passage, je pointe lequel de mes livres peut vous aider dans
quelle optique. Ces paragraphes sont l’aboutissement de cinq ans de travail
dense, dans une lumière particulière : comment être autonome en cuisinesanté ? Les propositions qui suivent ne sont donc qu’anecdotiques. Ce sont des
outils sur votre route. Elles ne constituent en aucun cas une méthode. En route,
chère troupe, pour un dossier très complexe.
Dans mes écrits, je tente de décliner sur
tous les tons de l’arc-en-ciel que l’assiette
peut être une aide thérapeutique extraordinaire. Or, la grande majorité des
thérapeutes n’en parle pas, ou alors du
bout des lèvres. Seraient-ils sourds ? Non,
bien sûr. J’imagine qu’après leurs premiers
succès de réforme alimentaire, ils ont buté
contre l’écueil classique : il n’est pas un
seul régime utile pour tous les humains ni
à tous les moments. Il n’est même pas de
régime pour une pathologie particulière
(« que dois-je manger dans un cas de
cancer ? pour contrer le cholestérol ?
contre une candidose ? », etc.), mais un
régime idéal existe bien pour une personne spécifique. Fort de sa récente découverte du végétarisme ascendant macrobiote, tel médecin va prôner la même diète
à tous ses patients. L’autre va chanter les
vertus du crudivorisme... pendant quelques mois, le temps de déchanter après
avoir observé que certains patients n’y
trouvent aucun bénéfice, alors que
d’autres s’en trouvent fort aise. C’est un
peu la roulette russe... Dans le cas d’un
mangeur de type « surgelé-microondesketchup-gaufrettes », le passage par n’importe quel régime-santé sera salutaire,
puisque la plupart des méthodes insistent
sur les cuissons douces, sur l’achat d’aliments originels et sains ainsi que sur la
modération et les préparations maison.
Mais, après les premiers mois du sursaut
de bien-être, les effets seront-ils durables ?
Je crains bien que non si, à ce moment-là,
ce mangeur précis ne s’engage pas à
peaufiner ses choix alimentaires en
fonction de ses paramètres individuels. Il
est clair que, sinon, le thérapeute ne peut
Cuisine Nature
être que déçu par « les pouvoirs de la
cuisine » que je chante.
Par ailleurs, les diètes efficaces provoquent souvent des changements de conscience tels que bien des thérapeutes
freinent, faute de disposer des techniques
utiles à accompagner les patients dans ce
« drainage de conscience » qui peut être
parfois difficile à vivre.
Et puis, bien sûr, rappelons une évidence :
à l’heure du FRIC généralisé (Facilité,
Rapidité, Immédiateté, Confort), il est peu
aisé de conseiller une discipline longue à
faire de l’effet, qui exige du travail et un
engagement personnel — alors qu’une
petite pilule vous crie du fond de son
potiquet « avale-moi ! ». Jusque dans les
années cinquante, la prescription classique du généraliste se résumait aux trois R,
soit dans l’ordre: Repos, Régime, Remède
nr 24
décembre 2006 - p. 9
(au singulier!). « Partez quinze jours à la
côte; mettez-vous la diète; prenez cette
petite pilule ». En quelques dizaines
d’années, nous sommes arrivés à « Prenez
ces quinze gélules; la diète ne sert à rien ».
Fin de la parenthèse, pardon, je m’égare.
Vous voilà donc bien décidé à partir à la
recherche de votre vibration profonde sur
le plan alimentaire. Vous êtes peut-être
plus carné ou plus végé que ce que vous
pratiquez pour l’instant. Vous devriez
peut-être consommer plus ou moins de
matières grasses, et les choisir plutôt
végétales qu’animales, ou l’inverse. Vous
n’êtes probablement pas fait pour manger
si souvent ? ou si peu souvent ? Les
méthodes alimentaires ne sont souvent
que des pistes de départ. À vous de définir
votre personnalité biologique propre.
Hors les produits quasi anti-physiologiques que sont les aliments de confort
ou de dépannage (tous les produits
manufacturés, en gros, je suis désolée, oui
je sais, mais le trio chips-coca-burger n’a
jamais ressourcé quiconque... ), aucun
aliment frais et non chimiqué n’est
déconseillé, sauf s’il ne répond pas à votre
type nutritionnel propre. Il n’y pas de
méthode pire qu’une autre, il n’y a que des
méthodes mal ciblées selon l’individu.
Que celui qui prospère en se nourrissant
de viande en pagaille ne jette pas la pierre
à l’amateur de purée d’ail, qui lui-même a
tendance à faire la leçon à l’abstinent
d’alcool heureux.
Écoute ton corps, camarade...
Dès que vous aurez intégré ce fait, il ne
vous sera plus difficile de vous mettre en
route pour découvrir votre profil nutritionnel. Afin de définir l’alimentation (et
l’hygiène de vie) qui vous convient, qui
vous procure bien-être et plaisir sans
contrainte forcée – les contraintes librement consenties en sont-elles encore ? –
il vous faudra apprendre à laisser parler
votre corps. Ne lui obéissez pas aveuglément pour autant. On peut dialoguer,
comme Françoise Dolto nous a appris à
le faire avec les enfants.
Si vous avez reçu, comme moi, une
éducation « moulée à la louche », c’est une
p. 10 - nr 24
décembre 2006
gageure de changer de paradigme. C’est
bien beau de ma part de vous suggérer de
vous « écouter, tout simplement ».Ce n’est
pas si simple ! Comment faire enfin
confiance à la petite voix intérieure ?
Surtout lorsque cette petite voix contredit
les discours de votre nutritionniste ou
sœur ou mère pourtant adorées et respectées ?
Quels outils?
La nutrigénômique ? Nous n’en sommes
pas encore au point où nous pouvons tirer
votre profil biologique précis, détaillant
les doses exactes de vitamines, de minéraux, d’oligo-éléments et d’hormones
dont vous auriez besoin. En attendant ce
temps béni, le meilleur laboratoire sera
votre corps. Lui seul pourra vous parler et
vous indiquer ce dont il a besoin : pour
l’un, le régime semi-végétarien tel que je
l’illustre dans mon livre Cuisine Nature...
à Toute Vapeur, pour l’autre de la viande et
des graisses en consommant le moins de
glucides possible. J’expose dans le dossier
sur le site la très utile technique du carnet
d’auto-observation alimentaire, qui
permet d’observer ses propres réactions sur
la durée en fonction des modifications de
diète. C’est l’outil le plus efficace. C’est
aussi le plus laborieux. Il en décourage
plus d’un. Je vous propose plutôt de
défricher votre chemin à l’aide de quelques autres outils, plus faciles, plus structurés (mais plus directifs, hélas !) que je
détaille ci-après. Vous évaluerez d’abord
votre état de vitalité global; vous estimerez si vous êtes victime de glycémie instable ou de carences en neuromédiateurs, ou
encore d’une dysbiose. Dans chaque cas,
je vous référerai au numéro ad hoc de
Cuisine Nature, dans lequel je détaille
comment adapter le plan alimentaire
selon votre condition.
Typage métabolique
Si vous ne vous sentez pas de taille ou pas
prêt à affronter ce chemin, ici et maintenant, faites confiance à un thérapeute
formé au Metabolic Typing américain
(page 8), à la diététique chinoise
(page 6)ou à l’ayurveda (page 2). Ces trois
techniques sont, à ma connaissance, les
seules qui définissent des types nutritionnels précis.
Les bases
Que pourrait-on retenir comme certitude
pour tous les mangeurs ? Les seules
évidences universelles en nutrition sont
que nul humain n’est conçu pour digérer
des résidus de produits chimiques, des
additifs ni du sucre en excès. Personne ne
peut non plus impunément traiter, faute de
se retrouver en inflammation chronique,
les acides gras TRANS. Les « forces de la
nature » s’en sortent. Les sujets qui
travaillent de manière intensive leur part
spirituelle aussi. Les plus fragilisés se
fatiguent l’organisme à traiter ces nonaliments. À part ces évidences, le reste
dépend de votre état général du moment
et de votre profil structurel. L’on pourrait
aussi rajouter pour quasi tous les mangeurs une même recommandation : lorsque vous mangez des graisses, choisissezles crues (huiles V.P.P.F. ou beurre de lait
cru, etc. sauf la famille coco et palme qui
gardent leurs propriétés) et nues (sans
traitement chimique, ou désodorisation).
Vous serez étonné de ressentir une quasirévolution cellulaire à ne suivre que ces
« L’homme et ses nutriments constituent une unité, un univers où
l’ensemble des «instruments» ne vaut que relativement à cet autre
ensemble qu’est l’homme. Les taux et proportions des nutriments
entre eux ont un pouvoir et des effets variables suivant le type
d’homme auquel ils s’appliquent. La science de la nutrition n’est
donc valable que si l’on fixe un des ensembles en présence : un
type d’homme ou un type nutritionnel », écrivait le pape de la
nutrition française, le grand professeur Trémolières,
dans Le Grand Livre de la Nutrition (1973).
Cuisine Nature
quelques lignes de conseils. Assurez-vous
bien évidemment que les aliments choisis
sont les plus ressourçants possible*1.
Le tremplin commun à tous : le
moins de sucre ajouté, peu
d’additifs, des graisses crues et
nues, des aliments ressourçants.
Modulez selon votre biochimie
personnelle
Vous suivez les principes généraux de
Cuisine Nature ou les méthodes C.
Kousmine (n° 4), Pallardy (n° 7) ou
Masson (n° 18). Vous avez déjà intégré
dans votre plan alimentaire les aliments
de meilleure qualité, tels que nous les
avons découverts en cuisine nature
depuis le premier numéro.
Malgré cela :
‹
‹
‹
‹
‹
‹
‹
vous avez parfois faim rapidement
après le repas (sans que cela ne soit une
règle absolue);
vous avez des rages de sucre ou de sel
(sous la forme de chips, par exemple);
vous vous plaignez de fatigue au lever
ou en cours de journée;
vous connaissez des hauts et bas psychiques, des coups de mou dans le
sourire ou des sautes d’humeur imprévisibles;
vous manquez de concentration;
vous vous plaignez de troubles digestifs, depuis les nausées même passagères jusqu’aux selles bizarroïdes;
vous n’arrivez pas à arrêter de fumer (la
compulsion de fumer est directement
liée à un inconfort digestif; la meilleu-
re preuve en est le nombre élevé de
personnes qui, au sortir d’une cure
antifatigue, arrêtent tout naturellement la cigarette).
Tous ces éléments signalent un mauvais
choix alimentaire. Il se peut que vous
cibliez des aliments qui ne vous conviennent pas individuellement et/ou que vous
mangiez ces tout bons aliments dans les
proportions inadéquates à votre type
métabolique. Il se pourrait aussi que vous
ne respectiez pas votre horloge biologique
propre (heure du petit déjeuner ou du
dîner, nombre de repas) ou le mode de
cuisson idéal pour vous. Le choix d’un
complément alimentaire plutôt qu’un
autre dépend aussi de votre type biologique. Voilà peut-être pourquoi ce petit
comprimé de magnésium qui a fait fureur
chez vos collègues ne provoque pas
l’ombre d’un sourcillement dans votre
métabolisme. L’équilibre acide-base (sujet
détaillé dans Une Cure Antifatigue )
dépend aussi du profil biochimique. La
consommation des aliments dits alcalinisants ne donne pas d’effets sur votre
état d’acidose. C’est qu’une orange riche
en potassium peut alcaliniser l’un et
acidifier l’autre.
Mais oui, un aliment n’a pas le même
devenir dans tous les corps. Tous, frères
humains, nous traitons les nutriments
d’une manière spécifique. Nous ne pouvons pas copier le régime du voisin. Les
amateurs d’alimentation naturelle ou de
régimes amincissants ont le choix entre de
multiples méthodes, chacune forte de
moult réussites. Les praticiens sont fort
silencieux lorsqu’il s’agit d’avouer leurs
échecs, parfois multiples. C’est jusqu’au
Les abonnés qui n’auraient pas sous la main les numéros
de Cuisine Nature que je mentionne ici peuvent télécharger le dossier publié sur le site sur la page www.taty.be/
doc. Les plans alimentaires détaillés par rubrique y sont
reportés. Réservé aux abonnés de Cuisine Nature : il vous
faut l’ouvrir avec le mot de passe taty061213. Merci de ne
pas le distribuer. La série complète des 24 numéros de
Cuisine Nature sera bientôt en vente, par numéro ou par
série de six numéros, sous forme digitale via le site
www.greenshop.be ou chez moi.
Cuisine Nature
niveau cellulaire que la combustion des
nutriments peut se réaliser en harmonie
ou pas. Il est donc temps de définir quel
est votre plan alimentaire idéal, hors
mode et hors gourou, ciblé selon vos
besoins individuels et votre profil nutritionnel.
Procédons ici de manière systématique.
Suivez chaque point pour affiner pas à pas
le mode alimentaire que vous vous êtes
choisi. Si vous êtes en épuisement chronique ou quasi, ne tentez pas de faire la
synthèse de tous les points. Commencez
par le point 3 et tenez-vous-y pendant au
moins deux mois avant d’envisager
d’autres facettes.
1. Le drainage - les
allergènes cachés
Les auteurs de la plupart des régimessanté oublient un point capital : avant
d’entamer une réforme en profondeur,
il faudrait drainer l’organisme des
excès accumulés.
Ces courtes cures de drainage de dix à
quinze jours devraient être pratiquées une
à deux fois l’an, même par les personnes
apparemment bien portantes. Il existe
d’innombrables cures sur le marché. J’ai
présenté la Cure de Raisins (automne)
dans C.N. n° 22. La Cure Antifatigue fait
l’objet d’un livre entier. Vous la pratiquerez selon votre groupe sanguin, si vous
voulez être perfectionniste (voir page 14).
La Cure de Riz est résumée sur le site.
La première quinzaine de cure vous
permettra d’ailleurs souvent de repérer les
éventuels allergènes retardés qui entretiennent l’inflammation chronique (voir
C.N. n°1 et 17).
Les seuls praticiens qui n’oublient pas le
drainage sont les partisans de l’alimentation hypotoxique. Ils ont le petit défaut de
recommander cette alimentation en
permanence. Quelle erreur ! Par ailleurs,
ils la conseillent quasi sans adaptation
aux victimes d’épuisement chronique.
Dans le livret digital Nourritures Vraies, les
aliments courants sont classés en catégories « de
confort », « de soutien » et « ressourçant ». Les
abonnés peuvent le télécharger du site
gratuitement jusqu’au 30.01.2007, en échange
de la promesse de ne pas le distribuer (comme
d’hab’ !). Mot de passe taty820202.
*1
nr 24
décembre 2006 - p. 11
Ces derniers sont déjà vidés ! Il convient
de les ressourcer plutôt...
Les jeûnes ne sont pas des cures de
drainage, ni des programmes d’amincissement durable (voir C.N. n° 22).
TIP 1. Sauf pour les cas de
victimes d’épuisement chronique, une cure de drainage et le
repérage des allergènes cachés
est le premier pas dans l’individualisation du programme.
2. L’équilibre
alimentaire de chaque
repas et de chaque
collation - les aliments
ressourçants
Si vous avez flashé sur une méthode
spécifique, assurez-vous que les menus
suivent l’équilibre alimentaire de base en
nutrition tel que je l’ai détaillé dans Petits
Déjeuners et Collations, page 36; ou dans
Cuisine Nature n° 16, p. 14. Même en
alimentation dissociée, cette grille peut (et
devrait) être suivie*1.
En résumé, chaque prise alimentaire — y
compris une collation sur le pouce —
devrait comprendre un bloc de protéines
(minimum 60g; animales ou végétales), un
bloc de matières grasses (min.½ cuill.s.;
animales ou végétales) et un bloc de
végétaux (minimum 100g), les doses des
uns et des autres variant en fonction des
goûts et du profil individuel.
Par jeu, notez pendant trois jours tout ce
que vous consommez. Passez-le au crible
de ce principe. Vous serez surpris d’observer le nombre de fois que vous pensez
combler une petite faim en grignotant un
fruit seul, comme vous le suggèrent nos
amies du club des Weight Watchers. Vous
venez de vous remplir le ventre, sans plus.
*1
Cette grille n’est qu’indicative. Si vous voulez une
« dictée de menus » dans ce contexte, faites
l’essai pendant quinze jours des menus du Régime
des Stars de Barry Sears (The Zone Nutrition en
anglais). L’auteur calcule les portions alimentaires
en blocs, sous une forme aisée. Ce livre propose
un régime et non un mode alimentaire
permanent, car il est trop contraignant. Limitez
donc cet essai à quinze jours.
p. 12 - nr 24
décembre 2006
Votre pauvre organisme n’a rien pu en
tirer de constructif... Vous seriez aussi
étonné de noter le peu de protéines que
vous consommez, au regard de ce qu’un
corps demande pour être en bonne santé.
Ne soyons pas ici absolutiste. Cette règle
connaît bien des exceptions, mais elle
permet de resserrer les boulons d’une
alimentation parfois chaotique.
TIP 2. Adaptez votre plan
alimentaire de choix en mode
équilibré.
3. Modulez selon l’état
de fatigue général
Ces deux outils bien en main, vous
voilà parés pour étudier ce que votre
corps veut, ici et maintenant. En tout
premier lieu, il s’agit d’évaluer si votre
organisme est en état de manger selon
les codes que vous lui imposez.
L’assiette saine à la mode en alternutrition n’est souvent pas praticable pour les
personnes trop fragilisées. Il s’agit de
soigner les organes fatigués tout d’abord.
Bien des régimes-santé oublient ce fait. Le
sujet a été exposé dans C.N. n°21, pages 10
à 13, sous l’intitulé Quels aliments quand
l’état vital est au ras des pâquerettes?
Vous voudriez savoir si vous faites partie
de cette catégorie ? Ce sera oui si vous
cochez au moins 7 réponses positives dans
le test exposé page 45 d’Une Cure Antifatigue (aussi dans le dossier sur le site).
Ce sera oui si l’on vous a diagnostiqué une
fibromyalgie, une candidose systémique
ou de la spasmophilie.
Si c’est votre cas, ne vous fiez pas qu’à
l’alimentaire. Certes, vous vous savez
carencé en vitamine B6, en zinc, en
sélénium, en magnésium, etc. Mais il ne
suffit pas de rajouter ces nutriments pour
amorcer le mieux-être. Il faudrait aussi du
repos (couché vingt heures par jour
pendant six mois... aheum, n’est-ce pas
siiiii amusant ?), du sommeil récupérateur,
de l’exercice ou des respirations, du soleil
et de l’air pur, une vie sans stress. Ne
rêvons pas. Qui y arriverait ? Négocions
Cuisine Nature
donc. La part alimentaire sera ici utile
pour mettre les organes digestifs au repos.
Tâchez aussi de vous oxygéner tant que
faire se peut et de vous reposer couché le
plus souvent possible — à raison d’un
quart d’heure toutes les deux heures, par
exemple. Pratiquez douze respirations
abdominales profondes toutes les heures
selon les techniques yogiques ou selon la
bonne pratique de Pierre Pallardy (C.N.
n° 7). Entamez un programme de stretching quotidien à la mode Gauthier (C.N.
n° 23 et sur le site). Utilisez le moins de
compléments alimentaires possible, car
ils se positionnent sur le plan « minéral »
dans le dessin de l’article susmentionné.
Les sujets épuisés ne peuvent tout simplement pas en profiter. Seuls le repos et
l’alimentation originelle et bien ciblée
peuvent vous ressourcer.
Pour la part alimentaire, il est hors de
question de jeûner ou de drainer. Vous
êtes déjà vidé ! Il faudra vous concentrer
sur un plan plus protéiné, moins farineux
et plus gras que la moyenne pour commencer, ainsi que suivre les conseils
exposés dans l’article original ou dans le
dossier. Ce sujet complexe méritera un
livre entier, à paraître en 2008 sous forme
digitale: Fatigue chronique: reprendre
son assiette en mains.
4. Glycémie instable
Si vous souffrez de troubles de la
glycémie, vous ne pouvez pas manger
comme tout le monde. Chez vous, les
sucres mêmes complexes (pain, riz
blancs & Cie) sont traités comme du
sucre simple. Vous devrez alors
comptabiliser les sucres.
Êtes-vous hypoglycémique ? C’est le cas si
vous avez obtenu plus de 12 points au
questionnaire de la thérapeute Julia
Ross*1, publié dans Cuisine Nature n° 20,
page 4. Vous faites aussi partie de cette
catégorie si vous prenez du gras autour du
ventre principalement, si vous avez envie
d’une sieste après chaque prise alimentaire, si vous êtes victime du syndrome
métabolique (Syndrom X chez les Américains), de candidose ou d’un autre envahissement fongique/bactérien.
Outre le sucre ajouté, les aliments les plus
riches en glucides sont les farineux de type
biscuits, gâteaux, biscottes, petits pains,
croissants, etc, qui apportent près de 80%
de glucides — bio ou pas, complets ou pas,
il n’y a pas de différence. Le pain blanc :
70%, le pain complet : 55%. Les fruits secs
apportent 60% de glucides environ. Les
pâtes, le riz, les fruits, les légumineuses
sont aussi des apports, bien que moins
riches (+- 20%).
Pour pouvoir évaluer les doses de sucres
(simples ou complexes, lents ou rapides)
que votre corps peut traiter chaque jour,
calculez-les en vous basant sur la Liste des
Unités Sucres exposée dans l’article du
n° 20ou dans le dossier sur le site*2. Cette
liste vous permet de comptabiliser la
charge glycémique en fonction de votre
faiblesse. Dans un premier temps, limitezvous à 6 unités sucre par jour. Après un
mois ou deux, vous pourrez arrondir les
angles. Contrairement aux vrais régime
low-carb, dont les farineux sont prohibés,
ceux-ci sont ici autorisés dans les limites
du raisonnable, sans les exclure : ½ tranche de pain ou 2 cuillérées à soupe rases
de riz cuit (ou assimilé) par repas principal.
TIP 4. Victime de glycémie
instable, optez pour un plan
alimentaire permanent limité en
sucres et farineux, tout naturels
qu’ils soient. Les trois premiers
mois pourraient même être un
plan low-carb, le plus pauvre en
farineux.
Inspirez-vous des menus d’ Une Cure
Antifatigue , car ils incluent très peu
d’unités sucres. Adaptez les recettes et
menus de la mouvance Atkins ou
Scarsdale, etc. en transformant ces menus
en versions ressourçantes:
1. Augmentez les doses de graisses par
rapport à ces frileux gourous qui vous
rendraient malades, à la fin, quoi. Cela
fera baisser l’impact des sucres.
Googlez sur « low carb-high fat » pour
de plus justes idées lipidiques.
2. Remplacez, si vous vous sentez plus
végé, les viandes et fromages des
programmes low-carb par des graines
germées. Mon livre sur le sujet vient de
sortir : Germes de Gourmand. C’est
votre livre de chevet si vous êtes sujet
à une glycémie instable et de type végé.
Si vous êtes de type plus carné, votre
livre sera Mes Recettes Antifatigue. Si
vous êtes comme la majorité de type
mixte, cumulez les recettes des deux
livres.
3. Limitez les aliments de dépannage
(industriels), dont l’index glycémique
est souvent élevé. Comme vous êtes
familiarisé avec les principes de cuisine nature, vous savez que consommer
les six unités sucres quotidiennes en
calories vides est contreproductif.
Autre solution: le plan hypervégé
Quantité de thérapeutes (Dr. Weil, p.ex.
sur www.drweil.com, en anglais) proposent aux hypoglycémiques de pratiquer le
régime le plus proche possible du végétarien indien : riz complet ou quinoa à tous
les repas, légumes, noix, algues ou graines
germées pour l’apport en protéines, quelques fruits, épices, huile végétale V.P.P.F. Si
vous êtes clairement orienté végétarien de
nature, c’est une voie à tenter. Si ce régime
n’est pas adapté à votre profil, vous n’en
ressentirez des bénéfices que pour un
court laps de temps. On peut suivre ces
bons conseils en les tempérant de bon
sens (voir l’encadré page 15 sur le livre de
Gillian McKeith). Inutile de gloser longuement sur le fait que le soja a passé son
Le pancréas et les surrénales sont probablement fragilisés ou même épuisés. Je ferai court sur ce
chapitre, car j’ai déjà publié dans mon livre Petits Déjeuners et Collations quelques encarts sur
l’hypoglycémie, qui n’est pas une maladie en soi mais accompagne un déséquilibre hormonal plus profond.
Voir aussi dans C.N. n° 20 l’article Forces et limites de l’index glycémique et Liste des Unités sucres.
*1
Faites d’abord le petit jeu d’évaluer combien d’unités sucres vous consommez actuellement, sur la
base de la liste. Ensuite, pondérez la même liste en doublant le poids des unités sucres pour les aliments
à calories vides ou idiotes. Les aliments à calories vides sont des aliments n'apportant quasi que du gras
aux hanches, sans nutriments utiles à la santé. Ce sont les aliments « de confort » selon la terminologie
en cuisine nature, telle que définie dans Mon Assiette en Équilibre ou, avec plus de détails, dans le livret
Nourritures Vraies.
*2
Cuisine Nature
heure de gloire. Modération sur tous les
conseils sojavores des sites hypervégés.
Prévenir plutôt que guérir
Pourquoi se préoccuper de la glycémie
instable, me dites-vous, s’il vous suffit de
croquer un sucre quand vous avez des
vertiges ? Les envies permanentes de
sucres et de farineux qui caractérisent les
victimes de glycémie instable, et les
montagnes russes d’humeur et d’énergie
qui en découlent lorsqu’on se laisse aller
à la dent sucrée peuvent entraîner à la
longue une grande fatigue et des perturbations de tout l’équilibre métabolique. À
la longue, les surrénales s’épuisent à
équilibrer le feu glycémique. Votre fatigue
au réveil est le signe d’une souffrance de
celles-ci. C’est la fête au cortisol, à l’adrénaline, etc. Bientôt, c’est la thyroïde qui
va flancher, histoire de calmer le feu
intérieur... suivie en cela par d’autres
organes. Trust me, guys, à ce stade il sera
fort laborieux de vous remettre sur pied.
C’est dans ces cas graves qu’il faut six
mois couché vingt heures par jour pour se
remettre sur pied !
Envies de sucre et de farineux
Dans les premières semaines de la pratique de la Liste des Unités Sucres, vous
pourriez être submergé d’envies de grignotage de sucre et/ou de farineux. C’est
un court-circuit de neurotransmetteurs
dans le cerveau, cas très fréquent chez les
multirécidivistes de régimes. Ces envies
disparaîtront chez la plupart des mangeurs de ce type grâce à l’utilisation d’un
acide aminé en complément : la LGlutamine, sans effet secondaire, sauf
chez les épileptiques. Cet acide aminé agit
comme père nourricier du cerveau à la
place du glucose des aliments. La
glutamine inhibe de manière immédiate
les envies de sucre et de farineux. Vous
pouvez alors pratiquer le mode alimentaire choisi, sans contrainte, sans vous
ronger les ongles à chaque envie de
chokotoff. Achat en pharmacie. Choisissez la formule la plus simple possible, sans
ajout d’autres acides aminés, plus délicats
à gérer par des non-thérapeutes. J’utilise la
marque DebaPharma. Dans certains cas
plus fragilisés, caractérisés par les envies
nr 24
décembre 2006 - p. 13
de grignotage à partir de 16h, c’est le Ltryptophane qui fera votre bonheur. À
voir avec un thérapeute, car nous entrerions dans le domaine de l’auto-médication.
TIP 5. Victime de grignotage
compulsif, consommez une
gélule de L-Glutamine à
500mg entre les repas (soit
une heure et demie après un
repas contenant des protéines
ou une demi-heure avant). À
compléter selon les cas par du
L-tryptophane.
6. Carences en
neuromédiateurs
On a vu dans Cuisine Nature n° 22 que
les tentatives de réforme alimentaire
sont souvent sabotées chez les
personnes victimes de carences en
neuromédiateurs.
Si vous faites partie des personnes qui ont
obtenu plus de 10 points au test traduit
page 3 de ce numéro, vous ne pourrez
probablement pas pratiquer la même
assiette que votre voisin. Les techniques
de méditation peuvent faire des merveilles dans ce contexte, mais il faudrait y
consacrer de longues heures pendant de
longs mois avant d’obtenir l’effet désiré.
Si l’on combine la méditation/sophrologie avec une assiette ressourçante, hors
tout régime, les résultats seront au rendezvous dans des temps rapides.
Les six règles de base à suivre dans vos
menus pour éviter de retomber en carence sont résumées dans l’article original ou
dans le dossier sur le site. Vous devrez
peut-être supplémenter avec des acides
aminés, mais cela se fera alors à l’aide d’un
thérapeute. Vous pourrez vous essayer à la
chrononutrition détaillée dans les grilles
de la Cure Antifatigue. Ajoutez plus de
graisses saturées que prévu dans la cure
telle qu’elle est décrite dans le livre
éponyme.
p. 14 - nr 24
décembre 2006
6. Dysbiose intestinale
Réactivité aux oxalates
Si vous avez de la chance, vous n’êtes
victime QUE de glycémie instable
(point 4), mais vous pourriez aussi être
victime de dysbiose intestinale. C’est
le cas de toutes les personnes qui
souffrent de colopathies diverses
(depuis les maladies autoimmunes
touchant les intestins jusqu’à la
colopathie fonctionnelle), ainsi
qu’une toute grande majorité des
sujets catégorisés « victimes de
candidose » ou fibromyalgiques.
Dans un grand nombre de cas de victimes
de colopathie, on observera que la personne est aussi intolérante aux oxalates des
végétaux, ce qui éliminera de sa plage
alimentaire en plus, dans un premier
temps : le thé (vert ou noir), le chocolat,
les oléagineux (amandes & Cie), le soja et
tous ses dérivés, les tomates, les aubergines, le persil, les patates douces, les fruits
des bois et fraises, rhubarbe, épinards,
haricots verts et betterave rouge. C’est ici
qu’on comprend que le végétarisme, ou
même la cuisine nature de mes livres, peut
affaiblir certains sujets. C’est bououourré
d’oxalates...
Des tests performants permettent à votre
thérapeute de confirmer la présence ou
non d’une dysbiose. Le dossier exposant
le régime ad hoc se centre sur des troubles
extrêmes (comme l’autisme, la schizophrénie ou l’hyperactivité, voir cuisine
Nature n° 19, pages 7 à 13, et 20, pages 8 à
12), mais il peut être adapté à toutes les
victimes de dysbiose/colopathie.
Le Régime des Glucides Spécifiques
ou R.G.S.
Le plan alimentaire suggéré pour guérir de
cette curieuse maladie qu’est la dysbiose
ressemble au plan pour les hypoglycémiques. Ce n’est qu’une première impression. En fait, dans ces cas-ci, il faut être —
diable, que ce mot me fend la plume —
fanatique ! En glycémie instable, l’on peut
dealer les farineux (voir la liste des U.S.);
dans le R.G.S. pour les cas de dysbiose et
colopathies, il faut être radical: éviter
toute forme de sucre ou assimilé, sauf le
miel — et encore ! en modération; toute
forme de lactose, même minime; toute
forme de soja ou de céréale. Le régime est
résumé dans l’article du n° 20, page 12.
Fibres-que-veux-tu
Dans le même temps, comme il faut
apaiser une muqueuse enflammée chez les
victimes de dysbiose, il est hors de question de jouer à fibre-que-veux-tu selon la
mode des naturos et des végétariens. Dans
le même numéro 20, page 13, je fais la liste
des fibres par ordre d’agressivité sur des
intestins affaiblis.
Cuisine Nature
À la louche
Ce qui précède n’est qu’un résumé « à la
louche » d’une approche bien plus subtile.
Mon livre sur le sujet ne sortira que
courant 2007 sous le titre Du Gaz dans les
Neurones (78 pages, version digitale). Les
abonnés à Cuisine Nature qui se sentent
d’attaque pour lire un brouillon peuvent
me demander un exemplaire (par courriel
exclusivement).
7. Le régime des
groupes sanguins
Après avoir intégré dans votre quotidien
toutes ces modifications en fonction de
vos paramètres individuels, vous pourriez
faire l’essai de vous aligner sur les principes généraux du régime des groupes
sanguins du naturopathe Peter d’Adamo.
La lecture de ses ouvrages est édifiante, car
elle nous ouvre une porte à l’individualisation de l’assiette. Enfin ! Une
personne du groupe sanguin O s’acharnant à rester végétarien malgré sa
médiocre santé va s’autoriser à manger un
peu de viande. Enfin ! un mangeur du
groupe A va accepter que, pour lui et non
pour sa famille, les laitages ne sont pas le
groupe d’aliments idéal.
Vous êtes ce que vous mangez,
de Gillian McKeith
Depuis le temps qu’on se connaît, vous avez compris que je
m’oppose aux régimes peu tenables sur la durée, socialement,
comme la macrobiotique. Je lui préfère le semi-végétarisme
doux, dont vous avez pu lire des illustrations dans les menus
de mes copines (C.N. n° 20). Je ne voudrais malgré tout pas
terminer la série sans vous avoir présenté au moins un
ouvrage de référence en français sur le sujet.
Gillian McKeith est une nutritionniste très médiatisée en
Grande-Bretagne (télé, entre autres). Elle est l’auteur de Vous
êtes ce que vous mangez (le programme qui va transformer
votre vie) , chez First Editions, 2005. Cette écossaise, exmalbouffeuse convertie à la macrobiotique, reprend les bons
conseils naturos classiques de l’école Kiefer (FR), mais elle
nous les présente dans une mise en page séduisante, très
travaillée, aux couleurs allégées. Son livre est bourré de
conseils de bon sens : « au lever, buvez de l’eau chaude ...
lubrifier n’est pas noyer (buvez ce qu’il faut d’eau, mais en
dehors des repas) ... mastiquez lentement ... ne mangez que
quand vous êtes calme ... ni trop chaud ni trop froid ... trouvez
du plaisir dans votre assiette ... variez vos menus ... soyez à
l’écoute de votre corps ...... le matin, calez vous; le soir, levez
le pied ... plongez dans le vert ... faites un régime d’abondance : mangez plus, pas moins, mais mieux... associez les
éléments compatibles massez-vous... faites du minitrampoline et du brossage corporel ... couchez vous plus tôt ....ayez
conscience d’exister . » Ah, ces naturos ! Ils ne peuvent
s’empêcher de prêcher hors de l’assiette. « Ayez conscience
d’exister »... Non mais ! C’est déjà si difficile de mastiquer
longuement...
Ces conseils sont à prendre avec des pincettes pour les
mangeurs qui ne sont pas adaptés au végétarisme pur et dur,
maigre qui plus est. L’auteur promet en première de couverture que vous serez « plus mince, en bonne santé et en pleine
forme... ». Je transcris ceci avec un sourire en coin, car si c’est
vrai pour un mangeur venant directement du hamburgerfrites-ketchup, il n’est pas sûr du tout que ce plan soit adapté
à tous sur la durée. Une passe de quelques mois par un
végétarisme aussi strict fera le plus grand bien à tous. Ce sera
une forme de drainage. Par après... aheum....
Si vous souhaitez que ce mode alimentaire vous porte en joie
et force plus longtemps, je vous propose de profiter à plein de
ses idées, astuces et recettes, mais de mettre de côté les erreurs
flagrantes de son discours, pour n’en garder que le meilleur.
Cela vous sera facile si vous avez lu tous les numéros de ce
bimestriel, où j’ai tenté de remettre en perspective les mantras
nutritionnels de diététique tout autant que de l’alternutrition.
Vous retrouverez ci-après mes little darlings.
En tout premier lieu, arrondissez les angles de son régime :
le pur végétal, accompagné de soja et doublé d’une réduction
draconienne des graisses, n’est pas un programme ressour-
çant, mais un plan drainage.
À ce titre, il doit être limité
dans le temps ou assoupli
pour un rythme de croisière.
Je vous mets en garde contre
sa tendance nutrithérapeutique plutôt que nutritionniste : tant de poudres,
d’enzymes, de complexes
vitaminés. Ce sont des outils
pour les personnes bien portantes, qui ont bien peu d’effet chez
les personnes plus fragiles. Je soupçonne les thérapeutes
comme McKeith, qui surutilisent les compléments, de ne pas
être assez fins en profilage métabolique pour pouvoir tirer parti
à plein de la puissance de l’assiette. Ils ont alors besoin de
béquilles comme les comprimés de brol et de chti.
Tippexez dans son livre des erreurs grossières comme « la
viande, le poisson, les œufs et le lait sont d’abondantes sources
de protéines, mais ce ne sont pas les meilleures : le foie a du
mal à assimiler les graisses qu’ils contiennent (..). La digestion
de ces protéines nécessite un travail plus important pour
l’organisme. ». C’est juste l’inverse, surtout pour les personnes
fragiles ! « L’abus d’aliments contenant des graisses, notamment
la viande rouge, les produits laitiers, les fritures et toutes sortes
de cochonneries a pour effet d’induire des carences en calcium,
de boucher les artères et de gêner le bon fonctionnement du
cœur et d’autres organes vitaux » est un mantra classique des
macrobiotes, désavoué par les faits. Les graisses sont un des
premiers besoins de l’organisme. Elles offrent de rares
propriétés pharmacologiques, comme on l’a vu dans le dossier
en deux parties Pour qui Sonne le Gras (C.N. n° 10 et 11). Selon
l’auteur, « l’igname (...) équilibre la sécrétion d’hormones » alors
qu’il a été démontré que ce n’est le cas que chez les habitants de
la planète Krypton (origine de Superman, pour les distraits).
Les carences en progestérone ne se règlent pas en mangeant un
tubercule, voyons ! Tout le discours sur le cru sonne creux chez
un praticant de macrobiotique, avatar de diététique chinoise où
le cru est carrément déconseillé. Le discours est en outre biaisé
par des informations carrément fausses, comme le taux de
dénaturation lors de la cuisson ou tel que « la cuisson n’apporte
aucune qualité nutritive »*1. On a de la peine à croire qu’elle a
passé un PhD en nutrition (Clayton College, USA) tant elle est
peu rigoureuse, mais elle mérite un coup de chapeau pour avoir
proposé une version plus souple de la macrobiotique classique.
Comme à mon habitude, ces précautions étant posées,
profitez des menus, recettes et petits conseils fûtés de
missiz McKeith, surtout si vous êtes de type végé et si
vous n’êtes pas victime d’épuisement chronique ou
d’hypoglycémie.
*1
Mon dossier Le Cru à Corps Perdu fera le point sur ces croyances. Il sera
bientôt publié sur le site sous forme digitale (contre paiement, désolée...).
Cuisine Nature
nr 24
décembre 2006 - p. 15
TIP 7. En gros, les personnes du
groupe 0 sont mieux nourris par
le règne animal, celles du groupe
A par le végétal.Les personnes
du groupe 0 seraient hyperréactives aux farineux et aux sucres,
celles du groupe A à la viande
rouge et aux laitages.
Comme il l’et dit dans l’article original,
l’approche alimentaire semble moins
essentielle pour les sujets des groupes B et
AB.
La méthode de d’Adamo est critiquée à
juste titre (voir mon article dans le n°14,
aussi publié sur le site). Oubliez les
fastidieuses listes d’aliments neutres,
bénéfiques et délétères que l’auteur suggère par groupe. Elles ne sont qu’apparence
de certitude. Mais ne jetons pas le bébé
avec l’eau du bain. Depuis huit ans que je
questionne et observe les personnes en
fonction de leur groupe sanguin et de leurs
habitudes alimentaires, il semble évident
que, dans des cas de crise (otites, sinusites,
eczéma, etc.), les mangeurs du groupe
sanguin A profitent de l’arrêt de toute
forme de laitage, de quelqu’animal qu’ils
proviennent, tout bio qu’ils soient. Ils
n’aiment généralement pas du tout la
viande rouge. Tout se passe comme si ces
aliments n’étaient pas bien comburés chez
eux. J’observe le même phénomène chez
les personnes du groupe sanguin 0. Chez
eux, il semble clair que ce sont les farineux
(surtout gluten) et les sucres qui entretiennent l’inflammation chronique (comme
la cellulite, par exemple). C’est pourquoi
je conseillerais à un mangeur 0 à la
glycémie instable de suivre les recettes de
mon livre Mes Recettes Antifatigue, alors
que son frère du groupe A, s’il est aussi
faiblard sur le plan de la glycémie, profitera à plein des recettes de protéines
végétales du livre Germes de Gourmand.
Si vous êtes du groupe A, vos recettes
seront celles de Tartes et Légumineuses et
Germes de Gourmand. En cure, pratiquez
la cure de riz, une cure ayurveda ou la Cure
Antifatigue dans sa version douce. Pour
des menus et des grilles — ce que, vous
l’aurez compris, je n’arrive pas à concocter
de peur de m’imposer — basez-vous sur le
régime quasi-macrobiote prôné par le
« docteur » McKeith (en modérant ses
propos selon mes remarques, voir l’encadré page15).
Si vous êtes du groupe 0, tempérez vos
ardeurs animales avec les idées de tous les
livres de la collection, en commençant
par le basique Cuisine Nature... à Toute
Vapeur. En cure, pratiquez la Cure Antifatigue sous sa forme express.
Conclusion ...
temporaire
Si vous avez de la chance, vous aurez
parcouru d’un œil distrait les premiers
points, sans vous y retrouver. Aucun souci
de glycémie, de neurotransmetteurs, de
dysbiose ou de parasites. Si vous êtes
encore plus chanceux, vous aurez obtenu
un score tridosha aux tests d’ayurveda
(page 2). Vous pouvez alors dormir tranquille et choisir n’importe quel régime. Il
est même probable que les régimes ineptes
comme les plans hypocaloriques ne vous
ont pas mis sur les genoux, veinard ! Le
profil métabolique est, pour vous, une
question de détail.
Il existe bien entendu bien plus de paramètres à prendre en compte pour définir
votre profil métabolique. Vous pourriez
aussi vous catégoriser selon la vitesse du
métabolisme, évaluer si vous êtes victime
des sensibilités électromagnétiques (qui
peuvent obscurcir le tableau de façon
farouche) ou définir votre diathèse principale (selon les normes de l’homéopathie), etc. De nombreuses pistes sont
encore à explorer par les spécialistes. Une
telle complexité est du ressort d’une
méthode à proprement parler (comme le
Metabolic Typing).
Je viens de citer les paramètres que j’ai
utilisés pour me comprendre moi-même
depuis que j’ai compris à quel point
l’alimentation est un outil thérapeutique
puissant. Je voudrais juste vous aider à
vous prendre en charge en conscience de
vos forces et de vos faiblesses. Vous serez
ainsi à même d’adapter vos choix alimentaires en fonction de l’évolution de votre
état général.
Dans une autre incarnation, je vous
proposerai une synthèse personnalisée de
tous les points, en les combinant au profil
en ayurveda. Je vous ferai de jolies listes
croisant les groupes sanguins avec les
doshas, en les tempérant des fragilités
temporaires. Ça nous fera: Vous êtes 0 ?
Prenez à gauche, puis si vous êtes kapha,
prenez la porte de droite, et là, choisissez
la table de menus en fonction de votre
faiblesse principale. Et tout à l’avenant.
Qui sait si un nutritionniste interpellé par
cette approche ne prendra pas bientôt le
temps d’établir cette grille? Dans cette vieci, je fais largement plus confiance à
l’auto-observation, avec ou sans carnet
alimentaire.
Sommaire
Cuisine Nature
Rédaction et éditeur responsable :
Taty Lauwers, 11 allée du Mont
Cheval, B-1400 Nivelles.Textes et
recettes © Taty Lauwers. Se vend
uniquement par correspondance.
Modalités d’abonnement sur le site
ou dans le présent numéro.
p. 16 - nr 24
décembre 2006
................................................ 1
LA DIÉTÉTIQUE DE L’AYURVEDA .............. P. 2-5
LA DIÉTÉTIQUE CHINOISE
(DONT LA SANTÉ VIENT EN MANGEANT,
DE P.-H. MEUNIER) ..................... P. 6-8
ÉDITO
11 allée du Mont Cheval à
B-1400 Nivelles - +32-(0)67-84 11 22
Cuisine Nature
LE TYPAGE MÉTABOLIQUE ....................... P. 8
COMMENT MANGER SELON MA NATURE .. P. 9-16
VOUS ETES CE QUE VOUS MANGEZ,
DE GILLIAN MCKEITH ..................... P. 15
Annexes sur www.taty.be/Doc [email protected]
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