Ethique et gérontechnologie - Université Bordeaux Montaigne

Ethique et gérontechnologie
L’usage de l’éthique, l’éthique de l’usage et l’usage éthique des gérontechnologies
Résumé
Ce travail de thèse est le fruit d’une réflexion sur les questions d’éthique qui se posent
dans le milieu de la gérontechnologie. Il s’agit ici non seulement d’examiner les problèmes et
interrogations auxquels sont confrontés les différents usages de ces technologies d’aide aux
personnes âgées, mais également de voir ce que l’Ethique peut apporter à la gérontechnologie.
Cette question se pose de manière insistante car le recours à un questionnement éthique peut
sembler dans certains projets de recherche relativement extérieure à la marche du projet ; cet
effet est encore plus présent dans le milieu industriel où la réflexion éthique et le
développement de la technologie peuvent être totalement dissociés.
L’enjeu sera ainsi de montrer que l’Ethique peut être utilisée comme un atout pour la
gérontechnologie.
Pour ce faire nous allons dans un premier temps définir ce que nous entendons sous le terme
d’ « Ethique » avant d’examiner les différentes questions que soulèvent les technologies
d’aide à la personne âgée.
Dans cette première partie nous commençons par attirer l’attention sur la différence
entre les termes « Ethique » utilisé comme nom et « éthique » utilisé comme adjectif. Cette
distinction grammaticale nous permet de dégager la structure du champ de l’Ethique que nous
retrouvons chez Ricœur. Cette structure comporte l’éthique d’amont qui est une réflexion sur
les normes, le champ des normes et l’éthique d’aval qui est leur application. Dégager cette
structure que l’on nomme l’Ethique nous a au préalable demandé de dresser un bref historique
de l’évolution de celle-ci.
D’un modèle de type téléologique avec l’éthique antique nous sommes passés à un modèle
déontologique en suivant la morale kantienne. Enfin la reconnaissance de la complémentarité
de ces deux modèles au sein du champ de l’Ethique nous a conduit vers les morales
contemporaines de Levinas ou de Jonas.Des concepts comme « autrui » ou encore la
« responsabilité » sont apparus à des places importantes. Cette évolution a trahit un
mouvement allant d’une certaine autarcie à une interresponsabilité.
Une fois que le champ de l’Ethique est éclairci, il nous est possible de nous concentrer sur une
zone particulière.
Partant de là nous avions les éléments nécessaires pour affronter les questions particulières
que pose l’utilisation des gérontechnologies.
Face au vieillissement de la population, nos sociétés se trouvent devant des questions
majeures concernant la qualité de vie des personnes âgées. La gérontechnologie est défini
comme un champ interdisciplinaire dont le but est d’améliorer le confort, la sécurité et la
santé des personnes.
Cependant elle pose certaines difficultés concernant l’utilisation de ses diverses technologies.
La téléassistance et le port constant du médaillon nous pousse à nous interroger sur la
stigmatisation des utilisateurs de cet outil.
La vidéoprotection qui s’est substituée dans les termes à la vidéosurveillance permet de
contourner certaines limites de la téléassistance, et offre ainsi une plus grande sécurité.
Cependant, elle présente un risque important relatif au respect de la vie privée de la personne.
Cette notion souffre volontairement d’une absence de définition juridique. Néanmoins elle
s’appuie sur trois piliers que sont l’information, le répit et l’autonomie décisionnelle. Le
respect de ces trois piliers assure un respect de la vie privé de la personne.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication interrogent sur
l’accessibilité de ces outils aux personnes âgées ainsi que sur la nature des informations
délivrées. Parmi elles, la géolocalisation est la plus polémique. Son utilisation est
indiscutablement utile dans les cas de maladies neurodégénératives conduisant des malades à
errer et à se perdre. Cependant, la possibilité de tracer les déplacements d’une personne sans
qu’elle en ait connaissance, reste la difficulté devant laquelle nous place la géolocalisation.
La e-santé comprenant les actes de télémédecine et de télésanté nous invite à nous interroger
tout particulièrement sur les informations, leur échange et leur confidentialité. L’interrogation
porte sur la capacité qu’ont les systèmes et technologies permettant la circulation des données
et informations, à protéger le contenu d’une part et en permettre l’accès d’autre part.
La télémédecine s’inscrit en partie dans une mouvance qui incite le patient à devenir acteur de
son parcours de santé et à endosser davantage de responsabilités. Néanmoins dans le télésoin,
la responsabilisation du patient trouve certaines limites lorsqu’elle en vient à modifier le
rapport entre le malade et les professionnels de la santé.
La domotique offre une gamme importante de services, à l’instar de la robotique, elles
permettent de réunir dans un habitat ou dans une machine l’ensemble des gérontechnologies.
Cependant nous retrouvons en même temps les questions éthiques de ces outils. La robotique
apporte pourtant un questionnement nouveau avec les robots d’assistance qui nous interrogent
sur le rôle de ces technologies par rapport à l’aide humaine. Ont-elles pour vocation de nous
remplacer ?
Ces interrogations nous invitent à examiner en amont le rôle de la gérontechnologie et à
remarquer que si le mouvement de l’Ethique a été de partir d’une forme d’autarcie pour en
venir à une interresponsabilité, celui de la gérontechnologie va à l’inverse davantage vers une
autonomisation de la personne.
Dans une dernière partie nous analysons ce qui se cache sous cette notion d’autonomie qui
sous tend l’ensemble des problèmes éthiques que nous avons rencontrés. Une discussion entre
Dworkin, Dresser et Jaworska nous permet de mieux comprendre l’autonomie dont dispose la
personne dite « dépendante ».
Le gain d’autonomie que permet la gérontechnologie peut se voir adresser le reproche d’isoler
la personne. Cette critique nous conduit à préciser l’importance de l’évaluation de la
technologie et de son contexte d’utilisation afin de répondre aux besoins de la personne.
Ce dernier point donnant à la gérontechnologie le rôle de répondre à un besoin, nous donne
l’opportunité de trouver la direction éthique à prendre. En effet, c’est dans les valeurs du care
que nous trouvons des éléments de réponse aux questions qui sont les nôtres. Elles nous
permettent également d’envisager une direction vers laquelle orienter le développement de ces
outils.
C’est donc dans le care que nous trouvons un point d’ancrage commun entre le
développement des gérontechnologies et la réflexion éthique. C’est ici que l’éthique et la
gérontechnologie se rejoignent pour travailler de concert.
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