
elle, jouer un rôle plus grand dans la nécessaire transition écologique, mais
aussi économique, dont on ne perçoit encore que la nécessité et quelques
prémisses de développement ? Telle est la dernière question que pose cette
étude. C’est à l’association Barricade qu’il est revenu d’y répondre7.
Le sujet « territoire » est en effet dans l’air du temps. D’autres organisations
d’éducation permanente l’ont placée parmi leurs sujets de préoccupation
et de publication. C’est le cas du
MOC
qui y a consacré sa semaine sociale
annuelle, ainsi que de
La Revue Nouvelle
8. Très intéressantes, ces autres
publications n’ont pas mis au centre la question de la place des entreprises
sociales dans ce débat. C’est à ce manque que nous espérons, modestement,
répondre. En nous appuyant d’ailleurs aussi sur leurs analyses plus générales.
Notons aussi que le sujet de cette étude annuelle fait écho aux deux études
précédentes. En 2010, l’étude annuelle de SAW-B portait sur les initiatives ci-
toyennes qui pouvaient être qualifiées d’économie sociale (ou de prémisses
à celle-ci). Les initiatives telles que les groupes d’achat collectif (GAC), les
systèmes d’échange local (SEL) et les associations citoyennes locales (ACL)
en matière d’énergie préfigurent l’économie sociale par leurs modalités de
gestion (démocratie interne) ainsi que par leurs finalités (service à la collec-
tivité). Certaines de ces initiatives ont d’ailleurs donné naissance à des coo-
pératives, dont le modèle était le sujet de l’étude 2011. Parmi ces coopéra-
tives, certaines ont un ancrage local prononcé. C’est à cette caractéristique
de ces coopératives mais aussi d’autres formes d’entreprises sociales que se
consacre cette étude 20129.
Trois sources d’information
La volonté a été, en quelque sorte, de « garder les pieds sur terre ». L’étude
est construite sur les rapports entre économie sociale et territoires et s’ap-
puie sur les visions qu’en ont les acteurs de terrain. Elle part à la rencontre
de personnes engagées au sein d’entreprises sociales situées dans le Nord-
Pas-de-Calais, en Wallonie et à Bruxelles.
Premièrement, nous avons réalisé et retranscrit une série d’interviews qui
illustrent et incarnent le rapport des acteurs d’économie sociale à leur terri-
toire. Les entrepreneurs sélectionnés l’ont été sur base de notre perception
5
Economie sociale et territoire
ORIGINES, VISÉES ET SUITES
4
année 2012 a été marquée par de nombreuses actualités pour
l’économie sociale. L’une d’entre elles en particulier a retenu
l’attention : les élections communales. Celles-ci sont une occasion unique
pour interroger l’état de notre démocratie et du développement local et, de
manière plus précise, les liens qu’entretiennent les entreprises sociales avec
leur territoire. Comment les entreprises sociales envisagent-elles leurs terri-
toires et leur propre rôle au sein de ceux-ci ? Quel rôle les entreprises sociales
jouent-elles dans le développement local ? Ces entreprises s’ancrent-elles
naturellement dans leurs territoires ? Ce sont autant de questions posées et
soumises à une série d’acteurs de terrains, dirigeants et travailleurs d’entre-
prises sociales, qui composent la trame de cette étude.
2012 a aussi été marquée par le paroxysme de multiples crises dont l’origine
peut être trouvée dans le modèle économique capitaliste mais aussi dans
la mondialisation de cette économie. En réaction, des appels à la démon-
dialisation1, à la relocalisation de l’économie2, à une économie qui « revita-
lise le territoire »3, à une « relocalisation démocratique »4 se font entendre.
Plusieurs interrogations subsistent face à ces solutions avancées. A quelle
échelle de territoire s’agit-il de revenir ? Comment ne pas perdre les avan-
tages de la mondialisation, notamment ceux de l’ouverture réciproque, de
l’apprentissage en commun et du commerce équitable entre les hommes et
femmes de tous horizons et territoires ? Benoît Levesque, chercheur québec-
quois, évoque à ce propos un monde à reconstruire à la fois par le haut (sur
base de l’exemple de l’altermondialisme) et par le bas (sur base de l’exemple
de l’économie sociale et solidaire). Il invite à articuler à la fois démondiali-
sation (reterritorialiser certaines activités économiques) et remondialisation
(rendre la mondialisation plus solidaire)5. Comme le suggère Philippe Fré-
meaux, éditorialiste à
Alternatives Economiques
, à propos des occasions
opportunes (« kairos ») liées à la dite « crise » :
« Que peut-on souhaiter sinon
de vivre dans des sociétés qui demeureront ouvertes, mais où la quête des
objets prendraient moins de place que l’attention aux personnes ? »
6. Poser
le problème de la sorte permet de pointer le rôle de l’économie sociale dans
ce passage à une autre économie. L’économie sociale peut-elle, voire doit-
Economie sociale et territoire
L’