Médecine du Maghreb 2001 n°86
18 S. BENAMR, E. MOHAMMADINE, K. SERHANE, E. ESSADEL,
K. LAHLOU, A. TAGHY, B. CHAD, A. ZIZI, A BELMAHI
iléales sont plus rares bien que des léiomyomes sur diver-
ticule de Meckel ont été décrits (19). La tumeur est habi-
tuellement unique, ne dépassant pas 5 cm de diamètre et se
présente sous forme d’une masse rougeâtre sessile ou pédi-
culée d’aspect molasse en cas de nécrose (10). Dans plus
de 30 % des cas, il est impossible d’affi rmer la bénignité
des léïomyomes, d’autant plus qu’il peut s’agir d’un
authentique léïomyo s a rcome avec ap p a rition, tard ive de
métastases, comme cela a été observé chez l’un de nos
patients.
Les tumeurs nerveuses représentent 2,4 à 6,4 % de toutes
les tumeurs bénignes du grêle (20). Elles sont plus souvent
bénignes que malignes et on en décrit essentiellement deux
types: les shwannomes et les neuro fi b romes. Ce sont des
tumeurs sphériques, fermes, plus ou moins régulières, bien
e n c a psulées, S’implantant le plus souvent sur le bord
m é s e n t é rique du gr ê l e. Leur taux de dégénérescence se
situe entre 3 et 16 %, qu’elles soient isolées ou associées à
la maladie de Von-Reckling-Hausen (20, 21).
Les lipomes grêliques représentent 20 % des localisations
d i ge s t ives. Ils ne dégénèrent jamais et siègent essentielle-
ment sur l’iléon (10).
Les autres types sont représentés par les adénomes, les
tumeurs villeuses dont le taux de dégénérescence est estimé
à 35 % des cas (10), les polypes qui peuvent être isolés ou
s’intègrent dans le cadre de la polypose de Peutz-Jeghers.
Ces derniers présentent un risque de cancérisation évalué à
3 % (22). Les angiomes du grêle sont beaucoup plus rares.
Cliniquement, le grêle est considéré comme la zone muette
du tube digestif, aussi les tumeurs primitives restent long-
temps asymptomatiques. Elles sont vo l o n t i e rs découve rt e s
l o r s d’une intervention pour autre cause (le cas d’une
tumeur carcinoïde de notre série) ou au cours d’une autop-
sie (10). La tumeur lorsqu’elle se manife s t e, souff re d’un
long retard diagnostic, avec un délai d’évolution de 5 à 11
mois (23), La moitié de nos patients n’avait consulté qu’au
delà de 1 ans. De plus, la symptomat o l o gi e , dénuée de
toute spécificité, ne permet guère de préjuger du siège ou
de la nature maligne ou bénigne de la lésion. Les douleurs
abdominales, présentes dans plus de la moitié des cas (7
24), n’ont généralement ni cara c t è re ni topographie part i -
culière, traduisent une obstruction de la lumière intestinale
ou des phénomènes inflammatoires secondaires à l’ulcéra-
tion ou la nécrose tumora l e. Les tro u bles du transit sont
révélateurs dans 1/3 des cas, sous forme d’épisodes de diar-
rhées ou de constipation. Ils sont évocateurs par leur alter-
nance et surtout s’il y a un syndrome de Koenig (5 cas de
nôtre série). L’hémorragie digestive, à type de moelenas ou
plus ra rement de re c t o rragies, habituellement occultes et
distillantes est re s p o n s a ble d’une anémie ch ro n i q u e . La
récidive hémorragique est la règle, elle permet d’apprécier
r é t ro s p e c t ivement le re t a rd diagnostic (13,24). Les vo m i s -
sements, comme nous l’avons constaté, sont l’apanage des
t u m e u rs à localisations proximales. Les signes généraux :
a s t h é n i e, anorex i e, amaigrissement..., font suspecter une
néoplasie profonde dont il faudrait chercher l’origine. Plus
de la moitié des tumeurs malignes rencontrées dans notre
étude étaient accompagnées d’un amaigrissement de plus
de 5 kg.
La palpation d’une masse abdominale est possible dans 30
à 50 % des cas (11, 25). La masse est de taille va ri abl e,
mobile et gro s s i è rement régulière. Elle peut corre s p o n d re,
comme chez l’un de nos malades, au boudin d’une inva -
gination intestinale chronique.
L’ i n d i c a tion opérat o i r e est souvent posée devant une
c o m p l i c ation aiguë. L’ o c clusion intestinale est révélat ri c e
dans 30 % des cas (7), elle se fait selon un mécanisme
d ’ o b s t ruction luminale ou de stra n g u l ation (volvulus ou
invagination). L’hémorragie digestive massive avec état de
choc représente la manife s t ation clinique révélat rice des
schwannomes et des angiomes (17, 26). Les péritonites par
p e r fo ration sont beaucoup plus ra res. Elles surv i e n n e n t
essentiellement avec les lymphomes et les léïomyo s a rc o -
mes (14, 27).
D evant une telle symptomat o l ogie déro u t a n t e, le tra n s i t
opaque du gr ê l e , qui n’est habituellement demandé
qu’après les résultats -négatifs de la fibroscopie haute et de
la colonoscopie, permet de fa i re le diagnostic dans 60 à
70 % des cas (5, 6). Une tumeur bénigne ap p a raît sous
forme d’une image lacunaire, bien limitée, régulière, sessile
ou pédiculée, généralement de petite taille et constante sur
tous les clichés. Une tumeur maligne prend l’aspect d’une
s t é n o s e, plus ou moins complète, irr é g u l i è re, avec dilat a -
tion des anses en amont et un défilé étroit et rigide en aval.
Le transit du grêle reste décevant devant certaines tumeurs
à développement sous séreux ou ex t ra-luminal. Le tra n s i t
œso-gastro-duodénal peut visualiser des tumeurs de l’angle
de Treitz.
L’entéroscopie constitue une méthode de pointe dans l’ex-