Maïs fourrage touché par le stress hydrique : prendre la décision d

1
Maïs fourrage touché par le stress hydrique :
prendre la décision d’ensiler
Dans les régions d’élevage fortement concernées par la sécheresse et les
fortes températures de ces dernières semaines, la question se pose de récoltes
très précoces de maïs fourrage. ARVALIS-Institut du végétal donne des
repères pour aider à la prise de décision.
Une visite de la parcelle est indispensable au diagnostic !
Cette année, les principales difficultés sont liées au déficit d'alimentation hydrique, accent
par des températures élevées fin juin début juillet. L'état des maïs est souvent très
hétérogène d'une région à l'autre, d'une parcelle à l'autre, et au sein d'une même parcelle.
L’état de l’appareil végétatif peut fortement varier selon les situations. Soumis depuis
plusieurs semaines à un déficit hydrique prononcé, l'appareil végétatif dessèche
précocement…
Dans certaines parcelles, on peut observer différentes zones en partant de plantes en
conditions normales de végétation jusqu’à des zones où les plantes sont quasi intégralement
sèches sur pieds.
Prendre la décision d’ensiler ; sur quels critères s’appuyer ?
Contrairement à 2003, les stress hydriques et
thermiques que nous connaissons en 2015 arrivent de
manière plus précoce. La question est d’abord de
savoir si la plante a ou aura suffisamment de réserves
pour assurer un minimum de croissance des grains.
La décision d’ensiler doit se fléchir en fonction de
plusieurs paramètres. Dans les parcelles où les plantes
sont totalement desséchées (photo ci-dessous) même
un retour rapide des pluies ne permettra pas de
rattraper en termes de rendement et de valeurs
alimentaires. A contrario, dans les zones encore vertes
et sous réserves de ressources hydriques suffisantes,
le rendement peut encore croître. Rappelons qu’en
conditions normales de végétation, le rendement
double entre le stade « floraison » et « 32% MS plante
entière » du fait de l’accumulation de réserves dans les
grains.
Figure 1: Dessèchement de l’appareil
végétatif de plantes de maïs suite à un stress
hydrique sévère.
2
1- Diagnostic pour des stades allant de « 10 feuilles » à « floraison femelle »
Situation 1 : Toutes les feuilles au-dessus
de 15 cm du sol sont vertes, quelques feuilles
sont enroulées sur elles-mêmes en pleine
journée. L’émission des feuilles est ralentie car
la croissance de la tige est faible. La plante
continuera son cycle dès le retour des pluies ; il
est trop tôt pour ensiler. La teneur en MS
plante entière est d’environ 18 % (figure 2).
Situation n°2 : Seules quelques feuilles du pied
de la plante ont une teinte gris-marron. Toutes
les feuilles sont enroulées et ont une teinte
« vert grisé ». L’émission de nouvelles feuilles
est ralentie. Sauf exception et selon les stades,
la surface verte est encore fonctionnelle pour
assurer de la croissance avec un retour des
pluies. Toutefois la taille des plantes sera très
réduite. Après floraison, il est nécessaire de
diagnostiquer le niveau de fécondation des
épis. Il est encore trop tôt pour ensiler. La
teneur en MS de la plante est aux alentours de 22 % (figure 3).
Situation n°3 : Plus de 30 % des feuilles sont de
couleur marron. Les dernières feuilles émises
prennent une teinte marron à leur extrémité et
blanchissent. Même à des stades précoces
(avant floraison), le rendement est affecté.
L’émission de nouvelles feuilles est bloquée.
Dans les cas les plus sévères, l’émission de
pollen peut avoir lieu directement dans le cornet.
Dans ces situations, un retour rapide des pluies
devrait permettre une reprise de végétation mais
la floraison et le remplissage des grains seront
aléatoires. Certaines plantes pourraient ne pas
avoir d’épis. La teneur en MS de ces plantes est
d’environ 30 % (figure 4).
Situation n°4 : Près de 90 % des feuilles sont de couleur
marron clair gris blanc. La croissance est complètement
stoppée. Seules la base des dernières feuilles et la tige
sont encore vertes. Quel que soit le stade, le rendement et
la valeur alimentaire ne s’amélioreront pas. La plante doit
être récoltée sans plus attendre (figure 5).
18 % MS
22 % MS
31 % MS
Figure 2
Figure 3
Figure 4
Figure 5
3
La décision d’ensiler s’avère plus délicate pour les parcelles comportant des zones sèches et
des zones toujours vertes. Dans ces situations, c’est finalement le ratio entre la surface
desséchée (dont le rendement n’augmentera pas) et la surface encore verte (dont on peut
encore attendre quelque chose) qui doit guider la décision. La connaissance des potentiels
de vos parcelles est primordiale !
2- Diagnostic pour des stades « post floraison remplissage des grains »
Concernant les épis, la situation est aussi très hétérogène. Beaucoup de parcelles n'ont pas
ou peu d'épis, même avec un développement végétatif proche de la normale. Le niveau de
remplissage des épis est très variable, des avortements importants ont pu avoir lieu, le
nombre de grains par est très variable. Au sein d'une même parcelle, il peut y avoir une
grande hétérogénéité. Le devenir des grains - qualité du remplissage - et des plantes -
dessèchement du feuillage - dépend des conditions climatiques des jours à venir.
Lorsque le stade permet de poser un diagnostic quant à la présence et la quantité de grains
viables/m², voici quelques éléments de diagnostic. Il est nécessaire de juger de l’état de
desséchement de l’appareil végétatif et surtout de son évolution récente en fonction des
températures et des éventuelles précipitations (récentes ou à venir). Au-delà de ces critères,
le regard doit être porté sur les points suivants :
- le pourcentage de plantes ayant un épi, estimer le nombre de grains par épi, estimer le
nombre de grains viables par (ne pas confondre les grains viables, en cours de
remplissage, et les grains avortés). De manière simple, cela revient à compter le nombre
de grains viables présents sur plusieurs plantes consécutives présentes sur une longueur
donnée (Tableau 1). Cette opération doit être répétée plusieurs fois dans la parcelle pour
être représentative.
Attention cependant à ne pas faire de diagnostic trop précoce ! De la floraison au SLAG
(stade limite de l’avortement des grains), les jeunes embryons peuvent avorter. Le SLAG se
situe environ 250 degrés-jour après la floraison femelle. Il est préférable d’attendre environ
12-15 jours après la floraison pour dresser un diagnostic avec certitude (exemple figure 6).
Sur la figure 6, au sommet de l’épi (zone
a), on peut observer des ébauches de
grains. Ces ovules n’ont
vraisemblablement pas été fécondés. Ces
ébauches de grains peuvent aussi être le
fruit d’avortements précoces. Quoi qu’il en
soit, dans cette zone, il n’y aura pas de
remplissage d’amidon.
On retrouve également de manière
ponctuelle, quelques ovules non fécondés
ou grains avortés parmi tous les grains en
cours de remplissage (zone b).
4
- apprécier l'état d'avancement du grain (figure 7) : amidon laiteux, pâteux, présence de
la lentille vitreuse à l'extrémité du grain…
Figure 7: Description des amidons du grain de maïs
Dans certains réseaux locaux, des suivis de teneurs en MS ont été mis en place. Ces
observations peuvent permettre une 1ère approche de l’état de vos parcelles. Devant la
variabilité des situations (nombre de grains viables/m², état de l’appareil végétatif), la
décision devra se faire au cas par cas, les tableaux 2, 3 et 4 ci-dessous donnent des clés de
décision en fonction de différents critères faciles à appréhender en observant les plantes.
Compter le nombre de grains viables/m², comment faire en pratique ?
-Sur un rang, parcourez une distance donnée (cf tableau 1) et compter le nombre de
plantes présentes
-Compter le nombre d’épis présents sur les plantes observées. Compter tout épi
présentant plus de 60 grains viables
-Prélever 20 épis successifs (comptant plus de 60 grains) et compter le nombre de
grains par épi (nb de rangs x nombre de grains sur le rang moyen)
-Faire la moyenne du nombre de grains par épi
-Multiplier par le nombre d’épis présents sur le rang étudié
-Diviser par la surface étudiée
Cette opération doit être renouvelée si la parcelle est hétérogène.
Inter rang
(en cm) Longueur de rang à observer (en m) pour évaluer le nombre
grains présents sur une surface équivalant à 10
50
20.0
60
16.7
75
13.3
80
12.5
Tableau 1: Longueur de rang à observer (en m), en fonction de l'inter rang, pour évaluer le nombre
de grains sur une surface équivalente à 1m²
5
STADE A : Grain laiteux (avant apparition de la lentille vitreuse)
Tableau 2: Grille de décision ensilage : stade « grain laiteux » (A)
(1) : se référer aux indications au bas du tableau 4
Grain
Appareil végétatif
Absence ou peu de grains
(moins de 300-500 gr/m²)
500 à 1500 gr/m²
Plus de 1500 gr/m²
Toutes les feuilles sont
sèches (gris-brun)
ou
- Seules quelques
feuilles ont encore leur
base de couleur verte
. Ensilage immédiat (1)
. Si possible, préférer
l’affourragement en vert voire
le pâturage
. Ensilage immédiat (1)
. Si possible, préférer
l’affourragement en vert
. Ne pas attendre
. Ensilage immédiat (1)
Il reste l’équivalent de
1 à 3 feuilles vertes
. Ensilage immédiat (1)
.Si possible, préférer
l’affourragement en vert voire
le pâturage
. Ensilage immédiat (1)
. Si possible, préférer
l’affourragement en vert
. Attendre si possible
l'apparition de la lentille
vitreuse pour ensiler
Il reste l’équivalent de
4 à 5 feuilles vertes
au-dessus et
au niveau
de l'épi
. Rien à gagner, surtout si sol
sec et pas de retour de pluie :
ensilage immédiat (1)
. Si possible, préférer
l’affourragement en vert voire
le pâturage
. Attente possible si pluie
récente ou annoncée
. Ensilage à envisager
sous quelques jours si sol
sec et pas de retour de
pluie
. Attendre
. Privilégier la maturité
du grain par rapport
à l'état des feuilles
. Un retour de pluie sera
bénéfique
Les feuilles au-dessus,
au niveau, et au-
dessous de l’épi sont
vertes
(le bout de certaines
feuilles peut être gris-
brun)
. Attendre
. Surveiller l’évolution de l’état
de l’appareil végétatif
. Attendre
. Privilégier la maturité
du grain
. Surveiller l'évolution de
l'appareil végétatif
. Attendre
. A raisonner comme
un ensilage "classique"
. Privilégier la maturité
du grain
1 / 11 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!