Et tu le raconteras...
Tome III
Une publication du Centre National des EEIF
HSP STRASBOURG HSP TOULOUSE HSP PARIS
Et aussi à Lyon, Marseille, Aix, Toulon...
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EEIF
27 avenue de Ségur
75007 - PARIS
01.47.83.60.33
www.eeif.org
Président
Michel Nakache
Commissaire Générale
Karen Allali
Rédacteur en chef
Philippe Haddad
Maquette
Michaël Sulman
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Pendant des milliers dannées, une nation conserve en elle vivant le
souvenir du jour de sa sortie d’Egypte. Et à travers les souterrains in-
terminables de la servitude et de la tyrannie, et de l’Inquisition et des
persécutions et des pogroms, cette nation porte en son cœur la nostalgie
de la liberté ; elle l’exprime dans une tradition populaire qui ne passe
outre aucune âme dIsraël, aucun de ses pauvres, de ses misérables !
De père en ls, au l des générations, le récit de la sortie dEgypte est
retransmis - souvenir personnel qui jamais ne pâlit ni ne sestompe
« Au cours de chaque génération, chacun doit se considérer comme
si lui-même était sorti d’Egypte ». Cest le sommet de la perception
historique, et il ny a pas - à travers le monde et au long des siècles -
d’harmonie plus parfaite de l’individu et du collectif, que celle conte-
nue dans cette prescription pédagogique séculaire.
Je connais peu de textes qui enseignent mieux la haine de la servitude
et lamour de la liberté que lhistoire de lesclavage dIsraël et sa sortie
d’Egypte.
Et je ne connais de mémoire millénaire aussi complètement tournée
vers lavenir, qui symbolise autant notre actualité et notre avenir que
la mémoire de la sortie d’Egypte.
De quel insondable instinct de liberté est donc empreint le cœur de
cette nation qui a su, à laube de ses jours, créer un tel chef-dœuvre, et
le transmettre de génération en génération.
La Haggadah a, certes, contribué à la destinée de tous les insurgés,
combattants de la liberté et martyrs issus d’Israël.
«
«
En cette année de 90è anniversaire des EEIF, l’opération des colis de Pessah
(HSP) sest étendue en régions. Ce livret fait partie des projets initiés par les
groupes locaux.
Bonnes fêtes de Pessah’ 5773
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SOMMAIRE
BERL KATZNELSON
AVEC NOS JEUNES ET NOS ANCIENS
MANGER ET PARLER
TRANSMISSION ET RÉCEPTION
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Réformer le système scolaire ou comment payer les retraites de demain?
Deux dossiers brûlants qui éveillent les passions en France. Premiers âges et dernières
années.
Ces questions intéressaient déjà Moïse quand il demanda la libération de tout le peuple.
Le pharaon lui demanda :
« Qui va quitter le pays ? » (Ex. 10, 8.)
Selon les rabbins, le souverain voulait laisser partir la caste des prêtres, an de garder les
Hébreux en esclavage et en otages -
Moïse lui répondit :
« Avec nos jeunes et avec nos vieillards nous partirons. »
Enfants et retraités !
Les Hébreux constituent une société humaine, délimitée par les enfants et par les per-
sonnes âgées, par lavenir et par la mémoire. « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait »
arme le dicton.
« Avec nos jeunes et avec nos vieux. »
Moïse invite à renouer le lien et le dialogue entre ce que la société moderne tente de sépa-
rer.
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Toi qui lis ces lignes, tu descends de ces ancêtres
illustres ou anonymes qui ont constitué la pre-
mière génération du peuple hébreu.
Avant la dernière plaie d’Egypte, qui fut la plus
terrible pour l’Egypte, les Hébreux durent se pré-
parer à cette libération. Comment ? En consom-
mant un agneau grillé (le pessah) (cf. Chémot /
Exode § 12)
Renouveler chaque année le rituel en souvenir
de la sortie d’Egypte (cf. Bamidbar / Nombres §
9). Alors, le peuple prépara le repas pascal avec
lagneau grillé, le pain azyme (matsa) et les herbes
amères (maror).
Pourtant, aux yeux de Moïse, cette
consommation ne susait pas. En eet,
quand il rapporta, la première fois, la
parole divine au peuple, il ajouta :
« Et lorsque vous serez arrivés dans
le pays que le Seigneur vous donnera,
comme Il la promis, vous conserverez ce rite.
Alors, quand vos enfants vous demanderont :
‘Que signie pour vous ce rite ?’ vous répondrez
: ‘C’est le sacrice de la pâque en l’honneur de
l’Éternel, qui épargna les demeures des Israélites
en Egypte, alors qu’Il frappa les Égyptiens.»
Moïse était un pédagogue, il voulait donner sens
à la pratique religieuse. Il se souciait de lavenir, il
pensait aux enfants.
Pour ceux qui ne sont pas habitués à participer
aux oces à la synagogue, ils entendent des textes
en hébreu, ils se lèvent comme tout le monde, ils
sassoient comme tout le monde, mais « cest de
lhébreu pour eux ».
Si le rite est important, car il nous relie à notre
passé ; l’explication est tout aussi importante, car
elle nous ouvre un avenir.
A la table du seder, on mange et on parle.
• Manger,c’estintérioriserlegestedenos
ancêtres.
• Parler,c’estdonnerdusensàtoutenotre
tradition.
On mange tous la même chose, mais chacun in-
terprétera à sa manière.
Ce livret vise ce but : te préparer à bien
manger le soir de Pessah, c’est-à-dire à
digérer la tradition et la redire dans le
langage de ton temps.
Les rabbins, qui aiment jouer avec les
mots, décomposent Pessah en Pé-Sah
« bouche qui parle ».
La Kabbale fait remarquer que la mâchoire infé-
rieure nous relie à lestomac, la mâchoire supé-
rieure au cerveau. La bouche est le lieu par où
passe les éléments du monde qui constitueront
notre corps, elle est aussi la voix qui permet de
dire le monde tel que nous le voyons.
Voilà tout le dé du seder de Pessah.
« Et plus on sentretient des rites de Pessah et plus
cela est louable ! »
La fête de Pessah (Pâque) est la première fête du calendrier d’Israël. Et pour cause ! C’ est à Pessah
que le peuple d’Israël est né, en quittant le pays d’Egypte. Tel un bébé sortant du giron maternel, nous
sommes sortis, après les douleurs de laccouchement, de la matrice égyptienne, et l’histoire d’une
nation a commencé. Printemps d’Israël. Notre printemps !
PARLER, C’EST DONNER
DU SENS À TOUTE
NOTRE TRADITION.
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4 ENFANTS, 4 APPROCHES, 4 REPONSES
Nous lisons dans la Haggadah « la Torah parle de quatre enfants, le sage
(hakham), le critique (rachâ), le simple (tam) et celui qui ne sait pas poser de ques-
tion (éno yodéa lichol) ».
En fait, la Torah ne parle pas explicitement de ces quatre enfants, cest la tradition
orale qui déduit leur existence à partir de quatre versets qui traitent de réponses à
donner aux enfants.
Quels sont ces versets qui suggèrent lexistence de ces quatre enfants ?
La question du sage se trouve en Dévarim / Deutéronome (6, 20) :
« Quand ton enfant t’interrogera demain, disant: «Quest-ce que ces témoignages, ces
décrets, ces règlements, que l’Éternel, notre Dieu, vous a ordonnés ?» 21
La question du critique se trouve en Chémot / Exode 12, 26 :
« Quand vos enfants vous demanderont: ‘Que signie pour vous ce rite ?’ »
La question du simple se trouve en Chémot / Exode 13, 14 : « Et lorsque ton
enfant, demain, te questionnera en disant:
«Quest-ce que cela ?» »
Quant à lobligation de transmettre à celui qui ne pose pas de question, on lap-
prend du verset (Chémot / Exode 13, 8) :
« Tu feras récit à ton enfant »
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Tu connais le premier paragraphe du Ché-
ma ?
Bien sûr au moins pour l’avoir récité sur un
camp, à moins que tu ne le récites chaque
jour. Tu connais donc véchinantam léva-
nékha « tu les enseigneras (les paroles de
la Torah) à tes enfants ».
Au cœur de cette prière juive qui nous
accompagne toute la vie, nous trouvons
ce rappel incessant de transmettre aux
enfants.
Pour parler de la transmission, le judaïsme
utilise deux termes : Massorah et Kabba-
lah. Massorah, qui a donné émissaire en
français, signie « ce qui est transmis ».
Kabbalah, à lorigine du mot Kabbale, veut
dire « ce qui est reçu ».
Dans le premier cas, laccent est mis sur
celui qui ore lenseignement, cest-à-dire
le parent, le maître, léducateur.
Dans le second sur celui qui reçoit, cest-à-
dire lenfant, le disciple, le jeune.
La transmission n’ est transmission que
dans la mesure où deux volontés se ren-
contrent, l’une pour donner et l’autre pour
recevoir un message.
La Haggadah de Pessah se préoccupe de cette transmission et de cette réception à travers
la question inaugurale posée par le plus jeune de la tablée :
« Pourquoi cette nuit est-elle diérente des autres nuits ? »
Puis, suivent les questions des quatre ls à qui il faut donner une réponse selon leur ques-
tion spécique. La Haggadah constitue alors une longue réponse.
Si j’apprends par coeur
la Haggadah, je suis sûr
d’avoir réponse à toutes
ces questions !!!
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Le chire 4 réapparaitra dans la dernière
fête de pèlerinage, la fête de Souccot, durant
laquelle nous agitons le loulav , soit un rassem-
blement de quatre espèces végétales : le cédrat
(étrog), le myrte (hadass), le palmier (loulav) et
le saule (ârava).
Lions les 4 personnages de la Haggadah aux 4
espèces cités à Souccot
Le sage se relie au peuple par un engagement
dans létude (la connaissance) et la pratique
des commandements, des mitsvoth (laction).
C’est un pilier de synagogue, le « religieux de
service ». Il correspond à létrog, qui possède
un parfum (symbole de la connaissance qui
se répand) et un goût (symbole de laction qui
sapprécie ici et maintenant).
Le malveillant se relie au peuple par un
rejet de la pratique. Il est à la table de Pes-
sah, il connaît les rites, mais il sexclut de tout
ritualisme. Il possède une connaissance du
judaïsme, mais il la refuse. Il correspond au
Le cedrat (étrog)
Le myrte (Hadass)
Le palmier (loulav)
Le saule (ârava)
Le simple se situe entre les deux susmention-
nés, il ne possède pas la connaissance mais
ne rejette pas la pratique. Il ne comprend pas
forcément ce qu’il lit, il vit son judaïsme sim-
plement, sans bien en connaitre les règles. Il
correspond au palmier (le fruit sans le par-
fum).
Celui qui ne sait pas questionner pourrait être
le « juif sociologique ».
Il sait qu’il est juif, sans implication directe
dans son existence quotidienne. Livré à lui-
même, il court le risque dune assimilation, par
une incapacité de transmission à sa descen-
dance. Il correspond au saule (ni parfum, ni
fruit).
La Haggadah envisage une réponse ou du
moins une approche de chaque personna-
lité.
Au sage, le religieux de service, on lui ré-
pond «on ne mange plus après akoman»
(akoman étant le morceau de matsa que
lon prend à la n du repas comme des-
sert). On répond au religieux par un dis-
cours religieux. Cette réponse suggère que
lon dit au religieux, « sache te limiter dans
ton expansionnisme, laisse le non-religieux
trouver son propre chemin, ne lui impose
pas tes idées toutes faites ».
Au malveillant, on répond : « tu as le droit
de critiquer la religion, mais sache qu’ elle a
permis au peuple juif de se maintenir dans
lhistoire. Le judaïsme se veut in ne une
forme de résistance contre toutes les ten-
tatives d’assimilation, de conversion, de sé-
duction. Toi, le critique, sache reconnaître
cette part « religieuse » en toi. » C’est ainsi
que lon peut entendre la chiquenaude
« casse-lui les dents », cest-à-dire permet-
lui daccéder à la part qu’il renie présente-
ment.
A la question du simple, on propose une
réponse simple : progresse doucement en
découvrant lhistoire de ton peuple. Tu nes
pas obligé daller tous les jours à la yéchi-
va, ni daccomplir ici et maintenant les 613
mitsvoth ; mais pense à la survie de ton
peuple.
Quant à celui qui ne sait pas interroger,
alors ouvre ta bouche pour lui parler, va
vers lui, car sans doute il ne viendra pas
vers toi.
En conclusion, nous pourrions dire que
lapproche de la Haggadah est en lien avec
les valeurs défendues par les EEIF.
Elle ne nie pas les diérences identitaires.
Elle se refuse à formater les juifs dans un
seul moule.
La fête de Pessah invite à la même table ces
4 enfants, pour qu’ils partagent le repas et
qu’ils puissent « vivre ensemble ».
HAG SAMEAH !
La Torah se soucie du questionnement des enfants
à travers 4 versets, ajoutons que ces questions
apparaissent toujours dans le contexte de la sortie
d’Egypte.
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