Genèse du projet : notes d'intention
Paris, septembre 2013
Il y a quelques années nous avions monté Moi qui marche, l'histoire d'un enfant qui a tout perdu à
cause de la folie des hommes. Son sujet nous semblait alors d'une actualité brûlante. Aujourd'hui elle
l'est encore plus : augmentation de la pauvreté, conflits, déplacements de populations, immigration
clandestine accrue, etc...
Il nous semble donc très important de le reprendre : ce spectacle traite de la « résilience » qui est « la
capacité à réussir, à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en
dépit du stress ou d’une adversité qui comportent normalement le risque grave d’une issue
négative. »
En effet, on fait beaucoup d'efforts pour venir en aide aux enfants en détresse : on leur donne à
manger, on les soigne, on les place. Mais la plupart du temps on les considère comme de pauvres
victimes, comme des êtres « foutus » d’avance qui auront, étant donnée leur histoire personnelle,
d'énormes difficultés pour s’en sortir. On les habitue à se voir comme des « pas de chance », des
destins brisés, des vies ratées.
Et pourtant certains s’en sortent. Ils arrivent à mener une vie normale, à trouver leur bonheur,
comme des gens normaux.
Pendant longtemps on ne s’est pas occupé de ces derniers : ceux qui allaient bien. Les études
psychiatriques ou sociologiques se penchant plutôt sur les cas difficiles, les ratages. En fait la pensée
commune était que les enfants maltraités ne s’en sortaient jamais, qu’ils reproduisaient toute leur vie
sur les autres ce qu’ils avaient subi. Depuis, des récits ont été publiés. Certains psychologues, dont
Borys Cyrulnik qui nous a soutenu dans la genèse de ce projet, ont remis en question ce dogme, et
4