AMERIQUE DU NORD.
Même si le Mexique et le monde Caraïbe sont des terres tropicales, catholiques, souvent
hispanophones, à fort métissage, pour l'essentiel d'économie sous-développée, l'image de
l'Amérique du Nord est celle des vastes espaces, au rude climat continental, où la colonisation
européenne anglo-saxonne, protestante, de langue anglaise, a éliminé les populations
indiennes autochtones et a donné naissance au numéro un mondial, les États-Unis, qui, avec
leur prolongement boréal canadien, sont devenus synonyme de richesse et de progrès. Cette
image persiste malgré le déclin relatif de la puissance américaine et l'ampleur de ses
contrastes sociaux.
Ce semi-continent regroupe la partie nord de l'Amérique, depuis l'isthme de Panamá jusqu'au
Groenland inclus ; les Antilles et les îles arctiques en font partie. Immense triangle de terres
émergées (6 500 km de l'ouest de l'Alaska à la partie sud-est de Terre-Neuve, plus de
7 000 km du nord du Canada à Panamá), il s'étire de 7
o
12’ de latitude nord au point le plus
méridional (Punta Mariato, au Panamá), jusqu'à 83
o
39’ au Groenland. Il est aussi très allongé
dans le sens ouest-est, de 167
o
21’ de longitude ouest (cap Prince-de-Galles, en Alaska) à
55
o
40’ de longitude ouest (cap Saint-Charles, au Labrador).
Les corrélats
Antilles
Géographie
Les conditions naturelles.
Le relief s'organise en trois grands ensembles de disposition méridienne : à l'ouest, des
montagnes souvent élevées ; à l'est, des plateaux et quelques moyennes montagnes ;
au centre, de vastes plaines.
À l'est, de Terre-Neuve au golfe du Mexique, les Appalaches se présentent comme
un bourrelet montagneux, de formation ancienne, constitué de blocs cassés et de
sédiments plissés (2 000 m au maximum). La partie orientale du Canada correspond au
noyau dur de roches très anciennes (le bouclier canadien), sculpté en plateau, criblé de
lacs et recouvert par endroits de moraines glaciaires.
À l'ouest s'élève un puissant système montagneux ramifié en deux séries de chaînes
enserrant des plateaux. En Alaska, la chaîne des monts Brooks, au nord, et celle des
monts Alaska, au sud (avec le mont McKinley, 6 236 m), dominent le bassin du Yukon.
Au sud, le bourrelet de hautes terres est très large ; il est constitué, d'ouest en est,
d'abord de montagnes avec de hauts blocs surélevés (Sierra Nevada, plus de 4 000 m),
de sierras plissées proches de la côte et de fossés (Grande Vallée), puis de hauts
plateaux comme ceux du Colorado, enfin des montagnes Rocheuses. La structure de
ces dernières est complexe et leur altitude peut dépasser 4 000 m. Au Mexique et en
Amérique centrale, on retrouve la même structure : deux chaînes (la sierra Madre
occidentale et la sierra Madre orientale) encadrent des hauts plateaux. Toutes ces
montagnes de l'ouest de l'Amérique du Nord sont jeunes et affectées fréquemment par
des tremblements de terre et par des phénomènes volcaniques. L'ossature des Grandes
Antilles est marquée par une déviation ouest-est des cordillères et celle des Petites
Antilles, par un infléchissement méridien, avec séismicité et volcanisme.
Au centre du sous-continent, l'ensemble des basses terres correspond à la partie
méridionale du bouclier canadien recouverte de sédiments variés et nappée de dépôts
glaciaires ; les zones les plus déprimées retiennent les Grands Lacs. Plus au sud, les
Grandes Plaines des États-Unis drainées par le Mississippi sont constituées de terrains
sédimentaires, inégalement recouverts de moraines et de lœss.
Les corrélats
Alaska
Appalaches
Coast Ranges
Grands Lacs
Madre (sierra)
McKinley (mont)
Mexique (golfe du)
Mississippi
Nevada (Sierra)
Prairie (la)
Rocheuses (montagnes)
Les livres
carte géologique, page 196, volume 1
Amérique du Nord - le Grand Canyon, page 197, volume 1
Amérique du Nord - le mont McKinley (6 194 m), page 202, volume 1
Les milieux climatiques et végétaux.
L'Amérique du Nord se situe dans les zones froides, tempérées et subtropicales, mais la
répartition zonale est fortement modifiée par la disposition du relief et l'ampleur de la
masse continentale. À l'ouest, les montagnes arrêtent rapidement la pénétration des
masses d'air douces et humides véhiculées par les dépressions nées sur le Pacifique, et
qui circulent d'ouest en est. En revanche, les masses d'air polaire froid et sec qui
s'écoulent de l'Arctique ne rencontrent aucun obstacle dans les plaines centrales et
peuvent ainsi aller très loin vers le sud. En sens inverse, l'été, l'air tropical humide venu
du golfe du Mexique peut remonter aisément vers le nord. La côte pacifique est longée
par un courant tiède (Kuroshio) du nord de la Californie à l'Alaska (ports libres de
glaces), et par un courant froid le long de la Californie. La côte atlantique est réchauffée
par les courants des Caraïbes et de Floride, jusqu'au sud de New York qu'atteint le
courant froid du Labrador venu de l'Arctique. À même latitude, au nord du 45
e
parallèle,
la façade atlantique est plus froide que la façade pacifique.
Sur les parties occidentales, on distingue un climat océanique aux étés frais sur toute
la zone côtière de l'Alaska, puis un climat méditerranéen du 42
e
au 34
e
parallèle et un
climat aride au sud. Les fortes altitudes engendrent, dans les cordillères, des climats de
montagne. Dans le reste du sous-continent, les zones climatiques se disposent en
bandes : climat subarctique de l'Alaska du Sud à Terre-Neuve ; climat continental
humide aux étés frais dans le nord des Grandes Plaines et aux étés chauds jusqu'à la
confluence Ohio-Mississippi ; puis climat subtropical humide jusqu'au golfe du Mexique ;
climat tropical humide, enfin, pour l'est du Mexique et les terres de l'Amérique centrale.
La toundra s'étend sur les parties nord de l'Alaska et du Canada ; la forêt boréale de
conifères couvre un immense espace, du Pacifique à l'Atlantique, et descend jusqu'au lac
Supérieur. Dans les Grandes Plaines centrales, la végétation naturelle des hautes herbes
de la Prairie a fait place à la grande culture céréalière. Le sud-est des États-Unis est le
domaine de la flore subtropicale. L'Amérique centrale et les Antilles offrent, selon
l'importance de leur humidité, des savanes ou des forêts luxuriantes. Du côté pacifique,
la côte humide porte des forêts de grands conifères (séquoias, pins Douglas) ; la
Californie a une belle végétation méditerranéenne, mais steppes et déserts règnent sur
les hauts plateaux du sud-est.
Les corrélats
climat - Les types de climats et leur répartition
Labrador (courant du)
savane
toundra
Les caractères écologiques.
La faune et la flore du continent nord-américain sont très diversifiées, les milieux se
répartissant de la forêt boréale au désert. Dans la forêt boréale et les forêts
montagneuses, c'est l'épicéa qui prédomine ; il ne dépasse pas 15 m de hauteur. Ces
forêts de conifères sont peu riches en végétation, mais la diversité de la faune est plus
grande que celle des taïgas asiatiques. Les fruits des conifères nourrissent rongeurs et
oiseaux. On y trouve aussi des animaux devenus rares comme le lynx, le vison ou la
martre.
Presque toute la moitié orientale des États-Unis était autrefois couverte de forêts de
feuillus. Celles-ci ont subi de fortes dégradations, dues à la déforestation et à
l'industrialisation. Elles abritaient une faune maintenant menacée (le loup d'Amérique, le
puma). Les grandes prairies du cœur de l'Amérique ont été en majeure partie mises en
culture et utilisées par les éleveurs. Les gros mammifères y ont disparu à l'état sauvage,
en particulier le bison. Ces prairies exploitées, puis détruites, laissent place à des champs
cultivés immenses. Même les petits animaux n'y ont pas survécu.
Dans les Appalaches et les Rocheuses se succèdent de longues bandes de forêts
luxuriantes, humides et tempérées. C'est dans la Sierra Nevada que poussent les plus
grands arbres du monde, les séquoias. La faune de ces régions est abondante, mais
souvent menacée ; c'est le cas du grizzli et de nombreux rapaces diurnes.
Les Everglades constituent une plaine humide du sud de la Floride, riche en
végétation et peuplée d'une faune diverse et abondante. Ils offrent un milieu de vie à de
nombreux oiseaux aquatiques et à des reptiles devenus rares, comme la tortue verte
ou l'alligator. Faune et flore des marais de Floride sont menacées, par suite de travaux
de drainage et de divers aménagements.
Des Rocheuses aux sierras qui bordent la côte ouest, quelque six cents espèces de
plantes sont adaptées au manque d'eau, les cactées étant les plus caractéristiques. Ces
plantes abritent de nombreux insectes et reptiles, une centaine d'espèces d'oiseaux, une
quarantaine de mammifères, certains étant menacés, comme l'ocelot.
Les corrélats
Appalaches
Everglades
forêt - La forêt dans le monde
Rocheuses (montagnes)
Les livres
Amérique du Nord - faune et flore, page 206, volume 1
Amérique du Nord - faune et flore, page 207, volume 1
Amérique du Nord - faune et flore, page 208, volume 1
Amérique du Nord - faune et flore, page 209, volume 1
Amérique du Nord - faune et flore, page 210, volume 1
Amérique du Nord - faune et flore, page 211, volume 1
Amérique du Nord - faune et flore, page 212, volume 1
Amérique du Nord - faune et flore, page 213, volume 1
Les aspects humains.
Les premiers habitants du Nouveau Monde vinrent d'Asie. La région du détroit de
Behring, qui sépare l'Amérique de l'Asie, se trouva émergée à la suite d'une glaciation et
permit, il y a environ 60 000 ans, le passage des hommes de Sibérie orientale en
Alaska. Peu à peu, ceux-ci se disséminèrent dans tout le continent. Lors de l'arrivée des
premiers Européens au XVI
e
siècle, l'Amérique du Nord était sans doute habitée par
40 millions d'individus. Le peuplement indigène était très inégalement réparti : les fortes
densités du haut plateau central mexicain contrastaient avec les populations clairsemées
des régions plus septentrionales. L'extermination des Indiens et l'afflux massif
d'émigrants constituent les caractéristiques majeures du peuplement nord-américain
après la conquête européenne. Esclaves africains arrachés à leur continent, Asiatiques
attirés par la conquête de l'Ouest, colons européens, puis, à partir de 1880, migrants
venus d'Europe orientale et méditerranéenne formèrent les contingents de nouveaux
arrivants. Le dynamisme démographique des migrants, jeunes pour la plupart, contribua
de façon décisive à l'augmentation spectaculaire des populations du Canada et surtout
des États-Unis. Depuis 1950, les migrations intercontinentales ont été largement
remplacées par des mouvements migratoires entre les États du continent, mais le
Rio Grande sépare toujours une Amérique à dominante anglo-saxonne d'une Amérique
latino-amérindienne.
Les États-Unis (263,2 millions d'habitants) ont une population en majorité d'origine
européenne (britannique, allemande, scandinave, slave ou latine) ; ils comptent aussi
des Indiens (1,5 million), des Noirs (environ 12 %) descendants des esclaves africains,
des Asiatiques et de plus en plus d'Hispaniques (migrants venus d'Amérique latine). Les
flux migratoires annuels varient de 500 000 à 1 million ; ils sont alimentés pour plus de
40 % par le Mexique et les autres pays d'Amérique latine, pour plus de 30 % par l'Asie
et pour moins de 20 % par l'Europe. Même en tenant compte du solde naturel, le
rythme annuel d'augmentation de la population est inférieur à 1 %.
Le Canada (29,6 millions d'habitants) est constitué de populations d'origine française
et britannique ainsi que d'un troisième groupe très disparate, les néo-Canadiens
(Européens, Asiatiques, Latino-Américains, Africains) ; les Amérindiens sont encore
500 000 environ. Le pays accueille 100 000 immigrants par an venant du monde entier
et contribuant à un accroissement annuel de la population de 0,97 %.
Dans cette Amérique anglo-saxonne où l'anglais est la langue dominante, on compte
6 millions de francophones au Canada (concentrés pour la plupart au Québec) et aux
États-Unis, et l'espagnol est utilisé comme première langue d'usage par une vingtaine de
millions de personnes. Cette vague hispanique explique largement les progrès de la
religion catholique aux États-Unis ; l'ensemble des groupes protestants reste toutefois
majoritaire. Il en est de même au Canada.
Le Mexique (93,7 millions d'habitants) a une population essentiellement métissée
d'Amérindiens et d'Espagnols. Il alimente, chaque année, un courant d'émigration de
500 000 à 800 000 personnes vers les États-Unis. Avec un taux de fécondité de 3,2,
l'augmentation annuelle de la population est de 1,76 % par an et l'on prévoit
107 millions d'habitants en l'an 2005. Neuf Mexicains sur dix parlent l'espagnol, mais on
dénombre une quinzaine de langues indigènes ; 95 % sont catholiques.
Les sociétés antillaises, d'où les Amérindiens ont disparu, ont un peuplement très
varié, caractérisé par un fort métissage.
Les corrélats
anglais
Canada - Géographie - Les aspects humains
espagnol
États-Unis - Géographie - Les aspects humains
Indiens
Mexique - Géographie - Les aspects humains
Les médias
Amérique du Nord - Peuples et cultures
La vie économique.
Là encore, le Rio Grande est une limite : au nord, des pays à économie très développée
(États-Unis et Canada) ; au sud, des pays en voie de développement. L'écart entre les
niveaux de vie est de 1 à 10, voire de 1 à 20.
Les ressources naturelles des États-Unis et du Canada sont considérables et bien
exploitées. L'agriculture américaine est la première du monde avec de très grosses
productions de maïs, de blé, de soja ou encore de coton et d'agrumes. Le Canada
dispose aussi de grosses quantités de blé, de viande, de poisson, et il transforme le bois
de ses forêts en pâte à papier. Les ressources du sous-sol sont abondantes : charbon,
pétrole, gaz naturel et divers minerais pour les États-Unis ; hydroélectricité, minerai de
fer, cuivre, or, argent et pétrole pour le Canada. Toutes les branches industrielles sont
représentées. Si la sidérurgie, la construction automobile, la confection souffrent de la
concurrence étrangère, l'aéronautique, l'astronautique, l'informatique, le nucléaire,
l'armement sont les domaines d'excellence de l'industrie américaine ; les industries
canadiennes sont largement liées à celles des États-Unis, par les capitaux et par les
débouchés. Les réseaux de transports sont très développés ; parmi les plus grands,
citons les transcontinentaux ferroviaires, les voies d'eau des Grands Lacs et du Saint-
Laurent aménagé (seaway) ainsi que du Mississippi, les faisceaux d'oléoducs et de
gazoducs, les aéroports de New York, de Chicago, de Los Angeles ou de Dallas...
Le Mexique cherche à rattraper ses retards économiques. Outre ses potentialités
agricoles, les ressources de son sous-sol en argent, en cuivre et surtout en pétrole sont
importantes et lui permettent de gagner des devises. Des industries de biens de
consommation variées ainsi que de nombreuses activités de sous-traitance liées aux
États-Unis se développent. Depuis 1994, il est uni à ces derniers et au Canada dans le
cadre d'une zone de libre-échange (ALENA).
L'économie des Antilles est pénalisée par l'exiguïté des territoires et la pénurie de
capitaux.
Les corrélats
ALENA (Accord de libre-échange nord-américain)
Canada - Géographie - La vie économique
États-Unis - Géographie - La vie économique
Mexique - Géographie - La vie économique
Les livres
carte de la végétation et de l’utilisation du sol, page 200, volume 1
carte de l'industrie et des matières premières, page 201, volume 1
Amérique du Nord - type d'agriculture industrielle, page 202, volume 1
L'organisation de l'espace.
L'espace nord-américain est très inégalement peuplé et mis en valeur. Les contrastes
sont considérables entre l'Est et l'Ouest ; alors que la densité moyenne avoisine
20 habitants au km
2
pour l'ensemble du territoire, elle tombe à moins de 10 à l'ouest du
100
e
méridien, si l'on excepte la Californie. Les points forts sont les grandes régions
urbanisées : à l'est, la Megalopolis de la côte atlantique (de Boston à Washington) ; au
nord, la traînée urbaine quasi continue de Chicago au lac Ontario ; à l'ouest, les
métropoles californiennes de Los Angeles et de San Francisco ; au sud, les grandes villes
texanes de Dallas et Houston ainsi qu'Atlanta et Miami. La dynamique récente joue en
faveur des régions de l'Ouest et du Sud (regroupées sous le vocable Sun Belt).
La population canadienne est distribuée sur une mince bande ouest-est proche de la
frontière américaine. À l'est, en bordure de l'Érié, de l'Ontario et du Saint-Laurent,
s'étirent les principales zones de peuplement du pays, avec les deux métropoles de
Montréal et de Toronto. Au centre, la population est clairsemée dans les grandes plaines
avec quelques villes isolées. À l'ouest, l'agglomération de Vancouver regroupe la
majeure partie de la population de la Colombie-Britannique.
Mexico, ville hypertrophiée de 17,5 millions d'habitants, polarise de manière
excessive la population du centre et du sud du pays. On tente d'implanter, dans ces
hauts plateaux centraux très peuplés, des relais industriels et urbains dans le but de
favoriser la décongestion de la capitale. Il y a, dans le reste du Mexique, bien des régions
pauvres et peu équipées, et le Nord est organisé, économiquement, par les États-Unis.
Les corrélats
Canada - Géographie - L'organisation de l'espace
États-Unis - Géographie - L'organisation de l'espace
Megalopolis
Mexique - Géographie - L'organisation de l'espace
Sun Belt
ville - Les grands types de villes dans le monde contemporain - Les villes nord-
américaines
Les corrélats
Pacifique (océan)
Yukon
Histoire
Le chef norvégien Leif Eriksson, qui vers l'an 1000 découvrit une terre qu'il appela Vinland,
fut probablement le premier Européen qui ait pris pied sur le continent américain. Mais ce
voyage fut sans conséquence durable. Aussi attribue-t-on la découverte de l'Amérique à
Christophe Colomb qui, débarquant aux Bahamas le 12 octobre 1492, ouvrit le Nouveau
Monde à la colonisation européenne. Le corollaire en fut la destruction des civilisations
indigènes qui ne connaissaient qu'un faible développement technique.
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