Nous avons reçu la couronne d'or et le rameau de palmier
1
que vous
nous avez envoyés. Nous sommes prêts à conclure avec vous une
grande paix et à écrire aux agents du fisc de vous tenir pour quittes de
toutes vos contributions. Et tout ce que nous avons fait pour vous
reste valable, et les fortifications que vous avez bâties, qu'elles soient
à vous. Nous vous remettons toutes les erreurs et fautes que vous
avez pu commettre jusqu'au jour d'aujourd'hui ; et la couronne que
vous devez et tout autre tribut qui était à percevoir à Jérusalem, qu'il
ne soit plus perçu. Et si quelques-uns d'entre vous sont propres à être
enrôlés dans notre garde, qu'ils soient enrôlés, et que la paix soit entre
nous.
L'année 470 des Séleucides
(an 143 et 142 avant J.-C.)
fut ainsi considérée par les
Juifs comme l'an 1 de leur indépendance
2
.
Il fut décidé que les actes publics ou privés seraient datés ainsi : L'année..., sous
Simon, grand prêtre, stratège et higoumène des Juifs
3
. Simon battit monnaie
4
ou plutôt on battit monnaie sous son principat. Les beaux sicles ou demi-sicles
d'argent portant : Jérusalem la Sainte ; sicle d'Israël, sont de ce temps. Ce sont
des sicles de ville libre, et l'ère qui s'y trouve semble bien être celle de la liberté
de Jérusalem
5
. Plus tard, pendant la grande révolte juive, on surfrappa à son
nom des monnaies romaines. Il était devenu le fondateur de la dynastie
nationale, et c'est son nom que l'on voulut inscrire, quand l'esprit national se
réveilla, sur les pièces destinées à un usage religieux
6
.
L'influence romaine fut certainement pour beaucoup dans cet événement
considérable. L'idée de s'appuyer sur cette puissance toujours grandissante, en
opposition avec les Séleucides, devait venir naturellement, et, quoique les idées
que les Juifs se faisaient des Romains fussent encore des plus naïves
7
, Simon
chercha sans aucun doute de l'appui chez ceux que tout lui indiquait comme
hostiles à ses adversaires
8
. Les Romains, d'un autre côté, se prêtèrent volontiers
à des tractations qui les engageaient peu et où ils n'avaient à donner que ce qui
ne leur appartenait pas. Il y eut donc des négociations, qui plus tard furent
transformées en traités réguliers et titres officiels
9
. Puis l'on rapporta
1
Les cadeaux d'or se faisaient sous forme de couronnes ou de palmes que l'on
convertissait ensuite en numéraire.
2
Comparez Justin, XXXVI, 1, 10 ; III, 9.
3
I Macchabées, XIII, 42 ; Josèphe, Ant., XIII,
VI
, 6.
4
I Macchabées, XV, 6, qui aurait sa valeur, même quand la lettre d'Antiochus Sidétès
serait fausse.
5
Merzbacher, dans le journal de Sallet, 1878, p. 292-319 ; Madden, Jew. coin. (nouv.
édit.), p. 65-67. L'aspect antique de ces pièces écarte l'hypothèse de quelques savants
qui voudraient les rapporter au temps de la première révolte. V. Schürer, t. I, p. 635 et
suiv. ; t. II, p. 192 et suiv.
6
Origines du christianisme, t. VI, p. 203 et suiv. Ceux qui voient dans ce nom une
désignation d'un personnage du temps de la révolte font comme celui qui viendrait
demander à un cabinet de médailles des monnaies de Robespierre, de Gambetta.
7
I Macchabées, ch. VIII.
8
Amicitia Romanorum petita, primi omnium ex orientalibus libertatem acceperunt, facile
tune Romanis de alieno largientibus. Justin, XXXVI,
III
, 9.
9
I Macchabées, XIV, 16 et suiv., 24, 40. Ce qui est rapporté I Macchabées, XV, 15-24,
est certainement faux. Les singulières ressemblances de Josèphe, XIV, VIII, 5 (sous
Hyrcan II) avec ce que le premier livre des Macchabées place sous Simon (V. Schürer, II,
p. 199-200) ne sont pas faites pour inspirer beaucoup de confiance dans tout ce qui