UNIVERSITE TOULOUSE III – Paul Sabatier FACULTES DE MEDECINE ANNEE 2009 2009 TOU3-1530 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE MEDECINE SPECIALISEE CLINIQUE Présentée et soutenue publiquement par LAFONTAN Valérie Interne des Hôpitaux Le Jeudi 10 Septembre 2009 FRACTURES – LUXATIONS DE LA TÊTE FEMORALE. CLASSIFICATIONS ET CONDUITE A TENIR EN URGENCE. A PROPOS DE 58 CAS. Directeur de thèse : Professeur CHIRON Philippe JURY Professeur PUGET Jean Professeur BONNEVIALLE Paul Professeur CHIRON Philippe Professeur MANSAT Pierre Docteur TRICOIRE Jean-Louis Président Assesseur Assesseur Assesseur Suppléant 1 Je dédie ce travail A la mémoire de mes grands-parents A ma mère A qui je dois tout, la femme que je suis devenue dans ma vie et dans mon travail, ma persévérance qui m’a servi maintes fois. Par son amour, sa sensibilité, sa patience, et sa présence, elle a toujours su m’aider pour aller de l’avant. Merci. Aux deux hommes de ma vie : mes frères, Laurent et Jean-Noël Pour leur soutien et leur amour inconditionnels. Avoir une sœur n’est pas toujours facile … Être la seule fille est un privilège. Merci. A ma famille ; à Ling ; à Isabelle, Marie (-Martine) et Michel Pour avoir suivi toutes mes péripéties. Pour leur gentillesse. A Daniel Pour m’avoir guidée sur le chemin surprenant dans la chirurgie orthopédique. Pour son soutien paternel. A Pascal Pour avoir cru en moi (il paraît que le membre inférieur ce n’est pas fait pour les fillettes !). Pour sa confiance. A tous mes amis « Trop » nombreux pour les citer, cela signifie que j’ai beaucoup de chance. Ce travail est aussi le leur : merci pour ces belles rencontres, pour les rires, pour l’écoute dans les bons moments comme dans les plus difficiles durant ces 9 années de médecine (et dire qu’il en reste encore !). A Jean-Michel Pour son travail et son aide qui ont rendu ce travail réalisable. A mes collègues et co-internes. A tous mes chefs et supérieurs (à Hocine et Nicolas). A tous ceux que j’ai eu la chance de croiser sur ma route (à Olivier) Qui rendent au quotidien les difficultés et les coups durs de ce travail surmontables. Merci pour leur enseignement et leur accompagnement. Monsieur le Professeur CHIRON Philippe Professeur des Universités Praticien Hospitalier (Chirurgie orthopédique et traumatologique) Je vous remercie de m’avoir confié ce sujet et de m’avoir guidée pendant ce travail. Votre dynamisme et votre disponibilité ont permis l’aboutissement de cette thèse. Monsieur le Professeur PUGET Jean Professeur des Universités Praticien Hospitalier (Chirurgie orthopédique et traumatologique) Je vous remercie pour l’accueil bienveillant dans votre service et l’enseignement que vous transmettez. Vous nous faites aujourd’hui grand honneur de présider notre jury de thèse. Veuillez trouver ici l’expression de notre gratitude et de notre respect le plus profond. Monsieur le Professeur BONNEVIALLE Paul Professeur des Universités Praticien Hospitalier (Chirurgie orthopédique et traumatologique) J’ai pu bénéficier au cours de mon cursus de votre enseignement. Nous sommes très honorés de votre présence parmi nos juges. Veuillez trouver ici l’expression de notre reconnaissance. Monsieur le Professeur MANSAT Pierre Professeur des Universités Praticien Hospitalier (Chirurgie orthopédique et traumatologique) Vous nous faites grand honneur en acceptant de siéger à ce jury. Veuillez trouver ici l’expression de notre reconnaissance. Monsieur le Docteur TRICOIRE Jean-Louis Praticien hospitalier-M.C.U (Chirurgie orthopédique et traumatologique) Nous avons pu bénéficier de vos connaissances et votre culture en matière d’histoire de la médecine n’a rendu votre enseignement que plus intéressant. Vous nous faites l’honneur de siéger à notre jury de thèse. Veuillez trouvez l’expression de notre gratitude. FRACTURES – LUXATIONS DE LA TÊTE FEMORALE. CLASSIFICATIONS ET CONDUITE À TENIR EN URGENCE. A PROPOS DE 58 CAS. Plan I. Introduction………………………………. 5 II. Matériels et Méthodes …………… 7 1. Présentation de la série ………………………………………… 7 2. Classifications ………………………………………………………. 8 2.1. Selon Cauchoix-Truchet (1950) ……………………………………….. 8 2.2. Selon Stewart-Milford (1954) .……………………………………….... 8 2.3. Selon Pipkin (1957) …………………………………………………….. 9 2.4. Selon Brumback (1987) ……………………………………………….. 10 2.5. Selon l’AO ……………………………………………………………… 11 2.6. Selon Yoon (2001) ………………………………………………………12 2.7. Selon Chiron (2002) ................................................................................ 13 3. Techniques opératoires ............................................................. 24 3.1. Les différentes voies d’abord : antérieure, postérieure, médiale ……24 3.2. L’arthroscopie de hanche ................................................................…....29 III. Résultats ……………………………………. 32 1. Résultats globaux de la série ………………………………. 35 2. Fracture luxation Chiron I ………………………………… 35 3. Fracture luxation Chiron II ……………………………….. 38 4. Fracture luxation Chiron III …………………………….. 41 5. Fracture luxation Chiron IV …………………………….... 44 6. Fracture luxation Chiron V ……………………………….. 47 3 IV. Discussion ………………………………... 48 V. Résumé et Conduite à tenir. 54 VI. Conclusion ……………………………….57 VII. Annexes ……………………………………. 59 1. Rappels anatomiques concernant la vascularisation de la hanche ……………………………… 59 2. Mécanismes des luxations …………………………………. 63 3. Lésions associées ………………………………………………… 64 4. Tableaux récapitulatifs des cas …………………………. 65 VIII. Bibliographie ……………………….. 90 4 I. Introduction Les fractures de la tête fémorale au cours de luxation de hanche sont rares [3;5;14;16] puisqu’on les rencontre dans seulement 6 à 28 % des luxations postérieures [3;16;42]. Les fractures pures de la tête fémorale restent relativement peu fréquentes par rapport aux luxations postérieures isolées et aux fractures-luxations du rebord postérieur de l’acétabulum, même si elles semblent découler du même mécanisme : « le syndrome du tableau de bord ». Dans la grande majorité des cas, il s’agit d’une luxation postérieure, dans un contexte de traumatisme à haute énergie, chez un sujet jeune au cours d’un accident de la voie publique [25;31]. C’est J. BIRKETT (1815-1904) qui en fit le premier la description en 1869. Il s’agissait d’une découverte nécropsique chez une femme jeune défenestrée : membre inférieur raccourci en rotation interne avec crépitement de la région de l’aine à la rotation. La dissection cadavérique retrouva alors une luxation postérieure de la hanche associée à une fracture de la tête fémorale. L’association de ces deux lésions est un élément péjoratif pour le devenir de l’articulation coxo-fémorale [6;21]. Ce type de fracture-luxation a très peu été étudié [3;5;14;16;22;24;28;44]: l’étude bibliographique ne retrouve qu’une quinzaine d’articles sur les 10 dernières années avec des séries limitées (le nombre de cas inclus allant de 9 à 39) ; en fait, aucune grande série n’a pu être réalisée, ne permettant pas d’approfondir réellement cette pathologie traumatique et donc de mettre en place une conduite univoque même si de grandes lignes ont été décrites [43]. Pourtant, l’étude des fractures-luxations de la tête fémorale est un élément capital pour faire évoluer la prise en charge de ce traumatisme qui continue d’être caractérisé par sa gravité notamment sur le devenir de l’articulation coxo-fémorale [26]. Lorsqu'une forme de fractures est rare, le chirurgien qui la prend en charge en urgence ne peut être que peu expérimenté. La référence à une classification devient indispensable. Ce travail a pour but premier de valider une proposition de classification des luxations-fractures de la tête fémorale qui tient compte de l'ensemble des formes rencontrées et des fractures associées de 5 l'acétabulum ou du col ; elle permet de déduire pour chaque forme une attitude thérapeutique adaptée. Par ailleurs, l'analyse de cette série encore courte, mais la plus longue publiée, permet d'essayer d'évaluer l'incidence du geste thérapeutique sur le risque de raideur et d'arthrose à long terme. Une proposition d'organigramme sur la conduite à tenir en urgence en fonction de l'âge, du type de fracture et de la stabilité de la réduction est proposée. 6 II. Matériels et Méthodes 1. Présentation de la série L’étude rétrospective menée au sein de l’institut de l’appareil locomoteur de Toulouse a permis de colliger 73 cas de fractures-luxations de la tête fémorale sur une période allant de 1973 à 2006, 55 cas pour le service de Rangueil, 18 cas pour le service de Purpan. Malheureusement, les anciens systèmes d’archivage n’ont pas permis de retrouver l’intégralité des dossiers et 6 d’entre eux ont ainsi été éliminés. 69 cas ont par conséquent été retenus. La réévaluation clinique, effectuée en 2008, permet d’avoir un recul minimum de 2 ans. Nous avons essayé de contacter et de revoir un maximum de patients : ces derniers ont été soumis aux questionnaires de Harris, PMA et Womac et ont été radiographiés afin d’évaluer l’efficacité des traitements mis en œuvre. Neuf patients ont été revus et interrogés par leur médecin traitant. Finalement ont été exclus les patients n’ayant pas ce recul minimum de 2 ans car décédés ou perdus de vue précocement ; le suivi des patients a également été stoppé à la date de mise en place de prothèse totale de hanche. Ainsi cette étude est composée de 58 patients. Cette série est constituée : • Majoritairement de sujets jeunes au moment du traumatisme puisque la moyenne d’âge est de 37,5 ans avec des extrêmes allant de 16 à 71 ans. • Majoritairement d’une population masculine puisque avec 48 hommes pour 10 femmes, cette population masculine représente 82% de l’échantillon. • Dans 89% des cas, nous retrouvons un accident de la voie publique (AVP) comme étant à l’origine de la fracture-luxation soit 52 AVP. Les 11% restants regroupent des accidents sportifs (sport agressif type rugby) et les chutes d’un lieu élevé. De plus, l’existence d’un traumatisme violent est confirmée par le fait que dans 67% des cas nous retrouvons un poly traumatisme et dans 60% une fracture de l’acétabulum associée. • Les luxations étaient majoritairement postérieures avec 53 luxations de ce type soit 91% des cas et 5 luxations antérieures soit 9%. • Trente-deux luxations ont concerné le côté gauche. Seront présentés dans les tableaux en annexe les 69 patients dont les dossiers ont été retrouvés mais ne seront retenus pour l’interprétation des résultats que les 58 cas précédemment cités. 7 2. Classifications De nombreuses classifications ont été proposées, mais aucune, à notre avis, ne tient compte simplement de l'ensemble des formes rencontrées de fractures de la tête fémorale et des fractures associées de l’acétabulum et/ou du col. 2.1. Selon Cauchoix-Truchet (1950) • Stade I: Fragment petit n’intéressant pas la surface d’appui, peu ou pas déplacé, gardant souvent des connexions avec la capsule, donc vascularisé et de bon pronostic. • Stade II: Fragment identique mais luxé hors de l’acétabulum. • Stade III: Fragment représentant plus du tiers du volume céphalique, donc intéressant les surfaces portantes. • Stade IV: Fracture multi-fragmentaire. C'est la première classification qui tient compte de la taille du fragment de la tête fémorale ! Cependant, elle est loin d’être complète puisqu’elle n’intègre pas les fractures associées de l’acétabulum, ni les fractures du col ou encore les fractures ostéochondrales ou celles de la 1/2 de tête fémorale. 2.2. Selon Stewart-Milford (1954) [38] • Degré I: Luxation sans ou avec une lésion minime du rebord acétabulaire. • Degré II: Luxation avec une fracture acétabulaire quelle que soit son étendue mais stable après réduction, même si hanche fléchie au-delà de 90°. • Degré III: Identique au degré II mais instable après réduction car la fracture atteint le sourcil. • Degré IV: Luxation associée à une fracture de la tête fémorale ou du col. C'est la première classification qui tient compte des fractures associées de l’acétabulum et du col. Cependant cette classification ne détaille pas les différents types de fracture de la tête. 8 2.3. Selon Pipkin (1957) [30] • Groupe I: Fracture de la tête dont le trait est sous fovéal, détachant un fragment égal ou inférieur au 1/3 de la tête. • Groupe II: Fracture de la tête dont le trait est supra fovéal, détachant un fragment supérieur au tiers de la tête. • Groupe III: Association d’une fracture Groupe I ou Groupe II à une fracture du col du fémur. • Groupe IV: Association d’une fracture Groupe I ou Groupe II à une fracture du sourcil acétabulaire. Cette classification fait souvent référence car il s’agit de la première à présenter un intérêt pronostique et thérapeutique. Cependant, elle n’inclut pas les fragments ostéochondraux, les fractures-tassement ; elle ne différencie pas non plus les fractures 1/4, 1/3 ou 1/2 de tête. De plus, les groupes III et IV ne précisent plus la taille du fragment. 9 2.4. Selon Brumback (1987) [3] • Groupe 1 : Luxation postérieure de hanche associée à une fracture de la partie inféro-médiale de la tête fémorale sur la zone non portante. 1A sans fracture ou fracture minime de l’acétabulum, hanche stable après réduction 1B avec fracture significative de l’acétabulum, hanche instable • Groupe 2 : Luxation postérieure de hanche associée à une fracture de la partie supéro-médiale de la tête fémorale sur la zone non portante. 2A sans fracture ou fracture minime de l’acétabulum, hanche stable après réduction 2B avec fracture significative de l’acétabulum, hanche instable • Groupe 3 : Luxation de hanche associée à une fracture du col du fémur. 3A sans fracture de la tête fémorale 3B avec fracture de la tête fémorale • Groupe 4 : Luxation antérieure de la hanche associée à une fracture de la tête fémorale. 4A “Indentation type”: dépression de la zone supéro-latérale portante de la tête fémorale 4B “Transchondral type”: arrachement ostéo-cartilagineux de la tête fémorale sur la zone portante • Groupe 5 : Luxation fracture centrale de la hanche associée à une fracture de la tête fémorale. Cette classification intéressante tient compte des fractures associées du col ou de l’acétabulum, des fractures-luxations antérieures avec encoche postérieure de la tête. Cependant la taille des fragments de la tête fémorale n'est jamais décrite, ce qui ne permet pas à cette classification d'orienter vers une attitude thérapeutique ciblée ; les formes 4 et 5 sont théoriquement possibles mais n'ont jamais été rencontrées ! 10 2.5. Selon l’AO • C1 : Fracture de tête (avulsions et fractures séparation). C11 Avulsion du ligament rond C12 Fracture-séparation distale du ligament rond C13 Fracture-séparation proximale du ligament rond • C2 : Fracture-impaction. C21 Postérieure C22 Antéro-supérieure C23 Supéro-latérale • C3 : Rassemble les caractéristiques des deux premières. C31 Impaction et fracture-séparation C32 Séparation et fracture sous-capitale C33 Impaction et fracture sous-capitale Cette classification artificielle ne prend pas en compte les fractures de l’acétabulum ni les fragments ostéochondraux. Les fractures de la moitié de la tête ne sont pas décrites ; le type C31 n’existe pas ; les types C21, C22, C23, n’ont jamais été décrits. Elle est également peu utilisable sur le terrain du fait de sa complexité. 11 2.6. Selon Yoon (2001) [43] • Type I : Fragment sous fovéal, dont la taille est inférieure à 1/3 de la surface articulaire. Pas de fixation par des vis • Type II : Fragment sous fovéal, dont la taille est supérieure à 1/3 de la tête. • Type III : Fragment supra fovéal. • Type IV : Fracture comminutive de la tête. Pas d’ostéosynthèse possible C’est réellement la première classification qui crée des implications thérapeutiques. Cette classification est plus simple et se base sur la description anatomique des lésions. Elle possède donc des implications thérapeutiques. Cependant, elle ne prend pas en compte les fractures du col, ni les fractures de l’acétabulum ni les fragments ostéochondraux. Le type IV n'a jamais été rencontré et doit plutôt être associé aux lésions de type tassement de la partie supérieure de la tête décrite dans la classification de l’AO. 12 2.7. Selon Chiron (2002) [23 ; 4] La classification de Chiron regroupe les éléments essentiels à la compréhension des fractures-luxations de la tête fémorale, dont certains ont déjà été décrits dans les classifications précédentes mais de façon incomplète. Elle conçoit l’utilisation systématique de la tomodensitométrie pour analyser de façon suffisamment fine les différents types de fractures. La classification [26] est donc la suivante : • Type I : Fragments ostéochondraux. • Type II : Fragments intéressant le 1/4 de tête. • Type III : Fragments intéressant le 1/3 de tête. • Type IV : Fragments intéressant la 1/2 de la tête. • Type V : Fracture-Tassement. Chacun de ces groupes possède une lettre supplémentaire • • • A : Fracture de tête isolée. B : Fracture de l’acétabulum associée. C : Fracture du col du fémur associée. Cette classification tient compte de la position et de la taille des fragments de la tête fémorale. La position des fragments dépend de la position du membre inférieur lors du traumatisme dans l'axe du fémur. La hanche est le plus souvent en flexion à 90° (le syndrome du tableau de bord) lors du choc sur le genou; c'est le degré d'abduction qui conditionne la taille des fragments [29,42]. 13 Plus l’adduction et la rotation interne sont fortes, plus les forces de compression sont parallèles au rebord postérieur de l’acétabulum et plus le fragment est petit allant de la luxation pure au quart de tête en passant par des fragments ostéochondraux; le fragment se trouve en bas et en avant de la tête. En faible adduction et rotation interne, plus les forces de compression deviennent parallèles au rebord postérieur de l’acétabulum, plus le fragment est gros (tiers et moitié tête) associé avec au non une fracture du rebord postérieur de l’acétabulum et plus rarement du col. Adduction forcée Rotation interne Flexion à 90° Luxation postérieure pure 1/2 de tête 1/3 de tête 1/4 de tête Adduction à 0° Flexion à 90° Luxation postérieure avec fracture du rebord de l’acétabulum 14 Voici quelques remarques : • La taille des fragments : les fragments peuvent être uniquement ostéochondraux, un quart de tête infra fovéal, un tiers de tête supra fovéal ou la moitié de tête supra fovéal. • Il existe des fractures-tassements du sommet de la tête. • Une forme particulière pourrait être individualisée au scanner avec présence d’une encoche postérieure lors des luxations antérieures comme cela est observé à l'épaule (encoche de Mac Laughin, encoche de Malgaigne) • Les fractures de la tête peuvent être pures ou associées à des fractures de l’acétabulum ou du col. Cette classification est complète grâce à la possibilité de réaliser en urgence une tomodensitométrie qui permet d'individualiser particulièrement les formes I, IV et V ; elle prend en compte les fractures du col et de l’acétabulum et permet de classer toutes les formes possibles. Son atout majeur est la prise en considération de la taille du fragment de tête, élément essentiel pour orienter sa prise en charge. Groupe I A : Fragments ostéochondraux 15 Groupe I B : Fragment ostéochondral et Fracture de l’acétabulum Groupe I C : Fragment ostéochondral et Fracture du col 16 Groupe II A : Fragment antéro-inférieur infra fovéal de la taille de 1/4 de tête 17 Groupe II B : Fragment de la taille 1/4 de tête et Fracture de l’acétabulum. 18 Groupe III A : Fragment supra fovéal de la taille 1/3 de tête 19 Groupe III B : Fragment de 1/3 de la tête et rebord postérieur de l’acétabulum 20 Groupe IVA : Fragment supra fovéal de 1/2 de tête Groupe IV B : Fragment de 1/2 de tête et Rebord postérieur de l’acétabulum 21 Groupe IV C : Fragment de 1/2 de tête et Fracture du col En conclusion de ce chapitre, les objectifs d’une classification sont d’orienter l’attitude thérapeutique pour une prise en charge optimale et reproductible. Une bonne classification se doit de décrire toutes les formes possibles afin 1/ d’orienter le traitement, 2/ de prévoir les complications, 3/ de servir de point de référence pour évaluer les résultats au sein des études. Dans le cas des fractures luxations de la tête fémorale, il est évident que les classifications doivent prendre en compte : - la taille du fragment de la tête dont l’importance est capitale pour le pronostic de « survie » de cette tête ; l’association d’une fracture de tête à un autre traumatisme concernant la hanche (fracture de l’acétabulum, fracture du col…) modifiant l’attitude thérapeutique. 22 Détail sur la taille du fragment Fracture de l’acétabulum CauchoixTruchet - - Fracture du col du fémur - StewartMilford - + + Pipkin +/- + + Brumback +/- + + AO +/- - + Yoon + - - Chiron + + + La classification de Chiron est alors celle qui réunit tous les critères : elle sera donc utilisée pour analyser cette série. En remarque, voici la correspondance entre la classification de Chiron et la classification de Pipkin (cette dernière est en effet la plus usitée dans le monde). Chiron I A II A III A (4 cas) (5 cas) (7 cas) Pipkin 1 (≤ 1/3 tête) (16 cas) Chiron IV A VA (4 cas) (0 cas) Pipkin 2 (> 1/3 tête) (4 cas) Chiron I B II B III B IV B VB (13 cas) (14 cas) (4 cas) (2 cas) (1 cas) Pipkin 4 (fracture de l’acétabulum) (34 cas) Chiron I C II C III C IV C VC (1 cas) (0 cas) (0 cas) (3 cas) (0 cas) Pipkin 3 (fracture du col) (4 cas) 23 3. Techniques opératoires 3.1. Les différentes voies d’abord : antérieure, postérieure, médiale • Antérieure: Type: Smith-Petersen, Watson-Jones, Rottinger, Hueter Pour l’ostéosynthèse ou l’ablation de corps étrangers. - Avantages : elle permet un bilan lésionnel de qualité et une synthèse anatomique plus aisée de dedans en dehors. Elle paraît logique pour traiter une luxation antérieure ou une luxation postérieure réduite et stable, pour visser ou enlever un fragment du1/4 ou du 1/3 de la tête. - Inconvénients : elle supprime la vascularisation antérieure de la tête alors que les vaisseaux postérieurs sont déjà lésés ; de plus, elle ne permet pas un bon contrôle de la réduction de la luxation. 24 • Postérieure : Type : Moore Pour la réduction d'une fracture irréductible et incoercible ou la synthèse d'un rebord postérieur de l’acétabulum et éventuellement la réalisation d'une prothèse totale. - Avantages : elle respecte la vascularisation antérieure (capsule antérieure intacte) et permet un bon contrôle de la réduction de la luxation. On peut effectuer l’ostéosynthèse éventuelle d’une fracture de la paroi postérieure de l’acétabulum. En urgence cette voie d’abord paraît logique. - Inconvénients : le jour offert sur les lésions de la tête qui sont surtout antérieures et internes est limité. 25 • Médiale : Type : Ludloff, Ferguson ou Chiron Pour l’ostéosynthèse ou l’ablation de corps étrangers. - Avantages : elle permet une bonne exposition du fragment céphalique pour sa synthèse ou pour l’ablation de corps étrangers dont on connait la position fréquente inféro-interne. Enfin, elle respecte le reste de la vascularisation de la tête. - Inconvénients : elle nécessite la réduction préalable de la luxation ; de plus, elle n’est praticable qu’en l’absence de fracture de l’acétabulum associée. Voici détaillée la voie d’abord médiale de Chiron : 1-L’incision se fait sue un malade en flexion de hanche et rotation externe ou dans la position dite « de la grenouille » ou de Ducroquet. Dans cette position, le muscle long adducteur est tendu et parfaitement palpable sous la peau. L’incision va de l’insertion pubienne du long adducteur et descend le long de la saillie du muscle dur 6 à 8 cm. Au cours de la dissection des tissus souscutanés, il arrive qu’il existe une collatérale de la veine saphène interne qui doit être liée et sectionnée, la saphène interne étant portée en dehors. 2- L'aponévrose du muscle long adducteur : Elle est incisée jusqu'à ce que les fibres musculaires soient visibles. Attention il ne faut pas passer en dehors de l'aponévrose au risque d'atteindre la lame criblée et de passer au niveau des éléments fémoraux. Toujours en rotation externe-flexion de hanche, il est réalisé une dissection douce au doigt dans la gaine du long adducteur, entre le long adducteur et son aponévrose. Il existe peu d'accolement à ce niveau et le doigt est conduit directement sur le petit trochanter parfaitement palpable. 3- Abord extra articulaire : Deux écarteurs sont mis en place de part et d'autre du petit trochanter exposant le petit trochanter et le tendon du muscle ilio-psoas. 4- Dissection du tendon du muscle ilio-psoas : Le tendon est individualisé et porté sur une lacette. Il ne faut jamais suivre le tendon par sa face latérale au risque d’être conduit vers les vaisseaux. Un écarteur contre-coudé est positionné entre la face antérieure de la capsule et le bord médial du tendon repoussant latéralement le tendon et exposant la capsule. Un deuxième écarteur est mis en place toujours en extra articulaire à la partie médiane de la capsule. 26 5- Exposition de la capsule : La capsule peut être, toujours en extra articulaire, exposée en repoussant à la rugine le pédicule circonflexe médiale postérieur entouré de graisse, jusqu’à la partie supérieure de la capsule acétabulaire et de la paroi médiale. 6- Incision de la capsule : La capsule est incisée longitudinalement puis le long de la ligne inter trochantérienne et en péri acétabulaire. Des écarteurs sont mis en intra articulaire. 7- Vue sur l'articulation : La vue sur l'articulation est excellente. Il est possible de voir la face interne mais aussi antérieure du col en effectuant des rotations de hanche. La partie inférieure et antérieure de la tête est visible ; il est possible en poursuivant la dissection de voir la branche ilio-pubienne et toute la paroi supérieure et médiale de l’acétabulum. 8- Fermeture : La fermeture de la capsule est possible si nécessaire. Il suffit simplement ensuite de fermer l'aponévrose du muscle long adducteur et le plan cutané. 27 Cette voie peut être utilisée même en cas de fracture ancienne de la tête afin d’enlever le fragment cause de douleur à la mobilisation par conflit. La voie d’abord doit être adaptée à la situation ; il n’existe pas « Une » vérité mais plusieurs selon les cas qui se présentent. 28 3.2. L’arthroscopie de hanche [7;8;9;27] Cette technique est très peu invasive et les complications de l’arthroscopie de hanche sont exceptionnelles et toutes dues à l’utilisation de la table orthopédique par compression du nerf pudental. Les corps étrangers ostéocartilagineux des fractures-luxations de la tête fémorale sont le plus souvent incarcérés soit au niveau du pôle supérieur, soit dans la région de la fovéa. Après avoir bien repéré grâce au scanner l’emplacement du corps étrangers, il est possible d’adapter la voie d’abord : ainsi, les corps étrangers de l'arrière-fond de l'acétabulum ou en regard de la partie antérieure et inférieure de la tête nous orientent vers une voie médiale. 3.2.1 Arthroscopie par voie antéro latérale (vue de la partie supérieure de l’espace articulaire.) Le malade est installé sur une table orthopédique, en flexion de hanche, rotation interne en traction d’environ 20 kg. Les repères externes sont l’épine iliaque antéro-supérieure et le grand trochanter. Le point d’entrée se situe sur la ligne horizontale qui va du bord supérieur du pubis au sommet du grand trochanter. L’autre ligne repère est la verticale qui descend de l’épine iliaque antéro-supérieure. 29 La hanche est décoaptée grâce à l’injection intra-articulaire de sérum physiologique sous contrôle à l’amplificateur de brillance. Il faut prendre en compte les zones dites de sécurité : - Antéro-externe entre la ligne verticale et le bord antérieur du grand trochanter. Cette zone paraît être la zone de choix pour l'introduction de l'endoscope et des instruments. Dans la partie antérieure de cette zone, l’arthroscope passe en dehors de la branche externe du nerf cutané latéral de la cuisse. Dans la partie médiane de cette zone, seul un rameau accessoire du nerf cutané latéral de la cuisse traverse cette région en avant et en dehors du point de pénétration. - Externe entre le bord antérieur et postérieur du grand trochanter. Cette zone est peu dangereuse mais l'arthroscope dans cette région est peu mobile. - Interne transadducteurs est à utiliser avec prudence en prévoyant une extension selon une voie médiale classique en cas d'insuffisance du geste sous arthroscopie. Cette voie a surtout un intérêt lorsque l'on recherche un corps étranger situé à la partie basse et postérieure de l'acétabulum. 3.2.2 Arthroscopie par voie médiale [49] Il existe quelques indications d’abord médial de la hanche en passant entre les muscles adducteurs et en abordant la capsule par sa partie inférieure et antérieure. Une voie chirurgicale antéro-médiale a été initialement décrite en 1908 par Ludloff dans le but de repositionner chirurgicalement des hanches luxées dans le cadre de maladies luxantes de hanche chez l’enfant de moins de 24 mois. Kelly a repris cette voie d’abord chez l’adulte pour traiter des cas de luxations-fractures postérieures de la tête fémorale, soit pour réséquer un fragment ostéo-chondral de petite taille, soit pour visser une fracture du tiers inférieur et antérieur de la tête. Gross a décrit en 1977 une tentative de réduction arthroscopique d’une luxation de hanche chez l’enfant. Nous utilisons chez l’adulte une voie arthroscopique médiale qui passe en arrière des muscles long, court adducteurs et pectiné, et en avant du muscle grand adducteur. 30 1- Installation : Le malade est en décubitus dorsal, le membre inférieur libre, sans traction, afin de pouvoir placer le membre en flexion de hanche, abduction, rotation externe. Les champs sont installés laissant libre l’ensemble du pli de l’aine et du pli fessier, isolant les organes génitaux. Une incidence de face sous amplificateur de brillance permettra de vérifier le point de pénétration du trocart à la partie basse de la capsule. 2- Point de pénétration : Le tendon du muscle long adducteur est facilement repérable, tendu en flexion-abduction-rotation externe. Le point de pénétration passe en arrière du tendon du muscle long adducteur au niveau du pli inguino-fessier. Par une courte incision, les parties molles sont dissociées à la pince jusqu’à la capsule. La capsule est atteinte à la partie inférieure de l’articulation coxo-fémorale au-dessous du ligament transverse de l’acétabulum. 3- Bases anatomiques de la région traversée : L’arthroscope passe de médial en latéral, en arrière du muscle long adducteur, des muscles court adducteur et pectiné, puis du muscle psoas iliaque. Ces éléments le séparent en avant par l’intermédiaire du muscle pectiné des éléments vasculaires fémoraux et du nerf crural. Toujours de médial en latéral, l’arthroscope passe à travers la partie antérieure du muscle gracile, en avant du muscle grand adducteur, puis du muscle obturateur externe. Ces éléments le séparent en arrière du nerf grand sciatique. Le nerf obturateur et ses deux branches antérieure et postérieure sont à ce niveau en avant du muscle court adducteur ; la branche postérieure du nerf obturateur passe en arrière du muscle court adducteur plus bas. Seuls les rameaux acétabulaires des pédicules obturateur et circonflexe médial peuvent théoriquement être lésés lors de la pénétration de la capsule. 4- Exploration : Il est possible de visualiser la partie inférieure du col, la partie inférieure et antérieure de la tête ainsi que la partie basse de l’arrière-fond de l’acétabulum et le ligament transverse. L’exploration est facilitée par l’existence d’une fracture qui crée un espace. L’exploration se fait en réalisant des mouvements de rotation interne, rotation externe du membre inférieur. 5- Instrumentation : Il est tout à fait possible avec un arthroscope standard d’explorer cette région. Cependant il est particulièrement difficile d’introduire un deuxième instrument pour réaliser un geste chirurgical. C’est pourquoi, nous utilisons pour l’arthroscopie de hanche en général un arthroscope à instrumentation axiale qui permet par un seul tube de 5 mm de diamètre de voir, d’introduire l’instrument dans l’axe, de diriger les fibres optiques, d’injecter de l’eau et de la drainer. L’utilisation du Laser Holmium Yag qui permet au mieux de faciliter le geste. 6- Complications : Une série personnelle de 12 voies médiales n’a conduit à aucune complication, ni nerveuse, ni hématome. 7- Indications : Il est possible aujourd’hui dans certaines indications très précises et en utilisant un matériel adapté, de réaliser une arthroscopie en passant par une voie trans adductrice plus postérieure que celle décrite par les pionniers, dans le but essentiellement de lever un conflit du ligament transverse de l’acétabulum ou du repli pectino-fovéal (Dorfmann), d’enlever des corps étrangers ostéochondraux soit un projectile, soit dans le cadre d’une ostéochondromatose, le plus souvent dans celui d’une fracture ostéochondrale dans le cas de fragments de petite taille après luxation fracture de la hanche. Dans tous les cas pour pratiquer une voie médiale arthroscopique, il convient de maîtriser la voie chirurgicale qui emprunte les mêmes espaces anatomiques pour recours en cas d’échec du geste sous arthroscopie. 31 III. Résultats 1. Résultats globaux de la série Les patients inclus sont majoritairement des sujets jeunes avec une moyenne d’âge est de 37,5 ans (de 16 à 71 ans) ; la population est majoritairement masculine (82% de l’échantillon). Dans 89% des cas, un accident de la voie publique (AVP) est à l’origine de la fractureluxation soit 52 AVP. Les 11% restants regroupent des accidents sportifs (sport agressif type rugby) et les chutes d’un lieu élevé. De plus, l’existence d’un traumatisme violent est confirmée par le fait que dans 67% des cas nous retrouvons un poly traumatisme et dans 60% une fracture de l’acétabulum associée. Sur les 58 patients de l’étude, on retrouve : - 53 luxations postérieures soit 91% des cas - 5 luxations antérieures soit 9% Les résultats globaux de l’étude sont représentés dans ce tableau récapitulatif. Type I Ablation des corps étrangers Ablation du fragment de tête Vissage du fragment de tête Ostéosynthèse de l’acétabulum PTH d’emblée PTH à distance Arthrose Type II Type III Type IV Type V A 4 0 B 13 8 C 1 0 A 5 2 B 14 3 C / / A 7 3 B 4 1 C 0 / A 4 2 B 2 0 C 3 0 A 0 / B 1 1 C 0 / 0 0 0 0 2 / 0 1 / 1 0 0 / 0 / 0 0 0 0 0 / 1 0 / 1 1 0 / 0 / 0 6 1 0 5 / 0 2 / 0 1 0 / 1 / 0 1 0 0 0 / 0 0 / 1 1 3 / 0 / 0 2 0 1 3 / 1 0 / 0 1 0 / 1 / 3 4 1 2 4 / 5 2 / 3 / / / / / 32 La prise en charge thérapeutique est répartie ici de la façon suivante : Traitement orthopédique 18/58 = 31 % Abord antérieur 5/41= 12 % Ablation corps étrangers 20/58 = 34 % Abord postérieur 30/41= 73 % Ablation fragment de tête 4/58= 7 % Abord médial 2/41= 5 % Vissage fragment de tête 3/58 = 5 % NB/ 4 arthroscopies (presque 10%) pour l’ablation de corps étrangers Ostéosynthèse de l’acétabulum 16/34= 47 % PTH première intention 6/58 = 10 % Les complications se répartissent de la façon suivante : 20 Ablations des corps étrangers : 4 Ablations du fragment de tête : 3 Vissages de tête : 12 (la moitié est associée à la fracture de l’acétabulum) 4 2 16 Ostéosynthèses de l’acétabulum : 5 3 (toutes associées à PTH à distance une fracture de l’acétabulum) 0 1 4 Arthrose En fait, ce type de traumatisme peut évoluer vers l’arthrose, l’ostéonécrose aseptique de la tête fémorale, la raideur, toutes intriquées et pouvant nécessiter une arthroplastie. L’évolution vers l’arthrose est ici objectivée sur le bilan radiographique. Les différents questionnaires permettent d’évaluer ces complications c’est-à-dire leur retentissement fonctionnel objectif et subjectif sur l’articulation coxo-fémorale. 33 150 100 50 0 Womac : 75 à 100 ; Moyenne à 93 +/- 8,5 Il s’agit d’un score subjectif côté sur 100; la satisfaction globale des patients est correcte. 20 18 16 15 10 5 0 PMA : 11 à 18 ; Moyenne à 16 +/- 1,7 Il s’agit d’un score objectif prenant en compte la mobilité avec 20% de résultats mauvais ou moyens. Dans le score PMA, on parle de résultat « excellent » = 18, « bon » = 16-17, « moyen » = 1516 et « mauvais » = 14. 80 Harris : 45 à 100 ; Moyenne à 89 +/- 12,5 Elle prend plutôt en compte la fonction et la douleur plus que la mobilité. Ici, on retrouve 85% de bon à excellent résultats Dans le score de Harris, les résultats sont excellents de 98 à 100, bons de 80 à 97, assez bons de 60 à 79 et mauvais s’ils sont inférieurs à 60. 34 2. Fracture luxation Chiron I Nombre de Patients Réduction Orthopédique Réduction Chirurgicale A 4 B 13 C 1 4 11 1 0 1 0 Arthroscopie pour Ablation de corps étrangers 0 1 0 Ablation de corps étrangers autres 0 7 0 Ostéosynthèse de la tête Ostéosynthèse de l’acétabulum 0 0 1 DHS 0 6 1 PTH d’emblée 0 0 PTH à distance 0 Complications 3 arthroses dès 2A 1 (à 45 jours pour irréductible) 2 (1M et 1A pour ONA) 2 arthroses (2-3A) 4 NS atteints Nombre de traction Durée moyenne (Jours) Durée moyenne de la décharge (Mois) 3 21 10 21 0 2 2 3 Womac 98,5 +/- 0,7 91,1 +/- 8,7 99 PMA 17 +/- 1,5 16 +/- 1,4 18 Harris 96 ,5 +/2,1 93 +/- 9,5 100 0 Arthrose à 2A NB : PTH : prothèse totale de hanche/ M : mois/ A : années/ NS : nerf sciatique/ ONA : ostéonécrose aseptique de la tête fémorale/ Womac-PMA-Harris : moyenne et écart type/ Arthrose : sur des critères radiographiques. 35 Type I : 18 cas LES I A … Sur les 4 cas, il est possible de dire : - - Toutes les luxations ont été réduites orthopédiquement avant la 6ème heure. Il n’y a eu aucune prise en charge chirurgicale d’aucune sorte : pratiquement tous les patients ont été tractés et la durée de la traction et de la décharge ont été variables, dépendants du chirurgien. Le recul moyen est de 12 ans avec des extrêmes allant de 2 à 21 ans ; le seul patient à ne pas avoir développé d’arthrose correspondait à la seule luxation antérieure. Tous les autres ont présenté une arthrose minime très bien tolérée, c’est-à-dire sans retentissement clinique important ; les plus mauvais scores objectifs et subjectifs ont été obtenus pour des patients présentant des co-morbidités telles myopathie ou hémiplégie. Les I B … Sur les 13 cas, il est possible de dire : - Trois prothèses totales de hanche ont été mises en place : une seule de première intention après 45 jours de traction pour un patient de 64 ans inopérable avant cette date du fait de graves problèmes respiratoires ; les deux autres ont été posées au cours de la première année pour ostéonécrose aigue de la tête fémorale, chez des patients de plus de 50 ans qui avaient bénéficié d’une chirurgie d’ablation des corps étrangers avec ostéosynthèse de l’acétabulum. - Pour toutes les autres luxations, le délai de réduction était optimal. Une seule luxation a été réduite chirurgicalement. - Quasiment tous les patients ont été tractés. - Tous les patients ont dû observer une décharge d’environ 2 mois. - Il y a eu 9 chirurgies : Celle pour réduction par voie postérieure associée à l’ablation de corps étrangers et à l’ostéosynthèse de l’acétabulum ; Au total 3 ablations seules de corps étrangers dont une seule sous arthroscopie (pour les autres, la voie d’abord était adaptée à la luxation) ; Egalement une ostéosynthèse seule de l’acétabulum ; Enfin 5 chirurgies doubles (pour l’acétabulum et les corps étrangers) par abord postérieur. - Finalement 3 patients n’ont pas eu de chirurgie. - Le recul observé se situe entre 2 et 17 ans : seulement 2 patients ont développé une arthrose modérée sans retentissement clinique important et ces patients avaient plus de 50 ans au moment du traumatisme et ont bénéficié d’une chirurgie. Le cas unique I B et C … Le traumatisme datant de 2006, nous obtenons pour ce patient le recul minimum de 2 ans au bout duquel il présente une arthrose minime sans retentissement clinique malgré son âge (71 ans) !!! L’acétabulum et le col avaient été rapidement ostéosynthésés. 36 Au total Lorsque l’on est dans la situation de corps étrangers (des fragments de tête de petite taille) soit le stade I de Chiron : La réduction orthopédique est toujours possible. Les corps étrangers sont le plus souvent ôtés à l’occasion de l’ostéosynthèse des fractures de l’acétabulum : ces fractures de l’acétabulum représentent 76% du type I et la moitié d’entre elles est ostéosynthésée. Les 2 PTH à distance concernent des patients de plus de 50 ans ayant une fracture de l’acétabulum associée. Les autres patients ont développé une arthrose très bien tolérée. 37 3. Fracture luxation Chiron II Nombre de Patients Réduction Orthopédique Réduction Chirurgicale Arthroscopie pour Ablation de corps étrangers Ablation de corps étrangers autres Ostéosynthèse de la tête Ostéosynthèse de l’acétabulum PTH d’emblée PTH à distance Complications Nombre de traction Durée moyenne (Jours) Durée moyenne de la décharge (Mois) Womac A 5 B 14 3 12 2 2 1 1 1 0 4 (dont 2 ablations du fragment de tête) 0 0 5 C 0 0 0 1 (2A pour 3 (1 et 7M pour arthrose) ONA, 1A pour luxation) 2 ONA (3- 4 arthroses (26A) 16A) 1 arthrose 4 NS (12A) 5 11 15 21 2 2 93 +/- 7 94 +/- 8 PMA 16 +/- 1 16 +/- 1,5 Harris 90 ,5 +/7,5 91 +/- 10 NB : PTH : prothèse totale de hanche/ M : mois/ A : années/ NS : nerf sciatique/ ONA : ostéonécrose aseptique de la tête fémorale/ Womac-PMA-Harris : moyenne et écart type/ Arthrose : sur des critères radiographiques. 38 Type II : 19 cas Les II A … Sur les 5 cas II A, il est possible de dire : - - Toutes les réductions ont été réalisées avant la 6ème heure ; deux d’entre elles ont été chirurgicales, une pour une luxation antérieure et l’autre associée à l’exérèse des corps étrangers. Sur les 2 ablations de corps étrangers, une seule a été effectuée sous arthroscopie. Tous les patients ont été tractés et mis en décharge. Une seule PTH a été mise en place à 2 ans pour coxarthrose invalidante. Il n’y avait pas de particularités liées au patient ou à la prise en charge. Le recul se situe entre 3 et 12 ans : un seul patient n’a pas présenté de problèmes suite à ce traumatisme. Tous les autres ont développé une arthrose avec retentissement clinique minime ou une ostéonécrose aseptique de la tête nécessitant des suivis réguliers mais sans prise en charge chirurgicale ultérieure. Les plus mauvais résultats aux scores Womac, Harris ou PMA concernent les ONA. Les II B … Sur les 14 cas II B, nous retrouvons : - - - - Trois arthroplasties totales de hanche au cours de la première année de suivi, une secondaire à une instabilité récidivante malgré la réalisation d’une butée, et les deux autres dans un contexte d’ostéonécrose. Il est possible de retrouver comme facteur aggravant l’âge supérieur à 50 ans et la réduction très tardive à 48 heures de la luxation. Tous les autres patients ont été réduits orthopédiquement dans le délai optimal, tractés et mis en décharge. Deux patients ont bénéficié de l’ablation du fragment de tête et trois de celle des corps étrangers, de façons diverses : abord médial, abord postérieur et par arthroscopie. Presque tous ont développé une arthrose minime sans aucun retentissement clinique au cours de la deuxième année. Quatre n’ont eu aucune prise en charge chirurgicale. Ces patients vont très bien et n’ont pas d’arthrose radio visible avec un recul allant de 2 à 16 ans. Un seul patient bénéficie tardivement de l’ablation du fragment de tête par abord médial car ce dernier est responsable de blocages. Les hanches récupèrent une bonne fonction avec des résultats considérés en moyenne comme « bons » ; les plus mauvais scores sur les questionnaires concernent un patient présentant des séquelles neurologiques (atteinte du nerf sciatique). Nous n’avons pas dans notre série de représentants pour le groupe II C. 39 Au total Lorsque l’on est dans la situation d’1/4 de tête soit le stade II de Chiron La réduction orthopédique est toujours possible. Dans 5 cas sur 19, l’ablation des corps étrangers a été effectuée et dans deux situations, le fragment de tête a carrément été ôté. Les autres patients n’ont pas eu de prise en charge chirurgicale. Sur les 4 PTH qui ont toutes été posées au cours de la première année, 3 d’entre elles concernent des patients de plus de 50 ans. Ablation du ¼ de tête 40 4. Fracture luxation Chiron III Nombre de Patients Réduction Orthopédique Réduction Chirurgicale Arthroscopie pour Ablation de corps étrangers Ablation de corps étrangers autres A 7 B 4 3 4 4 0 0 0 3 1 2 (dont 1 ablation du fragment de tête) 0 0 2 0 1 (1A pour ONA) 5 arthroses 5 21 0 0 2 2,5 93 +/- 9 83 +/- 14 PMA 16 +/- 1,4 13 +/- 2,6 Harris 88 +/- 7 70 +/- 27 Ostéosynthèse de la tête Ostéosynthèse de l’acétabulum PTH d’emblée PTH à distance Complications Nombre de traction Durée moyenne (Jours) Durée moyenne de la décharge (Mois) Womac C 0 2 arthroses 4 30 NB : PTH : prothèse totale de hanche/ M : mois/ A : année/ ONA : ostéonécrose aseptique de la tête fémorale/ Womac-PMA-Harris : moyenne et écart type/ Arthrose : sur des critères radiographiques. 41 Type III : 11 cas Les III A … Sur les 7 cas III A, il est possible de dire : - - Quatre réductions chirurgicales ont été nécessaires dont une pour une luxation prise en charge à 15 jours. Sinon, les autres luxations ont été réduites orthopédiquement dans un délai optimal. Cinq hanches ont été opérées : les 4 pour la réduction, en profitant pour enlever les corps étrangers pour 3 d’entre elles et un vissage de tête. Quasiment tous les patients ont été tractés et tous ont été mis en décharge. Il n’a eu qu’une seule arthroplastie de hanche au cours de la première année pour ONA chez un patient âgé de plus de 50 ans. Il s’agissait du patient ayant bénéficié du vissage de tête. Tous les autres patients présentent une arthrose modérée au dernier recul (entre 4 et 15 ans) avec un retentissement clinique minime (les scores objectifs et subjectifs sont tout à fait corrects). Les III B … Sur les 4 cas III B, il est possible de dire : - - Tous les patients ont eu une réduction orthopédique dans un délai optimal. La tête n’a jamais été vissée: deux patients ont bénéficié d’une ostéosynthèse de l’acétabulum associée à l’ablation de corps étrangers ou du fragment de tête et deux ont été épargnés de toute chirurgie. Au dernier recul soit entre 2 et 12 ans, deux patients vont parfaitement bien et les deux autres présentent une arthrose minime sans aucun retentissement clinique. Cependant, les scores objectif et subjectifs sont bien moins bons que dans le type A Il n’y a pas dans cette série de représentants pour le groupe III C Au total Lorsque l’on est dans la situation d’1/3 de tête soit le stade III de Chiron Dans plus de 50% des cas, la luxation est irréductible et elle nécessite alors un abord chirurgical en urgence. Par contre la fracture de l’acétabulum associée facilite la réduction mais cette dernière est souvent incoercible et nécessitera en semi-urgence un abord chirurgical. Dans 7 cas sur 11, il y a eu prise en charge chirurgicale, 4 ablations de corps étrangers contre 1 seul vissage de tête. Quelle que soit la prise en charge, au long cours, les patients vont bien et ont une excellente tolérance à une arthrose minime. La seule PTH de ce groupe a été mise en place rapidement pour un patient de plus de 50 ans. 42 Ablation du 1/3 de tête Vissage du 1/3 de tête 43 5. Fracture luxation Chiron IV Nombre de Patients Réduction Orthopédique Réduction Chirurgicale Arthroscopie pour Ablation de corps étrangers Ablation de corps étrangers autres Ostéosynthèse de la tête Ostéosynthèse de l’acétabulum PTH d’emblée PTH à distance A 4 B 2 C 3 3 0 0 1 2 3 1 0 0 2 (dont 1 ablation du fragment de tête) 1 0 0 1 0 0 1 0 1 (PI J45) 0 3 0 0 Complications Nombre de traction Durée moyenne (Jours) Durée moyenne de la décharge (Mois) Womac 3 arthroses 3 30 1 1 (1A pour arthrose) 0 1 21 2 3 PMA 16 +/- 0,5 Harris 85 +/- 9,2 0 0 96 +/- 2,5 NB : PI : prothèse intermédiaire/ PTH : prothèse totale de hanche/ M : mois/ A : années/ ONA : ostéonécrose aseptique de la tête fémorale/ Womac-PMA-Harris : moyenne et écart type/ Arthrose : sur des critères radiographiques. 44 Type IV : 9 cas Les IV A … Sur les 4 cas IV A, il est possible de dire : - Un patient a bénéficié après les 45 jours de traction de la mise en place d’une prothèse intermédiaire ; il avait eu une réduction orthopédique à 6 jours ! de la luxation. - Les autres luxations ont été réduites dans le délai optimal avec une réduction chirurgicale. - Tous les patients ont eu une prise en charge chirurgicale différente : Ablation de corps étrangers (et du fragment de tête) par voie antérieure Vissage de la tête en per cutané puis ablation de corps étrangers sous arthroscopie - Le recul est important (10 et 14 ans) et tous les patients ont développé une arthrose minime sans retentissement clinique. Les IV B … Sur les 2 cas IV B, il est possible de dire : - Ils ont tous les deux été réduits chirurgicalement en dehors du délai optimal Le patient le plus âgé (plus de 50 ans) a bénéficié d’une PTH d’emblée Le patient plus jeune a eu un vissage de tête et une ostéosynthèse de l’acétabulum qui s’est converti dans l’année en PTH pour coxarthrose. Soit 2 patients, 2 PTH Les IV C … Les 3 cas ont eu une PTH d’emblée. 45 Au total Lorsque l’on est dans la situation d’1/2 de tête soit le stade IV de Chiron Toutes les réductions sont chirurgicales. On retrouve 2 ablations de corps étrangers et une du fragment de tête pour 2 vissages mais surtout 4 PTH de première intention sur 9 patients au total ! Les fractures de tête pures n’ont pas eu d’arthroplastie : elles ont toutes évolué vers l’arthrose mais cette dernière est très bien tolérée au long terme. Par contre, les deux fractures de l’acétabulum ont abouti à une arthroplastie. Exemple de vissage du fragment ½ de tête avec à droite l’évolution à 7 ans PTH d’emblée 46 6. Fracture luxation Chiron V Nombre de Patients Réduction Orthopédique Réduction Chirurgicale Arthroscopie pour Ablation de corps étrangers Ablation de corps étrangers autres Ostéosynthèse de la tête Ostéosynthèse de l’acétabulum PTH d’emblée PTH à distance Complications Nombre de traction Durée moyenne (Jours) Durée moyenne de décharge (Mois) A 0 B 1 C 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1 (1,5A) 0 1 4 0 0 0 0 0 3 0 NB : PTH : prothèse totale de hanche/ A : années Type V : 1 cas Il s’agit d’une forme V B dont la prise en charge n’a pas présenté de particularité : réduction avant H6, traction, ostéosynthèse de l’acétabulum avec ablation de corps étrangers puis décharge. Cependant cette patiente de plus de 50 ans a bénéficié à un an et demi d’une PTH pour coxarthrose destructrice rapide. 47 IV. Discussion Cette étude soulève un certain nombre de questions quant à la prise en charge optimale des fractures luxations de la tête fémorale : Que faire ? En urgence, au moment de la prise en charge initiale … Puis quelle attitude thérapeutique ? Un traitement orthopédique ? Une ablation des corps étrangers et/ou un vissage du fragment de tête ? Ou encore dans quels cas la prothèse totale de hanche d’emblée peut ou doit être envisagée ? Quels facteurs doivent être pris en considération ? Quelles sont les réponses qui peuvent être apportées ? 1) Valeur statistique de l’étude ? Répondre aux questions précédentes relevait de principe d’un travail difficile à plusieurs titres : ce type de fracture est peu fréquent, de ce fait la meilleure prise en charge et le devenir à long terme des patients sont mal connus. Le point fort de cette étude est de s’intéresser au devenir à long terme des patients en les interrogeant à l’aide de questionnaires standardisés et reconnus (Womac, Harris, PMA), et en recherchant la mise en place d’une prothèse totale de hanche après la prise en charge initiale. L’avis d’un statisticien a été essentiel afin de définir la faisabilité de l’étude ainsi que sa valeur c’est-à-dire avons-nous suffisamment d’éléments pour obtenir des résultats statistiquement significatifs. Malgré les 58 cas exploitables, ce qui représente l’étude la plus exhaustive existante après celle du GETRAUM 2008, les résultats ne seront pas statistiquement significatifs. De plus, l’objectif d’évaluer si l’évolution des patients à long terme dépend du type de fracture et de la prise en charge initiale semble difficile à réaliser compte tenu de la diversité des types de fractures, des prises en charge et des évolutions possibles par rapport au nombre limité de patients. Deux éléments sont également à prendre en compte dans l’interprétation des résultats : l’intervention de différents chirurgiens (cette étude n’est pas mono-opérateur et le biais « opérateur dépendant » est donc bel et bien présent) ainsi que la durée de l’étude sur une vingtaine d’années ; en effet, l’évolution des techniques chirurgicales et notamment les progrès en matière d’arthroplastie totale de hanche (voies mini-invasives, couple métal-métal, grosses têtes ….), la maîtrise de nouveaux outils (arthroscopie de hanche ou voie médiale ….) ou la disponibilité récente du scanner en urgence ont façonné au fil des années les attitudes et les points de vue des chirurgiens. Enfin, les questionnaires sont posés à des temps de suivi très variables au sein de l’échantillon (certains patients ont une 20aine d’année de recul et d’autres ont seulement 2 ans de recul). Pour aplanir ce biais, il a été retenu un recul minimum de 2 ans pour tous les patients car l’étude nous a révélé que les prothèses totales de hanche étaient toujours mises en place sous les 2 années suivant le traumatisme. Cette étude rétrospective ne permettra pas d’obtenir une puissance statistique suffisante mais permettra de donner une orientation dans la conduite à tenir devant un tel traumatisme. 48 2) Validation de la classification de Chiron ? Comme cela a déjà été exposé dans les chapitres précédents, la classification de Chiron pour les fractures-luxations de la tête fémorale est facile d’utilisation, complète, incluant tous les cas de la série. Elle présente les caractéristiques d’une bonne classification utilisable « sur le terrain », permettant d’orienter le traitement : elle décrit toutes les formes rencontrées, elle prend en compte la taille du fragment de tête (élément pronostic capital) et les fractures associées (de col, de l’acétabulum), grâce à l’accession facile à la tomodensitométrie. De plus, l’étude des variations inter et intra-individuelles a montré sa reproductibilité. 3) Bilan d’imagerie : l’apport du scanner (TDM)? Repérage des corps étrangers ? L’intérêt d’un examen tomodensitométrique est reconnu depuis longtemps [2;37;45]: il permet d’effectuer le bilan précis des lésions (taille du fragment de tête, localisation des corps étrangers, fracture de l’acétabulum). Les publications sur les fractures-luxations de la tête fémorale sont relativement peu abondantes et une grande partie d’entre elles a été faite avant l’utilisation systématique du TDM ce qui diminue la valeur des résultats. Le scanner doit être demandé en urgence en pré et post-réduction pour la décision thérapeutique [2;12;33] : la mise en charge d’une hanche stable ne peut être faite avant d’avoir vérifié l’absence de corps étrangers intra-articulaires, leur présence nécessite leur ablation avant la mise en charge. De nos jours, le scanner est un examen que l’on peut obtenir rapidement ; sa disponibilité et son intérêt dans ce type de traumatisme le rendent donc systématique. Il est primordial dans l’aide à la décision thérapeutique. 4) Les fragments de tête : traitement orthopédique, ablation ou vissage ? Il semblerait que la prise en charge chirurgicale de type synthèse du fragment de tête puisse céder sa place à une attitude « attentiste ». Par exemple, le seul vissage effectué dans le groupe IIIA a conduit à la seule prothèse totale de hanche du groupe : visser la tête n’apporte pas plus de bons résultats [37]; par contre l’ablation de ce même fragment semble être un élément favorable dans l’attitude thérapeutique La taille du fragment de la tête, facile de nos jours à évaluer grâce à l’accès aisé et systématique au scanner, est un élément prédictif majeur dans le devenir de l’articulation et dans l’attitude chirurgicale, d’autant que la voie minimale invasive médiale facilite la prise en charge. Le problème essentiel est de savoir que faire du fragment de tête : Le visser ? L’enlever ? Ou encore ne rien faire, à condition que la réduction soit correcte ? Toutes les études menées ne sont pas en accord pour l’attitude chirurgicale (contrairement à notre étude, dans laquelle d’ailleurs peu de vissages ont été réalisés, certaines retrouvent de bons résultats avec le vissage [37;44] tandis que d’autres préfèrent enlever le fragment [36]) ; par contre la supériorité du traitement orthopédique à chaque fois qu’il est réalisable est retenue [1;43;44]. Le problème reste donc entier entre l’ablation ou le vissage d’1/4 ou d’1/3 de tête [12;36;37;44;48]. Il est logique de proposer l’ablation du fragment de tête pour les types II selon la classification de Chiron, le vissage après réduction pour les fragments du type III et IV mal réduits ; la discussion reste ouverte pour les gros fragments bien réduits (traitement orthopédique ?). 49 Enfin, pour le type IV, le choix entre le vissage de la tête qui est un gros fragment et la PTH de première intention se pose et la décision doit prendre en compte tous les facteurs notamment, une fois de plus, les fractures associées, le délai de réduction et l’âge du patient. L’étude de Vielpeau [43] ne retrouve pas de liens significatifs entre les résultats fonctionnels et le type de fracture selon Pipkin ou l’association à une fracture de l’acétabulum ; contrairement à ce que nous avons retrouvé, la conservation du fragment de tête a un meilleur pronostic que son ablation qui entraîne une excentration de la tête. Cependant il nous rejoint dans les mauvais résultats du vissage : en cas de conservation du fragment de tête, le traitement orthopédique a de meilleurs résultats que le vissage. Ces mauvais résultats peuvent s’expliquer par une nécrose du fragment vissé, ou le plus souvent par une mauvaise technique chirurgicale : les vis sont mal positionnées et la fracture ne consolide pas ou bien les vis font effraction dans l’articulation et créent un conflit. Visser un fragment de tête n’est pas une tâche facile du fait de l’accessibilité ; la voie d’abord médiale serait alors une réponse : elle permet de visualiser directement la zone opératoire et de vérifier également directement la qualité de la réduction. 5) Fracture Luxation de la tête fémorale et voies d’abord ? En urgence, il faut opérer les luxations incoercibles et irréductibles et les fractures moitié de tête sur un os porotique avec fort risque de créer une fracture du col. Dans ces cas, il semble logique de faire une voie d’abord du côté de la luxation pour aider à la réduction, préserver la vascularisation et éventuellement reconstruire la paroi postérieure (classe B de Chiron) [14;16]. Lorsqu’il est possible d’opérer en différé, pour enlever ou réduire et visser un fragment de tête, une voie médiale ou antérieure peut paraître logique puisque le fragment est fréquemment antéro-inféro-interne [13;25;43;44]. La voie médiale a plusieurs avantages : elle donne un accès direct à la fracture, elle préserve le pédicule circonflexe antérieur, ce qui n’est pas toujours le cas de l’abord de Hueter ou de Rottinger. Dans notre série, il a été réalisé : - 5 voies antérieures sur les 41 abords chirurgicaux ; - 30 voies postérieures sur les 41 abords ; - 2 voies médiales sur les 41 abords. Alors que nous avions 53 luxations postérieures contre 5 luxations antérieures. Dans la série du Getraum, il a été réalisé : - 25 voies antérieures sur les 83 abords chirurgicaux ; - 53 voies postérieures sur les 83 abords ; - 4 voies médiales sur les 83 abords. Alors qu’ils retrouvaient 123 luxations postérieures contre 4 luxations antérieures. Force est de constater que, dans notre série, la voie d’abord antérieure a peu été utilisée, mais il faut expliquer que cette voie d’abord n’était pas usuelle dans le service. Enfin, l’arthroscopie est une des options chirurgicales : par voie antéro-latérale, elle permet d’enlever les corps étrangers du compartiment central de l’articulation. Elle ne permet pas la réduction et le vissage d’un fragment antéro-médial et peut être réalisée dans les jours suivants la luxation. Dans cette série, seules 4 arthroscopies ont été effectuées pour ablation des corps étrangers. 50 6) Fracture - luxation de la tête fémorale et fractures associées ? - Les fractures associées de l’acétabulum modifie l’attitude thérapeutique car elle impose une chirurgie en urgence différée quelle que soit la taille et sa réduction pour stabiliser la paroi postérieure selon les principes de Letournel, ainsi que les résultats car il est logique de penser que l’atteinte de l’acétabulum, autre versant de l’articulation, aggraverait le pronostic arthrogène de ce traumatisme. Si on compare au sein du même groupe les classes A et B, on peut constater que l’atteinte de la tête seule est aussi arthrogène que l’atteinte combinée tête + acétabulum. Ce résultat vient sans doute du fait que, dans notre étude, 50% des fractures de l’acétabulum ont été ostéosynthésées. La prise en charge des fractures de l’acétabulum isolées est déjà très étudiée et il est indispensable d’en appliquer les principes dans cette situation. En effet, il n’est pas nécessaire de revenir sur les progrès dans la chirurgie de l’acétabulum permis par les travaux de Letournel sous l’impulsion de Judet : Letournel a précisé la manière de traiter ces fractures difficiles, hantises des chirurgiens orthopédiques. Il a proposé une classification des fractures de l’acétabulum admise et reconnue par tous permettant une prise en charge codifiée (voir son livre de référence : « Fractures of the Acetabulum » de E. Letournel, R. Judet t (1992) Springer-Verlag). Certaines études tentent de comparer traitement chirurgical et conservateur mais la revue de littérature est faible et les études difficilement fiables. Le traitement orthopédique est en général l’apanage des formes non déplacées ou présentant une bonne congruence tête-acétabulum. - Les fractures associées du col compromettent la vascularisation de la tête fémorale ce qui nous pousse à proposer une prothèse totale de hanche d’emblée pour le type IV C selon Chiron : dans notre série, sur les 15 prothèses totales de hanche, 6 ont été mise en place d’emblée et la moitié pour le forme IV C. 7) Fracture - luxation de la tête fémorale et complications à long terme ? - L’arthrose ? L’action arthrogène des fractures articulaires n’est plus à démontrer ! D’ailleurs, la coxarthrose est retrouvée dans toutes les études mais avec des taux variables [1;42]. Cependant, contrairement à ce que l’on pouvait croire au départ, malgré le potentiel très arthrogène de ce type de traumatisme (cette étude retrouve 55% d’arthrose visible sur les radiographies, développée précocement, le plus souvent dès la deuxième année ; et dans 20% des cas, un PMA montrant des résultats mauvais ou moyens), l’arthrose au long terme est relativement bien tolérée [24] avec un maintien des activités professionnelles et sportives dans plus de 80% des cas et un score de Womac en moyenne à 93 +/- 8,5, preuve de la bonne satisfaction globale des patients. L’ablation des débris permettrait un nettoyage articulaire et donc l’élimination d’éléments « abrasifs » pour l’articulation, sources d’arthrose [14]. L’atteinte de l’acétabulum, autre versant de l’articulation, aggraverait également le pronostic arthrogène de ce traumatisme. Or, si l’on compare au sein du même groupe les classes A et B, on peut constater que l’atteinte seule de la tête est aussi arthrogène que l’atteinte combinée tête + acétabulum. 51 - L’ostéonécrose ? L’ostéonécrose aseptique de la tête fémorale (ONA) est une complication non négligeable de ce type de traumatisme (12% dans la série de l’étude) ; son évolution naturelle tend vers la fracture de la tête fémorale, traitée le plus souvent par arthroplastie totale de hanche (sur les 15 PTH de la série, 5 ont été mises en place dans un contexte d’ONA). Selon les études, on dénombre 13% d’ostéonécrose, indépendamment de la fracture de l’acétabulum ou de la nécessité d’une chirurgie à ciel ouvert. Seule la réduction précoce semble avoir un impact [20;37;46;47]. Hougaard et Thomsen [20] retrouvaient 5% d’ONA si la réduction avait lieu avant la 6éme heure et 53% de complications au-delà de la 6ème heure. Rappelons l’étude de Vielpeau [43] qui introduit la notion de qualité de la prise en charge dans l’évolution vers l’ostéonécrose ; ainsi, en cas de conservation du fragment de tête, le traitement orthopédique a de meilleurs résultats que le vissage : ces derniers peuvent s’expliquer par une nécrose du fragment vissé, ou le plus souvent par une mauvaise technique chirurgicale : les vis sont mal positionnées et la fracture ne consolide pas ou bien les vis font effraction dans l’articulation et créent un conflit. - La raideur ? Elle est corrélée à la sévérité de l’arthrose ; sur les 43% d’arthrose dans cette série, plus de la moitié possèdent des mobilités normales ou subnormales. Seules trois PTH ont été mises en place pour coxarthrose. 8) Fracture - luxation de la tête fémorale et âge ? Il est évident que l’âge seul ne permet pas d’expliquer la dégradation de l’articulation. L’évolution de ce type de traumatisme est certes sous l’influence directe des facteurs habituels de l’état du cartilage avant la facture), mais le rôle de l’âge au moment du traumatisme (dégénérescence cartilagineuse) est reconnu dans toutes les fractures articulaires. Il ne faut regarder que les fractures luxations pures de la tête fémorale sans gros fragment de tête (I, II et III A); dans ce cas, la seule prothèse totale de hanche posée dans le groupe IIIA concerne un patient de plus de 50 ans. Le seul patient de plus de 50 ans dans le groupe IA a développé une arthrose sur les trois arthroses retrouvées. L’âge supérieur à 50 ans au moment du traumatisme peut alors être considéré comme un facteur péjoratif, lié en réalité aux lésions cartilagineuses dégénératives, prétraumatiques, plus fréquentes. 9) Fracture - luxation de la tête fémorale et arthroplastie totale de hanche ? Outre la taille du fragment de tête, son déplacement, les fractures associées, il faut tenir compte de l’âge du patient au moment du traumatisme et le délai de la réduction. Dans certains cas les plus péjoratifs (tous les types C, les fractures-luxations IV et V), une prothèse totale de hanche d’emblée peut être une solution de sagesse. Les fractures- luxations II et III B font mettre en balance les avantages d’une ostéosynthèse et ceux d’une arthroplastie en fonction du terrain. Quinze prothèses totales de hanche ont été mises en place soit 24%. - Taille du fragment de tête : Dans les formes « évoluées » de type IV ou V, la décision de l’arthroplastie totale de hanche ne pose guère de véritable problème ; sept des 15 PTH ont été effectuées pour ces deux types, et la grande majorité a été réalisée en 52 première intention. Ces patients avaient également plus de 50 ans et présentaient des formes B ou C. - Fractures associées : les formes B/C représentent 78% des arthroplasties totales de hanche. Les fractures de col associées obligent le chirurgien à poser l’indication de prothèse totale de hanche [34] du fait des nombreux mauvais résultats de l’ostéosynthèse (62% de pseudarthrose et 89% d’ostéonécrose [31]). - Un âge supérieur à 50 ans pourrait être considéré comme un élément important à prendre en compte : 71% dans arthroplasties concernent des patients de plus de 50 ans. Sur les 15 prothèses totales de hanche, 6 ont été mises en place d’emblée : 2 après prise en charge tardive (plusieurs jours), 3 pour le type IV C et 1 pour le type IV B. - Il semble donc judicieux de proposer une prothèse totale de hanche pour des patients de plus de 50 ans (d’autant plus à l’heure actuelle avec les progrès en terme de couple de frottement, de design prothétique, de qualité des matériaux, de technique chirurgicale augmentant la durée de vie des prothèses), présentant une fracture-luxation de forme B à partir du stade III, pour tous les types IV et V, pour tous les types C. Toutes les prothèses ont été mises en place au cours des 2 premières années, majoritairement suite à une ostéonécrose aseptique de la tête fémorale ; le gain de temps d’une attitude attentiste n’est pas majeur [43;48]. La discussion reste ouverte sur l’intérêt de réaliser une PTH en urgence. 53 V. Conduite à tenir En premier lieu, il faut : - 1/ EVOQUER RAPIDEMENT LE DIAGNOSTIC de luxation +/- fracture de la tête fémorale dans les plus brefs délais est l’élément clé de la prise en charge. En effet, cela permet, après bilan radiographique rapide, d’organiser : - 2/ LA REDUCTION EN URGENCE. Elle doit être réalisée idéalement avant la 6ème heure afin de préserver au mieux la vascularisation de la tête, avec prudence et compétence afin de ne pas être iatrogène. De ce fait, il est essentiel de bien connaître et comprendre les mécanismes des luxations. A ce stade, deux occurrences se présentent : - 3/ LA REDUCTION EST INCOERCIBLE, IRREDUCTIBLE OU RISQUE EVIDENT DE FRACTURE INDUITE DU COL. L’abord chirurgical doit se faire en urgence pour la réduction et le vissage ou l’arthroplastie. - 3’/ LA REDUCTION EST STABLE. Après réduction, tous les patients doivent bénéficier 4/ D’UN TDM du bassin et des hanches avec reconstructions, même ceux pour qui la luxation paraîtrait pure, en urgence ou dans les premiers jours. Dans l’attente des résultats et de la proposition thérapeutique, 5/ LES PATIENTS SONT MIS EN TRACTION. • Si la réduction est bonne, en l’absence de corps étrangers, le traitement orthopédique semble évident et correspond à une période de décharge plus ou moins longue selon le contexte, en moyenne 45 jours, faisant suite à la traction dont la durée n’est pas non plus codifiée ni dans la littérature ni dans cette étude. • Si des corps étrangers osteochondraux sont présents, il semble plus judicieux de réaliser leur ablation. La présence de ces corps est susceptible de provoquer des douleurs, des blocages et d’accélérer la dégénérescence de l’articulation par les mêmes mécanismes que les débris cartilagineux dans l’arthrose. La voie d’abord doit être adaptée à la luxation ; pour un opérateur entraîné, l’arthroscopie prend ici tout son intérêt [27]. • Si la taille du fragment correspond au 1/4 ou au 1/3 de la tête, la question reste ouverte entre l’ablation ou le vissage. • Si la taille du fragment est la 1/2 de la tête, la question reste entière entre le vissage ou l’arthroplastie d’emblée. Ce choix reste guidé par le contexte général, notamment l’âge du patient et les comorbidités. Proposer alors une prothèse totale de hanche d’emblée aux sujets de plus de 50 ans est une solution envisageable. • Les prothèses totales de hanche d’emblée peuvent être proposées pour les patients de plus de 50 ans, les réductions très tardives, les types IV, les types C. 54 SUSPICION DE FRACTURE – LUXATION DE LA TETE FEMORALE 1- Devant l’anamnèse : traumatisme violent, AVP … 2- Devant une impotence fonctionnelle totale avec déformation • Bilan vasculo-nerveux (déficit du nerf sciatique) • Radiographie du bassin de face et hanche de face du côté atteint • Radiographie du genou homo-latéral face et profil (syndrome du tableau de bord) • Autres radios en fonction de la clinique • +/– TDM bassin en urgence si lésion viscérale suspectée 1- REDUCTION EN URGENCE SOUS ANESTHESIE GENERALE, avec prudence, 2- D’abord tentée ORTHOPEDIQUEMENT 3- Au mieux, avant H6 TDM du bassin et des hanches avec reconstruction et 55 Bonne Réduction Pas de corps étrangers Fragment de tête réduit Traitement ORTHOPEDIQUE Bonne Réduction Corps étrangers ABLATION des corps étrangers (Type I) Fragment de tête mal réduit ABLATION du fragment (Type II III) VISSAGE du fragment (Type III IV) >50 ans Type V Type C PTH 56 VI. Conclusion Les fractures - luxations de la tête fémorale représentent un traumatisme articulaire dont le pronostic fonctionnel à moyen et long terme est engagé. Elles sont pour le chirurgien de garde un véritable problème de prise en charge : traumatisme peu fréquent, l’expérience fait défaut pour la décision thérapeutique. La proposition par Chiron d’une classification simple, adaptée au bilan scannographique effectué en urgence, permet de classer tous les types de fractures en fonction de la taille du fragment de tête et des lésions associées (fractures de l’acétabulum et du col). Par ailleurs, les solutions chirurgicales récentes conduisent à une attitude thérapeutique choisie dès l’urgence en fonction : - De la classification qui considère le type de fracture de la tête fémorale, De l’âge du patient qui rapporte l’intérêt du choix thérapeutique, Du délai de réduction qui introduit la notion de pronostic. Il est alors possible de proposer une attitude thérapeutique en prenant en compte tous ces éléments. Bonne réduction Pas de corps étrangers Fragment de tête réduit Traitement ORTHOPEDIQUE Bonne réduction Corps étrangers ABLATION des corps étrangers (Type I) Fragment de tête mal réduit ABLATION du fragment (Type II III) VISSAGE du fragment (Type III IV) >50 ans Type V Type C PTH 57 Ainsi, en urgence, la règle classique demeure la réduction avec prudence dans les 6 premières heures suivant la luxation, délai essentiel pour diminuer le risque d’ostéonécrose. Par la suite : - Si la luxation est incoercible, irréductible ou avec risque de fracture secondaire du col, la réduction doit être effectuée à ciel ouvert ; - Certaines prothèses totales de hanche peuvent être mise en place d’emblée : sujets de plus de 50 ans, types C, types IV, réduction au delà de la 6ème heure ; - Dans tous les autres cas, lorsque la réduction est stable, il est capital d’obtenir en urgence ou en différé une tomodensitométrie qui permettra de rechercher des corps étrangers intra-articulaires, d’évaluer la qualité de la réduction et la taille du fragment de tête. Dans l’attente des résultats et de la prise de décision, une traction doit être mise en place. Ce travail a permis de faire le point sur une lésion assez rare en pratique quotidienne mais dont le choix thérapeutique en urgence engage le pronostic fonctionnel de la coxo-fémorale. Une prise en charge raisonnée et simple conduit à l’attitude la plus efficace face à chaque cas. 58 VII. Annexes 1. Rappels anatomiques concernant la vascularisation de la tête fémorale Ces rappels sont essentiels car près de 10% des luxations postérieures de la hanche se compliquent de nécrose aseptique de la tête fémorale [20;21;46]. La tête fémorale est recouverte sur les 2/3 de sa surface de cartilage articulaire ; elle a donc une vascularisation précaire [19]. Sa vascularisation dépend de 3 pédicules : a/ artère circonflexe antérieure b/ artère circonflexe postérieure avec ses rameaux sous-périostés (c) d/ artère du ligament rond Artère circonflexe postérieure ou médiale Elle représente la source principale de vascularisation de la tête fémorale. C’est une branche de l’artère fémorale profonde et parfois de la fémorale commune, en regard du tendon du psoas. Grossièrement, elle chemine en arrière du muscle carré fémoral, entre le psoas et le pectiné et se dirige vers le bord inférieur du col. Elle remonte à la face postérieure du col dont elle est séparée par l’obturateur externe et atteint le bord supérieur du col pour assurer la vascularisation de la zone portante de la tête fémorale (soit son 1/3 supérieur). Les travaux d’E. Gautier et al. ont permis d’obtenir une anatomie précise de la vascularisation de la tête fémorale par l’artère circonflexe médiale. Cette dernière se divise en 5 rameaux : • Superficielle : chemine entre les muscles pectiné et long adducteur • Ascendante : destinée aux muscles court adducteur, grand adducteur et obturateur externe • Acétabulaire : se termine dans l’artère fovéolaire (artère épiphysaire médiale) 59 • Descendante : chemine entre les muscles carré fémoral et grand adducteur, et est destinée aux muscles ischio-jambiers • Profonde : c’est la branche principale de l’artère circonflexe médiale ; c’est elle qui vascularise la tête fémorale Ce rameau profond débute entre les muscles pectiné en dedans et ilio-psoas en dehors puis chemine le long de la crête trochantérique entre les muscles carré fémoral en avant et jumeau inférieur en arrière. Il va par la suite se diviser en plusieurs branches : • Deux branches se dirigeant vers la partie inférieure du col : ce sont les vaisseaux rétinaculaires inférieurs • La branche trochantérique, en direction du grand trochanter • La branche principale : elle croise en arrière le muscle obturateur externe et en avant les jumeaux et l’obturateur interne. Elle pénètre ensuite la capsule à 2-4 mm du cartilage articulaire puis chemine dans les replis postéro-supérieurs de la membrane synoviale. Elle donnera elle-même 2 à 4 branches terminales. L’image ci-dessous est tirée des travaux d’E.Gautier et al. [18] et montre la pénétration des branches terminales dans l’os (hanche droite, vue postéro-supérieure). Les branches terminales synoviales sont à la partie postéro-supérieure du col du fémur et pénètrent dans l’os à 2-4 mm en dehors de la jonction os-cartilage. 1/ tête fémorale 2/ muscle moyen fessier 3/ branche profonde de l’artère circonflexe médiale 4/ branches terminales synoviales 5/ insertion du muscle petit fessier 60 6/ insertion du muscle piriforme 7/ petit trochanter avec ses vaisseaux 8/ branche trochantérique 9/ première artère perforante 10/ branches trochantériques L’artère circonflexe médiale possède un réseau anastomotique double : • Deux anastomoses centrales principales qui sont an dedans ou en avant du petit trochanter • Cinq anastomoses périphériques principales qui sont en dehors ou en arrière du petit trochanter. Ces réseaux sont tous extra-capsulaires. L’artère anastomotique la plus volumineuse relie l’artère circonflexe médiale à la branche profonde de l’artère glutéale inférieure. Au cours d’un traumatisme, les rameaux artériels peuvent être dilacérés par le trait de fracture lui-même, ou étirés par le déplacement, ou encore collabés sous l'excès de pression du à l'hémarthrose lorsque celle-ci se constitue à l'intérieur d'une capsule intacte Il n'existe actuellement pas de moyen pratique d'apprécier en urgence la vascularisation céphalique. Enfin, les travaux d’E. Gautier et al. ont apporté une notion intéressante : dans les luxations au cours de la chirurgie, il n’y avait aucune atteinte de la vascularisation de la tête à partir du moment où l’insertion du muscle obturateur externe était respectée. L’image ci-dessous montre l’intégrité de la branche profonde de l’artère circonflexe fémorale médiale au cours d’une luxation de hanche. 61 Après capsulotomie et ténotomie de tous les muscles rotateurs externes sauf l’obturateur externe, la hanche est luxée en rotation externe. Il n’y a aucune tension ni compression de la branche profonde et le trajet des vaisseaux est intact. L’artère circonflexe médiale passe proche de l’insertion du muscle obturateur externe, ce dernier protégeant ainsi la branche profonde. 1/ tête fémorale 2/ sommet du grand trochanter 3/ droit fémoral 4/ obturateur externe 5/ acétabulum 6/ carré fémoral Artère circonflexe antérieure ou latérale C’est une branche de l’artère fémorale profonde, entre le tendon du droit fémorale et le psoas. Elle longe la ligne inter-trochantérienne puis cravate le massif trochantérien sous l’insertion du vaste externe. Elle donne l’artère rétinaculaire antéro-inférieure qui irrigue le ¼ antéro-inférieur de la tête fémorale et qui peut, en cas d’atteinte de la branche principale de l’artère circonflexe médiale, la suppléer. Artère du ligament de la tête fémorale C’est une artériole provenant de l’artère obturatrice. Elle ne vascularise qu’une petite partie médiale de la tête. Elle donne des anastomoses avec l’artère circonflexe postérieure. Au total, Les fragments de taille moyenne ou grande restent le plus souvent vascularisés par l’artère du ligament rond. La partie proximale de la capsule peut être incisée ou déchirée sans risque pour l’artère circonflexe postérieure. Lors des luxations postérieures l’artère circonflexe postérieure peut être lésée. 62 2. Mécanismes des luxations [29] - La luxation postérieure est de loin la plus fréquente et correspond à un mécanisme dit « du tableau de bord » c’est-à-dire lorsque le point d’impact se situe sur la face antérieure d’un genou fléchi alors que la hanche est en flexion-adduction et rotation interne. Epstein et Thompson [16] ont d’ailleurs élaboré une classification pour ce type de luxation : TYPE I = luxation pure sans atteinte ou atteinte minime du mur postérieur TYPE II = luxation avec un large fragment fracturaire du mur postérieur TYPE III = luxation avec comminution du mur postérieur TYPE IV = luxation avec fracture de l’acétabulum TYPE V = luxation avec fracture de la tête fémorale Elle peut être iliaque (5 %) ou ischiatique (15%). Dans ce cas de figure, Upadhyay et al [42] a montré l’influence du degré de rotation interne ainsi que de l’antéversion fémorale sur le risque de lésion osseuse associée (en particulier fracture de l’acétabulum). En effet, en cas de faible rotation interne ou d’antéversion importante du col fémoral, il apparaît que le risque de fracture acétabulaire est plus faible. - La luxation antérieure est bien plus rare [25;32] et survient lorsque le point d’impact est situé à la face interne du genou fléchi et que la hanche est en position de flexionabduction et rotation externe (en abduction maximale, le grand trochanter vient faire came sur l’ilion conduisant à l’extraction de la tête fémorale de l’acétabulum). 63 3. Lésions associées - Lésions du genou (26% des cas), qui correspondent au cadre du syndrome du tableau de bord. Il en existe deux types: Ostéo-chondrales : les fractures de rotule, chondromalacie contusive, fracture des plateaux tibiaux et condyles fémoraux … Ligamentaires : surtout LCP et complexe ligamento-capsulaire externe - Paralysie sciatique (de 6 à 13% des cas) [10] est décrite lorsqu’il existe une fracture associée du rebord postérieur de l’acétabulum. Ces paralysies sont le plus souvent présentes d’emblée mais peuvent apparaitre après la réduction ou la chirurgie. Leur recherche doit être systématiques et constituent également un élément médico-légal. Il en existe plusieurs types : Lésions tronculaires : de la simple contusion, à la compression soit par la tête luxée, soit par un fragment céphalique soit encore par un hématome ou à la dilacération par une esquille osseuse. Les lésions touchent alors les fibres des contingents sciatique poplité externe (SPE) et sciatique poplité interne (SPI). Lésions radiculaires : selon l’hypothèse de Decoulx [11], ce sont les racines du plexus lombaires les plus hautes, donc les plus verticales qui sont étirées en premier au niveau du promontoire (racines L4-L5) ; il s’agit alors soit d’une atteinte isolée touchant le territoire SPE ; soit d’une atteinte SPE + SPI de moins bon pronostic car témoin d’une traction plus forte. Ces lésions sont relativement de bon pronostic avec, en moyenne dans les séries, une récupération dans 60 - 70% des cas à 6 – 8 mois mais peut récupérer jusqu’à 36 mois. - Fracture du col fémoral, peu fréquent, soit d’emblée ou secondaire à une tentative de réduction par manœuvres externes [17;34;35;40]. - Fracture de l’acétabulum : cf contenu de la thèse 64 4. Tableaux récapitulatifs des cas Légende des tableaux : - - - ASA : score ASA qui évalue l’état général des patients OH : imprégnation alcoolique au moment de l’accident TC PC : traumatisme crânien, perte de connaissance F : fracture O : oui N : non G : gauche D : droit AVP : accident de la voie publique PDV : perdu de vue TC : traction trans-condylienne TT : traction trans-tibiale PTH : prothèse totale de hanche TDM : tomodensitométrie MT : médecin traitant Arthrose = arthrose radiographique minime/ + modérée/ ++ importante/ +++ majeure Womac ou Western Ontario and Mc Master University Osteo-arthritis Index est un test subjectif représentant un index de sévérité symptomatique de l’arthrose des membres inférieurs avec un domaine douleur, un domaine raideur et un domaine fonction. Il est côté sur 100, ce chiffre représentant une hanche sans « problème ». PMA ou score de Postel Merle d’Aubigné est un score objectif prenant en compte la mobilité ; les résultats sont “excellent” = 18 / “bon” = 16-17 / “moyen” = 15-16 et “mauvais” = 14 et en dessous. Harris : il s’agit d’un score objectif côté sur 100, ce chiffre étant obtenu pour une hanche « sans problème ». Par rapport au précédent, il accorde plus d’importance à la fonction qu’à la mobilité. 65 NOM TYPE de TYPE de Côté trauma luxation PIPKIN CHIRON Trauma- ASA/OH/ Sciatiq. Complication tismes TABAC atteint immédiate associés DATE du trauma. ZAM-C 16 23/10/87 AVP POST G 1 1A F M5 et multiples du bassin 1/N/N N N DEA-S 20 19/11/92 AVP POST G 1 1A TC PC Entorse cervicale ?/O/O N N EMI-J 59 04/12/92 AVP POST D 1 1A TC PC Trauma basi thoraciq. ?/O/N N N DAV-F 29 08/09/93 AVP ANT D 1 1A Trauma bassin 2/N/O N N SER-P 23 03/08/97 AVP POST D 1 1A N ?/N/N N N REC-M 61 12/08/06 CHUTE POST G 1 1A N 2/N/N N N 66 AGE TDM TDM post Délai de Type de Traction pré réduction réduction réduction réduction Durée de Chirurgie Devenir décharge (Womac/PMA/ Harris) J0 H2 ORTHO TC /1M 3 mois N Coxarthrose à 12A (revu en 2008 par MT) N J1 H3 ORTHO TT / 21J 1,5 mois N PDV 1A RAS N J4 H5 ORTHO TC / 10J 2 mois N PDV N J5 H3 ORTHO TT / 21J 2 mois N Revu par MT : RAS N J5 H3 ORTHO TT / 7J 3 mois N 12/2008 11A 99/18/98 Arthrose N J1 H3 ORTHO N 1,5 mois N 12/2008 2A 98/16/95 Arthrose + 67 N 68 NOM AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Traumatismes associés ASA/OH/ TABAC Sciatiq atteint Complication immédiate AUD-D 64 17/12/82 AVP POST D 4 1B Thorax TCPC ?/N/N O Nécrose cutanée ARJ-L 60 18/10/91 AVP POST G 4 1B TCPC ?/N/O O N GOM-A 52 24/04/92 AVP POST G 4 1B N ?/N/O N N RAC-J 19 28/10/92 AVP POST D 4 1B LCP 1/N/N N N PON-P 26 06/11/93 AVP POST D 4 1B Cheville Clavicul 2/N/N N Phlébite LIM-M 38 08/04/94 CHUTE POST D 4 1B N ?/N/N N N LAA-K 31 09/10/97 AVP POST G 4 1B TCPC 2/O/O N N BES-J 26 21/08/99 AVP POST D 4 1B TC 1/N/N N N QUE-O 52 14/05/00 AVP POST G 4 1B Bassin genou 2/N/N N N 69 TDM pré réduction TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir N ? Irréduct. Chirurgie impossibl (pb respi) NON TC 45J 2 mois J45 PTH PTH immédiate N J3 J3 ORTHO TT 3J réduc TC 10J 3 mois J13/POST CE + cotyle PTH 1A (ONA) N J0 H0 ORTHO ? ? J4/ POST CE + cotyle PTH 1M (ONA) N J1 H3 ORTHO TC / 4J 1,5 mois J4/ POST CE + cotyle Revu par MT : RAS O N H3 CHIR Simple 21 J 3 mois H3/ POST Réd. CE + cotyle Revu par MT : RAS N J1 H3 ORTHO TC / 7J 3 mois J7/ POST CE + cotyle PDV 3M RAS N J7 H3 ORTHO TC/ 15J 1,5 mois J15/ POST CE + cotyle PDV Pas de recul N J3 H2 ORTHO TT/ 8J 1,5 mois J8/ POST CE PDV 3M RAS N J5 H0 ORTHO N ? J15/ POST CE Revu par MT : Arthrose ++ AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma -tismes associés ASA/OH/ TABAC Sciatiq atteint Complication immédiate TAR-P 39 24/06/00 AVP ANT G 4 1B N 1/N/N N N SIB-P 37 31/01/02 AVP POST D 4 1B N 1/N/N N N CLE-R 23 17/02/02 AVP POST D 4 1B 1/N/N N N LAF-M 39 19/08/02 AVP POST G 4 1B TCPC poumon Radius bassin Bassin splénect 2/N/N O N CAM-P 40 26/09/02 AVP ANT G 4 1B Côtes PT 1/N/N O Surinfection palie genou MOR-J @ 19 08/12/02 AVP POST G 4 1B N 1/N/N N N LAM-J 31 19/10/03 AVP POST D 4 1B Craniect omie 3/O/ ? N Hémiplégie DUR-E 61 11/10/06 CHUTE ANT G 4 1B N 2/N/N N N 70 NOM TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir (Womac/ PMA/ Harris) N M1 H2 ORTHO N 1 mois N 12/2008 8 A 100/16/ 100 RAS N J10 H3 ORTHO TC/ 21J 2 mois N 12/2008 7A 80/16/92 Myopathie N J1 H6 ORTHO TT/ 15 J 2 mois J15/ POST Cotyle 12/2008 7A 98/16/98 RAS N J5 H6 ORTHO TC/ 30J 3 mois J30/ ANT CE 12/2008 6A 96/18/100 RAS N J0 H1 ORTHO TC/ 30J 1 mois N PDV RAS hanche 5M SPE séquelle N J3 H3 ORTHO TC/ 30J 2 mois J5/ ARTHRO CE 12/2008 6 A 98/ 18/100 RAS O N H6 ORTHO TC/ 30J 2 mois J21/ POST CE + cotyle 12/ 2008 5 A 82/14/75 RAS 1/2plégie N N H2 ORTHO TC/ 45J 3 mois N 12/2008 2A 84/17/86 Arthrose + 71 TDM pré réduction CAS PARTICULIER NOM AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma -tismes associés ASA/O H/TAB AC Sciatiq atteint Complication immédiate MUC-R 71 02/09/06 AVP POST D 4 1B + 1C Humérus 2/O/O N N 72 TDM pré réduction TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie O J1 H2 ORTHO N 3 mois J1/ POST Cotyle DHS Devenir (Womac/ PMA/ Harris) 12/2008 2A 99/18/100 Arthrose + 73 74 NOM AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Traumatismes associés ASA/OH/ TABAC Sciatiq atteint Complication immédiate AND-B 28 12/03/94 AVP ANT G 1 2A TC 2/N/N N N VIL-H 80 26/07/94 AVP POST G 1 2A Fracture radius ?/N/N N Phlébite PIN-J @ 35 11/02/96 SPORT POST D 2 2A N 1/N/N N N RIV-Y @ 18 12/07/98 AVP POST D 1 2A 2/N/N N N SCH-G @ 18 15/07/99 AVP ANT D 1 2A Hémor. Méningé Foie PT Fémur Coude TC PC Poumons 2/N/N N N MON-C 38 02/11/00 AVP ANT D 1 2A Bassin Cotyle contro 1/N/O O N BOU-E Incapacité 39 30/01/06 AVP POST D 1 2A Sternum 2/N/O N N TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir (Womac/PM A/Harris) N J3 < H6 CHIR TC / 15J 1 mois H6/ ARTHRO ANT Réduction CE PDV N J1 H2 ORTHO TT/ 20J 1 mois N DCD N J3 < H6 ORTHO Simple/ 21J 2,5 mois N 12/2008 12A 97/17/93 Arthrose + N J6 H0 ORTHO TT / 30J 3 mois M1/ ARTHRO CE 12/2008 10A 100/18/ 98 RAS N N H6 CHIR Simple / 15J 2 mois H6/ ANT réduction 12/2008 9A 93/15/80 ONA dès 6A N J2 < H6 ORTHO TT / 10J 3 mois N PTH 2A (arthrose) O N H5 CHIR TT / 21J 2,5 mois H5/ POST Réduction CE 12/2008 3A 82/ 17/ 91 Arthrose ++ ONA 75 TDM pré réduction 76 NOM AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma -tismes associés ASA/O H/TAB AC Sciatiq atteint Complication immédiate SAN-E 65 21/10/73 AVP POST D 4 2B TCPC ?/N/N N N SAN-J 35 05/03/90 AVP POST D 4 2B N ?/N/N N N RIE-B 29 22/08/92 AVP POST G 4 2B N 2/O/O N N GAR-A 28 24/12/93 AVP POST G 4 2B N 1/O/N N N DES-J 49 05/12/95 AVP POST G 4 2B Côtes Abdo ?/N/N O N KIT-B 56 05/11/97 AVP POST G 4 2B Bassin ?/ ?/ ? N N FRA-S 19 18/10/98 AVP POST G 4 2B Malléole 1/N/N N N GAR-E 32 24/10/00 AVP POST D 4 2B N 1/N/N N N HAU-F 41 16/03/01 AVP POST D 4 2B N 1/N/N N N FRA-L @ 25 07/04/02 AVP POST G 4 2B N 1/N/N N N 77 TDM pré réduction TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir (Womac/ PMA/ Harris) N ? < H6 ORTHO ? 1,5 mois N PTH 1M (ONA) N J2 J2 CHIR TC/ ?J ? J2/ POST Cotyle PTH 7M (ONA) N J3 H4 ORTHO TC / 8 J 1,5 mois J10/ POST CE + cotyle 12/2008 16A 99/16/86 Arthrose N J5 H3 ORTHO TC/ 10J 3 mois J10/ POST Cotyle Revu par MT : RAS N J3 H3 ORTHO TT/ 8J 2mois J8/ POST CE + cotyle Revu par MT : RAS N J5 H3 ORTHO TT / 45J 3 mois N 12/2008 11 A 100/ 18/ 100 RAS N J2 H6 ORTHO TC / 21J 2,5 mois N 12/2008 10A 100/18/100 RAS N ? H4 ORTHO ? ? N 12/2008 8A Blocage 99/16/94 Ablation fragment N J7 H6 ORTHO TT / 7J 2 mois J7/ POST CE + cotyle PDV 3M RAS N J2 H2 ORTHO TC / 21J 2 mois N 12/2008 6,5 A 98/ 18/100 RAS AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma -tismes associés ASA/OH /TABAC Sciatiq atteint Complication immédiate PAP-W 25 10/06/02 AVP POST D 4 2B Fémur 1/N/N O Récidive butée M2 Cotyle synthésé BAY-E 28 01/12/02 CHUTE POST G 4 2B LCP TCPC 1/N/N O N COU-L 23 26/01/05 AVP POST D 4 2B Rotule pied TCPC 1/N/O N N PAR-E 22 16/10/06 CHUTE POST G 4 2B N 1/N/N N N PER-J 17 27/11/06 AVP POST G 4 2B Cheville 1/N/N O N 78 NOM TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir (Womac/ PMA/ Harris) O H48 H48 CHIR (récidive) TT/ 45J 3 mois J2/ POST Réduction PTH 1A Luxation récidivante Séquelle SPE N J1 H6 ORTHO TT /10J 2 mois J10/ POST CE 12/2008 6A 98/17/98 Arthrose O N H4 ORTHO TC/ 5J 2 mois J5/ POST Cotyle 12/2008 4A 98/ 18/100 RAS N J? < H6 ORTHO ? 21 jours M6/ MEDIAL CE 12/2008 1,5A 80/14/75 Arthrose N J1 < H6 ORTHO TT/ 6J 1,5 mois J6/ ARTHRO CE 12/2008 2A 80/14/75 Arthrose SPE 79 TDM pré réduction 80 NOM AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma -tismes associés ASA/OH/ TABAC Sciatiq atteint Complication immédiate GIG-G 63 30/09/91 AVP POST D 1 3A Face Thorax ?/O/N N ONA M8 FER-J 38 11/03/93 AVP POST G 1 3A Jambe TCPC ?/N/N N N BEN-M 39 01/05/96 AVP POST G 1 3A Malléole ?/O/O N N MAR-S 31 20/10/01 AVP POST G 1 3A Cheville Thorax 2/N/O N N CAS-J 67 30/12/01 AVP POST D 1 3A N 2/N/N N N MIA-C 32 03/05/02 AVP POST G 1 3A Tibia Coude Calca. 2/N/N N N JAR-C 17 06/11/04 SPORT POST D 1 3A N 1/N/N N N 81 TDM pré réduction TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir (Womac/ PMA/ Harris) N J18 < H6 ORTHO N 2,5 mois J19/ POST Vissage tête PTH 1A (ONA) O N J15 CHIR TC / 12 J 1,5 mois J10/ POST Réduction CE 12/2008 15 A 80/ 14/ 80 Arthrose + N J10 H5 CHIR TT / 15J 1,5 mois H5/ POST Réduction CE N J1 < H6 CHIR TT / 45J 2 mois H6/ POST Réduction Revu par MT : 11A Arthrose ++ Pb canal lombaire étroit Revu par MT : 7A Arthrose N J1 H6 ORTHO TT/ 45J 1,5 mois N 12/2008 7 A 96/17/96 Arthrose O J10 H7 ORTHO TC/ 10J 2 mois N 12/2008 7A 97/16/93 Arthrose N J2 < H6 CHIR N 1,5 mois H6/ POST Réduction J15/ MED CE 12/2008 4A 100/17/86 RAS AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma -tismes associés ASA/OH /TABAC Sciatiq atteint Complication immédiate LEN-D 47 08/02/96 AVP POST D 4 3B Avant bras TC 2/O/O N N BOU-D 29 08/10/96 AVP POST D 4 3B Malléole TCPC 1/N/N N N HOU-C @ 45 17/12/98 AVP POST D 4 3B Epaule Genou Pied TCPC ?/N/ ? N N FER-D @ 37 03/02/01 AVP POST D 4 3B TCPC 1/O/O N Algo dystrophie OUZ-J 24 27/05/02 AVP POST G 4 3B Face, bassin, thorax 1/ ?/ ? N N LAN-D 17 29/12/02 AVP POST G 4 3B TCPC 2/N/N N N 82 NOM TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir (Womac/PMA / Harris) N J6 H3 ORTHO TT/ 7J 3 mois J7/ POST CE + cotyle DCD N J3 H3 ORTHO TC /15J 3 mois J15/ POST CE + cotyle 12/2008 12 A 75/ 12/ 45 Arthrose ++ N J3 H4 ORTHO TT /45J 3 mois N 12/2008 10A 100/16/100 RAS N J4 H4 ORTHO TC / 10J 2,5 mois J10/ POST CE + cotyle 12/2008 8A 75/11/67 Arthrose +++ N J0 < H6 ORTHO TT / 30J 2 mois N PDV Pas de recul O J? H7 ORTHO TC/ 21J 2,5 mois N Revu par MT : RAS 83 TDM pré réduction NOM AGE DATE trauma. 84 TYPE de luxation POST Côté PIPKIN CHIRON 22/08/94 TYPE de trauma AVP BOU-H @ 48 BOS-X @ Trauma -tismes associés Epaule Plateau tibial Main Rotule Plateau tibial ASA/OH /TABAC Sciatiq atteint Complication immédiate G 2 4A 2/N/N N N 30 17/03/98 AVP POST D 4 4A 1/N/ ? N N NOU-X 36 15/08/98 AVP POST G 1 4A Bassin Jambe Thotax TCPC Thorax Plateau tibial Cervical 1/N/O N Récidive dysjonction pubienne VIS-A 66 22/03/06 AVP POST G 2 4A 2/N/N N Septicémie NOM AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma -tismes associés ASA/OH /TABAC Sciatiq atteint Complication immédiate GAU-C 24 27/12/91 AVP POST G 4 4B TC PT Rate Bassin 1/N/N N N CAN-A 53 30/07/04 AVP POST G 4 4B Pied Clavicul 1/N/O N N 85 TDM pré réduction N TDM post réduction J17 Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir (Womac/PMA/ Harris) 12/2008 14 A 94/ 16/80 Arthrose Gonarthrose 12/2008 10 A 96/16/80 Arthrose + Pb rotule < H6 CHIR N ? N J2 H6 ORTHO TC /21J 2 mois H6/ ANT Réduction J17/ ANT CE H6/ PERCUT Vissage tête J21/ ARTHRO CE N J9 < H6 ORTHO TC/ 12J 4,5 mois J12/ ANT CE 12/2008 10 A 99/17/96 Arthrose O N J6 ORTHO TC / 45 J 1,5 mois J45/ POST Prothèse intermédiaire Résect° T/C M2 pour infection TDM pré réduction TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir N J1 J3 CHIR TT/ 21J 3 mois J3/ POST Vissage tête Cotyle PTH 1A (arthrose) N JN H7 CHIR N N H7/ POST PTH PTH immédiate AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma -tismes associés ASA/O H/TAB AC Sciatiq atteint Complication immédiate LAC-P 52 01/04/01 AVP POST D 3 4C TCPC 2/N/N N N ORL-J 17 06/12/03 AVP POST D 3 4C Genou 1/N/ ? N N CIF-P 46 12/01/06 AVP POST D 3 4C PT 2/N/O N N 86 NOM TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir N N < H6 CHIR N N < H6 PTH PTH immédiate N J0 H24 CHIR TC/ 15J 15 jours J1/ ANT Résection T/C J15/ ANT PTH PTH immédiate N N < H6 CHIR N N < H6 PTH PTH immédiate 87 TDM pré réduction NOM AGE DATE trauma. TYPE de trauma TYPE de luxation Côté PIPKIN CHIRON Trauma tismes associés ASA/O H/TAB AC Sciatiq atteint Complication immédiate FON-M 69 14/03/92 AVP POST G 4 5B TCPC côtes abdo ?/N/N N N 88 TDM pré réduction TDM post réduction Délai de réduction Type de réduction Traction Durée de décharge Chirurgie Devenir N J? < H6 ORTHO TC/ 4J 3 mois J4/ POST CE + cotyle PTH 1,5A (CDR) 89 VIII. Bibliographie 1- Blankensteijn J. D., Lorie C. A. and al. Traumatic dislocation of the hip with fracture of the femoral head. Netherland Journal Surgery 1986; 38(4): 121-124 2- Brooks R. A., Ribbans W. J. 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