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QUESTIONS/RÉPONSES
La Lettre du Rhumatologue - n° 276 - novembre 2001
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Nos experts vous répondent
Chez un patient ayant une monoarthrite avec
une sérologie de Lyme fortement positive, l’ab-
sence d’ADN de Borrelia burgdorferi dans
le liquide synovial remet-elle en question le
diagnostic ?
Le diagnostic de borréliose de Lyme repose essentielle-
ment sur des critères cliniques et sérologiques. Une
monoarthrite du genou en zone d’endémie est très évo-
catrice d’une borréliose si la sérologie est positive
(seules 5 % des formes sont séronégatives). Une PCR
négative ne s’oppose pas au diagnostic, comme le sug-
gèrent les chiffres de sensibilité de cette méthode qui sont,
dans la plupart des études, de l’ordre de 40 à 70 % dans
le liquide et le tissu synovial. Cela s’explique par diffé-
rentes raisons :
1. Les PCR, selon la méthode utilisée, n’ont pas la même
sensibilité. Tous les composants du test peuvent “jouer” :
les amorces, l’enzyme (Taq polymérase)...
2. La préparation de l’ADN à partir des prélèvements
synoviaux est très variable. De plus, la présence de
“contaminants” comme de l’hémoglobine peut induire
un effet inhibiteur qui entraîne de faux négatifs.
3. En dernier lieu, dans les arthrites de Lyme, la quan-
tité de bactéries (dans la synoviale) est limitée, voire très
limitée (dans les formes chroniques), donc difficile à
détecter, même avec des techniques sensibles.
J. Sibilia
Un de mes patients âgé de 30 ans, chez lequel
un diagnostic d’ostéonécrose de hanche droite
d’origine cortisonique vient d’être posé, me
demande s’il peut espérer repousser la pose de
la prothèse grâce à un traitement chirurgical.
C’est la découverte sur Internet d’une possibi-
lité de lambeau vascularisé qui l’amène à me
consulter. Il est très gêné, avec un indice de
Lequesne à 14. Il a déjà une perte de sphéricité
sur la radiographie.
Chez un patient jeune, il est bien sûr très tentant de pro-
poser un geste chirurgical pour freiner l’évolution natu-
relle de l’ostéonécrose de la tête fémorale, mais il faut
savoir réserver les gestes lourds, et qui ne sont pas encore
parfaitement validés, aux indications qui leur corres-
pondent le mieux. Dans le cas présent, puisque la tête
n’est plus ronde, l’atteinte radiographique est au moins
au stade 3 de Ficat (stade 4 de Steinberg). Aussi, il nous
semble difficile de proposer une intervention n’ayant pas
fait ses preuves à un stade que l’on considère comme trop
avancé dans notre expérience et dans la plupart des
publications (il est probablement trop tard dès que l’on
atteint les stades 2B de Ficat ou 3 de Steinberg – c’est-
à-dire une coquille d’œuf – et a fortiori en cas de perte
de la sphéricité). Dans le cas présent, il reste donc le
choix entre le traitement médical, une intervention de
rotation de la tête fémorale (si l’aspect IRM le permet,
et seulement si une équipe très entraînée la propose) et
la pose d’une prothèse totale de hanche.
A. Saraux
Une danseuse professionnelle, ayant exercé
pendant près de 12 ans dans un corps de bal-
let, se plaint d’une douleur de hanche corres-
pondant à une coxarthrose ; la coxarthrose
est-elle vraiment plus fréquente chez les dan-
seurs ?
La hanche est très sollicitée dans la danse, en particu-
lier de haut niveau. En effet, le mouvement de base qui
permet les différentes figures consiste en une rotation
externe de hanche. L’atteinte de la hanche chez le dan-
seur a souvent un caractère évolutif et invalidant,
contrairement à la coxopathie engainante observée chez
les footballeurs.
La douleur est souvent déclenchée par certains mouve-
ments : élévation et maintien du membre inférieur dans
la position dite seconde, grands arrondis et sauts et
appuis monopodaux prolongés. La raideur succède dans
un deuxième temps à cette douleur.