Speed searching entre chercheurs et lycéens

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jeudi 10 mars 2016 La Marseillaise
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Bouches-du-Rhône
Sciences. Inserm, Itmo Cancer et la société française de thérapie cellulaire et génique ont organisé
en amont du congrès dédié à Marseille des ateliers autour de la thérapie génique et cellulaire.
Speed searching entre
chercheurs et lycéens
n
Opération speed dating ou plutôt searching hier en amont du
congrès de la société française de thérapie cellulaire et génique (SFTCG)
qui se tient jusqu’au 11 mars au Parc
Chanot à Marseille. Des lycéens invités à cette occasion par l’Inserm et
l’Itmo cancer, à rencontrer des scientifiques œuvrant dans le domaine de
la génétique. Sophie Gomez, organisatrice de ces échanges pré-congrès,
précise le but : « C’est que la science
soit diffusée au maximum auprès des
jeunes, qu’ils puissent être en contact
direct avec des chercheurs qui leur
montrent quels sont les outils utilisés
dans leur laboratoire. » Et peut-être
déclencher des vocations.
Isabelle Virard, docteur en neurosciences à Marseille, présente son
« dernier projet ». Il consiste « à guérir de la maladie d’Alzheimer via des
cellules souches de la muqueuse olfactive ». C’est parti pour 7 minutes.
Exercice difficile ? « Oui, un défi ! »
À partir de la représentation de la
coupe d’une muqueuse, elle détaille :
« Dans le nez sont situées des cellules
souches avec des neurones qui captent
les odeurs et envoient l’information au
cerveau. Les neurones meurent et des
cellules souches dont c’est la fonction
viennent les régénérer. On les a mises en
culture pour en produire des millions. »
Question : est-ce que les neurones feraient la même chose dans le cerveau
d’une souris qui a des problèmes de
mémoire, si on pratique une greffe ?
Eh bien « oui pour des modèles animaux l’amélioration est partielle ». Et
de décrire la suite : des tests sur des
souris via des parcours.
441 enfants sont nés avec
la Drépanocytose en 2013
Les lycées Daumier (public) et
Sacré Cœur (privé) sont au rendezvous ce matin. Un autre chercheur
du CEA de Fontenay-aux-Roses
présente le but de la thérapie génique pour la Drépanocytose. Une
maladie héréditaire très répandue
avec mutation des globules rouges
en forme de faucille. En France,
441 enfants sont nés avec en 2013.
L’idée du traitement : modifier des
cellules et les réinjecter par navette
moléculaire. L’intérêt s’aiguise.
« On place dans un virus l’objet
thérapeutique qui va s’intégrer sur
la cible et rejoindre le patrimoine
génétique. L’hémoglobine sera normale ensuite. » Les chercheurs ont
apporté la preuve de concept en
2000 (Nature. Cavazzana), en 2010
chez l’homme. Un premier patient
de 13 ans a bénéficié de la thérapie
génique en 2014. La professeure de
SVT est captivée aussi. Thérapie
génique et cellulaire : « C’est une
ouverture sur les nouvelles technologies. Les élèves y sont sensibles et ce
n’est pas traité dans les programmes
hormis la génétique. Cela montre que
les chercheurs ne vivent pas dans une
autre sphère et sont très abordables. »
Verdict d’Aymeric et Geoffroy après
avoir regardé un reportage sur l’apport de la science pour guérir les
« bébés bulles ». « Je ne voyais pas
du tout ce que c’était. En un court
instant on peut découvrir beaucoup
sur leur métier, parce que pour leurs
recherches c’est plus compliqué ... »
Autre décor avec Marion Mathieu, Docteur en sciences, active
animatrice de l’association Tous
chercheurs. Qu’est-ce que les essais
cliniques ? Alizée et Clémentine sont
intriguées. Elles découvrent « qu’à
chaque sujet d’étude correspond un
modèle animal », de la souris à la
mouche drosophile en passant par le
rat, le poisson, le vers, le cochon par
exemple. Que dans un cadre « très
encadré » les chercheurs doivent respecter une chaîne « du fondamental
aux premiers essais de candidat médicaments sur l’homme ». Sans autorisation pas de publication ! « C’était super
intéressant, disent les jeunes filles,
c’est bien de voir comment on peut tester, comment un patient peut réagir,
mais moi que je voudrais soigner les
animaux plus tard et pas les tuer, donc
je ne serai pas chercheuse. Mais c’est un
métier super ! »
NATHALIE FREDON
À savoir
21 mars 14 mars
Aix-Marseille-Université (AMU),
Inserm, Inmed et Amidex lancent
dans le cadre du master de
neurosciences, des cours gratuits
de neurophysiologie cellulaire 1 sur
internet qui s’adresse pas qu’à des
spécialistes mais dès le bac +1.
Inscriptions sur France université
numérique sur le site franceuniversite-numerique-maac.fr.
« Le cerveau au fil du temps » dans
le cadre de la semaine du cerveau
du 14 au 20 mars. « Primates,
préhistoire et cerveau : creusonsnous la tête. » Avec Gaspard
Guipert, paléoanthropologue
(AMU) et Adrien Meguerditchian,
primatologue au laboratoire de
psychologie cognitive (Cnrs/Amu).
semaineducerveau.fr/marseille
Ateliers captivants auxquels se prêtent des chercheurs qui ont à cœur de partager, afin que la jeunesse
qui assurera la relève développe quelque engouement pour ce qui révolutionne déjà le présent. PHOTOS N.F.
AP-HM : avancée sur l’amylose héréditaire
n Découverte à l’AP-HM d’une
« nouvelle cause d’amylose héréditaire » qui vient d’être publiée dans
la revue Nature communication. Il
s’agit « d’une nouvelle mutation
responsable d’amylose » identifiée
chez une famille suivie à l’hôpital
dont les membres souffraient « dès
l’âge de 25-30 ans d’une sécheresse
oculaire et buccale, d’hypertension artérielle, d’insuffisance rénale chronique progressive pour
laquelle certains ont été greffés et
d’une atteinte cardiaque », a indiqué par communiqué le CHU hier.
Le Dr Noémie Jourde-Chiche travaille en néphrologie à la Conception et au « Vascular research center of Marseille » sur les atteintes
rénales des maladies de système
et sur les anomalies cardio-vascu-
laires et endothéliales au cours des
maladies rénales chroniques.
Une collaboration importante
réalisée entre 2000 et 2015 a permis
d’identifier « la mutation du gène
codant pour une protéine synthétisée par le foie et impliquée dans le
métabolisme des lipides » nommée
« apolipoprotéine C3 ». Plusieurs
équipes ont collaboré dont les spécialistes Pr Habib, Dr Renard en
cardiologie, le Dr Gayet en médecine
interne et le Pr Daniel en anatomie
pathologique tous à la Timone. Également le Pr Valleix (généticienne
à Cochin à l’AP-HP) ainsi que des
chercheurs français, européens et
américains pour « caractériser cette
nouvelle amylose ». Cette pathologie rare est caractérisée par le dépôt
de « fibrilles protéiques » dans des
organes tels les reins, le cœur, le
foie, le tube digestif et en « altère
le fonctionnement ». Des protéines
mutées sont responsables d’amylose héréditaire. Les membres atteints dans la famille étaient « porteurs de la mutation ». Des pistes
thérapeutiques s’ouvrent car un
médicament, « le fénofibrate »,
permet notamment de réduire la
production hépatique d’apolipoprotéine C3. Les patients concernés
entrent dans une nouvelle phase
de prise en charge grâce à cette découverte. « Une surveillance rénale,
cardiaque et la quantification des
dépôts amyloïdes par scintigraphie
au cours des années à venir permettra d’évaluer l’efficacité de cette
stratégie ».
N.F.
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