SPECTRUM
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Les étapes 6 et 7 ont pour but d’apprendre au client à
identifier les erreurs de raisonnement qui le mènent à douter.
Pour ce faire, le psychologue présente les erreurs de
raisonnement les plus souvent rencontrées dans les différents
types de TOC. Par la suite, le client doit les
repérer à travers les histoires
obsessionnelles inventées par le thérapeute.
Ensuite, le client doit identifier les erreurs
qu’il fait et qui contribuent au maintien de
ses doutes. Enfin, le thérapeute et le client
décortiquent le raisonnement afin de
comprendre que si celui-ci est fautif, le
doute l’est aussi.
L’étape 8 concerne la nature sélective du doute. Plus
précisément, comme les doutes se limitent habituellement à
quelques situations, on constate avec le client que dans la
majorité des situations de sa vie, il ne rencontre pas de doutes
obsessionnels. Ainsi, on conclut qu’en général, son
raisonnement est basé sur des éléments de la réalité. À partir
de cette conclusion, on observe les situations dans lesquelles
le client doute et on les compare à des situations très
similaires dans lesquelles il ne doute pas. Par exemple, on
examine avec le client pourquoi il croit être contaminé
lorsqu’il touche aux poteaux dans le transport en commun,
mais pas lorsqu’il touche à un téléphone public. On
s’interroge aussi sur le fait que, malgré que ces situations
soient très similaires, le client y réagisse différemment. Le but
de cette étape est d’aider la personne à prendre une distance
par rapport à la situation qui suscite chez lui un doute pour
l’aider à voir que ses craintes ne sont pas pertinentes dans le
présent.
Étant donné que le doute arrive de manière sélective, l’étape 9
vise à examiner les zones particulièrement vulnérables du
client, ce qui permet de déterminer le thème commun de ses
doutes obsessionnels. Par exemple, certains se considèrent
comme des personnes pas assez ordonnées ou encore qui
tombent facilement malades. Une fois identifiées, ces pensées
sont explorées avec le thérapeute : par exemple, on essaie de
voir si elles représentent une évaluation réelle des
caractéristiques du client. Parfois, cette exploration permet de
nuancer ce qui est perçu comme une vulnérabilité personnelle
par le client. Par exemple, ce n’est pas parce que ma mère me
disait que j’étais désordonné quand j’étais petit que cela fait
de moi une personne désordonnée aujourd’hui.
Finalement, l’étape 10 sert à faire un bilan des notions
apprises en thérapie. En terminant, on explique au client qu’il
est normal, lorsqu’il n’accomplit pas ses compulsions, de
ressentir un certain vide ou un inconfort, mais que cette
impression diminuera avec le temps.
En conclusion, peu importe l’intensité et la quantité
des doutes vécus, le rythme thérapeutique dépend du client :
la TBI est flexible et s’adapte au problème de la personne.
D’ailleurs, ce traitement peut être adapté afin de s’appliquer à
d’autres troubles tels que les troubles alimentaires ou la peur
d’une dysmorphie corporelle. D’autre part, des études
cliniques se sont intéressées aux effets de ce traitement sur ces
troubles (O’Connor et al., 2005). Les auteurs de ces travaux
soulignent l’importance de multiplier les études dans ce
domaine. Mais les résultats sont prometteurs et des
recherches cliniques d’envergure sont en cours pour
corroborer les résultats soutenant son efficacité. Actuellement,
la TBI est le traitement utilisé dans l’équipe de recherche du
Dr O’Connor au Centre de Recherche Fernand-Seguin de
l’Hôpital Louis- H. Lafontaine.
Références
Grenier, S. (2004) Protocole de traitement IBA session par
session. Montréal : Centre de Recherche Fernand-Seguin.
Koszegi, Natalia. Entrevue personnelle portant sur la
thérapie basée sur les inférences, réalisée par Valérie
Perreault, 27 mai 2010.
O’Connor, K.P., & Aardema, F. (2004). Therapist Manual :
An Inference Based Approach to Treating Obsessive-
Compulsive Disorder. Montréal : Centre de Recherche
Fernand-Seguin.
O’Connor, K.P. et al. (2005). Evaluation of an Inference-
Based Approach to Treating Obsessive-Compulsive
Disorder. Cognitive Behaviour Therapy, 34(3), 148-163.
O’Connor, K.P., & Robillard, S. (1999). A Cognitive
Approach to the Treatment of Primary Inferences in
Obsessive-Compulsive disorder. Journal of cognitive
psychotherapy : An International Quarterly, 13 (4),
359-375.
O’Connor, K.P., & Robillard, S. (1996) Interventions
cognitives pour les troubles obsessionnels-compulsifs,
Revue québécoise de psychologie, 17 (1), 155-183.