Le Centre d`études sur les Troubles Obsessionnels

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Spectrum
La revue du Centre d’études sur les troubles obsessionnels- compulsifs et les tics
Le Centre d’études sur les Troubles Obsessionnels-Compulsifs et les Tics (CETOCT) est un centre
de recherche multidisciplinaire qui comprend une section clinique, neuroscientifique et psychosociale. Notre
mandat est de contribuer à l’avancement des connaissances et d’offrir des services à la population.
TA B L E S D E S M AT I È R E S
Articles
Quoi de neuf?
La thérapie basée sur les
Présentation des
nouveaux assistants inférences
Page 3 à 5
et étudiants
Page 2
Le métier de psychologue
Le CETOCT à travers Page 6
le monde
Compte-rendu des
Les phobies d’impulsion
participations à des Page 7-8
congrès
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Témoignages
Page 10
Des idées pleins
la tête
Nouvel instrument
Page 8
Articles
Présentation des projets Ressources
du centre d’études
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Page 12
Les épisodes explosifs
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Articles
D
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Nouvelles
Cueillette de dons
Labo de psychophysiologie
Coordonnatrice de projet
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Témoignages
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Nouvelles
Formations
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C’est avec grand plaisir que je vous présente les travaux de notre équipe. Cette année, le
Spectrum déploie ses couleurs en vous offrant une foule d’informations et de nouvelles! Merci
à Marie-Eve St-Pierre Delorme et Karine Bergeron pour leur bon travail.
Nous avons concerté nos efforts pour faire reconnaître nos projets avant-gardistes, et à cet effet
je tiens à féliciter les membres de l’équipe pour leur participation aux congrès internationaux.
Également, j’aimerais souligner l’excellence de nos travaux confirmée par l’octroi d’une
subvention du Fonds de la recherche en santé du Québec. Cette subvention permettra la reconnaissance de notre équipe
en tant que regroupement multidisciplinaire. Je souhaite la bienvenue aux trois nouveaux chercheurs: Martin Lemay,
François Richer et Adam Radomsky, membres du regroupement.
En plus de nos travaux au Centre de recherche Fernand-Seguin de l'Hôpital Louis H- Lafontaine, nous continuons notre
collaboration avec le laboratoire de l’Hôpital Pierre-Janet et avec l’Université du Québec en Outaouais à Gatineau. Par
le fait même, je tiens à souhaiter la bienvenue à Manon Bertrand et Étienne St-Pierre, membres du site.
Nous prévoyons étendre nos recherches à de nouvelles problématiques et rejoindre de nouvelles populations, telles que les
enfants et les personnes âgées.
Enfin, nous renouvelons notre engagement dans le transfert des connaissances auprès de la population et des
professionnels de la santé. Nous sommes fiers, entre autres, de la publication du journal de la Fondation Québécoise sur
le TOC, le OCDire, du prochain retour de notre groupe de soutien et des futures offres de formations.
Bienvenue à tous les nouveaux membres de l’équipe. J’espère que vous serez aussi impressionnés que je le suis par le
dynamisme de notre groupe!
Bonne lecture!
Kieron O’Connor Ph.D., M. Phil, C. Psychol.
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Chaque année, le centre accueille
des étudiants et travailleurs
intéressés par le domaine de la
recherche.
Bienvenue à Guillaume Beaudry,
Danitka Gibbs et Isabelle Bernier,
nouveaux travailleurs.
Bienvenue
étudiantes:
aux
nouvelles
Stella-Marie Paradisis, étudiante
en psychologie à l’Université de
Montréal. Elle travaille sur les
processus
schizotypiques
et
dissociatifs chez les personnes
atteintes du TOC. Elle est sous la
direction des Drs. Frederick
Aardema et Kieron O’Connor.
cours d’une thérapie cognitive
comportementale. Son directeur
est Dr. Kieron O’Connor.
Valérie Perreault, étudiante en
psychologie à l’Université de
Montréal. Ses travaux portent sur
l’évaluation des réactions à la
thérapie
cognitive
comportementale. Elle est sous la
supervision du Dr. O’Connor.
Tina Farshadgohar, étudiante en
sciences
biomédicales
à
l’Université de Montréal. Son
projet traite de la thérapie
«mindfulness» chez les adultes
ayant un syndrome Gilles de la
Tourette. Elle est sous la direction
des Drs. Adrianna Mendrek et
Kieron O’Connor.
Mélanie Béland, étudiante en
sciences
biomédicales
à
l’Université de Montréal. Son
projet porte sur l’évolution des
liens entre les émotions, les
croyances et le comportement au
Nadia Hamel, étudiante à la
maîtrise en psychoéducation et au
doctorat en neuropsychologie. Son
projet porte sur l’évaluation des
enfants ayant un syndrome Gilles
de la Tourette.
L e C e n t r e d ’ é t u d e s à
t r a v e r s l e m o n d e !
La recherche est un domaine très lucratif en
termes de production de données et il est important
de pouvoir les diffuser à l’ensemble de la
communauté scientifique. Chaque année, plusieurs
congrès ont lieu et ceux-ci nous permettent de rencontrer,
partager, discuter et débattre sur les sujets de l’heure. En 2010,
l’équipe est allée à New York pour participer au congrès de
l’Association for Behavioral and Cognitive Therapies (ABCT), à
Boston au World Congress of Behavioral Cognitive Therapies
(WCBCT) et en Hongrie au 15 ième congrès de l’International
Organization of Psychophysiology (IOP).
Félicitations à notre équipe et tout particulièrement à notre
directeur, Dr. Kieron O’Connor et co-directeur, Dr. Marc Lavoie,
pour leur présence aux congrès internationaux. Lors de ces
occasions, nous avons présenté plusieurs affiches et symposiums
sur des sujets tels que les tics, les TOC, les désordres d’habitude,
la peur d’une dysmorphie corporelle, les idées surinvesties et la
schizophrénie.
Bravo à Natalia Koszegi, psychologue, et Annie Taillon, étudiante,
pour leur présentation orale sur le trouble des idées surinvesties et
sur le traitement de la peur d’une dysmorphie corporelle (PDC).
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La thérapie basée sur les
inférences… la thérapie
QUOI?
P a r Va l é r i e P e r r e a u l t
on demande aux individus de ne pas exécuter leurs rituels et
de s’habituer aux situations anxiogènes. Par contre, plusieurs
individus trouvent menaçant de s’y exposer, car ils sont
convaincus que les conséquences désastreuses surviendront.
D’autres thérapies ciblent les conséquences anticipées et
tentent d’amener la personne à évaluer de manière plus
réaliste leur probabilité d’occurrence.
La TBI traite particulièrement le doute obsessionnel
car il constitue la première étape de la séquence. Ainsi, en
travaillant sur le doute, une intervention indirecte est
accomplie sur chacune des étapes de la séquence.
La séquence du TOC
Pourquoi la thérapie se nomme-t-elle « basée sur les
L’approche basée sur les inférences s’appuie sur le
fait que le processus global du TOC se produit de la même inférences » si elle traite le doute? En fait, une inférence se
manière pour tous les individus, peu importe les différences définit comme « une opération logique par laquelle on admet
une
proposition à cause de sa liaison avec d’autres
dans les types d’obsessions et de compulsions.
Certaines thérapies, comme l’exposition et la propositions déjà tenues pour vraies » (Robert, 2009). Dans
prévention de la réponse, sont centrées sur les compulsions : ce modèle, on considère que le doute obsessionnel s’inscrit
dans un contexte particulier et qu’il est
Il y a toujours un déclencheur qui
provoque le doute obsessionnel. Par provoqué par un événement déclencheur. En
exemple, toucher à un guichet automatique bref, un ordre consécutif s’établit entre les
peut déclencher le doute « peut-être que
mes mains sont contaminées ». Lorsque la différentes composantes de la séquence TOC :
personne rumine, le doute devient de plus lorsque l’événement déclencheur est
en plus convaincant et amène l’individu à rencontré, le doute surgit et, plus tard,
anticiper des conséquences: « si mes
mains sont contaminées, je vais sûrement l’anticipation de conséquences survient. Le
être gravement malade ». Imaginer ces modèle propose donc deux niveaux
conséquences désagréables amène des d’inférences: les inférences primaires, qui
émotions négatives comme de l’anxiété ou
de la colère. Ensuite, un besoin d’être réfèrent aux doutes obsessionnels, et les
rassuré sera éprouvé. La compulsion de se inférences secondaires, qui réfèrent aux
laver les mains aura pour impact de
réduire l’émotion négative et le doute conséquences anticipées des inférences
obsessionnel («ouf, maintenant, mes mains primaires.
sont propres »).
Le thérapeute, comme l’explique
Il est parfois difficile de comprendre le trouble
obsessionnel-compulsif et les techniques utilisées afin de le
traiter. Ce texte présente la thérapie basée sur les inférences
(TBI), élaborée en 1996 par le Dr. Kieron O’Connor, dont le
but était de combler des lacunes cliniques dans le traitement
du TOC. Afin d’obtenir une explication claire de la TBI, un
entretien avec Mme Natalia Koszegi (M.Ps), psychologue au
Centre de recherche Fernand-Seguin depuis quatre ans, a été
réalisé.
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comment les informations qui mènent au doute sont utilisées.
On amène le client à chercher si présentement des preuves
justifient le doute ou bien si les craintes ressenties
proviennent plutôt de l’imaginaire.
L’étape 4 s’intéresse au narratif obsessionnelcompulsif, c’est-à-dire à l’histoire du TOC qui amène la
personne à croire que ce qui se déroule dans son esprit
s’ancre dans la réalité. En effet, le TOC est très persuasif par
les émotions, les pensées et les états qu’il suscite. Le
thérapeute et le client vont donc écrire cette histoire en
incluant tous les arguments encourageant son développement
et son maintien. Par exemple, on s’intéresse aux raisons qui
encouragent une personne à vérifier plusieurs fois que sa
porte est barrée (« je me suis déjà fait voler », « j’ai déjà mal
barré la porte alors que je pensais l’avoir bien fait »). Ensuite,
le thérapeute et le client vont composer ensemble une histoire
du TOC alternative, c’est-à-dire un autre point de vue de la
situation, mais ancré dans la réalité et avec les sens. À titre
d’exemple, l’histoire pourrait comporter l’argument suivant :
« quand je barre ma porte, j’entends le bruit du loquet qui me
confirme qu’elle est barrée ». Le client doit ensuite lire cette
histoire alternative à tous les jours.
L’étape 5 est une étape centrale du processus
thérapeutique. Elle vise à amener le client à comprendre que
le doute obsessionnel fait partie du monde de l’imaginaire.
L’imaginaire « ne réfère pas à de la fabulation ou à de la
rêverie, mais plutôt à tout ce qui n’est pas ici en ce moment :
si je pense à ce que j’ai fait hier, au futur, à ce qui pourrait
être, à ce qui a déjà été, à ce qui devrait être, je me retrouve
dans mon imagination ». On explique au client que
l’imaginaire est distinct de la réalité et que, dans une situation
de doute obsessionnel, l’individu quitte la réalité pour se
retrouver dans l’imaginaire. En fait, plus la personne
s’approche de son imaginaire, plus le doute obsessionnel
devient convaincant. L’étape 5 s’intéresse donc à trouver des
moyens pour repérer la pensée à partir de laquelle le client
passe de la réalité à l’imaginaire. Ensuite, elle consiste à
trouver et à mettre en pratique des stratégies et des outils qui
permettent de ralentir le processus du TOC, c’est-à-dire de
demeurer du côté de la réalité. Les éléments nommés dans
l’histoire alternative lors de l’étape 4 sont très utiles à cette
fin.
Mme Koszegi, tentera donc d’examiner avec le client les
raisons l’amenant à douter et à craindre quelque chose qui
n’est pas là, mais qui pourrait y être. Pour ce faire, dix étapes
ont été conçues et elles constituent la TBI.
Les étapes de la thérapie basée sur les inférences
La première étape consiste à comprendre le doute
obsessionnel et ce, en le distinguant du doute normal. Il est
expliqué au client qu’il est tout à fait normal de douter dans la
vie de tous les jours lorsqu’il y a des preuves concrètes.
Cependant, contrairement au doute obsessionnel, le doute dit
normal disparaît facilement suite à la détection
d’informations concrètes qui le contredisent. Par exemple, je
cesse de douter que ma porte est peut-être mal barrée si je
vois que le loquet est axé à 90 degrés. Quant au doute
obsessionnel, il ne s’appuie pas sur des preuves tangibles et il
a tendance à être insistant et à augmenter en intensité au fur et
à mesure que la personne lui accorde du crédit. Ce dernier
n’est pas justifié par la réalité, bien qu’il apparaisse comme
étant très crédible. Car pour la personne qui le ressent, il
représente l’aboutissement d’un raisonnement logique portant
sur des faits considérés probables.
La seconde étape de la thérapie s’attarde à la logique
du doute. Puisque les raisons conduisant une personne à
ressentir un doute obsessionnel ne proviennent pas de la
réalité externe, il y a certainement quelque chose d’interne qui
le justifie et le maintient. Avec le client, on tentera d’identifier
les arguments personnels (p.ex. expérience personnelle,
connaissances générales, expertise, etc.) appuyant le doute et
les compulsions. Par exemple, une personne ayant des doutes
sur la contamination peut avoir grandi dans un
environnement où les parents ont beaucoup parlé du danger
des bactéries ou la personne peut avoir vu un documentaire
scientifique qui examinait les types de bactéries qu’on
retrouve dans les transports en commun et en avoir conclu
que c’était dangereux.
L’étape 3 consiste à faire comprendre au client que
les arguments soulevés par celui-ci ne sont pas pertinents
dans les situations obsessionnelles vécues. Par exemple, il est
possible d’oublier de barrer la porte de la maison, mais
lorsque nous voyons qu’elle est effectivement barrée, il n’est
pas pertinent de croire qu’elle ne l’est pas! Ici, on ne
s’intéresse pas au contenu des doutes, mais à quand et
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disait que j’étais désordonné quand j’étais petit que cela fait
de moi une personne désordonnée aujourd’hui.
Finalement, l’étape 10 sert à faire un bilan des notions
apprises en thérapie. En terminant, on explique au client qu’il
est normal, lorsqu’il n’accomplit pas ses compulsions, de
ressentir un certain vide ou un inconfort, mais que cette
impression diminuera avec le temps.
En conclusion, peu importe l’intensité et la quantité
des doutes vécus, le rythme thérapeutique dépend du client :
la TBI est flexible et s’adapte au problème de la personne.
D’ailleurs, ce traitement peut être adapté afin de s’appliquer à
d’autres troubles tels que les troubles alimentaires ou la peur
d’une dysmorphie corporelle. D’autre part, des études
cliniques se sont intéressées aux effets de ce traitement sur ces
troubles (O’Connor et al., 2005). Les auteurs de ces travaux
soulignent l’importance de multiplier les études dans ce
domaine.
Mais les résultats sont prometteurs et des
recherches cliniques d’envergure sont en cours pour
corroborer les résultats soutenant son efficacité. Actuellement,
la TBI est le traitement utilisé dans l’équipe de recherche du
Dr O’Connor au Centre de Recherche Fernand-Seguin de
l’Hôpital Louis- H. Lafontaine.
Les étapes 6 et 7 ont pour but d’apprendre au client à
identifier les erreurs de raisonnement qui le mènent à douter.
Pour ce faire, le psychologue présente les erreurs de
raisonnement les plus souvent rencontrées dans les différents
types de TOC. Par la suite, le client doit les
repérer à travers les histoires
obsessionnelles inventées par le thérapeute.
Ensuite, le client doit identifier les erreurs
qu’il fait et qui contribuent au maintien de
ses doutes. Enfin, le thérapeute et le client
décortiquent le raisonnement afin de
comprendre que si celui-ci est fautif, le
doute l’est aussi.
L’étape 8 concerne la nature sélective du doute. Plus
précisément, comme les doutes se limitent habituellement à
quelques situations, on constate avec le client que dans la
majorité des situations de sa vie, il ne rencontre pas de doutes
obsessionnels. Ainsi, on conclut qu’en général, son
raisonnement est basé sur des éléments de la réalité. À partir
de cette conclusion, on observe les situations dans lesquelles
le client doute et on les compare à des situations très
similaires dans lesquelles il ne doute pas. Par exemple, on
examine avec le client pourquoi il croit être contaminé
lorsqu’il touche aux poteaux dans le transport en commun,
mais pas lorsqu’il touche à un téléphone public. On
s’interroge aussi sur le fait que, malgré que ces situations
soient très similaires, le client y réagisse différemment. Le but
de cette étape est d’aider la personne à prendre une distance
par rapport à la situation qui suscite chez lui un doute pour
l’aider à voir que ses craintes ne sont pas pertinentes dans le
présent.
Étant donné que le doute arrive de manière sélective, l’étape 9
vise à examiner les zones particulièrement vulnérables du
client, ce qui permet de déterminer le thème commun de ses
doutes obsessionnels. Par exemple, certains se considèrent
comme des personnes pas assez ordonnées ou encore qui
tombent facilement malades. Une fois identifiées, ces pensées
sont explorées avec le thérapeute : par exemple, on essaie de
voir si elles représentent une évaluation réelle des
caractéristiques du client. Parfois, cette exploration permet de
nuancer ce qui est perçu comme une vulnérabilité personnelle
par le client. Par exemple, ce n’est pas parce que ma mère me
Références
Grenier, S. (2004) Protocole de traitement IBA session par
session. Montréal : Centre de Recherche Fernand-Seguin.
Koszegi, Natalia. Entrevue personnelle portant sur la
thérapie basée sur les inférences, réalisée par Valérie
Perreault, 27 mai 2010.
O’Connor, K.P., & Aardema, F. (2004). Therapist Manual :
An Inference Based Approach to Treating ObsessiveCompulsive Disorder. Montréal : Centre de Recherche
Fernand-Seguin.
O’Connor, K.P. et al. (2005). Evaluation of an InferenceBased Approach to Treating Obsessive-Compulsive
Disorder. Cognitive Behaviour Therapy, 34(3), 148-163.
O’Connor, K.P., & Robillard, S. (1999). A Cognitive
Approach to the Treatment of Primary Inferences in
Obsessive-Compulsive disorder. Journal of cognitive
psychotherapy : An International Quarterly, 13 (4),
359-375.
O’Connor, K.P., & Robillard, S. (1996) Interventions
cognitives pour les troubles obsessionnels-compulsifs,
Revue québécoise de psychologie, 17 (1), 155-183.
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Geneviève Goulet,
profil: Psychologue
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Les Phobies d’impulsion
Souvent inconnues, les phobies d’impulsion font partie du spectre du trouble
obsessionnel-compulsif.
Par Marie-Eve St-Pierre Delorme
Qu’arriverait-il si je prenais un
quelle
couteau
Heureusement que je ne ferais
phobie
poignarder mon propre enfant, ou
que je tentais d’attaquer mon
jamais
un
tel
acte.»
qu’arriverait-il si vous
Mais
étiez
celle-ci se distingue-t-elle des
autres sous-types? Quel est le genre
voisin lorsque ce dernier m’énerve
incapable de chasser cette pensée,
d’obsessions qui la caractérisent et
ou que je jette mon bébé aux
qu’elle resterait fixée dans votre
quelles sont les compulsions qui
poubelles? Heureusement, pour la
conscience
l’accompagnent?
majorité d’entre nous, lorsque
qu’une telle pensée nous traverse
germerait dans votre esprit? Ce
genre
d’obsessions,
aussi
l’esprit, on est capable de se
improbables puissent-elles paraître,
raisonner et de se dire : «Mais
fait partie de la vie quotidienne de
et
que
je
tentais
de
horrible
et
pensée!
qu’un
doute
personnes atteintes d’un trouble
obsessionnel-compulsif. On dit
qu’ils ont un TOC avec phobie
d’impulsion.
parler des autres sous-types dont la
d’impulsion.
Les
obsessions
lorsqu’il s’agit d’une
ordre: peur de violer mon enfant,
de
tuer
quelqu’un,
de
sauter
devant le métro, d’être énervé par
son conjoint au point de le tuer, etc.
Bref, ils ont peur de poser un geste
Lorsqu’on pense au TOC,
grave, immoral et ce, de manière
impulsive.
personnes obsédées par la propreté
ou à celles qui vérifient plusieurs
de
leurs
vécues
phobie
d’impulsion sont souvent de cet
on pense automatiquement aux
fois
Comment
actions
lorsqu’elles
doutent. On entend plus rarement
7
Ils existent plusieurs types
compulsion. Lorsqu’on est
obsédé par la contamination, il est
évident que la compulsion sera de
S
nettoyer.
Cependant,
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la
éviter de dormir. Ces actions ont
Alors, il y a de l’espoir pour ces
compulsion sera moins évidente
pour objectif de les distraire ou
personnes.
lorsqu’on pense à la phobie
d’impulsion.
Ainsi,
certaines
d’éviter
leurs
pensées.
Jusqu’à
aujourd’hui,
reconnaissez quelqu’un ou si vous
vous
reconnaissez
dans
les
personnes vont se laver pour se
l’approche
cognitive
symptômes décrits, sachez que
purifier ou auront des rituels
comportementale démontre être la
vous n’êtes pas seuls et qu’il est
mentaux. Aussi, il est fréquent que
solution la plus prometteuse pour
possible de consulter pour traiter
les gens vont prier, tenter de se
changer les idées, vont dormir ou
traiter les TOC. Ceci est également
vrai pour les phobies d’impulsion.
les symptômes.
Donc,
si
vous
F O R M A T I O N
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les caractéristiques des
personnes atteintes, dʼévaluer
lʼefficacité de lʼintervention et de
générer des connaissances,
améliorant ainsi les services
offerts à la population.
La recherche implique
plusieurs étapes et intervenants.
Pour que tout ceci sʼharmonise,
une personne doit servir de point
central et cʼest le rôle de la
coordonnatrice dans un centre
dʼétude.
Une des tâches de la
coordonnatrice est le
recrutement des participants.
Lorsquʼune personne est
intéressée à participer à la
recherche, cʼest la
coordonnatrice qui reçoit lʼappel
et qui lʼinforme du déroulement
de lʼétude. De plus, elle peut
informer les personnes qui le
désirent, sur
les troubles
qui
sont
traités et sur
l
e
s
ressources
dʼaide.
D
e
plus, elle
encadre les
étapes des protocoles de
recherche, soit les processus
dʼévaluations de la thérapie, les
questionnaires et lʼentrée de
données. Ces étapes permettent
de recueillir des données, de
mieux comprendre et connaître
Tout dʼabord, il y a la
saisie de données. Cette tâche
demande beaucoup de minutie
et de supervision. Ainsi, la
coordonnatrice doit sʼassurer de
lʼuniformité dans lʼentrée de
données afin que les résultats
soient les plus représentatifs de
la population étudiée.
Il y a
aussi la confidentialité des
dossiers des participants.
La
coordonnatrice doit donner un
code à tous les participants et
sʼassurer que les dossiers soient
classés dans un endroit à
consultation limitée.
En terminant, dans le but
de produire de la connaissance
et de transférer
celle-ci vers la
pratique clinique et
la population, le
centre dʼétude
accueille des
étudiants et des
stagiaires. Pendant
leur formation, ceuxci accompliront
plusieurs tâches et
la coordonnatrice est
là pour les aider à atteindre leurs
objectifs.
Alors, que vous soyez un
étudiant, un participant, une
personne ayant besoin dʼaide,
un professionnel de la santé ou
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un proche dʼune personne
atteinte dʼun trouble mental,
sachez que la coordonnatrice
dans un centre dʼétudes est
toujours là pour vous informer,
vous aider et vous soutenir dans
vos démarches.
Karine Bergeron,
B. Sc. Psychologie,
Coordonnatrice de projets du
CETOCT
Équipe de Kieron OʼConnor
514-251-4015 p.3585
[email protected]
Groupe de Soutien
Le Centre d’études organise
des rencontre pour les
personnes souffrant d’un
trouble
obsessionnelcompulsif.
Si vous désirez plus
d’informations, vous pouvez
nous écrire à:
[email protected]
ou visitez le site internet:
www.hlhl.qc.ca/recherche
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TÉMOIGNAGES
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Les Épisodes explosifs
Par Julie Leclerc et Karine Bergeron
Le profil d’un enfant ayant le
syndrome Gilles de la Tourette
(SGT) présente régulièrement un
manque de tolérance à la
frustration; il ne prend pas les non,
se fâche rapidement, il est soupe
au lait. Ainsi, la maîtrise de soi
représente une difficulté qui se
traduit par de la colère, de la
rigidité, de la provocation, de la
confrontation, de l’argumentation
et des comportements agressifs.
Les épisodes explosifs sont la
manifestation d’une crise de
colère récurrente, incontrôlable et
qui se produit de manière
soudaine. Pendant ces crises,
l’enfant peut frapper, lancer, briser
les objets autour de lui et il peut
aussi s’attaquer aux personnes qui
l’entourent ou à lui-même.
L’absence d’intention apparente
ainsi que l’intensité de la
manifestation la distinguent de
« simples » crises de colère ou
d’un trouble affectif.
Les crises surviennent par
accès, parfois
plusieurs fois par
jour. Les épisodes
peuvent être liés à des
situations, telles que le
manque de sommeil, la
faim, l’anxiété ou
l’excitation. La famille, surtout la
mère, est souvent la cible de ces
crises. Mais, habituellement, ces
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enfants sont généralement
agréables, attachants et
collaborateurs, bien qu’ils soient
irritables, aient une très faible
tolérance à la frustration et qu’ils
voient difficilement le lien entre
leur comportement et ses
conséquences.
Une fois la crise passée, l’enfant est
généralement calme, épuisé,
souvent incapable de dire ce qui l’a
provoqué, et il est possible qu’il
éprouve des remords. On observe
souvent une période d’amnésie
après la crise. Le milieu peut ainsi
penser que la crise est une forme de
manipulation pour obtenir des
bénéfices secondaires. C’est
pourquoi il peut être difficile pour
un parent d’intervenir auprès de son
enfant.
Intervention
Un traitement efficace est la
combinaison d’une médication et
d’une thérapie cognitive
comportementale pour modifier le
comportement. On peut contrôler
les accès en diminuant l’intensité et
la fréquence des crises. De plus, si
l’enfant accroît son estime de soi, le
sentiment d’incapacité diminuera et
la capacité de se contrôler
augmentera. Il est important
que les interventions soient
coordonnées à l’école, à la
maison et dans les
activités afin d’avoir un
impact général et conséquent. Une
intervention appropriée dépend
d’une panoplie de facteurs
individuels, familiaux et
environnementaux et seule une
11
consultation médicale et clinique
peut cerner adéquatement la
problématique.
Interventions quotidiennes
proposées pour prévenir les
situations de crise
Établir des limites claires,
constantes, fermes et donner des
consignes courtes offriront un
climat propice à la diminution des
épisodes de crise. Lorsque vous
reprenez votre enfant suite à un
geste inacceptable, faites-lui une
description de ce qui est souhaité et
renforcez ses bonnes conduites.
Même si cela semble difficile, ne
prenez pas les agressions verbales
de façon personnelle et évitez de le
confronter. Planifiez des périodes
de relaxation, par exemple, utilisez
des techniques de respiration, de la
musique douce, de la visualisation
et des massages. Ces activités vous
permettront de passer de bons
moments et de renforcer les liens
avec votre enfant.
Interventions quotidiennes
proposées pour la gestion des
crises
Av e c l ’ e n f a n t , v o u s p o u v e z
identifier ce qui déclenche les crises
et essayer de modifier
l’environnement de celui-ci.
Offrez-lui un lieu de retrait ou
d’isolement qui lui permettra de se
calmer. Si une crise survient, restez
calme et ne criez pas pour
intervenir, réduisez les stimulations
(par exemple, cessez de lui parler,
fermez la télévision, etc.) et
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imposez-lui des limites quant à la
durée et la manière d’exprimer sa
colère (par exemple : « Ne lance
pas cette chaise, mais tu peux la
poser brusquement ou ne frappe
pas ton ami, mais tu peux cogner
dans le mur. »). N’essayez pas
d’éviter les crises en cédant à ses
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demandes et si la situation devient
difficile à vivre, parlez-en avec son
médecin, celui-ci pourrait vous
proposer une médication.
Il est possible que les
troubles de comportement et les
manifestations d’épisodes explosifs
persistent jusqu’à l’âge adulte.
Mais il existe de l’aide et des
interventions pour vous permettre
de mieux vivre avec cette
problématique. Essayez de trouver
des solutions avec votre enfant afin
de mieux prévenir le déclenchement
des crises et donnez-vous des trucs
personnalisés.
Des idées plein la tête!
Vo i c i q u e l q u e s p ro j e t s d e s é t u d i a n t s d u c e n t re
Projets
Sarah Roberts*!"!"!! %*"! !! !! %!" ,!"
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Marie-Eve St-Pierre-Delorme*!"!"!! %*"! " "! "!#!"!
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625-362-5126+4676+
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Le 7 novembre dernier, Sarah Roberts a participé au marathon de New York au bénéfice
de l’Association américaine du syndrome Gilles de la Tourette (SGT).
Sarah s’était engagée à recueillir un minimum de 2 500 $ avant le marathon. « Je cours de
façon compétitive depuis environ huit ans », explique-t-elle, « mais le marathon de
New York avait une signification particulière, car j’y ai participé afin d’amasser des fonds
pour une cause liée à la recherche faite au Centre de recherche Fernand-Seguin de l'hôpital Louis-H. Lafontaine.
Je me considère la représentante non-officielle du Centre de recherche parmi les autres athlètes du marathon
pour le bénéfice de l’association du syndrome Gilles de la Tourette ».
Afin d’atteindre son objectif de 2500$, Sarah avait organisé une soirée thématique New York ainsi qu’une
cueillette de la petite monnaie que les gens laissent traîner sur leur bureau ou dans leurs poches. « Un ami m’a
fait un don du petit change qu’il accumulait dans un pot depuis des années, et lui-même était surpris d’y avoir
accumulé plus de 100 $! ».
Sarah court de 10 à 20 kilomètres plusieurs fois par semaine pour s’entraîner en vue du marathon, tout en
poursuivant ses études et ses activités de collecte de fonds. Sa recherche porte sur les désordres d’habitude, par
exemple, se ronger les ongles ou s'arracher les cheveux. Ces troubles sont reliés au syndrome Gilles de la
Tourette et au trouble obsessionnel-compulsif, «Ma recherche aborde les variables émotionnelles qui soustendent ces troubles ».
Le trouble d’accumulation compulsive
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souhaitée
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TÉMOIGNAGE
À 17 ans, les diagnostics sont
tombés: trouble obsessionnelcompulsif, phobie sociale, trouble de
stress post-traumatique, trouble
panique et trouble de l’humeur.
Comme vous pouvez l’imaginer, ma
vie n’a pas toujours été rose
Déjà, à 12 ans, certains de mes
comportements auraient dû me
pousser à chercher de l’aide. À
l’heure du coucher, je ne pouvais
pas m’empêcher de vérifier si la
porte de la fournaise, si tous les
robinets étaient fermés et si les
ronds de la cuisinière étaient éteints.
Si la maison devait brûler, ou si les
membres de ma famille mouraient
par ma faute, je ne me le serais
jamais pardonné. Ces obsessions et
compulsions ont duré longtemps,
pour ensuite être remplacées par
d’autres. Par exemple, le soir, je
devais faire trois prières et bénir
toutes les personnes que j’aimais,
car si j’oubliais quelqu’un, un
malheur pouvait lui arriver par ma
faute. Ou encore dans mon lit, je
vérifiais si l’alarme de mon cadran
était bien programmée pour le
lendemain matin. Je fixais les
aiguilles et je touchais au bouton
pour me convaincre. Je pouvais
faire ce rituel pendant une heure,
sans jamais être rassurée de l’avoir
mis à l’heure. Je m’imaginais me
lever en retard, manquer de temps
pour me préparer et faire rire de moi
à l’école. Ma mère était au courant
de certains de mes comportements
et essayait de me convaincre d’aller
chercher de l’aide, mais j’ai toujours
refusé. Je croyais que j’étais folle et
que j’allais me faire enfermer dans
un asile psychiatrique. L’école était
un enfer. J’étais tellement gênée et
préoccupée par l’opinion que les
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autres avaient de moi que je ne
pouvais pas manger devant les
autres, et je ne pouvais pas tolérer
que les autres me regardent
marcher. Si quelqu’un me regardait
marcher, je me trouvais une raison
pour arrêter : j’attachais mon soulier,
je replaçais mes livres, etc. C’est
également à 12 ans qu’un de mes
voisins a tenté d’abuser de moi. Par
chance, j’ai réussi à m’échapper
juste à temps. Mais cet événement
est resté gravé dans ma mémoire :
certains lieux, certains gestes et
certaines odeurs m’ont toujours été
insupportables par la suite. Comme
la majorité des victimes d’abus
sexuel, je croyais que c’était de ma
faute. J’ai refusé de porter plainte.
Durant cette période, je pleurais à
chaque soir. Je me rappelle avoir
déjà dit à ma mère que je ne voulais
plus vivre, que c’était trop difficile à
supporter.
L’entrée au cégep fût une période
pénible dans ma vie. J’ai déménagé
et je me retrouvais loin de mon seul
soutien, ma mère. Tout a basculé :
mes obsessions-compulsions ont
augmenté, des crises de panique
ont commencé. En classe, j’avais de
la difficulté à respirer, j’avais des
bouffées de chaleur, mon cœur
battait si fort qu’il résonnait dans ma
tête, et la peur de devenir folle
m’envahissait. Je ne pouvais pas
sortir de la classe lorsque cela se
produisait, car j’étais trop gênée de
me faire regarder!
Je me sentais prisonnière de ma
tête. J’aurais donné tout ce que je
possédais pour me débarrasser des
idées qui hantaient mon esprit. Je
me posais les mêmes questions :
Pourquoi ne pouvais-je être
normale? Pourquoi ça m’arrivait à
moi? Devrais-je vivre comme ça
toute ma vie? Je ne voyais aucune
issue. Je ne pouvais plus continuer
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à vivre comme ça, mais en même
temps, une partie de moi espérait
avoir de l’aide. J’ai fait une tentative
de suicide. J’ai été hospitalisée dans
une aile psychiatrique (moi qui avais
toujours eu peur de me faire interner,
je me retrouvais là par ma faute!).
C’est là que les diagnostics ont été
faits. Ce dont j’étais atteinte portait
un nom. Et je n’étais pas la seule
dans ma situation.
En sortant de
l’hôpital, j’ai suivi
une thérapie de
type cognitive
comportementale
dans une clinique
spécialisée dans
les troubles anxieux. Savoir que je
n’étais pas seule dans ma situation
et de connaître l’origine de ces
troubles, ont fait énormément
diminuer mon angoisse. J’ai fait un
incroyable travail sur moi-même et je
me suis mise à aller mieux.
Aujourd’hui, dix années suivant mon
hospitalisation, je vais très bien! Je
contrôle mes symptômes : je n’ai
plus de compulsion ni d’attaque de
panique. Je vis le moment présent
et je suis confiante pour l’avenir. Je
n’ai qu’un seul regret : celui de ne
pas avoir cherché de l’aide plus tôt.
C’est très difficile de s’en sortir
seule. Plus on attend pour aller
chercher de l’aide, plus c’est difficile
de se débarrasser de ces
problèmes. Si j’ai réussi à tenir le
coup, c’est au soutien constant
d’une personne significative dans
ma vie : celui de ma mère. Je savais
que je pouvais compter sur elle dans
les moments difficiles. Trouvez une
personne de confiance avec qui
vous pouvez tout exprimer et qui ne
vous jugera pas. Cette personne
peut être un membre de la famille,
un(e) ami(e), un(e) conjoint(e). On
ne peut pas vivre avec cette
souffrance dans le silence.
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Dans quelques mois, nous souhaitons acquérir l’appareil FaceLab. Cet outil nous
permettra de quantifier les mouvements musculaires du visage et la dilatation
pupillaire. Grâce à cet appareil, nous pourrons mesurer les tics faciaux et les
réactions émotionnelles des participants. L’achat de ce système sera possible grâce
à une subvention du Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ).
L’installation et la formation pour cet équipement seront réalisées par l’équipe de
monsieur Martin Lemay, professeur au département de kinésiologie à l’UQAM.
Les nouvelles du laboratoire de
psychophysiologie
Caroline Husatte-Ducassy a complété un stage d’été au laboratoire de psychophysiologie cognitive et
sociale. Elle a réalisé des analyses sur les effets physiologiques de la thérapie. Ces résultats ont été présentés
au congrès de l’International Organization of Psychophysiology (IOP) qui s’est tenu à Budapest en septembre
2010. Une nouvelle fois, nous avons pu mettre en évidence les
impacts psychophysiologiques d’une thérapie cognitive
comportementale. Caroline est présentement inscrite en première
année de médecine à l’Université Laval. Bon succès!
Emma Glaser a remporté une bourse de stagiaire d’été du
Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du
Canada pour analyser les données électrophysiologiques sur les
différences de sexe dans la mémoire émotionnelle. Elle a terminé son stage d’été et continuera de travailler
dans le laboratoire de psychophysiologie à temps partiel. Ses travaux d’été seront présentés à la conférence
Innovation in Gender, Sex and Health Research qui se tiendra à Toronto en novembre 2010.
Nadia Lakis, une nouvelle étudiante au doctorat en sciences biomédicales, se joindra à notre équipe afin
d’étudier les différences cérébrales entre hommes et femmes souffrant de schizophrénie.
supervision des Drs Marc Lavoie et Adrianna Mendrek.
Elle est sous la
Martine Germain, technicienne au centre de recherche depuis plus de 7 ans, a entrepris sa maîtrise en
sciences biomédicales. Ses travaux porteront sur les effets de l’œstrogène et de la testostérone sur le traitement
de l’information et l’activité cérébrale. Elle effectue ses recherches sous la supervision des Drs Adrianna
Mendrek et Marc Lavoie.
Pour consulter le site du laboratoire :"https://www.webdepot.umontreal.ca/Usagers/lavoiem/MonDepotPublic/
Site_WebMarcLavoie_fr.htm
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Centre d’études sur les troubles
obsessionnels-compulsifs et les tics
(CETOCT)
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Rédactrices en chef:
Centre de recherche Fernand-Seguin
Marie-Eve St-Pierre Delorme
Karine Bergeron
7331 rue Hochelaga
Mise en page:
Montréal, QC.
Karine Bergeron
H1N 3V2
Correctrice:
Catherine Dion de l’Hôpital
Louis-H. Lafontaine
Téléphone: 514-251-4015 p.3585
Télécopie: 514-251-2617
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