N°57 JUIN 2016 Chavouoth 5776 Toujours dans l’air du temps depuis 1967 « Une installation de climatisation moderne et performante ne se voit pas et ne s’entend pas ! » Gilles Bourquin - Président Clim Denfert Bourquin est une entreprise indépendante reconnue depuis près de 50 ans dans la réalisation d’installations haut de gamme de climatisation et de traitement de l’air. Sa maîtrise des technologies les plus performantes et les solutions d’intégration font référence (boutiques, hôtels, restaurants, bureaux, professions libérales, appartements, hôtels particuliers, etc.) Au sein de nos showrooms CLIM DENFERT – Paris 16ème et Cannes, vous sont présentées les plus récentes générations de matériels en situation et en fonctionnement réels proposés par les meilleures marques du marché. Vous pourrez ainsi apprécier concrètement leurs performances ainsi que leur esthétique, et vous serez guidés par nos spécialistes dans vos choix techniques et budgétaires. 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Par Rav Levi Azimov..................................... 10 Et tout le peuple voyait des voix … Par David Checoury................................ 12 La Tora a besoin des femmes, entretien avec Madame Joëlle Bernheim........... 14 Dates et horaires à retenir................................................................ 16 Centre Communautaire..................................................................... 20 Rav Levi Azimov 14 Tribune libre La résolution du 11 avril de l’UNESCO a t-elle seulement un sens, si ce n’est de trahir une fois de plus notre héritage judéo-chrétien ?, par Monsieur Jean-Christophe Fromantin..................................................... 25 Toujours croire en l’avenir !, par Me Ariel Goldmann.................................... 26 Actualités Israël dignement fêté à Neuilly-sur-Seine, par Laurence Faibis Jakubowicz....... 30 Pessa’h 5776, merci pour votre solidarité et votre mobilisation, par Maurice Sellem.................................................................................. 32 Joëlle Bernheim, Directrice de la Maison d’Etude Juive Au Féminin, Psychanalyste 26 Israël Les vins israéliens à la conquête du monde, par Anna Bloch.......................... 33 Jeunesse Chorale des enfants du Gan à la synagogue, par Linda Bensoussan, Raphaël Mergui, Laure Levy et Maryline Keller............................................. 34 Pessa’h en Chine, par Rudy Atlani.............................................................. 34 Mémoire Leurs yeux ont vu, leurs bouches ont parlé, par Philippe Meyer...................... 36 Carnet..................................................................................................... 38 Ariel Goldmann, Président du Fonds Social Juif Unifié, de l’Appel Unifié Juif de France et de la Fondation du Judaïsme Français Paris P aris O Ouest ues est st Le magazine de la Communauté juive de Neuilly/Seine 12, rue Ancelle - 92200 Neuilly/Seine Tèl : 01 47 47 78 76 Directeur de la Publication : Philippe Besnainou Rédacteur en Chef : Philippe Meyer Secrétaire de rédaction : Emmanuelle Allouche Edition Régie publicitaire : SAB Print / Pascal Karsenti Tél. : 01 30 25 25 57 Conception graphique / Impression : SAB Print N°57 • Juin 2016 3 Neuilly Paris Ouest Message du Président Philippe Besnainou Président de la communauté ACIP Neuilly-Ancelle L es fêtes que nous célébrons, Pessa’h hier comme Chavouoth demain, ainsi que la vie au quotidien dans notre synagogue et dans notre Centre communautaire, constituent le cœur de notre vie communautaire et notre fierté d’appartenir à notre belle communauté de Neuilly. Cette vie juive riche et intense, malgré le climat général que nous connaissons, nous la devons avant tout à notre rabbin et à nos permanents qui, avec l’aide de nombreux bénévoles, sont l’âme même de la communauté. Chaque fête est toujours l’occasion pour moi de leur témoigner notre gratitude et notre reconnaissance pour tout le travail accompli au service de la communauté. Cette année, mes remerciements iront plus particulièrement à la directrice de notre centre communautaire, Lise Benkemoun, qui a décidé de faire son aliyah prochainement. CONTACTS Pour contacter la synagogue : 01 47 47 78 76 •S ecrétariat : poste 4 ouvert de 9h à 16h lundi, mardi, jeudi, de 9h à 12h le mercredi et de 9h à 12h30 le vendredi. • Bureau du Rabbin : poste 5 •L ocations de salle et activités communautaires : poste 6 •T almud Torah et coordination générale : poste 7 Depuis son arrivée à la tête du centre Jérôme Cahen il y a près de six ans, Lise a fait preuve d’une énergie, d’un volontarisme et d’un dynamisme exemplaires pour faire vivre et développer ce lieu de rencontre, de culture et de savoir. Elle a conduit ses projets jusqu’au bout avec professionnalisme et toujours avec le sourire. Grâce à son dévouement, et entourée d’une équipe de bénévoles de grande qualité, Lise a permis au CCJC d’offrir à notre communauté un éventail d’activités hors du commun que beaucoup nous envient. Les conférences, les cours, les expositions ou les projections de films en avant-premières se sont multipliés avec des intervenants de premier plan. Et bien sûr, ce très beau rendez-vous annuel que constitue le Salon du Livre a rencontré à chaque édition un succès mérité et reconnu, tant en terme d’auteurs présents que d’affluence du public. Le Rabbin Michaël AZOULAY reçoit sur rendez-vous. Par mail : [email protected] Site de la synagogue : http://www.synaneuilly.com Adresse : 12, rue Ancelle 92200 Neuilly sur Seine Cette mission menée avec obstination et avec talent a permis de faire rayonner notre communauté bien au-delà de nos murs et au centre communautaire de s’ouvrir tant en France qu’à l’international. Pour contacter le Centre Communautaire : • Adresse : 44 rue Jacques Dulud 92200 Neuilly sur Seine • Par tél : 06 43 72 64 25/09 54 38 37 92 • Par mail : [email protected] http://www.ccjc-neuilly.com Si vous souhaitez recevoir notre newsletter, n’hésitez pas à nous envoyer votre adresse mail. Le CCJC est devenu la vitrine de notre communauté et Lise l’une de nos principales ambassadrices reconnue au sein même de la cité, puisqu’elle a été admise au Conseil économique de la ville de Neuilly. Mais surtout, par un esprit d’ouverture, elle a permis d’attirer un public à la richesse culturelle du judaïsme qui n’avait pas toujours l’habitude de fréquenter la communauté. Ce n’est pas le moindre des mérites que l’on doit lui attribuer. C’est là un des objectifs premiers d’un centre communautaire. Objectif rempli. Pour contacter le Gan de Neuilly : •A dresse : 44 rue Jacques Dulud 92200 Neuilly sur Seine •P ar tél : 09 53 22 65 90 Myriam Pizzo, directrice •P ar mail : [email protected] Consistoire : 17, rue Saint-Georges - 75009 PARIS - Tél. : 01 40 82 26 26 •S ite : http://www.consistoire.org Site des éclaireurs Israélites de France : •h ttp://www.njcmania.com •M ail groupe local : [email protected] [email protected] 4 N°57 • Juin 2016 Et ce travail s’est toujours fait en totale confiance et en réelle amitié avec la commission administrative de la communauté. En tant que Président, j’ai eu beaucoup de plaisir et de chance de travailler à ses côtés. Au nom de notre rabbin, des administrateurs, de toute la communauté, et en mon nom personnel, je tiens à remercier sincèrement Lise pour tous les efforts, tout le travail et toutes les réussites qu’elle a offert à notre communauté. Nous sommes très heureux pour son choix de poursuivre sa vie en Israël, fidèle ainsi à ses idéaux et à ses aspirations depuis toujours, et lui exprimons tous nos vœux de réussite pour cette très belle page qui s’ouvre désormais pour elle. ‘Hag Samea’h à tous. Votre poissonnerie en Bord de seine, sur l’île de la jatte NOUVEAU à Neuilly-sur-seine Une qualité de produits exceptionnelle La poissonnerie de l’île de la jatte, dans les Hauts-de-Seine 92, propose un étal achalandé quotidiennement de poissons extra-frais, issus de la pêche de petits bâteaux. 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Récemment encore, ce lien historique entre le Peuple juif et sa Terre a une fois de plus été remis en cause par le vote honteux à l’UNESCO au mois d’avril dernier de deux résolutions présentées par certains pays arabes et portant des accusations anti-israéliennes d’une rare violence, allant jusqu’à dénier aux Juifs tout lien avec la ville sainte de Jérusalem. Et la France, contrairement à nos amis traditionnels, a voté ces résolutions mêlant ainsi sa voix aux plus grands ennemis d’Israël dont l’Iran et d’autres. On connaissait le biais ouvertement pro-arabe du Quai d’Orsay qui n’hésite pas à condamner si souvent Israël, mais une nouvelle étape a été franchie à travers ce vote ignoble. Et pourtant, le Premier ministre Manuel Valls n’avait-il pas rappelé lors du dernier diner du Crif que « L’antisionisme est synonyme d’antisémitisme » ? Nous publions dans ce numéro le point de vue du Maire de Neuilly-sur-Seine et Député des Hauts-deSeine, Monsieur Jean-Christophe Fromantin, par ailleurs Vice-Président du Groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée Nationale, sur ce sujet si important. Il y a peu de temps, nous avons tous commémoré Yom Hashoah avec les derniers rescapés des camps de la mort. Plus de soixante-dix ans après Auschwitz, il ne suffit donc pas que les antisémites et les antisionistes de tous bords prennent à nouveau les Juifs pour cible, sous différentes formes, jusqu’à les tuer simplement parce qu’ils sont juifs. Non. Il faut également qu’ils cherchent à boycotter tout ce qui est lié à Israël sur le plan économique, culturel ou scientifique, et à réécrire l’histoire même du Peuple juif pour finir de lui ôter toute légitimité sur sa Terre, et finalement contester son existence même. 6 N°57 • Juin 2016 Ces nouvelles formes d’antisémitisme, de la campagne BDS jusqu’à ce révisionnisme historique, voire ce négationnisme, accepté au sein même des instances internationales les plus importantes, constituent les manifestations les plus sournoises et les plus abjectes de la haine anti-juive qui sévit actuellement. Au-delà des menaces physiques et sécuritaires avec lesquelles nous devons vivre au quotidien, en s’en prenant à nos réalisations et à notre histoire, cette haine vise directement notre identité juive, donc en réalité ce que nos ennemis ne supportent pas : notre sensibilité, notre culture, nos valeurs, notre amour de la vie, notre priorité donnée à la jeunesse et à la transmission, notre message universel adressé à l’humanité toute entière. C’est cette identité juive qui est inscrite au plus profond de chacun d’entre nous et que nous devons défendre en permanence et sans compromis. C’est cette identité juive que nous faisons vivre au quotidien dans notre belle communauté de Neuilly, au travers des nombreuses activités que nous vous proposons tout au long de l’année dans notre synagogue et notre centre communautaire grâce à l’action inlassable de notre rabbin, de nos permanents et de nos bénévoles. C’est cette identité juive qui est au cœur des articles passionnants de Rav Lévi Azimov, de David Checoury, de Madame Joëlle Bernheim et d’Ariel Goldmann, Président du FSJU, que nous avons le plaisir de vous proposer dans ce journal. C’est cette identité juive qui guide en permanence ce que nous pensons, ce que nous disons, ce que nous faisons. C’est cette identité juive que nous avons reçue en héritage de nos parents et que nous transmettons à nos enfants de génération en génération. C’est cette identité juive enfin que nous allons célébrer dans la joie à l’occasion de Chavouoth. Puisse-t-elle continuer de nous rendre si fiers de ce que nous sommes. ‘Hag Saméa’h à tous. Sous l’égide de la Fondation du Judaïsme Français Nous sommes tous les enfants de l’OSE ! Aujourd’hui comme hier l’OSE prend en charge les enfants en grande souffrance, les personnes âgées isolées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer, les personnes handicapées, et depuis janvier 2015 les victimes d’attentats. Votre don est indispensable aujourd’hui pour permettre à l’OSE d’être présente pour nous tous, demain. ©onoky www.ose-france.org ❑ OUI, je souhaite aider l’OSE dans sa mission, je fais un don de* : ❑ € (Montant libre) *Votre don est déductible de l’ISF ou de l’Impôt sur le Revenu, un don de 100 € ne vous revient qu’à 25 €. Je renvoie ce bulletin avec un chèque à l’ordre de FJF - Fondation OSE MES à l’adresse suivante : FONDATION OSE-MES - 117 rue du Faubourg du Temple - 75010 Paris Mes coordonnées : ❑ M. ❑ Mme ❑ Mlle Nom : Prénom : Adresse : Ville : Code postal e E-mail : @ N° de téléphone : rr rr rr rr rr rr Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données personnelles vous concernant en vous adressant à notre association. BULLETIN DE SOUTIEN ✂ Je renvoie ce bulletin avec un chèque à l’ordre de FJF - Fondation OSE MES à l’adresse suivante : 117 rue du Faubourg du Temple - 75010 Paris Neuilly Paris Ouest Message du RABBIN Rabbin Michaël Azoulay C haque année, je suis frappé par le décalage qui existe entre ce que dit le texte de la Torah au fondement de la fête de Chavouoth et la perception populaire de la dite fête. J’avais même consacré un cours aux raisons de ce hiatus l’année passée. Le seul rite qui aurait pu s’imposer étant l’étude de la Torah (qui constitue un commandement), on voit mal comment la Torah aurait pu exiger qu’on l’étudie ce jour là, alors que cette obligation est quotidienne. On célébrerait alors Chavouoth chaque jour de notre vie. En effet, tandis que le pentateuque n’établit aucun lien entre la fête des semaines et le don de la Torah au Sinaï, Chavouoth étant relié aux prémices de la moisson (voir par exemple Lévitique, 23, 16-17), l’imaginaire collectif n’a retenu que la tradition rabbinique (en particulier, le Talmud) qui fait de cette solennité la célébration de la théophanie sinaïtique. Nous comprenons de la sorte pourquoi le pentateuque fait l’ellipse temporelle de la Révélation lorsqu’il évoque Chavouoth. A cette interrogation, il faut en ajouter une autre : aucun rite particulier ne caractérise Chavouoth. Certes, on y trouve des coutumes, une liturgie particulière, la fameuse veillée d’étude, mais aucun commandement, a contrario des deux autres fêtes de pèlerinage. Peut-être est-ce la raison d’être de cette fête que de nous rappeler chaque année que c’est précisément cette place centrale donnée au savoir et à son acquisition, qui fait du judaïsme une religion intelligente et intelligible ? Alors, sans tarder, la motivation et les compétences faisant souvent défaut, rapprochez-vous de votre communauté afin de suivre les enseignements qui y sont dispensés ! On serait tenté de répondre à la première question par une évidence : les citadins que nous sommes vibrent bien plus pour un événement comme la Révélation que pour la moisson… Il me semble toutefois que la réponse à la seconde question révèle quelque chose de plus profond. Le don de la Torah ne se célèbre pas une fois l’an, mais tous les jours, en se l’appropriant et en faisant ainsi de celle ci un élément primordial de notre existence. Bonne fête de la moisson des connaissances ! La rédaction remercie tous les annonceurs qui permettent à notre bulletin de s’autofinancer. Nous demandons à nos lecteurs de les privilégier dans leurs achats. Pour figurer comme annonceur, il suffit de prendre contact avec notre régie publicitaire : S.A.B Print Régie Publicitaire : 23, rue d’Anjou 75008 Paris Pascal KARSENTI : 06 07 52 93 55 Tél. : 01 30 25 25 57 | [email protected] | Fax : 01 34 10 48 85 8 N°57 • Juin 2016 Message du RABBIN A chaque génération, un nouveau regard sur l’éducation L’ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE A BESOIN DE VOUS ! Nos priorités pour 2016 • • • • DON S ISF 201 6 Augmenter les bourses pour élèves et étudiants, en France et en Israël Étendre le réseau scolaire dans l’ouest parisien Développer la Bibliothèque numérique et l’Université en ligne (UNEEJ) avec l’Institut Elie Wiesel Renforcer l’apprentissage de l’hébreu Soutenez un judaïsme authentique et ouvert en France, en Israël et dans le monde Photos : David Paul Carr Don sécurisé en ligne : www.aiu.org Envoyez votre don à l’AIU, 45 rue la Bruyère - 75009 Paris Chèque ISF à l’ordre de : Fondation ENIO Contact : Carine KROITOROU au 01.53.32.80.11 ou [email protected] Réduction d’impôt : don ISF 75%, don IR 66%, don entreprise 60% Neuilly Paris Ouest VIE Juive Quel processus de libération ? Basé sur l’enseignement des Si’hot du Rabbi de Loubavitch Par Rav Levi Azimov L a fête de Pessa’h n’est en réalité qu’une étape sur la voie de la libération, à l’échelle du peuple juif autant qu’à celle de l’individu. La libération complète se cristallisera lors du don de la Tora à Chavouoth, puisque c’est l’objectif majeur de la sortie d’Égypte, tel que le verset l’exprime « Quand tu auras fait sortir ce peuple d’Égypte, vous servirez D.ieu sur cette montagne » (Exode 3,12). Nous observons donc une ligne conductrice qui relie ces deux fêtes avec une évolution constante que nous allons essayer de comprendre à la lumière de la profondeur de la Tora, en interrogeant une série d’éléments qui doivent susciter une explication globale et rationnelle. Cette libération commence donc par la fête de Pessa’h, qui se singularise par l’interdiction formelle de manger du pain et du levain pendant une période de 7 jours (en Israël, et 8 jours en diaspora) ainsi que par l’obligation de manger de la Matsa. Puis, le lendemain du premier jour de Pessa’h nous devons apporter un sacrifice d’orge et à partir de là, compter 49 jours, c’est la « Sefirat haOmer ». Un mois après, à savoir le 15 Iyar, nous avons le deuxième Pessa’h où il n’y a 10 N°57 • Juin 2016 pas d’interdit de manger du ‘Hamets, et le 33e jour vient « Lag Baomer » qui marque la fin d’une période dans le Omer. Enfin, le 50e jour marque la fête de Chavouoth. L’enchainement de ces évènements impose la vision d’une évolution et la volonté d’un aboutissement. Cependant, certaines interrogations interpellent notre sens critique : 1.Pourquoi le ‘Hamets est-il interdit durant une semaine ? Cette période de 7 jours se vit-elle comme la nécessité d’une cure ou d’un sevrage ? 2.Pourquoi la consommation de la Matsa est-elle obligatoire ? 3.Le Omer était une offrande d’orge. Comment expliquer le choix de cette céréale, alors que d’habitude il était d’usage d’offrir une offrande de blé ? 4.Le verset formule « vous compterez jusqu’au lendemain de la septième semaine, soit cinquante jours » (Lévitique 23,16). Or comment expliquer que compter 7 semaines équivaut à 49 jours, et non 50 tel qu’il est écrit ? 5.Comment se fait-il qu’au cinquantième jour – le jour de Chavouoth – il fallut apporter une offrande composée de deux pains ‘Hamets alors que toute l’année le ‘Hamets était proscrit dans l’enceinte du Temple ? Le Roi Salomon évoque dans le Cantique des Cantiques (1,4) « Prends-moi, après toi nous courons, le Roi me conduit dans ses appartements ». De quelle réalité ce verset fait-il la métaphore ? Il s’agit du peuple juif qui demande à D.ieu – le Roi – de le prendre, de l’extraire d’Égypte. Se sachant enlisé dans 49 degrés d’impureté, il est incapable de se libérer lui-même, il a besoin d’une intervention Divine qui le sorte pour le sauver au plus vite avant que la cause ne soit perdue. Une fois évacué de la zone de danger, le travail de construction du peuple juif s’amorce. Il prend forme sous le signe de la transformation et du raffinement de la personnalité et des sentiments. Alors, le verset dit « après toi nous courons ». Courir vers le Roi doit se faire au pluriel, car il s’agit non seulement d’avoir avec soi l’âme divine – ce qui est naturellement acquis –, mais aussi l’âme animale qui initialement n’est pas sensible à la cause divine, mais doit le devenir par l’évolution de la brillance1 des sentiments. En effet, l’idée est de pouvoir avancer à deux : l’âme divine qui indique la route et l’âme animale dont l’énergie débordante permet de courir avec élan. Les sentiments se composent de sept attributs : 1. ‘Hessed : la bonté. Sentiment essentiel vital qui permet de tisser des liens avec autrui. 2.Guevoura : la rigueur. Qualité qui structure et qui organise aussi bien l’individu que la collectivité. 3.Tiféret : l’harmonie. Trop d’amour ou de bonté peut être néfaste autant que trop de rigueur, l’harmonie réside dans l’équilibre et la vérité. 4. Netsa’h : la victoire. La victoire n’est autre que le fruit de la persévérance et la ténacité. La constance donne une dimension responsable à nos actions. 5.Hod : l’humilité. Trop d’ambition peut être arrogant. L’humilité permet de considérer l’entourage dans son environnement. 6.Yessod : le lien. Le besoin d’avoir du lien, d’échanger équitablement sans dualité. 7. Mal’hout : la royauté. Il s’agit d’exercer notre capacité à guider, à être un leader. Il est à noter que les cinq premiers sentiments se traduisent dans la construction personnelle tandis que les deux derniers permettent d’améliorer notre évolution dans notre vie relationnelle. A présent, nous avons les éléments nécessaires pour retracer le processus de libération depuis Pessa’h jusqu’à Chavouoth. Lorsque l’homme était sous l’emprise de son mauvais penchant, il dut se sauver d’Égypte. C’est alors qu’il apporta une offrande d’orge, car elle symbolise la nourriture animale, comme l’exprime le Talmud dans le traité Sota 14b : « de même qu’elle agissait comme un animal, elle apportera de la nourriture animale ». L’homme étant seul contre lui-même, se défaire de ses mauvais penchants commence par sacrifier sa partie animale. Durant cette première période, tout contact avec du pain, symbolisé par le mauvais penchant, est totalement proscrit. C’est la fête de Pessa’h qui nous invite à rester fondamentalement humble en ne mangeant que de la Matsa (sans levain). Une fois sorti d’Égypte, chaque individu commence par démultiplier ses compartiments sentimentaux et à les raffiner l’un après l’autre La traversée de la mer rouge marque ensuite la première étape libératrice. L’Égyptien étant noyé, il ne peut plus attaquer. En parallèle, une semaine a permis de raffiner totalement le premier sentiment de bonté en évoquant les autres sept attributs2. Un tour de cadran est marqué. Le ‘Hamets est autorisé. Mais il ne peut pas faire l’objet d’une offrande, car il n’a pas encore acquis une dimension saine. ration physique de l’Égypte n’est en réalité qu’une étape dans l’affranchissement personnel des propres penchants de l’homme permettant de se préparer convenablement à recevoir la Tora avec joie et profondeur. Ce n’est qu’à la fin seulement du processus de raffinement au 49e jour3, lorsque les sept attributs dans toutes leurs combinaisons (7x7) brilleront, que nous célébrons la transformation de notre âme animale sous la forme de l’offrande des deux pains ‘Hamets, marquant que même la dimension de pain qui était proscrite auparavant est à présent l’objet d’une dimension hautement spirituelle. Cette journée est marquée par le mérite de Rabbi Chimon Bar Yo’haï, révélateur des profondeurs de la Tora. Il démontra que l’âme de la Tora ne peut être dissociée de sa dimension visible et corporelle. Ce jour de Chavouoth, appelé le 50e jour, révèle la cinquantième dimension, celle qui ne peut être atteinte par l’effort de l’homme, mais qui nous vient en cadeau de D.ieu quand l’homme a fait son maximum. Cela explique pourquoi le Roi Salomon écrivit « Le Roi me conduit dans ses appartements », car nul ne peut s’introduire dans les appartements de D.ieu sans y être escorté, comme pour signifier ce niveau supplémentaire qui est un véritable cadeau divin. La sortie d’Égypte amorce un processus qui trouve son dénouement et son apogée avec le don de la Tora. La libé- 1. Le terme « Sefirat » provient du mot « Saphir » qui indique l’objectif de la période. A l’image d’un diamant qui ne livre son éclat que lorsqu’il est taillé, les sentiments ne brillent véritablement qu’après avoir été raffinés par une phase de polissage.. 2. Vous remarquez que chaque jour qui passe une combinaison des 7 sentiments est cité dans le texte du compte du Omer. Exemple : 1er jour ‘Hessed de ‘Hessed, 2e jour Guévoura de ‘Hessed et ainsi de suite jusqu’au 49e jour. 3. L’avancement se fait progressivement : en premier lieu il y a Pessa’h Chéni, le deuxième Pessa’h qui permet de manger le ‘Hamets et la Matsa en même temps. En effet, nous nous trouvons au premier jour de la cinquième semaine. Le raffinement des attributs de la personnalité est entamé, l’évolution personnelle prend une forme affirmée, le ‘Hamets est moins influent et se voit donc autorisé. Puis au 33e jour de Lag Baomer, marquant la concrétisation de ce raffinement avec le degré de « ‘Hod de ‘Hod », les attributs dont la vocation est l’évolution personnelle viennent de terminer leur processus d’élévation. S.A.B Print Vente d’espace publicitaire La Régie Publicitaire de Neuilly Paris Ouest recherche Commercial(e) expérimenté(e) Contactez : Pascal Karsenti Tél. : 06 07 52 93 55 - 01 30 25 25 57 Mail : [email protected] N°57 • Juin 2016 11 Neuilly Paris Ouest VIE Juive Et tout le peuple voyait des voix … Par David Checoury Une vision prodigieuse « Et tout le peuple voyait les voix et les flammes et le son du chofar et la montagne en fumée ; le peuple vit, recula et se tint au loin. » Exode, 20, 15. Cette vision, que l’on pressent être d’une nature aussi mystérieuse qu’exceptionnelle, est celle à laquelle ont pourtant assisté, pétrifiés, les Israélites au pied du mont Sinaï dans un spectacle infiniment plus grandiose que la plus audacieuse des réalisations hollywoodiennes. Chavouoth. Ce moment exceptionnel, où D.ieu s’est révélé, est certainement l’évènement le plus important qu’ait connu l’humanité. Car en effet, le contenu de cette révélation est universellement reconnu comme étant la charte morale de l’humanité. Ils venaient de recevoir les dix Paroles de la bouche de l’Eternel. Un peu plus loin, Rachi nous dit sur le verset de l’Exode 24, 12 qu’en fait, tous les 613 commandements étaient contenus dans les dix Paroles !!! Le verset cité plus haut nous dit qu’ils voyaient des voix. Comment comprendre cette expression très étonnante ? Entendre des voix, certes, mais comment comprendre « voir des voix » ? Comment percevoir des sons qui, par nature, sont immatériels ? A évènement exceptionnel, perception unique ? Comment deux sens apparemment distincts, à savoir la vue et l’ouïe, ont-ils alors communiqué voire communier lors de ce moment unique dans les annales de l’histoire ? Ce don de la Tora est précisément l’évènement que nous célébrons à Pour épaissir le mystère, Rachi qui habituellement procure une clé pour 12 N°57 • Juin 2016 la compréhension littérale du verset, nous confirme « qu’ils virent ce qui s’entend, chose impossible à réaliser dans d’autres circonstances ». Vision donc prodigieuse dans sa modalité de communication totalement inédite. C’est cette vision mystérieuse qu’il est nécessaire de comprendre car l’éclairer, c’est peut-être trouver la clé qui a valu au peuple d’Israël de mériter le don de la Tora. La Torah préalablement proposée aux nations En effet, avant d’offrir la Tora à Israël, le Très Haut l’avait proposée aux autres nations. Mais celles-ci l’ont refusée tour à tour comme le montre le midrach bien connu dans le traité d’Avoda Zara 2,b relaté ci-dessous. D.ieu s’est adressé aux nations l’une après l’autre. Ainsi demanda-t-Il au peuple d’Esaü : « Voudriez-vous accepter la Tora ? ». Ce dernier se renseigna en demandant « Qu’est-il exactement écrit dans cette Tora ? » D.ieu répondit : « Tu ne tueras point ». « Mais, s’exclama Esaü, n’est-ce pas cela l’essence même de ma nature ? N’est-ce pas précisément avec ces paroles qu’autrefois mon aïeul Isaac me bénit lorsqu’il dit « Tu vivras par le glaive » ? Comment donc pourrais-je accepter une telle loi ? » . Et c’est ainsi qu’Esaü déclina. Puis D.ieu se tourna vers Ismaël : « Acceptes-tu ma Tora ? » Ismaël de demander : « Qu’y est-il marqué ? ». Réponse : « Tu ne voleras point ». Il rétorque : « Mais le vol est ma nature ! C’est bien ce que l’ange prédit autrefois à ma mère Hagar, lorsque celle-ci se trouva désespérée dans le désert : Hagar, tu auras un enfant « Veyado bakol », il pillera, il rapinera, il ravira ! Une telle loi contredit donc le fond même de mon caractère. » Ismaël déclina aussi. Puis c’est à Moab et à Ammon que D.ieu s’adressa. Ceux-ci aussi se renseignèrent sur le contenu de la Tora. « Tu ne commettras pas d’adultère » s’entendirent dire ces deux nations. « Mais Maître du monde, ne sommes-nous pas, tous les deux issus de la relation adultérine entre Loth et ses deux filles lors de leur fuite de la ville de Sodome... ? Et c’est à nous que Tu demandes d’accepter cette Tora ? » Ils déclinèrent tout autant. Na’assé Venichma ou les deux couronnes de gloire d’Israël Finalement c’est au peuple juif que la Tora fut proposée et qu’elle échut. Celui-ci ne posa aucune question contrairement à tous les autres peuples du monde. Il n’exigea pas non plus quelque condition préalable. Car, en effet, un peu plus loin, au chapitre 24 de l’Exode verset 7, Israël à l’unisson déclara le très célèbre “Na’assé venichma”. ”Tout ce que Hachem a dit nous le ferons et nous l’accomplirons. » Telle fut sa réponse toute aussi instantanée qu’inconditionnelle. Ce blanc-seing, donné par Israël, d’accepter le contrat de la Tora sans en connaitre les clauses est le grand mérite d’Israël, comme ceci est illustré dans un célèbre passage du Talmud (traité de Chabbat 88,a). Rabbi Simaï explique : « Lorsqu’Israël prononça Na’assé avant Nichma, ou « nous ferons » avant le « nous entendrons », 600 000 anges se rendirent auprès de chaque Juif et attachèrent deux couronnes sur la tête de chacun d’entre eux, l’une pour Na’assé et l’autre pour Nichma. Cette affirmation « nous ferons et nous entendrons » équivaut à l’engagement d’exécuter les commandements de D.ieu avant même d’entendre ce qu’implique réellement l’observance de ces commandements. C’est-à-dire tout ce que D.ieu exigera, sans en connaitre le contenu d’avance, nous proclamons que « nous le ferons » et maintenant, nous sommes prêts à écouter « nous écouterons » les exigences. Voir et entendre dans la Cabale Hokhmah et Bina Revenons à notre question liminaire. Quelle était la modalité de cette vision prodigieuse à laquelle ils ont assisté durant laquelle ils « virent des voix » ? Et quel rapport y a-t-il avec leur mérite d’avoir dit Na’assé Venichma ? Dans la Cabale, il y a, parmi les dix séfirot, deux qui correspondent respectivement à la vue et à l’ouïe : la Hokhmah correspond à la vue, la Bina à l’ouïe. La Hokhmah, communément traduite par sagesse, c’est la perception première que l’on a des choses, la Bina, quant à elle, c’est l’extension intellectuelle et rationnelle de cette première perception. Ainsi, lorsque nous observons un phénomène, nous le percevons dans sa totalité, dans sa forme générale. Nous en percevons de manière synthétique son essence, ce que Kant appelle « l’en soi ». L’écoute, elle, exige de son côté l’analyse, car elle doit rassembler différents morceaux du réel pour se reconstruire. La différence fondamentale qu’il y a entre voir et entendre, c’est que nous pouvons en un instant voir une quantité incroyable d’informations alors qu’on ne peut écouter qu’un seul son à la fois. L’inversion des sens, « voir des sons », l’absence de frontière entre la vue et l’ouïe a rendu la révélation de D.ieu surnaturelle, prodigieuse. Le peuple devait voir ce qui est habituellement entendu afin de recevoir toute la Tora car seule la vue permet de recevoir un nombre considérable d’information en un instant. Le peuple a alors reçu une vision complète de la Tora qui ne forme qu’un seul tout. Il fut alors capable d’embrasser d’emblée d’un seul regard l’ensemble complexe de la Tora. Il a, alors, d’instinct reconnu la véracité de cette fresque grandiose. Il a compris la portée générale de ce qui lui était donné à voir et d’un cri du cœur a prononcé le « nous ferons et nous comprendrons ». Ce fut là son immense mérite par rapport aux autres peuples. Voilà pourquoi la fête de Chavouoth est aussi appelée « zman matan toratenou ». Le temps du don de notre Tora. Notre Tora, car comme nous venons de le dire, nos ancêtres ont su en être dignes. Nous serons dans quelques jours nous-mêmes au pied du mont Sinaï. Soyons prêts à accueillir la Tora et à la mériter !!! N°57 • Juin 2016 13 Neuilly Paris Ouest VIE Juive La Tora a besoin des femmes Entretien avec Madame Joëlle Bernheim, Directrice de la Maison d’Etude Juive Au Féminin, Psychanalyste. Mme Joëlle Bernheim, pouvez-vous nous présenter en quelques mots le «Beit Midrach Lenachim», la Maison d’Etude Juive Au Féminin que vous avez créée il y a quelques années ? Joëlle Bernheim : Nous clôturerons sous peu, avec un Siyoum festif (le 29 juin), la quatrième année d’existence de notre Beit Hamidrach, notre Maison d’Etude Juive Au Féminin, dans les locaux de la Synagogue de la Victoire. La Maison d’Etude, c’est 20 heures de cours par semaine, un dimanche d’étude et de réflexion thématiques par mois, un séminaire de préparation aux fêtes de Tichri ainsi qu’un séminaire d’été à Jérusalem (en partenariat avec la Midrasha Nishmat). Des cours dans tous les domaines de l’étude juive, et toujours sur textes. En hébreu, avec l’assistance de traductions si nécessaire. Nous souhaitons donner aux femmes qui le souhaitent un accès direct aux textes du judaïsme et à l’étude, favoriser une autonomisation progressive, et l’acquisition d’une culture juive à hauteur de la culture générale qui est la leur. Faire découvrir la richesse de notre patrimoine, éveiller la joie et la passion de l’étude de la Tora qui ne lâchent plus ceux qui la découvrent, le désir de partager et de transmettre. Nous proposons d’abord des cours d’initiation. C’est indispensable pour permettre aux personnes qui ne savent pas encore lire l’hébreu de nous rejoindre, mais également pour désamorcer l’appréhension qui saisit souvent les femmes à l’idée de se confronter directement aux textes. Et pourtant femmes et hommes ont entendu également la parole divine au Sinaï ! Le corps du programme c’est une série de cours de Tora et Bible avec commentaires, de philosophie juive, mais également, et c’est ce qui fait notre spécificité : des enseignements de Michna, Guemara (Talmud) sur deux niveaux, de Halakha (Loi juive). Ceci nous paraît fondamental. En effet, il ne suffit plus de connaître les règles halakhiques au quotidien. On n’est plus au temps où l’on pratiquait les Mitsvot « parce que c’est comme ça », ou « parce qu’on a toujours fait comme ça ». Il est important d’expliquer aussi comment fonctionne la Halakha, la Loi juive ; de démonter le processus halakhique, les notions clés, les règles de raisonnement, et comment se fixe la Halakha. Cela lui confère ses lettres de noblesse. 14 N°57 • Juin 2016 Quels objectifs étaient les vôtres en fondant cette institution unique en France ? J. B. : On assiste depuis une cinquantaine d’années à un immense développement de l’étude juive en Israël et aux Etats-Unis. On ne compte plus les Midrachot et séminaires qui dispensent des enseignements diplômants ou non, qui offrent une formation profonde et complète dans tous les domaines de l’étude juive, qui autorisent les femmes qui les suivent, à devenir elles aussi des maîtres reconnus, des relais de transmission de qualité. Or en France, rien de tel. Il y a bien sûr de très nombreuses structures qui dispensent des cours et conférences de Tora à destination des hommes et des femmes également. Mais il n’existe pas de lieu, ou trop peu, accessible aux femmes également, leur dispensant un enseignement sur textes avec les outils « techniques » indispensables pour progresser, leur offrant un programme complet et structuré dans tous les domaines de l’étude juive. Si un homme décide de se plonger dans l’étude des textes sacrés, nombre de Yechivot ou Batei-Midrach lui sont accessibles. Pour une femme cette possibilité n’existe pas. Quel gâchis ! Quel dommage ! Les femmes aussi ont besoin de la Tora : sans l’étude de la Tora notre judaïsme se dessèche et se flétrit comme une plante qui ne serait plus suffisamment abreuvée. Mais je dirais aussi que la Tora a besoin des femmes. L’apport de la voix féminine, d’une voie proprement féminine, est vital pour la communauté de demain. C’est un apport, un enrichissement, dont on ne peut se passer. Quels cours y sont enseignés ? Quel est le profil des étudiantes qui le fréquentent ? J. B. : Nos cours sont répartis sur trois soirées, une journée pleine: le mardi, ainsi que le dimanche matin. C’est en tout une douzaine de cours qui sont proposés. L’idéal pour acquérir une formation complète: les suivre tous. Et puis on sait bien que plus on consacre de temps à l’étude, mieux on progresse, et plus on en tire de satisfactions. Mais possibilité est laissée de suivre un ou plusieurs cours, sans suivre le cursus complet. Nous nous sommes entourés des maîtres et enseignants les plus qualifiés dans leur domaine, hommes et femmes. Tous ont à cœur de proposer une pédagogie dynamique et active. Favoriser un niveau d’engagement, d’implication dans le processus d’apprentissage qui soit maximal. Encourager la révision, le travail en binôme (h’avrouta), en petits groupes. Nos étudiantes, appartenant à toutes les tranches d’âge, et issues des horizons les plus divers de la Communauté, l’ont compris et l’apprécient. Elles apprécient aussi la richesse que cette diversité des profils apporte. Après quelques années de fonctionnement, quel bilan faitesvous ? Votre principal sujet de satisfaction ? Votre principal regret? Votre principal espoir ? J. B. : Un bilan très globalement positif, notre Maison d’Etude s’enracine et se développe. Elle répond à une vraie attente. C’est un projet ambitieux, exigeant et novateur. Suivre nos programmes, pour en tirer bénéfice demande engagement, régularité et persévérance. Nombre de femmes l’ont compris et ont franchi notre porte. Nous attendons encore celles, plus nombreuses encore, qui y songent, car elles nous le disent. Le regret me tient lieu d’espoir ! En effet, mon regret est de n’avoir pas jusqu’à présent pu constituer un noyau de femmes étudiant à mi-temps, ou mieux à plein temps. Ce serait d’un apport considérable pour la Communauté et pour ellesmêmes bien sûr. Eveiller des vocations auprès d’étudiantes entre deux cycles d’étude, ou en fin d’études, femmes en pause professionnelle, entre deux emplois etc… C’est possible. Ça ne s’est pas fait hier, ni aujourd’hui, ce sera pour demain ...Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve ! N°57 • Juin 2016 15 Neuilly Paris Ouest HORAIRES DE CHAVOUOTH 5776/2016 à la synagogue de Neuilly Samedi 11 juin (veille de fête) matin soir 9h00 minh’a 20h00 arvit 20h45 (pas de séouda Chélichite à la synagogue) Fin de chabbat à 23h00 Veillée d’étude au Centre Communautaire à partir de 00h30 La veillée sera suivie d’un premier office de chah’arit à l’aube Dimanche 12 juin (1er jour de fête) 9h00 lecture des 10 commandements 20h00 19h00 : Lecture du Rouleau de Ruth (1ère partie) et des Azharot Chavouoth pour les enfants Lecture des 10 commandements au Centre Communautaire - 1er étage pour les enfants de 3 à 10 ans à 11h00 Distribution de glaces Pour tous à partir de 13h00 grand repas « ‘halavi » au Centre Communautaire-rdc P.a.f : 25 euros – inscriptions et règlements au 01 47 47 78 76 - poste 4 Lundi 13 juin (2e jour de fête) 9h00 yizkor minh’a à 21h30 maariv à 23h01 20h30 : Lecture du Rouleau de Ruth : (2e partie) et Azharot Cours du Rabbin M. Azoulay Samedi 11 juin à 19h00 : La Torah écrite a-t-elle été accompagnée d’une tradition orale ? Lundi 13 juin de 22h00 à 23h00 : Les étudiants des Yechivot (écoles talmudiques) doivent-ils faire l’armée ? 16 N°57 • Juin 2016 Prescriptions pour Chavouoth Chavouoth pèlerinages, les Chaloch régalim. est la 2e des 3 fêtes de Ces trois fêtes de pèlerinages sont toutes liées à l’histoire de la sortie d’Egypte : Pessa’h commémore la sortie d’Egypte des enfants d’Israël après 400 ans d’esclavage, Soukot, la vie des enfants d’Israël dans le désert et Chavouoth le don de la Torah au mont Sinaï. Ces 3 fêtes étaient également célébrées à l’époque du Temple par un pèlerinage à Jérusalem où étaient offerts les premiers fruits des récoltes. Chacune de nos fêtes est caractérisée par une mitsva qui lui est spécifique : le Chofar à Roch Hachana, le loulav ou la Souka à Soukot, la Matsa à Pessa’h… Chavouoth est la seule fête qui ne semble pas être marquée par une mitsva qui lui est dédiée : c’est en fait l’étude de la Torah qui est au cœur de la célébration de Chavouoth, et qui est mise en valeur au travers de la veillée qui a lieu la 1ère nuit de la fête. La Méguila de Ruth est lue pendant Chavouoth. Ruth, la moabite se convertit au judaïsme et accepte toute la Torah, tels les Hébreux au pied du Sinaï. Elle est également la grandmère du roi David qui naquit et décéda à Chavouoth. Cette année Chavouoth commence samedi soir 11 juin à l’issue du Chabbat. Bien que l’on puisse commencer la prière du soir en communauté, avant la nuit complète, il faudra faire attention à ne pas utiliser de flamme (allumée avant Chabbat) ou transporter à l’extérieur avant la sortie du Chabbat à 23h00. Il faudra également attendre 23h00 pour réciter le kiddouche de la fête à la maison dans lequel sera inclus la havdalah (se reporter au Mahzor). Dans toutes les communautés, sont organisées des veillées d’études, durant lesquelles on étudie ou on lit le Tikoun, qui est une compilation de textes choisis par nos sages. Dès l’aube, on commence la prière du matin durant laquelle sont relus les 10 commandements (Exode 20). Cette lecture constitue pour nous une nouvelle acceptation de l’ensemble de La Torah et de ses commandements. Il est également de tradition durant Chavouoth de fleurir les maisons et les synagogues, pour rappeler que le mont Sinaï s’est mis miraculeusement à fleurir lors de la révélation de D.ieu. On consomme des mets lactés (ou le fameux gâteau au fromage…) durant les repas de fêtes car la Torah est nourrissante comme le lait et nous devons toujours l’avoir à la bouche comme le rappelle le verset du Cantique des Cantiques (IV, 11) : du lait et du miel coulent sous ta langue… N°57 • Juin 2016 17 Neuilly Paris Ouest Horaires des offices de la semaine (sauf jours de fête) Dimanche et jours fériés • Cha’harit : 8h00 שחרית • Min’ha et Maariv : 19h30 מעריב מנחה Du Lundi au Jeudi • Cha’harit : 7h00 שחרית • Min’ha et Maariv : 19h30 מעריב מנחה Vendredi • Cha’harit : 7h00 שחרית • Chir hachirim : 19h00 • Min’ha Arvit : 19h15 מנחה Chabbat Samedi Matin • Synagogue à 9h00 • 2e office au CCJC à 9h00 • Cours de Rav Azimov à 12h30 à la synagogue (1er étage) • Samedi après-midi 1h30 avant la fin de chabbat • Maariv à la fin de Chabbat PROGRAMME DES COURS DU RABBIN M.AZOULAY, JUIN-JUILLET 2016 (sous réserve de changements d’intervenants et d’horaires) : Le choix des thèmes comme la matière à réflexion proviennent, à quelques exceptions près, d’un ouvrage publié l’année dernière de Haïm Navon, rabbin de Modi’in, enseignant en Torah dans des Yéchivot, centres d’étude et Mikhlalot. Auteur de neuf livres (publiés en hébreu), dont un best-seller, « Eve n’a pas mangé une pomme - 101 erreurs répandues au sujet du judaïsme ». Sa dernière œuvre est « Teqou - 101 grandes controverses du judaïsme ». Les sujets sont généralement en rapport avec la Paracha de la semaine. SAMEDI 11 JUIN, 19h : (veille de Chavouoth) La Torah écrite a-t-elle été accompagnée d’une tradition orale ? LUNDI 13 JUIN (Chavouoth), entre Min’ha et Maariv ? De 22h00 à 23h00 : Les étudiants des Yéchivot (écoles talmudiques) doivent-ils faire l’armée ? SAMEDI 18 JUIN, à 20h30 : Retrouvera-t-on un jour les dix tribus perdues ? SAMEDI 25 JUIN, à 20h30 : Un juif a-t-il le droit d’étudier les sagesses des nations ? SAMEDI 2 JUILLET, à 20h30 : Les débats autour du fil « bleu azur » de nos jours. SAMEDI 9 JUILLET : CHABBAT LIMOUD, 1er cours à 18h ; dernier cours à 20h15 : 20h15 : Qui est l’auteur du Zohar, et a t-on le droit d’étudier la Kabbale avant l’âge de 40 ans ? SAMEDI 16 JUILLET, à 20h15 : A quoi reconnaîtra t-on le messie ? (Selon Maïmonide). SAMEDI 23 JUILLET, à 20h : Dieu se soucie t-Il des animaux? SAMEDI 30 JUILLET, à 19h45 : Israël est-il soumis au destin ? 18 N°57 • Juin 2016 Dates et horaires à retenir : (sauf jours de fête) Fêtes de TICHRI 5777 Début des séli’hot séfarades : lundi 5 septembre 2016 Début des séli’hot achkénazes (et grandes séli’hot pour tous) : dimanche 25 septembre 2016 Roch Hachana 5777 : lundi 3 et mardi 4 octobre 2016 Jeûne de Guédaliah : mercredi 5 octobre 2016 Chabbat Chouva : samedi 8 octobre 2016 Yom Kippour : mercredi 12 octobre 2016 Soukot : du lundi 17 octobre au dimanche 23 octobre 2016 Chémini Atséret et Sim’hat Torah : lundi 24 et mardi 25 octobre 2016 La vente des places pour les fêtes de Tichri débutera à partir du jeudi 2 juin, aux horaires du secrétariat au 01 47 47 78 76 poste 4. CONSIGNES DE SéCURITé SYNAGOGUE DE NEUILLY ANCELLE - CCJC • Ne laissez jamais les portes ou les fenêtres ouvertes sans surveillance. • Si vous voyez une personne au comportement suspect (ou un véhicule stationné aux abords de la synagogue et du centre communautaire), signalez-la aux policiers, aux agents de sécurité, à un permanent ou à un administrateur de la synagogue. • Si une personne veut rentrer en même temps que vous à la synagogue ou au centre communautaire et que vous avec un doute sur celle-ci, signalez la discrètement à un agent de sécurité, un permanent ou un administrateur. • Si vous voyez un objet abandonné dans la synagogue ou le centre communautaire, n’y touchez pas : prévenez immédiatement un agent de sécurité, un permanent ou un administrateur. • Arrivez à l’heure lors des cours et activités dispensées au centre communautaire. • Ne pas stationner devant la synagogue ou le centre communautaire en dehors des places autorisées. • à la fin des offices et des activités, ne restez pas devant la synagogue ni devant le centre communautaire, évitez tout attroupement et dispersez-vous rapidement. • Acceptez calmement les consignes de sécurité des personnes qui sont là pour vous protéger. • Respectez les personnes qui vous protègent. N’oubliez pas que pendant que vous priez à l’intérieur, ils veillent sur vous à l’extérieur. LA SéCURITé C’EST SIMPLE SI TOUT LE MONDE Y PARTICIPE LA SYNAGOGUE EST VOTRE MAISON, PROTéGEZ-LA ! La Commission administrative N°57 • Juin 2016 19 DEVENEZ MEMBRE centre communautaire & saison FICHE D’INSCRIPTION 2015-2016 NOM 5776 PRÉNOM ADRESSE CODE POSTAL VILLE TEL E-MAIL pour recevoir la newsletter et les infos du centre ATELIER(S) / COURS souhaité(s) RÈGLEMENT cotisation chèques à l’ordre de CINA DATE NAISSANCE FOURNIR UNE PHOTO D'IDENTITÉ POUR VOTRE CARTE par courrier ou par mail [email protected] Cotisation Individuelle : Cotisation Famille (4 pers.) : Cotisation de Soutien : Cotisation de Bienfaiteur : Cotisation Couple : ou CCJC + AMEN 70 euros 210 euros 250 euros 500 euros 140 euros 120 euros > après déduction fiscale : 23,80 € > après déduction fiscale : 71,40 € > après déduction fiscale : 165,00 € > après déduction fiscale : 330,00 € > après déduction fiscale : 40,80 € Cotisation assimilée à un don déductible des impôts à 66%. Un reçu CERFA vous sera délivré avec votre carte de membre. Cotisation 5776, valable de septembre 2015 à septembre 2016. > Directrice : Lise Benkemoun du lundi au jeudi de 9h30 à 18h30 Téléphone : 09 54 38 37 92 ou 06 43 72 64 25 Bureau situé au rez-de-chaussée du CCJC E-mail : [email protected] > Coordination : Emmanuelle Allouche lundi, mardi et jeudi de 9h00 à 16h00 mercredi de 9h00 à 12h00, vendredi de 9h00 à 12h30 Téléphone : 01 47 47 78 76 poste 6 - Fax : 01 47 47 54 79 Bureau situé au 1er étage de la synagogue E-mail : [email protected] du Centre Jérôme Cahen culturel de Neuilly-Ancelle > Accédez aux 20 ATELIERS ET COURS > Bénéficiez de tarifs préférentiels pour les ÉVÉNEMENTS > Accédez aux MANIFESTATIONS « membres » Vous pouvez aussi adhérer en ligne sur le site : CARTE DE MEMBRE BIENFAÎTEUR CARTE DE MEMBRE www.ccjc-neuilly.com votre photo 2015/2016 57 76 2015/2016 NOM 57 76 PRÉNOM PRÉNOM # # > Direction des réceptions : Moché Taïeb Téléphone : 01 47 47 78 76 poste 7 ou 06 60 45 90 95 E-mail : [email protected] NOM Tribune libre La résolution du 11 avril de l’UNESCO a t-elle seulement un sens, si ce n’est de trahir une fois de plus notre héritage judéo-chrétien ? Par Monsieur Jean-Christophe Fromantin, Maire de Neuilly-sur-Seine, Député des Hauts-de-Seine Q uand l’ONU a lancé en 2005 le programme « Alliance des civilisations » pour créer des ponts entre les civilisations, elle aurait du préciser que cette initiative se ferait dans le respect des religions. Car, à lire la Résolution du 11 avril de l’UNESCO, on en vient à douter très sérieusement, non seulement du principe de neutralité politique de cette organisation, mais aussi, et surtout, de sa neutralité religieuse. pante, car elle fait voler en éclat la genèse de la Bible pour attribuer tout le périmètre culturel et religieux de Jérusalem-Est à l’Islam. Elle oublie sciemment l’existence du Temple de Jérusalem, elle oublie la Bible, elle oublie les fondements du Judaïsme mais également ceux du Christianisme. Cette résolution est un coup dur porté à notre héritage judéo-chrétien. Mais ce qui est encore plus inattendu – si tant est, malheureusement, que la position de l’UNESCO soit véritablement sur« Israël, Puissance occupante ». C’est en prenante – c’est la position de la France. trahissant dès le départ par cette formule Notre pays s’est engouffré dans la brèche, son état d’esprit – par une connotation très confirmant implicitement cette laïcité norpolitique hors de son champ d’action – en mative qui prend petit à petit le dessus sur réitérant à chaque paragraphe de sa résoAlberto Gabai, Jean-Christophe Fromantin, Maire lution des termes très durs vis à vis d’Israël le respect des religions. Malheureusement, de Neuilly, Philippe Karsenty, Adjoint-au-Maire, et en nommant son document « Palestine je ne crois pas que la position française soit devant le Kotel à Jérusalem occupée » que l’UNESCO remet en cause une simple erreur de nos diplomates, ni le les bases mêmes du judaïsme. Car cette Résolution n’est pas fait d’un vote précipité de leur part, c’est une fois de plus un de neutre – au prétexte de la sauvegarde du statut quo – ni vraiment ces signaux qui montre notre difficulté à inscrire notre avenir dans géopolitique, elle est bien plus que cela, elle procède d’une option l’héritage religieux qui fonde nos valeurs. Pas sûr, avec ce type d’attitude, que l’initiative française pour la paix au Proche-Orient politique délibérée en faveur de l’Islam et du bloc des pays arasoit en capacité de prospérer … bo-musulmans qui porte cette demande. Elle est grave et préoccu- N°57 • Juin 2016 25 Neuilly Paris Ouest Tribune libre Toujours croire en l’avenir ! Par Me Ariel Goldmann, Président du Fonds Social Juif Unifié, de l’Appel Unifié Juif de France et de la Fondation du Judaïsme Français C ’est avec une immense joie que je réponds à la demande des responsables de la communauté de Neuilly de m’adresser à elle au travers de ce billet. Je le fais avec d’autant de plaisir que de nombreux liens familiaux et amicaux me rattachent à cette belle communauté et que des souvenirs remontant à l’enfance autour de la personnalité du Grand Rabbin Jérôme Cahen zal, avec lequel j’ai participé à mon premier camp de jeunes, me reviennent en mémoire. Il y a un peu plus de deux ans, en avril 2014, j’ai été élu Président du Fonds Social Juif Unifié, de l’AUJF et de la Fondation du Judaïsme français. Deux ans qui sont passés vite, mais aussi deux ans qui nous font remonter à une autre époque : à celle où il n’y avait eu ni le musée juif de Bruxelles, ni Charlie, ni l’Hyper Cacher, ni les attaques de Copenhague ni le Bataclan. Bref, même si j’avais pu vivre de très près les drames d’Ilan Halimi et de Toulouse, ainsi que ces dizaines d’actes antisémites hebdomadaires que nous dénombrons depuis trop d’années, on peut affirmer sans exagérer que nous sommes entrés, pour la France et pour les français juifs, dans une autre ère. Et pourtant, quels que soient les dangers, quels que soient les défis pour l’avenir, si nombreux soient les départs vers Israël ou ailleurs, nous devons, fidèles à notre tradition et à l’exemple de nos aînés, sans cesse nous relever, nous battre et faire en sorte que chaque juif puisse vivre en paix et paisiblement là où il le souhaite. Il pèse notamment sur notre communauté des menaces, réelles, concrètes, nul ne peut l’ignorer, mais en ces temps troublés, nous devons continuer à garder espoir et faire la démonstration de notre force. Le Fonds Social Juif Unifié, à travers la collecte de l’Appel Unifié Juif de France a pour mission d’aider ceux qui doivent faire face à différentes formes d’exclusion. Dans un contexte d’antisémitisme qui ose dire son nom ou continue de se cacher sous les habits de l’antisionisme, les plus fragiles d’entre nous luttent également contre la précarité du quotidien. Nous tentons d’apporter des réponses concrètes à ces personnes et ces familles en difficulté, grâce à différents programmes sociaux dont le Fonds d’Urgence Solidarité. Ce programme permet de débloquer en quelques heures des situations de crise : menaces d’expulsion dues à des loyers impayés, dettes liées aux factures courantes (gaz, électricité), frais d’hospitalisation, accidents de la vie… Des actions qui permettent 26 N°57 • Juin 2016 à ceux qui en besoin de rebondir, et offrent une autre vision de l’avenir. Depuis plus d’un demi-siècle, le FSJU s’engage également à préserver l’identité juive de France, en promouvant une culture ouverte sur la Cité, l’éducation, la vie associative et la jeunesse. Il octroie des subventions aux associations qui œuvrent dans tous ces domaines. La jeunesse juive reste parmi les priorités de notre institution à travers le programme Noé, qu’elle soutient, et dont l’ambition est de renforcer l’identité juive des jeunes. Dans ce cadre, des actions variées sont menées : journées d’engagement solidaire, pratique de l’hébreu, bourses vacances, accompagnement de jeunes actifs dans le développement de projets innovants… Autant d’initiatives qui font de la jeunesse l’un des espoirs de notre communauté. à travers des cadres impliqués, elle restera forte et unie et ce malgré les vagues successives d’aliyah. C’est en misant sur la jeunesse que le FSJU entend pérenniser la présence juive en France ou armer ceux qui ont besoin d’une identité forte et ancrée. Si je cite ces exemples, c’est pour rappeler que, fidèle à sa tradition, le FSJU reste constant dans l’action avec ce principe cher à l’un de mes prédécesseurs, David de Rothschild : faire sans dire. Bien souvent, il est demandé au dirigeant communautaire que je suis de prendre position sur des sujets fort éloignés du champ d’action des institutions que je préside. Je me fais un devoir de refuser, estimant que chacun doit rester à la place qui est la sienne et accomplir la mission pour laquelle il a été placé là où il est. J’essaie, du mieux que je peux, de mettre en pratique quelques unes des 48 vertus citées par la Michna 6 du Traité des Pères (PIRKE AVOTH) que nous avons l’habitude de lire en ce moment chaque chabbat : « … la connaissance de son rang, la satisfaction de ce que l’on possède, la modération des propos. » C’est cette notion de « connaissance de son rang » ou plus simplement de savoir rester à la place qui est la sienne qui me paraît cardinale et demeure pour moi une ligne de conduite dont j’essaie de ne pas m’écarter. Faisons en sorte de toujours agir dans cet état d’esprit, de façon positive et énergique et ayons pour réponse, en ces temps troublés, de toujours croire en l’avenir. L’ISF vous concerne ? En 2016, la Fondation FSJU a besoin de votre don ISF pour financer des actions sociales et éducatives indispensables, en France et en Israël. En France, la précarité continue de sévir. Le sentiment de vulnérabilité de la communauté s’accentue. Un Fonds d’Urgence Solidarité permet de répondre aux situations de crise, en débloquant les ressources nécessaires en quelques heures. La Fondation FSJU finance également des bourses cantine pour permettre à tous les enfants, sans exception, de déjeuner dans leur école. Pour la Fondation FSJU, la transmission de l’identité, le rayonnement de la culture juive et le renforcement de l’engagement des jeunes sont des missions prioritaires. En Israël, la fracture sociale s’aggrave. La Fondation FSJU participe à un programme d’aide auprès des populations en difficulté. Le programme permet une distribution de produits de première nécessité. Pour les personnes âgées s’ajoutent des bons d’achat pour des médicaments. Des cours sont proposés aux enfants en situation d’échec scolaire. Pour les plus jeunes, des activités d’éveil sont organisées. La Fondation FSJU soutient des actions d’aide aux adolescents en difficulté. Votre don à la Fondation FSJU, sous l’égide de la Fondation du Judaïsme Français, est déductible à 75 % de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune. Pour une information en toute confidentialité Fondation FSJU – Esther Fargeon 01 42 17 11 38 ou [email protected] sous l’égide de la Fondation du Judaïsme Français L’ISF, POUR LES PAUVRES AVANT TOUT ! Gabriel VADNAI Délégué général aux dons et legs de la Fondation CASIP-COJASOR La loi TEPA, promulguée en 2007, a réjoui les fondations sociales, en particulier juives, dans la mesure où elle permettait aux contribuables de se libérer de leur Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) à leur profit. Avec une certaine générosité – qui va dans le sens d’une meilleure efficacité de l’action sociale, l’État permettait aux contribuables de choisir le destinataire de leur impôt, celui qu’ils jugeaient le plus capable de remplir la mission sociale. Sous la pression de différents intervenants, le législateur a étendu les destinataires possibles de l’ISF, au point que certains ont appelé la loi TEPA « la loi anti-ISF ». Aux fondations se consacrant uniquement ou essentiellement à l’action sociale se sont ajoutées les FCPI, les FIP, les PME, à but tout à fait lucratif, mais aux gains très incertains, et de nombreux organismes aux objectifs les plus variés (universitaires, artistiques, économiques), dont la solidarité est généralement absente de leurs buts. Revenons à l’essentiel : la solidarité, comme nous la comprenons dans la communauté juive, c’est l’aide aux plus démunis, c’est la création de structures répondant aux besoins des personnes en difficulté, personnes âgées, handicapés, infirmes … C’est un don sans contrepartie financière, … mais avec une énorme contrepartie morale et personnelle. Disons-le, même si la loi semble affirmer une position différente, l’ISF devrait être destiné d’abord, et peutêtre uniquement, aux pauvres. Le contribuable affirme parfois avoir des difficultés à choisir le ou les bénéficiaires de sa générosité. Pourtant le nombre de fondations (et non d’associations, car celles-ci sont exclues de la loi) se consacrant essentiellement ou uniquement à la solidarité, à l’action sociale, à la Tsedaka est fort peu nombreux. La Fondation CASIP-COJASOR, qui bénéficie de la confiance jamais démentie depuis 206 ans de la communauté juive et des personnes en difficulté, se consacre exclusivement à aider les familles sans ou avec peu de ressources – 20 000 personnes par an, à créer des structures d’accueil pour les personnes âgées et les handicapés (700 résidents). Elle attribue des aides en nature (vêtements, accompagnement de travailleurs sociaux), en argent (plusieurs millions d’euros distribués chaque année) et met en place des programmes d’insertion sociale pour toutes les couches de la population (Maisons des seniors, services d’entraide aux personnes âgées, aux rescapés de la Shoah, halte-garderie, médiation familiale). Pour ne pas fatiguer le lecteur, la liste complète de ses services ne peut qu’être raccourcie dans un tel article ! En attribuant son ISF à la Fondation CASIP-COJASOR, on est sûr de ne pas se tromper : il s’agit bien de solidarité efficace, reconnue par l’ensemble des partenaires publics et privés. Donner au CASIP, c’est répondre à son devoir civique de participer à l’effort national de lutte contre la pauvreté et c’est agir en conformité avec les prescriptions morales et religieuses de la tradition juive. LA FONDATION CASIP-COJASOR, LE POINT DE RENCONTRE ENTRE CEUX QUI N’ONT PAS ASSEZ ET CEUX QUI VEULENT AIDER 1809 F O N D A T I O N CASIP-COJASOR POUR UNE SOLIDARITÉ EFFICACE, LÀ OÙ ELLE EST NÉCESSAIRE ! Donnez en confiance à la plus ancienne et la plus importante fondation sociale de la communauté juive PAYEZ MOINS D’IMPÔTS OU PLUS DU TOUT EN VERSANT VOTRE DON • Par internet : www.casip.fr site sécurisé (Caisse d’épargne) • Vous recevez votre reçu cerfa par e-mail en retour en quelques minutes • Toutes cartes de crédit (débit différé pour ceux que cela concerne) • Par chèque adressé 8, rue de Pali-Kao 75020 Paris (reçu par poste ; par e-mail sur demande) • En apportant votre chèque ou votre carte de crédit, durant nos heures de bureau de 9h à 18h (vendredi 14h) Vos dons sont déductibles des impôts (ISF et revenus) jusqu’à 75% de leur montant. Tél. 01 44 62 13 10 • www.casip.fr Neuilly Paris Ouest Actualités Israël dignement fêté à Neuilly-sur-Seine C ette année, le CCJC en partenariat avec le KKL avait donné rendez-vous à la communauté au Théâtre de Neuilly pour célébrer Yom Haatsmaouth et les 68 ans de l’Etat d’Israël. En présence de nombreuses personnalités, d‘acteurs du KKL et de notre communauté la cérémonie a commencé par le recueillement et la tristesse du Yom Hazi- 30 N°57 • Juin 2016 karon et, tout comme en Israël, la sirène a retenti en mémoire des soldats morts aux combats et des victimes du terrorisme. Monsieur le Rabbin Michaël Azoulay a entonné les prières du Yizkor et E-L Malé Rahamim empreint d‘émotion toute particulière puisqu’il suivait l’allumage de la bougie par Bruno Levy beau-frère de Michel Saada tué lors de l’attentat de l’hypercacher de Vincennes en janvier 2015. Des larmes de tristesse aux larmes d’allégresse, les drapeaux en berne se sont levés et les jeunes de tous les mouvements de jeunesse sont arrivés triomphants sur scène arborant fièrement les couleurs d’Israël. Monsieur le Président Philippe Besnainou le premier, a évoqué Le Peuple et la Terre d’Israël. Se sont succédées alors des lectures de ont dansé aux côtés d’artistes prestigieux que nous recevions, les chanteuses de « The Voice » Isa Kopfler et Sasha et le chanteur pop israélien, Harel Skaat, qui pour notre plus grand plaisir a su mettre une ambiance avec son répertoire entrainant et quelques incontournables tubes de musique israélienne. textes par les mouvements de jeunesse tous présents et très impliqués dans cette soirée. On aura remarqué celui sur la mémoire et transmission lu par un de nos jeunes responsable EI accompagné par une rescapée de la Shoah. Monsieur le Député Maire Jean-Christophe Fromantin, également vice-président de l’amitié franco-israélienne à l’Assemblée Nationale nous a fait l’honneur d‘assister à cette cérémonie et n’a pas hésité à réaffirmer son attachement à notre communauté et son soutien à Israël, à ses valeurs de tolérance, à son formidable développement et à la fierté de son peuple après que Gil Taïeb vice-président du FSJU ait évoqué l’inquiétude et la consternation des Juifs de France sur le vote controversé de la France le 16 avril dernier à l’UNESCO en faveur de la résolution qui vise à nier le lien historique et culturel du peuple juif, de Jérusalem et de l’Etat d’Israël. Le Président du Consistoire Joël Mergui, venu pour l’occasion, a également rappelé La ferveur de chacun de ces jeunes réunis ce soir pour fêter l’indépendance d’Israël aura été aussi un signe d’encouragement et de grande fierté sur l’engagement, l’avenir et le devenir de notre communauté. l’importance pour chaque juif d’être le défenseur d’Israël et a donné rendez-vous à toute la communauté pour Yom Yeroushalaim qui approche. Tous ces jeunes, heureux de fêter l’Etat d’Israël, ont alors chanté la Hatikva et Nous remercions aussi pour leur présence nos vice-Présidents Philippe Meyer et Maurice Sellem, nos fidèles administrateurs Arlette Nebbot, Cathy Rouach, Fabien Dahan et Jean-Claude Darmon, ainsi que les adjoints au maire Maryline Sfedj et Philippe Karsenty, tous venus fêter Israël dans la joie. Laurence Faibis Jakubowicz Le divorce religieux : Obtenir son guet Chers Amis, Dans le judaïsme, le Guet est l’acte de divorce religieux ; c’est une procédure spécifique gérée par le Beth Din qui permet de l’obtenir. Mais parfois le chemin d’obtention du guet est difficile et douloureux pour de nombreuses femmes. C’est pour cette raison que le Comité d’aide aux AGOUNOT présidé par Madame Joëlle Bernheim et auquel participe notre association WIZO-France, se mobilise pour être à l’écoute de ces femmes et pour leur apporter conseil et soutien dans cette démarche. Pour tout renseignement sur le guet, nous sommes à votre écoute. On vous écoutera avec bienveillance. Vous pouvez joindre Jane ZIMERO au : 06 09 92 37 57 ou par e-mail : [email protected] En vous remerciant. Cordial Shalom. Joëlle LEZMI Présidente WIZO-France N°57 • Juin 2016 31 Neuilly Paris Ouest Actualités Pessa’h 5776, merci pour votre solidarité et votre mobilisation Pessa’h. Grâce à votre geste, nous avons pu garnir 200 caddies qui ont fait la joie et le bonheur de familles et d’enfants qui n’en croyaient pas leurs yeux. Maurice Sellem Vice-président de la commission administrative Très touchés, ils étaient souvent intarissables de remerciements et de bénédictions que nous voulions partager ici avec les généreux donateurs et tous les bénévoles, et notamment Frédéric Mimoun, qui ont participé à la confection de ces caddies et à leur distribution, où en se rendant chez certains, ils ont pu voir combien la précarité et la santé fragile pouvaient se conjuguer de façon cruelle. Le peu de lumière et de soutien qu’on a pu leur apporter fut d’une grande portée. L a fête de Pessa’h est caractérisée par l’importance de la solidarité. En effet, la Michna dans les maximes des pères nous enseigne que le monde repose sur trois piliers : l’étude de la Tora, le culte et la bienfaisance. Les Maîtres associent ces 3 piliers aux 3 patriarches Jacob, l’homme de la tente, « intègre » dans son étude, Isaac à travers la ligature s’est donné entièrement au culte, et Abraham « l’hospitalier », l’homme de la bienfaisance par excellence. D’autre part, on nous apprend que Jacob l’homme de l’étude sera associé à la fête du don de la Tora, Chavouoth, Isaac l’homme du culte à la fête de Soukkot la plus riche en sacrifices (70 taureaux, 98 moutons, entre autres). Il nous reste Abraham l’homme de bienfaisance lié à Pessah. D’ailleurs quand il reçoit ses invités (les anges) on nous dévoile que c’était justement à la date où Pessa’h sera célébré (d’autre part Abraham a eu à « l’alliance entre les morceaux » l’annonce de l’exil d’Égypte). On comprend l’aspect fondamental de générosité véhiculé par la fête de Pessa’h. C’est donc avec joie que je peux vous faire partager combien notre belle communauté a su donner la véritable résonance à cette fête. Vous avez répondu spontanément et très généreusement à l’appel que nous avions lancé pour les paniers de Qu’ils soient âgés, malades, familles nombreuses avec peu de revenus, des femmes seules avec des enfants à charge, tous ont pu avoir un peu de dignité en cette fête de la liberté, que vous en soyez bénis. On a même pu se permettre de donner quelques caddies à l’association Mazone qui est en contact avec tant de familles en grande difficulté, les responsables de Mazone en ont été très touchés. Nos remerciements vont également à notre Président Philippe Besnainou pour son soutien permanent dans cette opération, et au rabbin Mevorah Zerbib pour ses enseignements. Pour conclure, laissons une version de la Haggada qui nous a touché : Sydney (10 ans) a dit à sa mère : S’il y avait les matsot et le jus de raisin ; cela nous aurait suffi (dayénou) Mais en plus il y a du chocolat, avec le chocolat cela nous aurait suffi (dayénou) Mais en plus il y a des bambas, avec les bambas cela nous aurait suffi (dayénou) Mais en plus il y a des bonbons … C’est la fête vraiment, les yeux luisant de bonheur et d’émotion. Merci à tous. 32 N°57 • Juin 2016 ISraël Les vins israéliens à la conquête du monde L e jour de Yom Haatsmaout, tout autour du monde, les yeux juifs sont tournés vers Israël avec fierté. On lève son verre pour porter un toast au pays que l’on aime. Depuis 68 ans, Israël a été à l’avant-garde de l’innovation dans le monde, s’imposant avec fierté sur la scène internationale, envers et contre ses détracteurs. Cette année, même le vin dans votre verre est quelque chose de quoi vous pouvez être fier. L’industrie du vin israélien est depuis longtemps une ambassadrice de choix d’Israël dans le monde et, cette année, cela a pris une nouvelle dimension. du vignoble biologique Odem, millésime 2013, a lui engrangé 91 points. Cette année, les vins israéliens ont également conquis le ciel. La compagnie aérienne Japan Airlines a récemment annoncé qu’elle servira désormais Yarden Chardonnay sur ses vols, en Première Classe. Le succès des vins israéliens au Japon ne cesse de croitre. On peut les y retrouver, notamment, dans les boutiques de vin locales, les principaux bars et les restaurants gastronomiques. Versons-nous un verre d’un de ces vins lauréats et portons ensemble un toast à toutes ces réussites. Léhaim Israël ! Anna Bloch Les vins israéliens de Golan Heights Winery ont été le symbole de la lutte contre le BDS cette année, suite au retrait des vins de Golan Heights Winery de ses étagères par le Grand Magasin allemand KaDeWe. En quelques jours, KaDeWe a remis en vente ces vins dans ses rayons. Malgré l’opposition du BDS, la liste des vins israéliens lauréats de Prix internationaux est vertigineuse. Les entreprises vinicoles israéliennes ont acquis une reconnaissance certaine, remportant quatre médailles d’or et cinq médailles d’argent lors du Prix international Mundus Vini à Düsseldorf, en Allemagne. La prestigieuse Grande Médaille d’Or a été décernée au millésime 2012 du Galil Mountain Alon. Les vins israéliens se sont également illustrés au plus ancien et prestigieux des concours internationaux de vins, le Challenge International Du Vin, à Bordeaux, au début du mois d’avril, parmi plus de 5 000 vins provenant de 38 pays différents. Le vin Yarden Chardonnay du vignoble biologique Odem, millésime 2013, y a remporté l’unique médaille d’or décernée à un vin israélien lors de ce concours. Trois médailles d’argent ont aussi été attribuées à des vins israéliens : Assemblage Almon 2014 de Barkan, Yarden Rosé 2010 et Yarden HeightsWine 2012. Le palmarès 2016 compte encore quatre vins israéliens lauréats de médailles de bronze. Parmi eux, le millésime 2011 de Yarden Cabernet Sauvignon. Succès supplémentaire, lors du concours 5 Etoiles – Vinitaly, deux vins israéliens ont atteint le seuil d’excellence : le millésime 2011 du Yarden Pinot Noir a obtenu 90 points et le vin Yarden Chardonnay N°57 • Juin 2016 33 Neuilly Paris Ouest Jeunesse Chorale des enfants du Gan à la synagogue C récité le Kiddouch avec brio.Beaucoup d’émotion, donc, pour tous les fidèles présents ce soir-là à l’office ! omme chaque année et comme toujours avec le plus grand plaisir, les petits élèves de moyenne et de grande section (Gan 2 et 3) ont illuminé l’office du vendredi soir 25 mars à la synagogue. Entourés de leur famille et de tous les fidèles, les enfants de la chorale du GAN ont participé activement et « comme des grands » aux prières de kabalat chabat, en chantant Lé’ha dodi,Chéma Israël, Raou banim, Véchamérou, cim chalom… Leurs maîtresses dévouées, Aimée et Yona, les avaient fait répéter plusieurs jours auparavant, dans l’enceinte de notre synagogue, en chœur et dans le respect des lieux. Les filles nous ont éblouis, en récitant par cœur devant toute l’assemblée, un discours sur la paracha Tsav. Elles nous ont rappelé le principe des offrandes Nous pouvons être fiers de nos petits élèves : Gabriel, Eve, Eilah, Julian, Aaron, Abigail, Romy, Linoy, David, Jeffrey, Shirel, Noham, Adam, Ruben, Lev, Esther, Deborah, Ema, Dan, Ichaï, Maxime, Levyne, Simon, Léa, Nina, Ava, Naomi et Ethel. La relève est assurée… à l’époque du Temple de Jérusalem et décrit les habits que portait le Cohen Gadol, avec leurs mots d’enfants et une aisance stupéfiante. Et pour clôturer l’office en beauté, après un très beau Chalom Alé’hem chanté par tous les enfants, les garçons ont Pour la rentrée de septembre 2016, il reste encore quelques places. Inscrivez-vous sans tarder : Myriam Pizzo, directrice 09 53 22 65 90 [email protected] Le Comité AGENA : Linda Bensoussan, Raphaël Mergui, Laure Levy et Maryline Keller Pessa’h en Chine L a Chine au surnom symptomatique « Empire céleste » donne l’image d’une puissance hégémonique au ton décalé. Son culte inoxydable pour les figures révolutionnaires d’un côté, sa culture aux mille saveurs de l’autre, telle est l’intrigue qui attend les aventuriers qui veulent découvrir ce pays. Un pied dans le passé, un autre dans l’avenir, la Chine dévoilera aux plus courageux de ses voyageurs des paysages insoupçonnés et une nature encore largement indomptée. Et pourtant, la pérennité de ce cadre où la nature semble avoir repris ses droits, se heurte à la vitalité d’une puissance industrielle aux ambitions incisives. C’est dans ce paysage vertigineux que le ‘Habad de Pékin s’est établi, sous la direction du Rabbi Shimon, fidèle émissaire du Rabbi. C’est Pessa’h avant l’heure en Chine, qui compte 6 heures de plus que la France. 34 N°57 • Juin 2016 Très vite, la maison ‘Habad prend forme pour accueillir les juifs du monde entier, arrivés en masse, comme si un chofar les avaient invoqués pour exalter la deuxième fête de pèlerinage à Pékin. Plus de deux cents visages étrangers et pourtant si familiers, ont répondu présent à l’appel. L’euphorie ambiante prélude à un Pessa’h animé et libérateur. Car ce soir, D.ieu nous a libéré s« d’une main forte et d’un bras étendu ». Depuis plus de 3 300 ans, le peuple juif s’évertue à perpétuer son histoire aussi riche soit-elle. Aujourd’hui, cet héritage constitue notre attribut le plus cher : l’Identité juive. A la satisfaction du Rabbi, le centre communautaire était débordant d’invités et de joie. Durant le Seder, chaque bénédiction était accompagnée d’enseignements spirituels destinés à déceler les mystères de l’Exode. Les paroles imagées du Rabbi nous plongeaient dans l’intrépide quête vers la délivrance. Orthodoxes, conservateurs, séfarades, ou amateurs de Gefilte fish, notre combat pour la liberté était semblable. Comme toujours, l’enchantement était absolu. Aux abords de 2 heures du matin, dans une atmosphère délectable, le premier Seder de Pessa’h s’achève, et annonce une fête pleine d’espoir. Malgré les innombrables rites de Seder existants, l’épilogue demeure le même : « L’an Prochain à Jérusalem » et non à Pékin. Rudy Atlani Neuilly Paris Ouest Mémoire Leurs yeux ont vu, leurs bouches ont parlé D ans leurs yeux toujours ouverts, le regard troublant de ceux qui ont vu l’horreur indicible et inhumaine. Sur leurs bras affaiblis, la marque indélébile de l’infamie. Dans leurs cœurs déchirés à jamais, la brisure d’une vie foudroyée par l’enfer. Dans leurs esprits meurtris, les souvenirs des pleurs, des peurs et des cris. Dans leurs bouches qui parviennent encore à sourire, ces mots si justes, si forts, si terribles qui témoignent sans cesse depuis plus de soixante-dix ans de l’innommable, de l’indescriptible, de l’inexplicable. Ces derniers rescapés de la Shoah survivent depuis plus de vingt-cinq mille jours pour à les aimer, mais plus encore de faire écouter nos enfants, encore et toujours. Ces derniers survivants de la mort ne sont plus qu’une poignée pour parler au nom des six millions des leurs, des nôtres, qui n’ont pas de sépultures et souvent pas de descendants pour faire vivre leur mémoire. nous permettre de savoir, de transmettre, de ne pas oublier. Jamais. Ils n’en finissent pas de se souvenir de ce qui ne peut pas être effacé, de raconter ce qui ne peut pas se comprendre, de parler de ce qui est si douloureux d’entendre. Et notre devoir est de de continuer à les écouter, à les regarder, ISRAËL Marcel AZOULAY Cell : +972 52 439 70 39 De France 01 77 50 20 00 [email protected] Ces derniers témoins directs de ce que l’homme a pu commettre de pire ne seront bientôt plus là pour le répéter, encore et toujours. Ce sera alors à nous, les témoins des témoins, de tenter de le faire à leur place. Avec nos mots qui bien sûr ne pourront jamais être les leurs. Mais nos enfants, et nos petits-enfants, sauront que nous les avons encore connus. Que cet enfer absolu qu’ils ont vécu n’était finalement pas si éloigné. Que c’était hier. Et que rien ne peut assurer que ce ne sera plus jamais demain. En ce jour de Yom Hashoah, où la vie s’arrête quelques instants partout en Israël sous le hurlement strident des sirènes destinées à réveiller les mémoires et les consciences, nous avons encore la chance et le devoir impérieux de voir ces regards, de recueillir ces récits. Combien de temps encore ? Combien de survivants seront avec nous l’an prochain ? Chacune de ces commémorations vécues en leur compagnie peut désormais être la dernière. Au crépuscule de leurs longues et douloureuses vies, ces rescapés des camps de la mort voient leurs derniers camarades fermer pour toujours ces yeux qui ont tant vu d’horreurs. Nos pensées vont d’abord vers eux. Regardons-les et écoutons-les, encore et toujours. Tant que cela sera possible. A l’heure où malgré Auschwitz, Treblinka et Majdanek, des juifs continuent aujourd’hui d’être assassinés simplement parce qu’ils sont juifs, à Paris ou à Jérusalem, que doivent penser ces derniers témoins de l’horreur, eux seuls qui savent jusqu’où cette haine antijuive peut conduire l’humanité toute entière ? Philippe Meyer Vice-Président de la Commission administrative 36 N°57 • Juin 2016 Neuilly Paris Ouest Carnet Naissances • Ariel chez M. et Mme Samuel SADIA • Salomé chez Mme et M. David ABECASSIS, professeur de notre Talmud Tora • Solal chez M. et Mme Jérémy GOLDSTAJN • Simon et Joseph chez M. et Mme Mathias LIPSZYC Nous souhaitons un grand Mazel Tov à tous ces nouveaux-né(e)s et à leurs parents Bar Mitsva 4 04 2016 • Jérémie BORGEL 7 04 2016 • Elie NEBOT 11 04 2016 • Hugo BENHAMOU • John HASSAN 14 04 2016 • Jules Jacob ZERBIB • David ALLALI 15 04 2016 • Simon ARNOLD 5 05 2016 • Noam HADDAD • Ouriel PARTOUCHE 14 05 2016 • Alexandre FELLOUS 23 05 2016 • Eytan TOUBIANA 19 05 2016 • Noah FRANKIEL 26 05 2016 • Eitan ASSOUN à Jérusalem • Romain BLOCH • Dan MAAREK • Benjamin HAZOUT 20 05 2016 • Nathan DAYAN 30 05 2016 • Samuel SIDOUN Bat Mitsva 3 04 2016 • Ornella DERAI • Eden BOKOBZA Elia ATTUIL 10 04 2016 • Manon ABIJMIL • Elia ATTUIL Tous nos vœux de Mazel Tov, à tous ces jeunes gens et jeunes filles, pour leur entrée dans la Communauté. Mariages 3 04 2016 • Joseph KARSENTY • Déborah TAIEB Décès 10 04 2016 • Marc BOUKHRIS • Chira RIAHI 17 04 2016 • Mathias DAVID • Sarah JANCOT La Communauté adresse ses vœux de bonheur aux jeunes mariés. Nous apprenons avec tristesse la disparition de : Mme Yvette Cohen, mère de Mme Sabrina Elkaïm, épouse de notre trésorier, Emile TAPIRO, Jacques DAVILA, Laurence SOUSSAN, Eugénie NAKACHE, Hélène SLAMA née LEVY, grand-mère de notre Vice-Président Me Jean-Marcel NATAF, Stéphane ERRERA. La Communauté de Neuilly adresse ses plus sincères condoléances aux familles. 38 N°57 • Juin 2016