ALES
Production porcine
Cumuler performances
zootechniques et bien-être animal
Améliorer les résultats techniques de son troupeau tout en s'adaptant aux
exigences de bien-être animal: tel est le défi imposé aux éleveurs bio. Un
challenge tout relatif car, bien souvent, le confort de l'animal va de pair avec
une meilleure productivité.
D
ans cette optique
d'améliorationdes
performances et de
bien-êtreanimal,l'alimen-
tation joueun lepivot.
"En bio, il faut envisager
unepalette dematres
premières plus largequ'en
conventionnel",
préconise
Laurent Alibert, respon-
sabledu bio
à
l'Institutdu
porc (lfip).En raison de
leur disponibili en bio
-et doncdela variation
des prix-commedel'évo-
lution delaréglementation.
Aujourd'hui,les animaux
doivent être nourris au mi-
nimum
à
95
%
(en moyenne/
an)d'aliments bio,à condi-
tion queles5
%
de conven-
tionnelsoientjustifiés par
une non disponibilité en
bio.Cette part d'aliment
conventionnelsera amenée
à
disparaître totalemt
à
partir du 1
er
janvier2012.
L'évolutionsuscite quel-
ques interrogations,voire
des inquiétudes.
"Pour le
moment, ilsemble tech-
niquement impossiblede
Chez
les
Lejeune,
les
races retenues sont
les
Duroc,
à
la robe marron,
lesLarge White etLandrace, decouleur blanche ou roe ou encore les
Piétrain.
remplacer, dans les rations
des monogastriques, cer-
taines sources de protéines
conventionnelles (gluten
de maïs, protéines depom-
mes deterre...) par des
alternatives bio, sans que
l'ejficacité des productions
monogastriquesen souffre
trop.Et les féveroles se-
méesen région n'arrivent
visiblement pas
à
détner
le soja sur le plan de lqui-
libre en acidesaminés",af-
firme MichlBohm d'Inter
BioBretagne (IBB)lors de
journées techniquesorga-
nisées enoctobre dernier.
"Une alimentation 100
%
bio pose surtout problème
pour les jeunes animaux",
nuance unreprésentant de
l'Union française d'agricul-
turebiologique (Ufab),par-
ticipant
à
ces rencontres.
Et Corentin Hamard,direc-
teur commerciald'Ercabio,
de préciser que
"l'unedes
astuces serait declasser
différemment certaines
matières .. c'est le cas des
levures qui, aujourd'hui
qualifiées de"minéral",
sortent du champ del'agri-
culturebiologique". Or,
les levures de bière dés-
hydratées constituent un
bon apport de protéines.Si
l'évolution vers une alimen-
tation 100
%
bio remporte
l'adhésion des membres du
Gaec du Pressoir,en Ille-
et-Vilaine,la mise en appli-
cation n'est pas aisée.Ces
éleveurs-charcutiers dispo-
sent de 40 ha de SAU dont
8hade prairies,24 hade
triticale, pois-féverole ou
orge-pois,8 ha de maïs,qui
assurent50
%
d'autonomie
alimentaire aux 600 porcs
annuels.Unpourcentage
~
MAINE AGROTEe
15-ANNÉE DE CONSEILS
pour
monter
vous-mêmes
panneaux,
portes
et
accessoires
BIO FIL
1
NO
68
l
queles éleveurs aimeraient
bienaugmenter,défendant
avec force lelien au sol.
L'une des pistes,selon Mi-
chel Piel,seraitdemieux
étudier les fourrages gros-
siers,lefoin enrubannéou
encorel'apportdel'ortie
ou de la consoude. Quoi
qu'il ensoit, laproduction
deproines reste lepoint
d'achoppement.En dehors
dequelquesessais demise
enculturede soja,le Gaec
met lamain au porte-mon-
naiepour se procurer pro-
téines depommes de terre
et soja extrudé.
Du champ
à
la mangeoire
sans intermédiaire
Sur sesterres deLanvellec,
enCôtes d'Armor,Yves Le-
jeune assure 80
%
de l'auto-
nomie alimentaire de ses
troupeaux porcins et bo-
vins. Il cultive notamment
5hademaïs grain,1,5 ha
de colza,1,5 ha de pomme
de terre,5ha deféveroles.
"Pour enrichir la ration,
je vais sans doute
y
intro-
duiredu soja" ;
cependant,
vu leprix,l'éleveur y re-
garde
à
deux fois.Actuelle-
ment, l'aliment lui revient
à
280 euros la tonne;avec le
soja,lanotese monterait
à
300 euros.RenéOrin,ani-
mateur
à
Ercabio,pousse
leséleveurs
à
fabriquer leur
aliment
à
la ferme.
"L'écart
La transformation à la ferme ajoute de
la valeur à la production porcine,Dans
lebassin rennais, le Gaec du Pressoir,
certifié bio depuis 1999, maîtrise toutes
les étapes, du naissage à l'engraissage
en passant par la transformation char-
cutière et la vente endirect.Au total,
600 porcs charcutiers sont élevés dont
550 sont transformés, soit 10 à 12 porcs
par semaine, labattage a lieu à l'âge
de 7 mois [80 kg!.La moitié est ven-
due en direct depuis la ferme, l'autre
est cédée au GIE Brin d'herbe, Occa-
sionnellement, le GIEBretagne Viande
Bio trouve à la ferme du Pressoir des
solutions pour achalander charcutiers
et salaisonniers bretons: elle récupère
ainsi environ 50 porcs par an,
James Chouzenoux est l'un de ses
clients,lartisan-charcutier, installé
en bio depuis 1990 sur la commune
de Brélidy, dans les Côtes d'Armor,
transforme bœuf, volailles, agneau et
porc, ce dernier représentant le tiers
du tonnage.Sa société Bio Artisanal
s'approvisionne en majorité auprès
de l'élevage Lejeune, situé à quelques
kilomètres, tandis que BVB couvre les
besoins restants, soit 40
%
des 5 porcs
livrés chaque semaine,
Après 10 ans d'augmentation continue
de l'activi,de l'ordre de 10 à 15
%
par
an, l'artisanconstate une certaine sta-
gnation, Laflambée du prix des céréa-
les l'an dernier a impacté cette produc-
tion qui a vu le prix de revientdu cochon
grimper de 30
%
d'un coup,C'estlà que
le bât blesse,
"Quand le porc convention-
nel coûte au transformateur
2
euros le kg
carcasse, le porc bio me coûte
4
euros,
affiche James Chouzenoux,
Mais impos-
sible de pratiquer des prix deux fois plus
cher qu'en conventionnel: les gens ne
comprendraient pas."
De fait, l'artisan
entre un aliment acheté
et unautrefabriquésur
place est de60 à80euros
la tonne".
Certains vont
mêmeplus loin,fabriquant
de A
à
Z les différentstypes
d'aliments sur leur ferme.
À
Sa,en Mayenne,Philippe
Betton formuleseul,
à
l'aide
du logiciel Porlal,deux ali-
ments pour truies (gestan-
tes et allaitantes) ettrois
autres pour porcscharcu-
tiers (sevrage,croissance,
finition). Si la tailledel'ex-
ploitation ne facilitepas
unetelledéclinaison d'ali-
ments, 3 types pourraient
suffire, admet LaurentAli-
bert, del'Ifip.
"Un aliment
pour truiegestante,. un
autrepourleporcelet au-
delà de
25
kg ,.un dernier
s'adressant au porc à l'en-
graissement ainsiqu'à la
se limite à 20
%
de plus quOen conven-
tionnel.
Le Gaec du pressoir peut compter sur la res-
source familiale pour que fonctionnent l'exploi-
tation porcine et l'atelier de charcutier: Michel
Piel
droite] et Jean-Sébastien au salon breton
Ille-et-Bio de Guichen en octobre dernier:
1
NO
68
1,
BIDFIL
:J).ep~,p1.u6,
ck
3S
am"
tuJ.Uj,
acaunp~,
flO-j,
cfietrk,
cfaJM,~,
p~,
ck
diudop1J,emenl
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Au Gaec du Pressoir,enIlle-et-Vilaine, "lors du sevrage,
les
jeunes animaux
vivent un gros stress, nous aimerions voir si,en laissant
le
porcelet plus
longtemps auprès de sa mère, de l'ordre de
8
semaines,on amoins de souci
de parasitisme, "explique Jean-Sébastien Piel.
truieallaitante. C'esten
tout cas pfémble
à
un
seul aliment mixte"."Les
éleveurs gagnent bien leur
viequandils font tout
eux-mêmes.Celuiqui
projettedeproduiredu
porc bioet desefaire li-
vrerles céréales leconsta-
terarapidement: ça ne
passepas",
conclut sur ce
pointJames Chouzenoux,
charcutier breton en prise
direct aveclaproduction
(lire en encadré).Quant à
privilégier la culture des
céréales oucelledes pro-
téagineux,cette décision
dépenddel'implantation
géographiquede la ferme
'le
enqll~~~ ..J'
'"'nvergure
Leprojeteuropéen derechercheCorePig,dont l'objectif est
lamise au point d'un outil deprévention des risques sanitai-
res enélevageporcin bio, entame sa dernière année de tra-
vaiL Initié en2007,il doit livrerses conclusions en juin 2010.
À
savoir, une synthèse internationaledes connaissances
sur la sandes porcs bio; une étude épidémiologique
s'appuyant sur des enquêtes en élevages [dont 20 situés
en France]; enfin la mise en œuvred'unoutil HACCP [1]
de prévention des risques sanitaires (essai dans 8 élevages
bretons et ligériensJ.Les élevages enqtés ontpermis
d'étudier les diarrhées etla mortalité des porcelets, le para-
sitisme et les problèmes de reproduction des truies,
(1) HACCP :Système d'analyses des dangers et de maîtrise des
points critiques.
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blé - triticale - orge - maïs -
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et de l'accès auxmatières
protéiques complémentai-
res.C'est un choix straté-
gique propre à chaque éle-
veur.Sans oublier le plein
air qui diminue aussi les
frais de nourriture. Les 50
"bienheureuses gorettes"
de PhilippeBetton pâtu-
rentd'avril à octobre,
Bien-être animal:
tout un programme
Dès leur naissance, les
porceletssont conduits en
bio, c'est-à-direnourris au
lait maternel(ou autrelait
naturel)au moins 40jours.
Del'alimentation découle
labonne étapedu nais-
sage.
"Il faut maintenir
les truies en bon état d'en-
graissement afin defacili-
ter la mise-bas et d'éviter
la "grossefatigue" post-
partum, responsablede
l'éC1"asementde porcelets",
commel'observe Philippe
Betton,installé enbio de-
puis1997. Dans son éle-
vage,où naissage et mater-
ni se déroulent enplein
air-la rentrée en bâtiment
se fait à 3 mois -,lleveur
enregistreune mortalité de
25
%.
Pourlimiter l'écrase-
ment, il dispose beaucoup
de pailleservant enquel-
que sorte d'air-bag au nour-
rain si latruie se couche
dessus. AuGaecdu Pres-
soir, 8 à 10jours avantla
mise-bas,les mères reçoi-
vent duvinaigre de cidre
quiles maintient enbonne
forme aumoment de la dé-
livrance.
"La partie la plus
péniblesecristalliseau
naissage; les premières
72h sont un cap
à
fran-
chir (risqued'écrasement
des petits,pas demon-
tée delait) ;les diarrhées
sontgléesen
24
h avec
del'argile; unefois que
leporcelet pèse 20 kg, ça
roule",
affirme MichelPiel
qui n'observe aucune mor-
talité ensuite.
Ce que confirme Yves Le-
jeune,qui réceptionne les
porcelets à 7 semaines.
"L'époque du stress étant
passée -sevrage etcas-
tration -il n'ya pas de
mortalité significative.Je
prends garde toutefois de
leur fournir du maïs hu-
midepour régulerl'aci-
dité et de les rationnerun
peu."
Après avoir passé 3
à 4 semaines surl'aire ex-
térieure de post-sevrage,
ses porcelets grandissent à
plusieurs encases paillées.
Les changements detemps,
l'intersaison,l'humidité,la
chaleur,toutes ces condi-
tions climatiques peuvent
poser probme,d'où la né-
cessité d'aiguiser sa faculté
d'observation.
Depuis le 1
er
juin, l'inter-
prétation du cahier des
chargeseuropéenbio a
changé, octroyant aux co-
chonsun accès à l'exté-
rieur.Quel que soitle mode
d'élevage,conduite en plein
air,enchalets ouen bâti-
ments surlitière,des cou-
rettes sont désormais obli-
gatoires pourles nouveaux
élevages. Il peut s'agir d'un
parcours extérieur ou sim-
plement d'un préau.
La queue en tire-bouchon
À
la différence des élevages conventionnels oùelleleur
estcoupée, les cochons bio conservent leur queue.
"En
conventionnel,
les
cochons ont tendance
à
jouer avec
la
queue du voisin.Or, si l'une d'elle
se
casse et saigne,
le
cochon risque d'être tué par
le
reste du troupeau. Les nôtres
s'amusent avec la paille dans lequel ils fourrent leur groin.
Nous n'avons jamais eu de souci de prédation entre eux",
moigne l'éleveuse PierretteLejeunequi fait observer que
leurs dentsne sont pas non plus coupées.
Leparasitisme(interne et/
ou externe) peut occasion-
ner des gênesimportantes.
Pour s'en garantir et pré-
venir en mêmetemps les
diarrhées,il est conseillé
dedésinfecter les bâti-
ments
à
la vapeur d'eau,
à
lachaux ou
à
l'eau de Javel.
Etd'opérer une bonne ro-
tation des terres ainsi que
de déplacer régulièrement
les cabanes desanimaux
vivant dehors.
Fin de la castration
manuelle?
Actuellement,la castration
est réalisée
à
vif lors dela
1
ère
semaine de vie.Elle
évite, lors dela cuisson,
une éventuelle mauvaise
odeur,impactant legoût de
la viande. Or, cette pratique
détonne dans un climat gé-
néral le bien-être animal
est défendu avecforce,
a
fortiori
chez les consom-
mateurs bio.D'ailleurs,
le cahier des charges bio.
européen a prévu d'inter-
dire cette mutilation sous
cette forme au1
er
janvier
2012.Pour s'y préparer,des
esquisses desolutions se
font jour.La castration im-
munologique,dénommée
peut-être
à
tort vaccin,a
pour but de masquer l'odeur
sexuelle.Ils'agit d'une dou-
ble injection d'hormones.
L'idéed'une anesthésie au
moment de la castrationest
aussiévoquée.René Orin,
animateur
à
Ercabio,met
en gardecontre un effet per-
vers.
"Si on endort un por-
celet en plein air,la truie
ne va pas comprendre cette
attitude de prostration;
elle risque de l'écraser
pour le protéger."
Des es-
sais en situation réelle ont
lieu qui devraient permet-
tre de donner des réponses,
d'icijuin,sur les solutions
à
proposer. Ce débat amène
à
sepositionner sur la no-
tion de bien-êtreanimal et
de sécurité alimentaire du
consommateur.
"Pour ce
dernier, l'anesthésie peut
sembler acceptable quand
l'idée même de cet acte ne
l'est guèrechezun éleveur",
rappelle René Orinquiattire
l'attention sur
"l'hypothèse
d'odeursexuelle car elle
n'est pas systématique.En
Angleterre, les animaux
ne sont pas castrés mais
ils sont abattus plus tôt,
à
77 kg, le risqued'odeur est
alors moins grand."
Reste
que ce débat agace certains
éleveurs bio,dont Philippe
Betton qui souhaite remet-
tre les pendules
à
l'heure:
"Qu'est-ce qu'une minute
de souffrancechezun por-
celet dont on respecte, en
bio, les besoins essentiels,
par rapportàtoute une vie
passée en élevage indus-
triel ?"
Les progrès dans
le domaine du bien-être
animalne sont pas, en bio,
qu'affaire réglementaire.
Les éleveurs s'accordent
sur un point:plus on amé-
lioreles conditions de vie
des cochons,plus on amé-
liore celles de travaildes
éleveurs.Si les animaux
vont dans le sens del'éle-
veur, ce dernier a toutes les
chances de faire progres-
ser économiquement son
cheptel.
Choisirdes cabanes de materni en plein air adaptées aux tailles des trUies
réduit
le
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