HISTOIRE GÉOGRAPHIE Tle STMG Livre du - Fichier

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HISTOIRE GÉOGRAPHIE Tle STMG
Livre du professeur
Partie Histoire
(manuel p. 8-141)
Guillaume BOUREL
Marielle CHEVALLIER
Ivan DUFRESNOY
Axelle GUILLAUSSEAU
Histoire Géographie Tle STMG
Livre du professeur, partie Histoire – © Hatier, 2013
HISTOIRE
Le programme d’histoire
Le programme est centré sur les principales transformations du monde depuis 1945 et
compte trois thèmes, chacun organisé autour de la question obligatoire et d’un sujet
d’étude obligatoire (au choix parmi deux proposés).
Les chapitres 1, 2 et 3 correspondent au découpage du programme indiqué dans le BO .
Pour offrir un choix, chaque chapitre propose les deux sujets d’étude de chaque thème
du programme.
La structure du manuel
La structure des chapitres est identique d’un thème à l’autre.
• Une double page d’ouverture annonce la partie du programme concerné et questionne
les enjeux du thème. Trois photographies sont proposées : l’une évoque la question
obligatoire et les deux autres les deux sujets d’étude au choix. Une frise repère les dates
et périodes clés du chapitre.
• Une double page « cartes », questionnée, illustre la question obligatoire et définit
certaines notions du chapitre ainsi que le vocabulaire nécessaire à la compréhension du
sujet.
• Les doubles pages « question obligatoire » sont constituées de plusieurs dossiers
documentaires conçus selon les commentaires du programme. Chaque dossier se
subdivise en 1 à 4 doubles pages, constituées de documents variés (cartes, textes,
photographies, schémas, affiches…). Les doubles pages sont questionnées, permettant
ainsi de saisir l’ensemble des enjeux. À la fin de chaque bloc de questions, une question
« capacités bac » offre un entraînement progressif à l’épreuve.
• Une double page « fiches cours » reprend systématiquement chacune des pages du
dossier. C’est une synthèse utile pour faire travailler l’élève : notions, vocabulaire,
personnages et dates clés et schéma spatial ou notionnel accompagnent chaque double
page.
• En fin de question obligatoire, une double page « bac » permet à l’élève de se
préparer à la première partie de l’épreuve du baccalauréat. Il y trouvera un schéma
récapitulatif, à partir duquel il lui sera demandé de réaliser une fiche de révision.
Plusieurs exercices type bac (justifier une affirmation, caractériser un événement, choisir
une définition, proposer des dates clés…), dont un guidé, sont ensuite proposés.
Les sujets d’études se présentent sous une forme quelque peu différente dans la mesure
où les consignes officielles préconisent un travail plutôt réalisé en autonomie.
• Chaque double page « sujet d’étude » est construite sur le mode interrogatif. Tous les
types de documents sont présents et, à chaque double page, le manuel propose des
questions et une « capacités bac ».
• La double page « ce qu’il faut retenir » est construite de manière affirmative et met en
évidence les points essentiels à connaître pour le baccalauréat, du vocabulaire et des
dates clés. Un schéma bilan spatial ou notionnel l’accompagne. Le prolongement TICE
peut être utilisé comme une ouverture, notamment vers l’éducation civique.
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• La double page « bac » est consacrée à la deuxième partie de l’épreuve du baccalauréat
et propose, selon les consignes officielles, l’étude d’un document ou la mise en relation
de deux documents.
La démarche pédagogique
La démarche pédagogique, ainsi que l’ordre des chapitres, répon dent à la logique du
programme. « Les principales transformations du monde depuis 1945 » que le
programme invite à présenter doivent permettre à l’élève de réfléchir à plusieurs
échelles (internationale, régionale, nationale). L’étude des enjeux idéologiques et
géopolitiques de la Guerre froide et du monde depuis 1991 doit permettre d’analyser le
rôle des différents acteurs des relations internationales et l’évolution de la notion de
puissance. L’étude du processus de décolonisation et de la naissance de nouveaux États
prend place dans la même chronologie et permet de faciliter la compréhension du
monde actuel entre Nord et Sud, anciennes et nouvelles puissances. Enfin, la focalisation
sur le cas français permet de comprendre les enjeux institutionnels de l’installation de la
V e République et les raisons de sa pérennité.
La mise en œuvre du nouveau programme
Le programme montre les transformations géopolitiques du monde depuis 1945. L’étude
de la France se focalise sur les évolutions politiques et les transformations sociales qu’a
connues le pays depuis la fin des années1950.
• Chapitre 1 (thème I du programme) : le passage d’un monde bipolaire, durant la
Guerre froide, symbolisé par l’exemple de l’Allemagne, à un monde multipolaire et plus
complexe où la notion de puissance est redéfinie.
• Chapitre 2 (thème II du programme) : les différentes voies de la décolonisation et la
construction de nouveaux États qui permet de souligner les difficultés à construire
l’unité nationale et à sortir de la domination économique des pays du Nord.
• Chapitre 3 (thème III du programme) : l’installation et la consolidation des institutions
de la V e République et les évolutions de la vie citoyenne dans la société contemporaine.
La mise en œ uvre du programme combine des emboîtements d’échelle et des notions.
Les épreuves du baccalauréat (BO n° 4 du 25 janvier 2007)
L’épreuve écrite d’histoire-géographie a une durée de 2 heures 30, coefficient 2.
L’épreuve comporte deux parties, comptant chacune pour un nombre de points
identique. Elle porte sur les programmes d’histoire et de géographie de la classe
terminale. Elle évalue aussi les capacités acquises en histoire et géographie au long de la
scolarité secondaire.
• Première partie (10 points)
Elle porte sur les « questions obligatoires » du programme d’histoire et du programme
de géographie. Elle consiste en une série de cinq à sept questions à réponse courte.
Cette partie de l’épreuve amène le candidat :
- à caractériser un espace, une période, un événement, une situation ou un p ersonnage ;
- et / ou à citer des acteurs ;
- et / ou à justifier une affirmation en proposant ou choisissant des arguments ;
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- et / ou localiser ou à compléter un croquis ;
- et / ou proposer ou à choisir les dates clés ou les périodes clés d’une évolution :
- et / ou à proposer ou à choisir une définition pour une notion.
• Seconde partie (10 points)
Elle porte sur les « sujets d’étude au choix » du programme d’histoire et du programme
de géographie.
Elle consiste en un exercice qui porte sur un ou deux document(s). Des notes explicatives
peuvent éclairer le(s) document(s). Des questions guident le candidat.
Q uatre exercices sont proposés au choix du candidat, qui en traite un et un seul.
Les quatre exercices proposés relèvent des quatre « sujets d’étude au choix »
correspondant aux deux « thèmes généraux » du programme d’histoire et / ou de
géographie ; il est rappelé à cet égard qu’à chaque « thème général » du programme
sont associés deux « sujets d’étude au choix ».
Cette partie de l’épreuve amène le candidat :
- à dégager l’apport d’un document à la connaissance d’une question figurant dans les
programmes ou à la compréhension d’une notion ;
- ou à mettre en relation deux documents, pour en dégager les points communs, les
différences, les oppositions ou les complémentarités.
Le manuel propose pour chaque chapitre tous les types d’exercice dans le respect des
instructions du bulletin officiel.
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Chapitre 1
Les relations internationales depuis 1945
Ce premier thème s’intéresse aux moments forts de l’histoire des relations internationales
depuis 1945. Pour la période de la Guerre froide (1947-1991), l’étude est désormais
restreinte à l’Europe. Les sujets d’étude, portant au choix sur le Moyen-Orient ou l’Amérique
latine, permettent des approfondissements à d’autres échelles.
- La période 1947-1949 : pour cette période clé de la bipolarisation de l’Europe et du monde,
l’accent est porté sur le cas de l’Allemagne, durablement divisée après le blocus de Berlin
(1948-1949).
- La période 1989-1991 : la fin du bloc soviétique et l’implosion de l’URSS s’accompagnent
pour les anciens pays de l’Est d’une transition politique (retour de la démocratie) et
économique (conversion à l’économie de marché) rapide. La fin du communisme a pour
conséquences un réveil des nationalités en Europe, la naissance de nouveaux États et, dans
le cas yougoslave, une guerre civile longue et meurtrière (1991-1999).
- Le monde actuel : il se caractérise par l’émergence de nouvelles puissances régionales,
comme la Chine, l’Inde, ou le Brésil ou la réémergence d’anciennes (la Russie) qui portent,
depuis les années 2000, la croissance mondiale. Face à des pays développés frappés par la
crise actuelle, les pays émergents entendent accroître leurs rôles dans les relations
internationales. Ils participent à la formation d’un monde multipolaire.
Bibliographie
• Sur le jeu des puissances dans un espace mondialisé depuis 1945
Les relations internationales
- A. Fontaine, La Guerre froide, 1917-1991, Éditions du Seuil, 2006
- L. Freedman, La Guerre froide, 1945-1989. Une histoire militaire, Éditions Autrement, 2004
- R. Girault, R. Franck, J. Thobie, Histoire des relations internationales contemporaines,
tome III : La loi des Géants, 1941-1964, Payot, 2005
- P. Grosser, La Guerre froide, Documentation photographique n° 8 055, La Documentation
française, 2007
- B. Badie, L'Impuissance de la puissance. Essai sur les nouvelles relations internationales,
Fayard, 2004
- P. Boniface, Le Monde contemporain : grandes lignes de partage, PUF, 2003
- G. Devin (dir.), Faire la paix. La Part des institutions internationales, Presses de Sciences Po,
2009
- M.-F. Durand, P. Copinschi, B. Martin, P. Mitrano, D. Placidi-Frot, Atlas de la mondialisation.
Comprendre l'espace mondial contemporain, Presses de Sciences Po, 2010
- T. Garcin, Les Grandes Questions internationales depuis la chute du mur de Berlin,
Economica, 2009
- P. Mélandri et J. Vaïsse, L'Empire du milieu. Les États-Unis et le monde depuis la fin de la
Guerre froide, Odile Jacob, 2001
- B. Tertrais, Atlas militaire et stratégique. Menaces, conflits et forces armées dans le monde,
Éditions Autrement, 2008
- M. Vaïsse, Les Relations internationales depuis 1945, Armand Colin, 2008
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Berlin pendant la Guerre froide
- Collectif, Le Mur de Berlin 1961-1989, L’Histoire magazine n° 346, 2009
- B. Oudin et M. Georges, Histoire de Berlin, Perrin, 2010
- F. Taylor, Le Mur de Berlin 1961-1989, Jean-Claude Lattès, 2009
La guerre du Golfe
- F. Guelton, La Guerre américaine du Golfe. Guerre et puissance à l'aube du XXIe siècle,
Presses universitaires de Lyon, 1996
- Irak. 1979-2004 : les années Saddam, Librio-Le Monde, 2006
Le 11 septembre 2001
- P. Boniface (dir.), Les Leçons du 11 septembre, PUF, 2003
- G. Chaliand (dir.), Alain Grignard, Olivier Hubac, L'Arme du terrorisme, Audibert, 2002
- H. Laurens, L'Orient arabe à l'heure américaine. De la guerre du Golfe à la guerre d'Irak,
Armand Colin, 2005
- O. Roy, Généalogie de l'islamisme, Hachette, 2001
• Sur le Moyen-Orient et le pétrole
- G. Chaliand et A. Jafalian (dir.), La Dépendance pétrolière : mythes et réalité d’un enjeu
stratégique, Encyclopaedia Universalis, 2005
- S. Chautard, Géopolitique et pétrole, Studyrama, 2007
• Sur l’Amérique latine depuis 1945
- F. Chevalier, L’Amérique latine, de l’indépendance à nos jours, PUF, 1993
- O. Dabene, L'Amérique latine à l'époque contemporaine, Armand Colin, 2003
- O. Dabene, Atlas de l’Amérique latine : le continent de toutes les révolutions, Éditions
Autrement, 2012
Pages 10-11 OUVERTURE DE CHAPITRE
NB : une erreur s’est glissée (corrigée dans le manuel élève) quant à la date de la partie
d’échecs entre Boris Spassky et Bobby Fischer puisque celle-ci a eu lieu en 1972 et non 1970.
Le chapitre s’ouvre sur une photographie d’une partie d’échecs entre le Soviétique Boris
Spassky et l’Américain Bobby Fischer.
Au début des années 1970, pendant la période de la Détente, les tensions entre les deux
Grands s’apaisent. Pour autant, la concurrence entre États-Unis et URSS reste intacte. La
partie d’échecs de 1972 en est un exemple. En effet, jusqu’aux années 1970, les échecs sont
l’apanage des Soviétiques. Mêlant stratégie, mathématiques et contrôle de soi, les échecs
sont en URSS au cœur de la formation de la jeunesse. Pur produit de l’école soviétique, Boris
Spassky (né en 1937), tenant du titre, doit affronter un jeune génie des échecs, au style
atypique et au comportement imprévisible, Bobby Fischer (né en 1943). L’Américain, grand
maître des échecs à l’âge de quinze ans, est alors fortement médiatisé ; tous les États-Unis
sont derrière lui et le Président Nixon lui adresse ses encouragements à la veille du
championnat du monde. Il s’agit, pour les spécialistes de ce jeu de stratégie, du « match du
siècle ». Pour la première fois de l’histoire des échecs modernes, un Occidental l’emporte et
devient champion du monde. En 1972, à Reykjavík (Islande), Bobby Fischer met fin à
23 années de domination soviétique dans le domaine des échecs.
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Pour autant, Bobby Fischer met rapidement fin à sa carrière et plonge progressivement dans
une paranoïa aigue. À la fin de sa vie, le héros américain de 1972 devient persona non grata
aux États-Unis. Déjà en 1992, il choisit, pour une ultime fois, de revenir au monde des échecs
en affrontant une nouvelle et dernière fois Boris Spassky. En Yougoslavie, en pleine guerre
civile et sous embargo américain, Bobby Fischer bat à nouveau son adversaire. Mais ses
frasques, ses déclarations antisémites et antiaméricaines, l’éloignent définitivement à la fois
des tournois internationaux et des États-Unis. Il passe la majeure partie de sa vie en exil et
meurt en 2008 en Islande.
Cette photographie, et cet événement périphérique de la Guerre froide, permet une
première approche de la bipolarisation du monde. Le damier noir et blanc de 64 cases
rappelle l’affrontement, la concurrence que se livrent les deux grands à l’échelle du monde.
De plus, la victoire américaine lors de ce championnat du monde est une belle métaphore
des difficultés croissantes de l’URSS à partir des années 1970. Même dans un domaine où
elle écrasait toute adversité, les échecs, l’URSS se voit temporairement dominée par le jeu
de cet Américain fantasque. Pour autant, en l’absence d’un Bobby Fischer qui s’est retiré de
toutes compétitions internationales, l’URSS retrouve vite son hégémonie dans le domaine.
En 1975, Anatoli Karpov (née en 1951) reprend le titre à Bobby Fischer sans avoir eu à
l’affronter. Dix ans plus tard, en 1985, Anatoli Karpov est supplanté par le talent d’un jeune
soviétique, Gary Kasparov (né en 1963). Pour les observateurs de l’époque, le duel entre
Karpov et Kasparov est à l’image des transformations politiques dans le pays : Karpov, pur
produit du système soviétique, est bientôt dépassé par Kasparov, vitrine à l’étranger de la
perestroïka.
Les deux photographies des sujets d’étude illustrent le poids croissant de deux régions du
monde dans les relations internationales : le Moyen-Orient et l’Amérique latine.
Le Moyen-Orient devient une région centrale des relations internationales à partir des
années 1970. Ses richesses en pétrole sont à la fois un levier de développement et un
facteur d’instabilité. La photographie montre l’intérêt que portent les États-Unis sur la
région. Afin de sécuriser leurs approvisionnements en pétrole, le premier consommateur du
monde, et aussi première puissance mondiale, a multiplié les formes d’interventions directes
depuis 1990. L’Irak, ancien allié des États-Unis pendant la Guerre froide, en est le cœur de
cible. En 1991, pendant la guerre du Golfe, les États-Unis sont à la tête d’une coalition
internationale pour libérer le Koweït qui vient d’être envahi par le voisin irakien. En 2003, au
prétexte que l’Irak abriterait des armes de destructions massives, les États-Unis renversent
Saddam Hussein en dehors de tout mandat international. À chaque fois, les troupes
irakiennes en déroute ont mis feu aux puits de pétrole afin de freiner l’avancée américaine
au Koweït (en 1991) et en Irak (en 2003).
L’Amérique latine, traditionnellement chasse gardée des États-Unis, s’émancipe
progressivement de la tutelle américaine, surtout à partir des années 1990. Pour autant, les
liens entre l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud restent ambivalents. La photographie
présente ainsi une cérémonie traditionnelle revisitée à l’heure de la mondialisation. Elle
montre d’abord un renouveau des identités indiennes, au prix parfois d’une mise en scène
quelque peu folklorique. Le chamane porte ainsi les couleurs arc-en-ciel des Incas pour une
cérémonie dont les pratiques rappellent le vaudou des Caraïbes ou le culte des morts au
Mexique. Les différents portraits mêlent politique et référence à une culture mondialisée
(Michael Jackson).
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Pages 12-13 CARTES
Un monde bipolaire (1947-1991)
La carte présente le monde à l’heure de la Guerre froide. Elle permet une première
approche de la bipolarisation du monde : opposition nucléaire, constitution des blocs,
théâtre de confrontations indirectes. Elle propose également des approfondissements sur la
période, en particulier par la mention de conflits périphériques qui, au sens strict, ne sont
pas à étudier en Tle STMG : guerres de Corée (1950-1953), Vietnam (1961-1975) et Angola
(1975-1994).
Réponses aux questions
1. La bipolarisation, pendant la Guerre froide, est la division du monde en deux camps
antagonistes, chacun placés sous le leadership d’une superpuissance, États-Unis et URSS.
2. Les blocs se constituent autour d’une superpuissance qui tisse autour d’elle un réseau
d’alliances, en particulier militaires. Parce qu’ils veulent empêcher l’expansion du
communisme dans le monde, les États-Unis ont multiplié les pactes militaires aux quatre
coins du monde : le Pacte de Rio (1947) pour l’Amérique, l’OTAN (1949) en Europe, l’OTASE
(1954) en Asie, le Pacte de Bagdad (1955) au Moyen-Orient.
3. L’Europe est le premier espace de tensions au début de la Guerre froide : la crise de Berlin
(1948-1949) achève de diviser l’Europe en deux camps antagonistes. À partir de 1949, la
confrontation entre les deux Grands s’étend à l’Asie. Mais, du fait de l’arme nucléaire,
l’affrontement n’est jamais direct et prend la forme de nombreux conflits périphériques
(guerre de Corée, guerre du Vietnam). L’Amérique latine est plutôt épargnée par la Guerre
froide ; elle reste, à l’exception de la plus grave crise de la période (la crise de Cuba en 1962),
sous contrôle des États-Unis. L’Afrique, quant à elle, décolonisée tardivement, reste un
enjeu tardif de la Guerre froide.
Pages 14-15 CARTES
Un monde multipolaire (depuis 1991)
Avec la chute de l’URSS et la victoire à l’échelle mondiale du modèle capitaliste, le monde
s’est profondément transformé depuis 1991. La forte croissance mondiale a
particulièrement bénéficié aux puissances émergentes, principalement asiatiques. La carte
insiste ainsi sur la place centrale prise aujourd’hui par l’océan Pacifique, première interface
mondiale aujourd’hui.
Réponse à la question
1. Au début du XXIe siècle, les pays développés restent les premiers moteurs de la
mondialisation : ils concentrent les richesses, les savoirs et le développement. Pour autant,
la domination des pôles de la Triade (Amérique du Nord, Europe, Japon) se fait moins
écrasante avec l’émergence de nouvelles puissances régionales. Les pays émergents, en
premier lieu la Chine, participent à la forte croissance mondiale des échanges et rattrapent
rapidement leurs retards sur les pays développés. La crise mondiale de 2008 a révélé les
fragilités des pays développés et la montée en puissance des pays émergents.
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Pages 16-19 QUESTION OBLIGATOIRE
1. 1947-1949 : la naissance d’un monde bipolaire
On présentera ici la rupture idéologique de 1947 qui marque, entre États-Unis et URSS, les
débuts de la Guerre froide. En l’espace de quelques années, de 1945 à 1949, les blocs se
constituent en Europe. La division de Berlin et de l’Allemagne (1949) en est l’illustration la
plus frappante.
Page 16
>>>>A Les États-Unis, leaders du « monde libre »
Les États-Unis sont la première puissance mondiale en 1945 et la seule puissance à être
sortie consolidée de son engagement dans la guerre. Son territoire a été épargné par les
destructions et son appareil productif a été entièrement tourné vers l’effort de guerre. En
1945, les États-Unis possèdent les deux tiers du stock d’or mondial et produisent plus de la
moitié des biens manufacturés. Seuls détenteurs de l’arme nucléaire, ils sont la première
puissance militaire. Alertés par l’expansion du communisme en Europe, les États-Unis
choisissent de sortir définitivement de l’isolationnisme qui caractérisait jusqu’alors leur
politique extérieure. En 1947, avec la doctrine Truman, les États-Unis entendent jouer un
rôle mondial pour endiguer le communisme et encercler l’URSS.
Réponses aux questions
1. L’Europe est divisée en 1945 en deux influences. L’Europe de l’Est, libérée du nazisme par
l’armée Rouge, est sous influence soviétique. L’Europe de l’Ouest, libérée par les troupes
anglo-américaines, est sous l’influence des États-Unis. L’Allemagne est le symbole de cette
division en deux zones d’influence. Berlin, l’ancienne capitale du IIIe Reich, a été libéré par
les Soviétiques, comme l’ensemble de l’Allemagne orientale.
2. L’Europe est selon Truman menacée par l’expansion du communisme. Dans les pays
libérés par l’armée Rouge, l’URSS favorise la prise de pouvoir des communistes qualifiés par
Truman de « minorités armées ». Dans les pays d’Europe occidentale, touchée par les
destructions matérielles, le communisme est aussi un danger car, selon Truman, il prospère
sur la pauvreté (« les semences des régimes totalitaires sont nourries par la misère et le
dénuement ») et menace la démocratie.
3. Pour endiguer le communisme, les États-Unis doivent aider économiquement et
financièrement les pays à se reconstruire. La doctrine Truman s’accompagne d’une aide
gratuite proposée aux pays européens : le plan Marshall.
Page 17
>>>>B L’Union soviétique, un modèle concurrent
L’URSS se présente comme le grand vainqueur du nazisme. Elle a payé le plus cher tribut :
plus de vingt millions de Soviétiques sont morts au cours de la « grande guerre patriotique ».
Le prestige de Staline en sort grandit : l’armée Rouge est la première à entrer dans Berlin en
avril 1945. Dans les grandes conférences interalliées de 1945 – Yalta en février, Potsdam en
juillet – Staline a vu ses positions en Europe consolidées. Mais contrairement à ce qu’il avait
promis dans la Déclaration sur l’Europe libérée, acte final de la conférence de Yalta, Staline
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n’entend pas organiser d’élections libres dans les pays libérés par l’armée Rouge. L’URSS de
Staline entend défendre son influence en Europe orientale en constituant un glacis
protecteur entre les États-Unis et l’URSS. Les États-Unis et son modèle capitaliste, sont
combattus au nom de la défense du communisme et des intérêts stratégiques de l’Union
soviétique.
Réponses aux questions
4. L’Union soviétique met en avant son rôle dans la libération de l’Europe. Elle se présente
comme le vainqueur du nazisme. Dans cette affiche de 1944, Staline est présenté en
généralissime guidant l’armée Rouge vers l’Allemagne, après avoir reconquis les territoires
perdus lors de l’invasion allemande de 1941. Au sortir de la guerre, l’armée Rouge est
présente dans les pays d’Europe de l’Est qu’elle a libérés du nazisme.
5. Andrei Jdanov répond à la doctrine Truman de mars 1947. Il dénonce les États-Unis
comme une puissance « impérialiste » qui, alliée aux empires coloniaux européens (GrandeBretagne, France), entend étendre son influence sur le monde. Pour Jdanov, les États-Unis
poursuivent les objectifs du fascisme puisqu’ils souhaitent combattre le communisme dans
le monde et terrasser l’Union soviétique.
6. Pour contrer « l’impérialisme » américain, l’URSS doit être à la tête des « forces antiimpérialistes et antifascistes ». Elle peut s’appuyer sur les partis communistes « frères »,
dans les républiques sœurs mais aussi dans les pays occidentaux. Dans les colonies, l’URSS
doit soutenir les « combattants des mouvements de libération nationale » dans leurs luttes,
souvent armées, pour l’indépendance. En Europe, les pays d’Europe de l’Est se doivent de
refuser le plan Marshall, présenté, dans le document 5, comme un piège américain. Plutôt
que de vouloir aider l’Europe à se reconstruire, le plan Marshall est vu comme un prétexte
pour renverser l’URSS (la baïonnette sous le journal) et trahir les intérêts du prolétariat au
profit d’une bourgeoisie mondiale déguisée en Oncle Sam.
Capacités bac
7. En 1947, le monde est bipolaire car :
- l’Europe libérée est divisée en deux zones d’influence : à l’Ouest, américaine ; à l’Est,
soviétique ;
- les doctrines Truman et Jdanov marquent la rupture idéologique entre les deux Grands qui
défendent chacun un modèle antagoniste : capitalisme pour les États-Unis, communisme
pour l’URSS ;
- le refus du plan Marshall par les pays d’Europe de l’Est, sous pression soviétique, marque la
division de l’Europe en deux camps antagonistes.
Pages 18-19
>>>>C L’Allemagne, symbole de la division de l’Europe
L’Allemagne est à l’image de la division durable de l’Europe pendant la Guerre froide. Sa
partie orientale, dont Berlin, a été libérée par l’armée Rouge, sa partie occidentale par les
troupes anglo-américaines. À Yalta (février 1945), mais surtout à Potsdam (juillet 1945), le
sort de l’Allemagne a été fixé : l’Allemagne sera divisée en zones d’occupation (soviétique,
américaine, française, britannique) et Berlin bénéficiera d’un statut spécial de ville
internationale, administrée et occupée par les Alliés.
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Réponses aux questions
1. En plus d’être dévastée par les destructions, l’Allemagne est divisée en quatre zones
d’occupation : à l’Est, soviétique ; à l’Ouest, américaine, britannique et française. Berlin,
enclave en zone soviétique, est elle aussi administrée selon ce principe.
2. Berlin constitue un enjeu important par le symbole qu’elle représente. Ancienne capitale
de l’Allemagne, elle a été libérée par les Soviétiques. Enclave internationale en zone
contrôlée par les Soviétiques, elle cristallise les tensions entre les deux Grands. Staline
aimerait pouvoir contrôler l’ensemble de la ville tandis que les Alliés occidentaux se refusent
à reculer devant les provocations soviétiques.
3. La crise de Berlin (1948-1949) illustre la montée des tensions en Europe entre États-Unis
et URSS. Pour protester contre la décision des Alliés occidentaux d’unifier leurs zones
d’occupation, prélude à la création d’un État ouest-allemand, Staline décide de bloquer les
accès terrestres à Berlin-Ouest, en dépit du droit international. Pour autant, cette crise ne
débouche pas sur un affrontement direct. Les Américains contournent le blocus par
l’organisation d’un pont aérien. Pendant près d’un an, 275 000 avions ravitaillent BerlinOuest. En mai 1949, Staline décide de lever le blocus.
4. La levée du blocus de Berlin en mai 1949 entérine la division durable de l’Allemagne.
- La RFA, dans la sphère d’influence américaine, bénéficie de l’aide américaine (plan
Marshall) pour se reconstruire rapidement. Berlin-Ouest, en particulier, constitue une vitrine
du capitalisme comme le montre la photographie d’une exposition Porsche (doc. 8). À partir
des années 1950, la RFA connaît une forte croissance économique.
- La RDA, dans la sphère d’influence soviétique, est une République populaire (parti unique)
qui a adopté le modèle socialiste ou « propriété socialiste des moyens de production ». Les
secteurs clés de l’économie sont nationalisés comme les « richesses du sous-sol, *…+ les
centrales énergétiques […] ». La RDA est une république sœur de l’URSS : « La RDA est partie
intégrante et indissociable de la communauté des États socialistes. »
5. Le mur de Berlin a été construit par les autorités est-allemandes pour empêcher le
passage à l’Ouest de nombreux Berlinois de l’Est soucieux de fuir un régime socialiste
oppressif et incapable de subvenir aux besoins de ses ressortissants. Il symbolise la division
durable de l’Europe et de l’Allemagne pendant la Guerre froide. Il matérialise une expression
utilisée par Churchill en 1946, le « rideau de fer », pour dénoncer la mainmise soviétique sur
les pays libérés en Europe de l’Est par l’armée Rouge.
Capacités bac
6. Sur une frise chronologique, on placera :
- la crise de Berlin : 1948-1949 ;
- la création de la RFA et de la RDA : 1949 ;
- le mur de Berlin : 1961-1989.
Pages 22-25 QUESTION OBLIGATOIRE
2. 1989-1991 : la fin de la Guerre froide
La séquence traite la période 1989-1991, période cruciale dans la compréhension de la fin de
la Guerre froide. Cette deuxième partie de la question obligatoire porte s’intéresse surtout
aux conséquences en Europe de l’effondrement du bloc soviétique et de l’implosion de
l’URSS.
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Pages 22-23
>>>>A La chute du bloc soviétique
1989 marque la fin du « rideau de fer » en Europe. Après l’ouverture de la frontière austrohongroise en mai 1989, l’ensemble des démocraties populaires d’Europe de l’Est
s’effondrent avec, pour point culminant, la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.
Deux ans plus tard, l’URSS implose sous le poids des nationalismes. La Guerre froide prend
fin sans que finalement les États-Unis aient joué un rôle majeur dans l’effondrement rapide
et inattendu du bloc soviétique et de l’URSS. L’URSS est ainsi victime de ses contradictions et
dysfonctionnements internes. Les réformes entreprises dès 1985 par le nouveau Secrétaire
général du PCUS, M. Gorbatchev ne permettent pas de sauver l’URSS du naufrage. Pire, sa
nouvelle ligne politique à l’égard des républiques sœurs, accélère la dilution du bloc
soviétique.
Réponses aux questions
1.
Citations
« Toutefois, c’est aux peuples
d’en décider et de faire leurs
choix. »
Commentaires
Les démocraties populaires du bloc soviétique sont en
droit de choisir entre communisme et capitalisme.
Gorbatchev reste persuadé des avantages du modèle
socialiste par rapport au capitalisme : « *…+ nous
sommes conscients des avantages que présente notre
système. »
« Toute ingérence dans les
L’URSS s’engage à ne pas intervenir militairement pour
affaires intérieures, toute
soutenir les régimes des démocraties populaires ou
tentative de limiter la
empêcher les éventuelles politiques de libéralisation.
souveraineté des États qu’il
Quand Gorbatchev s’exprime devant le Conseil de
s’agisse des amis ou des alliés l’Europe en juillet 1989, la Hongrie a déjà choisi d’ouvrir
ou de n’importe quel État
ses frontières avec l’Autriche, mettant de fait fin au
sont inadmissibles. »
« rideau de fer » qui séparait l’Europe depuis 1945.
Gorbatchev rompt ainsi avec la politique extérieure de
l’URSS à l’égard des républiques sœurs. À plusieurs
reprises, en 1956 en Hongrie, en 1968 en
Tchécoslovaquie, les chars du Pacte de Varsovie sont
intervenus pour étouffer toutes les tentatives de
libéralisation.
2. La nouvelle ligne de politique internationale inaugurée par M. Gorbatchev, la noningérence dans les affaires des Républiques populaires d’Europe de l’Est, entraîne
l’effondrement rapide du bloc soviétique. À l’exception de la Roumanie, les régimes
communistes s’effondrent pacifiquement. Le 9 novembre 1989, des premières brèches sont
ouvertes dans le mur de Berlin, sous le regard désabusé des soldats est-allemands. Deux
jours auparavant, un million de manifestants avaient obtenu le départ d’Erich Honecker, le
dirigeant est-allemand. L’effondrement du régime est-allemand ouvre la voie à la
réunification de l’Allemagne en 1990, divisée depuis 1949. La caricature de Nicholas Garland
(doc. 3) montre les conséquences indirectes de la politique initiée par M. Gorbatchev ; la
perestroïka, qui avait pour objectif de réformer l’économie soviétique et de proposer un
visage neuf à l’étranger, a permis à l’Allemagne de retrouver son unité et de s’imposer, à
l’avenir, comme une puissance incontournable en Europe.
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Page 11
3. Dans cette allocution où il annonce la fin de l’URSS et la création de la CEI (Communauté
des États indépendants), M. Gorbatchev analyse les raisons de l’effondrement de l’Union
soviétique.
La situation catastrophique de l’Union soviétique au moment de sa prise de fonction : « le
destin a voulu qu’au moment où j’accédais aux plus hautes fonctions de l’État, il était clair
que le pays allait mal. »
L’URSS souffrait de retards économiques. L’économie soviétique n’était pas en mesure de
satisfaire les besoins de sa population : « *…+ nous vivons bien plus mal que dans les pays
développés *…+ ».
Ces difficultés économiques sont liées selon Gorbatchev à la course aux armements.
L’économie soviétique souffre de son industrie lourde : « Condamnée à servir l’idéologie et à
porter le terrible fardeau de la militarisation à outrance ».
4. L’implosion de l’URSS donne naissance à de nouveaux États. Des pays baltes (Estonie,
Lettonie, Lituanie) à l’Asie centrale (Kazakhstan…), en passant par l’Europe orientale
(Biélorussie, Ukraine…) et le Caucase (Azerbaïdjan, Géorgie, Arménie), la carte de l’Europe se
trouve bouleversée par l’explosion des nationalismes. En Yougoslavie, cette poussée des
nationalismes a des conséquences dévastatrices. Même si la Yougoslavie de Tita avait
adopté un communisme atypique, loin de la tutelle de Moscou, cette fédération
multinationale ne survit pas à l’effondrement du bloc soviétique. Les Balkans basculent
après 1991 dans une longue guerre civile.
Capacités bac
5. M. Gorbatchev a indirectement été à l’origine de la fin de la Guerre froide. En voulant
réformer un modèle socialiste en difficultés et proposer de nouvelles relations avec les pays
du bloc soviétique et l’Occident (perestroïka), il a précipité la fin du bloc de l’Est (1989) et de
l’URSS (1991). La décision de ne pas soutenir militairement les démocraties populaires a
accéléré la dissolution du bloc soviétique en 1989. En sous-estimant les aspirations
nationales, en Europe, mais surtout au sein même de l’Union soviétique, Gorbatchev n’a pu
empêcher la fin de l’URSS en 1991.
Pages 24-25
>>>>B Des bouleversements en Europe
La fin du bloc soviétique en Europe s’accompagne d’une transition rapide des anciens pays
de l’Est vers la démocratie libérale et l’économie de marché. La fin du communisme a
accéléré le réveil des nationalités en Europe. Ce réveil est parfois douloureux, à l’exemple de
la guerre civile qui déchire la Yougoslavie entre 1991 et 1999.
Réponses aux questions
1. Après la chute des démocraties populaires, les pays de l’ancien bloc soviétique se sont
convertis à la démocratie libérale. Des élections libres sont organisées et elles portent au
pouvoir des personnalités fortes de l’opposition au communisme. Par exemple, en
Tchécoslovaquie, les premières élections présidentielles portent au pouvoir un ancien
dissident et principal acteur de la « révolution de velours » de 1989, Vaclav Havel.
2. En matière économique, les anciens pays du bloc soviétique se sont rapidement convertis
à l’économie de marché. Cette affiche détourne les codes du réalisme soviétique et des
messages de propagande vantant la révolution pour promouvoir le capitalisme. On y voit
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ainsi un Lénine proclamer les vertus du capitalisme (« Viva la imperialism »). Les indications
de localisation du musée font références aux grandes enseignes nouvellement installées
dans les rues de Prague.
3. En Europe, les États-Unis paraissent être les grands vainqueurs de la Guerre froide. Les
anciennes républiques du bloc soviétique adhèrent rapidement à l’OTAN, bien avant de se
porter candidat à l’adhésion européenne. Les États-Unis étendent leur influence militaire à
des régions auparavant dans la sphère soviétique.
4. La Yougoslavie est un État multinational composé d’une majorité serbe mais de minorités
nationales comme les Croates, les Bosniaques, les Slovènes, les Kosovars. Le pays a implosé
sous le poids des nationalismes. La Serbie, attachée au fédéralisme, refuse les proclamations
successives d’indépendance.
5. Si la transition démocratique a été en Europe plutôt pacifique, la Yougoslavie s’enfonce
pendant près de dix ans dans une guerre civile, où les civils sont en première ligne. Les
massacres de Srebrenica (1995) sont une illustration des horreurs de la guerre civile qui a vu,
aux portes de l’Europe, le retour des pratiques ethnocidaires. Sur la photographie, la
présence d’un blindé des Nations unies montre l’incapacité de la communauté
internationale à faire cesser les pires atrocités.
Capacités bac
6. La fin de la Guerre froide met un terme à la bipolarisation de l’Europe :
- les anciens pays du bloc soviétique en Europe se convertissent rapidement à l’économie de
marché et à la démocratie libérale, comme leurs voisins de l’Ouest ;
- l’Allemagne est réunifiée ;
- les anciens pays du bloc soviétique en Europe adhèrent rapidement à l’OTAN ;
- dans une Europe retrouvée, ces pays d’Europe de l’Est se portent rapidement candidats à
l’adhésion dans l’Union européenne.
Pages 28-31 QUESTION OBLIGATOIRE
3. Le nouvel ordre mondial au début du XXIe siècle
Cette troisième partie de la question obligatoire vise à offrir un panorama rapide de l’ordre
mondial au début du XXIe siècle. Deux axes principaux ont été choisis :
- un angle géopolitique : depuis le 11 septembre 2001, le terrorisme international constitue
le nouvel ennemi désigné des États-Unis ;
- un angle géoéconomique : les années 2000 se caractérisent par une forte croissance
mondiale, soutenue en particulier par les pays en développement. La crise financière de
2008, en fragilisant les pays développés, confirme l’émergence sur la scène internationale de
nouvelles puissances.
Pages 28-29
>>>>A Le monde face au terrorisme
Les attentats du 11 septembre 2001 ont été l’occasion pour les États-Unis d’une nouvelle
mobilisation idéologique. Georges Bush lance donc une « guerre contre le terrorisme » et
des opérations militaires visant à renverser les gouvernements qui abriteraient des
combattants d’Al-Qaida. Dès 2002, c’est l’Afghanistan qui est attaqué pour renverser le
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régime taliban de Kaboul. En 2003, hors de tout mandat international, les États-Unis
attaquent l’Irak au motif qu’il abriterait des armes de destructions massives. Cette politique
de réaction américaine soulève l’indignation des opinions publiques dans le monde arabe.
L’élection de Barack Obama, et les espoirs de paix qui l’entourent (il est lauréat du Nobel de
la paix en 2008, alors qu’il vient de rentrer en fonction), marquent un tournant relatif. S’il
entend se rapprocher du monde arabo-musulman (cf. discours du Caire de 2009) et
désengager les troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, il n’abandonne pas la lutte
contre Al-Qaida. En 2001, Oussama Ben Laden, numéro 1 de l’organisation, est repéré et
abattu par un commandant américain dans les faubourgs d’Islamabad.
Réponses aux questions
1. Depuis 2001, les attentats terroristes se sont multipliés. Ils se concentrent
majoritairement dans les pays arabo-musulmans où ils visent les intérêts occidentaux mais
surtout les populations locales. Depuis 2001, ces attentats ont aussi visé le cœur même des
pays occidentaux. Après les attentats de septembre 2001 où l’on a vu des avions de lignes
détournés s’écraser sur les tours du World Trade Center de New York ou sur le Pentagone de
Washington, d’autres pays occidentaux ont ainsi été visés : Madrid en 2003, Londres en
2005.
2. Le Président G. W. Bush entend mener la lutte contre les « terroristes » et les États qui
abriteraient les cellules d’Al-Qaida. Ils visent en premier l’Afghanistan en accusant les
« talibans » d’être une base arrière du terrorisme.
3. Pour Barack Obama, la « peur et la méfiance » entre les États-Unis et les musulmans est
née de la politique de son prédécesseur, G. W. Bush (2000-2008). En menant une véritable
« croisade » contre le terrorisme, la politique de G. W. Bush aurait entraîné un clivage net
entre le monde musulman et l’Amérique. Elle a stigmatisé le monde musulman alors que les
terroristes ne constituent qu’« une minorité de musulmans ». Le cas irakien cristallise ces
passions ; Barack Obama reconnaît que l’opération ne répondait pas aux objectifs de la lutte
contre le terrorisme, mais plutôt à « un choix ».
4. Barack Obama n’abandonne pas la lutte contre le terrorisme. Il se montre ferme à l’égard
des « extrémistes violents » qu’il entend continuer à pourchasser. Il rappelle en outre la
mémoire de la tragédie du 11 septembre pour le peuple américain (« Al-Qaida a tué près de
3 000 personnes ce jour-là. Ses victimes étaient des hommes, des femmes, des enfants
innocents *…+ »). Pour autant, il entend promouvoir davantage de multilatéralisme dans les
relations internationales et éviter qu’une intervention, comme celle en Irak en 2003, ne se
fasse en dehors de la communauté internationale : « *…+ je crois aussi que les événements
en Irak ont rappelé à l’Amérique la nécessité de recourir à la diplomatie et de construire un
consensus international pour résoudre ses problèmes à chaque fois que c’est possible. »
5. La menace terroriste frappe essentiellement les pays arabo-musulmans. La mort du
numéro 1 d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, n’a pour autant pas mis fin à la menace
terroriste. Les nombreuses cellules et organisations se réclamant plus ou moins
lointainement d’Al-Qaida continuent leurs combats, mais souvent avec un ancrage plus
régional (AQMI par exemple dans le Sahara).
Capacités bac
6. Le terrorisme est l’utilisation de la violence contre les civils (attentats, enlèvements,
assassinats) pour créer un choc dans les opinions publiques et déstabiliser les régimes en
place.
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Page 30
>>>>B Une nouvelle donne mondiale
La crise de 2008 a profondément frappé les États-Unis et l’Europe. Même affaiblis et
concurrencés par les pays émergents, les pays développés restent des puissances
incontournables concentrant richesses, savoirs et forces militaires.
Réponses aux questions
1. La crise débute par un krach immobilier c’est-à-dire un effondrement brutal des cours.
Beaucoup d’Américains sont incapables de rembourser des prêts aux banques auxquelles ils
ont emprunté. Les prix de l’immobilier s’effondrent brutalement, les saisies se multiplient et,
dans son sillage, de nombreuses banques font faillite. La crise immobilière se transforme en
désastre financier. Rapidement, la crise se répand à l’échelle de l’Europe et de l’Asie et
montre les limites d’une finance peu régulée.
2. L’Europe est fortement impactée par la crise, mais sous des formes différentes qu’aux
États-Unis. En Europe, la crise de la dette souveraine a affaibli les États. Mais, selon le
texte 7, le risque principal de l’Europe est d’assister à l’implosion de la zone euro.
3. Cette crise ne remet pas profondément en cause la puissance des États-Unis et de
l’Europe. États-Unis et Europe restent les aires de puissance les plus riches au monde. En
termes de recherche et de développement, États-Unis et Europe sont, avec le Japon, à la
pointe des savoirs. Enfin, les États-Unis restent la première puissance militaire, bien loin
devant l’Europe et le reste du monde.
Capacités bac
4. Au début du XXIe siècle, le monde est multipolaire c’est-à-dire organisé autour de
plusieurs puissances régionales.
Page 31
>>>>C L’affirmation des puissances émergentes
La forte croissance mondiale des années 2000 est portée par les pays en développement, en
premier lieu les puissances émergentes. Le rattrapage rapide qu’effectuent certains de ces
pays, comme la Chine, l’Inde ou le retour de la Russie sur la scène internationale, bouleverse
la hiérarchie des puissances.
Réponses aux questions
1. Les pays émergents concentrent aujourd’hui près de 15 % de la richesse mondiale et
peinent encore à rivaliser avec les pays développés. Mais, dans les années 2000, ils ont
connu une forte croissance, parfois supérieure à 10 % par an, comme pour la Chine par
exemple. Dans une dizaine d’années, leur part dans la richesse mondiale tendrait à
s’accroître pour dépasser les 20 % en 2020.
2. Les pays développés ont connu de faibles taux de croissance dans les années 2000, en
général inférieur à 2 %.
3. La puissance chinoise repose sur :
- une forte croissance depuis les années 1980, « 9 % en moyenne par an depuis trois
décennies » ;
- une économie tournée vers l’exportation de produits manufacturés à l’exception du « haut
de gamme de la technologie » ;
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Page 15
- d’importantes « réserves en devises » constituées grâce à un commerce extérieur
florissant.
Capacités bac
4. Au début du XXIe siècle, la hiérarchie des puissances mondiales se modifie :
- la croissance mondiale a été essentiellement portée par les pays en développement ;
- les années 2000 ont vu l’émergence de nouvelles puissances qui ont connu des taux de
croissance particulièrement élevés ;
- avec la crise mondiale, ces nouvelles puissances entendent jouer un rôle plus important
dans les relations internationales (BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ;
- les pays développés, s’ils connaissent un ralentissement de leur croissance, voire pour
certains pays européens une entrée en récession, concentrent encore la majorité de la
richesse mondiale.
Pages 34-35 BAC
EXERCICE 1
La définition qui correspond le mieux à la notion de « monde multipolaire » est la a), un
monde organisé autour de plusieurs pôles d’influence.
EXERCICE 2
On peut citer :
- Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l’URSS, à l’origine de la perestroïka et de la
glasnost.
- Helmut Kohl, chancelier de la RFA, il est l’artisan de la réunification allemande
EXERCICE 3
a) 1947 marque la rupture idéologique entre les deux Grands : Truman entend lutter contre
le communisme en l’endiguant tandis que Jdanov souhaite que l’URSS prenne la tête de la
lutte contre l’impérialisme américain.
b) L’Allemagne est divisée en deux depuis 1945 : à l’Ouest, Américains, Français et
Britanniques, à l’Est sous influence soviétique. Berlin, enclave en zone contrôlée par les
Soviétiques, est elle aussi divisée en zones d’occupation. Entre 1948 et 1949, Berlin-Ouest
est soumise au blocus soviétique. Aux termes de ce blocus, l’Allemagne est durablement
divisée (RFA/RDA).
c) Berlin est au cœur de la première crise de la Guerre froide, le blocus de Berlin (19481949). Entre 1948 et 1949, l’Allemagne est divisée. En 1961, le régime est-allemand construit
un mur séparant Berlin-Est de Berlin Ouest. Jusqu’en 1989, le « mur de la Honte » symbolise
la division de l’Allemagne pendant la Guerre froide.
d) La chute du mur de Berlin en 1989 symbolise la fin des Républiques populaires en Europe
de l’Est. En quelques semaines, les régimes soutenus par l’Union soviétique s’effondrent
sous la pression populaire. La fin du rideau de fer en Europe permet aux anciennes
républiques populaires de renouer avec la démocratie libérale et l’économie de marché.
e) En 1989, les anciens pays de l’Est abandonnent le socialisme pour se convertir à
l’économie de marché. Après l’implosion de l’URSS, les États membres de la CEI opèrent
également une transition brutale vers le capitalisme.
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f) Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis adoptent une politique
extérieure plus agressive au nom de la « guerre contre le terrorisme ». Ils pratiquent
davantage l’unilatéralisme ; ils envahissent par exemple l’Irak en 2003 en dehors de tout
mandat international.
g) La crise a montré les faiblesses des États-Unis. Si elles restent la première puissance
économique mondiale, elle est aujourd’hui concurrencée par la montée en puissance des
pays émergents, en partie des BRICS.
EXERCICE 4
On peut par exemple citer les événements suivants :
- blocus de Berlin : 1948-1949 ;
- construction du mur de Berlin : 1961 ;
- chute du mur de Berlin : 1989 ;
- réunification allemande : 1990.
EXERCICE 5
- Guerre froide et bipolarisation du monde : 1947-1991
- Fin de la Guerre froide et recomposition autour de l’hyperpuissance américaine : 19912001
- Mise en place d’un monde multipolaire : 2001
EXERCICE 6
La définition qui correspond le mieux à la notion de « monde bipolaire » est la c) : une
situation internationale caractérisée pendant la Guerre froide par la division du monde en
deux blocs dominés par les États-Unis et l’URSS.
EXERCICE 7
La période 1989-1991, avec la fin de l’influence soviétique en Europe et de l’URSS, marque la
fin de la Guerre froide :
- 1989 : fin du bloc soviétique en Europe ;
- 1991 : implosion de l’URSS qui devient CEI.
EXERCICE 8
- Naissance de la RFA et de la RDA : 1949.
- Réunification des deux Allemagne : 1990.
Pages 36-41 SUJET D’ÉTUDE 1
Le Moyen-Orient et le pétrole
Par rapport à l’ancien libellé du programme, qui portait sur le Proche-Orient depuis 1945,
l’angle d’étude est ici plus resserré. Il permet, par l’intermédiaire des enjeux pétroliers, de
montrer l’importance croissante de la région (plus de 40 % des exportations de pétrole
aujourd’hui) dans les relations internationales, surtout depuis les années 1970. Il permet
également de jeter un regard nouveau sur le rôle de la puissance américaine dans la région.
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Page 17
Pages 36-37
>>>>A Le Moyen-Orient, réserve pétrolière du monde
La première double page de l’étude s’intéresse à l’importance des réserves pétrolières au
Moyen-Orient (plus de 40 % des exportations). Découvert dès 1908 en Iran, le pétrole est
d’abord exploité par les compagnies étrangères. La fin des années 1950 voit la
réappropriation progressive par les pays producteurs de leurs ressources : l’OPEP, cartel des
grands pays producteurs (Venezuela, Iran, Irak, Koweït, Arabie saoudite à sa création en
1960), permet aux pays arabes de mieux contrôler les cours mondiaux en planifiant les
exportations de chacun de ses membres.
Réponses aux questions
1. Depuis 1908, le pétrole est exploité au Moyen-Orient. Aux marges de l’Empire ottoman,
les premiers forages sont effectués au Khuzestan au Sud-Ouest du pays, aux confins de l’Irak
et du golfe Persique. Ce sont les Britanniques qui, soucieux de faire avancer leur influence
dans la région, sont à l’origine des premiers forages. En effet, au début du XX e siècle, le
monopole de l’exploitation pétrolière est aux mains des compagnies occidentales. En Iran, il
s’agit de l’Anglo-Iranian Oil Company (futur BP, British Petroleum). Les Sept Sœurs désignent
en effet les sept compagnies principales qui détiennent le quasi-monopole de l’exploitation
pétrolière dans le monde. Elles constituent un cartel jusqu’en 1959, c’est-à-dire une entente
illicite en vue de contrôler les prix sur le marché.
2. La création de l’OPEP est une étape décisive pour les pays producteurs. Elle leur permet
de mieux contrôler la production de pétrole, donc les prix. Conscients de la baisse des prix
au début des années 1960, baisse essentiellement organisée par les grandes compagnies
occidentales qui détiennent le monopole de l’extraction, les principaux pays producteurs
s’organisent aussi en cartel. Sur l’initiative du Shah d’Iran et du Venezuela, l’OPEP naît
en 1960 autour de cinq pays : l’Irak, l’Iran, le Koweït, l’Arabie saoudite et le Venezuela.
Chacun des pays s’engage à planifier sa production pour éviter une chute des prix.
Aujourd’hui, l’OPEP réunit 12 membres, originaires du Moyen-Orient mais aussi d’Amérique
(Venezuela, Équateur) et d’Afrique (Angola, Libye, Nigeria, Algérie).
3. Pendant la guerre du Kippour, qui oppose Israël et ses voisins arabes (Égypte, Syrie), le
pétrole a été une arme diplomatique. Depuis 1947, les pays arabes n’ont toujours pas
reconnu l’existence d’Israël. Le revers militaire connu par les pays arabes lors de la guerre de
Kippour et l’aide qu’ont pu apporter les États-Unis à Israël est l’occasion pour les pays
membres de l’OPEP de sanctionner les pays occidentaux. Ils décident de limiter
drastiquement leurs productions de pétrole, causant ainsi une flambée des prix du pétrole
sur les marchés mondiaux. En 1973, le prix du pétrole quadruple, handicapant fortement des
pays occidentaux dont l’économie fonctionnait sur une énergie qu’ils ne possédaient pas
mais dont le prix était plutôt bas (autour de 5 dollars le baril dans les années 1960).
4. Par les réserves pétrolières qu’il possède, le Moyen-Orient est rapidement devenu un
enjeu entre les deux Grands. S’il s’agit d’un théâtre d’affrontement secondaire au regard de
l’Europe ou de l’Asie, le Moyen-Orient devient, à partir de 1946, un espace convoité par les
États-Unis. Dans la région, les États-Unis renforcent leurs positions, au détriment des
Britanniques. En 1953, les Américains choisissent de renverser le gouvernement Mossadegh
en Iran accusé de soutenir une politique de nationalisation des hydrocarbures. En 1955, avec
le pacte de Bagdad, les États-Unis renforcent leurs liens militaires avec les principaux pays de
la région. Dans cet espace de tensions, États-Unis et URSS établissent dans la région une
sorte de condominium. En cas de crise (Suez) ou de guerres (guerres israélo-arabes de 1948-
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Page 18
1949, guerre des Six Jours en 1967 ou du Kippour en 1973), les deux Grands font pression
sur leurs alliés respectifs pour éviter un embrasement de la région.
Capacités bac
5. Avant 1960, les compagnies étrangères détiennent un quasi-monopole de l’exploitation
des hydrocarbures au Moyen-Orient. Avec la création de l’OPEP en 1960, les pays
producteurs affirment leur mainmise sur leurs propres productions. En décidant
conjointement de la production, ils évitent une baisse des cours mondiaux.
Pages 38-39
>>>>B Le pétrole, moteur du développement au Moyen-Orient et ressource convoitée
La double page s’articule sur la manière dont le pétrole a pu jouer en faveur du
développement rapide des pays pétroliers du golfe Persique, surtout à partir des
années 1970 (chocs pétroliers et augmentation des cours). Pour autant, cet espace instable
reste un enjeu pour les puissances occidentales : la carte permet ainsi de mesurer le rôle du
Moyen-Orient dans la Guerre froide et le rôle croissant des États-Unis dans la région.
Réponses aux questions
1. Avec le choc pétrolier de 1973 (guerre du Kippour) et celui de 1979 (révolution islamique
en Iran), les cours mondiaux de pétrole, libellés en pétrole, ont connu une forte
augmentation. Toute crise régionale a des répercussions sur le prix du pétrole. Pour de
nombreux États du golfe Persique, cette manne pétrolière (pétrodollars) a été un fort levier
de développement et de diversification. C’est le cas par exemple des Émirats arabes unis à
partir de la fin des années 1960.
2. Abu Dhabi et Dubaï sont devenus des pôles secondaires de la mondialisation. Ces villes
ont connu depuis les années 1960 un fort développement économique. Après une période
de rattrapage rapide (arrivée de l’électricité en 1967 et de la téléphonie mobile en 1972
pour Abu Dhabi) et de démocratisation de l’éducation et de la santé, ces métropoles
mondiales sont devenues des carrefours financiers incontournables dans la mondialisation.
La tour Burj Khalifa, plus haute tour du monde (828 mètres), inaugurée en 2010, est
aujourd’hui le symbole de cette réussite.
3. La carte 9 permet de dresser une typologie des risques d’instabilité dans la région. L’Iran,
puissance régionale, entend se doter de l’arme nucléaire pour assurer sa propre protection.
Inquiète de la présence américaine dans la région et marquée par la guerre avec l’Irak (19801988), ce grand producteur d’hydrocarbures (le 2e de l’OPEP aujourd’hui), est un élément
d’inquiétude dans la région. Ce pays, majoritairement chi’ite, est aujourd’hui accusé de
soutenir les nombreux mouvements terroristes au Moyen-Orient, qu’ils soient chiites
(Hezbollah libanais) ou sunnites (Hamas palestinien).
Les grands détroits (Ormuz et Aden) sont surveillés par la flotte américaine. Les risques
d’instabilité y sont nombreux : piraterie depuis les rives pauvres de la Corne de l’Afrique
(Somalie), tensions avec des États considérés comme suspects par les États-Unis (Soudan,
Iran).
Les oléoducs, construits ou en construction, passent par des espaces instables. C’est le cas
en particulier de la Syrie ou des pays du Caucase.
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Page 19
Capacités bac
4. Au Moyen-Orient, le pétrole est une richesse convoitée. Les hydrocarbures déterminent la
géopolitique de la région entre pays qui en possèdent et ceux qui n’en ont pas ou peu. Le
Moyen-Orient est aussi sous contrôle de la puissance américaine, dont la présence s’est
renforcée depuis 1991. Les grands lieux de passage du pétrole (golfe Persique, mer Rouge)
sont des endroits stratégiques. À chaque crise régionale, les cours mondiaux du pétrole s’en
trouvent impactés.
Pages 40-41
>>>>C Une région sous tension
À travers le cas de l’Irak, la première page permet de faire le lien entre pétrole et instabilité
de la région. Même si le pétrole est un enjeu secondaire du déclenchement des trois conflits
qui ont embrasé l’Irak depuis 1980 (guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 ; guerre du Golfe de
1990, invasion américaine de 2003), il reste un enjeu important pour la région, mais aussi
pour le monde. En effet, à chaque crise majeure dans la région, les cours mondiaux ont
tendance à s’envoler. Dans l’objectif de s’assurer un approvisionnement en pétrole stable,
les États-Unis ont multiplié les formes d’intervention dans la région (Koweït en 1990, Irak en
2003). Le détroit d’Ormuz est ainsi un carrefour stratégique où passent près de 40 % du
pétrole mondial. Pour assurer la sécurité de la région, la marine américaine est la première
force militaire de la région.
Réponses aux questions
1. Le pétrole est évoqué par le ministre des Affaires étrangères irakien, Tarek Aziz, pour
justifier une éventuelle invasion du Koweït. Épuisé par huit années de guerre contre l’Iran
(1980-1988), l’Irak de Saddam Hussein accuse le Koweït d’avoir entraîné les cours à la chute,
en « submergeant le marché de quantités de pétrole bien supérieures à leurs quotas fixés à
l’OPEP ». De plus, les contentieux frontaliers sont nombreux entre les deux voisins. Tarek
Aziz conteste les frontières héritées de la décolonisation. Le Koweït est un protectorat
britannique depuis 1923 et son indépendance effective en 1961 n’a pas été reconnue par
l’Irak. Pour les Irakiens, le Koweït fait partie intégrante de l’Irak et son existence même prive
le pays d’une plus grande ouverture maritime sur le golfe Persique et de réserves
supplémentaires en pétrole.
2. Selon l’auteur de l’article (doc. 12), les États-Unis ont accru leur présence au MoyenOrient au nom de la lutte contre le terrorisme international, et Al-Qaida en particulier. Il
s’agirait aussi pour les États-Unis de trouver d’autres sources de pétrole dans la région, et
dans le monde, pour éviter d’être trop dépendants du pétrole saoudien.
3. Pour l’auteur de l’article, l’intervention de 2003 en Irak se comprend par la volonté des
États-Unis, de loin les plus gros consommateurs au monde de pétrole, de « desserrer l’étau
saoudien ». En effet, depuis 1945, l’Arabie saoudite est le principal allié des États-Unis dans
la région : l’Arabie saoudite garantit la stabilité de l’approvisionnement en pétrole, tandis
que les États-Unis assurent la protection du royaume saoudien. Pour autant, la méfiance
entre les deux alliés n’a fait que s’accroître, surtout depuis les attentats terroristes du
11 septembre 2001, organisés et revendiqués par un Saoudien, Oussama Ben Laden. En
décidant d’envahir l’Irak en 2003 au prétexte qu’elle détenait des armes de destructions
massives, les néoconservateurs américains (les faucons) entendaient, selon l’auteur de
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l’article, s’approprier les réserves en pétrole du pays et être ainsi moins dépendants de
l’Arabie saoudite.
4. Le détroit d’Ormuz est une région stratégique du marché pétrolier :
- il est riche en réserves de pétrole et d’hydrocarbures off-shore ;
- très fréquenté par les navires pétroliers, il est la première région d’exportation
d’hydrocarbures au monde (40 % du transit) ;
- il est traversé par des oléoducs et des gazoducs.
5. Le détroit d’Ormuz est une zone de piraterie et, surtout, de risques terroristes. Des
installations pétrolières ont été à plusieurs reprises visées par des attentats. Mais le risque
d’instabilité majeure dans la région est constitué par l’Iran qui revendique la possession
d’îles dans le golfe Persique. Face à ses voisins arabes, l’Iran chiite entend également
protéger ses propres installations et sanctuariser son territoire en développant son
programme nucléaire.
Capacités bac
6. La carte met en relief la richesse énergétique de la région ainsi que la forte présence
militaire des États-Unis. Les États-Unis sont au cœur d’un vaste réseau d’alliances dans la
région et y ont multiplié les bases militaires.
Pages 44-45 BAC
Sujet guidé
Réponses aux questions
1. Le choc pétrolier de 1973 trouve ses origines dans la dernière guerre israélo-arabe : la
guerre du Kippour. En 1973, pendant la fête juive de Yom Kippour, les troupes égyptiennes
et syriennes attaquent l’État d’Israël avant d’être « repoussé(e)s puis vaincu(e)s par une
contre-offensive ». L’Égypte, en particulier, souhaitait récupérer la région du Sinaï (« la rive
orientale du canal de Suez ») occupée depuis la Guerre des Six Jours (1967) par les Israéliens.
2. Les principaux membres de l’OPEP (Irak, Koweït, Iran, Arabie saoudite) décident d’utiliser
le pétrole comme une arme politique. Créée en 1960, l’OPEP est un cartel, une entente,
entre principaux pays producteurs de pétrole. L’OPEP permet à ses États membres de mieux
peser sur les cours mondiaux par une gestion collective de leurs exportations de pétrole.
Pour sanctionner des pays occidentaux accusés d’avoir soutenu Israël, l’OPEP décide de
diminuer drastiquement ces exportations de pétrole (« mettent l’embargo sur leurs
exportations »). En quelques semaines, le prix du baril flambe. Pour les pays industrialisés, le
choc pétrolier de 1973 marque la fin du pétrole bon marché.
3. Selon le Premier ministre Pierre Messmer, la situation économique en France est
« prospère ». Il dresse en effet un tableau positif de l’économie française avant le choc
pétrolier de 1973 : élévation du niveau de vie, plein emploi (« il n’y a pas de chômage »),
excédents de la balance commerciale et un « budget de l’État en équilibre ». Le constat
dressé par P. Messmer peut surprendre. Il s’explique avant tout le fait que P. Messmer, alors
Premier ministre, tente ici de justifier son propre bilan.
4. Pour les pays industrialisés, le choc pétrolier de 1973 a des conséquences importantes.
Dans le texte, les conséquences ne sont pas évoquées explicitement. Mais le tableau fait par
P. Messmer de la France en 1973 montre bien que cette situation économique,
exceptionnelle, ne se retrouvera plus après le choc pétrolier : « le commerce extérieur est en
excédent et le budget de l’État en équilibre, ce qui paraît incroyable aujourd’hui ». En effet,
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la flambée des cours handicape les pays industrialisés qui bénéficiaient d’un prix du pétrole
plutôt bon marché jusque-là. Le choc pétrolier accélère l’entrée dans la crise pour les pays
industrialisés, fortement dépendants des importations de pétrole.
5. La France souhaite se rapprocher de l’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole au
monde et membre le plus influent de l’OPEP. La France dépend autour de 30 % de ses
importations de pétrole saoudien. Se rapprocher diplomatiquement de l’Arabie saoudite –
Pierre Messmer évoque une visite officielle en France du roi Fayçal –, permettrait à la France
de sécuriser son approvisionnement. Mais l’Arabie saoudite est surtout un allié des ÉtatsUnis depuis 1945. Les États-Unis lui assurent la protection militaire en échange d’un
approvisionnement régulier en hydrocarbures. Quoi qu’il en soit, le choc pétrolier pousse les
pays industrialisés à diversifier leurs zones d’approvisionnement pour être moins
dépendants du Moyen-Orient et à développer de nouvelles énergies, par exemple le
nucléaire civil pour la France.
Sujet blanc
Réponses aux questions
1. Pour l’Irak, le pétrole est un enjeu important de développement, d’autant plus que le
pays, aujourd’hui, est largement à reconstruire (« l’Irak a été ravagé par trois guerres
successives et un embargo pendant dix ans *…+ »). Les exportations d’hydrocarbures
permettraient en particulier à l’Irak de dégager près de « 200 milliards de dollars » par an. À
l’échelle du monde, l’Irak peut devenir l’un des plus importants exportateurs
d’hydrocarbures au monde, au point peut-être de pouvoir dépasser la Russie, actuellement
deuxième exportateur mondial. La production irakienne permettrait de soutenir la forte
demande mondiale, en particulier venant des pays émergents (« l’Irak contribuera à hauteur
de 45 % de l’offre pétrolière *…+ d’ici 2035 »). L’arrivée massive du pétrole irakien serait donc
une solution à la forte hausse des cours que le pétrole a connue, en particulier depuis les
années 2000. En dynamisant l’offre de pétrole, l’augmentation des exportations
d’hydrocarbures irakiens pourrait stabiliser les marchés et éviter une flambée des prix du
pétrole.
2. L’Irak a été engagé dans « trois guerres ».
- Entre 1980 et 1988, l’Irak de Saddam Hussein a mené une guerre contre l’Iran. Soutenu
alors par les États-Unis et les puissances occidentales contre l’Iran de la révolution islamique,
cette guerre a laissé l’Irak et l’Iran dans une situation économique désastreuse.
- En 1990, Saddam Hussein décide d’envahir le Koweït, émirat pétrolier du golfe Persique
dont l’indépendance (et les frontières) n’ont jamais été reconnues par l’Irak. La communauté
internationale condamne l’invasion du Koweït. Les États-Unis, à la tête d’une vaste coalition
internationale et sous mandat de l’ONU, repoussent les forces irakiennes du Koweït : c’est la
guerre du Golfe (1991).
- Entre 1991 et 2003, l’Irak est isolé de la communauté internationale. Le pays est placé sous
embargo par l’ONU.
- En 2003, au prétexte de détenir des armes de destruction massive, les États-Unis
envahissent l’Irak, hors de tout mandat international. En quelques semaines, le régime de
Saddam Hussein s’effondre.
3. Pour l’Irak, ces guerres ont été désastreuses. Elles ont plongé les Irakiens dans la misère.
L’Irak, pays plutôt prospère au début des années 1980, a vu son revenu par habitant chuter
considérablement en 25 ans ; cette chute est de l’ordre de 75 % (800 dollars en 2004 contre
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3 400 dollars par an et par habitant en 1980). La situation s’est particulièrement dégradée
après la guerre du Golfe (1991). Le retour à la paix n’a pas permis au pays de se reconstruire.
En effet, pour sanctionner le régime irakien, accusé de militariser le pays, celui-ci est soumis
à un embargo drastique de la communauté internationale (« embargo de dix ans ») :
interdiction est faite à l’Irak d’exporter son pétrole, hormis pour importer des produits
alimentaires (« pétrole contre nourriture »). Le renversement du régime irakien (2003) n’a
pas amélioré la situation car l’Irak plonge dans la guerre civile (« violence des rivalités
politiques et communautaires) qui menace l’unité du pays (divisé entre sunnites, chiites,
kurdes et communautés chrétiennes).
4. Pour augmenter ses exportations de pétrole, l’Irak doit d’abord investir dans les
infrastructures, détruites par les conflits, ou peu modernisées : l’auteur estime que ces
investissements devraient être de l’ordre de 25 milliards de dollars sur dix ans. De plus, l’Irak
doit être en paix pour pouvoir se développer et en finir avec la guerre civile et les violences
qui l’accompagnent. Pour cela, l’Irak doit se doter d’un gouvernement reconnu par tous
(« stabilité politique ») et capable d’assurer le développement par davantage de
« transparence », en particulier dans la lutte contre la corruption d’État.
Capacités bac
5. « L’Irak possède les deuxièmes réserves mondiales de brut conventionnel », mais la
manne pétrolière n’est assurée de durer que si d’importants investissements sont réalisés.
Pages 46-51 SUJET D’ÉTUDE 2
L’Amérique latine de 1945 à nos jours
Il s’agit ici d’étudier les rapports qu’entretient depuis 1945 le continent sud-américain avec
son voisin étatsunien. Traditionnellement « chasse gardée » des États-Unis, le continent
s’émancipe progressivement de la tutelle américaine (politique, économique et culturelle)
pour s’intégrer à la mondialisation. Le sujet d’étude donne une place importante aux efforts
de régionalisation depuis 1990 (ALENA, MERCOSUR, ALBA) et à l’émergence de puissances
montantes, comme le Brésil.
Pages 46-47
>>>>A L’Amérique latine, arrière-cour des États-Unis
Depuis la fin du XIXe siècle, l’Amérique latine est considérée par les États-Unis comme son
« arrière-cour » où elles s’autorisent à intervenir pour y défendre ses intérêts. À la fin du
XIXe siècle, Theodor Roosevelt, par la politique du « big stick », inaugure une politique
d’intervention directe dans les Caraïbes. La Guerre froide est l’occasion pour les États-Unis
de resserrer ses liens avec le continent au nom de la lutte contre le communisme.
Réponses aux questions
1. Les États-Unis et l’URSS s’affrontent indirectement sur le continent américain. Cuba,
depuis sa révolution de 1959, est le principal ennemi des États-Unis en Amérique latine. Les
États-Unis entendent empêcher toute diffusion du communisme en intervenant directement
dans les pays qui pourraient basculer dans la révolution et / ou menacer les intérêts
américains dans la région.
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2. Cuba est un enjeu entre États-Unis et URSS depuis 1959, au moment où Castro renverse le
dictateur Battista, allié des États-Unis. Pour l’URSS, soutenir le nouveau régime cubain lui
permet de faire avancer ses positions sur un continent qui avait été jusque-là à l’abri de
l’affrontement Est / Ouest.
3. Menacé par les risques d’interventions américaines, Castro choisit de se rapprocher de
l’URSS et de bénéficier ainsi d’un soutien militaire et économique de poids.
4. La crise de Cuba a été la plus grave crise de la Guerre froide car États-Unis et URSS ont été
proches de l’affrontement direct, et donc nucléaire (« puisque le danger réel d’un conflit
militaire entre deux puissances nucléaires avait surgi »). En plaçant des rampes de
lancement à Cuba, l’URSS pouvait menacer directement le territoire américain d’une attaque
nucléaire.
5. Les États-Unis sont intervenus à plusieurs reprises pour renverser des régimes qui
menaçaient leurs intérêts. En 1954, ils avaient déjà renversé le président du Guatemala qui
souhaitait engager une réforme agraire. Au lendemain de la crise de Cuba, les États-Unis
reprennent en main le continent, en luttant contre les guérillas marxistes en soutenant les
États qui les combattent ou en finançant les milices anticommunistes. Dans les années 1970,
les États-Unis soutiennent les dictatures militaires qui se mettent en place en Amérique
latine. Elles favorisent même les coups d’État, comme au Chili en 1973, quitte à mettre fin
dans la violence, à un gouvernement démocratiquement élu (au Chili, celui de Salvador
Allende). La CIA est la principale organisatrice des opérations clandestines.
6. Ces opérations ont pour but, au nom de la lutte contre le communisme, de mettre en
place en Amérique latine des régimes favorables aux intérêts politiques mais aussi
économiques des États-Unis.
Capacités bac
7. Si l’Amérique latine n’est pas le principal théâtre d’affrontement de la Guerre froide, les
États-Unis s’opposent à la diffusion du communisme sur le continent, surtout après la crise
de Cuba. En soutenant les dictatures militaires d’Amérique latine, les États-Unis entendent
préserver leur influence sur le continent. En luttant contre l’expansion du communisme en
Amérique, et en isolant Cuba de la scène régionale, ils cherchent à empêcher l’URSS de
prendre pied sur un continent qui reste depuis la fin du XIX e siècle la chasse gardée des
États-Unis.
Pages 48-49
>>>>B Un souffle nouveau pour l’Amérique latine
On montre ici les transformations politiques et économiques qu’a connues l’Amérique latine
depuis les années 1980. Avec la diminution des tensions liées à la Guerre froide, le continent
a connu une transition démocratique qui a vu l’effondrement des dictatures militaires, puis
une insertion accélérée dans la mondialisation.
Réponses aux questions
1. À partir des années 1980, les pays d’Amérique latine renouent avec la démocratie : les
dictatures militaires s’effondrent progressivement. Ce retour à la démocratie a permis dans
les années 2000 l’émergence de gouvernements de gauche, issu du monde syndical (Lula au
Brésil) et/ou des minorités indigènes (Evo Morales en Bolivie).
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2. Depuis 1994, le Mexique est un des trois membres de l’ALENA (Association de libreéchange nord-américain). L’ALENA associe deux pays du Nord, les États-Unis et le Canada, et
un pays en développement, le Mexique. C’est pour cette raison que l’ALENA ne prévoit pas
la libre-circulation des personnes.
3. Cette couverture de BusinessWeek montre un immigrant converti aux joies de la société
de consommation : shopping, vêtements soignés, maison individuelle sont les symboles du
nouveau rêve américain.
4. Pour les États-Unis, l’immigration clandestine mexicaine permet d’avoir une maind’œuvre bon marché, en particulier pour des secteurs clés comme le bâtiment, l’agriculture
ou le service à domicile. De plus, comme le souligne cette couverture de BusinessWeek, ils
contribuent, mêmes s’ils sont sans-papiers, à dynamiser l’économie américaine puisqu’ils
constituent plus de 10 millions de consommateurs. Pour le Mexique, l’émigration permet
d’alléger la pression sur le marché du travail et assure en retour une manne financière
puisque les émigrants envoient de l’argent à leur famille restée au pays.
5. Avec la crise qui touche les États-Unis depuis 2008, beaucoup de Mexicains font le choix
de ne plus émigrer vers les États-Unis faute d’emplois, en particulier dans la construction.
Les perspectives de croissance au Mexique et la baisse de la natalité dans ce pays font que
de nombreux jeunes préfèrent rester.
6. C’est un véritable changement dans les relations entre les deux pays dans la mesure où,
depuis les années 1970, les Mexicains émigraient massivement vers les États-Unis.
Aujourd’hui, le Mexique connaît, dans le cadre de l’ALENA, un développement économique
rapide qui en fait une puissance émergente. L’émigration vers les États-Unis ne paraît plus
être une perspective d’avenir pour de nombreux Mexicains.
Capacités bac
7. Les États-Unis et le « rêve américain » restent pour beaucoup de Mexicains une
alternative à la pauvreté. Mais le développement rapide du Mexique, nouvelle puissance
émergente, permet aujourd’hui à de nombreux Mexicains de se construire un projet d’avenir
dans leur propre pays.
Pages 50-51
>>>>C Un espace en mutation
À partir des années 1990, l’Amérique latine multiplie les accords de libre-échange et a
accéléré son intégration dans la mondialisation.
Réponses aux questions
1. Hugo Chávez incarnait une forme de résistance aux États-Unis. Il accuse les États-Unis de
vouloir l’assassiner et de faire preuve d’ingérence dans les affaires de l’Amérique latine. Il
dénonce l’impérialisme américain (« la menace permanente de l’empire ») et la volonté des
États-Unis de vouloir le renverser.
2. Les références de Chávez sont les grandes figures de la révolution en Amérique latine
depuis le XIXe siècle, c’est-à-dire depuis les indépendances. En premier lieu, Chávez met en
avant sa filiation idéologique avec Simon Bolivar (1783-1830) qui a permis à plusieurs pays
d’Amérique latine (Venezuela, Colombie, Bolivie…) de se détacher définitivement de la
tutelle de la couronne espagnole. Il réserve aussi une place particulière à Fidel Castro :
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l’impérialisme espagnol combattu par Bolivar, Castro incarne la résistance à l’impérialisme
américain.
3. Le Venezuela est une puissance pétrolière. La nationalisation des hydrocarbures a permis
à Chávez de développer un programme social important de lutte contre la pauvreté et
l’analphabétisme.
4. Le Brésil a bénéficié depuis plus de dix ans de forts taux de croissance. Il est le pôle
moteur de la croissance en Amérique du Sud. Le développement économique a permis de
redistribuer une partie des richesses sous la forme de programmes sociaux, en particulier en
matière de lutte contre la pauvreté (« *…+ à ceux qui luttent encore pour sortir de la
pauvreté, ils peuvent, avec l’aide du gouvernement et de toute la société accéder à de
meilleures conditions de vie *…+ »). L’objectif, pour Dilma Rousseff, est de constituer au
Brésil une société de « classes moyenne solide et entrepreneuriale ».
5. Dans le discours de la Présidente brésilienne, les États-Unis sont un partenaire comme les
autres, au même titre que l’Union européenne. Dilma Rousseff réserve ses premiers mots
aux pays d’Amérique du Sud avec qui elle veut entretenir des liens particuliers (« *…+ nos
frères d’Amérique latine et des Caraïbes*…+ »).
6. Le Venezuela de Chávez proposait une alliance entre pays d’Amérique du Sud, l’ALBA
(Alliance bolivarienne pour les Amériques), qui permettrait, par la mutualisation des
ressources, de la culture, de contrebalancer l’influence américaine. Quant au MERCOSUR
(Marché commun du Sud), il s’agit d’un marché commun, créé en 1991, qui vise à diffuser le
libre-échange sur le continent et constituer un pôle majeur dans la mondialisation.
Capacités bac
7. Les documents 10 et 12 témoignent des visions différentes du développement
économique et social au Venezuela et au Brésil.
Le Venezuela de Chávez entend incarner un axe de résistance à la puissance américaine et
au capitalisme. La révolution bolivarienne souhaite réduire la pauvreté au Venezuela en
redistribuant une partie des fruits de la rente pétrolière.
Le Brésil de Lula et de Rousseff entend créer une société de classes moyennes et encourager
l’intégration du Brésil dans la mondialisation. En ce sens, le Brésil s’affirme sur la scène
régionale (MERCOSUR) et internationale. Les États-Unis sont considérés comme des
partenaires économiques et politiques comme un autre. Le Brésil souhaite incarner un
modèle différent, en particulier auprès des pays en développement.
Pages 54-55 BAC
Sujet guidé
Réponses aux questions
1. Ce discours a été prononcé par le Secrétaire d’État américain, John Foster Dulles, au début
de la Guerre froide. Le continent américain, considéré comme « l’arrière-cour » des ÉtatsUnis n’est pas le théâtre principal de l’affrontement entre URSS et États-Unis. En effet,
depuis 1945, l’Europe a été le principal foyer de tensions (blocus de Berlin entre 1948
et 1949) avant que la Guerre froide ne s’étende à l’Asie (guerre de Corée, 1950-1953).
2. Pour John Foster Dulles, le Guatemala menace de basculer dans le communisme (« les
agitateurs communistes se sont évertués à infiltrer *…+ »). Il dénonce le soutien que
donnerait l’URSS aux communistes guatémaltèques : l’URSS entraînerait des « recrues en
Russie *…+ au combat révolutionnaire ». Selon lui, le Guatemala fait partie des plans
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soviétiques pour diffuser le communisme dans toute l’Amérique latine depuis « une base
politique solide dans cet hémisphère ». C’est donc au nom de l’endiguement prôné par
Truman en 1947 que John Foster Dulles entend lutter contre le communisme en Amérique
centrale.
3. Les États-Unis entendent aussi, et surtout, défendre leurs intérêts économiques au
Guatemala. En effet, le Président Arbenz souhaite lancer une réforme agraire qui menacerait
les intérêts d’une multinationale américaine, United Fruit. Cette société posséde au
Guatemala de nombreuses terres, la réforme agraire la priverait de ses plantations. À noter
également que John Foster Dulles n’est pas très neutre dans la décision américaine de
renverser le gouvernement Arbenz ; son frère est aussi le président de la United Fruits.
4. Au nom de la lutte contre le communisme (« pour défier le leadership économique »), les
États-Unis, par l’intermédiaire de la CIA, décident de lancer une opération clandestine pour
renverser le Président Arbenz. Ils soutiennent en particulier l’organisation d’un putsch
conduit par un officier de l’armée guatémaltèque, le colonel Castillo Armas. Le coup d’État
pousse le Président Arbenz à démissionner et à s’exiler. Une dictature militaire, favorable
aux intérêts américains, s’installe durablement au Guatemala.
5. Après 1954, les États-Unis sont intervenus régulièrement en Amérique latine au nom de la
lutte contre le communisme. On peut citer :
- En 1961, les États-Unis tentent de renverser Fidel Castro qui a pris le pouvoir à Cuba en
1959. Inquiets de la révolution cubaine, la CIA entraîne et arme des combattants cubains en
exil et hostiles à la révolution, avant d’organiser un débarquement sur l’île. Mais le
débarquement dans la « Baie des Cochons » est un échec. Cette opération militaire
clandestine organisée par les États-Unis pousse Cuba à se rapprocher durablement de
l’URSS.
- En 1973, les États-Unis soutiennent au Chili le coup d’État du général Pinochet. Le Président
démocratiquement élu, Salvador Allende, est contraint au suicide. Dans l’ensemble de
l’Amérique latine, les États-Unis ont soutenu des dictatures militaires pour contrer
l’expansion du communisme ou protéger leurs propres intérêts économiques.
- Depuis les années 1980, les États-Unis interviennent directement dans un certain nombre
de pays andins, en particulier en Colombie, pour détruire les champs de coca et lutter contre
les narcotrafiquants.
Sujet blanc
Réponses aux questions
1. Le MERCOSUR est une organisation régionale, le Marché commun d’Amérique du Sud,
née en 1991. Il regroupe aujourd’hui la plupart des pays d’Amérique du Sud : autour d’un
axe Brésil-Argentine (« plutôt orienté, avec ses deux grands pôles industriels, Sao Paulo et
Buenos Aires »), on trouve ainsi le Paraguay, l’Uruguay et, depuis 2010, le Venezuela depuis
2012. Il associe, dans le projet d’une intégration future, les pays andins, de la Colombie au
Chili. Il est, avec l’ALENA en Amérique du Nord, la grande zone de libre-échange du
continent.
2. Le MERCOSUR regroupe « 70 % de la population sud-américaine », soit 270 millions
d’habitants. Il regroupe deux puissances régionales, le Brésil et l’Argentine. Seuls les pays les
plus pauvres d’Amérique latine, les pays andins, ne sont pas membres à part entière du
MERCOSUR mais des associés. À termes, l’élargissement du MERCOSUR devrait permettre
l’intégration régionale de toute l’Amérique latine. Le MERCOSUR, par son poids en Amérique
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du Sud, concurrence une autre tentative d’intégration régionale, conduite par le Venezuela
de Chávez, l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les Amériques).
3. Le Brésil apparaît comme le leader du MERCOSUR. Il s’agit de la puissance émergente la
plus dynamique du continent. Le Brésil bénéficie de forts atouts. Il est devenu une puissance
agricole fortement exportatrice (café, agrumes, soja…) et qui concurrence les agricultures
subventionnées des États-Unis ou de l’Europe. Comme l’Argentine, le Brésil a une économie
à « fort potentiel agro-exportateur ». De plus, l’industrie brésilienne est la plus dynamique
d’Amérique du Sud : ses produits manufacturés trouvent dans le MERCOSUR de nouveaux
débouchés.
4. L’entrée du Venezuela en 2012 montre le succès et le dynamisme du MERCOSUR (« *…+
une nouvelle avancée de l’intégration d’une Amérique du Sud qui fait plus que résister à la
crise internationale »). Elle permet de développer les relations économiques entre le
Venezuela et les autres membres du MERCOSUR. Riche en hydrocarbures, le Venezuela
bénéficiera de la demande croissante en énergie du Brésil ou de l’Argentine, mais aussi des
autres partenaires, en forte croissance économique. Pour les puissances agro-industrielles
que sont le Brésil ou l’Argentine, le Venezuela constitue un nouveau marché et, pour le
Venezuela, la possibilité de limiter la dépendance à l’égard des États-Unis en matière de
biens manufacturés (« dans de nombreux secteurs, le Brésil et l’Argentine remplaceront
progressivement les États-Unis comme fournisseur du Venezuela »). Pour autant,
l’intégration du Venezuela dans le MERCOSUR remet en cause l’avenir de l’ALBA, pensée et
mise en place par Chávez pour contrecarrer l’influence américaine sur le continent et
développer des liens économiques et culturels entre ses membres.
5. Le MERCOSUR peut faire figure de concurrent des États-Unis parce qu’il est un profond
moteur d’intégration régionale en Amérique du Sud. Il regroupe deux puissances
émergentes, le Brésil et l’Argentine, en forte croissance depuis une dizaine d’années. Le
Brésil, en particulier, a le potentiel économique (agro-alimentaire, industrie) pour remplacer
les États-Unis comme premier partenaire économique des pays d’Amérique du Sud. Avec
l’adhésion du Venezuela en 2012, le MERCOSUR intègre un pays pétrolier mais aussi un
interlocuteur privilégié pour intensifier les relations avec certains pays andins et caribéens,
membres de l’ALBA.
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Chapitre 2
Décolonisation et construction de nouveaux États
Le chapitre revient brièvement sur les origines de la décolonisation avant d’en présenter les
différentes voies (p.60-61). La construction politique des nouveaux États est d’abord étudiée
au plan international, puis quelques exemples nationaux permettent de comprendre les
difficultés politiques des nouveaux États (p. 64 à 67). L’émancipation politique n’implique
pas forcément indépendance économique : le Tiers-monde souffre de difficultés
économiques et sociales structurelles, héritées ou non de la colonisation. Les voies pour
atteindre l’indépendance économique sont variées (p. 70 à 73).
Le dossier sur l’Algérie (sujet d’étude 1), exemple de décolonisation dramatique, revient sur
la situation de la colonie française en 1954 afin de comprendre les racines du nationalisme
algérien. Face au terrorisme et à la guérilla du FLN, la métropole est progressivement prise
dans un engrenage de violence à laquelle seule l’indépendance de juillet 1962 mettra un
terme (sauf pour les harkis, massacrés en masse après cette date).
L’Inde d’après 1947 (sujet d’étude 2) permet d’étudier un exemple de développement
original. Plus grande démocratie du monde, qui n’est pourtant pas exempte de difficultés et
de violences politiques, l’Inde a mis l’accent sur l’autosuffisance alimentaire (révolution
verte) et une action volontariste de l’État dans la vie économique (nationalisations,
modernisation des infrastructures). Depuis les années 1980, l’Inde profite d’une forte
croissance économique, fondée notamment sur le développement des technologies de
l’information.
Bibliographie
• Sur la décolonisation et la mise en place de nouveaux États depuis 1945
- C.-R. Ageron, La Décolonisation française, Armand Colin, 1991
- B. Droz, Histoire de la décolonisation au XXe siècle, Éditions du Seuil, 2006
- M. Ferro, Histoire des colonisations, des conquêtes aux indépendances, XIIe-XXe siècle,
Éditions du Seuil, 1994
- J. Frémeaux, Les Empires coloniaux dans le processus de mondialisation, Maisonneuve
et Larose, 2002
- A. Nouschi, Les Armes retournées. Colonisation et décolonisation françaises, Belin, 2005
- G. Pervillé, De l’Empire français à la décolonisation, Hachette, 1991
• Sur l’Algérie
- F. Abécassis, G. Meynier (dir.), Pour une histoire franco-algérienne. En finir avec
les pressions officielles et les lobbies de mémoire, Éditions de La Découverte, 2008
- R. Branche, La Guerre d’Algérie : une histoire apaisée ?, Éditions du Seuil, 2005
- R. Branche, S. Thénault, « La Guerre d’Algérie », Documentation photographique n° 8 022,
La Documentation française, août 2001
- B. Droz et E. Lever, Histoire de la guerre d’Algérie, 1954-1962, Éditions du Seuil, 1982
- L. Gervereau, J.-P. Rioux et B. Stora (dir.), La France en guerre d’Algérie, novembre 1954juillet 1962, BDIC, 1992
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- M. Harbi et B. Stora (dir.), La Guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin de l’amnésie, Robert
Laffont, 2004
- B. Stora, La Gangrène et l’oubli : la mémoire de la guerre d’Algérie, Éditions de La
Découverte, 1991
• Sur l’Inde
- M. Boivin, Histoire de l’Inde, PUF, 2011
- Ch. Jaffrelot, L’Inde contemporaine, de 1950 à nos jours, Fayard, 2006
- E. Ortoli, Indira Gandhi ou la Démocratie dynastique, Flammarion, 1985
Filmographie
- R. Attenborough, Gandhi, 1983 (sur l’indépendance de l’Inde)
- R. Vautier, Avoir vingt ans dans les Aurès, 1972 (sur la guerre d’Algérie)
- F. E. Siri, L’Ennemi intime, 2007 (sur la guerre d’Algérie)
Pages 56-57 OUVERTURE DE CHAPITRE
Comme l’illustre la photographie sur la question obligatoire (p. 56), qu’elle ait été conquise
au terme d’un conflit militaire avec la métropole ou d’un processus négocié, la rupture du
lien colonial entraîne de gigantesques manifestations populaires dans tous les pays
concernés par la décolonisation. Perçu comme fondateur de la nation, ce moment particulier
fait l’objet d’une abondante imagerie censée alimenter la construction d’un sentiment
d’appartenance nationale. Ici, Julius Nyerere est porté en triomphe par la foule lors de la
proclamation de l’indépendance du Tanganyika en décembre 1961, une indépendance qu’il
souhaite « complète » au moment précis où le débat sur le néo-colonialisme bat déjà son
plein dans les États récemment émancipés. En fait, le Tanganyika intègre le Commonwealth
l’année suivante, puis s’unit en avril 1964 à l’ex-sultanat du Zanzibar pour former la
République unie de Tanzanie. Á l’instar de nombreux leaders indépendantistes ayant
conservé le pouvoir plusieurs décennies durant (ainsi Félix Houphouët-Boigny en Côte
d’Ivoire), Julius Nyerere est resté président de la Tanzanie jusqu’en 1985.
Le voyage de De Gaulle à Alger, en décembre 1960, représenté sur la photographie p. 57,
doit être replacé dans la chronologie des événements. Revenu au pouvoir en juin 1958 sur la
question algérienne, de Gaulle comprend très vite l’impasse de la solution militaire. En
septembre 1959, il fait pour la première fois référence au principe de l’autodétermination.
L’agitation est forte en Algérie où, fin janvier 1960, les pieds-noirs organisent une semaine
des barricades pour protester contre le remplacement de Massu à la tête du corps d’armée
d’Alger. En décembre, le voyage de De Gaulle en Algérie déclenche de violentes
manifestations européennes, suivies par la première manifestation de masse organisée par
le FLN à Alger. Le 19 décembre, l’Assemblée générale de l’ONU reconnaît le droit de l’Algérie
à l’indépendance. Le 8 janvier 1961, 75 % des Français répondent « oui » à
l’autodétermination de l’Algérie. Cette photographie est donc représentative des vives
tensions qui sont nées entre les deux communautés qui cohabitent en Algérie : Alger est le
lieu de nombre de manifestations et de violences. On voit ici des CRS complètement
débordés par une manifestation indépendantiste qu’ils n’avaient sans doute pas anticipée.
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La photographie de la visite d’État de la reine Elizabeth (p. 57) témoigne de la volonté
britannique de maintenir, au sein du Commonwealth, de bonnes relations avec ses
anciennes colonies. On la voit ici saluer l’action des deux pères de l’indépendance, Nehru, le
Premier ministre, et Gandhi, mort assassiné en 1948. En Inde, tous les hôtes étrangers sont
invités à se recueillir sur le mausolée du Mahatma, considéré comme le père de la nation
indienne.
Pages 58-59 CARTES
Les étapes de la décolonisation depuis 1945
La carte rappelle aux élèves les rapports des forces entre les différents Empires européens
au sortir de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, les deux principales puissances coloniales
sont la Grande-Bretagne (Afrique de l’Est, sous-continent indien, dominions canadien,
australien et sud-africain) et la France (quart nord-ouest de l’Afrique, Madagascar,
Indochine). Au contraire, la Belgique (Congo), les Pays-Bas (Indonésie) et le Portugal (Angola,
Mozambique, Guinée-Bissau) sont des puissances coloniales secondaires.
Si quelques possessions européennes ont obtenu leur indépendance dès l’entre-deuxguerres (ainsi l’Égypte), la grande vague de décolonisation commence au sortir de la
Seconde Guerre mondiale en Asie, avec l’indépendance de l’Inde en 1947 et celle de
l’Indonésie en 1949. Les décolonisations les plus tardives concernent surtout l’Afrique
méridionale (l’empire portugais disparaît quinze ans après la décolonisation française en
Afrique noire), mais aussi de nombreuses îles des Caraïbes (Ste-Lucie) et de l’océan Pacifique
(Tuvalu). La carte met également en exergue les conférences qui ont favorisé une
accélération et une reconnaissance internationale du mouvement d’émancipation.
Réponses aux questions
1. La Grande-Bretagne et la France sont les principales puissances coloniales à la veille de la
Seconde Guerre mondiale.
2. L’Asie est le premier continent concerné par la décolonisation.
3. La décolonisation s’étend ensuite à l’Afrique.
4. Différentes conférences internationales ont contribué à l’accélération de la
décolonisation, au premier rang desquels la conférence de Bandung (1955) et la conférence
de Belgrade (1961).
Pages 60-61 QUESTION OBLIGATOIRE
1. Les étapes de la décolonisation depuis 1945
Cette première partie de la question obligatoire permet d’appréhender les causes, la
chronologie et les modalités de la décolonisation.
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Page 60
>>>>A Une nouvelle donne après la Seconde Guerre mondiale
Cette première page vise à montrer l’importance de la Seconde Guerre mondiale et des
conditions de son règlement dans le déclenchement du processus de décolonisation, par
opposition à la Première Guerre mondiale qui avait plutôt contribué à renforcer les
certitudes impériales de l’Europe dans la mesure où les possessions coloniales s’étaient
globalement montrées fidèles à leur métropole bien qu’elles eussent été massivement mises
à contribution – humainement comme économiquement. Dès 1940, la France, la Belgique et
les Pays-Bas sont vaincus par l’Allemagne nazie et perdent de leur prestige outre-mer.
Pendant le conflit, l’occupation japonaise en Asie s’accompagne d’une forte propagande
anti-européenne, tandis que la présence nord-américaine dans le Maghreb à partir de 1942
joue dans le sens d’une radicalisation des mouvements nationalistes préexistants. En 1945,
les deux grands vainqueurs de la guerre que sont les États-Unis et l’URSS se rejoignent –
pour des motifs idéologiques différents – dans la condamnation du colonialisme. En 1945, la
charte de l’ONU reconnaît le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Page 61
>>>>B Les voies de la décolonisation
Cette deuxième page montre les différentes voies de la décolonisation : pacifique et
négociée au Togo occidental britannique, sanglante en Indochine avec une guerre qui dure
de 1946 à 1954 et prend fin par une humiliante défaite de l’armée française, précipitée et
ouvrant sur une période d’incertitude et d’instabilité au Congo belge.
Dans le cadre chronologique complexe de la guerre d’Indochine, quatre moments forts sont
à mettre en valeur : la proclamation d’indépendance du 2 septembre 1945 ; le
bombardement du port d’Haïphong le 24 novembre 1946, qui peut être considéré comme le
véritable point de départ de l’engrenage militaire ; la chute de Diên Biên Phu alors que les
autres opérations en cours tournaient plutôt à l’avantage de l’armée française ; et la
signature des accords de Genève, constituant le premier recul colonial français (sept ans
après que la Grande-Bretagne a concédé l’indépendance à ses possessions indiennes).
Réponses aux questions
1. Les colonies ont soutenu l’effort de guerre des métropoles pendant la guerre en
fournissant des hommes et des matières premières.
2. La guerre a fait évoluer les relations entre la France et ses colonies car ces dernières ont
participé à la victoire par le soutien qu’elles ont apporté à la France libre, mais aussi car le
combat a été mené par les Alliés au nom de la liberté et du « droit qu’a chaque peuple de
choisir la forme de gouvernement sous laquelle il doit vivre » (Charte de l’Atlantique, 1941).
3. Pour autant, de Gaulle n’envisage pas l’indépendance des colonies françaises d’Afrique. Il
envisage une évolution des relations entre la France et ses colonies, la métropole devant
accompagner les peuples colonisés pour qu’ils puissent « participer chez eux à la gestion de
leurs propres affaires ».
4. La charte des Nations unies préconise, au nom du droit des colonies à s’administrer, le
progrès politique, économique et social des peuples non autonomes.
5. Un plébiscite est organisé en 1956 au Togo occidental britannique pour que la population
se prononce sur la question de l’autonomie.
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6. Devenu Premier ministre du Congo, Patrice Lumumba dénonce l’« humiliant esclavage »
que subissaient les Congolais quand ils étaient sous domination belge. Noirs et Blancs
n’avaient en effet pas les mêmes statuts. Les Congolais accomplissaient des travaux pénibles
et étaient mal rémunérés, les Belges imposaient leur domination par la violence et la
privation de droits et de libertés.
7. L’indépendance peut être obtenue par des processus pacifiques (négociation,
plébiscite…), ou par la violence (conflit armé, comme dans le cas de la guerre d’Indochine).
Capacités bac
8. La décolonisation est le processus par lequel des territoires sous domination impériale
accèdent à l’indépendance.
Pages 64-67 QUESTION OBLIGATOIRE
2. Une indépendance politique difficile
Cette deuxième partie de la question obligatoire aborde la problématique de la construction
politique des États nés de la décolonisation aux échelles internationale, puis nationale. Sur la
scène internationale, les conférences de Bandung, puis de Brioni, permettent l’affirmation
du Tiers-monde et un positionnement idéologique original, extérieur aux deux blocs. À
l’échelle de chaque État, l’unité nationale et la stabilité politique peinent parfois à se
construire.
Pages 64-65
>>>>A Le Tiers-monde sur la scène internationale
Cette double page retrace les étapes de l’affirmation du Tiers-monde sur la scène
internationale. Elle met en évidence ses moyens d’action et souligne les limites de son unité.
Si la conférence de Bandung a pu être perçue par ses contemporains comme un « coup de
tonnerre » (l’expression est du Sénégalais Léopold Sédar Senghor), c’est d’abord qu’elle
résonne comme l’affirmation sur la scène internationale d’États qui jusque-là n’y avaient pas
d’existence réelle. En affirmant que la décolonisation ne fait que commencer et est amenée
à gagner l’Afrique dans les plus brefs délais (« le colonialisme sous toutes ses formes est un
mal auquel il doit être mis rapidement fin »), le communiqué final de la conférence lance un
véritable défi aux métropoles coloniales européennes accusées d’avoir sciemment refusé
aux populations qu’elles avaient sous tutelle des droits élémentaires comme l’éducation ou
la culture. Et proclamant le principe d’une solidarité des pays afro-asiatiques partageant un
même passé colonial et une même histoire d’oppression, Bandung ouvre aussi une brèche
dans le monde bipolaire qui est sorti de la Seconde Guerre mondiale - bien qu’il ne faille en
aucun cas confondre l’afro-asiatisme tel qu’il s’exprime en avril 1955 et le non-alignement
qui émerge peu après.
La conférence de Brioni (en Yougoslavie), quant à elle, est le point de départ du mouvement
des non-alignés, même si la première conférence de ce mouvement n’a lieu que cinq ans
plus tard à Belgrade. S’y rencontrent Tito (1892-1980), qui dirige la Yougoslavie depuis la fin
de la Seconde Guerre mondiale, le chef de l’État égyptien Nasser (1918-1970) et l’Indien
Nehru (1889-1964). Tous trois forment alors le projet de promouvoir une troisième voie
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internationale qui se situerait à équidistance des deux Grands. Pour autant, les nouveaux
États ne font pas tous le choix du non-alignement, certains optent pour la voie socialiste
(comme les y appelle Guevara en 1965 lors de la conférence d’Alger), d’autres pour la voie
libérale.
Pendant un temps, le nationalisme est également apparu comme un possible facteur
d’unité, ce dont témoigne la figure de Nasser.
Dans le contexte de la décolonisation, l’ONU sert également de caisse de résonnance aux
luttes nationales. Elle accueille en son sein les nouveaux États nés de la décolonisation et qui
eux-mêmes vont agir dans le sens d’une émancipation générale (on pourra d’ailleurs
rappeler que, durant la guerre d’Algérie, l’action de la France est condamnée à la tribune de
l’ONU).
Réponses aux questions
1. L’Inde, le Pakistan, l’Indonésie, la Birmanie, l’Indonésie et Ceylan sont à l’origine de la
conférence de Bandung en 1955.
2. 29 États asiatiques et africains y participent, parmi lesquels, outre les 5 pays
organisateurs, l’Égypte, l’Arabie saoudite, le Vietnam, la Chine ou encore le Japon.
3. Ces pays s’unissent de façon à faire entendre leur voix sur la scène internationale et à
œuvrer à la fin de la colonisation.
4. En 1956, Nasser (Égypte), Nehru (Inde) et Tito (Yougoslavie) se rencontrent à Brioni pour
prolonger les débats de la conférence de Bandung tenue l’année précédente. Ils promeuvent
la paix, le désarmement et le développement, et défendent l’idée de non-alignement, c’està-dire le refus de prendre parti, dans le contexte de Guerre froide, en faveur de l’un des
deux Grands.
5. L’adhésion à l’ONU des pays nouvellement indépendants fait de cette organisation
internationale une tribune où ils peuvent exprimer leurs revendications. Ils pèsent en outre
sur les décisions qui y sont prises.
6. Che Guevara n’obéit pas à l’idéal du mouvement des non-alignés puisqu’il se range sous la
bannière du socialisme, c’est-à-dire de l’URSS.
7. Cette affiche de 1963 représente le Président égyptien Nasser et le Président algérien Ben
Bella dominant le cadavre d’une créature à tête d’animal et à corps humain symbolisant la
domination coloniale européenne. Nasser fut Premier ministre, puis président de la
République égyptienne : il incarna l’opposition aux puissances occidentales, en particulier
après la nationalisation de la Compagnie maritime du canal de Suez en 1956. Ben Bella
participa au combat pour l’indépendance de l’Algérie puis devint le premier président de la
République algérienne après la signature des accords d’Évian. Les drapeaux égyptien et
algérien transpercent le corps de la créature qui incarne le colonialisme. Cette affiche
souligne ainsi que c’est par la coopération (« Par l’union des Arabes ») que les nations
colonisées peuvent se dégager du joug des métropoles et parvenir à l’indépendance (« la fin
des forces colonialistes »).
Capacités bac
8. Comme principales étapes de l’émergence du Tiers-monde, on peut citer :
- 1955 : conférence de Bandung ;
- 1956 : conférence de Brioni ;
- 1956 : crise de Suez ;
- 1961 : conférence de Belgrade.
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Page 66
>>>>B Bâtir des États : un défi
Cette partie évoque l’une des difficultés politiques auxquels les États nés de la
décolonisation doivent faire face sur le plan intérieur : faire naître un sentiment national. Au
Vietnam, l’unité nationale se fait, autoritairement, autour des principes communistes. En
Afrique du Sud, le processus est très complexe : le pays doit construire une unité après
presque 50 ans d’un régime officiellement raciste, l’apartheid.
Réponses aux questions
1. Ces timbres vietnamiens commémorent la victoire remportée en 1954 lors de la bataille
de Diên Biên Phu face aux Français.
2. Ces timbres témoignent d’une nouvelle culture nationale dans la mesure où ils mettent en
valeur, en commémorant cette victoire, un nouveau jalon de l’histoire, lié à l’indépendance
du pays.
3. L’apartheid est le système politique et social qui a régi l’Afrique du Sud de 1948 à 1991. Il
repose sur la ségrégation des Noirs et des Métis au profit de la minorité blanche.
4. En 1990, les dirigeants de l’Afrique du Sud doivent mettre un terme à la politique de
ségrégation appliquée depuis 1948 de façon à rétablir la paix et la concorde dans le pays, à
fonder une nation unie et à établir une démocratie. Le Président Frederik De Klerk compte
notamment sur le soutien de Nelson Mandela, chef historique d’un parti anti-apartheid, qui
est alors libéré après avoir passé plus de vingt-cinq ans en prison.
Capacités bac
5. Les nouveaux États indépendants doivent construire une unité nationale. Ils doivent
dépasser les divisions héritées de l’ère coloniale et souder la population autour de symboles,
de valeurs et de références.
Page 67
>>>>C La difficile marche vers la liberté et la démocratie
Cette partie évoque une autre difficulté politique à laquelle les États nés de la décolonisation
doivent faire face : mettre en place des régimes démocratiques. L’exemple birman l’atteste :
devenue indépendante en 1948, la Birmanie quitte le Commonwealth. Le Premier ministre
U Nu instaure alors une démocratie populaire. Après des années de troubles politiques, le
coup d’État militaire de 1962 impose au pouvoir le général Ne Win qui, tout en maintenant
son pays parmi les non-alignés, impose des réformes socialistes autoritaires. Le régime est
renversé en 1988 par un nouveau coup d’État militaire dirigé par le Conseil d’État pour la
restauration de la Loi et de l’Ordre. Les élections démocratiques de 1990, qui donnent une
large victoire au mouvement d’Aung San Suu Kyi (Ligue nationale pour la démocratie), sont
annulées. Néanmoins, depuis 2012, on assiste à une libéralisation du régime, l’opposante
Aung San Suu Kyi, longtemps maintenue en résidence surveillée et interdite d’échanges avec
des journalistes étrangers (pourtant nombreux à vouloir la rencontrer du fait du prix Nobel
de la paix reçu en 1991), est maintenant libre et a été élue député lors des élections
législatives partielles.
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Réponses aux questions
1. Le régime en place au Myanmar (Birmanie) est une dictature militaire.
2. La capitale a été transférée pour rompre avec la période coloniale britannique (durant
laquelle Rangoon était la capitale), éviter un blocage lié à un soulèvement populaire (la
nouvelle capitale, Pyinmana, est une agglomération parcourue par de grandes artères ce qui
faciliterait une répression) et éviter une invasion américaine (Pyinmana est située à
l’intérieur des terres alors que Rangoon était proche de la mer). L’argument selon lequel
Pyinmana est au centre de la Birmanie est en réalité un argument fallacieux.
3. Aung San Suu Kyi incarne la résistance démocratique non violente face à la dictature
militaire. C’est à ce titre qu’elle a reçu le prix Nobel de la paix en 1991 après avoir été
astreinte à résidence durant de nombreuses années. Sa victoire lors des élections législatives
de 2012 montre que les électeurs birmans ont choisi la démocratie.
4. Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, souligne que l’organisation d’élections libres
en République démocratique du Congo est une première étape sur la voie de la démocratie.
Néanmoins, il met en évidence le fait qu’elles ont été marquées par des violences exercées
par le pouvoir.
5. Le régime congolais n’est pas pleinement démocratique car les droits de l’homme n’y sont
pas respectés.
Capacités bac
6. L’enracinement de la démocratie est difficile dans certains États nés de la décolonisation
car il n’y a pas dans ces pays de tradition démocratique et d’habitude du vote. En outre, le
taux d’alphabétisation y est souvent faible. Or, il est difficile, pour ceux qui ne savent pas
lire, de participer à la vie politique. Par ailleurs, les sociétés de ces pays nés de la
décolonisation peuvent être marquées par des clivages sociaux, ethniques ou religieux, ce
qui rend difficile la mise en place de régimes égalitaires.
Pages 70-73 QUESTION OBLIGATOIRE
3. Une indépendance économique à conquérir
Cette troisième partie met l’accent sur la dimension économique de la question. Il s’agit de
montrer la spécificité des économies des États nés de la décolonisation, de souligner leurs
fragilités et leurs relations de dépendance avec les anciennes métropoles, de façon à amener
les élèves à réfléchir à la limite Nord / Sud.
Pages 70-71
>>>>A La fragilité économique des nouveaux États
La plupart des États nés de la décolonisation, auxquels il faut ajouter de nombreux autres
pays – notamment latino-américains –, présentent des caractéristiques économiques et
sociales communes dans les années 1960 et 1970 : misère et hétérogénéité sociale,
analphabétisme, croissance démographique soutenue et contrastant avec des potentiels de
production agricole insuffisants, dépendance vis-à-vis de l’extérieur, etc. Si ce « sousdéveloppement » est le principal critère définitionnel du Tiers-monde, il convient toutefois
d’insister sur la diversité des situations.
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Réponses aux questions
1. Dans les années 1960, les économies du Tiers-monde sont souvent mono-exportatrices,
c’est-à-dire qu’elles sont dominées par une matière première (cacao, pétrole, coton…),
qu’elles vendent à bas prix aux pays industriels du Nord. En outre, l’administration, mise en
place au moment de l’indépendance et succédant à l’administration coloniale, y est
importante mais peu efficace et elle rime souvent avec corruption.
2. La Côte d’Ivoire s’est développée notamment grâce à l’exportation de ses productions
agricoles, au premier rang desquelles le cacao. Néanmoins, les bénéfices de ce « miracle
économique » ne profitent pas à tous : si la Côte d’Ivoire est entrée par certains aspects dans
la modernité, une partie importante de la population vit encore de façon traditionnelle et
dans la pauvreté.
3. Le cours du cacao a considérablement grimpé au début des années 1970 (il a été multiplié
par plus de 7 entre 1971 et 1977), avant de s’effondrer brutalement (cours divisés par deux
entre 1977 et 1982). Les deux dernières décennies du XXe siècle ont été marquées par une
baisse progressive des cours du cacao.
4. L’économie de ces nouveaux États est fragile car elle repose souvent sur un seul produit, si
bien qu’en cas de chute des cours, les conséquences sont dramatiques. Le manque
d’efficacité de l’administration et la corruption fragilisent également le développement
économique.
5. La dette publique « des 96 pays sous-développés » augmente car ces pays sont dans la
dépendance des pays du Nord, qui ont réduit leurs aides au profit de prêts, imposé une
diminution des cours des matières premières mais augmenté les prix des produits
manufacturés qu’ils vendent.
6. L’analphabétisme et la corruption limitent également le développement. C’est ainsi que le
président de Côte d’Ivoire de 1960 à 1993, Félix Houphouët-Boigny, a pu financer lui-même
les 250 millions d’euros nécessaires à la construction d’une réplique de la basilique SaintPierre de Rome dans son village natal de Yamoussoukro.
Capacités bac
7. L’économie des pays du Tiers-monde est fragile car elle est souvent fondée sur
l’exportation d’une matière première (coton, cacao…), achetée à bas prix par les pays
industrialisés du Nord. En outre, l’exploitation des ressources ne profite pas à tous, mais
enrichit souvent une élite corrompue.
Pages 72-73
>>>>B Sortir de la dépendance
>>>>C Pour un nouvel ordre économique mondial
Pour sortir de la dépendance, les nouveaux États ont opté pour des voies de développement
variées. Alors que certains pays parient sur une insertion rapide de leur économie dans
l’économie mondiale (le Brésil ou l’Algérie), d’autres promeuvent des solutions de nature
plus introverties, reposant sur les richesses propres du pays (la révolution verte en Inde, le
Grand Bond en avant en Chine).
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Page 37
Réponses aux questions
1. Fidel Castro met l’accent sur la composante économique (et non pas seulement politique)
de l’indépendance. Selon lui, les pays du Tiers-monde doivent se réapproprier leurs
ressources naturelles, notamment par des nationalisations.
2. En Algérie, la voie socialiste est choisie en 1971 avec la nationalisation des hydrocarbures.
3. L’Inde, en revanche, a choisi la voie de la modernisation de l’agriculture pour parvenir à
l’autosuffisance alimentaire.
4. L’inégalité Nord / Sud s’explique par « l’inégalité fondamentale de la force économique » :
richesses, innovations, investissements se concentrent essentiellement dans les pays du
Nord.
5. Ce rapport de 1980, qui a été rédigé par une commission indépendante dirigée par
l’ancien chancelier allemand Willy Brandt, a mis au jour la limite Nord / Sud. Il propose de
modifier les rapports entre le Nord et le Sud et de favoriser le développement des pays du
Sud, en opérant notamment des transferts de technologie.
6. L’IDH est l’indice de développement humain. C’est un indice statistique qui combine
l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation et le niveau de vie.
La limite entre Nord et Sud passe aujourd’hui :
- entre les États-Unis et le Mexique ;
- au sud de l’Europe, à travers la Méditerranée ;
- au sud de la Russie ;
- entre les deux Corée.
Israël, le Japon, Taïwan, Singapour, l’Australie et la Nouvelle-Zélande appartiennent
également au groupe dit des pays du Nord.
7. L’Afrique subsaharienne semble aujourd’hui la région le plus en difficulté. L’IDH y est
faible, en raison de la pauvreté, des épidémies et du faible taux d’alphabétisation. En outre,
elle est marquée par de nombreux conflits ethniques ou politiques.
Plusieurs pays d’Asie, tels le Pakistan ou l’Afghanistan, ont également des IDH faibles.
Capacités bac
8. Au début du XXIe siècle, les situations des pays du Sud sont diverses en raison de
déterminants géographiques, mais aussi des modalités de la décolonisation, des modèles de
développement choisis et des situations politiques. Certains pays, comme l’Inde, la Chine ou
les Dragons asiatiques connaissent une croissance économique importante. En revanche,
d’autres pays, en particulier en Afrique subsaharienne, sont « moins avancés ». Ils se
caractérisent par un IDH faible, et souvent par des conflits ethniques, une instabilité
politique ou des régimes non-démocratiques.
Pages 76-77 BAC
EXERCICE 1
Les pays du Tiers-monde ont en commun de n’avoir pas participé à la révolution industrielle
et d’avoir connu la colonisation. Dans un sens politique, cette expression désigne les pays
nouvellement indépendants qui tentent d’affirmer leur solidarité sur la scène internationale.
EXERCICE 2
1. Hô Chi Minh est un leader de la lutte contre le colonialisme après 1945.
2. L’Inde, l’Égypte et la Yougoslavie sont à la tête du mouvement des non-alignés.
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Page 38
3. Nasser, Nehru et Soekarno ont participé à la conférence de Bandung en 1955.
4. Soekarno et Nasser sont deux acteurs majeurs de la décolonisation.
5. Patrice Lumumba a mené le Congo belge à l’indépendance en 1960 et Julius Nyerere a
mené le Tanganyika à l’indépendance en 1961.
EXERCICE 3
a) L’accession à l’indépendance s’est faite selon différentes voies. Des pays ont accédé à
l’indépendance de façon pacifique, en négociant avec leur métropole (ex : Inde), d’autres
par la violence, suite à une guerre de libération (ex : Indochine).
b) Les pays colonisés peinent à s’affirmer sur la scène internationale. Ils tentent de parler
d’une même voix à partir de la conférence de Bandung (1955) et prônent le non-alignement
lors de la conférence de Belgrade (1961), mais leur influence est faible et ils demeurent
divisés, certains se rangeant sous la bannière de l’URSS, d’autres sous celle des États-Unis.
c) Les nouveaux États sont souvent fragiles économiquement. Ce sont généralement des
pays exportateurs de matières premières achetées à bas prix par les pays du Nord. En outre,
l’exploitation des ressources y enrichit souvent une élite qui vit de la corruption.
d) La décolonisation transforme en profondeur les relations internationales. Les pays du
Tiers-monde tentent de s’affirmer sur la scène internationale à partir de la conférence de
Bandung (1955) puis ils prônent, durant la Guerre froide, le non-alignement, c’est-à-dire le
refus de la logique des blocs. En outre, en 1960, des pays du Tiers-monde se regroupent au
sein de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) pour faire valoir leurs intérêts
économiques.
EXERCICE 4
On peut placer sur une frise les grandes étapes suivantes :
- 1945-1955 : indépendances en Asie ;
- 1956-1960 : indépendances en Afrique du Nord ;
- 1960-1974 : indépendances en Afrique noire ;
- à partir de 1974 : indépendances de pays du Sud de l’Afrique (Angola, Mozambique…).
On pourra ensuite placer les dates suivantes :
- 1955 : conférence de Bandung
- 1956 : conférence de Brioni ; nationalisation du canal de Suez par Nasser
- 1960 : création de l’OPEP
- 1961 : conférence des non-alignés à Belgrade
EXERCICE 5
a) L’anticolonialisme est l’opposition au principe colonial de domination d’un territoire par
une métropole.
b) Le développement est l’ensemble des processus sociaux et économiques apportant aux
hommes une plus grande sécurité, une plus grande satisfaction de leurs besoins.
c) L’expression Tiers-monde désigne les pays nouvellement indépendants qui tentent
d’affirmer leur solidarité sur la scène internationale.
d) L’impérialisme désigne la politique d’un État cherchant à étendre sa domination ou son
influence sur d’autres pays.
e) La décolonisation est le processus par lequel des territoires sous domination impériale
accèdent à l’indépendance.
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Page 39
EXERCICE 6
La conférence de Bandung (1955) et la conférence de Belgrade (1961) sont deux conférences
ayant contribué à l’affirmation du Tiers-monde.
EXERCICE 7
La conférence de Bandung (1955) marque une étape importante dans l’émancipation des
peuples colonisés. C’est la première tentative d’union des pays du Tiers-monde afin de se
faire mieux entendre sur la scène internationale et d’œuvrer à la fin de la colonisation et au
développement des pays anciennement dominés.
EXERCICE 8
Le non-alignement est la politique de certains États du Tiers-monde qui refusent
d’appartenir à l’un des deux blocs durant la Guerre froide (réponse d).
Pages 78-83 SUJET D’ÉTUDE 1
L’Algérie de 1954 à 1962
L’objet de l’étude est de comprendre pourquoi la décolonisation de l’Algérie s’est faite par la
guerre (même si les autorités françaises refusaient de l’appeler ainsi) et les mécanismes de
la radicalisation de la violence en Algérie qui pèse lourdement sur les mémoires opposées de
part et d’autre de la Méditerranée et sur les relations entre la France et l’Algérie depuis
1962.
Pages 78-79
>>>>A Pourquoi la guerre éclate-t-elle en Algérie en 1954 ?
La photographie en document 1 permet d’évoquer le fait que la population des
départements d’Algérie est une juxtaposition de statuts et religions, Européens citoyens et
majoritairement catholiques ou juifs et musulmans qui n’ont pas la citoyenneté française. À
cette inégalité s’ajoute une inégalité sociale que trahissent les vêtements. La photographie
montre également à quel point l'Algérie a complètement changé durant la période coloniale.
Comme l’écrit Omar Carlier dans Entre nation et jihad. Histoire sociale des radicalismes
algériens (1999) : « Le pays le moins citadin et le plus nomade du Maghreb est devenu le
plus urbanisé. »
Pour analyser le tableau 2, il peut être utile de rappeler que le général Bugeaud, envoyé en
Algérie pour la « pacification » dans les années 1840, déclarait : « Il n’y a à saisir en Afrique
qu’un intérêt, l’intérêt agricole. […] Eh bien, je n’ai pu découvrir d’autres moyens de
soumettre le pays que de saisir cet intérêt. » Cette stratégie a été celle de l’armée qui
administre la colonie jusqu’en 1870. Dès lors, la colonisation lie l’avenir économique de
l’Algérie presque uniquement à l’agriculture, jusqu’en 1914 au moins. La colonisation
reprend avec Jules Ferry qui favorise l’implantation en Algérie des Alsaciens et Lorrains
notamment. Le transfert des terres s’est fait par la substitution du droit français aux
coutumes locales. Avant la conquête de 1830, la propriété du sol n’existe pas dans le sens de
la propriété privée européenne. Les droits sur la terre répondent à une hiérarchie
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compliquée de droits d’usage décomposés en deux catégories : droit du bey et droit des
tribus. À partir de 1830, l’État français, successeur des droits de souveraineté, saisit les
meilleures terres du bey (beylik) qu’il peut partager et distribuer aux colons français.
Parallèlement, en introduisant le droit de propriété privée, il met les terres musulmanes sur
le marché libre et permet aux colons français de les acheter ou de s’en emparer. Benjamin
Stora estime qu’en 1919, les musulmans avaient perdu 7 millions et demi d’hectares
(partagées entre l’État, les particuliers et les grandes sociétés capitalistes).
Il convient cependant de ne pas caricaturer une opposition entre des paysans algériens qui
n’ont que de mauvaises terres et des colons qui seraient tous bien pourvus de grands
domaines. Il existe quelques grandes propriétés agricoles très prospères appartenant à des
musulmans. Bien des « pieds noirs » vivent très modestement. On peut rappeler à ce propos
ces lignes de Camus : « À lire une certaine presse, il semblerait vraiment que l’Algérie soit
peuplée d’un million de colons à cravache et à cigare montés sur Cadillac. *…+ 80 % des
Français d’Algérie ne sont pas des colons mais des salariés ou des commerçants. Le niveau
de vie des salariés, bien que supérieur à celui des Arabes, est inférieur à celui de la
métropole. » (« La Bonne Conscience », L’Express, 21 octobre 1955).
Afin de restituer le contexte du document 3, on rappellera que, le 1er novembre 1954, une
trentaine d’attentats visent des bâtiments publics (école, caserne, mairies) et certaines
riches exploitations agricoles appartenant à des Européens. Ces attentats sont vite
revendiqués par un groupe clandestin fondé le mois précédent et donc inconnu des
autorités et de la population algérienne. Le secrétariat général qui revendique les attentats
est alors constitué d’une dizaine de membres, en particulier Houcine Aït Ahmed,
Mohammed Boudiaf ou Ahmed Ben Bella. Dans sa déclaration du 1 er novembre, le FLN
réclame l’indépendance de l’Algérie et non plus la simple égalité entre musulmans et
Européens. Les méthodes utilisées (terrorisme) et les revendications maximalistes
(indépendance) tranchent avec les mots d’ordre et les méthodes d’actions défendues depuis
les années 1930 par les principaux leaders nationalistes algériens, à l’image de Ferhat Abbas
(UDMA) ou de Messali Hadj (MNA). Nourri de l’exemple indochinois, le FLN s’inspire des
techniques de la guerre révolutionnaire en se dotant d’une branche armée (ALN) et d’une
organisation militaire précise découpant l’Algérie en cinq zones de combat.
Cette radicalisation s’explique par l’incapacité de la France à réformer le statut de l’Algérie
malgré les promesses effectuées dans la deuxième moitié des années 1940 (l’élection de
l’Assemblée algérienne, en avril 1948, est entachée d’une fraude massive et rend
immédiatement caduque le statut de 1947 qui prévoyait davantage d’autonomie).
Réponses aux questions
1. L’Algérie est peuplée de musulmans et d’Européens. La photographie témoigne d’une
inégalité sociale (enfant ou femme pieds nus contrastent avec les vêtements et escarpins
des Européennes) et d’un cloisonnement entre ces deux catégories de la population qui
semblent s’ignorer.
2. Les statistiques confirment cette inégalité socioéconomique : les musulmans sont
majoritairement de petits exploitants alors que les terres agricoles appartiennent à 75 % à
des Européens, qui ne représentent pourtant que 10 % de la population. Les enfants
musulmans sont 5 fois moins scolarisés et, on peut le supposer, alphabétisés. L’écart de
mortalité infantile, enfin, témoigne de conditions sanitaires beaucoup plus précaires en ce
qui concerne la population musulmane.
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3. En 1954, le FLN milite pour une indépendance sans condition.
4. Il préconise la lutte armée (« la lutte sera longue ») de type révolutionnaire.
5. Le gouvernement français, à travers le discours de son président du Conseil, y répond en
considérant le FLN comme des criminels et en appliquant des mesures de répression
policière. Pour Pierre Mendès-France, les actions du FLN et ses revendications sont
illégitimes car l’Algérie est constituée en départements français et fait partie du territoire
français.
6. Le journal reprend ici la position de l’armée et d’une partie de la classe politique sur
l’Algérie. La guerre (qui n’est pudiquement qualifiée que d’« opération de maintien de
l’ordre ») est légitimée car elle vise à défendre le territoire français. La couverture montre
quatre générations : l’arrière-grand-père (génération de la Première Guerre mondiale que
l’on retrouve à l’arrière-plan avec le portrait d’un Poilu décoré de la croix de guerre), les
grands-parents, leur fils qui sert en Algérie, sa femme et leur enfant. Il s’agit donc d’ancrer
l’Algérie française dans une Histoire longue. Le paysage d’une France éternelle (par la
fenêtre) renforce cette idée que l’Algérie, c’est la France. Enfin, la guerre d’Algérie est
associée à la défense de Verdun par la légende et par les cartes (celle de l’Algérie sur la
table, celle de la bataille de Verdun au mur.
Capacités bac
7. Le texte 4, qui est une déclaration du président du Conseil et présente donc la position
officielle du gouvernement français, révèle que l’Algérie est une colonie au statut particulier
puisqu’elle est constituée en départements. C’est donc une partie du territoire français, et
non une nation comme le revendiquent les nationalistes, à laquelle l’État n’entend pas
octroyer l’autonomie ni l’indépendance, comme il peut le négocier ailleurs. L’Algérie est par
ailleurs peuplée en partie d’Européens. Face à cette intransigeance toujours réaffirmée, le
nationalisme s’est radicalisé et le FLN en appelle en 1954 à l’action armée pour la réalisation
de l’indépendance. Selon le document 3, l’heure n’est plus à chercher à négocier.
Pages 80-81
>>>>B Comment expliquer l’engrenage de la violence à partir de 1954 ?
La carte 6 permet de souligner plusieurs points importants.
- Les foyers originaux sont constitués des massifs montagneux de la Grande et de la Petite
Kabylie et des Aurès, traditionnellement hostiles à la présence française et constituant de
véritables espaces refuges mal contrôlés par les autorités locales.
- Les cibles principales des attentats du 1er novembre sont les villes européennes du littoral
ou les grands bourgs agricoles fondés par les colons européens.
- Les bases arrière du FLN sont situées hors du territoire français après l’indépendance en
1956 du Maroc et de la Tunisie, ce qui empêche l’armée française d’intervenir directement
sur un territoire désormais souverain. En 1958, l’intervention française en Tunisie
(bombardement de Sakhiet-Sidi-Youssef) lui vaut une condamnation de l’ONU.
La photographie 7 illustre ici la stratégie du regroupement de la population musulmane
organisée par l’armée dans le cadre de guerre contre le FLN, dans le but de décourager la
population de soutenir la cause nationaliste. Il s’agit également de couper les soldats de
l’ALN de l’aide contrainte ou consentie des populations locales. Les populations sont réunies
dans des « villages de regroupement » qui se multiplient à partir de 1957 (peut-être
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Page 42
2 millions de paysans algériens déplacés). Les villages isolés où ils habitaient sont détruits
pour éviter qu’ils ne servent de refuge au FLN. Les militaires français attachaient des câbles à
la charpente et arrachaient celle-ci. Dans les régions de ces villages abandonnés, il est alors
interdit de circuler sous peine d’être abattu. Il s’agissait ainsi d’isoler le FLN de la population.
On admet désormais que cette politique de terreur eut des effets contraires à ceux que
l’armée recherchait, dans la mesure où le FLN en fit un thème privilégié de sa propagande.
Les textes 8 et 9 révèlent une des méthodes du FLN : des attentats aveugles dans les grandes
villes. Ils montrent aussi que les femmes ont un rôle important dans la lutte pour
l’indépendance. Le document 9 dénonce la réponse par la torture systématique de l’armée.
Romancière à succès, plus portée à décrire les émois de la bonne bourgeoisie qu’à
l’engagement politique, Françoise Sagan, après beaucoup d’autres (l’historien Henri Irénée
Marrou, François Mauriac, Henri Aleg…), s’élève contre celle-ci. Malgré une reprise en main
de l’armée par de Gaulle, on voit ici que la torture ne s’est pas limitée à l’épisode de la
bataille d’Alger (janvier-octobre 1957).
L'historienne Raphaëlle Branche a consacré en 2000 une thèse à l'utilisation de la torture par
l’armée en Algérie. On pourra utiliser avec profit son article « Torture : la République en
accusation », dans « La Guerre d’Algérie », Les Collections de l’Histoire, trimestriel
mars 2002, hors-série n° 15.
La photographie 10 illustre la répression dans les rues de Paris en octobre 1961. En effet, le
préfet de police de Paris, Maurice Papon, vient d’ordonner un couvre-feu qui ne s’applique
qu’aux seuls musulmans. En réaction à cette mesure discriminatoire, la fédération française
du FLN organise une manifestation de protestation le soir du 17 octobre 1961. Il s’agit aussi
de tenter de mobiliser la gauche française en faveur de l’indépendance. Alors que les
manifestants algériens se gardaient de toute provocation, selon les instructions du FLN, la
répression policière est terrible : plus de 11 000 arrestations officiellement, 150 à
200 militants tués selon les estimations (les autorités françaises ne reconnaissent que deux
morts à l’époque).
Réponses aux questions
1. Les foyers du FLN sont constitués dans les massifs montagneux de la Grande et de la
Petite Kabylie et des Aurès, qui sont des bases de repli difficilement délogeables pour
l’armée française.
2. Le FLN utilise à la fois la lutte armée à partir de ces bases et le terrorisme. Le document 8
relate la préparation d’un attentat par le FLN et l’attentat lui-même. Cet attentat est dirigé
contre la population pied-noir, c’est-à-dire les Français d’Algérie. Par cet attentat qui vise à
terroriser la population française d’Algérie, le FLN veut inciter cette population à quitter
l’Algérie. On est ici dans une « guérilla ».
3. La stratégie de l’armée française passe à la fois par le bombardement les bases du FLN, ce
qui amène l’aviation française à étendre le conflit en Tunisie, le renseignement par l’emploi
systématique de la torture et une politique qui vise à couper le FLN de ses bases dans la
population. La perquisition systématique des douars afin de débusquer des hommes du FLN,
le parcage de la population dans des camps de regroupement, le déplacement de villages
entiers et parfois même leur destruction pure et simple, visent à la fois à saper les bases
rurales du FLN et à décourager la population de soutenir la guérilla.
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4. La photographie 10 montre que la violence s’est étendue sous d’autres formes à la
métropole où vivent de nombreux travailleurs algériens. Le FLN les mobilise lors de
manifestations, tandis que les autorités y appliquent des mesures d’exception : couvre-feu,
répression violente et meurtrière des manifestations.
5. Cette extension de la violence s’explique à la fois par la présence de travailleurs algériens
en métropole, mais surtout un climat de racisme exacerbé. Par ailleurs, le silence des
autorités sur le nombre de victimes du 17 octobre 1961 montre que les autorités couvrent la
violence policière comme elles laissent l’armée utiliser la torture en Algérie. Une escalade de
la violence commencée en Algérie aboutit aux abus policiers perpétrés en métropole.
Capacités bac
6. Les documents 8 et 9 montrent que, dans ce type de guerre de décolonisation, les civils
sont à la fois acteurs et victimes de la violence : victimes des attentats du FLN et de la
stratégie de l’armée française qui vise délibérément la population pour la couper des
nationalistes ou pour en obtenir des informations.
Pages 82-83
>>>>C Pourquoi la sortie du conflit a-t-elle été si difficile ?
Afin d’étudier le document 11, on commencera par le restituer dans son contexte. Ouverte
par la série d’attentats du 1er novembre 1954, la guerre dure depuis trois ans et demi en
Algérie. Le contingent a été envoyé, à la fin de 1956, pour mener la « pacification ». Des
succès militaires ont été remportés, mais la paix n’est pas rétablie. La guerre pèse sur les
finances de l’État, discrédite la France aux yeux de l’opinion internationale et contribue à
accroître la crise de l’État, incapable de définir une politique algérienne. Le 13 mai 1958, à
13h, Pierre Pflimlin lit sa déclaration d’investiture, retransmise en direct par la radio. Cette
déclaration est conforme au programme de Pflimlin : ne pas abandonner l’Algérie, mais
ouvrir des pourparlers dès que le moment sera favorable et engager des négociations avec
Rabat et Tunis. À 18 h, après un hommage à trois soldats français prisonniers fusillés par le
FLN, une grande manifestation se déroule à Alger contre l’investiture du gouvernement
Pflimlin qui est jugé trop « libéral » et que beaucoup soupçonnent de vouloir abandonner
l’Algérie. Car ce que les manifestants d’Alger veulent au départ en occupant le siège du
Gouvernement général n’est rien d’autre que d’empêcher l’investiture de Pierre Pflimlin
qu’ils considèrent comme le partisan de l’abandon de l’Algérie. À 18h15, le Palais du
Gouvernement général, symbole du pouvoir politique français en Algérie, est pris d’assaut
par quelques milliers de manifestants algérois. Les parachutistes qui gardent les locaux
laissent la foule envahir le Gouvernement général. En quelques minutes, celui-ci est enlevé
et investi. Les dossiers et les machines à écrire volent par les fenêtres. L’armée essaie tant
bien que mal de rétablir l’ordre, mais la foule conspue le nom du général Salan. Le général
Massu accepte alors, pour rétablir le calme à défaut de l’ordre, de présider un Comité de
Salut public et, pour sortir de cette situation, de faire appel à une autorité supérieure, un
personnage charismatique et intouchable : le général de Gaulle. Comme le note Jacques
Fauvet : « Deux pouvoirs s’instaurent : le pouvoir légal à Paris et le pouvoir militaire à Alger.
Un troisième, le pouvoir moral, celui du général de Gaulle, est encore à Colombey. » À ce
stade, il est surprenant de constater qu’en une douzaine d’heures — entre le début de
l’après-midi du 13 mai et l’aube du 14 mai —, la crise politique, de crise de fonctionnement
gouvernemental devient une crise de régime.
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Dès la fin du mois de mai 1958, refusant de revenir au pouvoir « sur le pavois des
parachutistes », le général de Gaulle reprend le contrôle de l’armée. Pour préparer son
investiture devant la Chambre le 1er juin 1958, le général de Gaulle reçoit, le 31 mai, les
représentants des principaux groupes parlementaires — à l’exception des communistes —
pour leur exposer son programme immédiat. Il demande les pleins pouvoirs pour une durée
déterminée et la révision de l’article 90 de la Constitution afin d’autoriser le gouvernement à
préparer une nouvelle Constitution et à la soumettre aux Français par voie de référendum.
Le 4 juin 1958, à Alger, le général de Gaulle, qui est président du Conseil (il a été investi par
le Parlement le 1er juin), prononce un discours du haut du balcon du Gouvernement général
(doc. 12). Dans son discours, de Gaulle insiste sur les perspectives de « rénovation » et de
« fraternité » ouvertes en Algérie. Il annonce aux Européens qui en ont toujours combattu
l’idée, l’instauration du collège unique.
Au cours de l’année 1959, les positions du général de Gaulle évoluent. La guerre d’Algérie
est un handicap à sa volonté de garantir la puissance de la France dans le nouveau contexte
international (accélération de la décolonisation qui pousse à négocier comme il le propose
en Afrique noire la même année pour conserver des relations « privilégiées » avec les
anciennes colonies) et à sa politique arabe. En 1961, le référendum sur l’autodétermination
s’accompagne de la décision d’une trêve unilatérale (doc. 13).
On estime que 51 2000 pieds-noirs (le terme apparaît dans les années 1950) quittent
l’Algérie durant l’année 1962 (doc. 14). Il faut y ajouter les juifs d’Algérie (environ 110 000)
et les harkis (environ 138 000) qui échappent aux massacres. Ces trois catégories forment les
« rapatriés d’Algérie », statut octroyé en juillet 1962 après la signature des accords d’Évian.
Les Européens rapatriés bénéficient d’une allocation de subsistance mais pour 12 mois
uniquement. La majorité s’installe en Île-de-France, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en
Corse.
À l’issue des accords d’Évian, le FLN de Ben Bella et Boumediene domine la vie politique,
interdisant les partis d’opposition. Ben Bella devient président du gouvernement provisoire
de l'Algérie avant le vote de la Constitution un an plus tard par l’Assemblée constituante. La
Constitution en fait une république présidentielle qui consacre par ailleurs la primauté du
parti FLN. Ce caractère autocratique se dessine déjà dans la photographie 15 des
manifestations de juillet. Il est démis de ses fonctions par le putsch organisé par
Boumediene en 1965, alors ministre de la Défense.
En application des accords d’Évian, le gouvernement français n’a pris aucune disposition
concernant les 26 3000 harkis (de harka, mouvement). Cependant, entre juillet et octobre,
on estime que 60 000 à 70 000 harkis sont victimes des représailles menées en Algérie
(doc. 16). Le gouvernement est débordé par l’arrivée des harkis qui se réfugient en France,
mais donne également des instructions à l’armée pour ne pas intervenir lors des massacres
et interdire l’organisation de leur rapatriement (directive de Pierre Joxe du 12 mai 1962).
Le document 17 est l’occasion de rappeler deux mémoires antagonistes du conflit de part et
d’autre de la Méditerranée, la guerre étant évidemment pour les Algériens l’acte de
naissance de leur État. Si le geste de Jacques Chirac est politiquement fort, on précisera qu’il
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a été très diversement accueilli en France et même parfois vivement critiqué par les anciens
rapatriés.
Réponses aux questions
1. Le 13 mai 1958, des pieds-noirs manifestent à Alger contre la nomination de Pflimlin à la
présidence du Conseil, permettant un putsch de l’armée. Cet événement est un tournant
majeur puisqu’il aboutit à l’appel au pouvoir du général de Gaulle (qui instaure quelques
mois après la Ve République), dans lequel les Français d’Algérie et l’armée voient un recours
pour conserver l’Algérie française.
2. Dans son discours, de Gaulle s’adresse aux habitants d’Alger et donc à la fois aux
Européens, aux musulmans et aux juifs d’Algérie.
3. Sa phrase est ambiguë (l’est-elle volontairement ?... C’est une question qui fait débat) car
les pieds-noirs la comprennent comme un soutien absolu à l’Algérie française, les
musulmans ou des juifs d’Algérie et Européens qui espèrent un apaisement l’entendent
comme l’espoir d’une sortie de la violence, sans objectif politique précis sur le statut de
l’Algérie.
4. De Gaulle constate que la situation en Algérie est devenue intenable, que l’opinion
publique française se lasse de la guerre en Algérie et qu’enfin cette guerre pèse sur l’image
de la France dans un contexte international où la décolonisation est largement avancée. Il en
conclut qu’il faut sortir de la guerre par une solution politique, le référendum et finalement
l’application du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
5. Les Français d’Algérie ne peuvent plus espérer rester dans le pays même si les accords
d’Évian le prévoient. La violence est telle, notamment du fait de la radicalisation des tenants
d’Algérie française (OAS), que la situation est devenue trop dangereuse et les liens entre
Européens et Algériens brisés.
6. L’indépendance donne naissance à une République dirigée par Ben Bella. Elle donne au
chef de l’État une place centrale comme l’illustre ici le portrait brandi par les manifestants.
Le gouvernement de Ben Bella applique un modèle de développement autocentré inspiré du
socialisme.
7. Les harkis sont les musulmans qui ont servi comme supplétifs dans l’armée française. Ils
sont alors considérés par le FLN comme des traîtres. La victoire du FLN après huit années de
guerre d’une intense violence laisse donc libre cours à des règlements de compte dont sont
victimes les harkis. La violence de guerre entraîne un cycle de représailles tout aussi violent.
Le gouvernement français est au mieux passif. De Gaulle veut montrer qu'il fait confiance au
nouveau gouvernement algérien et ne pas mettre en péril les accords d’Évian, mais il
considère aussi la question des harkis plus généralement dans celle de l’immigration
algérienne, estimant que les harkis sont difficilement intégrables.
Capacités bac
8. Le président de la République française, Jacques Chirac, fait ce discours à l’occasion d’une
visite officielle en Algérie et, surtout, il le fait devant le Parlement algérien à Alger en 2003.
D’après lui, la mémoire de la guerre d’Algérie reste vive du fait de la violence, du nombre de
victimes, civiles notamment (on pense à l’emploi de la torture, aux attentats, à l’exode des
Européens en 1962…), et des douleurs qui la caractérisent. Mais surtout elle divise parce
qu’elle n’a pas su intégrer les différentes mémoires françaises et algériennes du conflit. Ainsi
explique-t-il, à la fin de cet extrait, comment concilier la mémoire de l’indépendance gagnée
au terme d’un engagement nationaliste qu’il reconnaît sincère et la déchirure qu’a
constituée l’exil pour les 700 000 rapatriés de 1962. L’argument pour tenter de dépasser
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cette division est le respect d’absolument toutes les victimes et ce travail d’histoire fondé
sur l’étude de toutes les mémoires.
Pages 86-87 BAC
Sujet guidé
Réponses aux questions
1. Paul Teitgen est Secrétaire général de la préfecture d’Alger. Plus spécifiquement chargé
de la police, il est le meilleur témoin des pratiques de lutte contre le FLN menée par la
police, mais aussi l’armée en Algérie. Sa lettre est adressée à son supérieur, le ministre
résidant en Algérie, équivalent d’un gouverneur mais dans les départements d’Algérie. Son
propos n’est pas public et il peut donc s’ouvrir avec franchise sur les procédés utilisés en
Algérie. À la fin de sa lettre, il propose finalement sa démission, mais il espère que ce geste
contribuera à faire évoluer les pratiques de répression en Algérie.
2. Pour comprendre les faits relatés par Paul Teitgen, il faut rappeler que la France est en fait
en guerre en Algérie depuis les attentats de 1954. Cette guerre, qui est appelée « opération
de maintien de l’ordre », est particulière en ce qu’elle oppose l’armée française à la guérilla
menée par le FLN, les nationalistes algériens.
3. Paul Teitgen dénonce non seulement la torture, mais également un seuil de violence
illégal et choquant et un arbitraire qui découle de la confusion des pouvoirs. Ainsi, il parle
de :
- « crimes de guerre » : actes commis par les armées lors d’un conflit, mais qui dépassent le
cadre des usages défini par la convention de La Haye de 1907, et notamment la violence à
l’égard des civils, des prisonniers et les actes de cruauté. Leur bannissement a été réaffirmé
lors du procès de Nuremberg ;
- « traces profondes des sévices ou des tortures » : l’armée française utilise de façon
systématique la torture pour obtenir des informations des prisonniers algériens. Paul Teitgen
les compare à ce qu’il a subi comme résistant arrêté par la Gestapo nazie durant
l’Occupation pour montrer que l’armée française se déshonore ;
- « l’action policière nouvelle menée par l’armée » renvoie à la loi de 1956 qui accorde les
pleins pouvoirs de police dits « spéciaux » à l’armée en Algérie, délégant ainsi des pouvoirs
civils aux militaires ;
4. Pour autant, Paul Teitgen n’est pas un partisan de l’Algérie française et estime qu’il faut
lutter contre le FLN. « La lutte impitoyable qui doit être menée » est celle menée par l’armée
et la police contre le FLN et le refus de l’indépendance de l’Algérie dans ces conditions. En
évoquant « la rébellion, l’assassinat, le terrorisme et leurs complices de tous ordres », Paul
Teitgen estime que le combat du FLN est illégal car il se déroule dans une partie du territoire
français et remet en cause l’ordre public, et que le FLN utilise l’arme des attentats,
s’appuyant, de gré ou de force, sur les civils musulmans.
5. La lettre de Paul Teitgen est écrite un an avant la chute de la IVe République. Le pouvoir
est essentiellement aux mains du chef du Conseil, Guy Mollet, depuis février 1956, mais il est
fragile car il repose sur des coalitions parlementaires. Cela explique que le gouvernement ait
finalement laissé à l’armée sur le terrain un pouvoir excessif. La guerre dure depuis 3 ans, ce
qui indique que la IVe République s’avère incapable de régler la question algérienne. Le
gouvernement de Guy Mollet est d’ailleurs renversé en juin 1957.
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Page 47
Sujet blanc
Réponses aux questions
1. L’affiche 1 est un document gouvernemental qui vise à promouvoir l’action de l’armée
française en Algérie. Son rôle est de pacifier, comme l’indique la posture du soldat, et
correspond au discours officiel qui ne parle pas de guerre mais d’« opération de maintien de
l’ordre », niant qu’il s’agit d’un conflit armé. La politique de la France en Algérie est
présentée comme ayant pour but de réconcilier Européens et musulmans, et donc de
préserver l’Algérie dans le giron français mais sans préciser sous quel statut puisqu’on ne
parle pas d’Algérie française.
2. Dans la réalité, l’armée française mène la guerre au FLN qui utilise une stratégie de
guérilla. Elle y répond par des bombardements, mais aussi une traque du FLN dans les
massifs et le déplacement de la population civile pour couper le FLN de ses bases.
3. La photographie 2 a été prise pendant la bataille d’Alger de 1957. L’armée quadrille alors
les vieux quartiers musulmans du centre d’Alger à la recherche de membres du FLN pour
démanteler son réseau et prévenir les attentats. Cette opération donne lieu à une répression
d’une extrême violence : arrestations arbitraires, torture et exécutions sommaires, comme
l’illustre cette photographie.
4. Ces deux documents révèlent que la politique menée par la France en Algérie est
ambiguë. D’une part, le discours nie la réalité de la guerre pour préserver la possibilité de
conserver une cohésion en Algérie, soit dans le cadre de l’Algérie française, soit dans un
statut plus autonome auquel songe de Gaulle en 1959. Mais la réalité des combats et la
répression brutale menée par l’armée en Algérie exacerbent (à côté de la violence du FLN)
les tensions et aboutit aussi à l’impossibilité de continuer à cohabiter pour les Européens et
les musulmans.
Pages 88-93 SUJET D’ÉTUDE 2
L’Union indienne à partir de 1947
L’objectif est ici de montrer qu’il serait abusif de classer la décolonisation des Indes
britanniques parmi les décolonisations « réussies » et pacifiques, comme on le fit trop
souvent. La vie politique de la « plus grande démocratie du monde » a depuis 1947 été
marquée par la violence. Pour autant, l’Inde fait partie des puissances émergentes après
avoir mis en place plusieurs types de politiques de développement, autocentrée jusqu’aux
années 1980, puis tournée vers le développement des services dans les nouvelles
technologies.
Pages 88-89
>>>>A Quels défis la plus grande démocratie du monde a-t-elle dû surmonter depuis
1947 ?
En 1942, alors que les Japonais continuent leur progression en Asie et menacent désormais
l’Inde, les Britanniques proposent aux leaders nationalistes indiens – en premier lieu Nehru
et Ali Jinnah – l’indépendance de l’Inde en échange d’une mobilisation totale dans la guerre
que la Grande-Bretagne livre aux forces de l’Axe. Après la guerre, l’Inde accéderait au statut
de dominion et serait intégrée dans le Commonwealth. Pour autant, l’adhésion des masses
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indiennes est loin d’être acquise : le 8 août 1942, Gandhi lance le mouvement Quit India et
fait de la désobéissance civile un moyen de revendiquer l’indépendance immédiate des
Indes britanniques. La répression britannique qui s’exerce alors contre les représentants du
Parti du Congrès n’étouffe pas les volontés d’indépendance. Une fois la guerre terminée, les
Britanniques choisissent la voie du pragmatisme. En mars 1946, les Britanniques proposent
un premier projet au Parti du Congrès et à la Ligue musulmane (plan Pethick-Lawrence) qui
prévoit la division du pays en trois groupes, chacun d’entre eux disposant d’une large
autonomie à l’intérieur d’une Union fédérale. Le premier groupe rassemblerait les provinces
à majorité hindoue, le deuxième, les provinces occidentales à majorité musulmane (Pendjab,
Sindh, Baluchistan principalement) et, un dernier, la partie musulmane du Bengale. Inquiets
d’une indépendance qui ne bénéficierait qu’aux hindous, Ali Jinnah décide en juillet 1946 de
se retirer de l’accord et revendique désormais la création d’un Pakistan séparé de l’Inde.
Dans un contexte de guerre civile larvée, Lord Mountbatten, nommé vice-roi des Indes en
mars 1947, propose un nouveau plan entérinant l’idée d’une partition du Pendjab et du
Bengale. Accepté par Nehru et Jinnah, le plan Mountbatten est combattu par Gandhi, hostile
à la partition et favorable à un État indien unifié où la présidence aurait pu être confiée à Ali
Jinnah. En juillet 1947, le Parlement britannique vote l’Indian Independance Act qui rend
effective la partition de l’Inde et du Pakistan (Pakistan occidental et Pakistan oriental) dans
la nuit du 14 au 15 août 1947.
Adoptée par l'Assemblée constituante le 26 novembre 1949, la Constitution est appliquée
depuis le 26 janvier 1950. C’est un régime où le Premier ministre, investi par l’Assemblée, est
le véritable chef de l’exécutif (doc. 3). L’Assemblée peut lui retirer sa confiance, mais celui-ci
peut proposer la dissolution au Président. Il a en effet des prérogatives importantes dont
celui de proclamer l’état d’urgence, de nommer les hauts fonctionnaires, les militaires et la
commission électorale. Le Président dispose de peu de pouvoirs, si ce n'est pour pressentir
comme Premier ministre celui qu'il estime capable d'obtenir une majorité à l'Assemblée.
La Constitution met en place un État fédéral déjà prévu dans la Constitution octroyée par les
Britanniques en 1945. Les États sont délimités en fonction de la langue et de la religion, mais
les migrations créent en fait des minorités dans chaque État. On a qualifié le principe indien
de « fédéralisme coopératif » car il n’y a pas une distinction stricte des prérogatives du
pouvoir fédéral et des États, mais une interdépendance entre les deux, les États étant en
principe responsables de la mise en œuvre des décisions du pouvoir central, sauf en matière
de défense et de politique étrangère. À côté, des territoires relèvent eux directement du
pouvoir central.
Le Parti du Congrès (doc. 4) a été au pouvoir de 1947 à 1977, sous les gouvernements de
Nehru, puis de sa fille Indira Gandhi. Son programme est celui de la construction d'un État
démocratique et laïque et d'un développement économie autocentré. Il connaît un déclin
depuis l'assassinat d'Indira Gandhi et les élections de 1984. Son électorat réunissait en effet
aussi bien l’élite des brahmanes nationalistes que les masses populaires, intouchables ou
non. Ces dernières s’en sont détournées au profit de partis populistes ou régionalistes. Le
parti nationaliste (Bharatiya Janata Party, BJP, héritier du Jan Sangh fondé en 1951) a réussi
à former un gouvernement en s’appuyant sur la coalition de ces petits partis en 1999. Depuis
2004, le Parti du Congrès est revenu aux affaires en formant une nouvelle coalition, appelée
Alliance progressiste unie.
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Le Penjab connaît une véritable guerre civile des années 1970 aux années 1990, opposant
l’armée aux indépendantistes sikhs fondamentalistes qui entendent créer un État
indépendant, le Khalistan (« Pays des purs »). L’assaut du Temple d’Or de juin 1984
(opération Blue Star), sa destruction et la mort du leader Jarnail Singh Brihndrawale
entraînent l’assassinat d’Indira Gandhi (doc. 5), lui-même suivi du pogrom faisant de 2 733
(chiffre officiel) à plus de 6 000 morts à Dehli. La répression militaire (le Penjab est placé
sous l’autorité directe du pouvoir fédéral en 1987), mais aussi la radicalisation des divers
mouvements combattants sikhs (voire la dimension mafieuse de certains) ont profondément
affaibli le mouvement depuis 1992, date des élections au Penjab qui redonne son autonomie
à cet État. Pour autant, l’article de 2009 témoigne de la césure profonde qui demeure entre
Sikhs et gouvernement central, le parti du Congrès incarnant l’oppresseur hindou. La
brutalité de la répression policière et des forces paramilitaires, les arrestations arbitraires,
mais aussi la brutalité des activistes sikhs au Penjab dans les années 1990 rendent difficile la
réconciliation. Enfin, le report perpétuel du procès des responsables des massacres de Delhi
de 1984 (587 Indiens sont poursuivis) empêche de tourner la page. Cet événement est
devenu un point de cristallisation des activistes sikhs qui demandent même la
reconnaissance d’un génocide sikh.
Réponses aux questions
1. L’Inde est devenue indépendante au terme d’une décolonisation négociée avec les
Britanniques.
2. Le plan de partage négocié par Lord Mountbatten prévoit la division en deux États, à
dominante musulmane (Pakistan) et hindoue (Union indienne). Pour autant, la radicalisation
des mouvements indépendantistes entraîne un exode forcé des populations, accompagné de
violence de part et d’autre.
3. Le choix d’un État de type de fédéral devait donc répondre à la situation complexe d’un
État composé de minorités linguistiques et religieuses, combinant cohésion à travers un
pouvoir central et autonomie sociale et culturelle au niveau des États.
4. L’Inde est la plus grande démocratie du monde depuis 1947. Cependant, le suffrage
universel rencontre des obstacles, dont l’analphabétisme.
5. Cette situation favorise la domination du Parti du Congrès, incarné par un leader
charismatique, Nehru, le père de l’indépendance. Sa fille lui succède comme Premier
ministre après les élections de 1967. On peut parler d’une sorte de « démocratie
dynastique », qu’elle maintient par une politique autoritaire.
6. L’assassinat d’Indira Gandhi révèle la difficulté de créer un État démocratique sur les
bases d’une ancienne colonie très hétérogène en terme religieux. L’Union indienne s’est
instaurée au prix d’une politique de fermeté et de répression violente menée par Indira
Gandhi à partir des années 1970. Si l’Inde est une démocratie, la vie politique y est marquée
par la violence : atteinte aux droits de l’homme et terrorisme.
Capacités bac
7. Le document 3 illustre le fonctionnement d’une démocratie et le document 5 en révèle les
limites. On peut organiser sa réponse en confrontant les informations tirées des deux
documents autour de deux thèmes. Pour ce qui est de la vie politique, elle est démocratique
dans la mesure où s’exercent le suffrage universel et une séparation des pouvoirs.
Cependant, le pouvoir a été monopolisé pendant 30 ans par le Parti du Congrès et une
famille. Quant aux relations intercommunautaires, si la Constitution prévoyait une
fédération pour tenir compte de la diversité culturelle, la violence des années 1970-1990
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révèle qu’elles restent tendues entre la majorité hindoue et les minorités sikhes ou
musulmanes.
Pages 90-91
>>>>B Quelles voies de développement l’Inde a-t-elle choisies ?
Dès 1947, l’Inde a suivi un modèle de développement autocentré, qu’on a appelé « modèle
nehruiste ». Certains États d’Amérique latine (Brésil ou Nicaragua par exemple) ou du
Maghreb (comme l’Algérie ou la Libye) adoptent des modèles proches dans les années 19601970. Il consiste à atteindre l’autosubsistance agricole, protéger les nouvelles industries et
substituer des productions locales aux importations pour rompre avec la dépendance née de
l’époque coloniale (doc. 7). L’économie indienne est alors mixte, alliant socialisme étatique
(protectionnisme, plans quinquennaux, secteurs « réservés » comme l’énergie, les mines…)
et capitalisme privé. Cette orientation présente certaines limites : un endettement
intenable, la priorité des efforts au profit de l’industrie et de l’agriculture au détriment
d’autres besoins essentiels (santé et éducation), les dégâts écologiques enfin.
Le volet agricole est considéré comme la condition sine qua non du développement
économique d’autant que, dans les années 1950, la population rurale représentait
650 millions d’Indiens, soit environ 80 % de la population. Il consiste en une réforme agraire
et une politique de modernisation, ou révolution verte, à partir des années 1960. La réforme
s’est faite sans redistribution des terres mais en plafonnant les superficies. La modernisation
(développement des engrais, des pesticides, de l’irrigation, sélection de variété à haut
rendement…) passe par la mise d’un système de crédit agricole (Primary Land Development
Banks). Si les rendements se sont en effet accrus, la révolution verte a rendu stériles une
partie des terres (dans le Penjab notamment, « grenier à blé » de l’Inde), au point d’inverser
l’évolution des rendements vers la baisse à la fin des années 1990. Elle a par ailleurs fait
basculer nombre de paysans dans le surendettement.
Afin de comprendre le document 8, il est utile de rappeler que l’usine d’Union Carbide India
Limited produisait annuellement 5 000 tonnes de deux types de pesticides pour alimenter la
révolution verte lancée par le gouvernement indien. À partir de 1982, il y a cependant
surproduction et, face aux pertes commerciales, Union Carbide licencie. Le niveau de
sécurité en pâtit comme en témoignent les cinq fuites qui avaient déjà eu lieu
entre 1981 et 1984. Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, une infiltration d’eau provoque
une réaction dont se dégage un gaz hautement toxique, l’isocyanate de méthyle. La
dispersion de 25 tonnes de gaz fait 8 000 morts et 300 000 malades, qui ne reçoivent à partir
de 1989 que 25 000 roupies de compensation (à peu près 700 euros), tandis que les familles
des décédés perçoivent 50 000 à 100 000 roupies. Mais la production de pesticides à Bhopal
a fait bien plus de victimes, soit par les effets sur les enfants nés d’habitants exposés en
1984 (150 000 d’après Greenpeace), soit par la pollution de l’eau par les métaux lourds
pendant les années d’activité même de l’usine. Les ONG indiennes estiment que 20 000
personnes sont encore exposées à cette contamination industrielle de l’eau.
En 1991, une crise financière oblige l’Inde à accepter le plan de libéralisation du FMI et de la
Banque mondiale. La politique économique menée à partir de 1991 (par le gouvernement de
Narasimha Rao) est un tournant radical caractérisé par l’ouverture sur l’économie mondiale
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Page 51
(200 milliards de dollars d’investissement étrangers en 2010) et la libéralisation de
l’économie nationale (réduction des dépenses publiques, suppression des autorisations
préalables en matière d’investissement, diminution des secteurs qui étaient dits « réservés »
à la puissance publique, privatisations qui marquent toutefois le pas à cause de l’opposition
des communistes).
Les documents 9 et 10 illustrent le choix fait par l’Inde de miser sur le savoir et les services,
notamment dans le domaine des nouvelles technologies, des call centers à la recherchedéveloppement de logiciel. Cependant, le secteur n’emploie que 2 millions de personnes. À
côté, les trois principaux secteurs d’exportations indiens sont la pharmacie, le textile et
l’industrie automobile. L’Inde est devenue le premier exportateur mondial de médicaments
génériques. L’industrie automobile indienne représente 3,6 millions d’emplois et 2,5 % du
PIB.
Ces choix économiques présentent cependant des limites à souligner. Alors que la balance
des services est excédentaire (6,9 milliards de dollars), le déficit de celle des marchandises
ne cesse de s’accentuer (- 130 milliards de dollars en 2010), ce qui entraîne une inflation
(+ 35 % depuis 2004) qui accentue les inégalités. De fait, on compte 390 millions de pauvres
(sur une population de 1,2 milliard d'habitants), si l'on prend la norme internationale des
personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour. Par ailleurs, la classe moyenne est encore
réduite. Elle risque de ne pas suffire à soutenir le marché intérieur ni à fournir la maind’œuvre qualifiée car le système scolaire est très inégalitaire (universités réputées
excessivement onéreuses). Enfin, les infrastructures sont encore défaillantes.
Le document 11 témoigne de la croissance exceptionnelle de l’Inde depuis les années 1990.
Elle était de 8 % en 2004 et atteignait 10,4 en 2010. Cela la place parmi les puissances
émergentes comme la Chine ou le Brésil.
Réponses aux questions
1. La population a cru de façon importante et ininterrompue depuis l’indépendance. Elle a
été multipliée par 3 en 60 ans. C’est un défi pour un pays en développement qui doit
consacrer une part toujours plus importante de sa richesse à nourrir une population
croissante. Par ailleurs, cette explosion démographique suppose que la croissance soit
suffisante pour fournir des emplois en nombre. La croissance démographique peut enfin
être un frein au développement si l’État ne peut contribuer à fournir soins et éducation à la
population, condition au développement tant social qu’économique.
2. L’Inde a choisi un modèle de développement visant à atteindre l’autosubsistance
alimentaire par une modernisation de son agriculture, mais aussi à produire les biens
manufacturés qu’elle devait auparavant importer. Pour favoriser l’indépendance
économique, l’État indien a pris un rôle important dans l’économie nationale afin d’orienter
son essor et la protéger en renforçant les barrières douanières.
3. Ce développement productiviste a eu des effets environnementaux catastrophiques.
L’accident de l’usine Union Carbide de Bophal met au jour à la fois la surproduction et la
surutilisation des engrais, mais aussi le danger que représente leur production industrielle
pour la population.
4. Depuis les années 1980, l’économie indienne s’est réorientée en partie vers l’industrie de
haute technologie et les services dans ce domaine (télé-services, développement
informatique…).
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5. L’objectif de cette politique est expliqué par Éric Leclerc : ces secteurs permettent
d’exporter des produits et services à haute valeur ajoutée et donc de réduire le déficit
commercial. Par ailleurs, ils sont à la base du développement d’autres secteurs
(l’aéronautique par exemple) et à la modernisation des infrastructures (de communication
par exemple).
6. Cette réorientation vers une économie exportatrice de produits à haute valeur ajoutée
bénéficiant d’un avantage compétitif du fait d’une main-d’œuvre qualifiée, mais aux salaires
bien plus bas que dans les pays riches, s’est traduit par une augmentation exponentielle du
PIB, et donc des taux de croissance élevés.
Capacités bac
7. L’Inde a connu deux types de modèle de développement totalement différents depuis son
indépendance et on peut opposer point par point les deux documents au brouillon avant de
rédiger la réponse :
Document 7
Document 9
Secteurs
Priorité à l’agriculture et à l’industrie
Priorité au secteur de haute
économiques
lourde ou d’équipement
technologie
Acteurs
Rôle central de l’État (nationalisation, Rôle des FMN
plans quinquennaux)
Insertion dans Économie protégée
Ouverture aux investissements
l’économie
étrangers
mondiale
Pages 92-93
>>>>C Comment l’Inde est-elle devenue une des grandes puissances du Sud ?
Nerhu fut, avec Tito et Nasser, l’un des artisans de l’émergence du Tiers-monde. Après la
conférence de Bandung de 1955, ils se réunissent sur l’île de Brioni en juillet 1956 dont naît
l’idéal de non-alignement (doc. 12). De leur point de vue, la décolonisation et le
développement ne peuvent s’opérer que dans un ordre international qui s’appuie sur l’ONU
(qui sert de tribune à la même époque pour dénoncer la guerre d’Algérie), ce qui suppose le
non-alignement sur l’un des deux Grands. Nehru a revendiqué une telle politique
depuis 1950. Elle est guidée par la rivalité avec la Chine, alors soutenue par l’URSS, qui a
envahi le Tibet en 1950. L’Inde a donc intérêt à favoriser le multilatéralisme et à chercher
des appuis dans le Sud : Indonésie, qu’elle a soutenue dans sa guerre d’indépendance, ou
Égypte par exemple. La politique extérieure est également dominée par un impératif
idéologique, l’anti-impérialisme. Par son poids démographique et sa position stratégique sur
le continent asiatique, l’Inde de Nehru estimait pouvoir jouer un rôle de puissance régionale
indépendante des deux Grands. Cependant, dans les années 1970, sous le gouvernement
d’Indira Gandhi, l’Inde s’est en partie aligné sur l’URSS (doc. 13), profitant de la rupture sinosoviétique. Ce fut également un moyen de se doter de l’arme nucléaire face au Pakistan.
La carte 14 illustre les relations, notamment conflictuelles, qu’entretient l’Inde avec ses
voisins. Depuis 1947, la question du Cachemire oppose le Pakistan et l’Inde. Jusqu’en 1947,
le Cachemire est un État princier vassal de l'Empire britannique. Sa population est à 67 %
musulmane mais gouvernée par un maharadja hindou. En 1947, cet État opta pour le
rattachement à l'Inde qui y envoya des troupes. Le Pakistan lance alors une offensive en
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Page 53
1948, estimant que ce territoire doit lui revenir, et occupe un tiers de la province (ligne de
partage de 1949). En 1965, une deuxième guerre fige la partition du Cachemire. Le conflit
reste larvé dans la partie indienne qui a perdu son autonomie, où la rébellion armée s’est
développée dans les années 1960, soutenue par le Pakistan. Au total, le conflit a fait
70 000 victimes. La rivalité prend une allure plus inquiétante à la fin des années 1990, quand
les deux États procèdent à des essais nucléaires. En Inde, l’arrivée au pouvoir du parti
nationaliste a accéléré cette escalade en procédant à ses premiers essais nucléaires en 1998.
Durant cette période, au moins dans le discours, le gouvernement indien se réfère à la
« Grande Inde » démantelée en 1947.
Depuis les années 1990, les mouvements nationalistes ont été supplantés au Cachemire par
des courants djihadistes, l’intervention américaine en Afghanistan change la donne. Si le
Pakistan a eu un temps intérêt à entretenir la déstabilisation au Cachemire, les djihadistes
les plus radicaux se retournent contre le gouvernement pakistanais. Le dialogue entre l’Inde
et le Pakistan est donc ré-ouvert à partir de 2003, même si l’attitude du gouvernement
pakistanais reste ambigu dans sa participation à la « guerre contre le terrorisme ». Officialisé
en 2004, ce dialogue a permis la réouverture de la frontière entre les deux parties du
Cachemire (cf. doc. 2 p. 97).
La carte 15 permet de montrer comment la Chine et l’Inde pèsent diplomatiquement et
militairement en Asie, tout en étant des rivaux qui cherchent à se neutraliser. Les États-Unis
espèrent d’ailleurs voir dans l’Inde un contrepoids à la puissance chinoise dans la région.
L’Inde est au 10e rang mondial des dépenses militaires (24,2 milliards de dollars), certes loin
derrière la Chine (58,3 milliards de dollars).
La politique extérieure indienne (doc. 16), depuis la fin de la Guerre froide, se situe à la fois
dans la continuité (préserver son indépendance en jouant la carte de l’ONU et du
multilatéralisme) et dans la rupture en se faisant plus pragmatique en cherchant de
nouveaux alliés autour de l’océan Indien. Le Premier ministre actuel, Manmohan Singh,
déclarait dans son premier discours à la nation en 2004 : « Nous étendrons notre réseau de
relations internationales — en préservant la solidarité avec nos alliés traditionnels et en
renforçant de nouveaux partenariats » pour devenir une puissance régionale égale à la
Chine. »
L’insistance sur l’octroi d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU se situe dans
ce double mouvement. Déjà Nehru en appelait à une réforme de l’ONU, mais il ne s’agit plus
de le faire par idéalisme, mais comme un moyen de garantir sa sécurité et ses intérêts. Le
multilatéralisme permet d’assurer la sécurité indienne (d’où la participation à la lutte contre
le terrorisme, mais aussi préserver la stabilité en Asie). À l’inverse, quand ses intérêts sont
contradictoires, l’Inde est plus réticente : elle n’a ainsi pas ratifié le protocole de Kyoto ou
l’accord créant la Cour pénale internationale.
Réponses aux questions
1. À partir des années 1950, l’Inde se veut le leader de l’anti-impérialisme et du nonalignement, donc du Tiers-monde. Pour autant, sous le gouvernement d’Indira Gandhi, elle
s’est davantage alignée sur l’URSS, même si elle continuait à prôner le non-alignement.
2. Depuis Indira Gandhi, l’Inde a cherché à se doter de l’arme nucléaire pour garantir son
indépendance.
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3. La partition du Cachemire, à partir de 1947, a créé un litige qui dure encore entre l’Inde et
le Pakistan, chacun en réclamant l’intégralité. Ce conflit, qui dure depuis plus de 60 ans, est
devenu source de déséquilibre majeur et d’inquiétude pour les grandes puissances depuis la
fin des années 1990 car l’Inde et la Pakistan ont acquis l’armée nucléaire. Par ailleurs, le
Pakistan est stratégique pour l’accès au pétrole et sa position aux portes du Moyen-Orient.
Tout cela concourt à faire des tensions indo-pakistanaises un enjeu, pour les Américains
notamment.
4. L’Inde est une puissance majeure qui peut s’appuyer sur sa démographie et sa diaspora,
sur sa situation stratégique entre le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient et sa puissance
militaire. Elle cherche à contenir l’expansion de la Chine en Asie.
5. L’Inde est une puissance émergente qui cherche à se hisser au niveau des grandes
puissances dans l’ordre mondial en jouant la carte du multilatéralisme.
Capacités bac
6. L’Inde, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, exprime une politique
étrangère qui se joue à deux niveaux. Au niveau mondial, elle entend participer à un ordre
multilatéral en devenant par exemple membre permanent du Conseil de sécurité, en jouant
un rôle dans le règlement des conflits ou dans la guerre contre le terrorisme (comme en
Afghanistan). Par ailleurs, elle cherche à être la puissance régionale de l’océan Indien, ce qui
explique tout autant son implication dans la lutte contre le terrorisme ou la prolifération des
armes de destruction massive au Moyen-Orient ou en Afrique.
Pages 96-97 BAC
Sujet guidé
Réponses aux questions
1. L’indépendance était compliquée du fait de la mixité religieuse (hindous, musulmans et
une minorité sikhe) et linguistique de l’ensemble constitué par les Indes britanniques. Deux
mouvements nationalistes négocient donc avec les Britanniques : le Parti du Congrès, mené
par Nehru, pour les hindous ; la Ligue musulmane, mené par Muhammad al Jinnah, pour les
musulmans.
Si la négociation aboutit à une partition en deux États (plan Mountbatten) en 1947, l’Union
indienne et le Pakistan, elle s’accompagne d’une violence religieuse extrême, de
déplacement de population (13 millions de personnes précise l’auteur) et de l’occupation du
Cachemire que chaque État revendique.
2. Après le partage de 1947, l’Union indienne doit encore relever le même défi car c’est un
jeune État marqué par :
- une « mosaïque de groupes ethniques », on dénombre en effet 23 langues, même si l’hindi
est dominant, représentant 41 % de la population ;
- une « profusion de langues et de culture », c’est-à-dire de groupes ethniques, mais on peut
ajouter la diversité religieuse qui demeure. La religion la plus pratiquée est ainsi
l'hindouisme (80,7 %), puis l’islam (13,2 %), le christianisme (2,4 %), le sikhisme (2 %), le
bouddhisme (0,6 %) et le jaïnisme (0,4 %).
3. La solution politique adoptée est celle d’un État fédéral inspiré du modèle américain qui
permet de garantir l’unité nationale tout en préservant en principe la diversité religieuse et
ethnique (« l’Inde a reconnu son pluralisme à traces ses institutions »). En effet, l’Union est
constituée d’États aux contours linguistiques et religieux (depuis la réforme de 1956) qui
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collaborent avec l’État central dans l’application des lois et autres décisions. Certaines
régions sont cependant des territoires, c’est-à-dire administrées directement par le
gouvernement de New Delhi.
4. « Les pères fondateurs du pays *…+ étaient des démocrates convaincus » puisque Gandhi
prônait la non-violence et le respect des minorités. Par ailleurs, Nehru a négocié
l’Indépendance avec le régime britannique. Avec l’assemblée constituante, il a fondé un
régime démocratique appliquant dès 1947 le suffrage universel. Tous deux avaient fait leurs
études en Grande-Bretagne et adopté le modèle politique britannique. On pourrait rappeler
que Gandhi était lui-même avocat.
5. L’Inde a suivi deux modèles de développement successivement. Nehru, puis sa fille Indira
Gandhi, ont appliqué un modèle de développement autocentré, d’inspiration socialiste. Il
visait à développer l’agriculture pour atteindre l’autosuffisance et l’industrie de base pour
rendre l’Inde indépendante économiquement. Depuis 1991, l’Inde a totalement réorienté sa
politique économique, misant sur l’intégration dans l’économie mondiale, les
investissements étrangers et l’exportation de biens et de services, dans le domaine des
nouvelles technologies notamment.
Sujet blanc
Réponses aux questions
1. Les tensions entre l’Inde et la Pakistan remontent à l’indépendance même. La négociation
entre Britanniques, nationalistes hindous et nationalistes musulmans a abouti à une
partition en deux États en 1947, l’Union indienne et le Pakistan. Elle s’accompagne de
déplacement de population, de violence et de l’occupation du Cachemire que chaque État
revendique. Le Cachemire, région frontalière stratégique, est en effet à majorité musulmane
mais était dirigé jusqu’en 1947 par un Prince hindou. Dès lors, trois conflits ont opposés les
deux États voisins.
2. La rivalité prend une allure plus inquiétante à partir de 1998, quand les deux États
procèdent à des essais nucléaires. Par ailleurs, le conflit à propos du Cachemire implique
également le voisin chinois qui occupe l’Aksai Chin et qui dispose lui aussi de l’arme
nucléaire. Enfin, on pourrait souligner la proximité de l’Afghanistan. En effet, la région est
déstabilisée par les djihadistes afghans et pakistanais qui interfèrent également dans le
conflit au Cachemire.
3. L’ouverture d’une liaison frontalière en 2005 entre l’Inde et la Pakistan montre la volonté,
certes encore limitée, de faire baisser la tension entre les deux États.
4. Depuis 2004, le Pakistan et l’Inde ont commencé à négocier, en partie sous la pression des
Occidentaux (Américains notamment) et de l’ONU, mais aussi parce qu’ils sont confrontés
tous les deux à l’islamisme radical et à la multiplication des attentats (attentats de Bombay
de 2008 contre les grands hôtels de la ville, faisant 173 victimes et 312 blessés). Mais le
Pakistan a une attitude plus ambigüe (les responsables des attentats de 2008 se seraient
entraînés au Pakistan).
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Chapitre 3
La France sous la Ve République
En instituant la Ve République en 1958, de Gaulle a voulu donner au chef de l’État un rôle
d’arbitre au sein des institutions. La réforme de 1962 finalise l’édifice en octroyant au
Président un surcroît de légitimité démocratique (cf. p. 100 à 105).
Avec les successeurs de Gaulle, la suprématie de la fonction présidentielle n’est pas remise
en cause sauf pendant les cohabitations que la réforme du quinquennat (2000) rend presque
impossibles. Les partis de gauche et de droite adoptent des logiques d’union pour conquérir
le pouvoir au détriment du centre. La bipolarisation de la vie politique reste très forte malgré
l’apparition de nouvelles forces politiques dans les années 1970. La décentralisation initiée
en 1982 modifie en revanche l’architecture des pouvoirs (cf. p. 106 à 113).
Depuis 1958, le rapport des citoyens à la Ve République, et à la politique en général, s’est
modifié. La fin des idéologies, le non-renouvellement de la classe politique, les difficultés
économiques et sociales entraînent une défiance à l’égard de l’offre politique traditionnelle
(cf. p. 114 à 119).
Dans cette France de la Ve République, les Françaises sont des citoyennes à part entière.
Elles ont obtenu le droit de vote en 1944 et revendiquent dès lors une plus grande visibilité
dans la société. Les mouvements féministes portent les revendications d’émancipation
familiale, sociale, économique. L’allongement des études chez les filles accompagne leur
entrée sur le marché du travail. Pourtant, les discriminations restent nombreuses à l’égard
des femmes dans la société contemporaine (cf. sujet d’étude 1, p. 122 à 129).
Après la réforme constitutionnelle de 1962, l’élection présidentielle au suffrage universel
direct devient un moment fort de la vie démocratique. Elle structure la vie des partis, les
agendas politiques. La réforme du quinquennat (2000) a augmenté la fréquence de ces
rendez-vous et l’inversion du calendrier électoral (présidentielle avant législatives) en a
confirmé la centralité (cf. sujet d’étude 2, p. 132 à 139).
Bibliographie
• Sur la Ve République
- M. Agulhon, La République de Jules Ferry à François Mitterrand (1880-1995),
Hachette littérature, 1997
- J.-J. Becker, Histoire politique de la France depuis 1945, Armand Colin, 10e édition, 2011
- J.-J. Becker, Nouvelle Histoire de la France contemporaine, Crises et alternances, 1974-2000,
Éditions du Seuil, 1998
- J. Chapsal, La Vie politique sous la Ve République, PUF, tome II (1974-1987), 5e édition, 1990
- É. Duhamel, et O. Forcade, Histoire et vie politique en France depuis 1945, Nathan
Université, 2005
- R. Rémond, Notre Siècle (1918-1995), Fayard, 1996
• Sur la société française
- J.-J. Becker, Nouvelle histoire de la France contemporaine, Crises et alternances,
1974-2000, Éditions du Seuil, 2002
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- D. Borne, Histoire de la société française depuis 1945, Armand Colin, 2000
- G. Duby (dir.), Histoire de la France urbaine, tome V, Éditions du Seuil, 1985
- O. Galland et Y. Lemel (dir.), La Nouvelle Société française, Armand Colin, 1998
- O. Galland et Y. Lemel (dir.), La Société française, Armand Colin, 2011
- A. Gauron, Histoire économique et sociale de la Ve République, Éditions de La Découverte,
1988
- A. Goldamann, Les Combats des femmes, Casterman-Giunti, 1996
Pages 98-99 OUVERTURE DE CHAPITRE
La photographie de Gaulle (p. 98) illustre la question obligatoire. La fin du conflit algérien
avec la signature des accords d’Évian en mars 1962 ne met pas fin aux troubles politiques en
France. Les attentats de l’OAS continuent en métropole et de Gaulle échappe de peu à un
attentat, au Petit-Clamart, le 22 août. Cet événement l’encourage à accélérer la réforme
constitutionnelle visant à modifier le mode d’élection du président de la République qu’il
envisage depuis 1961. Le 20 septembre, il annonce que la réforme sera soumise au
référendum. Cette volonté gaullienne se situe dans la droite ligne des institutions mises en
place en 1958, mettant le chef de l’État au centre du dispositif institutionnel. Cependant,
dans le texte de 1958, ne voulant pas rompre avec une tradition parlementaire fortement
ancrée depuis le coup d’État du 2 décembre de Louis-Napoléon Bonaparte, de Gaulle avait
opté pour une désignation du Président par les deux chambres (comme sous la IIIe et la
IVe République). La classe politique non gaulliste est alors vent debout contre le projet
présenté comme un nouvel avatar de l’autoritarisme gaullien et comme une violation des
droits du Parlement à qui le texte de 1958 avait octroyé le pouvoir de réforme
constitutionnelle (ce qui vaudra à de Gaulle une motion de censure du gouvernement
Pompidou). Comme souvent, de Gaulle préfère s’adresser directement aux Français. Le
référendum, organisé le 28 octobre 1962, voit la victoire du « oui » à 62,2 %, mais
l’abstention est plus forte (37,8 %) que lors du référendum de septembre 1958.
La photographie de Simone Veil (P. 99) illustre quant à elle le sujet d’étude 1, portent sur les
femmes dans la société française. Le vote de la loi sur l’IVG, le 17 janvier 1975, constitue une
étape importante dans l’histoire de l’émancipation des femmes en France. En effet,
depuis 1920, l’avortement était considéré comme un crime passible des tribunaux. De
nombreuses femmes y ont pourtant recours clandestinement (350 000 par an), avec tous les
risques que cela suppose. Pour beaucoup de Français, l’avortement est un acte moralement
répréhensible ou une atteinte à la croissance démographique de la nation. Après la Seconde
Guerre mondiale, les luttes féministes ont permis la mise en place du planning familial
(1956) et la légalisation de la contraception (1967). Le 5 avril 1971, le Nouvel Observateur
publie un manifeste signé par 343 femmes, parmi lesquelles de nombreuses personnalités
(actrices, avocates, femmes de lettres, enseignantes, etc.), qui déclarent avoir avorté et
réclament l’avortement libre.
Le vote de la loi donna lieu à des débats virulents et Simone Veil, ministre de la Santé, dut
subir des attaques extrêmement violentes au sein de l’Assemblée. La loi autorise l’IVG dans
un délai de 10 semaines, sur simple demande à un médecin. Elle laisse la possibilité à tout
médecin ou à tout établissement hospitalier privé de refuser de donner suite à une demande
d’IVG. Elle s’efforce de limiter les IVG à des cas de nécessité et d’empêcher qu’elles ne
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deviennent un moyen de réguler les naissances. Elle ne prévoit pas le remboursement par la
Sécurité sociale, mais une prise en charge sur demande au titre de l’aide médicale.
Lors de la campagne présidentielle de 2012 (photographie p. 99), le débat oppose les deux
candidats arrivés en tête au 1er tour de l’élection : François Hollande, candidat du PS, a
obtenu 28,63 % des suffrages ; Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP, 27,18 %. Le duel télévisé
des deux finalistes de la présidentielle constitue un temps fort de la campagne qu’atteste
l’audience de l’émission (18 millions de téléspectateurs). Dans le cadre d’une élection
traditionnellement serrée, le débat revêt une grande importance : convaincre les indécis et
les électeurs qui ont voté pour d’autres candidats au 1er tour.
Pages 100-103 QUESTION OBLIGATOIRE
1. La naissance de la Ve République (1958-1962)
L’ensemble documentaire présente d’abord la Ve République (p. 100-101). Il permet ensuite
de montrer comment les nouvelles institutions voulues par de Gaulle ont été adaptées par le
nouveau Président pour donner la prééminence au chef de l'État, notamment par le biais de
la réforme constitutionnelle de 1962 (p. 102). Par sa pratique du pouvoir, de Gaulle installe
la fonction présidentielle au centre des institutions (p. 103).
Pages 100-101
>>>>A 1958, la volonté de De Gaulle : rénover les institutions
La chronologie a pour but de montrer les étapes du retour au pouvoir de Gaulle. Elle revient
sur la mise en place de la IVe République et souligne l’instabilité ministérielle qui a prévalu
jusqu’en 1958. De Gaulle est rappelé au pouvoir en plein conflit en Algérie. Le 13 mai,
l'insurrection à Alger ouvre une grave crise dont la IVe République ne se relèvera pas. De
Gaulle se présente alors comme le seul homme capable de résoudre la crise et se déclare
« prêt à assumer les pouvoirs de la République ». C'est le Président René Coty qui le nomme
au poste de président du Conseil le 29 mai. Le 1er juin, il obtient la confiance des députés
malgré le vote négatif de 250 députés (les communistes, la moitié des socialistes et quelques
mendésistes). Le 2 juin, il obtient les pleins pouvoirs pour 6 mois, période durant laquelle
doit être rédigé le projet de nouvelle Constitution qu'il présente aux Français le
4 septembre 1958. Celle-ci est adoptée à une large majorité lors du référendum du
28 septembre et de Gaulle est élu Président par le Parlement le 21 décembre.
À l'inverse du texte constitutionnel de 1946 rédigé par une Assemblée constituante, celui de
1958 est préparé par une commission animée par le garde des Sceaux, Michel Debré. Il s'agit
d'un texte fortement influencé par les conceptions gaulliennes du pouvoir (doc. 1). Le
référendum a lieu le 28 septembre et le scrutin atteint le taux record de 85 % de
participation. Il y a 80 % de « oui » dans la métropole. Outre-mer, seule la Guinée vote
contre et sort de fait de la Communauté.
L'organigramme (doc. 2) présente les institutions de la nouvelle République et les différentes
réformes (1962, 1974, 2001). Le pouvoir exécutif appartient à un Président, élu pour 7 ans
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par le Parlement, et au Premier ministre, nommé par le Président. L'Assemblée nationale,
élue pour 5 ans au suffrage universel direct, et le Sénat (chambre haute), élu au suffrage
indirect tous les 9 ans (renouvelable par tiers), se partagent le pouvoir législatif. Un conseil
constitutionnel est chargé de veiller à la constitutionnalité des lois.
Le Parlement, selon l'expression même de Gaulle, vote les lois : les projets de loi devant être
votés dans les mêmes termes par les deux chambres font la navette de l'Assemblée au
Sénat. En cas de désaccord, l'Assemblée a le dernier mot. L'Assemblée contrôle l'exécutif
puisque, par le vote d'une motion de censure, elle peut renverser le gouvernement. Le
pouvoir de l'exécutif est renforcé, notamment celui du Président, qui peut dissoudre
l'Assemblée, nomme et peut révoquer le Premier ministre et peut s'adresser directement
aux Français par le biais du référendum. On peut ajouter l'article 16 qui permet au Président
d'assumer les pleins pouvoirs en cas de crise grave. « Arbitre national », en charge du bon
fonctionnement des institutions, libéré du jeu politicien, le Président a une place primordiale
dans ces institutions. Il s'agit donc d'un régime mixte : régime parlementaire qui octroie de
larges pouvoirs au Président.
Le passage de la Constitution cité en document 3 est extrait du titre II (art. 5 à 19), consacré
au président de la République.
L’UNR (doc. 4) est le parti gaulliste fondé en octobre 1958, alors que de Gaulle est revenu au
pouvoir en juin et que la Constitution de la V e République vient d’être adoptée. C’est au sein
de l’UNR que sont désignés les candidats qui se présenteront aux élections législatives
organisées à la fin du mois de novembre. Le parti arrive en tête avec 198 députés élus.
Réponses aux questions
1. De Gaulle revient au pouvoir dans un contexte de grave crise politique. Les Français
d’Algérie, soutenus par l’armée, organisent le 13 mai 1958 une insurrection pour réclamer
son retour aux affaires. Ils espèrent qu’il appliquera une politique de fermeté à l’égard des
indépendantistes algériens. De Gaulle se dit alors prêt à assumer le pouvoir, à la condition
de pouvoir rédiger une nouvelle Constitution.
2. L’« arbitre national », dans l’esprit de De Gaulle, doit être le président de la République. Il
détient le pouvoir exécutif et est le chef des armées.
3. Le gouvernement, composé du Premier ministre et des ministres nommés par Le
Président, « gouverne », c’est-à-dire qu’il partage le pouvoir exécutif avec le Président et
mène la politique définie par le chef de l’État. Il est responsable devant l’Assemblée. Le
Parlement, composé de l’Assemblée nationale et du Sénat, détient le pouvoir législatif.
L’Assemblée peut renverser le gouvernement par le vote d’une motion de censure.
4. Les trois principes soulignés et les articles correspondants :
- « chargé d’assurer le fonctionnement régulier des institutions » : art 8 et 9 ;
- « ayant le droit de recourir au jugement du peuple souverain » : art 11 ;
- « répondant en cas d’extrême péril *…+ salut de la République » : art 16.
5. Cette affiche émane de l’UNR, parti créé en soutien de l’action du général de Gaulle au
lendemain de son retour pouvoir. Il s’agit ici d’inciter les Français à appuyer la nouvelle
Constitution.
Capacités bac
6. Une Constitution est un texte qui définit la forme d’un régime politique et détermine les
rapports entre les différents pouvoirs.
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Page 102
>>>>B De Gaulle renforce le pouvoir présidentiel
Le référendum sur les accords d’Évian, organisé le 8 avril 1962, met fin à la guerre d’Algérie
(doc. 5). Rappelé au pouvoir dans le contexte de la crise algérienne, de Gaulle est un temps
perçu comme un partisan de l’Algérie française. Mais, très vite, il se prononce en faveur de
l’autodétermination en Algérie. Cela lui vaut une hostilité grandissante des pieds-noirs et
d’une partie de l’armée qui débouche sur la tentative de putsch du 21 avril 1961 et sur de
multiples attentats de l’OAS en Algérie et en métropole. De Gaulle est victime de plusieurs
tentatives d’assassinat.
En 1958, au moment de l’élaboration de la Constitution, de Gaulle savait qu’il était
impossible de proposer l’élection du Président au suffrage universel direct. Ce choix eut été
en rupture avec la tradition du parlementarisme français et vu comme une volonté de
restaurer un régime plébiscitaire de type bonapartiste. Pourtant, de Gaulle y voyait un
moyen d’équilibrer les pouvoirs et de consolider le régime. Il prépare la réforme depuis
1961. Il présente l’élection au suffrage universel direct comme un moyen de renforcer
«l’équation personnelle » du Président : son assise populaire et son autorité politique.
L’attentat du Petit-Clamart du 22 août 1962 précipite les choses. Le référendum (doc. 6)
apparaît alors comme une réplique de l’opinion aux tentatives d’assassinat dirigées contre
lui et, en même temps, comme le moyen d’assurer sa succession.
L'opposition à la réforme est importante de la part de ceux qui défendent la tradition
parlementaire et qui se méfient d'une dérive vers un pouvoir personnel. Elle émane surtout
des partis de gauche, SFIO et Parti communiste en tête (doc. 7). À l’Assemblée, elle
débouche sur le vote d’une motion de censure qui renverse le gouvernement Pompidou. De
Gaulle dissout alors l'Assemblée nationale, comme la Constitution lui en donne le droit, et
attend que le référendum sur la modification de l'élection présidentielle soit approuvé par
61,7 % des électeurs, le 28 octobre 1962, pour que se déroulent les nouvelles élections
législatives.
Réponses aux questions
1. La crise algérienne prend fin en avril 1962 après que les Français ont ratifié, par
référendum et à une large majorité, les accords d’Évian.
2. De Gaulle soumet aux Français son projet de réforme institutionnelle visant à faire élire le
chef de l’État au suffrage universel direct. C’est selon lui le moyen d’assurer la stabilité du
régime et de rendre impossible le retour aux excès de la IVe République.
3. En cas de « non » au référendum, de Gaulle annonce sa démission immédiate. C’est le
signe que le référendum est dans son esprit un moyen de légitimer son action au-delà même
de la question posée.
4. Pour les défenseurs de la réforme, le « oui » est présenté comme un signe de soutien à de
Gaulle. Pour les opposants, le projet de réforme, en donnant un surcroît de légitimité au
Président, viserait à établir un pouvoir personnel. De plus, les adversaires de De Gaulle
pointent du doigt l’usage que de Gaulle fait du référendum en le présentant comme un
plébiscite.
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Page 61
Capacités bac
5. La réforme de 1962 entraîne un renforcement du pouvoir présidentiel dans la mesure où
le Président, à qui la Constitution octroie déjà de larges pouvoirs, pourra se réclamer de la
légitimité du suffrage universel.
Page 103
>>>>C Un Président au centre des institutions
Après Michel Debré, qui resta à Matignon de 1958 à avril 1962, Georges Pompidou fut le
deuxième Premier ministre de De Gaulle, d’avril 1962 à juillet 1968. La photographie 8 les
montre, en mai 1965, lors d’un voyage dans l’Ouest de la France. Elle reflète la hiérarchie qui
s’établit entre les deux têtes de l’exécutif : le Président au premier plan parle, le Premier
ministre, légèrement en retrait, écoute. Après la crise de mai 1968, pourtant largement prise
en main par Pompidou, le Président remplaça ce dernier par Maurice Couve de Murville.
Roland Moisan (doc. 9) entre au Canard Enchaîné en 1956, où il illustre notamment les
pastiches des mémorialistes du Grand Siècle imaginés par Roger Fressoz, alias André Ribaud,
intitulés La Cour. C’est l’occasion pour cet hebdomadaire satirique de brocarder les travers
de la République gaullienne.
Réponses aux questions
1. L’Assemblée vote une motion de censure et renverse le gouvernement Pompidou
(5 octobre 1962). En retour, de Gaulle dissout l’Assemblée (10 octobre), ce qui implique
l’organisation de nouvelles élections législatives (18 et 25 novembre).
2. Les scrutins organisés entre 1962 et 1968, qu’il s’agisse de référendums ou d’élections,
montrent le large soutien de l’électorat à l’action de De Gaulle.
3. C’est le Président qui désigne et peut démettre le Premier ministre mais celui-ci est
responsable devant la représentation nationale, c’est-à-dire l’Assemblée.
4. Moisan caricature de Gaulle en Louis XIV (« Roi Soleil »), entouré de ses courtisans
(ministres et parlementaires) serviles. À l’arrière-plan, la croix de Lorraine rappelle l’action
passée de Louis Dix-Huit Juin (en mémoire de l’appel de 1940 auquel de Gaulle aime à se
référer dans ses discours). Ainsi le Canard Enchaîné n’hésite-t-il pas à présenter de Gaulle
comme une nouvelle incarnation du roi absolu, détenteur d’un pouvoir personnel sans
limite.
Capacités bac
5. La pratique du pouvoir présidentiel par le général de Gaulle assure au Président une place
d’arbitre au sein des institutions. Les référendums (5 au total), les élections nationales, les
voyages en province lui permettent de vérifier sa popularité et, ainsi, de privilégier une
relation directe avec les Français. Sa décision de dissoudre l’Assemblée en octobre 1962,
après le vote d’une motion de censure, et la nomination au même poste de Georges
Pompidou qui vient d’être renversé, sont caractéristiques des relations qu’il entretient avec
le Parlement.
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Pages 106-111 QUESTION OBLIGATOIRE
2. Les évolutions de la Ve République depuis 1958
Depuis 1958, la centralité de la fonction présidentielle ne s’est pas démentie bien que des
cohabitations inédites à la tête de l’exécutif aient pu entraîner un effacement momentané
du Président (p. 106-107). Dans le même temps, le paysage politique s’est bipolarisé pour
répondre à la logique du scrutin majoritaire, voulu par de Gaulle pour constituer des
majorités parlementaires capables de soutenir l’action du gouvernement mais, après 1968,
de nouvelles forces politiques émergent et rejettent la bipolarisation droite / gauche (p. 108109). La décentralisation a en revanche entraîné un rééquilibrage entre pouvoir central et
pouvoir local (p. 110-111).
Pages 106-107
>>>>A Une présidentialisation confirmée malgré des innovations institutionnelles
« Je suis le dernier des grands Présidents. *…+ Enfin, je veux dire le dernier dans la lignée des
de Gaulle. Après moi il n’y en aura plus d’autres en France. À cause de l’Europe. *…+ À cause
de la mondialisation. À cause de l’évolution nécessaire des institutions », ainsi s’exprime
F. Mitterrand, à la fin de son second mandat, sous la plume de G. M. Benamou dans Le
Dernier Président. Cette présidence présentée comme « monarchique » par Alain Duhamel
(doc. 2) s’explique par la personnalité du chef de l’État qui, au fil des ans, s’est replié dans le
rôle du vieux sage, mais aussi par la personnalisation toujours plus grande du pouvoir et par
la révélation d’un certain nombre de scandales, tel celui des écoutes téléphoniques, qui l’ont
fait apparaître comme un roi absolu faisant fi du droit des individus.
La pratique du pouvoir par N. Sarkozy (doc. 3) – après une période d’effacement de la figure
présidentielle durant les deux mandats de Chirac – semble vouloir renouer avec la période
gaullienne. Le Président entend en effet intervenir sur tous les sujets. En cela, il n’y a pas de
contradiction avec les institutions de la Ve République. En revanche, la méthode se veut en
rupture avec celle de ses prédécesseurs à l’Élysée puisque N. Sarkozy, se mettant
constamment en première ligne, empiète sur les prérogatives de son Premier ministre au
point d’émouvoir les députés de la majorité. L’expression « d’hyperprésident » est reprise
d’un article paru dans Le Figaro, le 2 juillet 2007. Dès son élection, N. Sarkozy avait annoncé
sa volonté de rompre avec la pratique du pouvoir de ses prédécesseurs et d’apparaître non
pas comme un Président arbitre mais comme un politique agissant au plus près des
préoccupations des Français. Omniprésence et hypermédiatisation sont les maîtres-mots des
premiers mois de la présidence Sarkozy.
Dans l’allocution prononcée le 17 mars 1986 (doc. 4), Mitterrand prend acte de la victoire
électorale de la droite et annonce sa décision de nommer un Premier ministre issu de ses
rangs. Pour lui, comme pour toute la classe politique, cette cohabitation à la tête de l'État
entre deux conceptions politiques antagonistes constitue une nouveauté et une gageure. En
témoigne le refus de Mitterrand de poser sur la photographie officielle du gouvernement
Chirac, nommé le 20 mars.
La décision de Jacques Chirac de dissoudre l'Assemblée intervient après la grave crise sociale
de l'hiver 1995-1996. L'échéance électorale normale prévoyait les élections législatives pour
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Page 63
1998. Dans la majorité, chacun s'attend à une déroute. Aussi J. Chirac préfère-t-il anticiper
sur le calendrier espérant peut-être, par cet acte volontariste, forcer le destin. Les résultats
montrent une nette victoire de la gauche, et en particulier du PS, qui n'obtient pourtant pas
la majorité absolue. D'où la nécessité de constituer une coalition de gouvernement. Une
nouvelle cohabitation s'annonce, d'une durée inhabituelle de cinq ans (doc. 5).
Le projet de loi constitutionnelle sur le quinquennat a été approuvé en Conseil des ministres
le 7 juin 2000. Il a été débattu au Parlement au cours du mois de juin et voté sans
modification par les deux assemblées. Le 6 juillet, le président de la République fait savoir
que le texte ferait l'objet d'un référendum le 24 septembre 2000 (doc. 6). Les résultats
montrent que le « oui » a été majoritaire, mais les abstentions et les « blancs et nuls » ont
atteint des niveaux sans précédent.
Le constitutionnaliste Didier Mauss analyse la réforme du « quinquennat sec » proposée par
Chirac. « L'expression "quinquennat sec" a été adoptée à la suite des déclarations de
M. Jacques Chirac indiquant qu'il ne donnait son accord qu'au raccourcissement de la durée
du mandat présidentiel et à aucune autre réforme. L'expression, par contraste, fait
référence à des mesures qui auraient pu toucher soit d'autres modalités du mandat
présidentiel, soit d'autres aspects de la Constitution. C'est ainsi que l'ancien président de la
République Valéry Giscard d'Estaing avait explicitement souhaité que la révision précise que
le président de la République n'était rééligible qu'une fois. D'autres personnalités ou forces
politiques auraient souhaité profiter de cette révision constitutionnelle pour modifier plus
largement la Constitution, y compris à propos des relations entre le Gouvernement et le
Parlement ou le statut des collectivités territoriales. Le "quinquennat sec" est donc la
révision la plus limitée qu'il est possible d'opérer. Le principal bénéfice qu'il est sans doute
possible d'attendre d'une telle réforme, s’il y a simultanéité entre la date de l'élection
présidentielle et des élections législatives, est la coïncidence des majorités et donc la fin des
périodes de cohabitation. Dans cette hypothèse, que les majorités soient de droite ou de
gauche, le président de la République pourrait retrouver son rôle traditionnel de véritable
chef du Gouvernement et de la majorité parlementaire. » (Entretien réalisé par La
Documentation française, le 18 septembre 2000)
Réponses aux questions
NB : dans la question, une erreur s’est glissée puisqu’il s’agit de 1974 et non de 1969.
1. Depuis 1974, cinq Présidents se sont succédé : V. Giscard d’Estaing, représentant de la
droite modérée de 1974 à 1981, le socialiste F. Mitterrand de 1981 à 1995, les gaullistes
J. Chirac (1995-2007) et N. Sarkozy (2007-2012) et, enfin, le socialiste F. Hollande, élu en
2012.
2. À propos de Mitterrand, l’auteur évoque un « Président au style monarchique » qui en
ayant exercé deux septennats a connu un mandat d’une « durée quasi royale ».
3. En juillet 2007, deux mois après l’élection de N. Sarkozy, Le Point fait sa Une sur « Super
Sarko », illustrant ainsi la volonté du nouveau Président d’intervenir sur tous les dossiers
« au pas de charge ».
4. En 1986, la droite gagne les élections législatives. Le Président socialiste, F. Mitterrand, est
contraint de choisir son Premier ministre au sein de cette nouvelle majorité. Comme le
souligne Mitterrand lui-même, c’est la première fois qu’arrive aux responsabilités « une
majorité dont les choix diffèrent sur des points essentiels de ceux du Président ».
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5. Il y a eu trois cohabitations : deux de 2 ans sous la présidence de Mitterrand, une de 5 ans
durant le premier mandat de Chirac.
6. Plantu représente un conseil des ministres durant la cohabitation entre Chirac et Jospin.
On y voit un Chirac assis seul à sa petite table pendant que les ministres, réunis sous l’égide
de Jospin, travaillent à une autre table. Réduit au rôle « d’agent d’ambiance », le Président
« boude » sans pouvoir agir.
7. Aux yeux de Chirac, la réforme du quinquennat doit permettre aux Français d’être appelés
plus souvent aux urnes. La réforme se veut donc démocratique.
Capacités bac
8. La cohabitation affaiblit la fonction présidentielle dans la mesure où le Président doit
composer avec un Premier ministre qui lui a été imposé par les urnes et qui n’est
responsable que devant l’Assemblée. Ce dernier détermine la politique du gouvernement
sans avoir à en référer au Président qui doit se replier sur son domaine réservé.
Pages 108-109
>>>>B La bipolarisation et les mutations du paysage politique
En décembre 1974, Chirac, alors Premier ministre de Giscard, se fait élire Secrétaire général
du parti gaulliste, l’UNR. Conscient des risques que fait courir sur l’identité gaulliste la
tentative de giscardisation du parti, il veut réaffirmer la spécificité du gaullisme afin de se
démarquer de la société libérale avancée de Giscard. Après avoir volontairement quitté
Matignon en juillet 1976, Chirac crée le RPR, le 5 décembre (doc. 7).
L’UDF (doc. 7) est créée le 1er février 1978. Dans son ouvrage Démocratie française, paru en
1976, Giscard en précise le credo : « Notre projet est celui d’une société démocratique,
moderne, libérale par la structure pluraliste de tous ses pouvoirs, avancée par un haut degré
de performance économique, d’unification sociale et de développement culturel. »
Si le Programme commun n’est signé qu’en 1972, le rapprochement entre les partis
communiste et socialiste date en fait de 1964, date à laquelle le PCF de Waldeck-Rousseau
s’oriente vers une stratégie d’union. Lors de l’élection présidentielle de 1965, il soutient la
candidature de François Mitterrand dès le premier tour. L’épisode de mai 1968 fait voler en
éclats ces tentatives de rapprochement. En juin 1971, lors du congrès d’Épinay, F. Mitterrand
parvient à rallier les différentes tendances socialistes pour former le PS dont il devient le
Premier secrétaire. Son premier objectif est l’union de la gauche avec une ambition à moyen
terme : faire du PS la première force politique de gauche en devançant le PCF de
G. Marchais. Les deux partis signent une plateforme électorale en avril 1972 qui prend le
nom de Programme commun de gouvernement (doc. 8). Les radicaux de gauche menés par
Robert Fabre y souscrivent. Lors des élections législatives de 1973, cette stratégie ne paie
pas immédiatement et la gauche reste minoritaire avec néanmoins une poussée du vote
socialiste qui fait dorénavant jeu égal avec le PCF. Cependant, c’est en candidat unique de la
gauche que F. Mitterrand se présente à l’élection présidentielle de 1974. Aux élections
municipales de 1977, la stratégie de l’union porte ses fruits. Le Programme commun est
néanmoins rompu en septembre 1977.
Le scrutin majoritaire a favorisé l’élection de majorités fortes et stables qui soutiennent
l’action du gouvernement. Les graphiques en document 9 montrent clairement l’effacement
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du centre au profit d’un bloc des droites et d’un bloc des gauches. Durant les deux
septennats de F. Mitterrand, à deux reprises, les élections législatives ont lieu après
dissolution voulue par Mitterrand, aux lendemains de ses deux victoires à la présidentielle
(1981 et 1988). Dans les deux cas, on constate une certaine cohérence entre les résultats à la
présidentielle et aux législatives : les socialistes obtiennent une large majorité. Les élections
de 1986, organisées aux termes de la législature, voient pour la première fois la victoire
d'une force politique opposée à celle du Président en fonction. Malgré l'introduction d'une
part de proportionnelle, qui a permis l'élection de 32 candidats du Front national,
F. Mitterrand n'a pu éviter la déroute socialiste et la victoire de la droite. Aussi nomme-t-il
Premier ministre le chef du parti arrivé en tête, J. Chirac. Il initie ainsi la cohabitation.
Le FN, fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 (doc. 10), reprend à son compte plusieurs
courants politiques : nationalisme, maréchalisme, poujadisme. Le Pen a fait son entrée en
politique avec Poujade en 1956. Durant la guerre d’Algérie, à laquelle il participe, il est un
fervent partisan de l’Algérie française et un opposant résolu à la politique de De Gaulle. Il est
le directeur de campagne de Tixier-Vignancourt lors de la présidentielle en 1965. Dès sa
création, le FN centre son discours sur la lutte contre l’immigration et la défense des
« Français d’abord ». En 1974, Le Pen recueille 0,74 % des voix à l’élection présidentielle.
En 1974, René Dumont est le premier écologiste à se présenter à l’élection présidentielle,
témoignant de l’émergence politique d’un courant né sous l’influence de l’association
écologiste Les Amis de la Terre, née en 1970 dans le sillage du mouvement américain Friends
of the Earth. Il obtient 1,32 % des voix. Son directeur de campagne est alors Brice Lalonde.
Ce dernier se présente à son tour à l’élection de 1981 comme seul candidat des écologistes
(doc. 11). À cette date, c’est la logique apolitique de Lalonde qui l’a emportée face à celle
plus engagée du Mouvement pour l’écologie politique créé en 1979.
L’extrême gauche réunit les partis et mouvements politiques se situant à la gauche du PS. Le
trotskisme en est une expression, elle-même divisée en plusieurs partis. La Ligue
communiste est créée en 1969 (doc. 12) puis change de nom pour devenir la Ligue
communiste révolutionnaire en 1974.
Réponses aux questions
1. Dans les années 1970 et 1980, la vie politique est dominée par 4 partis principaux : 2 à
droite (droite modérée et droite gaulliste) et 2 à gauche (Parti socialiste et Parti
communiste).
2. Dans les années 1970, les partis de gauche mettent en place une stratégie d’alliance, seule
chance de parvenir au pouvoir.
3. Les assemblées successives montrent une forte bipolarisation : un bloc des droites fait
face à un bloc des gauches et le centre est quasiment absent. À noter, le cas particulier des
législatives de 1986 qui a vu l’application pour la première fois sous la V e République d’une
part de proportionnelle, permettant ainsi au FN d’obtenir 32 députés.
4. Dans les années 1970, le paysage politique se transforme avec l’apparition de nouveaux
partis politiques, pour certains nés dans le sillage de mai 1968 (partis d’extrême gauche et
écologie). À l’extrême-droite, le Front national est créé en 1972.
5. Ces partis ont en commun de refuser la bipolarisation, voire la logique droite-gauche, et
se présentent comme une offre politique alternative.
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Page 66
Capacités bac
6. Dans les années 1970, la Ve République est marquée par une bipolarisation de la vie
politique : le scrutin majoritaire favorise en effet les grands partis et suscite des alliances
politiques afin d’obtenir une représentation à l’Assemblée.
Pages 110-111
>>>>C La décentralisation et les institutions de la Ve République
Jusqu’en 1982, la France est restée un État très centralisé. Le processus de décentralisation,
effectué par étapes, s’affirme au début des années 1980 quand des compétences sont
accordées aux collectivités territoriales (doc. 13). La loi de 1983 opère un transfert de
responsabilité en matière d’éducation, de culture, d’aménagement et d’urbanisme ; celle de
1999 crée un certain nombre de structures nouvelles, notamment les communautés
d’agglomération, tandis que les communautés de communes, qui existaient depuis 1992,
sont confirmées. Les premières communautés urbaines, issues de la loi de 1966 et destinées
à répondre aux questions d’organisation administrative et de solidarité financière liées à la
croissance rapide des grandes villes, ont été confortées dans leur mission de structuration
des très grandes agglomérations par la loi de 1999. La révision constitutionnelle de 2003
étend encore les responsabilités des collectivités. En 2004, leur autonomie financière est
établie : ainsi le département doit assumer le financement de l’aide sociale, des transports
scolaires hors milieu urbain, des collèges, des routes et de l’équipement rural. La loi
réformant les collectivités territoriales du 16 décembre 2010 reprécise les contours des
collectivités (EPCI et différents types de syndicats) et leurs compétences.
Depuis la loi du 10 août 1871 instituant le conseil général comme l’entité chargée de gérer
les affaires du département et celle du 5 avril 1884 faisant de la commune une collectivité
décentralisée, la France n’avait connu aucune volonté décentralisatrice à la tête de l’État.
C’est un régime de semi-décentralisation qui perdure jusqu’en 1982. À cette date, les lois
Deferre entament une profonde décentralisation de l’administration. Le caractère historique
de la réforme est souligné par Mitterrand lui-même qui évoque « la plus grande réforme
institutionnelle survenue dans l’équilibre de la France depuis le début du siècle » (doc. 14).
Le mandat des conseilleurs régionaux élus en mars 2010 est de 4 ans. Les conseillers
régionaux sont élus au scrutin de liste selon un système mixte combinant les règles des
scrutins majoritaire et proportionnel. Au premier tour, si une liste obtient la majorité
absolue des suffrages exprimés, elle obtient le quart des sièges à pourvoir. Les autres sièges
sont répartis à la représentation proportionnelle entre toutes les listes ayant obtenu au
moins 5 % des suffrages exprimés.
Sinon, il est procédé à un second tour la semaine suivante. Les listes ayant obtenu au moins
10 % des suffrages exprimés peuvent se maintenir et, éventuellement, fusionner avec les
listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages. Au second tour, la liste qui arrive en tête
obtient un quart des sièges à pourvoir. Les autres sièges sont répartis à la représentation
proportionnelle entre les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés au second
tour.
Jusqu’en 2004, les élections avaient lieu au scrutin proportionnel plurinominal, en un seul
tour (doc. 15).
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Depuis les élections régionales de 2004, le Parti socialiste maintient sa suprématie en
obtenant la présidence de 24 régions sur 26 (doc. 17). Durant 8 ans, des Présidents de droite
(Chirac, puis Sarkozy) ont dû cohabiter avec des conseillers régionaux majoritairement à
gauche.
Au plan national, l’approfondissement de la décentralisation favorise l’émergence de
nouveaux acteurs dont le rôle dans l’aménagement et le développement économique et
social ne cesse de croître. Les collectivités territoriales se voient dotées de compétences
élargies et d’une grande autonomie financière. Les logiques d’aménagement du territoire se
modifient au profit d’une vision plus pragmatique et plus locale (doc. 18).
Réponses aux questions
1. L’acte I de la décentralisation vise à repenser la répartition des pouvoirs entre l’État et
« les citoyens ». Concrètement, il s’agit d’un transfert de compétences du pouvoir central en
direction des collectivités territoriales que sont les régions, les départements et les
communes.
2. Les régions auxquelles est déléguée une part de l’autorité exécutive sont administrées par
un conseil régional élu au suffrage universel tous les 6 ans.
3. L’élu local se trouve doté de nouvelles compétences et d’une nouvelle légitimité. C’est ce
que semble démontrer l’illustration accompagnant le colloque organisé au Sénat en 2005 :
l’élu local est dorénavant un acteur central de l’action politique. Pour autant, les
« entraves », liées à la multiplicité des acteurs locaux et à la difficile définition de son action,
restent nombreuses.
4. L’évolution des résultats montre une certaine érosion du taux de participation aux
élections régionales. L’étiage étant atteint en 2010 avec une participation se situant autour
de 50 %.
5. Les Français continuent de s’intéresser davantage à l’élection présidentielle, preuve que
dans leur esprit, c’est l’élection nationale qui pèse le plus sur l’avenir du pays et le leur.
6. En 2010, le Président Nicolas Sarkozy est à droite. En 2012, le nouveau Président, François
Hollande, est socialiste. Or, les élections régionales de 2010 ont vu une nette victoire
socialiste : seules trois régions sont à droite (Alsace, Guyane, Réunion). Cela signifie que les
régions, auxquelles de larges compétences ont été dévolues, peuvent être en opposition
avec le pouvoir central, ou inversement le soutenir.
Capacités bac
7. La décentralisation est, selon les mots de F. Mitterrand, « la plus grande réforme
institutionnelle survenue dans l’équilibre de la France depuis le début du siècle ». Les
collectivités territoriales détiennent dorénavant, à côté du pouvoir central, une part du
pouvoir exécutif et sont des acteurs politiques à part entière, élus au suffrage universel
(régions et communes).
Pages 114-117 QUESTION OBLIGATOIRE
3. Les citoyens français et la Ve République
Depuis les années 1970, les difficultés économiques et sociales ont entraîné une certaine
désaffection des Français à l’égard du politique qui se manifeste dans les urnes (p. 114).
L’évolution récente du paysage politique, entre pipolisation et crise des partis, favorise la
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Page 68
montée aux extrêmes (p. 115). Les citoyens cherchent à côté du militantisme traditionnel
d’autres formes de mobilisation (p. 116-117).
Page 114
>>>>A L’évolution du vote des citoyens
Le graphique 1 illustre la difficulté d’analyser le phénomène abstentionniste. L’augmentation
globale de l’abstention ne doit pas cacher une évolution différenciée selon le type
d’élections. En démocratie, le vote est présenté comme le moment essentiel de la
participation citoyenne. Or, on constate une évolution des formes de démocratie civile vers
davantage de dissémination. Pierre Rosanvallon souligne ainsi l’existence d’autres formes de
participation politique évoquant une « démocratie d'expression », une « démocratie
d'implication » ou encore une « démocratie d'intervention ».
Le graphique 2 montre la montée en puissance du vote extrémiste. En 1965, les courants
d’extrême droite profitent du climat crée par la fin de la guerre d’Algérie. Dans les
années 1970, c’est l’extrême gauche trotskiste et maoïste née dans le sillage de mai 1968 qui
obtient une certaine visibilité électorale (Arlette Laguiller se présente pour la première fois à
l’élection présidentielle de 1974). Dans les deux cas, le vote extrémiste ne dépasse pas 5 %. Il
s’agit alors d’un vote militant qui correspond à une adhésion véritable aux programmes
défendus par ces deux courants. À partir de 1988, le vote extrémiste change de nature : il
s’agit davantage d’un vote protestataire qui révèle la défiance à l’égard des partis
traditionnels. Perte de repères, inquiétudes liées à la mondialisation, éloignement des
pouvoirs de décision peuvent expliquer sa progression.
La montée en puissance du vote Front national s’explique par un contexte économique et
social difficile. L’électorat de Jean-Marie Le Pen s’est peu à peu prolétarisé. Aussi ne faut-il
pas voir ce vote comme une adhésion à une idéologie populiste et xénophobe mais plutôt
comme un coup de semonce, l’expression du désespoir d’une partie de la population qui se
sent abandonnée par les partis traditionnels.
Réponses aux questions
1. Globalement, le graphique montre une augmentation régulière de l’abstention, à toutes
les élections.
2. L’évolution des chiffres montre une abstention différenciée selon le type d’élection : la
participation à la présidentielle se maintient à un niveau élevé, autour de 80 %. Le maximum
de l’abstention est atteint au premier tour de l’élection de 2002 (un peu moins d’un tiers des
électeurs s’est abstenu). Autre élection nationale, les législatives montrent une désaffection
plus grande, avec un taux d’abstention croissant qui culmine en 2012 (supérieur à 40 %). Les
municipales, élections locales, sont aussi concernées par ce phénomène mais avec une
ampleur moins grande (le maximum est atteint en 2008 avec 35 %) et selon une évolution
différente : l’abstention décroît de 1971 à 1983 et augmente ensuite.
3. Le vote extrémiste progresse à partir des années 1980.
4. C’est l’extrême droite qui connaît la plus forte progression (20 % en 2002). L’extrême
gauche progresse également, surtout à partir des années 2000 (13 % en 2012).
5. Ces deux phénomènes électoraux ont en commun d’exprimer un rejet de l’offre politique
traditionnelle.
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Page 69
Page 115
>>>>B Une vie politique en mutation
En France, l’évolution vers la « pipolisation » de la vie politique (doc. 3) est assez récente.
Elle se manifeste par l’irruption de la vie privée des politiques et est parallèle à l’émergence
du storytelling, méthode utilisée en communication et fondée sur l’idée que l’on est plus
efficace en racontant une histoire.
Les instituts de sondage mesurent régulièrement l’état de l’opinion à l’égard de la classe
politique en général (doc. 4). Les affaires et les scandales ont un retentissement immédiat
dans l’opinion. C’est le cas lors de l’affaire Strauss Kahn en 2011, de l’affaire Cahuzac (2013),
à la suite de laquelle 77 % des Français se disent persuadés de la corruption des politiques
(sondage Opionway pour Le Figaro, avril 2013).
Après l’élection disputée à la tête du PS en 2007 qui avait vu s’affronter, par caméras
interposées, Ségolène Royal et Martine Aubry et qui avait révélé des pratiques peu
démocratiques au sein de différentes fédérations, en 2012, l’élection pour la direction de
l’UMP vire au « psychodrame » (doc. 5). Pendant plusieurs semaines, les deux principaux
candidats des primaires (François Copé et François Fillon) réclament la victoire et crient à la
fraude du camp adverse, mettant le parti au bord de la scission, après la création d’un
groupe parlementaire bis à l’Assemblée.
Réponses aux questions
6. La « pipolisation » désigne la tendance dans la vie politique et les médias à mettre en
avant la vie privée des acteurs publics, en l’occurrence ici le Président Sarkozy au moment de
son divorce.
7. La pipolisation entraîne un déplacement du débat : le télescopage des agendas privé et
public des politiques tend à noyer les véritables enjeux politiques.
8. L’image des hommes politiques s’est dégradée : plus de la moitié des Français pensent
que leurs hommes politiques sont corrompus (ils étaient 38 % en 1977).
9. Le Figaro du 26 novembre 2012 fait sa Une sur la crise à l’UMP. L’emploi du terme
« suicide » souligne le caractère autodestructeur des luttes de personnes au sein du parti –
ici la lutte fratricide entre François Fillon et Jean-François Copé menace l’UMP de scission.
10. On peut penser que la dégradation de l’image des politiques, alimentée par les luttes
fratricides au sein des partis, la pipolisation, les « affaires » de corruption, contribue à la
remise en cause de l’action politique et donc à l’abstention et / ou au vote protestataire.
Capacités bac
11. Les causes de l’augmentation de l’abstention sont multiples : la crise des partis
traditionnels, la multiplication des affaires, l’évolution vers une certaine pipolisation « à
l’américaine ».
Pages 116-117
>>>>C Les différentes formes de mobilisation
Au sein d’un parti, il faut distinguer le simple adhérent qui paie sa cotisation annuelle, du
militant qui, en plus d’adhérer, s’engage dans une action politique bénévole au service du
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Page 70
parti (doc. 6 et 7). On estime à environ 450 000 le nombre d’adhérents tous partis
confondus, soit 1 % de la population adulte.
Le militantisme associatif (doc. 8 et 9) apparaît aujourd’hui à beaucoup de citoyens comme
un moyen d’intervenir de manière concrète dans la vie publique, répondant ainsi à ce que le
sociologue du CNRS Jacques Ion appelle un « idéalisme pragmatique ». Les sujets
environnementaux et sociétaux sont propices à la mobilisation citoyenne comme l’attestent
les rassemblements récents contre l’aéroport Notre-Dame des Landes ou encore les
manifestations contre ou en faveur du mariage pour tous (doc. 11). Sans être incompatible
avec le militantisme politique, le militantisme associatif apparaît moins contraignant.
En France, le taux de syndicalisation a toujours été faible (il se situe autour de 5 % dans le
secteur privé et à 8 % tous secteurs confondus). Si l’action syndicale prend place
essentiellement dans les entreprises, il n’est pas rare de voir des syndicats tenter
d’intervenir dans le débat économique et social ou de dénoncer des plans sociaux lors de
manifestations ou d’opérations coup-de-poing, comme ces militants de la CGT manifestant
contre la fermeture envisagée de l’usine PSA à Aulnay, le 12 février 2013 (doc. 10).
Réponses aux questions
1. Au sein des partis, les militants ont un rôle crucial d’action sur le terrain : tractage dans les
lieux publics, collage, discussions avec les électeurs, etc.
2. Leur nombre et leur poids sont difficiles à mesurer. De plus, ce n’est pas parce que les
effectifs augmentent que le poids des militants s’accroît. Au contraire, leur influence au sein
des partis tend à diminuer.
3. Les formations politiques ne communiquent pas facilement sur leur nombre d’adhérents
(à jour ou non de leur cotisation) ou donnent des chiffres approximatifs.
4. L’action citoyenne se déplace : le militantisme se développe aujourd’hui au sein
d’associations dont les finalités ne sont pas forcément politiques mais davantage sociales
(SOS Racisme, associations lycéennes ou étudiantes, groupements féministes, etc.).
L’expression politique connaît également une mutation : la rue remplace le parti comme
espace de revendication. À Paris, le nombre de manifestations, autorisées ou non, a connu
une forte progression. Les syndicats, forme plus traditionnelle de militantisme lié au travail,
continuent d’intervenir dans le débat à l’occasion de fermeture d’usines, de plans sociaux ou
bien encore de la modification de la législation sociale.
5. Les manifestations sur la voie publique peuvent avoir des motifs politiques ou non,
concerner tout le monde : citoyens français ou non, majeurs et mineurs, militants religieux
ou associatifs.
6. La mobilisation citoyenne concerne aujourd’hui davantage des sujets sociétaux :
avortement, droits des sans-papiers, mariage homosexuel, etc.
Capacités bac
7. Les formes de la mobilisation politique évoluent : le militantisme traditionnel au sein des
partis politiques s’érode au profit de nouvelles formes d’action plus sectorielles ou
identitaires.
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Page 71
Pages 120-121 BAC
EXERCICE 1
a) La pratique du pouvoir par Charles de Gaulle a entraîné une présidentialisation du régime.
En effet, premier Président de la Ve République, de Gaulle use largement de l’éventail des
pouvoirs que lui octroie la Constitution de la V e République (usage fréquent du référendum,
art. 16, dissolution, définition de la politique extérieure dans le cadre du « domaine
réservé »). La réforme constitutionnelle de 1962 est également perçue comme un moyen de
renforcer l’équation personnelle qui lie de Gaulle aux Français.
b) L’élection de François Hollande constitue la troisième alternance à la tête de l’État depuis
1958, après celle de 1981 qui a vu l’élection du socialiste François Mitterrand, successeur de
Valéry Giscard d’Estaing, et celle du gaulliste Jacques Chirac après la fin du second septennat
de Mitterrand.
c) Les années 1970 voient une bipolarisation du paysage politique favorisé par le scrutin
majoritaire aux législatives.
d) Depuis les années 1980, les partis extrémistes de droite et de gauche voient leur audience
augmenter du fait d’une certaine défiance à l’égard des partis traditionnels. L’impuissance
des politiques publiques face à la crise économique et à la montée du chômage profite aux
partis radicaux développant une rhétorique antisystème.
e) De nouvelles formes de participation citoyenne apparaissent à côté du militantisme
traditionnel. Les citoyens cherchent en effet des moyens concrets d’intervenir dans le débat.
La mobilisation sur des sujets précis ou ponctuels (OGM, antiracisme, sans-papiers, mariage
pour tous, etc.) est plus aisée qu’un engagement sur le long terme dans un parti politique.
EXERCICE 2
a) L’alternance désigne le changement de majorité politique aussi bien à l’Assemblée qu’à la
tête de l’État.
b) La cohabitation est une situation institutionnelle qui fait suite aux élections législatives
associant, dans des cas rares, à la tête de l’État, un président de la République et un Premier
ministre n’appartenant pas à la même tendance politique.
c) La droite désigne les partis dits conservateurs, attachés à l’ordre social et favorables à un
désengagement de l’État de la vie économique et sociale. La gauche réunit les partis dits
progressistes qui, pour assurer une meilleure distribution des richesses, prône une politique
volontariste de l’État (par le biais notamment de l’impôt).
d) Un parti politique est une association visant à défendre des idées et à intervenir dans la
vie publique par le biais des élections. Dans la France contemporaine, les grands partis
fonctionnent comme des « écuries » électorales visant à mettre sur orbite les
présidentiables.
e) Une Constitution est un texte qui organise les pouvoirs au sein d’un État et détermine les
rapports qui s’établissent entre eux.
EXERCICE 3
1. Charles de Gaulle, après une traversée du désert de plus de 10 ans, revient sur le devant
de la scène politique au plus fort de la crise algérienne. Rappelé au pouvoir par les partisans
de l’Algérie française (13 mai 1958), il accepte de revenir à condition de pouvoir installer de
nouvelles institutions. Il devient ainsi le dernier président du Conseil de la IVe République.
C’est sous sa tutelle que Michel Debré et son entourage rédigent le projet de nouvelle
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Constitution, conforme à la volonté gaullienne de renforcer le pouvoir exécutif et
singulièrement celui du chef de l’État. La Ve République est révisée en 1962.
2. les Présidents qui ont succédé à Charles de Gaulle sont :
- Georges Pompidou (1969-1974) ;
- Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) ;
- François Mitterrand (1981-1995) ;
- Jacques Chirac (1995-2007) ;
- Nicolas Sarkozy (2007-2012) ;
- François Hollande élu en 2012 pour 5 ans.
EXERCICE 4
- 1986-1988 : cohabitation Mitterrand/Chirac
- 1993-1995 : cohabitation Mitterrand/Balladur
- 1997-2002 : cohabitation Chirac/Jospin
EXERCICE 5
1. Installée en septembre 1958, la Ve République est révisée dès 1962 par la volonté de De
Gaulle d’octroyer un surcroît de légitimité au Président en le faisant élire au suffrage
universel direct.
2. La décentralisation vise à repenser la répartition des pouvoirs entre l’État et les citoyens.
Concrètement, il s’agit d’un transfert de compétences du pouvoir central en direction des
collectivités territoriales que sont les régions, les départements et les communes.
3. L’adoption par référendum du quinquennat en 2000 (malgré une forte abstention)
entraîne une plus grande respiration démocratique avec des rendez-vous électoraux plus
fréquents. Il fait également correspondre dans le calendrier élections présidentielles et
législatives, dont l’ordre a été inversé. Cette mesure est censée rendre une cohabitation à la
tête de l’État beaucoup plus difficile.
EXERCICE 6
- 1962 : réforme sur l’élection au suffrage universel direct du Président
- 1981 : première alternance sous la Ve République
- 1986 : première cohabitation (Mitterrand-Chirac)
- 2000 : réforme du quinquennat
NB : la date de 1968 a été supprimée dans le manuel élève.
Exercice 7
En 1986, les élections législatives amènent, entre François Mitterrand et Jacques Chirac, une
situation politique inédite sous la Ve République. En effet, la victoire électorale du RPR oblige
le Président Mitterrand, socialiste, à choisir son Premier ministre dans les rangs de la
nouvelle majorité de droite : c’est la première cohabitation.
Pages 122-127 SUJET D’ÉTUDE 1
Les femmes dans la société française depuis les années 1950
NB : dans la rubrique « À savoir avant l’étude », il s’agit des XIXe et XXe siècles, non pas XIXe
uniquement.
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En 1949, l’essai de Simone de Beauvoir Le Deuxième Sexe a un grand retentissement. Elle y
développe l’idée que la femme a toujours subi la tutelle masculine et plaide pour son
émancipation. Mai 1968 favorise l’émergence d’un mouvement féministe organisé qui lutte
pour obtenir le droit au contrôle des naissances, autrement dit à la contraception et à la
maîtrise de son corps. La loi Neuwirth de 1967 légalise la pilule. En 1975, la loi Veil autorise
l'avortement. Dans les années suivantes, c’est dans la sphère politique (parité) et
économique (égalité) que les féministes entendent intervenir.
Pages 122-123
>>>>A Quelles sont les revendications féministes des années 1950 à 1970 ?
Le document 1 permet de travailler avec les élèves sur le stéréotype. Il est intéressant de
souligner la nature du document – un panneau scolaire –, destiné à illustrer un moment de
la vie de famille dans les années 1950. La femme y apparaît alors prise dans le carcan de son
rôle d’épouse et de mère.
Le procès de Bobigny (doc. 3) est doublement emblématique. Il symbolise d’abord la lutte
menée en France pour légaliser l’avortement. Une mineure, Marie-Claire, ayant été violée,
passe aux assises pour avoir pratiqué un avortement clandestin. Avec elle, les femmes qui
l’ont soutenue et accompagnée dans sa démarche, sa mère et deux de ses collègues, sont
inculpées pour complicité. De ce fait divers judiciaire, l’avocate et féministe Gisèle Halimi
veut faire un procès politique. Le procès de Bobigny apparaît donc également comme une
caisse de résonnance pour les associations féministes qui se sont multipliées à la suite de
mai 1968, notamment Choisir, créé entre autres par G. Halimi et Simone de Beauvoir
(doc. 2). Le 5 avril 1971, 343 femmes, dont certaines célèbres (les actrices Stéphane Audran,
Catherine Deneuve, Delphine Seyrig ; les écrivains Marguerite Duras, Françoise Sagan ; les
intellectuelles Simone de Beauvoir, Dominique Desanti), avaient signé le manifeste rédigé
par Simone de Beauvoir, par lequel elles déclaraient avoir eu recours à l’avortement, en
violation de la loi. La revendication des femmes pour l’avortement est l’ultime étape d’une
lutte qui a commencé après la Seconde Guerre mondiale et visant à obtenir que les femmes
puissent contrôler les naissances.
Après le huis clos du procès, le jugement est rendu en audience publique. Marie-Claire est
relaxée, parce qu'elle est considérée comme ayant souffert de « contraintes d'ordre moral,
social, familial, auxquelles elle n'avait pu résister ».
Réponses aux questions
NB : dans le manuel élève, la deuxième partie de la question 6 est supprimée (« quelle en a
été l’issue ? »).
1. Ce panneau scolaire, datant de 1958, est censé illustrer le retour du père au foyer après sa
journée de travail. Il est accueilli par sa femme souriante et attentive, en tablier, et ses trois
enfants, dont l’aînée, une jeune fille, qui arbore elle aussi un tablier et aide sa mère à
dresser le couvert. Les deux autres enfants, occupés à faire leurs devoirs, se lèvent pour
accueillir leur père avec enthousiasme. La scène se situe dans un intérieur de la classe
moyenne où la cuisine semble être le centre de la maison, mais aussi le lieu où l’épouse et
mère assure sa fonction nourricière première. Alors que le travail masculin a lieu en dehors
de la maison, la mère de famille règne sur son intérieur et veille avec tendresse au confort
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Page 74
de chacun. Cette image privilégie une représentation très traditionnelle de la famille où la
femme n’a d’existence qu’en tant que mère et épouse.
2. Les femmes obtiennent d’abord de pouvoir contrôler leur fécondité (planning familial, loi
Neuwirth, loi Veil). Puis, au sein de la famille, le père perd le monopole de l’autorité
parentale (1970) qu’il détenait depuis la mise en place du Code civil. Cette mesure est
symboliquement renforcée par la possibilité donnée aux mères de donner leur nom de
famille à leur enfant (2000).
3. Dans les années 1970, les féministes luttent pour avoir le droit de choisir ou non la
maternité, et en tous cas de la contrôler. Il en résulte des revendications liées au droit à la
contraception et à l’avortement.
4. À Bobigny, une jeune fille de 16 ans est jugée pour avoir pratiqué un avortement
clandestin après un viol.
5. Gisèle Halimi évoque un procès politique en expliquant qu’il s’agit d’un procès où « on
met en accusation la loi qui vous accuse » : en effet, le procès de Bobigny est l’occasion pour
les nombreuses féministes qui y participent de souligner le paradoxe d’une situation où une
jeune fille victime (elle a été violée et mise enceinte) se retrouve accusée et coupable aux
yeux de la société qui continue d’interdire l’avortement.
6. Le procès a un très large écho du fait des personnalités et des associations militantes
féministes qui s’en emparent. Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, par exemple, sont des
personnalités très connues. La publicité faite au procès permet de placer la question de
l’avortement au centre du débat public.
Capacités bac
7. Le document est une affiche du mouvement féministe Choisir, fondé en 1971 par
l’avocate Gisèle Halimi et la philosophe et romancière Simone de Beauvoir.
Divisée en trois parties, l’affiche montre la même femme dans trois attitudes différentes
(seule la couleur des cheveux et le couvre-chef diffèrent d’une représentation à l’autre).
Comme son nom l’indique, l’association féministe veut que le choix soit donné aux femmes
de procréer ou non. Depuis la loi Neuwirth (1967), les Françaises ont légalement recours à la
contraception mais l’IVG reste considéré comme un crime passible des assises. Ce droit est
ici revendiqué comme un ultime recours. À partir des années 1950, le féminisme, qui
jusqu’alors était surtout centré sur la revendication de droits politiques, s’emploie à
émanciper les femmes sur les plans juridique et social. L’exigence d’autonomie porte
d’abord sur le contrôle de leur corps.
Pages 124-125
>>>>B La bataille pour l’égalité économique et sociale a-t-elle été gagnée ?
Afin d’approfondir le document 6, on pourra préciser qu’Anne Lauvergeon (née en 1959) est
normalienne, agrégée de sciences physiques et ingénieur des mines. Elle commence sa
carrière dans la haute fonction publique. Elle est la conseillère personnelle du Président
Mitterrand (1990-1995) avant de prendre la tête de la Cogema, devenue le groupe nucléaire
public Areva.
La réussite scolaire des filles (doc. 7) est un phénomène ancien, étudié depuis peu. Dès que
les écoles primaires ont été ouvertes aux filles, elles se sont révélées meilleures. Au début du
XXe siècle, elles sont déjà plus nombreuses que les garçons à obtenir le certificat d'études.
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Après la Seconde Guerre mondiale, elles rattrapent, puis dépassent en nombre les garçons
dans l'enseignement secondaire et supérieur. La mixité se généralise progressivement dans
les années 1960 et, en 1976, devient obligatoire en France dans tous les degrés de
l'enseignement par un décret du ministre René Haby. À chaque fois qu'une nouvelle filière
d'études s'ouvre à elles, les filles s'y engouffrent. Ce constat est intéressant à mettre en
parallèle avec la place des femmes dans la vie économique. On constate qu’elles sont plus
nombreuses à être touchées par le chômage et que l’écart de salaires avec les hommes reste
très important. Ceci s’explique en partie par le choix des carrières opéré par les femmes,
moins enclines à s’engager dans les filières les plus compétitives.
Les femmes sont parvenues à s’émanciper de la tutelle masculine. Elles sont aujourd’hui
autant, voire plus qualifiées, que les hommes. Néanmoins, dans le domaine politique et
économique, l’égalité est loin d’être acquise (doc. 8). Dans une certaine mesure, on peut
même parler d’un statut qui se détériore, les femmes occupant souvent les métiers les
moins qualifiés et étant les plus touchées par le chômage.
Le Laboratoire de l’Égalité (doc. 9) est une association, créée en 2010, pour défendre
l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Elle émane d’un « groupe de
femmes et d’hommes de différentes sensibilités politiques, exerçant des responsabilités
dans la vie économique, sociale, universitaire, associative. Tous impliqués dans de multiples
réseaux agissant concrètement en faveur d’un meilleur partage des responsabilités
citoyennes, économiques et familiales entre les femmes et les hommes. »
Réponses aux questions
1. Le taux d’activité des femmes a connu une progression régulière de 1960 (40 %) à 2010
(65 %). Aujourd’hui, deux tiers des Françaises ont une activité professionnelle.
2. Les années 1960 marquent le début de l’arrivée massive des femmes sur le marché du
travail. Elles entrent massivement dans la fonction publique (santé, enseignement) et
occupent aussi les nouveaux emplois crées dans le secteur des services – la secrétaire
constitue alors un modèle de la femme au travail largement utilisé par la publicité. La femme
active est surtout saluée pour son efficacité et son dévouement à son supérieur masculin.
Dans les années 2000, l’image de la femme active s’est transformée. Les postes de cadres
supérieurs ne sont plus fermés aux femmes et elles occupent dorénavant des postes
décisionnaires, comme l’illustre l’exemple d’Anne Lauvergeon.
3. Les femmes, plus nombreuses sur le marché du travail, sont de plus en plus qualifiées. Le
document 7 montre qu’elles représentent plus de la moitié des bacheliers, des licenciés et
des détenteurs d’un master. En revanche, au niveau du doctorat, elles ne représentent que
44 % des diplômés.
4. Les emplois les moins qualifiés sont majoritairement occupées par des femmes et elles
sont davantage touchées par le chômage et le sous-emploi. L’égalité salariale à fonction
égale n’a toujours pas été atteinte (l’écart est de 17 %).
Capacités bac
5. Le document 4 est un graphique construit à l’aide des statistiques de L’INSEE montrant
l’évolution du taux d’activité des hommes et des femmes depuis 1960. Le document 9 est
une affiche réalisée dans le cadre d’une campagne nationale, émanant du Laboratoire de
l’Égalité, dénonçant l’inégalité salariale qui perdure entre hommes et femmes. Ces
documents attestent la part grandissante occupée par les femmes dans le monde du travail
(40 % en 1960, 65 % en 2010). Majoritairement employées dans les services, elles ont vu
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leurs compétences progressivement reconnues et ont pu accéder, au sein des entreprises, à
des fonctions de responsabilité. Cependant, malgré le vote en 1972 de la loi posant le
principe de l’égalité des salaires hommes / femmes, les écarts restent importants (17 %).
Cette discrimination, soulignée par le document 9, n’est pas unique : les femmes sont
également beaucoup plus touchées que les hommes par le sous-emploi, l’intérim et le
chômage.
Pages 126-127
>>>>C Quelle place pour les femmes dans la société française d’aujourd’hui ?
Le monde politique français n’a jamais laissé aux femmes une place importante. Là où elles
sont le mieux représentées (au gouvernement, à l’Assemblée européenne…), les femmes
n’occupent que moins d’un tiers des fonctions politiques. Plus la fonction élective est
ancienne et importante aux yeux des Français (Parlement, fonction de maire), moins on y
trouve de femmes (doc. 10). Les femmes peinent donc à accéder à l’égalité réelle concernant
les processus de décision politique. Aussi ont-elles réclamé une loi imposant la parité pour
les candidatures électorales (2000). L’année 2007 a néanmoins marqué une évolution
importante dans l’histoire de la place des femmes dans le monde politique. Pour la première
fois, une femme politique – Ségolène Royal – s’est retrouvée au second tour de l’élection
présidentielle (doc. 11). Cependant, la parité reste une réalité à géométrie variable et il n’est
pas rare que les partis la viole en toute conscience (doc. 12).
Si la suprématie des hommes parmi les lauréats des prix littéraires reste écrasante (doc. 13),
on peut néanmoins noter que, parmi les prix créés récemment, les femmes sont mieux
représentées : c’est le cas du prix Décembre (anciennement Novembre), créé en 1989, qui
en un peu plus de 20 ans a choisi 9 fois une lauréate. Le jury du prix Femina, créé en 1904
par des collaboratrices du magazine La Vie heureuse, pour faire pendant au Goncourt qui
récompensait essentiellement des hommes, est composé uniquement de femmes. En un
peu plus d’un siècle, il a récompensé 36 femmes.
Le texte 14 témoigne du manque de crédibilité dont les femmes doivent encore souffrir dans
la société contemporaine. Dans la vie économique, leur carrière butte souvent sur le
« plafond de verre » qu’elles ont souvent intériorisé. Elles sont moins souvent promues, et
ce quelle que soit la catégorie professionnelle. Logiquement, elles sont moins présentes
dans les médias comme actrices majeures de la vie économique ou comme experts.
Dans la France contemporaine, le féminisme n’apparaît plus, pour beaucoup, comme un
enjeu de premier plan. C’est ce phénomène que pointe ici l’affiche en document 15, en
soulignant le caractère « actuel » des revendications féministes.
Selon l’INSEE, les violences envers les femmes sont multiples : sans compter les agressions
subies dans leur cadre familial actuel, 6 % des femmes ayant entre 18 et 59 ans ont été
l’objet d’injures sexistes en 2005 ou 2006, 2,5 % ont été agressées physiquement et 1,5 % a
déclaré avoir subi un viol ou une tentative de viol. Dans ce dernier cas, un sur cinq est
perpétré par l’ex-conjoint et la moitié des victimes connaissaient leur agresseur. Les
violences sexuelles sont moins fréquentes au sein du ménage, mais c’est l’inverse pour les
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Page 77
violences physiques. Les femmes sans diplôme sont trois fois plus nombreuses à subir des
violences domestiques que les plus diplômées. Les caresses, baisers et autres gestes
déplacés sont les agressions sexuelles les plus fréquentes et ont pour cadre le lieu de travail
dans un quart des cas.
Osez le féminisme, dont émane l’affiche en document 16, est un réseau créé en juin 2009
par quelques militantes et militants qui s’étaient mobilisés pour défendre le Mouvement
français pour le planning familial dont les crédits budgétaires étaient menacés de
suppression, en janvier 2009. Ces militants ont ensuite élargi leur champ d’intervention pour
dénoncer toutes les discriminations à l’égard des femmes.
Réponses aux questions
1. Les femmes sont considérées comme des citoyennes à part entière depuis l’ordonnance
de 1944 leur accordant le droit de vote.
2. La loi sur la parité a été votée en 2000.
3. La loi sur la parité a permis une augmentation de la part des femmes au sein des instances
représentatives. Elles sont quasiment à égalité avec les hommes parmi les députés
européens et les conseillers régionaux mais elles représentent seulement un quart des
députés et des sénateurs. À l’échelon municipal, la situation est contrastée, si leur part dans
les conseils municipaux augmente et dépasse un tiers, elles sont très peu nombreuses à
occuper des fonctions de maire (14 %). En 2007, pour la première fois, une femme, Ségolène
Royal, candidate du PS, atteint le deuxième tour de la présidentielle.
4. La loi sur la parité n’est pas respectée par les partis politiques qui, dans certains cas,
préfèrent payer des amendes plutôt que de présenter des candidats à parité hommes et
femmes.
5. Dans le paysage médiatique et culturel, les femmes restent peu nombreuses à être
reconnues : sous-représentées parmi les lauréats des prix littéraires, elles sont également
beaucoup moins présentes sur les plateaux de télévision pour incarner la parole de l’expert.
6. La défense des droits des femmes est devenue un enjeu international quand l’ONU a
décidé, en 1977, d’instituer le 8 mars comme Journée internationale des femmes, cherchant
ainsi à lutter contre les discriminations et la violation des droits des femmes à travers le
monde.
7. Cette affiche, émanant de l’association Osez le féminisme, souligne l’actualité de la
question des violences faites aux femmes dans la France contemporaine. La violence est ici
comprise dans un sens large : elle peut être physique, mais aussi morale (harcèlement,
humiliation, etc.).
Capacités bac
8. Le document 10 montre l’amélioration progressive de la représentativité des femmes au
sein des instances politiques mais une situation qui reste inégale selon le type d’instance.
Pages 130-131 BAC
Sujet guidé
Réponses aux questions
1. Ce document est une affiche féministe éditée dans les années 1970 pour promouvoir le
droit à l’avortement. Depuis 1968, les associations féministes se sont multipliées pour
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Page 78
revendiquer une émancipation totale des femmes, aussi bien dans la sphère privée et
familiale que dans la sphère publique et économique.
2. Les femmes sont représentées sur l’affiche dans une attitude de lutte (poing levé,
revendiquant). Elles exigent le droit de pouvoir avorter légalement. En effet, l’avortement
reste interdit mais de nombreux avortements clandestins, dangereux car réalisés dans des
conditions pouvant être douteuses, ont lieu tous les ans dans la France du début des
années 1970. L’affiche les présente comme une nécessité et souligne leur dangerosité et
l’obligation faite aux femmes de se mettre ainsi dans l’illégalité.
3. Depuis les années 1950, la question du contrôle des naissances est centrale dans les
revendications des femmes. Après la création du planning familial (1956), la loi Neuwirth
(1967) a légalisé la contraception mais la loi continue d’interdire l’avortement considéré
comme un crime.
4. Le combat pour l’avortement a abouti avec le vote en 1975 de la loi sur l’IVG. En revanche,
la lutte pour l’égalité hommes / femmes, contre les discriminations faites aux femmes,
continue.
Sujet blanc
Réponses aux questions
1. Cette campagne cible particulièrement les femmes dans l’entreprise, c’est-à-dire plutôt le
secteur privé. En effet, dans le secteur public, l’égalité salariale est de mise et la loi de 1972
est respectée (cela n’empêche pas qu’en fin de carrière, une fonctionnaire ait parfois un
salaire inférieur à son équivalent masculin mais la différence s’explique alors par les congés
parentaux ou les temps partiels pris le plus souvent pour s’occuper des enfants, ce qui
retarde la progression de carrière des femmes).
2. Cette affiche vise toutes les formes de discrimination contre les femmes au sein des
entreprises − inégalité salariale, non reconnaissance, humiliation, etc. − qui sont autant de
signes que « l’on s’assoit encore trop souvent sur les femmes ».
3. Le document 2, graphique sur l’évolution de l’écart de salaires hommes / femmes
depuis 1950, montre une amélioration puisque l’écart est passé de 36,8 % en 1950 à 20 %
en 2009. Cependant, l’égalité n’existe toujours pas.
4. Les inégalités restent nombreuses dans la sphère économique : chômage, sous-emploi,
travail intérimaire, emplois sous-qualifiés concernent plus particulièrement les femmes.
Dans le domaine social et culturel, les femmes sont plus visibles mais souffrent toujours d’un
manque de crédibilité.
Pages 132-137 SUJET D’ÉTUDE 2
L’élection présidentielle, le pivot de la vie politique française
Depuis 1965, année de la première élection présidentielle au suffrage universel direct,
l’intérêt des Français pour la présidentielle témoigne de l’importance que revêt le choix du
chef de l’État dans un régime qui lui octroie de larges pouvoirs. Le passage du septennat au
quinquennat a rendu ces rendez-vous électoraux plus fréquents et accéléré le processus de
transformation des partis en « écuries » de présidentiables. La pratique des primaires, qui
tend à se diffuser, entraîne un allongement du processus électoral : le calendrier de la
présidentielle s’étend dorénavant sur plusieurs mois, bien avant la campagne officielle.
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Pages 132-133
>>>>A Pourquoi l’élection présidentielle est-elle un moment-clé de la vie politique
française ?
L’affiche en document 1, en faveur de l’élection du Président au suffrage universel direct, a
été éditée par l’Association de soutien à l’action du général de Gaulle, lors du référendum de
1962.
Le 8 juin 1962, le général de Gaulle déclare qu’« une fois réglée l’affaire algérienne [...] par le
suffrage universel *...+ nous aurons à assurer que, dans l’avenir et par-delà les hommes qui
passent, la République puisse demeurer forte, ordonnée et continue ». Le 29 août, il
annonce au Conseil des ministres son intention de proposer une révision de la Constitution,
puis au Conseil des ministres du 12 septembre un projet de référendum sur l’élection du
président de la République au suffrage universel direct. Le 20 septembre, il explique son
projet lors d’une intervention télévisée et annonce la tenue d’un référendum.
L’élection présidentielle de 1965 est la première à avoir lieu au suffrage universel direct
(doc. 2). Six candidats se présentent au 1er tour : de Gaulle (44,6 %), Président sortant ;
François Mitterrand (31,7 %), candidat unique de la gauche ; Jean Lecanuet (15,6 %),
candidat du MRP ; Jean-Louis Tixier Vignancourt (4,3 %), ancien chef de file des partisans de
l’Algérie française ; Pierre Marcilhacy (1,7 %), sénateur de la Charente, candidat de
Convention nationale libérale ; Marcel Barbu (1,1 %), non-politique, partisan du réformisme
social.
Charles de Gaulle est élu au 2nd tour avec 55,2 % des voix.
Comme le montre le schéma en document 4, depuis 1965, le nombre de candidatures au
1er tour de l’élection présidentielle a augmenté, pour culminer en 2002 à 16 candidatures.
Comme le précise le Conseil constitutionnel, « outre l'obligation de satisfaire aux conditions
générales d'éligibilité, le candidat potentiel doit être présenté par au moins 500 élus
habilités. Chaque élu adresse au Conseil constitutionnel, à cet effet, dans un délai précis, une
présentation ou "parrainage", selon un modèle arrêté par le Conseil constitutionnel. Les
différentes catégories d'élus habilités à présenter un candidat sont les maires, les
parlementaires, les députés européens, les conseillers généraux, régionaux et les membres
des différentes assemblées territoriales à l'exception des conseils municipaux. Chaque élu,
quelle que soit son affiliation politique, est libre de sa décision de donner ou non un
parrainage et de le donner au candidat de son choix. Quel que soit le nombre de ses
mandats, il ne peut donner qu'un seul parrainage pour un seul candidat. »
C’est en tant que nouveau Président que s’exprime G. Pompidou dans le document 5. Après
la démission de De Gaulle, le 27 avril 1969 a lieu la deuxième élection présidentielle au
suffrage universel direct. G. Pompidou, dauphin du général, dont il a été le Premier ministre
pendant 6 ans, est élu avec 58 % des voix, mais un taux de participation faible (68,85 %), qui
s’explique par le peu d’enjeu du 2d tour puisque les deux candidats appartiennent à la droite
(l’adversaire de Pompidou au 2d tour était Alain Poher).
Réponses aux questions
1. La réforme constitutionnelle de 1962, comme le rappelle l’affiche, a modifié le mode de
désignation du Président, auparavant élu par les deux chambres. Après la réforme proposée
par de Gaulle, le Président est élu au suffrage universel direct.
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2. Sur cette affiche de 1965, sont représentées des mains tenant des bulletins de vote.
Accompagné du slogan « un acte qui engage l’avenir de chaque Français », l’affiche souligne
l’idée que l’élection présidentielle permet dorénavant aux citoyens de prendre part aux
destinées du pays. L’affiche insiste sur le caractère démocratique de l’élection.
3. Le taux le plus élevé au 1er tour a été de 84,75 % en 1965, au 2d tour de 87,33 % en 1974.
Le taux le moins élevé de 71,6 % en 2002, de 68,85 % au 2d tour en 1969.
4. C’est en 2002 qu’il y a eu le plus de candidats à l’élection présidentielle : 16 candidats au
1er tour.
5. Lors du scrutin de 2002, la participation a été assez faible au 1 er tour, comme si
l’émiettement de l’offre politique avait découragé les Français d’aller voter.
6. Pompidou s’exprime ici comme successeur et dauphin du général de Gaulle. Défenseur
des institutions gaulliennes, il voit dans le succès de l’élection présidentielle « la preuve de
l’adhésion nationale à la Ve République », mais aussi de « l’adhésion à la conception que le
général de Gaulle a eue du rôle du président de la République ». Pour Pompidou, si les
Français sont enclins à se passionner pour la présidentielle, c’est parce qu’ils ont compris et
entériné la place centrale du chef de l’État au sein des institutions.
Capacités bac
7. La confrontation des documents 3 et 5 permet de mettre en exergue plusieurs éléments :
- l’importance de la participation qui ne s’est pas démentie depuis 1965, signe de l’intérêt
des Français pour l’élection ;
- la centralité de la fonction présidentielle qui amène les citoyens à se déplacer pour choisir
leur candidat, alors même qu’ils peuvent bouder les autres élections ;
- le surcroit de légitimité dont peut se prévaloir le candidat élu.
Pages 134-135
>>>>B Comment l’élection présidentielle structure-t-elle la vie politique française ?
En 2007, N. Sarkozy est le candidat unique de l’UMP, parti qu’il préside depuis 2004, à
l’investiture pour la présidentielle (doc. 6). Il est élu par les adhérents. Sur 229 303 suffrages
exprimés (330 000 adhérents), il récolte 98,09 % des voix. Il est officiellement investi le
14 janvier 2007. Il est élu le 6 mai président de la République, face à Ségolène Royal.
Les 9 et 16 octobre 2011, le PS inaugure pour la première fois en France des « primaires
citoyennes » pour désigner le candidat de leur parti à la présidentielle (doc. 7). Au 1er tour,
adhérents et sympathisants du PS (il faut pour voter être régulièrement inscrit sur les listes
électorales, s’acquitter du paiement de la somme d’1 euro et signer un engagement pour les
valeurs défendues par la gauche) doivent départager six candidats : F. Hollande, M. Aubry,
S. Royal, A. Montebourg, M. Valls, J. M. Baylet (radical de gauche). Au second tour, François
Hollande l’emporte sur M. Aubry.
Les deux tours de la présidentielle répondent à deux logiques pour l’électeur. Au 1er tour
(doc. 8), c’est la logique d’expression qui prime : le vote permet de choisir le candidat qui
défend ses idées. Dans ce cadre, les candidats des petits partis – ceux qui ne sont pas
représentés à l’Assemblée ou qui ont peu de députés – qui bénéficient du même temps de
parole que les autres, ont la possibilité de faire entendre des programmes alternatifs. Au
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Page 81
2d tour (doc. 9), c’est une logique de qualification : il s’agit de qualifier un des deux candidats
et il n’est pas rare que l’électeur vote « contre » plutôt que « pour ».
Comme l’illustre le schéma en document 10, depuis 1965, l’élection présidentielle est
dominée par deux partis : le Parti gaulliste (UNR, UDR, RPR puis UMP), le Parti socialiste (né
en 1971). En 1974 cependant, c’est le candidat de la droite modérée, Giscard d’Estaing, qui
est élu et qui fait émerger une nouvelle force politique à droite, l’UDF. En 2002, la multitude
de candidatures à gauche coûte au candidat socialiste, L. Jospin, la sélection pour le 2d tour.
Contre toute attente, c’est le candidat du FN, Jean-Marie Le Pen, qui arrive en deuxième
position.
Réponses aux questions
NB 1 : à la question 2, il s’agit des primaires organisées en 2011, non en 2012 (correction
faite dans le manuel élève).
NB 2 : dans le manuel élève, la question 4 est reformulée comme suit : « Combien de
candidats sont retenus pour le second tour des présidentielles ? En 1981, quelle est leur
appartenance politique ? »
1. Au sein des partis politiques, il existe plusieurs modes de désignation du candidat à
l’élection présidentielle : désignation par les instances dirigeantes, vote des militants, vote
élargi aux sympathisants.
2. En 2011 (indiqués 2012 par erreur dans le manuel), les socialistes ont pour la première
fois organisé des primaires ouvertes en vue de la présidentielle de 2012. Elles ont passionné
les Français qui ont suivi les débats télévisés entre les différents candidats. Aux yeux des
socialistes, elles donnent un surcroît de légitimité au candidat élu par plusieurs millions de
citoyens (2,6 millions au 1er tour, 2,8 millions au 2d tour).
3. En 2012, il y a eu 10 candidats au 1er tour.
4. Ce sont les deux candidats arrivés en tête au 1er tour qui sont qualifiés pour le 2d. En 1981,
il s’agissait de Valéry Giscard d’Estaing, Président sortant appartenant à la droite modérée,
et François Mitterrand, socialiste.
5. Au 1er tour, l’élection présidentielle permet la diversité des expressions politiques. Lors de
l’élection de 2012 par exemple, 5 candidats de gauche, 3 candidats de droite, 1 centriste et
1 candidat « hors système » ont pu faire valoir leurs idées et leurs différences. Le 2 d tour
montre une bipolarisation droite / gauche de l’élection, avec deux partis hégémoniques que
sont le Parti gaulliste et le Parti socialiste.
Capacités bac
6. Ces documents, extraits de la presse nationale, illustrent la centralité de l’élection :
- elle se prépare très en amont du scrutin ;
- elle structure les partis qui fonctionnent comme des « écuries » de présidentiables.
Pages 136-137
>>>>C Quelle est la place de l’élection présidentielle dans le débat public ?
Le vote blanc (doc. 11), qui correspond à une volonté de se démarquer du choix proposé
dans le cadre d’une élection, n’est pas comptabilisé. Pour ses défenseurs, cette noncomptabilisation encourage l’abstention (doc. 12) qui, elle, est prise en compte. Cependant,
ces deux pratiques ne relèvent pas de la même logique. Dans le premier cas, il s’agit de
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souligner un désaccord, le vote blanc doit donc être compris comme une expression
citoyenne. L’abstention peut exprimer une opposition (c’est le cas en 1969 quand le PC
appelle à ne voter ni pour Pompidou ni pour Poher), mais elle est peut également être
comprise comme un désintérêt vis-à-vis de la politique.
Les meetings sont un moment fort de la campagne électorale (doc. 13). Les grands partis –
PS, UMP – ont les moyens d’organiser de grandes messes durant lesquelles les participants
peuvent « communier » avec leur candidat. Ce sont des démonstrations de force largement
couvertes par les médias. Quelle que soit leur importance, ces réunions publiques sont
l’occasion d’expliquer et justifier le programme et de galvaniser les troupes. Durant la
campagne de 2012, le candidat du Front de gauche, J.-L. Mélenchon, a inauguré une
nouvelle pratique militante en organisant de grands rassemblements et de grandes
manifestations (à Paris et Marseille notamment).
La multiplication – d’aucuns parleront d’abus – des sondages participent de l’émergence de
ce que l’on appelle la démocratie d’opinion (doc. 14). Pour ses détracteurs, cette pratique
entraîne un appauvrissement du débat politique dans la mesure où elle conditionne la prise
de parole du candidat à la mesure de l’opinion sur telle ou telle question.
Compte tenu de la centralité de l’élection présidentielle dans la vie politique, les médias en
proposent une couverture quotidienne (dossiers spéciaux, correspondants attachés à
chaque candidat, débats télévisés). Les hebdomadaires tendent à adopter une démarche
plus sensationnaliste pour « attirer le chaland » (doc. 15).
Le débat télévisé de l’entre-deux tours est une grand-messe largement suivie par les Français
(doc. 16). Il participe de la dramatisation de la campagne à un moment de tension extrême
où les deux candidats doivent absolument se départager et convaincre les indécis.
Réponses aux questions
1. En 1969, le Parti communiste appelle à l’abstention car les deux candidats arrivés au
2d tour appartiennent à la droite et le parti se refuse de choisir (« bonnet blanc, blanc
bonnet »).
2. Le vote blanc permet au citoyen qui ne s’est reconnu dans aucun des candidats et des
programmes de participer quand même au vote.
3. Le vote blanc est une démarche politique active alors que l’abstention peut être une
démarche politique passive, mais aussi l’expression d’un désintérêt. Le vote blanc n’est pas
pris en compte alors que l’abstention est mesurée.
4. Le message politique, la profession de foi, le programme sont diffusés par de multiples
canaux : presse, télévision, radio, tractages, meetings. La campagne électorale est l’occasion
d’une rencontre des candidats avec les citoyens et les corps constitués. Durant la campagne
officielle, une stricte égalité de temps de parole est respectée entre les différents candidats.
5. La presse se fait l’écho de la campagne. Lors de la dernière élection, la tendance a été à la
dramatisation des enjeux, voire la délectation devant les petites phrases et les coups bas. La
présidentielle, de par la place qu’elle occupe dans la vie politique, suscite tout un flot de
commentaires de la part d’experts-journalistes qui suivent la campagne. La campagne est
souvent l’occasion d’une surenchère entre les candidats.
6. Les sondages sont largement utilisés par les candidats qui cherchent ainsi à rester au plus
près des préoccupations des citoyens, quitte à évoluer vers une certaine forme de
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populisme. Pour les électeurs, les sondages peuvent avoir un effet négatif dans la mesure où
ils peuvent les décourager de se déplacer en leur donnant l’idée, fausse, que tout est joué.
7. Le débat télévisé existe depuis 1974 : le premier duel fut celui entre Giscard et Mitterrand.
C’est un rendez-vous essentiel de la campagne auxquels les Français sont attachés (comme
en témoigne l’audimat). En 2002, J. Chirac a néanmoins refusé de débattre avec J.-M. Le Pen
qu’il ne considérait pas comme un candidat républicain.
Capacités bac
8. Étant donné la place qu’occupe l’élection présidentielle dans la vie politique, les médias
s’en font largement l’écho (dossiers spéciaux des quotidiens et des hebdomadaires,
émissions spéciales à la télévision, débats entre experts politiques, etc.). En retour,
l’emballement médiatique, particulièrement marqué à l’approche de l’échéance, suscite
l’intérêt des citoyens.
Pages 140-141 BAC
Sujet guidé
Réponses aux questions
1. De Gaulle commence par rappeler le rôle qu’il a tenu dans l’histoire récente de la France
contemporaine : chef de la France libre, père de la Ve République, premier Président de cette
même république.
2. La loi constitutionnelle évoquée par de Gaulle est la réforme de 1962 modifiant la
désignation du chef de l’État en introduisant le suffrage universel direct.
3. Pour de Gaulle, cette élection donne pour la première fois la possibilité aux Français de
choisir celui qui présidera aux destinées du pays, c’est-à-dire celui qui fixera les grands axes
de la politique nationale mise en œuvre par le gouvernement. C’est donc un choix qui revêt
une grande importance.
4. La réforme a accentué la présidentialisation du régime.
Sujet blanc
Réponses aux questions
1. Il s’agit d’une enquête réalisée par un institut de sondage (TNS Sofres), en mars 2012,
auprès de 1 000 personnes. Elle intéresse aussi bien les candidats que les électeurs.
2. Le Président est élu au suffrage universel direct depuis 1965 (après la réforme
constitutionnelle de 1962).
3. L’enquête révèle que plus de deux tiers des Français se déclarent intéressés par l’élection,
que cet intérêt tend à croître plus on s’approche de l’élection (63 % se disent intéressés
12 mois avant l’élection, 74 % 1 mois avant).
4. La comparaison avec 2007 montre une légère érosion de l’intérêt, qui avait culminé à
81 % dans les semaines qui avaient précédé l’élection.
5. L’échantillon interrogé est faible. On peut également s’interroger sur la notion d’ « intérêt
pour ».
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