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ÉNONCÉ DE
LA SOCIÉTÉ
CANADIENNE
DE PÉDIATRIE
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La prise en charge de la gale
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L
a gale constitue un problème pour les humains depuis avant le premier millénaire. Déjà,
les premiers écrivains qui ont décrit les troubles de santé de l’humanité en rendaient
compte (1). Elle est causée par un acarien, le Sarcoptes scabiei, variante hominis, et se transmet d’une personne à l’autre par contact cutané. Le risque de propagation est directement proportionnel à la quantité de parasites présents. Par ailleurs, la propagation peut se produire à
partir des vêtements et des draps de lit, même si les acariens ne survivent pas longtemps après
avoir quitté la peau (2,3).
Enfoui dans l’épiderme, l’acarien, ses excréments et les œufs pondus par la femelle semblent provoquer l’irritation responsable des démangeaisons et d’une infection secondaire au
grattage (1,3). Ces démangeaisons sont pires la nuit. La gale peut constituer un problème pour
tous les groupes d’âge, et on la confond souvent avec d’autres affections, comme l’impétigo ou
l’eczéma, surtout chez les nourrissons et les jeunes enfants (1).
On estime que 300 x 106 cas de gale pourraient se manifester de par le monde chaque année.
Dans certaines régions, la prévalence de la gale est beaucoup plus élevée que celle de la diarrhée
ou des maladies des voies respiratoires supérieures. C’est particulièrement un problème en cas
de promiscuité ou dans les pays et collectivités en voie de développement. Le non-respect du
traitement ou l’absence de traitement convenable peut transformer la gale en problème de
santé publique. Ce peut être une affection révélatrice chez les patients immunocompromis. Enfin, la forme croûteuse de la gale est non seulement difficile à traiter, mais également très contagieuse. Elle peut même constituer un risque pour les dispensateurs de soins.
La période d’incubation de la gale est d’environ trois semaines, mais une réinfestation peut
se produire beaucoup plus rapidement. Le principal symptôme demeure les démangeaisons,
pires pendant la nuit. Chez les enfants plus âgés et les adultes, les principales zones infestées
sont les espaces interdigitaux, la partie fléchisseuse des poignets et des coudes, les aisselles, les
organes génitaux masculins et les seins des femmes. Le grattage cutané permet de poser un
diagnostic définitif, s’il est effectué dans un enfouissement ou d’autres lésions et examiné au
microscope à faible puissance. Les acariens, les excréments ou les œufs sont visibles sur la
lame du microscope. Cependant, le diagnostic est généralement posé en clinique plutôt qu’en
laboratoire. Le diagnostic des nourrissons et des enfants peut être problématique, parce que
ceux-ci présentent souvent des lésions atypiques distribuées un peu partout. En général, ces
lésions sont toutefois concentrées sur les mains et les pieds et dans les plis du corps. Elles peuvent être confondues avec l’impétigo ou l’eczéma, mais un traitement prescrit contre l’une de
ces deux pathologies n’éradique pas la gale. De plus, on observe souvent des lésions sur le cuir
chevelu des nourrissons et des enfants.
Les populations autochtones de tous les pays (y compris le Canada), tant dans les régions
rurales qu’urbaines, sont particulièrement à risque pour divers facteurs :
· la promiscuité, le partage des lits et les écoles et services de garde encombrés,
· une population pédiatrique élevée,
· la non-détection d’une infestation,
· l’accès réduit aux soins médicaux et infirmiers,
· la mauvaise application du schéma thérapeutique,
· l’absence de traitement des contacts proches,
· la non-éradication de la gale sur les vêtements et les draps de lit,
· l’absence d’eau courante, qui peut prédisposer aux infections cutanées
secondaires.
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tantes. C’est le pharmacien qui prépare le mélange. On
l’applique trois jours consécutifs, on le laisse en place
24 heures après l’application et on se lave avant l’application suivante (1).
Le patient infecté, sa famille et les contacts proches
doivent tous être traités au même moment, qu’ils aient
des symptômes ou non. La raison du traitement doit être
abordée de manière claire et détaillée avec le patient (s’il
est assez vieux pour comprendre), ainsi qu’avec sa famille
et ses contacts. Des directives écrites sont utiles, surtout
si elles sont rédigées dans une langue que comprend la famille, comme l’écriture syllabique et d’autres langues que
le français ou l’anglais. Le traitement prescrit est appliqué après un bain ou une douche d’eau tiède et un asséchage. La crème doit être appliquée sur tout le corps, et il
faut porter une attention particulière aux plis de la peau,
aux ongles des doigts et des orteils, à l’arrière des oreilles
et à l’aine. L’acarien est présent partout, même s’il ne se
manifeste pas. C’est pourquoi le visage et le cuir chevelu
doivent aussi être traités, surtout chez les nourrissons et
les enfants. Les vêtements doivent être changés tous les
jours, et les vêtements et les draps devraient être lavés à
l’eau chaude (60 oC).
Les patients devraient être informés que les démangeaisons peuvent persister après l’éradication des acariens en raison des matières encore présentes dans la
peau. La persistance des symptômes peut s’expliquer par
une réaction au médicament, mais dans la plupart des
cas, elle est plutôt imputable à une mauvaise application de l’agent traitant et au non-respect du traitement
aux contacts, tant dans la famille que dans la communauté. On peut utiliser un anti-histaminique oral
pour contrôler les démangaisons, tandis que les infections cutanées peuvent être soignées à l’aide d’antibiotiques oraux.
LE CONTRÔLE COMMUNAUTAIRE DE LA GALE
Il n’existe aucune évaluation récente de la portée et de
la prévalence de la gale endémique dans les communautés autochtones du Canada. Comme dans les autres parties du monde, les épidémies ont tendance à adopter un
schéma cyclique, se manifestant tous les 15 à 30 ans.
Dans la plupart des cas, les dispensateurs de soins
traitent les cas symptomatiques et les contacts qui consultent. Cette démarche, bien qu’elle éradique les symptômes
des patients, modifie peu la prévalence globale des infestations de gale dans une communauté. Ce n’est qu’en favorisant le traitement de masse de la communauté entière,
prodigué dans une courte période, que la prévalence de
l’infestation peut être réduite. Les études démontrent
qu’une telle réduction est possible au moyen de
perméthrine ou d’ivermectine (non homologuée au
Canada). Bien appliquée, la perméthrine 5 % (lotion
Kwellada-P, Reed & Carnick, Canada; crème pour la peau
Nix, Glaxo Wellcome, Canada) est tout aussi efficace que
l’ivermectine. L’ivermectine a toutefois l’avantage d’être un
traitement oral monodose (1,3,4).
LE TRAITEMENT DE LA GALE
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Le traitement de première ligne contre la gale demeure
la crème de perméthrine 5 %. Peu toxique, elle donne
d’excellents résultats. Au moins aussi efficace que le lindane (Hexit, Laboratoires Odan Ltée, Canada; PMS Lindane, Pharmascience Inc Canada), elle l’est plus que la
crotamitone (non disponible au Canada). Il faut la faire
partir à l’eau savonneuse au bout de 8 heures à
12 heures.
La perméthrine agit en perturbant le flux du canal sodique, ce qui entraîne un retard de la repolarisation, la
paralysie et la mort du parasite. Elle est efficace à toutes
les étapes du cycle de vie du parasite, mais n’est pas recommandée pour les nourrissons de moins de deux
mois, même si elle a été utilisée avec efficacité et en toute
innocuité chez un nourrisson de 23 jours. De plus, elle
n’est pas recommandée pendant la grossesse, mais a été
utilisée avec succès et de manière répétée chez des
femmes enceintes atteintes de gale croûteuse (3,5,6).
Il existe aussi une préparation de perméthrine pour le
traitement des poux de tête, sous forme de solution à 1 %
(après-shampooing Kwellada-P, Reed & Carnick; aprèsshampooing Nix, Glaxo Wellcome), sans efficacité contre
la gale. Il ne faut pas mêler les deux préparations, car
elles ne sont pas interchangeables.
La crème ou la lotion de lindane constitue une possibilité en cas de non-disponibilité de la perméthrine 5 %. Il
faut la faire partir à l’eau savonneuse après 12 heures et
la réappliquer 24 heures plus tard. Il convient de se
montrer prudent dans sa prescription aux nourrissons
de moins de deux ans ainsi qu’aux femmes enceintes ou
allaitantes.
Le soufre précipité (7 %) mêlé à de la gelée de pétrole
représente un traitement sécuritaire pour les très jeunes
nourrissons ainsi que pour les femmes enceintes ou allai-
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LES MESURES DE CONTRÔLE
La prophylaxie est essentielle pour tous les membres
de la famille, surtout parce que les signes de gale peuvent
se manifester seulement deux à trois semaines après les
contacts. Les mesures de contrôle suivantes sont recommandées :
· Pour prévenir la réinfection, traiter tous les
membres de la famille en même temps que le
patient.
· Toute la literie (draps, taies d’oreiller,
couvertures) et les vêtements portés près de la
peau (sous-vêtements, t-shirts, chaussettes,
pantalons) doivent être lavés à la machine à cycle
chaud et séchés à haute température.
· S’il n’y a pas d’eau chaude, placer tous les draps et les
vêtements dans des sacs de plastique et les entreposer
pendant cinq à sept jours. L’acarien ne survit pas plus
de quatre jours sans contact avec la peau.
· Les enfants peuvent retourner à l’école ou au
service de garde le jour suivant la fin du
traitement.
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ment de ces maladies, mais non pour celui de la gale.
Comme on l’a déjà souligné, l’ivermectine n’est pas homologuée au Canada. Cependant, depuis 1993, elle est
utilisée avec succès dans d’autres pays pour traiter la gale
humaine résistante aux autres traitements. L’ivermectine
comporte l’avantage d’être administrée par voie orale, en
monodose. Elle a été utilisée comme mesure de santé
publique pour contrôler la gale généralisée dans certains
groupements de population.
Pour l’instant, l’avantage de l’ivermectine par rapport
au traitement topique habituel est mis en doute. Une
étude n’a révélé aucun avantage par rapport à la
perméthrine, qui agit à toutes les étapes du cycle de vie du
parasite (6). L’ivermectine n’agit qu’à certaines étapes de
ce cycle de vie, comme on l’a démontré en cas d’onchocercose et de strongyloïdiose (6-12).
· Les dispensateurs de soins en contact étroit avec
des patients atteints de la gale peuvent avoir
besoin d’un traitement prophylactique.
· L’enseignement communautaire (soit le dépistage
rapide et la sensibilisation à la gale) est
recommandé.
En cas d’épidémie généralisée de la gale, la prophylaxie de toute la communauté peut être optimale (1,3).
LES MESURES DE L’AVENIR
L’ivermectine, un membre de la famille des lactoses
macrocycliques, les avermectines, possède une activité à
large spectre contre les parasites. Elle se lie aux canaux
d’ion chlorure contrôlés par glutamate, présents dans les
nerfs des invertébrés et les cellules musculaires, provoque la paralysie et la mort du parasite. Elle ne traverse
pas facilement la barrière hématoencéphalique des humains et a peu d’affinité pour les canaux de chlorure contrôlés par interaction ligand-récepteur des mammifères.
L’ivermectine est utilisée depuis de nombreuses années
en médecine vétérinaire pour contrôler une vaste gamme
de parasites chez les animaux domestiques et les animaux de la ferme. Depuis 1987, elle sert à contrôler l’onchocercose et la strongyloïdiose. Aux États-Unis, la Food
and Drug Administration l’a homologuée pour le traite-
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La gale est un problème de santé publique pour de
nombreuses raisons. La préparation orale utilisée dans
certains pays n’est pas homologuée au Canada. L’infection secondaire causée par le grattage peut compliquer le
diagnostic, mais une fois celui-ci confirmé, le traitement
de première ligne consiste à prescrire de la crème de
perméthrine 5 % et à contrôler les contacts.
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6. Usha V, Gopalakrishnan Nair TV. A comparative study of oral
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SOMMAIRE
RÉFÉRENCES
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11. Burkhart KM, Burkhart CN, Burkhart CG. Comparing topical
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12. del Giudice P, Marty P. Ivermectin: A new therapeutic weapon in
dermatology? Arch Dermatol 1999;135:705-6.
COMITÉ DE SANTÉ DES INDIENS ET INUITS
Membres : Docteurs Garth Bruce, Royal University Hospital, Saskatoon (Saskatchewan) (administrateur responsable); Jim Carson, université du
Manitoba, Winnipeg (Manitoba) (président); James Irvine, La Ronge (Saskatchewan); Keith Menard, clinique médicale Stanton, Yellowknife (Territoires du
Nord-Ouest); Brian Postl, Winnipeg Hospital Authority, Winnipeg (Manitoba) (président de 1977 à 2001); Kent Saylor, Kahnawake (Québec); Leigh
Wincott, Thompson General Hospital, Thompson (Manitoba)
Consultants : Docteurs Fred Baker, Calgary (Alberta); Keith Conn, Direction générale des services médicaux, Services de la santé, Santé Canada, Ottawa
(Ontario); John Godel, Heriot Bay (Colombie-Britannique); Michael Moffatt, Winnipeg Children’s Hospital, Winnipeg (Manitoba); Gary Pekeles, Hôpital
de Montréal pour enfants, Montréal (Québec)
Représentants : Mesdames Claudette Dumont-Smith, Ottawa (Ontario) (Association des infirmières et infirmiers autochtones du Canada); Reepa
Evic-Carleton, Ottawa (Ontario) (Inuit Women’s Association); Melanie Morningstar, Ottawa (Ontario) (Assemblée des Premières nations); Margaret Horn,
Kahnawake (Québec) (Organisation nationale des représentants indiens et inuit en santé communautaire); docteurs David Grossman, Harborview Injury
Prevention and Research Center, université de Washington, Seattle (Washington), États-Unis (comité de santé des enfants autochtones américains,
American Academy of Pediatrics); Vincent Tookenay, Ottawa (Ontario) (Association des médecins autochtones du Canada)
Auteur principal : Docteur Fred Baker, Calgary (Alberta)
Les recommandations du présent énoncé ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des variations
tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes.
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