culture et de perception du rôle infirmier
par l’ensemble des professionnels soi-
gnants, notamment les médecins.
Améliorer la sécurité
En outre, nous relevons que plus de
87% des infirmières perçoivent cette
évolution de pratique comme étant
une valorisation de leurs compétences.
D’un point de vue managérial ceci
est très intéressant et est en accord
avec les bénéfices escomptés dans le
développement du concept du Magnet
Hospital (concept de l’hôpital attractif,
d’origine américaine, associant la qua-
lité des soins et la satisfaction du per-
sonnel).
Nous constatons que la réalisation de
l’examen clinique n’est pas quotidien-
ne. 50% des participants le réalisent
une à deux fois par semaine et nous es-
pérons que cette pratique sera facilitée,
àtravers l’optimisation du support de
documentation.
Auvu des résultats obtenus,nous pen-
sons qu’une systématisation de l’exa-
men clinique permettrait aux infirmiers
de s’approprier cette nouvelle pratique.
L’objectif ultime étant que les infir-
mières mobilisent ces nouvelles compé-
tences de manièreciblée en fonction
de l’état de santé du patient et puissent
détecter précocement des signes de dé-
térioration, améliorant ainsi la sécurité
des soins.
Collaboration médico-soignante
indispensable
Ace jour,il a été décidé d’élargir ce pro-
jet à plusieurs départements de l’institu-
tion. L’examen clinique infirmier sera
adapté en fonction des lieux de pratique
(hospitalier,ambulatoire,soins aigus
ou longs séjours). Cette démarche est
soutenue par les directions des soins et
médicale, en effet la collaboration médi-
co-soignante aussi bien au niveau des
directions que dans les unités de soins
est indispensable pour faciliter un dé-
ploiement harmonieux de cette prati-
que.Il est envisagé de développer un
support de documentation commun
pour les médecins et les infirmières, afin
d’éviter toute redondance médico-soi-
gnante et ainsi privilégier la présence
auprès du patient.
Un programme de formation continue a
été mis sur pied et offredéjà des jour-
nées de formation à l’examen physique
autour de plusieursthèmes: l’examen
respiratoire,cardiaque ou neurologique,
l’évaluation de l’état mental. Néan-
moins,notre expérience montre que
pour certaines infirmières, une réactua-
lisation de leursconnaissances en ana-
tomie et pathologie est nécessaire avant
de pouvoir suivre pleinement ces forma-
tions. Finalement, un mentorat et le sou-
tien des cadres infirmiers de proximité
sont indispensables pour permettreun
réel transfert de l’examen clinique dans
la pratique.
Pour conclure,ce projet montrequ’il
est possible de former les infirmières
expérimentées à l’examen physique et
qu’elles perçoivent positivement cette
nouvelle pratique. Ceci permet de pen-
ser que les jeunes diplômées trouve-
ront un milieu favorable au développe-
ment de cette pratique et pourront ainsi
l’exercer pour le bénéfice des personnes
hospitalisées.
Références
[1] Haute Ecole de Suisse Occidentale. Plan
d’études cadreBachelor Filièreformation
en soins infirmiers. 2012. Consulté le 23 dec
2015. Disponible sur: www.heds-fr.ch/FR/
bachelor/BachelorSI/formation-bachelor/
Documents/PEC_Soins_infirmiers.pdf.
[2] Eckhardt A. Evaluation et jugement clinique.
Dans: Jarvis C, éditeur. L’examen clinique
et l’évaluation de la santé. 2 ed. Montréal:
ChenelièreEducation; 2015. p. 3–15.
[3] Lesa R., Dixon A. Physical assessment:
implication for nurse educators and nursing
practice. International Nursing Review.
2007;54(2):166–72.
[4] Birks M., Cant R., James A., Chung C.,
Davis J. The use of physical assessment skills
by registered nurses in Australia: Issues for
nursing education. Collegian. 2013;20:27–33.
[5] Aiken LH., Slorane DM., Bruyneel L., Van
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Nurse staffing and education and hospital
moratlity in nine European coutries: a
retrospective observational study. Lancet.
2014;383(9931):1824– 30.
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Krankenpflege ISoins infirmiers ICure infermieristiche 4/2016
En votre qualité d’infirmier clini-
cien, comment avez-vous perçu
l’expérience du déploiement
de l’examen clinique au sein de
l’unité?
«Le déploiement de l’examen clinique
(EC) au sein de mon unité a suscité
une très forte adhésion de la part de
l’équipe infirmière, car il répond à un
véritable besoin des professionnels en
comblant un espace méthodologique
manquant. Il permet de structurer la
pratique soignante et fait le lien entre
l’observation infirmière – le fameux
‹tour du lit› – et la formulation du plan
de soins, complétant la première et ar-
gumentant le second. Exhaustif, il faci-
lite le recueil d’informations objectives
quant à l’état clinique du patient et fa-
cilite l’échange interdisciplinaire avec
le corps médical par l’emploi d’un lan-
gage et d’un vocabulaire commun.»
«S’il ne se substitue en aucun cas à
l’examen clinique médical, il constitue
une base de travail dans le cadre de la
prise en charge infirmière et un outil
d’évaluation de l’évolution du patient.
Il facilite le réajustement des actions
mises en place,et favorise la détection
Regard Infirmier
«Favorable au lien
soignant-soigné»
précoce des éventuelles dégradations.
Il facilite également le renseignement
de la documentation de soins en
constituant une base de travail collec-
tive, un socle commun. Fort de ces
qualités, il est un levier d’amélioration
qualitative de la profession infirmière.»
«Enfin, je trouve à la démarche un
intérêt tout particulier: l’examen cli-
nique participe à replacer l’infirmier-
ère au lit du malade, en lui redonnant
du temps auprès de ce dernier et in-
fluence favorablement le lien soigné-
soignant.»
Pouvez-vous nous décrire les
réactions et perceptions de la
patientèle face à cette pratique
innovante?
«Les patients ont exprimé de la curiosi-
té, un peu de surprise aussi et au final
de l’intérêt, voire de la reconnaissance,
grâce au temps passé auprès d’eux. Il
est aussi important de bien répondre à
leurs questions, en particulier sur le fait
que notreexamen ne se substitue pas
àcelui du médecin, il ne s’agit donc pas
d’un examen ‹low-cost›, ni d’une re-
dondance superflue.»
L’avis de Frédéric Pierre, infirmier clinicien de l’unité.