Au début, l'application de l'ÉIE au Bénin était essentiellement une exigence des
bailleurs de fonds comme la Banque mondiale. Actuellement, le Bénin remplit la
majorité des conditions nécessaires à une application autonome et efficace de son
processus spécifique d'ÉIE. Le cadre juridique est adopté et en vigueur. L'ABE,
après plusieurs années d'existence, a acquis une reconnaissance institutionnelle
tant au Bénin qu'à l'extérieur. La pratique de l'ÉIE progresse bien; avant même
l'adoption du décret, dans la pratique 70 certificats de conformité environnementale
ont été délivrés entre 1998 et 2000 (d'Alméida, 2001). Des professionnels de
l'évaluation environnementale sont formés par les universités, par divers
programmes ad hoc de formation et par le programme de renforcement des
capacités de l'ABE (d'Alméida, 1999, 2001) ; ils peuvent se joindre à l'Association
béninoise des professionnels en évaluation environnementale (ABPÉE), une ONG
créée en 1998. Un inventaire récent indique que près de 600 organisations
environnementales cohabitent au Bénin, ce qui pourrait contribuer à exercer des
pressions, au sein de l'État, pour une application efficace du processus. Finalement,
le Bénin est un pays politiquement stable et démocratique, ce qui facilite l'exercice
de la loi et la participation des communautés locales et des ONG.
Plusieurs problèmes sont rencontrés dans la pratique de l'évaluation
environnementale (d'Alméida, 1999, 2001), notamment l'insuffisance d'expertise tant
pour l'étude que pour l'analyse, la faiblesse de la collaboration de certains ministères
clés, le faible niveau de conscience environnementale de la population ainsi que le
haut niveau d'analphabétisme et de pauvreté. Une évaluation de la mise en œuvre
de la procédure d’étude d’impact sur l’environnement au Bénin4 couvrant la période
1999-2003 (ABE, 2005), a montré que :
• au niveau de l’administration, la plupart des textes réglementaires qui datent
de l’année 2001, sont encore peu connus des administrations publiques y
comprises les structures décentralisées, de même que la procédure
administrative d’EIE qui n’est ni maîtrisée, par les structures publiques qui
devront orienter les promoteurs vers l’ABE, ni par les bureaux d’études qui
réalisent les EIE et encore moins par les promoteurs de projets. Dans la plupart
des secteurs, cette procédure n’est donc pas systématiquement exigée aux
promoteurs. De plus, les textes actuellement en vigueur pour la délivrance des
autorisations et/ou agréments dans les secteurs n’en font pas une obligation.
• au niveau des promoteurs privés la procédure est encore perçue, tout au plus,
comme une formalité à vite remplir pour avoir son autorisation. Les exigences de
rapidité souvent recherchées par eux auprès des bureaux d’étude en disent long.
De plus, les tarifs des bureaux d’études leur paraissent parfois fantaisistes.
Aucune norme n’existe dans le domaine. La plupart des bureaux d’études ont
une certaine connaissance de la réglementation mais l’information donnée aux
promoteurs est souvent hachée. Ils évitent en général de parler avec les
promoteurs de la question des redevances et c’est souvent lors du dépôt des
dossiers à l’ABE que cette information est donnée. Cette redevance paraît aussi
très élevée.
• au niveau des bureaux d’étude, la maîtrise de l’outil technique et de la
procédure administrative est encore approximative. Les bureaux ont du mal à
4 ABE, Evaluation de la mise en œuvre de la procédure d’étude d’impact au Bénin, Rapport, février 2005, P. 76