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L’objectif déclaré de la communauté internationale
est de limiter le réchauffement planétaire à 2°C au-
dessus du niveau préindustriel des années 1850. Un
réchauffement au-delà de cette limite entraînerait
des conséquences désastreuses pour tous les êtres
vivants et écosystèmes de notre planète, la science
est catégorique. Comme même une hausse de 2°C
pourrait avoir des conséquences désastreuses, il
serait évidemment plus sûr de tabler sur un plafond
de 1,5°C. Toutefois, comme ces deux limites sont
synonymes de renversement complet, nous nous
concentrons ici sur l’objectif "maximum 2°C" décidé
par la communauté internationale.
Le budget restant comme mesure scientifique
pour les politiques
L’une des nombreuses conclusions du GIEC se
révèle particulièrement intéressante: le budget
carbone. En raison du rapport bien défini entre
l’accumulation de gaz à effet de serre à longue
durée de vie dans l’atmosphère et la hausse de la
température qu’elle entraîne, il est possible de
déterminer combien de CO
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– de loin le plus
important des gaz à effet de serre – peut être rejeté
au total dans l’atmosphère afin de ne pas dépasser
une certaine température.
Les scientifiques ont conclu que le budget des
émissions de CO
2
dues à l’homme ne doit en aucun
cas excéder 2900 milliards de tonnes de CO2 afin
d'avoir 66% de chances d'éviter un réchauffement
de plus de 2°C
1
D’ici à ce que ce budget soit
entièrement épuisé, nous devons avoir appris à vivre
sans nouvelles émissions nettes de CO
2
. Comme
nous avons rejeté dans l’atmosphère près de 2'000
milliards de tonnes de CO
2
depuis le début de
l’ère industrielle jusqu’en 2013, la capacité
d’absorption restante à partir de 2014 est
estimée à 900 milliards de tonnes.
1
Le budget carbone restant sera uniquement
suffisant pour le tournant énergétique si nous
nous y mettons sans tarder. Pour
comparaison, la stabilisation des émissions
mondiales au niveau actuel entraînerait la
consommation de tout le budget mondial
restant en moins de 30 ans. Si la tendance
pour des émissions en hausse se poursuit, le
budget sera épuisé en moins de 20 ans.
Chaque pays est tenu de s’engager sans
tarder dans cette restructuration énergétique.
Par le passé, la Suisse a produit une quantité
excessive de gaz à effet de serre: alors que,
pour l’ensemble de la planète, l’homme a déjà
épuisé deux tiers de son budget, la Suisse a
consommé quatre cinquièmes du sien. À partir
de 2014 et pour toutes les années qui
suivront, nous disposons de tout juste 700
millions de tonnes de CO
2
. Un constat qui
n’est guère étonnant puisque pour devenir un
des pays les plus prospères au monde, la
Suisse s’est entièrement appuyée sur les
énergies fossiles et n’a jusqu’ici jamais réussi
à réduire ses émissions. Aujourd’hui, malgré
plusieurs décennies de débats sur le
réchauffement climatique, nous sommes
encore et toujours dépendants des énergies
fossiles. Actuellement, près de deux tiers de la
consommation énergétique suisse repose sur
des énergies fossiles.
2
Fiche d'information | L'énergie solaire en Suisse | Septembre 2015
S’endetter est dangereux
Le budget carbone restant
comme garde-fou pour les politiques
Les conclusions scientifiques sont sans équivoque: pour protéger la planète - et
donc aussi la Suisse - des conséquences catastrophiques du changement
climatique, nous devons stopper en seulement quelques décennies la
consommation d’énergies fossiles. Pour l’ensemble de la planète, le budget
carbone pour limiter le réchauffement climatique à un maximum de 2°C est déjà
épuisé aux deux tiers. La Suisse a même épuisé quatre cinquièmes de son
budget. Ce qui reste doit suffire pour mener à bien la restructuration complète
du système énergétique mondial. En raison de la surutilisation de l’atmosphère
faite par la Suisse par le passé, son engagement est particulièrement demandé.
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Source: Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat GIEC, 5e rapport, 2013: Summary for Policymakers du
Working Group 1, p. 27, http://ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg1/WG1AR5_SPM_FINAL.pdf
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Statistique globale de l’énergie 2014