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Greenpeace, Bureau francophone, 8 rue de Neuchâtel, 1201 Genève
Téléphone 022 907 72 72, Courriel: suisse@greenpeace.org
L’objectif déclaré de la communauté internationale
est de limiter le réchauffement planétaire à 2°C au-
dessus du niveau préindustriel des années 1850. Un
réchauffement au-delà de cette limite entraînerait
des conséquences désastreuses pour tous les êtres
vivants et écosystèmes de notre planète, la science
est catégorique. Comme même une hausse de 2°C
pourrait avoir des conséquences désastreuses, il
serait évidemment plus sûr de tabler sur un plafond
de 1,5°C. Toutefois, comme ces deux limites sont
synonymes de renversement complet, nous nous
concentrons ici sur l’objectif "maximum 2°C" décidé
par la communauté internationale.
Le budget restant comme mesure scientifique
pour les politiques
L’une des nombreuses conclusions du GIEC se
révèle particulièrement intéressante: le budget
carbone. En raison du rapport bien défini entre
l’accumulation de gaz à effet de serre à longue
durée de vie dans l’atmosphère et la hausse de la
température qu’elle entraîne, il est possible de
déterminer combien de CO
2
– de loin le plus
important des gaz à effet de serre – peut être rejeté
au total dans l’atmosphère afin de ne pas dépasser
une certaine température.
Les scientifiques ont conclu que le budget des
émissions de CO
2
dues à l’homme ne doit en aucun
cas excéder 2900 milliards de tonnes de CO2 afin
d'avoir 66% de chances d'éviter un réchauffement
de plus de 2°C
1
D’ici à ce que ce budget soit
entièrement épuisé, nous devons avoir appris à vivre
sans nouvelles émissions nettes de CO
2
. Comme
nous avons rejeté dans l’atmosphère près de 2'000
milliards de tonnes de CO
2
depuis le début de
l’ère industrielle jusqu’en 2013, la capacité
d’absorption restante à partir de 2014 est
estimée à 900 milliards de tonnes.
1
Le budget carbone restant sera uniquement
suffisant pour le tournant énergétique si nous
nous y mettons sans tarder. Pour
comparaison, la stabilisation des émissions
mondiales au niveau actuel entraînerait la
consommation de tout le budget mondial
restant en moins de 30 ans. Si la tendance
pour des émissions en hausse se poursuit, le
budget sera épuisé en moins de 20 ans.
Chaque pays est tenu de s’engager sans
tarder dans cette restructuration énergétique.
Par le passé, la Suisse a produit une quantité
excessive de gaz à effet de serre: alors que,
pour l’ensemble de la planète, l’homme a déjà
épuisé deux tiers de son budget, la Suisse a
consommé quatre cinquièmes du sien. À partir
de 2014 et pour toutes les années qui
suivront, nous disposons de tout juste 700
millions de tonnes de CO
2
. Un constat qui
n’est guère étonnant puisque pour devenir un
des pays les plus prospères au monde, la
Suisse s’est entièrement appuyée sur les
énergies fossiles et n’a jusqu’ici jamais réussi
à réduire ses émissions. Aujourd’hui, malgré
plusieurs décennies de débats sur le
réchauffement climatique, nous sommes
encore et toujours dépendants des énergies
fossiles. Actuellement, près de deux tiers de la
consommation énergétique suisse repose sur
des énergies fossiles.
2
Fiche d'information | L'énergie solaire en Suisse | Septembre 2015
S’endetter est dangereux
Le budget carbone restant
comme garde-fou pour les politiques
Les conclusions scientifiques sont sans équivoque: pour protéger la planète - et
donc aussi la Suisse - des conséquences catastrophiques du changement
climatique, nous devons stopper en seulement quelques décennies la
consommation d’énergies fossiles. Pour l’ensemble de la planète, le budget
carbone pour limiter le réchauffement climatique à un maximum de 2°C est déjà
épuisé aux deux tiers. La Suisse a même épuisé quatre cinquièmes de son
budget. Ce qui reste doit suffire pour mener à bien la restructuration complète
du système énergétique mondial. En raison de la surutilisation de l’atmosphère
faite par la Suisse par le passé, son engagement est particulièrement demandé.
1
Source: Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat GIEC, 5e rapport, 2013: Summary for Policymakers du
Working Group 1, p. 27, http://ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg1/WG1AR5_SPM_FINAL.pdf
2
Statistique globale de l’énergie 2014
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Le respect de ce budget exige des
corrections politiques urgentes
La politique climatique de la Suisse est
encore et toujours dominée par la
dépendance aux énergies fossiles. La
proposition du Conseil fédéral de réduire de
30% les émissions de CO2 par rapport à
1990 d'ici à 2030, et le rythme de réduction
décidé par le Parlement pour 2020
entraînent tous deux une surutilisation du
budget restant. Ainsi, dans seulement
14 ans le budget de la Suisse serait
épuisé alors que nous n’aurions atteint
qu’un tiers de la réduction des émissions.
Dès lors, nous devrions vivre au détriment
des budgets d’autres pays.
Mais les politiciens suisses sont rusés:
plutôt que d’avouer que la politique engagée
ne permet pas de rester en deçà de la limite
de 2 degrés, ils tentent de faire bonne figure
en recourant à des certificats d’autres pays.
Ainsi, la Suisse peut poursuivre son train de
vie comme si de rien n’était, tout en se
présentant officiellement comme une nation
écologique. En effet, elle respecte son
budget, du moins sur le papier. Mais on a
tendance à oublier que, globalement, les
certificats ne sont d’aucune aide.
Jusqu’à présent, les deux principaux
mécanismes de certificat (CDM et JI) se
sont même révélés plus nocifs que
bénéfiques. Une étude récente du réputé
Stockholm Environment Institute,
cofinancée par la Suisse, a établi que le
mécanisme JI pour l’échange de certificats
entre les pays de l’annexe 1 a conduit à
d’importantes émissions additionnelles.
Les certificats sont donc non seulement
inutiles, mais en plus ils sont dangereux.
Toutefois, une bonne nouvelle est à signaler:
nous avons la possibilité ainsi que le savoir-
faire nécessaire pour nous approvisionner
intégralement en énergies renouvelables.
L’étude de Greenpeace "Energy
[R]evolution" tout comme d’autres scénarios
démontrent ces possibilités. Une
transformation accélérée de notre système
énergétique permettra de préserver la
Suisse de l’effondrement prématuré du
budget carbone.
Fini les belles paroles: les pays riches
doivent montrer l’exemple!
Il est désormais clair que nous ne pouvons
plus nous permettre cinq nouvelles années
de politique climatique exemptes de
réduction effective des émissions de gaz à
effet de serre. Les petites astuces
comptables de l’OFEV n’ont aucune
influence sur le climat.
Au contraire, les riches pays industrialisés
comme la Suisse sont tout particulièrement
tenus d’agir puisque leur prospérité provient
pour l’essentiel de la surpollution de
l’atmosphère. Nous avons déjà utilisé
beaucoup plus que ce à quoi nous aurions
droit.
De plus, les pays industrialisés comme la
Suisse ont aussi les moyens de recourir aux
technologies modernes et au savoir-faire
pour réduire rapidement leurs émissions de
CO
2
.
Budget carbone pour la planète et la Suisse conformément au GIEC 2013
Période Budget carbone monde
millions t CO
2
Budget carbone Suisse
millions t CO
2
Remarque
Budget carbone pour l’ensemble des émissions de CO
2
anthropiques
1850-2100 2'900'000 3'410
Le budget global de 2'900'000 millions de tonnes
de CO
2
tient compte de l’effet des autres gaz à
effet de serre.
3
Supposition: part CH de la population mondiale
sur l’ensemble de la période = 0,12%
Émissions passées
1861-2013 2'000'000 2'710
Quatre cinquièmes du budget CH sont déjà
épuisés.
Budget carbone restant pour le monde et la Suisse
2014-2100 900'000 700 Une fois le budget épuisé, il ne devra plus y
avoir d’émissions nettes.
3
Si le CO2 était le seul gaz à effet de serre, le budget global se monterait à 3 670 000 millions de tonnes de CO2.
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Nous pouvons montrer qu’il est possible de
vivre sans énergies fossiles. Toutefois, nous
devons également fournir nos ressources
financières et notre savoir-faire aux pays du
tiers-monde qui, pour d’évidentes raisons
de protection du climat, n’ont plus la
possibilité de fonder leur développement
économique sur des ressources fossiles bon
marché.
Fin 2015, à l’occasion de la conférence de
Paris sur les changements climatiques, il
s’agira d’établir une clé de répartition
équitable pour ces engagements. D’ici 2050,
nous sommes à même de libérer totalement
le secteur de l’énergie des ressources
fossiles. Ce point et la conversion de
l’agriculture sont les deux éléments
principaux pour sauvegarder les moyens de
subsistance de l’humanité.
Greenpeace exige
:
un renforcement significatif de la
protection du climat avec pour objectif
une restructuration énergétique d’ici à
2050 se basant sur un
approvisionnement recourant à 100%
d’énergies renouvelables et donc exempt
d’énergies fossiles. Nous ne pouvons en
aucun cas dépasser le budget carbone
fixé à 2°C disponible pour stopper le
réchauffement climatique. Il est
indispensable de mettre en œuvre des
mesures draconiennes, comme par
exemple un abandon contraignant des
chauffages au mazout ou au gaz et des
limitations pour les véhicules
fonctionnant aux énergies fossiles.
L’objectif est d’utiliser le budget restant
pour totalement restructurer notre
système énergétique en fonction des
sources d’énergies renouvelables.
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