Actualités sur les médicaments dérivés du sang

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Revue
Hématologie 2008 ; 14 (1) : 36-47
Actualités sur les médicaments
dérivés du sang
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Current status of fractionated plasma products
Thierry Burnouf
Human Plasma Product Services
(HPPS),
18 rue Saint-Jacques,
59800 Lille
<[email protected]>
Résumé. La vingtaine de médicaments protéiques dérivés du plasma humain – au
nombre desquels se trouvent diverses fractions coagulantes, comme le facteur VIII, et
les immunoglobulines G – exercent une fonction thérapeutique essentielle, en
particulier dans le traitement substitutif de troubles hémorragiques ou immunologiques. Ces produits sont obtenus par le fractionnement industriel de lots de plusieurs
milliers de litres de plasma. Les procédures de fractionnement modernes combinent
généralement les techniques traditionnelles de précipitation et les méthodes plus
fines de chromatographie. Le niveau de pureté et de qualité de ces produits s’est
considérablement accru. Par leur origine humaine, ces produits sont une source
possible de transmission d’agents pathogènes. Toutefois, la marge de sécurité virale
des médicaments dérivés du sang n’a cessé de progresser au cours de ces
15 dernières années grâce, en premier lieu, à la maîtrise industrielle de procédés
d’inactivation et d’élimination virales, mais aussi à l’affinement des méthodes de
contrôle du plasma, particulièrement le dépistage génomique viral (DGV), et à la
rigueur des critères de sélection des donneurs. Ainsi, il n’y a pas eu de cas de
transmission de SIDA, ou d’hépatites B ou C par ces médicaments depuis près de
15 ans. La transfusion de concentrés globulaires s’est avérée être récemment, au
Royaume-Uni, la cause vraisemblable de 4 cas de transmission du prion induisant la
variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ). On n’a recensé toutefois à ce
jour aucun cas de transmission de vMCJ par les produits plasmatiques, vraisemblablement parce que les procédés de fractionnement ont, expérimentations à l’appui,
la capacité d’éliminer les doses infectieuses présumées faibles de l’agent infectieux
éventuellement présent dans le plasma. Cependant, la prudence reste de mise tant
que la nature du prion dans le sang ne sera pas pleinement élucidée. Dans un
contexte d’encadrement réglementaire très strict, le profil des médicaments dérivés
du sang répond aujourd’hui aux exigences de qualité les plus élevées requises pour
l’utilisation en thérapeutique humaine. Du fait de l’origine humaine, une vigilance
constante vis-à-vis de risques infectieux émergents est de mise.
Mots clés : médicaments, sang, plasma, virus, inactivation, prion
Hématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
doi: 10.1684/hma.2008.0200
36
Tirés à part :
T. Burnouf
Abstract. A range of about 20 medicinal protein products can be extracted from
human plasma. Among those are various coagulation factor concentrates, such as
factor VIII, and immunoglobulins preparations that are essential as replacement
therapy of bleeding and immunological disorders. These products are obtained by
the industrial fractionation process of batches of several thousands liters of plasma.
The current plasma fractionation technology combines the traditional cold ethanol
precipitation process with more specific chromatographic methods. The purity and
quality profile of these products has improved dramatically in the last few years.
Due to their human origin, these products can potentially transmit pathogenic
agents. However, the margin of safety against the risk of viral transmission has
improved in the last 15 years thanks to (a) the use of efficient industrial viral
inactivation and removal procedures, (b) the increasingly refined viral screening
tests performed of the plasma raw material, most specifically by nucleic acid
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testing, and (c) the increasingly selective criteria prevailing for donor screening.
There has been no transmission of AIDS, hepatitis B, nor hepatitis C by licensed
plasma products in the last 15 years. Recently, four cases of transmission of variant
Creutzfeldt-Jakob disease (vCJD) have been identified and ascribed to the infusion
of non leucoreduced red blood cell concentrates from donors who subsequently
developed the disease. However, to date, no case of transmission of prions by
plasma products have been observed, possibly because, as demonstrated by
experimental validation studies, several fractionation steps have the capacity to
remove the presumably low infectivity present in the plasma. Therefore, the risk of
transmission of vCJD by human plasma products appears very remote, but caution
should prevail since the biochemical nature of the infectious agent in human blood
is still unknown. Under current regulations, licensed fractionated plasma products
are among the safest therapeutic biological products available. Still, constant
vigilance against emerging human pathogenic agents is in place.
Key words: plasma products, blood, virus, inactivation, prion
L
e plasma humain contient un nombre important
de protéines qui se révèlent essentielles à la
régulation et à l’équilibre des processus physiologiques de l’organisme. La fonction de certaines de ces protéines est apparue clairement
quand un lien de cause à effet a été établi entre l’existence
d’un déficit congénital ou acquis et la survenue d’une pathologie. Parmi les plusieurs centaines de protéines identifiées
dans le plasma, plus d’une vingtaine sont aujourd’hui extraites industriellement et utilisées comme médicament, en particulier à titre de thérapeutique substitutive consistant à restaurer chez le malade un taux circulant plasmatique normal.
La figure 1 est une représentation de la composition protéique du plasma humain ; elle illustre la diversité tant qualitative que quantitative du plasma, mais aussi le défi technologique présenté par l’extraction de certaines de ces protéines
présentes à l’état de traces.
Au fil des 15 dernières années, le fractionnement plasmatique a poursuivi sa mutation et son évolution, tout particulièrement pour assurer au mieux la sécurité virale et, plus globalement, la qualité des produits [1]. Aujourd’hui, il s’inscrit, sans
conteste, parmi les disciplines les plus avancées et les plus
exigeantes de l’industrie biopharmaceutique. Cet article fait
le point sur le mode de production et sur les caractéristiques
de ces produits essentiels, de même que sur l’état des
connaissances et sur les progrès accomplis dans la maîtrise
des risques de transmission de virus et de prions.
Fractionnement plasmatique
Situation mondiale
Le processus industriel complexe permettant l’extraction des
produits plasmatiques est appelé « fractionnement plasmatique ». Le volume de plasma fractionné se monte à environ 25
millions de litres à l’échelle mondiale, dont environ 600 000
litres en France. Les phases d’extraction des protéines sont
réalisées à grande échelle dans des usines de haute technoloHématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
gie dénommées « centres de fractionnement ». On dénombre environ 70 centres dans le monde, dont 3 en France, 2
d’entre eux étant localisés aux Ulis et à Lille et regroupés au
sein du Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB).
La plupart des centres de fractionnement se trouvent dans des
pays industrialisés ou émergents [2]. Dans l’Union européenne, on trouve des centres de fractionnement en Allemagne, en Angleterre, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en
Hollande, en Hongrie, en Italie, et en Suède. Ailleurs, des
centres de fractionnement existent en Australie, en Chine,
aux Etats-Unis, au Japon, et en Suisse. Le Brésil, l’Iran, la
Russie et l’Inde envisagent la construction d’un centre de
fractionnement afin de subvenir au moins partiellement à
leurs besoins en produits plasmatiques. L’insuffisance de
production et le coût conduisent à une disparité marquée
dans l’usage clinique de ces produits entre le monde industrialisé et les pays en voie de développement.
Collecte du plasma pour fractionnement
Le plasma pour fractionnement peut être préparé soit à partir
de dons de sang total (cas majoritaire en France), soit à partir
de dons de plasma par aphérèse (procédure utilisée majoritairement aux Etats-Unis pour la collecte auprès de donneurs
rémunérés). Dans le cas d’une collecte de sang total, le don
doit subir une ou plusieurs étapes de centrifugation afin de
séparer le plasma des composants cellulaires (tout particulièrement les globules rouges). Les centres de collecte sont soit
sous le contrôle direct des fractionneurs (c’est le cas par
exemple de centres de plasmaphérèse localisés aux EtatsUnis), soit d’établissements de transfusion (comme en France)
qui ont des contrats de fourniture de plasma avec le fractionneur. Dans tous les cas de figure, la collecte et la préparation
du plasma pour fractionnement font l’objet d’un cadre réglementaire très strict, sous le contrôle des autorités nationales
de santé. Des critères particuliers sont appliqués pour la
préparation de plasmas « spécifiques » (hyper-immuns) renfermant un titre élevé en anticorps neutralisants dirigés contre
37
Fibrinogène
5,07 %
Alpha-2 macro
4,40 %
IgG
20,29 %
Autres
1,69 %
Alpha-1 AT
2,54 %
Fibronectine
0,51 %
Antithrombine
0,34 %
Plasminogène
0,34 %
Prothrombine
0,25 %
C1-inhibiteur
0,29 %
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vWF
0,02 %
g
FXI
0,01 %
FIX
0,01 %
PC
0,01 %
Albumine
64,25 %
FVII
< 0,00 %
FVIII
< 0,00 %
Figure 1. Composition schématique du plasma humain révélant sa diversité tant qualitative que quantitative en protéines. L’albumine,
protéine majoritaire, est présente à une concentration de l’ordre de 40 g/L tandis que certains facteurs de coagulation représentent moins
de 1 mg/L.
des antigènes sanguins (facteur rhésus ou antigène D) ou des
agents infectieux (par exemple le virus de l’hépatite B) [3]. Le
plasma pour fractionnement doit de préférence être congelé
rapidement (dans la pratique, généralement à - 30 °C) dans
les 24 heures, et mieux dans les 8 heures après la collecte
afin de bien préserver les facteurs de la coagulation, dont le
facteur VIII. La chaîne du froid, en particulier lors du transport
chez le fractionneur, doit être assurée.
Technologies de fractionnement
38
La méthodologie de fractionnement utilisée de nos jours
s’inspire encore beaucoup du procédé historique débutant
par la cryoprécipitation, qui est une décongélation du
plasma à basse température pour isoler le cryoprécipité
enrichi en facteur VIII, en facteur Willebrand et en fibrinogène. Les protéines de la fraction surnageante (surnageant
de cryoprécipité) sont séparées par précipitations séquentielles en présence d’éthanol, tel que mis au point par les équipe
de Cohn [4], puis de Kistler and Nitschman [5]. Le degré de
complexité des procédés de fractionnement s’est accru au fur
et à mesure que de nouveaux produits ont été développés à
partir des différentes fractions issues de cette méthodologie
de base. Le fractionnement plasmatique moderne s’est donc
adjoint des procédés de purification chromatographiques
qui permettent l’isolement de nouveaux produits (facteurs de
coagulation, anticoagulants, inhibiteurs de protéase) à des
niveaux de pureté élevés.
Dans la pratique, le fractionnement plasmatique s’opère
généralement de la manière suivante. La taille des lots de
fractionnement est de l’ordre de 2 000 à 4 000 L, soit
environ 10 000 dons. Les poches de plasma congelé sont
découpées dans des conditions hygiéniques strictes. Les
plasmas sont mélangés pour l’étape de cryoprécipitation
industrielle réalisée à 1- 4 °C. Le cryoprécipité est recueilli et
généralement recongelé en attente de transformation ultérieure. Le surnageant de cryoprécipité est traité immédiatement par chromatographie d’échange d’anions pour l’extraction des composants du complexe prothrombique (les
facteurs de la coagulation vitamino-K dépendants II, VII, IX, et
X, de même que les protéines anticoagulantes C et S).
La fraction plasmatique non adsorbée peut être soumise à
une chromatographie d’affinité sur gel d’héparine immobilisée pour fixer l’antithrombine ou sur un échangeur d’anions
pour la capture d’une fraction enrichie en inhibiteur de la
C1-estérase (C1-inhibiteur). Le plasma non adsorbé est
ensuite soumis aux étapes de fractionnement à l’éthanol à
Hématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
des concentrations comprises entre 8 et 40 % et dans des
conditions de pH, de température et d’osmolalité définies. Les
précipités obtenus sont séparés, par centrifugation ou filtration, et permettent l’isolement de fractions enrichies en fibrinogène, en immunoglobulines G, en alpha-1 antitrypsine ou
en albumine. Selon les procédés, ces fractions sont purifiées
par des étapes complémentaires de précipitation éthanoliques ou par chromatographie. Un exemple de procédé de
fractionnement est reproduit en figure 2.
Sécurisation virale
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Agents pathogènes
Divers agents infectieux pathogènes peuvent être présents
dans le sang [3, 6, 7]. Les agents bactériens et parasitaires,
de même que les virus strictement intracellulaires, ne créent
pas de risque infectieux pour les produits plasmatiques, en
particulier du fait de leur destruction lors de la congélation du
plasma et de leur élimination par les nombreuses étapes de
filtration (jusqu’à 0,2 lm) réalisées au cours de fractionnement. Le cas spécifique des prions est abordé plus loin.
Les caractéristiques des virus pathogènes transmissibles par
les produits sanguins et les médicaments dérivés du plasma
sont rappelées dans le tableau 1. Les virus les plus pathogènes transmissibles par les produits plasmatiques (en
l’absence de traitements d’inactivation virale) sont le virus de
l’immunodéficience acquise (VIH) et les virus des hépatites B
et C, tous munis d’une enveloppe lipidique. Les virus de
l’hépatite A et le parvovirus B19, non enveloppés, peuvent
aussi être transmis par certains produits (en particulier les
fractions coagulantes) [1, 8]. Divers virus émergents enveloppés (dont le virus du Nil Occidental) peuvent être présents
dans le plasma, mais les procédures actuelles de fabrication
des médicaments dérivés du sang (en particulier les traitements de réduction virale) paraissent éviter les risques de
transmission [9]. Les virus leucotropes, notamment des virus
de la famille des Herpesviridae (cytomégalovirus, virus d’Epstein Barr [EBV], virus herpès humain 8 [VHH-8]) et le virus
HTLV (Human T cell Leukemia/lymphoma Virus) sont transmissibles par les produits labiles cellulaires, mais non par les
produits plasmatiques.
Une panoplie de moyens, résumée dans le tableau 2 et
développée ci-dessous, a été mise en place pour assurer un
degré maximum de sécurité virale des médicaments dérivés
du sang. Celle-ci s’articule à trois niveaux :
– réduction maximale de la charge virale dans le lot de
plasma pour fractionnement par des procédures de sélection
Tableau 1
Caractéristiques et risques de transmission avérés
(en l’absence de traitements d’inactivation virale) de virus potentiellement présents dans le sang humain
Virus
Epstein-Barr
Cytomegalo
Herpès humain 8
Immunodéficience humaine
Human T cell Leukemia I & II
Simian foamy
SRAS
Nil occidental
Hépatite G
Hépatite C
Dengue
TT
Hépatite B
Hépatite E
Hépatite Delta
Hépatite A
Parvovirus B19
Famille
Herpès
Herpès
Herpès
Rétro
Rétro
Rétro
Corona
Flavi
Flavi
Flavi
Flavi
Circo
Hépadna
Hépe
Delta
Picorna
Parvo
Génome Enveloppe
ADN db
ADN db
ADN db
ARN sb
ARN sb
ARN sb
ARN sb
ARN sb
ARN sb
ARN sb
ARN sb
ADN sb
ADN db
ARN sb
ARN sb
ARN sb
ADN sb
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
E
NE
E
NE
NE
Taille
(nm)
120-220
180-200
120-200
80-100
80-100
80-100
60-220
40-60
40-60
40-50
40-50
30-50
40-48
35-39
36
27-32
18-26
Risques de transmission théorique
Produits
cellulaires
non viroinactivés
+
+
+
+
+
?
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
Plasma pour Médicaments
transfusion
dérivés du
non viroplasma1
inactivé
+
(+)
?
(-)
?
(-)
?
(-)
+
(+)
+
(+)
?
(-)
+
(+)
+
(+)
+
(+)
+
(+)
+
(+)
+
(+)
1
La mise en place depuis près de 20 ans de traitements industriels de réduction virale a évité les risques de transmission de nombreux virus émergents par les
médicaments du sang.
E : enveloppé ; NE : non enveloppé ; + : cas documentés de transmission ; - : absence de transmission ; ? : risques de transmission incertains ou inconnus ; (+) :
risques de transmission connus ou vraisemblables en l’absence de procédures de réduction virale ; (-) : transmission virale vraisemblablement évitée grâce aux
procédés de réduction virale déjà en place ; sb : simple brin ; db : double brin.
Hématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
39
40
Hématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
(FvW)
(Chauffage à sec)
FVIII
(Nanofiltration)
CEI
CIA + CEI
CES
Héparine immobilisée
Inactivation virale
(Fib)
Alpha-1 antitrypsine
(Nanofiltration)
CES
Inactivation virale
CEI
Pasteurisation
Albumine
Fraction V
Fraction IV
Supernageant (I+) II+III
CEI
Précipitation (I+) II + III
Héparine immobilisée
(CEI)
(Fraction I)
Surnageant de cryoprécipité
IgG IM/IV
Nanofiltration
Inactivation virale
Précipité II
Précipitation III
Précipité (I+) II+III
Antithrombine
Inactivation virale
PPSB
(Nanofiltration)
CEI
(Chauffage à sec)
Inactivation virale
Eluat CEI
(Fib)
FVII
FIX
Nanofiltration
Héparine immobilisée ou CIA
Protéine C
Figure 2. Schéma de fractionnement industriel du plasma humain pour la fabrication des médicaments dérivés du sang (d’après [15]).
Fib : fibrinogène ; FvW : facteur von Willebrand ; FVIII : facteur VIII ; FIX : facteur IX ; FVII : facteur VII ; PPSB : complexe prothrombique ; CEI : chromatographie d’échange d’ions ;
CES : chromatographie d’exclusion stérique ; CIA : chromatographie d’immuno-affinité ; () : étape optionnelle.
(Fib)
Précipitation/adsorption
Cryoprécipité
Cryoprécipitation
Mélange plasmatique industriel
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Tableau 2
Mesures de prévention des principaux risques viraux associés aux médicaments dérivés du sang
Virus
Etablissement de transfusion
Sélection
Dépistage
des donneurs
des dons1
VIH 1 et 2
VHB
VHC
Parvovirus B9
VHA
+
+
+
-
+
+
+
-
Centre de fractionnement
Contrôle des
Etapes
Elimination
lots de plasma2
d’inactivation
virale par
virale3
nanofiltration4
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
(+)
+
+
(+)
+
1
Recherche des marqueurs sérologiques (et, de plus en plus fréquemment, de marqueurs génomiques) sur les dons unitaires.
Recherche des marqueurs sérologiques (anti-VIH 1 et 2, antigène HBs, anti-VHC) et génomiques (VIH 1 et 2, VHB, VHC, parvovirus B19, et VHA) sur des
prémélanges (« mini-pools ») de plasma et sur le lot industriel pour fractionnement.
3
Le plus souvent par traitement solvant-détergent (facteurs de la coagulation, immunoglobulines), pasteurisation (albumine) et pH acide (immunoglobulines) ; ces
traitements sont particulièrement efficaces contre les virus enveloppés.
4
Membranes filtrantes de 35, 20 ou 15 nm.
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2
des donneurs et de collecte rigoureuses, le dépistage de
chaque don de sang ou de plasma, et le dépistage de
marqueurs viraux dans les lots de plasma pour fractionnement ;
– procédures d’inactivation et de réduction virales durant le
fractionnement [1, 7] ;
– application des principes des bonnes pratiques de fabrication à tous les stades de la production et mise en place des
exigences réglementaires.
Sélection des donneurs
Pour des questions de sécurité et de traçabilité, les exigences
réglementaires relatives à la fabrication des médicaments
dérivés du sang s’opèrent dès le stade de la collecte. Comme
publié récemment par l’OMS [3], les normes de sélection et
de production du plasma destiné au fractionnement peuvent
se différencier de celles requises pour le plasma frais congelé
(destiné à la transfusion) et doivent répondre aux exigences
des bonnes pratiques de fabrication.
L’aptitude au don de sang ou de plasma pour le fractionnement est définie selon des critères très réglementés qui intègrent l’information et la responsabilisation des candidats
donneurs, la signature d’un questionnaire confidentiel expliquant les facteurs de risque, l’entretien avec un médecin, et
l’analyse de l’historique des dons antérieurs. Ce processus
vise à exclure du don de sang ou de plasma des personnes
qui présenteraient des risques de maladies. Les critères
d’exclusion des donneurs sont actualisés au fur et à mesure
de l’évolution de la connaissance, en particulier vis-à-vis des
risques infectieux spécifiquement associés au plasma.
La nécessité réglementaire du don bénévole en France constitue un prérequis intangible et explique, sauf besoin thérapeutique justifié, le non-accès au marché national d’autres médicaments dérivés du sang préparés à partir de plasma de
donneurs rémunérés.
Dépistages sérologiques
En conformité avec les recommandations applicables à
l’échelle internationale [3] sous la responsabilité des autoriHématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
tés réglementaires locales, chaque unité de plasma destinée
au fractionnement doit être négative vis-à-vis des marqueurs
suivants : anti-VIH 1 et 2, anti-VHC, et antigène HBs. Les
trousses de dépistage utilisées pour la recherche de ces
marqueurs doivent être homologuées par l’autorité sanitaire
de référence et approuvées par le fractionneur. Toute unité
positive pour l’un de ces marqueurs doit être détruite. Il faut
noter que la recherche de l’anti-HTLV n’est pas requise pour le
plasma de fractionnement du fait de l’absence de risque
d’infectiosité des produits plasmatiques vis-à-vis de ce virus.
Par ailleurs, il est possible d’utiliser pour le fractionnement
une unité de plasma réactive vis-à-vis des anticorps anti-HBc
pour peu qu’elle soit également négative pour l’antigène HBs
et que le titre en anticorps anti-HBs soit suffisamment élevé
[3]. Le bien-fondé de cette disposition est d’éviter l’élimination d’unités plasmatiques riches en anticorps neutralisant du
virus de l’hépatite B et à ce titre bénéfiques à la sécurité des
produits fractionnés.
Malgré la sensibilité des trousses de dépistage viral, il n’en
demeure pas moins un risque résiduel mineur d’introduction
d’un don contaminé dans le mélange plasmatique. Ce risque
résiduel est lié à 4 facteurs [10] : l’erreur technique, un don
provenant d’un sujet très récemment infecté (« fenêtre silencieuse »), un don infectieux séronégatif chez un porteur
chronique, et plus rarement, un variant viral non reconnu par
certains réactifs.
Dépistage génomique viral
Le dépistage génomique viral (DGV) vis-à-vis de virus tels que
le VIH, le VHB, et le VHC, est mis en place dans plusieurs
pays, dont la France, dans le cadre de la qualification
biologique des dons de sang total. Des DGV complémentaires peuvent aussi être réalisés par les fractionneurs afin
d’éliminer avant l’étape de mélange industrielle des unités de
plasma pour fractionnement d’éventuels dons infectieux.
Cette mesure vise donc avant tout à éviter le fractionnement
de dons en phase présérologique prélevés chez des personnes récemment infectées par les virus VIH, VHB ou VHC. De
41
plus, la plupart des fractionneurs réalisent des tests DGV de
recherche du VHA et du parvovirus B19 qui ne sont pas
détectés en amont sur les dons individuels [11]. Dans la
plupart des cas de figure, ces tests sont faits sur des prémélanges plasmatiques (« mini-pools ») qui miment le mélange
industriel prévisionnel. En cas de réactivité du test, le don
positif est recherché et éliminé, évitant ainsi son intégration
dans le mélange plasmatique industriel.
Contrôles des lots de plasma industriel
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Les lots de plasma sont eux-mêmes contrôlés lors des premières étapes de fabrication (contrôle du surnageant de cryoprécipité) afin de confirmer l’absence des marqueurs sérologiques et/ou génomiques vis-à-vis des virus VIH, VHB, VHC,
VHA, et parvovirus B19. En cas de positivité vis-à-vis de l’un
de ces marqueurs, le lot de plasma serait détruit.
Procédés de réduction virale
42
L’ensemble des mesures sécuritaires décrites ci-dessus vise à
réduire le risque d’introduction d’un don contaminé par des
virus connus et ainsi à en réduire la charge infectieuse dans le
plasma de départ. Par ailleurs, il est concevable que des
dons contaminés par des virus émergents puissent être intégrés dans le lot de plasma pour fractionnement. Ces faits
donnent toute leur importance aux procédés d’inactivation et
d’élimination virale mis en place lors des étapes de fractionnement. Ces procédés se sont révélés essentiels pour éliminer
les risques de transmission de VIH, VHB et VHC, ainsi que
pour prévenir la transmission de virus émergents comme le
virus du Nil Occidental [9, 12]. La complémentarité existante
entre les tests DGV et les méthodes de réduction virale est
mise en évidence en particulier dans la réduction des risques
de transmission des virus non enveloppés résistants comme le
parvovirus B19 [13].
Tout produit plasmatique doit être soumis à au moins un
traitement efficace et validé dans sa capacité d’inactivation
(destruction) des virus. Dans la pratique, et en accord avec
les recommandations des autorités réglementaires, la plupart
des produits plasmatiques sont soumis à deux traitements
sélectifs validés [14] permettant l’inactivation et/ou l’élimination des virus. Le traitement princeps, souvent un procédé
chimique (solvant-détergent ou SD) ou thermique (pasteurisation), a généralement pour fonction d’assurer l’inactivation
des virus les plus pathogènes (VIH, VHB, et VHC), tandis que
le second (chauffage à sec, nanofiltration) vise l’inactivation
ou l’élimination des virus non enveloppés (VHA et parvovirus
B19). La gamme des méthodes d’inactivation virale a relativement peu évolué depuis notre revue précédente à laquelle
les lecteurs peuvent se référer [1]. Les caractéristiques de ces
traitements peuvent aussi être trouvées ailleurs [7, 15].
Les procédés de nanofiltration sur des membranes de 15 à
75 nm permettant une rétention efficace des virus [16, 17]
sont plus récents et se sont généralisés à un nombre de plus
en plus important de produits plasmatiques. Il n’y a pas eu de
cas de transmission de VIH, VHB ou VHC par un produit
plasmatique viro-inactivé par des procédures validées depuis
près de 15 ans [7]. A ce jour, le risque de transmission
d’autres virus par les produits plasmatiques est extrêmement
faible [7].
Mesures de protection
contre les prions
Les travaux scientifiques ont établi que la maladie du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) a sa
source vraisemblable dans la consommation d’aliments
contaminés par le prion responsable de l’encéphalopathie
spongiforme bovine (ESB). Des données récentes montrent
que ces prions semblent aussi être transmissibles par transfusion de produits sanguins labiles [18] On a en effet attribué à
ce jour 4 cas de vMCJ au Royaume-Uni à la transfusion de
concentrés globulaires non déleucocytés (la déleucocytation
est un procédé de filtration qui retient les leucocytes lors de la
préparation de composants sanguins) provenant de donneurs ayant ultérieurement développé des signes de maladie.
Deux de ces cas sont symptomatiques, le troisième est de
nature pré- ou subclinique [19].
La possibilité de transmission de vMCJ par des produits
labiles pose en retour la question de la sécurité des médicaments stables dérivés du plasma. La problématique est, dans
le principe, accentuée par trois facteurs : l’absence actuelle
de méthode validée de dépistage de prions dans les dons de
sang ou de plasma, le volume important des lots de plasma
utilisés pour leur fabrication qui pourrait conduire à la
contamination des produits finis si un don infectieux est
introduit dans le mélange industriel, et la résistance des
prions aux techniques d’inactivation des virus. On n’a cependant pas identifié à ce jour de cas de transmission de vMCJ
par les produits plasmatiques industriels. Diverses mesures de
prévention paraissent jouer un rôle inégal, mais sans doute
cumulatif, dans l’absence probable de risque infectieux des
produits plasmatiques industriels vis-à-vis de ces agents.
Ces mesures sont rappelées ci-dessous, plus de détails étant
disponibles dans deux autres articles [20, 21].
Contrôle épidémiologique et mesures
d’exclusion des donneurs
Un contrôle épidémiologique de la population est d’ores et
déjà exercé dans les pays où des cas de vMCJ et/ou d’ESB
ont été identifiés. Il permet de répertorier et d’analyser tout
cas d’infection recensé. Le risque d’exposition paraît être
directement lié à la prévalence de l’ESB dans les populations
bovines locales, de même qu’au risque de contamination des
aliments locaux ou importés. Une rétrospective menée au
Royaume-Uni par analyse histochimique d’amygdales et
d’appendices laisse penser que le nombre de porteurs
asymptomatiques pourrait être plus élevé qu’initialement
considéré [22], mais des données complémentaires sont en
cours d’acquisition dans ce pays de même qu’en Suisse.
Hématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
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Des mesures d’exclusion du don du sang d’individus à risque
d’infection par le prion ont été mises en place dans certains
pays, dont la France. C’est ainsi que des pays ont décidé
d’exclure les personnes qui sont allées ou ont résidé au
Royaume-Uni ou dans certains autres pays européens pour
au moins 3 mois ou un an entre 1980 et 1996, période « de
pointe » de l’épidémie d’ESB. Pour éviter des transmissions
en chaîne, les personnes transfusées ou transplantées ne
peuvent plus faire don de leur sang en France (depuis 1998),
au Royaume-Uni (depuis 2005), et en Irlande, aux Pays-Bas,
et en Suisse. Des pays comme le Canada, l’Autriche, l’Italie et
les Etats-Unis excluent des personnes transfusées dans des
pays où des cas d’ESB ou de vMCJ ont été répertoriés [23].
Certains pays ne prélèvent plus les donneurs qui ont donné
leur sang à des personnes qui ont ensuite développé la vMCJ
pour une raison non identifiée.
transmission de vMCJ par les produits plasmatiques paraît
donc très mince, même s’il faut relativiser la valeur scientifique de ces études expérimentales car la méconnaissance
actuelle de la nature de l’agent infectieux dans le sang ne
permet pas de juger de leur valeur prédictive. Le risque de
transmission de prions par le sang a fait l’objet d’une consultation internationale récente coordonnée par l’OMS [23].
Déleucocytation du plasma
Fractions coagulantes
La décision de limiter le contenu du plasma pour fractionnement à moins de 106 leucocytes par litre dans des pays
comme la France [24] s’inscrit dans une logique scientifique
qui, à l’origine, a fait considérer que ces cellules sanguines
étaient le vecteur privilégié de transmission de l’agent infectieux responsable de la vMCJ. Cette faible contamination
leucocytaire s’obtient soit par filtration de sang total sur des
filtres à déleucocyter, soit par collecte de plasma en utilisant
des procédures d’aphérèse adaptées. Toutefois, la portée de
cette mesure en matière de sécurité des produits plasmatiques
est relativisée par des expérimentations récentes dans un
modèle animal d’infectiosité endogène. En effet, la réduction
de l’infectiosité n’est que de l’ordre de 50 % lors de la
déleucocytation de sang total collecté chez des hamsters
infectés par une souche de prion (scrapie-263K) [25].
Les fractions coagulantes sont utilisées prioritairement en
thérapeutique substitutive, pour la prévention ou le traitement
des hémorragies associés à des déficits constitutionnels spécifiques ou globaux en facteur de la coagulation.
Elimination des prions
lors du fractionnement
L’élimination de la protéine prion pathologique (récemment
dénommée PrPTSE [23]) au décours des étapes de fractionnement a fait l’objet, ces dernières années, de nombreuses
études expérimentales reposant le plus souvent sur des épreuves de surcharge par des extraits de cerveaux d’animaux
infectés par une souche d’ATNC (modèles exogènes) [21].
Ces travaux concourent à établir que plusieurs étapes de
fractionnement (précipitations en présence d’éthanol, filtrations en profondeur, chromatographies) contribuent à une
élimination importante des prions. Cette élimination semble
s’expliquer par les caractéristiques d’hydrophobicité et
d’agrégabilité de l’agent infectieux. De plus, les étapes de
nanofiltration sur des membranes multicouches d’une porosité de 75 nm ou moins, déjà couramment employées pour
l’élimination de virus, paraissent également très efficaces
dans l’élimination des prions, sans doute par un mécanisme
d’exclusion stérique et de piégeage dans le filtre. Le risque de
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Caractéristiques des médicaments
du sang
Les principaux médicaments dérivés du plasma humain disponibles au monde et leurs indications cliniques sont rappelés dans le tableau 3. Les produits plus particulièrement
disponibles en France sont détaillés ci-dessous.
Facteur VIII
Les concentrés de facteur VIII sont utilisés dans le traitement et
la prophylaxie des épisodes hémorragiques chez les patients
atteints d’un déficit congénital en facteur VIII (dénommé
hémophilie A). Du fait de leur mode de production, généralement fondé sur des procédés chromatographiques d’immunoaffinité ou d’échange d’anions, ces produits présentent une
pureté élevée. Ils sont pour la plupart au moins partiellement
appauvris en facteur Willebrand ce qui ne permet pas une
utilisation thérapeutique chez les personnes atteintes de la
maladie de Willebrand. On trouve cependant encore sur le
marché international quelques concentrés dits de « pureté
intermédiaire » (activité spécifique de l’ordre de 1 à
5 IU/mg) qui peuvent éventuellement être prescrits dans les
déficits en facteur Willebrand. La plupart des concentrés
modernes sont soumis à deux procédés de réduction virale,
par exemple SD et nanofiltration, ou SD et chauffage à sec.
Certains produits sont pasteurisés. Un résumé détaillé et
régulièrement actualisé des caractéristiques des concentrés
de facteur VIII (et des autres facteurs de la coagulation) est
disponible sur Internet [26]. Des données rétrospectives laissent entendre que des préparations de facteur VIII de haute
pureté renfermant du facteur Willebrand pourraient être
moins immunogènes que des préparations de facteur VIII
recombinant [27]. Toutefois, des études complémentaires
restent nécessaires pour le confirmer.
Facteur Willebrand
La France est un des rares pays bénéficiant d’un concentré
spécifique de haute pureté contenant très peu de facteur VIII
43
Tableau 3
Principaux médicaments dérivés du sang disponibles dans le monde et leurs indications thérapeutiques (d’après [3])
Classes
Facteurs de la
coagulation
Protéines
Indications
Fibrinogène (Facteur I)
Facteur VII
Facteur VIII
Facteur IX
Facteur XI
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Facteur XIII
Facteur Willebrand
Complexe prothrombique ou PPSB
(facteurs II, VII, IX, X)
Complexe prothrombinique activé
Colles biologiques (fibrinogène et thrombine)
A- ou hypofibrinogénémie
Déficits en facteur VII
Déficits en facteur VIII (hémophilie A)
Déficits en facteur IX
(hémophilie B)
Déficits en facteur XI
(hémophilie C)
Déficits en facteur XIII
Déficits en facteur Willebrand (type 3 et formes
sévère de type 2)
Déficit global et sévère en facteurs vitamine K
dépendants
Hémophilie A ou B associées à la présence
d’anticorps dirigés contre le FVIII ou le FIX)
Biomatériaux topiques d’usage chirurgical à
pouvoir hémostatiques, de collage, d’adhésion et
favorisant la cicatrisation des tissus.
Inhibiteurs de protéases
Alpha-1 antitrypsine
Inhibiteur de la C1-estérase
Antithrombine
Traitement substitutif des formes graves de déficit
primitif en alpha-1 antitrypsine chez les sujets de
phénotype PiZZ ou PiSZ avec emphysème
pulmonaire
Œdème angioneurotique
Déficits constitutionnels en antithrombine
Protéine C
Déficits en protéine C
Normal (polyvalent)
Traitement des déficits immunitaires. Prévention de
certaines infections
Prévention de l’hépatite B
Prévention ou traitement du tétanos
Prévention de l’allo-immunisation fœtomaternelle
Rh(D) chez les femmes Rh(D)-négatif.
Prévention de la rage
Protéines anticoagulantes
Immunoglobulines
Immunoglobulines G
pour usage
intramusculaire
Hépatite B
Tétanos
Rho (D)
Rage
Immunoglobulines G
pour usage intraveineux
Normales (polyvalentes)
Traitement des déficits immunitaires et traitements
immunomodulateurs
Prévention de l’infection à CMV
Prévention de l’hépatite B (greffes de foie)
Prévention de l’allo-immunisation fœtomaternelle
Rh(D) chez les femmes Rh(D)-négatif
Cytomégalovirus (CMV)
Hépatite B
Rho (D)
Immunoglobulines M
Préparation d’immunoglobulines G enrichies
en immunoglobulines M
Albumine
44
(< 10 %) pour le traitement de la maladie de Willebrand.
Le produit est indiqué dans le traitement préventif et curatif de
la maladie de Willebrand quand la desmopressine est inefficace ou contre-indiquée. Le concentré est obtenu par chromatographie d’échange d’anions et d’affinité, et est à soumis à
3 traitements spécifiques d’inactivation virale par SD, nanofiltration, et chauffage à sec.
Choc septique; fixation d’endotoxines
Restauration et maintien volumique
Fibrinogène
Les concentrés de fibrinogène sont obtenus par précipitation
et/ou chromatographie du cryoprécipité ou d’une fraction
éthanolique obtenue en amont de la production de l’albumine et des immunoglobulines. Son inactivation virale est
réalisée par SD ou pasteurisation. Il est prescrit dans certaiHématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
nes complications associées à l’afibrinogénémie constitutionnelle, l’hypofibrinogénémie très sévère (< 0,5-0,8 g/L), des
syndromes hémorragiques associés à une hypofibrinogénémie profonde, et dans le cadre de traitement de prophylaxie
de risque hémorragique avec hypofibrinogénémie induite
par la L. Asparaginase.
Le deuxième, de haute pureté, est purifié par chromatographie et traité par SD et nanofiltration 15 nm. Ces deux
produits sont prescrits chez les patients présentant un déficit
congénital sévère en facteur XI de la coagulation, soit à titre
curatif en cas d’accident hémorragique, soit à titre préventif
en cas d’intervention chirurgicale majeure. Des suspicions de
risque thrombogène font limiter la dose injectée à 30 U/kg.
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Facteur IX
Les concentrés de facteur IX de haute pureté ne renferment
que le facteur IX. A ce titre, ils sont utilisés spécifiquement
dans le traitement et la prophylaxie des épisodes hémorragiques chez les patients souffrant d’hémophilie B (déficit en
facteur IX). Ces concentrés sont purifiés par une combinaison
de méthode chromatographique d’échange d’anions, d’affinité et/ou d’immuno-affinité qui assure le degré de pureté
requis pour éviter les risques de complications thrombogènes
associées dans le passé à l’usage des concentrés du complexe prothrombique. Les procédés de réduction virale préférentiels combinent généralement un procédé chimique (tel
que le traitement SD) et la nanofiltration, mais des produits
sont aussi pasteurisés ou soumis à un traitement de chauffage
à sec.
Complexe prothrombique
Le complexe prothombique (ou PPSB), qui renferme les facteurs de la coagulation II, VII, IX, et X est utilisé dans la
prévention ou le traitement des accidents hémorragiques en
cas de déficit global et sévère en facteurs vitamino-Kdépendants (comme lors d’un surdosage en antivitamines K)
quand une correction urgente du déficit est requise. Le PPSB
peut aussi potentiellement être utilisé pour les accidents
hémorragiques causés par des déficits constitutionnels en
facteur II, X, car des concentrés protéiques spécifiques ne
sont pas disponibles. L’expérience dans le traitement des
déficits congénitaux en facteurs II ou X est limitée. Du fait de
la demi-vie plus longue des facteurs II et X, l’intervalle entre
deux administrations de complexe prothrombique sera plus
grand chez les patients présentant un déficit congénital en
ces facteurs. Le PPSB contient aussi deux anticoagulants, la
protéine C et la protéine S.
Facteur VII
Les concentrés de facteur VII sont obtenus selon des procédés
chromatographiques qui diminuent le contenu des autres
facteurs du complexe prothrombique. Les procédés d’inactivation virale sont soit le traitement SD, soit des traitements
thermiques. Ces concentrés sont utilisés dans le traitement et
la prévention des accidents hémorragiques liés à un déficit
constitutionnel isolé en facteur VII.
Facteur XI
Il y a deux concentrés de FXI disponibles au monde. L’un, de
faible pureté, est purifié par deux étapes de chromatographie et est viro-inactivé par traitement thermique à sec.
Hématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
Colles biologiques
Les colles biologiques sont des produits reproduisant la
dernière phase de la coagulation sanguine (formation de la
fibrine) par mélange de concentrés de fibrinogène et de
thrombine. Ces colles sont utilisées en chirurgie, à titre de
traitement adjuvant destiné à favoriser l’hémostase locale lors
d’une intervention chirurgicale. Le mode de production du
fibrinogène intègre des étapes de précipitation, la réduction
virale étant assurée selon les produits par traitement thermiques, SD, et/ou nanofiltration.
Fractions anticoagulantes et inhibitrices
de protéases
Antithrombine
Les concentrés d’antithrombine sont généralement obtenus
par chromatographie d’affinité sur héparine immobilisée. La
pasteurisation est le procédé traditionnel d’inactivation
virale, aujourd’hui souvent combinée à une nanofiltration sur
filtre de 15 nm. Ces produits sont prescrits dans les déficits
constitutionnels en antithrombine pour le traitements des
accidents thromboemboliques, en association avec l’héparine, lorsque l’héparine utilisée seule est inefficace, ou en
prévention des thromboses veineuses en cas de situation à
risque (notamment lors d’une chirurgie ou d’une grossesse),
lorsque le risque hémorragique ne permet pas d’utiliser des
doses suffisantes d’héparine. Ils peuvent aussi être utilisés
dans des déficits acquis sévères (< 60 %), dans les CIVD
graves, évolutives, notamment associées à un état septique.
Alpha-1 antitrypsine
Il y a plusieurs concentrés disponibles dans le monde. La
plupart des produits sont purifiés par chromatographie à
partir d’une fraction dérivée de la chaîne de production
d’albumine. La sécurité virale est assurée par pasteurisation
ou par traitement SD, les deux pouvant être combinés à la
nanofiltration. Ce médicament est indiqué dans le traitement
substitutif des formes graves de déficit primitif en alpha-1
antitrypsine chez les sujets de phénotype PiZZ ou PiSZ avec
emphysème pulmonaire, permettant de normaliser le taux
circulant. Il faut noter que la preuve formelle de l’efficacité du
produit dans le ralentissement ou l’arrêt de l’évolution de la
maladie n’a pas encore été apportée.
Protéine C
Il y a deux concentrés de protéine C (non activée) disponibles, obtenus soit par chromatographie d’affinité, soit par
chromatographie d’échanges d’ions. L’inactivation virale est
réalisée soit par traitement thermique, soit par SD complété
45
d’une nanofiltration 15 nm. Ces médicaments sont indiqués
dans les déficits constitutionnels sévères en protéine C homozygotes ou hétérozygotes composites du nouveau-né responsables d’une thrombose veineuse sévère et massive et de l’adulte
lors du relais héparine/antivitamines K pour éviter la nécrose
cutanée. Ils peuvent aussi être prescrits dans la prévention de la
thrombose chez l’hétérozygote lors d’interventions chirurgicales et de césariennes, en cas d’inefficacité ou de contreindication du traitement héparine/antivitamines K.
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Immunoglobulines G
46
Il y a de nombreuses préparations d’immunoglobulines polyvalentes intraveineuses (IGIV). Elles sont pour la plupart
obtenues par combinaison du fractionnement à l’éthanol et
de purifications chromatographiques. Selon les produits, les
méthodes d’inactivation virale utilisées englobent le SD, la
pasteurisation, le traitement à pH acide avec ou sans pepsine, et le traitement par l’acide caprylique. Par ailleurs, de
plus en plus de produits sont nanofiltrés, généralement sur des
membranes de 35 nm ou moins. Ces dernières années, de
nombreux produits prêts à l’emploi (liquides) ont été mis sur le
marché, au détriment des préparations lyophilisées. Pour
répondre aux besoins cliniques croissants, les fractionneurs
ont travaillé à l’amélioration des rendements d’extraction des
IgG, le plus souvent par un raccourcissement des étapes de
fractionnement éthanoliques.
Les indications thérapeutiques des IGIV comprennent les
traitements de substitution dans les déficits immunitaires primitifs avec hypogammaglobulinémie ou atteinte fonctionnelle
de l’immunité humorale ; les infections bactériennes récidivantes chez l’enfant infecté par le VIH ; et certains déficits
immunitaires secondaires de l’immunité humorale. L’usage
des IVIG dans le traitement immunomodulateur s’est beaucoup développé ces dernières années. Les indications reconnues des IVIG comprennent le purpura thrombopénique idiopathique chez l’adulte et l’enfant en cas de risque
hémorragique important ou avant un acte médical ou chirurgical pour corriger le taux de plaquettes, la rétinochoroïdite
de Birdshot, le syndrome de Guillain-Barré de l’adulte, et la
neuropathie motrice multifocale. Les IVIG sont également
utilisées dans le traitement de la maladie de Kawasaki.
Des préparations d’immunoglobulines intramusculaires ou
sous-cutanées sont également disponibles pour le traitement
des déficits immunitaires. Par ailleurs, diverses préparations
spécifiques sont préparées à partir de plasmas hyperimmuns. Les préparations d’immunoglobulines anti-Rh(D)
s’utilisent dans la prévention de l’allo-immunisation fœtomaternelle Rh(D) chez les femmes Rh(D)-négatif ou le traitement
des sujets Rh(D)-négatif après transfusions incompatibles de
sang Rh(D)-positif ou d’autres produits contenant des hématies Rh(D)-positif. Les immunoglobulines intramusculaires spécifiques de l’hépatite B s’utilisent en immunoprophylaxie de
l’hépatite B chez les hémodialysés en attente de l’efficacité de
la vaccination, en prévention de l’hépatite B chez le
nouveau-né en cas de mère porteuse du virus, ou en cas de
contamination accidentelle chez un sujet non immunisé. La
préparation pour usage intraveineux est prescrite dans la
prévention de la récidive de l’hépatite B après transplantation hépatique chez les patients porteurs de l’antigène de
surface de l’hépatite B. L’immunoglobuline humaine tétanique est employée dans la prophylaxie du tétanos en cas de
plaie souillée chez les sujets dont la vaccination est incomplète, trop ancienne ou inconnue, ou en traitement du tétanos
déclaré.
Albumine
Pratiquement toutes les préparations d’albumine sont encore
produites par fractionnement éthanolique du surnageant de
cryoprécipité. Ces produits sont viro-inactivés par une pasteurisation réalisée sur le produit conditionné dans son flacon.
En 1998, une méta-analyse de 32 essais cliniques portant sur
les effets de l’administration d’albumine aux patients en état
critique présentant une hypovolémie et/ou une hypoalbuminémie (comme les patients ayant perdu beaucoup de sang ou
les grands brûlés) suggérait que l’utilisation d’albumine augmentait le risque de décès de 6 % comparativement à l’utilisation d’autres types de solutions intraveineuses [28]. Ultérieurement, une étude randomisée de grande envergure [29]
dans laquelle l’utilisation d’une solution d’albumine à 4 %
était comparée à une solution saline normale à des fins de
réanimation liquidienne chez des patients traités dans une
unité de soins intensifs indiquait que le risque de décès était le
même dans les deux groupes. Une nouvelle méta-analyse
[30] indique que chez les patients hypovolémiques l’utilisation d’albumine n’entraîne aucune augmentation ou diminution du taux de mortalité. En 2005, le CHMP de l’Agence
Européenne du Médicament (EMEA) a constaté l’insuffisance
de données permettant de conclure au risque associé à
l’usage de l’albumine. L’EMEA recommande donc de prescrire l’albumine dans la restauration et le maintien du volume
de sang circulant lorsqu’un déficit volumique a été établi, que
l’utilisation d’un colloïde est appropriée, et que les paramètres hémodynamiques sont régulièrement contrôlés chez les
patients [31].
Conclusions et perspectives
Le fractionnement plasmatique a indéniablement atteint un
stade de maturité technologique tant dans le domaine de
l’extraction des protéines que dans celui de la maîtrise des
risques viraux. L’encadrement réglementaire qui entoure la
production des médicaments dérivés du sang, depuis la
collecte du sang jusqu’aux phases de fabrication et d’utilisation clinique, contribue à garantir leur sécurité. La production
de la vingtaine de produits plasmatiques répond à des
besoins thérapeutiques importants et bien documentés, dont
la demande ne cesse de croître à l’échelle mondiale. L’émergence de facteurs de la coagulation recombinants n’a
d’ailleurs pas influencé significativement le besoin en plasma
et en produits plasmatiques à l’échelle globale. La pénurie de
produits plasmatiques continue d’affecter les pays en déveHématologie, vol. 14, n° 1, janvier-février 2008
loppement, voire dans le cas des immunoglobulines, les pays
riches. On peut envisager que la panoplie des médicaments
dérivés du sang s’enrichisse prochainement de nouveaux
produits, tels que la plasmine (agent fibrinolytique), l’apolipoprotéine A-I (traitement de l’hypercholestérolémie), ou la
protéine C activée (septicémie) [15]. ■
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