1. Introduction
L’effet magn´
etocalorique correspond au changement adiabatique de la temp´
erature ∆Tad ou
au changement isotherme de l’entropie magn´
etique ∆Smd’un mat´
eriau magn´
etique soumis `
a
un champ magn´
etique variable. Cet effet est en g´
en´
eral maximal `
a la temp´
erature de transition
magn´
etique (temp´
erature de Curie) des mat´
eriaux magn´
etocaloriques.
La chaleur fatale issue des proc´
ed´
es industriels constitue un important r´
eservoir d’´
energie
encore peu exploit´
e. L’exploitation, mˆ
eme partielle, de cette source d’´
energie pourrait permettre
`
a la France d’atteindre ses objectifs de r´
eduction d’un facteur 4 des ´
emissions de gaz `
a effet de
serre en 2050 par rapport `
a 2002. En France, le gisement de chaleur fatale de bas niveau est
estim´
e d’ˆ
etre sup´
erieur `
a 40 TWh [1]. Cela inclut par exemple les fum´
ees des inc´
enirateurs
(110−180 ◦C), dont le potentiel est estim´
e`
a 1-2.3 TWh, ou la vapeur envoy´
ee aux condenseurs
(r´
eservoir de 15.3 TWh). Une solution pour valoriser cette chaleur consiste `
a la convertir en
un autre type d’´
energie (´
electrique, m´
ecanique). La majorit´
e des technologies de g´
en´
eration
d’´
electricit´
e par conversion de chaleur (cycle de Rankine, conversion thermo´
electrique) peuvent
difficilement valoriser les chaleurs fatales de bas niveau (T ≤150 ◦C). La conversion de chaleur
thermomagn´
etique constitue en revanche une piste prometteuse [2].
`
A l’instigation du CEA Tech Lorraine, cinq laboratoires (IJL, LS2T, LEMTA, LMA et
ICMPE) visent `
a d´
evelopper la technologie de conversion de chaleur thermomagn´
etique d’une
part, en optimisant les mat´
eriaux magn´
etocaloriques performants dans la gamme 50−250 ◦C
et d’autre part, en concevant deux d´
emonstrateurs de conversion de chaleur. Le premier est un
syst`
eme statique (g´
en´
erateur thermomagn´
etique) permettant de convertir directement la chaleur
en ´
energie ´
electrique [3]. Le deuxi`
eme est un syst`
eme dynamique appel´
e aussi roue de Curie
(moteur thermomagn´
etique) permettant de convertir la chaleur en ´
energie m´
ecanique, donc indi-
rectement en ´
energie ´
electrique [4, 5]. Le principe de fonctionnement de ces syst`
emes implique
une variation d’aimantation notable du mat´
eriau magn´
etocalorique qui les constitue. Cette va-
riation d’aimantation est obtenue en cyclant la temp´
erature du mat´
eriau magn´
etocalorique de
part et d’autre de sa temp´
erature de Curie, la chaleur fatale ´
etant utilis´
ee comme source chaude.
La r´
ealisation de ces syst`
emes thermomagn´
etiques n´
ecessite ainsi, entre autres, l’optimisation
des transferts thermiques et la s´
election des mat´
eriaux magn´
etocaloriques appropri´
es.
Dans ce papier, une ´
etude th´
eorique reposant sur la mod´
elisation thermique d’une roue de
Curie est men´
ee dans le but de caract´
eriser et d’analyser son comportement thermique selon les
conditions op´
eratoires impos´
ees.
2. Mod´
elisation
2.1. Configuration
La configuration de la roue de Curie consid´
er´
ee dans cette ´
etude est sch´
ematis´
ee sur la figure
1a. Cette roue est constitu´
ee essentiellement d’un mat´
eriau magn´
etocalorique mobile (rotor),
d’une s´
erie d’aimants permanents fixes (circuits magn´
etiques) et d’un couple de sources chaude
et froide de part et d’autre de chaque aimant. Une vue d’une partie de la roue de Curie corres-
pondant `
a un pˆ
ole thermomagn´
etique est repr´
esent´
ee sur la figure 1b.
2.2. Hypoth`
eses
Afin de simplifier la formulation math´
ematique et la r´
esolution du mod`
ele thermique d´
evelopp´
e,
plusieurs hypoth`
eses ont ´
et´
e faites :