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CAS CLINIQUE M. Ben Jemaa et al.
Le diagnostic d’un îlot osseux condensant a été retenu
selon la présentation clinique et paraclinique. L’enfant a
été mis sous un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien
et antalgique durant une période de un mois avec une
surveillance radio-clinique régulière.
L’évolution était marquée par la disparition totale des
douleurs au bout de un mois. La fonction du poignet était
normale. Au recul d’une année, la patiente signale une
accalmie totale avec absence de récidive de l’épisode
douloureux. La radiographie standard de contrôle objective
la persistance de la même lésion sans augmentation ni
diminution de sa taille.
DISCUSSION
L’ilot osseux condensant est une entité rare de tumeurs
osseuses bénignes, décrite pour la première fois par
Stieda en 1905. Cette lésion fait partie des tumeurs
ostéoformatrices qui se caractérisent par un déséquilibre
local de production d’os dense [1].
Son étiopathogénie reste inconnue, bien qu’il a été
suggéré qu’il est due à un foyer de formation osseuse
accrue dépassant la résorption osseuse. Un cas d’ilot
osseux, rapporté par Hoffman, objective la disparition
de la lésion lorsque le patient a développé un adénome
de la parathyroïde avec un état d’hyperparathyroïdie,
et sa réapparition au traitement du trouble endocrinien
[2]. Kim et Barry (1964) ont suggéré qu’il existe
probablement un excès localisé de formation de l’os [3].
Une fréquence particulière a été observée dans certaines
formes de lèpre [1].
Carpintero et al ont observé une formation d’ilots osseux
assez fréquemment sur les radiographies des patients
atteints de Hansen ou la lèpre. Ceci est expliqué par
une production osseuse accrue visant la réparation des
lésions osseuses causées par la lèpre [4].
Elle atteint préférentiellement les adultes et elle n’a
aucune prédilection de sexe [1, 5,6].
Tous les os du squelette peuvent être touchés sauf le
crâne. Elle atteint préférentiellement les os longs et le
pelvis. La colonne vertébrale est rarement impliquée [2].
On la trouve rarement dans les os du carpe et les os
longs de la main. Dans sa forme asymptomatique, elle
est trouvée dans 3,8% des radiographies standards de
la main des enfants d’âge compris entre 5 et 13 ans. Au
niveau de la main, la localisation la plus fréquente est le
scaphoïde [3]. Cette lésion est souvent asymptomatique
de découverte radiologique fortuite [1, 3, 5, 6].
La radiographie standard montre généralement une ostéo-
condensation arrondi ou ovalaire fortement dense au sein
de l’os spongieux, de faible taille, entre 1 mm et 2 cm de
diamètre, très bien limitée ou à bords spiculés du fait de
la structure trabéculaire de l’os spongieux [1, 2, 7].
Le diagnostic différentiel radiologique d’un îlot
osseux comprend : l’ostéome, l’ostéome ostéoïde,
l’ostéoblastome, l’enchondrome, l’infarctus osseux,
la dysplasie fibreuse, le fibrome non ossifiant et
l’ostéosarcome inhabituel [1-3, 5, 6].
La tomodensitométrie (TDM) et l’imagerie par résonance
magnétique (IRM) sont inutiles pour le diagnostic en
présence d’un contexte clinico-radiologique typique.
Par ailleurs, si le patient présente une symptomatologie
douloureuse avec une lésion radiologique en faveur d’un
îlot osseux, une enquête plus approfondie est indiquée
en utilisant les marqueurs tumoraux et les techniques
d’imagerie en coupes pour éliminer une pathologie
infectieuse ou tumorale [3]. Le diagnostic d’un îlot
osseux doit être un diagnostic d’élimination devant toute
douleur osseuse après avoir écarté les autres pathologies
patentes surtout infectieuses et tumorales [5].
La scintigraphie osseuse n’est pas indiquée. Lorsqu’elle
est réalisée, elle montre rarement une hyperfixation [5-7].
L’examen anatomo-pathologique trouve une zone bien
limitée d’os compact haversien accolé à la corticale
d’un os long ou au sien d’un os spongieux entourée de
travées d’os spongieux ce qui lui confère l’aspect spiculé
en radiologie standard. Il peut exister une apposition
ostéoïde modérée périphérique témoignant d’un
remodelage actif [1].
Des îlots osseux de grande taille étaient décrits dans la
littérature. Ils sont caractérisés par un diamètre supérieur
à 2 cm. Ils appartiennent à la catégorie des îlots géants
[2, 5-7].
L’évolution spontanée peut se faire vers la régression
jusqu’à la disparition ou vers la persistance avec un
volume stable. Cependant certains peuvent augmenter
de volume avec la croissance et devenant douloureux. La
douleur est expliquée par l’hyperpression que provoque
l’îlot osseux dans la cavité osseuse [5].
Habituellement, l’îlot osseux condensant ne nécessite pas
un traitement si le diagnostic est établi. Cependant, quand
il y a des douleurs persistantes, même avec de petits
îlots osseux, le traitement peut être utile [5]. Il consiste
en une résection chirurgicale de la lésion permettant,
après l’intervention, une sédation complète des douleurs