Séance publique du mardi 9 novembre 2010 La nouvelle physiologie du squelette et ses implications Gérard Karsenty Professeur à Columbia University (États-Unis) Lauréat 2010 du *prix Richard Lounsbery La comparaison de la biologie du squelette avec celle d'autres organes révèle deux caractéristiques importantes. La première est que le squelette, en particulier le tissu osseux, contient un type cellulaire, l'ostéoclaste, dont la seule fonction est de détruire constamment le tissu hôte. Cette destruction se produit de façon contrôlée dans le cadre de deux fonctions physiologiques : le modelage osseux pendant l’enfance et le remodelage osseux à l’âge adulte. La seconde propriété du squelette est qu’il est, chez les vertébrés, l’organe couvrant la plus grande surface. Ces deux caractéristiques nous ont suggéré que le coût énergétique du modelage et du remodelage osseux, qui est proportionnel à la surface couverte par le squelette, doit être extrêmement élevé. Ceci nous a amenés à postuler que les régulations de la masse osseuse et du métabolisme énergétique doivent être coordonnées par une ou plusieurs hormones apparaissant durant l'évolution avec le tissu osseux. Dans les dix dernières années, notre laboratoire, suivi par d’autres, a montré qu'il y a effectivement un contrôle de la biologie osseuse par une hormone produite dans les adipocytes, la leptine, et, inversement, un contrôle du métabolisme énergétique par une hormone produite par le tissu osseux, l'ostéocalcine. Notre hypothèse de travail a été pleinement confirmée lorsque nous avons montré que les deux hormones responsables de ces régulations croisées, la leptine et l'ostéocalcine, apparaissent durant l'évolution au même moment que le tissu osseux et non avec le métabolisme énergétique. Nous testons actuellement l’hypothèse que le tissu osseux puisse affecter de nombreuses autres fonctions dans l'organisme par ses fonctions endocrines. Je présenterai, au cours de mon exposé, des données préliminaires en faveur de cette hypothèse. * Créé par Vera Lounsbery en mémoire de son mari Richard Lounsbery, le Prix a pour but de stimuler la recherche et d’encourager les échanges scientifiques réciproques entre les États-Unis et la France. Il est donné alternativement à de jeunes chercheurs américains et français pour récompenser des travaux scientifiques excellents en biologie et médecine. En plus du Prix, un financement est prévu pour permettre la visite d’institutions de recherche et de laboratoires en France par le lauréat américain et aux États-Unis par le lauréat français. Le lauréat est invité à donner une conférence devant l’Académie qui lui a attribué le Prix.