Association pour le DEveloppement de la CArdiologie à Douarnenez  
Ainsi,  dans  cette  étude,  le  Ramipril  utilisé  seul  abaisse-t-il  en  moyenne  la  pression  systolique 
(maxima  tensionnelle)  11,9  mmHg,  l’Aliskiren  de  14,6  mmHg  et  l’association  des  deux  de  16,5 
mmHg ;  pour  la  pression  diastolique  (minima tensionnelle)  l’abaissement  constaté  est  respective-
ment de 10,8, 11,3 et 13,3 mmHg. 
Un travail réalisé par une équipe américaine a montré que le Valsartan utilisé seul augmente 
l’activité rénine plasmatique de 160 % alors que l’Aliskiren utilisé seul la réduit en moyenne de 73 
% ; si on ajoute de l’Aliskiren au Valsartan l’activité rénine plasmatique est réduite de 44 % ; cette 
fois encore la traduction clinique est une baisse plus importante de la pression artérielle. Ainsi dans 
cette  étude  la  baisse  de  la  pression  systolique  est-elle  de  12,8  mmHg  sous  Valsartan  seul,  13 
mmHg  sous  Aliskiren  seul  et  17,2  mmHg  sous  l’association  des  deux  (précisons  que  dans  cette 
étude on a comparé des chiffres tensionnels moyens obtenus par monitorage ambulatoire) ; en ce 
qui  concerne  la  pression  diastolique  l’abaissement  constaté  est  respectivement  de  9,7,  9  et  12,2 
mmHg. 
 
  La réponse à votre première question est donc : OUI on peut associer l’Aliskiren à un autre 
inhibiteur du S.R.A. mais attention : les effets adverses peuvent être majorés (le taux de potassium, 
en particulier, doit être étroitement surveillé). 
 
 
  La réponse à votre seconde  question est simple : NON, nous ne pouvons pas pour  le mo-
ment, utiliser l’Aliskiren pour traiter une insuffisance cardiaque car les études consacrées à ce sujet 
sont en cours et leurs résultats de seront pas publiés avant quelques mois voire années… 
  Toutefois, un travail préliminaire, l’étude ALOFT a permis de montre, chez un petit groupe de 
patients insuffisants cardiaques que l’adjonction  d’Aliskiren à un autre inhibiteur du S.R.A. (IEc ou 
ARA II, associé, dans un tiers des cas, à un anti-aldostérone) permettait d’abaisser de 25 % le taux 
de  BNP  et  NT-Pro-BNP  qui  sont  des  marqueurs  biologiques  de  l’insuffisance  cardiaque ;  reste  à 
savoir si cet impact favorable se traduira pas une amélioration clinique et pronostique… 
 
Quant à l’avenir « des »  anti-rénines ? le premier Inhibiteur  de l’Enzyme de  Conversion de 
l’Angiotensine, le  Captopril, a été commercialisé  en France  en octobre  1984 ; nous disposons ac-
tuellement de 13 molécules de cette famille ( la seconde molécule de cette famille, l’Enalapril, a eu 
son AMM en 1984 très peu de temps après le  Captopril) ; le premier Antagoniste  des  Récepteurs 
de l’Angiotensine, le Losartan, a été commercialisé en France  en 1996 ; nous disposons actuelle-
ment de 7 molécules de cette famille (la seconde molécule de cette famille, le Valsartan a eu son 
AMM en 2001) ; le premier anti-rénine, l’Aliskiren (RASILEZ*) a obtenu son AMM française en 2009 
mais aucune autre molécule de cette famille ne pointe à l’horizon pour le moment… 
L’Aliskiren fait actuellement l’objet d’un très important programme d’étude intitulé « ASPIRE 
HIGHER »  incluant 35  000 patients ;  ce  programme  comprend  14 études cliniques (entre  autres : 
« APOLLO »  qui  étudie  l’impact  du  traitement  sur  les  fonctions  cognitives  des  sujets  âgés, 
« ATMOSPHERE »  qui  étudie  l’intérêt  de  produit  dans  le  traitement  de  l’insufisance  cardiaque 
chronique, « ASTRONAUT » qui apprécie l’intérêt de ce produit dans l’insuffisance cardiaque aiguë, 
« ALTITUDE »  qui  étudie  l’impact  de  la  molécule  sur  la  fonction  rénale  chez  le  diabétique…). 
L’étude « ALTITUDE » vient tout juste d’être suspendue prématurément en raison d’une augmenta-
tion du risque de complications cardio-vasculaires graves (AVC, décès cardio-vasculaires…), d’une 
absence de bénéfice que la fonction rénale et même de la constatation de cas d’insuffisance rénale 
sévère parfois mortelle… 
Les IEC et ARA II ont beaucoup apporté à nos hypertendus et insuffisants cardiaques mais il 
faut reconnaître que l’Aliskiren, qui a, certes, sa place dans le traitement de l’HTA, n’a pas révolu-
tionné  notre  pratique ! attendons  les  résultats  des études  en cours en  espérant  qu’ils  seront  plus 
convaincants que ceux de l’étude « ALTITUDE »… 
 
Bien cordialement 
        Docteur J.F. HOUËL (Cardiologue) / N°2 Décembre 2011