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Statut de la littérature dans le discours philosophique français, après 1950
Résumé
Notre thèse porte sur les discours philosophiques français de la seconde moitié du
vingtième siècle. Une des particularités de ces discours est qu’ils manifestent un intérêt
constant pour la littérature. Cet intérêt a eu deux conséquences principales : la première est
la redéfinition du concept philosophique de littérature ; la seconde concerne la forme
même des discours philosophiques en question.
La redéfinition du concept de littérature est profonde : la littérature n’est en effet plus
pensée comme expression ou représentation. Elle est avant tout langage : la puissance
autonome d’un jeu avec les significations, dans un rapport d’exception avec les autres
discours. Cette redéfinition situe la littérature à une certaine limite du savoir : la littérature
apparaît désormais comme un objet extérieur aux formes traditionnelles du savoir
philosophique.
Au contact de cet objet singulier, les discours philosophiques en viennent à s’interroger
sur leur propre écriture. C’est la naissance d’un style philosophique français, marqué par
des auteurs dont la capacité d’invention formelle est souvent remarquable, comme Jacques
Derrida ou Jean-François Lyotard. La philosophie n’est plus simplement le
commentaire de la littérature ; elle se fait inscription, imitation, création. La philosophie,
ainsi, devient une philosophie littéraire.
Si la littérature déborde le savoir, elle n’en continue pas moins d’être porteuse d’une
vérité : mais cette vérité n’est pas une vérité philosophique. Elle est la vérité que la
philosophie ne peut pas délivrer : une vérité sur la vie.