des gestes en faveur de discussions.
Dans l’ensemble de l’Amé rique
latine, le «dialogue» est une obses-
sion. La multiplication des organi-
sations régionales en est un signe,
justifiée avant tout par la nécessité
du rapprochement entre «frères»
(hermanos) latino-américains. La
dernière en date de ces créations
est celle de l’Unasur (Union des
nations sud-américaines) en 2008,
sous l’égide du Brésil. Il faut dire
que le Brésil a développé, depuis
plus d’un siècle, une tradition de
diplomatie «douce» qui va dans ce
sens. L’argumentaire même de
l’érection de cette organisation
souligne la nécessité du règlement
pacifique de tout différent, en un
continent où, malgré la prédomi-
nance de la gauche (surtout en
2008), les frictions, pour le moins,
ont été nombreuses.
Le comble a été atteint depuis l’annonce de la maladie de Hugo Chávez. Que ce soit en
Colombie ou au Venezuela, les souhaits de bon et prompt rétablissement se sont multipliés,
que ce soit chez les caciques de la politique ou chez les lecteurs des journaux d’opposition, ou
anti-chavistes en Colombie. Le président colombien lui-même a déclaré que le président
vénézuélien était un facteur de stabilité, aussi bien à l’intérieur de son pays que dans la région
sud-américaine. Pourquoi cette amabilité alors que tout le monde sait que la disparition de
Chávez ne serait pas un mal pour la Colombie, même si elle risque de déclencher une guerre
civile au Venezuela même ?
Quant à la nécessité du «dialogue» avec les guérillas, en Colombie tout particulière-
ment, il s’agit d’un cliché récurrent jusqu’au début des années deux mille, et reste l’antienne
de certains milieux idéologiquement proches du marxisme. Cette idée semble avoir vécu
car l’histoire récente a bien montré que les Farc refusaient ce dialogue (le cas de l’ELN est un
peu différent), puisque leur projet (totalitaire) n’est pas négociable et que nombre de fronts,
si ce n’est l’organisation dans son ensemble, profitent de la manne du narco-trafic et ne
voudront jamais y renoncer. Toutefois, le «dialogue» reste présent dans le discours de
HISTOIRE &LIBERTÉ
56
OCTOBRE 2011
Le président bolivien Evo Morales
© Marcello Casal Jr./ABr