L`Agriculture organique en Afrique : Réalité et perspectives de

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ARTICLE &
ETUDE
Perspectives
Africaines
L’Agriculture organique en Afrique :
Réalité et perspectives de développement
Dr. Sobhy Ramadan Farag Saad
Professeur de géographie intégrée - Faculté de Lettres - Université de Munufiya
Introduction
L’Agriculture organique est un bio système et un style agricole pris
de la nature qui vise à produire une nourriture propre et sécurisée
sans déséquilibrer le système écologique. Ce système prend en
considération la nature de la terre et des êtres vivants végétaux et
animaux et s’appuie sur les composants de la production locale,
sans permettre d’utiliser les composants créés des engrais artificiels et les insecticides des épidémies.
Dans le marketing, tout article « organique » doit être produit dans une
ferme sous la supervision et l’inspection de l’un des centres d’inspection et de
contrôle, et ses prescriptions doivent être conformes aux prescriptions et aux
critères essentiels de ces centres, en vertu desquels des certificats de validité
sont donnés à ces produits en tant que « produits organiques ».
L’agriculture organique participe au développement durable à travers
l’augmentation de la production dans les régions de basses capacités et dans
les régions marginalisées du point de vue marketing ; à travers également la
sauvegarde de la biodiversité et des ressources naturelles. De plus, elle contribue à l’augmentation du revenu et de la production d’aliments sécurisés et
variés, ainsi qu’à la réalisation écologique, sociologique et économique durable à long terme.
Cela intervient au moment où un grand nombre d’habitants des États en
développement endure la propagation de multiples maladies reliées à l’usage
croissant des engrais et des insecticides, dont les effets se reflètent sur l’eau,
sur l’air et sur les produits. Selon les études, les habitants des pays en développement sont les plus exposés aux effets de ces maladies, sachant qu’environ 52% des habitants souffrent de maladies reliées aux insecticides et que
72 % des décès sont reliés à ces maladies dans tous les coins du monde
[USAID-2008]. L’Organisation Internationale du travail [OIT] et l’Organisation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture la [FAO] estiment que le
nombre annuel des victimes de l’empoisonnement par insecticides varie entre
2 à 5 millions de personnes, dont 40 mille cas sont mortels [FAO-2009].
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De même, l’agriculture organique
a des réactions positives sur l’écologie. Selon le rapport de l’équipe gouvernementale internationale concernée au changement climatique
[IPCC], le secteur agricole (après
l’écartement des dégagements résultant de l’usage de l’électricité et du
carburant) est responsable de 13,5
% des gaz de serre thermique [les
gaz enfouis]. À ceux-ci, s’ajoutent les
dégagements résultant de la production des engrais chimiques et les insecticides et surtout l’oxyde nitrosé à
travers les activités industrielles. Les
études signalent que les dégagements du CO2 dans les fermes organiques sont réduits à 64% de leurs
correspondantes dans les fermes traditionnelles.
L’agriculture seule assimile 70%
de la force laborieuse en Afrique et
participe à environ 25% du total du
PIB. Bien que l’Afrique possède des
terrains fertiles très vastes et de
grandes ressources humaines, elle
reste la région où le plus grand taux
d’habitants endure la famine et la
pauvreté en comparaison aux autres
régions en développement.
Entre les années [1981 et 2005], le
nombre de personnes démunies qui
vivent avec un revenu de moins de
1,25 dollars par jour s’est doublé
dans la région du sud du Sahara, où
le nombre de personnes démunies
s’est élevé à 212 millions d’habitants
en 1981 et à plus de 188 millions
d’habitants en 2005.
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Selon l’Organisation des aliments
et de l’agriculture [FAO], le nombre
total des habitants qui endurent les
maladies de sous-alimentation dans
le monde a atteint 842 millions de
personnes, dont 98% vivent dans les
pays en développement. La sécurité
alimentaire est complètement absente en Afrique subsaharienne plus
que dans toute autre région, alors
qu’au sud de l’Asie vit le plus grand
nombre de personnes affamées.
La performance du secteur agricole et de l’économie rurale, sur lequel
s’appuie la vie de la majorité des
habitants de l’Afrique, est directement reliée à l’état de pauvreté. cette
performance détermine les objectifs
de développement pouvant être exécutés au cours du millénaire. A ce
propos, le grand défi affronté par les
objectifs de développement du millénaire réside dans la transformation
du secteur agricole d’Afrique en mécanisme de développement économique pour limiter la pauvreté.
A la lenteur du développement
économique s’ajoute la croissance
démographique accélérée, qui doit
faire 2 milliards d’habitants en 2050.
Le taux très élevé de la croissance
démographique avec le taux limité
du développement agricole peuvent
causer des famines écrasantes et une
pauvreté extrême, à moins que l’intérêt total ne soit accordé à l’évolution du secteur agricole.
Le processus d’évaluation internationale – en principe une opération
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gouvernementale internationale appuyé par plus de 400 experts internationaux et par nombreuses agences des Nations Unies – a fini par
conclure que la façon qu’utilise le
monde pour planter ses récoltes alimentaires doit radicalement changer, afin de mieux satisfaire aux besoins des pauvres et des affamés,
d’assimiler la croissance escomptée
du nombre d’habitants et d’éviter
les effets du changement climatique
et l’effondrement écologique. Cela
s’applique surtout à l’Afrique où les
problèmes d’absence de sécurité alimentaires s’empirent, d’autant plus
que l’Afrique endure le plus les effets de serre et du changement climatique mondial.
Il est temps que la révolution africaine verte et durable entraîne
l’augmentation de la productivité
agricole en recourant aux pratiques
agricoles durables pour réduire au
minimum les dégâts causés à l’environnement et pour augmenter la
fertilité de la terre.
Les recherches du programme
écologique des Nations Unies
(ONCTAD) prouvent que l’agriculture organique est une bonne option pour la réalisation de la sécurité
alimentaire en Afrique. Cette option
équivaut ou dépasse même dans son
efficacité la majorité des systèmes
traditionnels et pourrait durer longtemps. L’analyse qui a compris 114
cas en Afrique a montré que la
transformation des fermes vers les
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modes de la production organique
ou quasi-organique a augmenté la
productivité organique à 116%.
D’autre part, la transformation vers
le système de production organique
a un effet durable, car elle promeut
les niveaux du capital naturel, humain, social, financier et matériel
des sociétés agricoles.
La production organique est également adéquate en particulier aux
petits agriculteurs qui en fait représentent la majorité des personnes
démunies de l’Afrique. Les agriculteurs des produits organiques qui
ont besoin de ressources s’appuient
moins sur les ressources extérieures
et obtiennent des récoltes plus élevées et plus stables, ce qui améliore
la sécurité alimentaire.
Mais avant de leur autoriser d’entrer dans les marchés des produits
organiques, les agriculteurs doivent
passer par une période de transformation de l’agriculture traditionnelle à l’agriculture organique, d’autant plus que les coûts de production
résultant de l’usage des techniques
organiques augmentent sans l’obtention de prix plus élevés durant la
période transitoire du marketing qui
porte les cartes des prescriptions
organiques.
Les projets de la FAO au Burkina
Faso, au Cameroun, au Ghana, au
Sénégal et à Sierra Leone, ont aidé
des groupes de petits agriculteurs et
exportateurs à surmonter ces premiers défis avec succès et à bénéfi-
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cier de bons salaires des marchés
des produits organiques. À travers
la renaissance des niveaux d’habilité
technique et l’amélioration spécifique de la production, les agriculteurs sont arrivés à une situation
qui leur permet de conclure les
contrats et de négocier avec les autorités d’exportation.
Exportation et marchés des produits agricoles organiques africaines:
Les États-Unis représentent le
plus grand marché de produits organiques agricoles du monde. La valeur économique des produits agricoles organiques en circulation se
chiffre à 17,8 milliards d’euros. Ils
sont suivis de l’Allemagne, de la
France, du Royaume Uni, de l’Italie,
moyennant respectivement 5,8 - 3,0 2,1 - et 1,5 milliards d’euros.
Durant la période comprise entre
[1997 et 2008], l’Agence internationale suédoise de coopération et de
développement [SIDS] a financé un
programme de publicité à la production agricole organique d’Afrique
[EPOPA]. Ce programme a eu un
rôle influent et important dans l’amélioration du niveau de vie d’environ 100 mille agriculteurs en Ouganda, en Tanzanie et en Zambie.
Le programme a participé à la formation des agriculteurs par rapport
aux marchés locaux et internationaux des produits organiques et à
l’obtention des prix les plus élevés à
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leur production agricole organique.
Grâce au programme, ils sont parvenus à améliorer les pratiques agricoles et à obtenir des exportateurs les
prix d’une manière transparente.
Les exportations des produits
agricoles africains ont dernièrement
connu une augmentation rapide,
dont à titre d’exemple celles de l’Ouganda dont la production a quintuplé en cinq ans, leur valeur s’est
élevée de 4,6 millions de dollars en
2002/2003, et à 22,8 millions de dollars en 2007/2008, et les prix se sont
élevés par rapport aux agriculteurs
de 30 à 200%. À la tête de leurs exportations, figurent le café, le coton,
les fruits frais et le sésame. L’Union
européenne, les États-Unis et la région du Moyen-Orient représentent
leurs principaux marchés.
La valeur économique des exportations de la Tanzanie, composées de
neuf produits organiques, ont atteint
environ 10 millions d’euros. Ces
produits ont été essentiellement
orientés vers l’Union européenne et
vers les États-Unis. La liste de ces
produits comprend: le cacao, le noix
de cajou, la vanille et le thé qui représente environ 55% du total de sa
production.
Sur le plan arabe, la Tunisie occupe le premier rang quant à la production agricole organique, en dépit
de sa petite superficie qui en fait
s’approche de 178 mille hectares,
soit 1,8% de la superficie agricole.
La Tunisie est le seul État arabe à
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maîtriser l’agriculture organique à
partir de bases scientifiques et juridiques, accréditées par l’Union Internationale aux mouvements de
l’agriculture organique [FOAM].
La Tunisie s’intéresse à l’agriculture
des olives, des amendes, des palmiers alors que le reste comprend
les légumes, les fruits, les fourrages
et quelques plantes aromatiques. Les
exportations de la Tunisie sont essentiellement orientées vers l’Europe occidentale.
Le secteur de l’agriculture organique en Égypte est témoin d’une
grande croissance. Sa superficie a
évolué de 4,020 mille hectares en
1998 à 9,342 mille hectares en 2003
puis à 19,211 mille hectares en 2008.
Le nombre de fermes organiques a
doublé, passant de 400 en 2008 à
1000 en 2007. Le Ministère égyptien
de l’Agriculture a pris des démarches qui appuient l’orientation vers
l’agriculture organique, dont à titre
d’exemple la création d’un laboratoire central accrédité au restant des
insecticides en 1994 et l’interdiction
de l’emploi des insecticides dans les
régions frontalières comme al-Wadi
al-Gadid (la Nouvelle Vallée), le Sinaï et Touchka. De plus, un laboratoire central à l’agriculture organique a été fondé en 2002. Cependant,
le marché de l’agriculture organique
en Égypte reste limité en raison de la
hausse des prix de la production et
l’exportation de 90% des produits
organiques égyptienne vers l’étran-
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ger.
Au Maroc, la superficie des terrains organiquement cultivés est de
3200 hectares. Plus de 500 mille hectares représentent des ressources
naturelles, des forêts, des arbres Arcans, des plantes aromatiques et médicinales. La majorité des produits
sont orientés vers l’exportation, car
le marché local est presque inexistant. Les récoltes vertes et les agrumes représentent 95% du total des
exportations biologiques orientées
vers l’Europe.
Au début de l’année 2007, les exportateurs africains se sont inquiétés
en apprenant l’intention de l’une des
grandes autorités d’accréditation
organique du Royaume Uni à supprimer l’accréditation des produits
envoyées par air vers les marchés
sous prétexte de la hausse du taux de
dégagement des gaz de serre de ces
productions. Cette décision représente une menace au mode de vie des
exportateurs des fruits et des légumes de l’Est et du Sud de l’Afrique.
Mais l’étude du centre de commerce
international (ITC) a confirmé que
la majorité des quantités de la capacité est consommée dans le processus
du transport et à l’intérieur des
marchés d’importation et que le processus d’importation par air est dans
quelques cas plus économique au
niveau de l’énergie et participe à la
protection immédiate des conditions
de vie d’environ 22 mille personnes.
La hausse des coûts d’émission de
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certificats constitue un grand obstacle aux petits agriculteurs. En Afrique de l’Est, une seule ferme paie un
montant variant entre 500 et 3 mille
dollars pour un certificat d’assurance de la qualité de membre. En Ouganda, la taxe de l’émission du certificat européen est de 200 livres sterling, en plus du coût des inspections
qui peuvent atteindre 350 livres sterling/jour.
Les produits agricoles organiques
locaux affrontent dans quelques
pays une compétitivité avec les produits organiques importées et sont
vendus à un prix très bas, car la production est souvent subventionnée
par les pays avancés. Au Kenya, il
existe un volet de vente des produits
organiques, dont le taux de vente ne
dépasse pas la production locale que
de 1% seulement.
Parmi les principaux défis affrontés par ce secteur, figure le fait que
l’agriculture agricole ne jouit pas de
l’aspect de l’agriculture durable et
obtient peu de subvention de la part
des gouvernements africains.
Recommandations
Étendre les campagnes de sensibilisation et d’information sur l’importance de l’agriculture organique, ses bienfaits écologiques et de
ses conséquences économiques en
faveur des cultivateurs, et sur
leurs effets salutaires et sanitaires
sur eux et sur les consommateurs.
Faciliter la situation juridique et les
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politiques de soutien et de marketing des produits de l’agriculture
organique en Afrique.
Supprimer les obstacles qui entravent l’agriculture organique, à
l’exemple des aides relatives à l’usage de matières chimiques dans
l’agriculture et le devoir de former ceux qui travaillent dans ce
domaine et leurs présenter des
services d’orientation quant aux
pratiques de l’agriculture durable.
Soutenir les petits agriculteurs et en
particulier durant la période de
transition au cours de laquelle le
cultivateur passe du système de
l’agriculture traditionnelle à l’agriculture organique, réduire les
taxes d’accréditation, d’inspection
et d’émission des certificats d’adhésion des bureaux spécialisés.
Financer les recherches de l’agriculture organique par les agriculteurs, les fabricants, les spécialistes de l’orientation agricole et
les académiciens et développer les
marchés locaux et régionaux des
produits organiques.
Augmenter la subvention présentée
par la Communauté Internationale de l’agriculture durable au
Continent et réduire les barrières
qui constituent un obstacle à la
production organique africaine
pour arriver aux marchés extérieurs.
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