Revue Méd. Vét., 2013, 164, 3, 106-111
ZEGHDOUDI (M.) AND COLLABORATORS110
femelles [1]. Dans cette étude, les reproducteurs ont présenté
des cas de maladie de Marek apparaissant à l’âge du début
de ponte et évoluant sur un mode chronique, alors que la
maladie a évolué sous une forme aiguë chez les poulets de
chair âgé d’au moins 35 jours. De façon analogue, KREAGER
a observé que la maladie de Marek reste rare chez des oiseaux
de moins de 3 à 4 semaines, devient fréquente et grave chez
des animaux de 8 à 9 semaines mais peut également survenir
durant la période de ponte [7]. Les signes cliniques observés
dans cette étude consistaient en des symptômes généraux
non spéciques tels que l’abattement, l’immobilité et une
mort subite en décubitus dorsal, précédée de convulsions. De
même, BIGGS [2, 3] relate que les oiseaux atteints de maladie
de Marek avec des lymphomes ou des syndromes paralytiques
n’expriment pas de signes spéciques de la maladie dont la
mort est souvent précédée par un état de dépression et/ou
comateux.
Dans l’étude réalisée ici, il ressort que la forme
nerveuse avec atteinte des nerfs périphériques citée comme
caractéristique de la maladie de Marek et déterminante
pour le diagnostic clinique est inexistante dans les 2 types
de production. En revanche, la maladie s’est manifestée
exclusivement sous une forme tumorale, nodulaire ou
diuse, aectant majoritairement le proventricule chez les
poulets de chair, le foie et la rate chez les reproducteurs.
D’autres organes ont également pu être atteints tels que les
reins dont l’hypertrophie est toujours couplée avec d’autres
lésions viscérales, la grappe ovarienne chez les femelles et
de façon très sporadique le cœur et les intestins. Cette étude
lésionnelle est compatible avec celle rapporté par SAIF [10].
Bien que ce dernier ait observé une taille généralement
normale des organes, accompagnée d’une décoloration
importante lors d’atteinte diuse, il décrit une apparence
granuleuse de la surface du foie et la mise en évidence à la
coupe de nodules de diérentes tailles, blanc gris, fermes
et lisses. De même, il évoque une grappe ovarienne dite
en «chou-eur» résultante de la présence de tumeurs des
follicules matures. Ainsi, bien que l’élargissement des lésions
aux nerfs périphériques soit très fréquemment observé
chez les oiseaux, KREAGER souligne qu’aucun organe ou
tissu n’est épargné et que des tumeurs viscérales peuvent
apparaître en l’absence de lésions nerveuses notamment
chez certaines races de poules [7] et selon WITTER [12],
les lymphomes viscéraux sont communs dans beaucoup de
formes virulentes de la maladie, la distribution des lésions
étant inuencée par certaines caractéristiques génétiques de
l’oiseau ou du virus [12]. Cependant, les atteintes lésionnelles
ne sont pas associées à des baisses de performance tangibles à
l’échelle des groupes de volailles: le poids moyen des poulets
de chair demeure acceptable [4] et les taux de ponte calculés
sur le nombre de poules présentes restent satisfaisants. Seul le
taux d’éclosion est abaissé en raison d’une atteinte fréquente
des coqs.
La fréquence de la maladie de Marek s’explique par
l’omniprésence de l’herpès virus dans les élevages aviaires
ce qui se traduit par des taux de mortalité élevés et par la
présence régulière de cas y compris chez des animaux
vaccinés. L’apparition de la maladie chez les eectifs vaccinés
résulte probablement de l’absence de respect des pratiques
vaccinales, des conditions de désinfection incomplètes ou
d’une barrière sanitaire insusante compromettant la prise
vaccinale durant la première semaine d’âge, mais aussi
d’une stimulation insusante du système immunitaire
par certaines souches vaccinales [6]. La contamination des
poulets de chair qui ne sont pas systématiquement vaccinés
contre la maladie de Marek, joue vraisemblablement un rôle
déterminant dans l’excrétion du virus dans la nature qui va
permettre la pérennisation de la maladie dans tous les types
d’élevage. Le diagnostic post mortem de la maladie requiert
des connaissances histopathologiques précises permettant
d’identier les lésions du foie ou du proventricule induites
notamment lors de formes diuses surtout lorsque la
forme nerveuse classique (reconnaissable cliniquement à
l’écartement des pattes) n’est pas exprimée dans l’élevage. Le
tropisme sélectif du virus pour certains organes et les formes
d’évolution de la maladie de Marek sont en rapport d’une
part avec l’environnement et d’autre part avec l’évolution et
l’adaptation dans le temps et l’espace de l’agent étiologique.
En conclusion, comme cette maladie est considérée
à l’heure actuelle comme émergente [11], il est possible
d’assister à une recrudescence de l’incidence de la maladie
de Marek associée à une variabilité importante des
manifestations lésionnelles.
Références
1. BIGGS P.M.: Marek’s disease: current state of knowledge.
Curr. Top. Microbiol. Immunol., 1968, 43, 93-125.
2. BIGGS P.M.: Marek’s disease. In: e Herpes viruses,
KAPLAN A.S. (ed.), Academic Press, New York and
London, 1973, pp.: 557-594.
3. BIGGS P.M., PAYNE. L.N.: Studies on Marek’s disease
in experimental transmission. J. Nat. Canc. Inst., 1967,
39, 267-280.
4. COUDERT F. : Maladie de Marek. In : Manuel de
pathologie aviaire, BRUGÈREPICOUX J.et SILIM A.
(eds), ENV Maison-Alfort, 1992, pp.: 165-170.
5. DIRECTION DES SERVICES VÉTÉRINAIRES :
Déclaration de la maladie de Marek, Bulletin sanitaire
annuel, Alger, 2005.
6. GUERIN J.L, BOISSIEU C.: La maladie de Marek. [en
ligne], 2008, Adresse URL: www.avicampus.fr/bacterio.
html . Consulté le 28/10/2010
7. KREAGER K.: Marek’s disease: clinical aspects and
current eld problems in layer chickens. In: Diagnosis
and control of neoplastic diseases of poultry, FADLY A.
M., SCHAT K.A. and SPENCER J.L. (eds.). American
Association of Avian Pathologists, Kennett Square, 1997,
pp.: 23-26.
8. PAYNE L.N, VENUGOPAN K.: Neoplastic diseases,
Marek’s Disease, avian leucosis and reticuloendotheliasis.
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