Septembre 2016 - N°436
PERSPECTIVES AGRICOLES
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L’OBSERVATOIRE
Au niveau mondial, une augmentation des
précipitations extrêmes toucherait à la fois
les zones arides et les zones humides (1).
© 123RF - M. KNIT
L’ensoleillement, excédentaire sur la Côte d’Azur,
reste proche des normales sur la côte atlantique et
les côtes de la Manche.
Début juin n’a pas vu la situation s’améliorer avec,
à nouveau, de fréquents événements orageux. Sur
les treize premiers jours du mois, les précipitations
sont en excédent de 23 %, avec des cumuls impor-
tants dans le Nord-Est. Les températures affi chent
des valeurs largement inférieures aux moyennes de
saison (défi cit de -2 à -1 °C selon les régions).
Ces conditions humides et fraîches ont impacté
négativement les cultures d’hiver. Plusieurs fac-
teurs sont intervenus : pression des maladies,
hydromorphie, stérilité des épis par défaut de rayon-
nement ou destruction des cultures du fait de par-
celles inondées. Les cultures d’été et les fourrages
ont également souffert de ces mauvaises conditions,
avec une offre défi citaire en températures.
Fortes pluies et changement
climatique
D’un point de vue physique, un air plus chaud est
capable de stocker davantage de vapeur d’eau,
de l’ordre de 7 % par degré Celsius (relation de
Clausius-Clapeyron). De plus, la vapeur d’eau ampli-
fi e le phénomène du réchauffement climatique, qui
modifie également la circulation atmosphérique.
En moyenne, l’évolution annuelle des précipitations
mondiales n’augmente que de 2 % car d’autres fac-
teurs interviennent. Les simulations climatiques
montrent une augmentation des pluies aux latitudes
moyennes. À l’opposé, les zones arides tropicales
et subtropicales, et certaines régions comme la
Méditerranée, verront leurs précipitations diminuer.
L’analyse des records de précipitations entre 1901
et 2010 (2) montre globalement une augmentation
de 12 % de ceux-ci, comparativement à un climat
stationnaire. La variabilité naturelle du climat
ne peut à elle seule expliquer cette progression.
À une échelle régionale, les résultats sont plus
contrastés. En Europe, l’augmentation est de
31 %, alors qu’en zone méditerranéenne, la ten-
dance est de l’ordre de -27 %, avec une baisse
encore plus marquée en automne et en hiver.
En Australie, les chercheurs ont constaté qu’une
atmosphère plus chaude est associée à des préci-
pitations plus intenses, se produisant sur une zone
géographique plus petite (3).
Un consensus se dégage sur l’augmentation en fré-
quence des précipitations extrêmes à l’échelle jour-
nalière sur la plupart des zones terrestres. Même
s’il est encore trop tôt pour tirer toutes les consé-
quences de ces conditions climatiques, le poten-
tiel des cultures sera sans doute affecté, autant du
point de vue des rendements que de la qualité des
récoltes, dans des proportions qui restent à préciser.
(1) Donat, M. G., Lowry, A. L, Alexander, L. V., O’Gorman, P. A. &
Maher, N. Nature Clim. Change http://dx.doi.org/10.1038/ncli-
mate2941 (2016).
(2) Lehmann, J., Coumou, D. & Frieler, K. Clim. Change 132, 501-515
(2015).
(3) Wasko C, Sharma A, Westra S, 2016, Geophysical Research
Letters, doi : 10.1002/2016GL068509.
ARVALIS - Institut du végétal
La France n’a pas été le seul pays touché
Du 26 mai au 6 juin, de fortes pluies ont affecté le sud
des Pays-Bas, le nord-ouest de l’Autriche et le sud de
l’Allemagne, en particulier dans le Bade Wurtemberg,
la Rhénanie-Palatinat, le sud de la Hesse et la Bavière,
où les cumuls du 27 au 29 mai dépassent localement
125 mm, provoquant comme en France de fortes inon-
dations et des dégâts sur les cultures.