4 5
S.N.I.A. - Bulletin N° 192 - Mai 2012S.N.I.A. - Bulletin N° 192 - Mai 2012
UN PEU D’HISTOIRE :
Les premières références au remplacement d’un organe malade
par un organe sain datent du deuxième siècle en Chine, mais
des traces laissées dans les récits mythologiques et bibliques
montrent que la transplantaon d’un organe d’un individu à un
autre a toujours fasciné l’être humain.
Malgré les progrès rapides réalisés par les diérentes équipes
chirurgicales, la plupart des intervenons sont vouées à l’échec
à cause du rejet. Ce n’est qu’après les années 1970 que la
transplantaon connaît un nouveau départ grâce aux progrès
réalisés en immunologie et en biologie.
L’irradiaon médullaire, découverte en 1959 et praquée
par Jean Hamburger et John Merill, a pour but de détruire
totalement le système immunitaire du receveur mais l’expose
à la moindre infecon et conduit au décès. Cee technique
est rapidement remplacée par l’usage des corcoïdes et des
immunosuppresseurs comme l’azathioprine.
En 1958, Jean Dausset et Jean Bernard, à Paris, ont mis en
évidence les groupes H.L.A. et leur rôle dans la lue d’un
organisme contre un greon étranger, ce qui a permis le
développement de la transplantaon rénale à la n des années
60. Puis en 1969, Terasaki, par la découverte du cross-match, a
permis d’éliminer les donneurs strictement incompables.
D’un autre côté, la réanimaon des paents en état de mort
cérébrale a acquis une base légale. La réanimaon per- et post-
opératoire des receveurs et le maniement des corcoïdes, des
immunosuppresseurs et des anbioques se sont anés.
En 1972, Jean-François Borel découvre la ciclosporine et
ses propriétés immunosuppressives, ce qui transforme
radicalement les perspecves des grees et la durée de vie des
greons.
A parr de cee période, les transplantaons vont se diversier
et s’étendre à diérents organes.
Parmi toutes, la transplantaon pulmonaire a connu un
développement plus tardif. En eet, le greon pulmonaire,
de part sa foncon, présente des échanges constants avec
l’air ambiant, ce qui l’expose davantage aux risques de
contaminaon et donc d’infecon ; de plus, le poumon est
immunosmulant, ce qui induit des réacons de rejet aigu ou
chronique importantes.
La première transplantaon pulmonaire a été réalisée
par James Hardy, de l’université du Mississippi, en 1963,
chez un homme qui a survécu 18 jours. L’équipe des
Dr Bisson et Bonnee a réalisé sa première transplantaon
monopulmonaire à l’hôpital Foch en 1988 sur une paente
présentant une lymphangiomatose pulmonaire. Par la suite,
elle à développé la technique de transplantaon pulmonaire
bilatérale séquenelle sans recours à la circulaon extra-
corporelle, jusque-là indispensable.
INDICATIONS :
1 – Pathologies :
Diérentes pathologies peuvent bénécier d’une transplanta-
on pulmonaire.
a. La mucoviscidose :
Décrite pour la première fois en 1936, c’est une maladie
autosomique récessive portée par le chromosome 7. Elle
provoque une augmentaon de la viscosité du mucus et son
accumulaon dans les voies respiratoires et digesves, ainsi
qu’un retard staturo-pondéral.
Maladie chronique d’évoluon progressive, elle est dépistée à
la naissance par le test de Guthrie (qui a remplacé le test à la
sueur), mais il existe des rares formes de diagnosc tardif.
Les progrès de la prise en charge ont permis d’améliorer
l’espérance et la qualité de vie des paents par des mesures
non médicamenteuses (kinésithérapie, diétéque,…), mais
l’infecon broncho-pulmonaire chronique demeure le
problème principal. Lorsque l’ensemble de ces mesures ne
sut plus et que l’insusance respiratoire devient terminale,
la transplantaon pulmonaire reste la seule alternave.
Il s’agit donc d’une transplantaon bipulmonaire (de règle an
d’éviter l’infecon du greon par le poumon naf restant) chez
des sujets jeunes (moins de 40 ans), dont l’état respiratoire
est d’autant plus précaire qu’il existe quasi-systémaquement
une colonisaon broncho-pulmonaire polymicrobienne
pré-opératoire. A cee infecon chronique s’ajoute un état
nutrionnel souvent altéré, facteur pronosc péjoraf en post-
opératoire.
b. La brose pulmonaire :
Elle est due à une inammaon du poumon. Elle se caractérise
par la formaon de cicatrices breuses des alvéoles et des
ssus intersels pulmonaires. De nombreuses causes peuvent
en être à l’origine (il en existerait plus de 140), mais dans 50 %
des cas, il s’agit de brose idiopathique ou diuse, forme la plus
grave de la maladie ; sinon on parle de maladie pulmonaire
interselle.
On peut trouver des cas de brose dans certains méers, les
ouvriers inhalant de petes parcules de minéraux ou les
agriculteurs des substances organiques comme le foin moisi.
L’asbestose (due à l’amiante), la silicose, la sarcoïdose sont des
maladies entraînant une brose pulmonaire.
Généralement, cee maladie commence à se manifester vers
50 ans par deux signes peu spéciques : un essouement
inhabituel (qui devient peu à peu permanent) au cours d’un
eort physique et une toux sèche. Puis surviennent perte
d’endurance, diminuon de l’appét, fague, amaigrissement
et douleur thoracique diuse. Enn, apparaissent un
essouement sans eort physique, une cyanose et un
hippocrasme digital.
Le diagnosc est appuyé par une radiographie pulmonaire, qui
objecve des opacités diuses et une réducon de la capacité
pulmonaire et des gaz du sang.
La brose pulmonaire peut induire des complicaons graves,
dont l’hypertension artérielle pulmonaire.
Le traitement repose sur la corcothérapie, puis la
transplantaon pulmonaire.
c. L’emphysème pulmonaire :
C’est une maladie des voies aériennes distales qui se manifeste
par une augmentaon du volume des alvéoles pulmonaires et
une destrucon de leur paroi élasque, si bien qu’à l’expiraon,
les alvéoles ne peuvent se vider complètement de l’air qu’elles
conennent.
Ses causes sont celles d’une bronchite chronique : post-
tabagique ou dû à un décit en alpha-1 antrypsine.
Il en existe diérents types : emphysème pulmonaire aigu,
chronique, ou localisé, secondaire à des troubles broncho-
pulmonaires (tuberculose, sarcoïdose, sténose bronchique, …).
La dyspnée d’eort, qui s’aggrave progressivement, constue
son seul symptôme. La venlaon devient rapide et
supercielle, l’expiraon prolongée. Le thorax se distend en
tonneau, l’ampliaon thoracique diminue et une hypersonorité
diuse bilatérale apparaît. L’auscultaon retrouve des râles
bronchiques. Les gaz du sang traduisent une hypoxémie, isolée
d’abord puis associée à une hypercapnie.
L’emphysème dius primif évolue progressivement vers une
insusance respiratoire chronique.
Dans les formes étendues, de nombreuses complicaons
peuvent survenir comme la surinfecon, le pneumothorax,
d. L’hypertension artérielle pulmonaire :
Idenée pour la première fois en 1891, l’hypertension
artérielle pulmonaire correspond à un syndrome regroupant
des maladies d’évoluon progressive caractérisées par
une brose et un épaississement de la paroi des capillaires
pulmonaires, et donc une élévaon anormale de la pression
artérielle pulmonaire : elle est dénie théoriquement par une
pression artérielle pulmonaire moyenne supérieure à 25 mm.
Hg au repos ou 30 mm. Hg à l’eort, alors que chez le sujet sain,
elle est comprise entre 10 et 15 mm. Hg.
La faible spécicité de ses symptômes (le principal étant
l’essouement à l’eort) entraîne souvent un retard de
diagnosc.
Selon sa cause et sa gravité, l’hypertension artérielle pulmo-
naire peut induire une diminuon de la tolérance à l’eort et
une insusance cardiaque droite.
Son pic de fréquence se situe entre 30 et 40 ans.
Elle peut être primive, familiale, ou associée à une cardiopa-
thie congénitale, une cirrhose, une hypertension portale, une
TRANSPLANTATION PULMONAIRE
Expérience de l’hôpital Foch
Sandrine Laloë*, Fabien Gohier*, Benjamin Tremey**
*Inrmier anesthésite, ** Médecin anesthésiste
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Coeur-Poumons
Malades restant en aente au 1er janvier de chaque année 38 29 35 30 35 26 23
Nouveaux inscrits dans l’année 35 38 30 45 25 25
Décédés dans l’année 20 7 12 15 10 4
Sors de la liste d’aente 3 3 3 6 3 5
Sors de la liste d’aente pour aggravaon 0 0 1 2 1 1
Grees 21 22 20 19 21 19
Poumon
Malades restant en aente au 1er janvier de chaque année 145 91 131 139 173 178 163
Nouveaux inscrits dans l’année 171 257 256 277 275 270
Décédés dans l’année 23 30 32 30 28 21
Sors de la liste d’aente 18 5 13 17 11 20
Sors de la liste d’aente pour aggravaon 5 2 4 9 4 12
Grees 184 182 203 196 231 244
Grees de poumons et de cœur-poumons de 2005 à 2011 en France (Source : Agence de Biomédecine)