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garanties. Les appréciations formulées reflètent notre opinion à la date de publication et sont donc susceptibles d’être révisées ultérieurement.
Flash économique
La spéculation a-t-elle joué un rôle décisif dans la flambée des
cours du pétrole ?
Il y a quelques jours, un comité du Sénat américain a auditionné plusieurs
spécialistes au sujet du rôle des investisseurs institutionnels dans l’inflation
alimentaire et énergétique3. L’un des intervenants, Michael Masters, a fait
valoir que ce rôle était considérable et sa conclusion a été largement reprise
dans la presse. Concernant le pétrole, il estime en effet que, de 2003 à 2007,
la demande de pétrole résultant des investissements sur les marchés de
futures (ce qu’il appelle la "spéculation") a représenté l’équivalent de
848 millions de barils. Sur la même période, la demande chinoise de pétrole
s’est accrue de 920 millions de barils. En somme, si l’on en croit certaines
estimations, la "spéculation" sur les marchés à terme de pétrole
équivaudrait à l’émergence d’une deuxième Chine.
À cela, Hamilton répond deux choses. Tout d’abord, il fait remarquer que les
deux chiffres ne sont pas comparables. Le surcroît de la demande de pétrole
chinoise est exprimé en millions de barils par an, tandis que la demande
spéculative n’est elle rapportée à aucune période de temps. Cela invite à
relativiser l’importance du facteur spéculatif.
Par ailleurs, il est probable qu’une forte hausse de prix aura à terme un
impact négatif sur la demande. Si la demande physique baisse et que l’offre
est inchangée, le surcroît de demande spéculative ne fait qu’accroître les
stocks, ce qui n’est pas extrapolable à l’infini et peut provoquer une forte
correction des prix. Il est plus probable que l’offre se réduise, peut-être avec
des délais et, au bout du compte, c’est bien la confrontation des quantités
physiques offertes et demandées qui fait le prix, non la spéculation. La
demande spéculative de pétrole-papier a certainement joué un rôle
dans l’envolée des cours du pétrole, mais il paraît exagéré de lui
imputer toute la responsabilité de la flambée récente. Son rôle n’est
peut-être que d’avoir accéléré la transition vers un nouveau prix
d’équilibre, correspondant à des fondamentaux bien différents de ceux
d’il y a cinq ou a fortiori dix ans.
La demande de pétrole est-elle devenue insensible au prix ?
L’estimation de l’élasticité-prix (le pourcentage de variation de la demande de
pétrole résultant d’un pourcent de variation du prix réel) n’est pas simple car
la fonction de demande est influencée par bien d’autres facteurs que le prix.
Cette élasticité (négative) a, de plus, toutes raisons d’être plus faible à court
terme qu’à long terme, car on ne change pas du jour au lendemain ses
habitudes de consommation d’énergie (transport, chauffage).
Hamilton rend compte des travaux les plus récents effectués sur ce sujet.
Dans le cas américain, il en ressort que l’élasticité-prix de la demande
de pétrole aurait fortement chuté. Elle était estimée dans une fourchette
0.21-0.34 sur la période 1975-1980, mais serait tombée à 0.034-0.077 sur la
période 2001-2006. Si la demande est devenue moins élastique – du
moins, à court terme – la hausse des prix peut durer longtemps avant
que l’ajustement des quantités ne vienne se répercuter sur le prix. Dans
de nombreux pays asiatiques, on sait aussi que cette sensibilité au prix est
altérée puisque le prix effectivement supporté par le consommateur final est
subventionné par l’État.
Par ailleurs, il faut aussi tenir compte de l’élasticité-revenu (le pourcentage
de variation de la demande résultant d’un pourcent de variation du PIB réel).
Là encore, Hamilton montre que cette élasticité (positive) s’est réduite au
cours du temps. Aux États-Unis, dans les années 1960 et jusqu’au premier
choc pétrolier, cette élasticité était à peu près unitaire. Elle aurait fortement
baissé ensuite, pour s’établir à 0.47 sur la période 1985-1997. Une moindre
élasticité au revenu implique que la part du pétrole dans la dépense se réduit
avec la croissance du PIB.
3 Les textes sont disponibles à l’adresse suivante: http://hsgac.senate.gov/public/.