Recommandations générales (Société
Française de Génétique Humaine)
• L’examen des caractéristiques génétiques pose des
problèmes spécifiques soulignées par le Comité
Consultatif National d’Éthique Français dans ses
avis du 24 juin 1991 (n°25) et du 30 octobre 1995
(n°46).Il touche l’individu dans sa nature intime et
dans ses liens avec sa famille. Le résultat, quel qu’il
soit, peut avoir des répercussions sur la vie person-
nelle et familiale ; il peut être ressenti comme une
anormalité, voire une discrimination.
• La pratique des tests génétiques implique donc le
respect d’un certain nombre de règles qui sont résu-
mées ci-dessous.
• L’analyse des caractéristiques génétiques ne peut
pas être réalisée comme un examen de routine.
•
Avant le test, le sujet doit avoir compris la nature de
l’examen, la signification des résultats, et les consé-
quences éventuelles en terme de suivi ou de traitement.
• L’information doit être donnée par un médecin qui
a des compétences en génétique médicale. Elle doit
être directe et orale pour permettre un dialogue,
puis consignée sur un document écrit.
•
Le sujet doit avoir donné spécifiquement son
consentement écrit avant la réalisation du test. Une
fois testé, il peut refuser de connaître ses résultats et
son droit de ne pas savoir doit toujours être respecté
• L’annonce des résultats doit être faite directement
au sujet par un médecin qui, par sa compétence,
peut expliquer la signification des résultats.
• Le secret médical doit être respecté vis-à-vis des
tiers, y compris les autres membres de la famille.
Ces derniers ne doivent pas être sollicités directe-
ment par le médecin. Si un sujet refuse de faire
connaître à sa famille le risque révélé par le test
génétique qu’il a subi,le médecin est dans l’impos-
sibilité de contacter les apparentés. Il doit informer
le sujet testé de sa responsabilité et tout faire pour le
convaincre d’informer ses proches.
• Sauf cas très particuliers, les enfants mineurs ne
doivent pas être testés.
Recommandations spécifiques
Dans l’état actuel des connaissances fondées sur les
résultats de quelques protocoles de recherche, on
peut,de façon très schématique, proposer les recom-
mandations suivantes :
1. Devant un diagnostic de présomption (patient
présentant les critères cliniques de Livneh)
• Si l’analyse moléculaire révèle la présence de 2
allèles MEFV mutés, le diagnostic est confirmé.
• Si l’analyse moléculaire révèle la présence d’au plus
1 allèle MEFVmuté, le diagnostic n’est en aucun cas
infirmé.
•
Dans une famille dont le cas index porte deux allèles
mutés identifiés, si des signes cliniques évocateurs du
diagnostic de FMF apparaissent chez un membre de la
fratrie, une analyse moléculaire chez cet apparenté
concluant à la présence des deux mêmes mutations
permet très rapidement d’affirmer le diagnostic.
2.Toutefois,l’interprétation des résultats doit tenir
compte des éléments suivants
•
À ce jour, en dehors de la description récente d’un allèle
MEFV porteur d’une mutation stop en 3’ du gène
(Y688X) (14),
il n’existe pas de mutation non ambi-
guë (absence de mutation stop,frameshift, large délé-
tion...). Aussi, en l’absence de test fonctionnel, il est
extrêmement difficile de conclure à l’implication de
telle ou telle mutation dans la survenue de la maladie.
• La signification fonctionnelle des mutations identi-
fiées est d’autant plus difficile à évaluer que certains
allèles
MEFV
portent plusieurs (deux voire trois)
mutations en cis, ce qui complique également l’inter-
prétation des analyses génétiques (à ce jour, en toute
rigueur, l’identification de deux mutations chez le cas
index ne justifie pas de stopper l’analyse moléculaire :
il faut déterminer si ces mutations sont localisées ou
non sur le même allèle, et éventuellement cribler la
totalité des exons codants et des séquences d’épissage à
la recherche d’autres mutations).
• La pénétrance de cette affection est incomplète. Il
reste d’une part à évaluer ce paramètre par des
études de populations, et d’autre part à mieux pré-
ciser a posteriori le phénotype de ces individus
asymptomatiques sur le plan clinique et porteurs de
deux allèles MEFV mutés (en particulier, existence
ou non d’un syndrome inflammatoire biologique
qui, compte tenu de l’existence de formes cliniques
révélées par une amylose rénale inaugurale, pour-
rait faire discuter les indications thérapeutiques).
• Il existe une variabilité phénotypique inter et intra-
familiale.
•
Il existe des modes de transmission pseudo-dominants.
•
Enfin, devant l’absence d’autre critère objectif de
jugement, il est probablement important de rééva-
luer le diagnostic de FMF à la lumière des résultats
de l’analyse du gène
MEFV
, en tenant compte, en
particulier,des limites de cette analyse (analyse foca-
lisée sur les sites les plus fréquemment mutés,analy-
se directe «exhaustive »,ou exclusion de liaison…).
Recommandations
Auteurs Cécile Cazeneuve1, Catherine Dodé2,Marc
Delpech2,Isabelle Touitou3,Gilles Grateau4,
Serge Amselem1
1Service de biochimie génétique
Hôpital Henri Mondor – 94010 Créteil
2 Service de biochimie génétique
Hôpital Cochin – 75014 Paris
3 Laboratoire de génétique moléculaire et chromo-
somique
Hôpital A.de Villeneuve – 34295 Montpellier
4 Service de médecine interne
Hôpital de l’Hôtel-Dieu – 75001 Paris
Membres de la commission ayant participé à l’éla-
boration de la fiche
Roland Berger, Dominique Bonneau,
Françoise Clerget, François Cornelis,
Josué Feingold, Henri Plauchu, Claude Stoll,
Christine Verellen, Jacqueline Yaouanq.
Secrétariat de la commission
François Cornélis
Unité de génétique des maladies communes de l’adulte
Hôpital Lariboisière
2, rue Ambroise-Paré
75010 Paris
Document mis à jour le 5 janvier 2001