GUIDEPEDAGOGIQUE « Tresser » Les mesures réalisées au sol, les observations effectuées dans l’Espace ou depuis l’orbite terrestre et les modèles numériques de plus en plus sophistiqués, élaborés par des générations de scientifiques tressent d’un même lien, celui de la curiosité, de la puissance et du savoir, le rapport de l’homme à son univers. Qui s’attellera à retrouver l’ensemble des écrits qui témoignent du passage de relais entre ces pionniers de différentes générations ? Sujets de curiosité et d’inquiétude, les comètes furent très tôt observées comme en témoigne cette tapisserie de Bayeux représentant le passage de la comète de Halley en 1066. © D.R. 76 ans plus tard, notre connaissance progressera par des observations in situ lorsque la sonde spatiale Giotto s’approchera en 1986 de la comète de Halley à près de 500 km. © ESA En 1910, les premières photos de la comète de Halley témoignent de l’intérêt scientifique qu’elle suscite. © Bishop Muséum Il faudra attendre 2004 pour que la sonde spatiale Stardust collecte des poussières de la comète Wild 2 et les ramène sur Terre. © NASA GUIDEPEDAGOGIQUE Suggestions d’écriture En 2100, une comète va percuter la Terre. Sur un forum internet, des internautes échangent les différentes informations en leur possession qui permettront au commandement général de l’intercepter (ou de la dévier)... A proximité de son lieu de vacances, un employé de la poste trouve une zone complètement dévastée. Il cherche à identifier la cause de cette catastrophe : météorite ? Il écrit des lettres à son ancien professeur... Sources documentaires LES COMETES, ARCHIVES DU SYSTEME SOLAIRE : Une comète est d’abord un noyau cométaire, se présentant sous la forme d’une boule noire, agrégat de glaces, poussières, et diverses molécules, de quelques kilomètres de diamètre. Suite à des perturbations gravitationnelles dues à des étoiles proches, certains de ces corps se trouvent injectés au cœur du système solaire et c’est au moment où un de ces noyaux passe au plus près du soleil qu’il se pare de ses attributs les plus spectaculaires : une chevelure et une longue traîne lumineuse, queues de poussière et de gaz s’étalant dans la direction opposée au soleil. Le noyau chauffé par le soleil s’active : les glaces se vaporisent et les jets de gaz et de poussière qui jaillissent s’illuminent dans la lumière solaire. Les comètes n’échappent pas à la loi de la gravitation, c’est ainsi que périodiquement (de 3,3 ans à… des millions d’années) elles réapparaissent, perdant à chaque fois leur diamètre, masse, et activité. Leur trajectoire reste parfois imprévisible : elles peuvent se briser sous l’effet des forces de gravité, percuter une planète, disparaître dans le soleil, repartir vers les profondeurs de l’espace. Collision de l’impacteur de la sonde Deep Impact sur la comète Tempel 1. Photo réalisée par la caméra haute résolution de la sonde Deep Impact le 3 juillet 2005 © NASA/JPL-Caltech/UMD L’EXPLORATION COMETAIRE : Depuis 1985, différentes sondes spatiales ont été lancées pour étudier l’environnement et l’activité des comètes. La mission ROSETTA a pour objectif l’étude de la comète Churyumov Gerasimenko avec laquelle la sonde a rendez-vous en août 2014. Deux astéroïdes croiseront également la route de la sonde et seront observés : Steins et Lutetia. Le lancement, qui a eu lieu le 2 mars 2004 conduira à une mise en orbite à proximité de la comète vers août 2014 pour une période d’observation de 18 mois. Début 2014, le satellite approchera la comète et sera « réveillé » pour réaliser plusieurs freinages qui l’amèneront en juillet 2014 en orbite autour de Churyumov-Gerasimenko. Une première cartographie globale de la surface permettra de localiser les sites d’atterrissage les plus intéressants. En septembre l’orbite sera abaissée pour réaliser une observation rapprochée de ces sites. Le 20 novembre 2014, l’orbiteur amènera l’atterrisseur Philae à son point de séparation. Trente minutes plus tard, Philae atterrira sur la comète et commencera 5 jours d’études scientifiques. RECITS D’OBSERVATIONS DE COMETES : Extraits de La comète de Halley de Paolo Maffei, éditions Fayard, 1984. 607 : Observations chinoises : « Un jour hsin-hai du troisième mois, troisième année de la période de règne Ta-Yeh (4 avril 607), une comète chhanghsing apparut à l’ouest en s’étendant à travers le ciel, et elle passa par Khuei (quinzième maison lunaire : Andromède, Poissons), Lou (seizième maison lunaire : Bélier), Chio (première maison lunaire : (αet ζ de la Vierge) et Khang (deuxième maison lunaire : Vierge). Elle disparut, mais réapparut un jour hsin-wei du neuvième mois (21 octobre) au sud. Elle s’étendit même à travers les cieux par Chio (première maison lunaire : α, ζ de la Vierge) et Khang (deuxième maison lunaire : Vierge), mais balaya Ti-Tso (Hercule) dans la division Thai- Wei et pénétra dans toutes les autres maisons lunaires à l’exception de Shen (vingt et unième maison lunaire : Orion). Elle apparut pendant le reste de l’année avant de disparaître. » (Sui 21/36a; WHTK 286/21a ; w 172.) 1607 : Lettre de 1607 écrite par le Père Benedetto Castelli à son confrère D. Ermagora de Padoue « Très Vénérable Père Très Respecté, Le 10 du mois d’octobre courant, me retrouvant dans une loggia, le soir, en plein air, comme j’en ai l’habitude pour regarder les étoiles, je vis une lumière, je veux plutôt dire une comète, dans la partie occidentale. Elle avait la grandeur des étoiles de la première magnitude encore que, quelque peu obscurcie, elle ne faisait pas trop belle figure, avec une queue ou une irradiation tendue justement vers l’Orient, qui s’en allait, diminuant de splendeur dans son extrémité de sorte qu’on ne pouvait pas très bien se représenter sa longueur. Mais, en gros, elle semblait avoir 7° environ. Parce que j’étais dans les appartements de mon Révérend - ma chambre est adjacente à la sienne - je ne pus, ce soir-là, faire d’autres observations. […]Le 12, je constatai du mieux que je pus que ladite apparence se retrouvait justement dans la ligne d’équinoxe du 237e degré, commençant par la section du premier degré du T avec l’équinoxe. […] Le 14, elle s’était déplacée entre l’étoile de magnitude 3 qui est dans la main gauche d’Esculape, et cette autre, plus méridionale, qui prend place entre le pied du Scorpion et les cuisses d’Esculape. […] Le 15, elle s’était déportée plus au sud[…]. Les soirs suivants, elle se fit toujours plus méridionale, jusqu’à ce que, le temps ayant changé, une si plaisante vision me fût enlevée […]. Je soupire en pensant à l’ampleur de votre horizon, et plus encore à celle de votre conversation. Je raisonnerais volontiers avec vous de vive voix, de la comète et d’autres choses aussi, que je glane ici et là dans ma journée. Vous me feriez plaisir en me donnant des nouvelles de mon cher M. Galilée et, si vous le pouvez, communiquez-lui cette lettre. Au cas où S.S. aurait noté la susdite apparente en faisant une observation plus exacte, j’aimerais en avoir copie. Écrivez-lui que j’ai le désir de le servir, conformément aux grands mérites qu’on lui connaît.» EXTRAIT DE LE FEU DU CIEL : METEORES ET ASTEROIDES TUEURS : Livre de Jean-Pierre Luminet, Le Cherche-midi Editeur, 2002. Le 30 juin 1908 à 11 h 30, une effroyable explosion ravage la Tunguska, lointaine vallée inhabitée du fleuve Ienisseï, en Sibérie occidentale. Le souffle rase d’un seul coup la forêt à trente kilomètres à la ronde, décime des centaines de rennes, se propage, atteint les villages, brise des vitres, ébranle des immeubles. Il n’y a aucune victime humaine, mais le son de l’explosion est entendu jusqu’à Moscou. Enregistrée par les sismographes, l’énergie libérée équivaut à 15 millions de tonnes de TNT. C’est mille fois la bombe atomique qui explosera 37 ans plus tard à Hiroshima. Au-dessus de la Tunguska, une météorite pierreuse de cinquante mètres de diamètre a percé l’atmosphère à la vitesse de 80 000 km/h, s’est désintégrée à 8 000 mètres d’altitude et a créé cette onde de choc qui a détruit la taïga. Photos de la Tunguska réalisée quelque années après l’explosion de 1908 Réflexions EXTRAIT DE DANS LA COMETE DE ARTHUR C.CLARKE : Reproduit de l’anthologie réunie par Christian Grenier, éditions Folio Junior,1982 : « Il se rappelait (n’y avait-il donc que six mois de cela ?) la toute première fois où il était sorti voir la comète, peu après que le jeune Jimmy Randall, âgé de dix-huit ans, l’ayant découverte dans le télescope qu’il s’était fabriqué lui-même, eut envoyé son fameux télégramme à l’observatoire du mont Stromlo. A cette époque, elle n’était encore qu’un léger brouillard qui progressait au milieu de la constellation d’Eridanus, juste au sud de l’équateur. Elle était toujours très loin derrière Mars, glissant sur une orbite distendue à l’infini en direction du soleil. La dernière fois qu’elle avait brillée dans les cieux terrestres, il n’y avait pas eu d’hommes pour la contempler et qui sait s’il y en aurait pour l’admirer de nouveau quand elle réapparaîtrait… L’espèce humaine voyait la comète de Randall pour la première et peutêtre la dernière fois. En approchant du soleil, elle avait grossi, projetant des jets de vapeur et de gaz, dont le moindre valait cent terres. Comme un gigantesque pennon flottant dans quelques brises cosmiques, la queue de la comète atteignait déjà 64 millions de kilomètres quand elle fila le long de l’orbite de Mars. C’est alors que les astronomes ont compris que ce serait le spectacle le plus grandiose de tous les temps : les prestiges déployés jadis en 1986 par la comète de Halley ne seraient rien en comparaison. Et c’est à ce moment là que les dirigeants de la Décade internationale d’astrophysique décidèrent de lancer le vaisseau Challenger à sa poursuite, s’il pouvait être prêt à temps ; car c’était une occasion qui ne se représenterait pas avant un millier d’années. Pendant des semaines, dans les heures qui précédaient l’aube, la comète s’étira à travers le ciel comme une autre Voie lactée, infiniment plus brillante. A mesure qu’elle approchait du soleil et en éprouvait de nouveau les ardeurs qu’elle avait connues au temps où le pas des mammouths ébranlaient la Terre, elle manifestait un regain constant d’activité.» APPARITIONS PASSEES ET A VENIR DE LA COMETE DE HALLEY Passages au périhélie Point de rapprochement maximal de la Terre Année Date 240 av. J-C 164 87 12 66 ap. J-C 141 218 295 374 451 530 607 684 760 837 912 989 1066 1145 1222 1301 1378 1456 1531 1607 1682 1759 1835 1910 1986 2061 25 mai 12 nov. 6 août 10 oct. 26 janv 22 mars 17 mai 20 avril 16 fév. 28 juin 27 sept. 15 mars 2 oct. 20 mai 28 fév. 18 juil. 5 sept. 20 mars 18 avril 28 sept. 25 oct. 10 mai 9 juin 26 août 27 oct. 15 sept. 13 mars 16 nov. 20 avril 9 fév. 28 juil. Distance (UA) 0,45 0,11 0,44 0,16 0,25 0,17 0,42 0,32 0,09 0,49 0;28 0,09 0,26 0,41 0,03 0,49 0,39 0,11 0,27 0,31 0,18 0,12 0,45 0,44 0,24 0,42 0,12 0,19 0,15 0,42 0,48 Date 4 juin 29 sept. 27 juil. 10 sept. 20 mars 22 avril 30 mai 12 mai 2 avril 30 juin 3 sept. 19 avril 7 sept. 3 juin 11 avril 16 juil. 20 aot 24 avril 12 mai 8 sept. 23 sept. 3 oct. 19 juin 14 août 19 sept. 1 sept. 16 avril 16 oct. 20 mai 11 avril 29 juil. Les dates de passage au périhélie ont été calculées en remontant jusqu'à 240 avant J.C. et elles s'accordent avec les observations. L'intervalle moyen entre les apparitions de la comète est de 76 ans mais les périodes de révolution varient légèrement d'une orbite à l'autre en raison des effets gravitationnels dus aux planètes. Gravure sur bois représentant les observations de la comète de Halley par Peter Apian, en 1531.