GEOPOLITIQUE ECS1 19 MODULE I – Thème 1 – CHAPITRE 5
L’Algérie est en effet un territoire stratégique pour la France, qui n’est pas disposée à
l’inscrire dans le mouvement d’émancipation :
• « L’Algérie c’est la France », veut d’abord dire que le territoire algérien n’a pas le
statut de colonie. Constituée de trois départements et du Sahara français,
administré par une administration militaire. Cette organisation est remplacée en 1957
par une départementalisation de toute l’Algérie.
• « L’Algérie c’est la France » peut aussi être comprise en référence à la population de
colons très importante : plus d’un million en Algérie, ce qui en fait la seule colonie de
peuplement même si cette population est largement minoritaire face aux 9 millions de
« musulmans de statut coranique ».
• Enfin, l’Algérie est mise en valeur par la métropole : exploitation du pétrole et du gaz,
création du centre d’essais nucléaire de Reggane.
En raison de son statut administratif particulier, de l’importance de la population dite
« européenne » (même si 80% des colons sont nés en Algérie), et de son rôle stratégique, la
question de l’indépendance de l’Algérie n’est pas traitée de la même façon par la
métropole.
Cette importance avait fait promettre beaucoup à l’Algérie. Pourtant, de 1945 à 1954, les
choses évoluent peu malgré le « statut de 1947 » censé résoudre les tensions en accordant le
droit de vote aux musulmans mais pour élire le même nombre de représentants que les
colons (alors qu’ils sont neuf fois plus nombreux).
L’absence d’évolution entraine une radicalisation du mouvement national. Alors que les
leaders historiques (Messali Hadj, Ferhat Abbas) prônent la négociation, la jeunesse s’engage
dans la lutte et créée le Front de Libération Nationale (FLN), et sa branche armée l’Armée de
Libération Nationale (ALN) le 1er novembre 1954. Cette création est annoncée par une vague
d’attentats : c’est la « toussaint rouge ».
La réponse de la métropole est une « opération de maintien de l’ordre ». Mais les
« évènements » prennent la tournure d’une véritable guerre à partir de 1955 :
• Le nombre de militaires du contingent envoyés en Algérie augmente chaque année
pour dépasser 450 000 en 1957.
• Les gouverneurs généraux sont fréquemment remplacés pour redéfinir l’action en
Algérie mais la politique d’escalade semble inexorable.
• Le fossé entre les communautés se creuse.
• La France est condamnée sur la scène mondiale car le conflit s’internationalise :
" Le FLN est soutenu par les pays arabes indépendants : l’armée française
bombarde le village de Sakhiet-Sidi-Youssef au pretexte qu’il abrite un camp du
FLN le 8 février 1958, entrainant l’intervention des Etats-Unis et du Royaume-
Uni comme médiateurs.
" La France est mise en accusation chaque année à l’ONU par le groupe afro-
asiatique.
L’année 1958 est un tournant, côté français comme côté algérien :
• Le FLN reçoit le soutien des modérés derrière Ferhat Abbas, rendant encore plus
improbable toute solution négociée.
• La IVe république tombe en France en raison d’une sécession à Alger où les militaires,
soutenus par la foule algéroise, se constituent en Comité de Salut Public le 13 mai.
L’appel fait à Charles de Gaulle (Président du Conseil le 1er juin) et l’instauration de la
Ve république changent aussi la donne en métropole.
La Ve république donne de nouveaux pouvoirs au Président (Article 16) qui vont lui permettre
de sortir de l’impasse :
• En octobre 1958, il propose au FLN la « paix des braves ». Le FLN qui s’est constitué
en Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), refuse.
• Le 16 septembre 1959, C. de Gaulle propose l’autodétermination aux Algériens. Le
GPRA accepte mais refuse le cessez-le-feu. La proposition de Charles de Gaulle