Domérat infos - janvier 201419
entièrement refaite de ce fait. Alors
qu'elle ne comportait qu'un portail
sans tympan, elle en sera équipée de
trois. Une rosace est apposée en 1862.
Le clocher, de 40 mètres, a également
été remanié à cette époque pour
accueillir les cloches. Deux fenêtres
ont été ouvertes sur chaque face.
L'intérieur connaît l'austérité des
bâtiments romans mais possède de
nombreuses fresques. Que le visiteur
ne s'y trompe cependant pas: elles
datent de la moitié du 19esiècle,
reproduisant les anciennes qui
avaient été recouvertes entièrement
précédemment... On y voit représen-
tés les Saints chers aux Domératois:
Saint Pardoux, Saint Blaise, Saint
Maur ou Saint Abdon. En extérieur,
on pourra observer à l'arrière, sur le
pignon du choeur, une croix pattée et
un agneau crucifère identique à celle
que l'on peut également voir à Huriel.
Jusqu'au 19esiècle, l'église rythme la
vie des Domératois au grè des fêtes
religieuses et les cloches battent le
temps. Les registres paroissiaux en-
registrent vies et morts de la pa-
roisse. L'harmonie ne connaît pas
d'ombres, même si les Domératois
semblent avoir du tempérament,
notamment au 18esiècle! En 1733,
l'Archevêque de Bourges rend visite
à la paroisse de Domérat tenue par
le curé Dubois, prêtre de l'ordre de
Saint Augustin. Il est alors rapporté
dans le registre que deux confréries,
l'une du Sacré Coeur et l'autre de
Saint Maur, s'affrontent régulière-
ment après quelques excès de vin...
L'Archevêque recommande donc au
Curé de dire la messe le jour de la
fête de l'une et l'autre des confréries,
et de maintenir les paroissiens fer-
més le reste de la journée, sauf à
bien vouloir accepter quelques rè-
gles de conduite! En 1741, alors que
la troisième cloche est bénie, le
Prieur la cassa « par amusement,
parce qu'elle n'était pas d'accord
avec le seconde et la quatrième»...
Comme le prieuré et ses nom-
breuses dépendances occupent qua-
siment l'ensemble de l'actuelle place
Bacchus, hormis la petite place des
Paisseaux (qui a disparu au-
jourd'hui), les rapports avec les Do-
mératois vont se tendre au moment
de la chute de l'ancien régime. En
1839, le conseil de la commune s'oc-
troie une dépendance de la paroisse,
appelée la Boulangerie, dans l'at-
tente de la construction de la mairie
«puisque Monsieur le Curé occupe
un des plus vastes presbytères du dé-
partement». Ses rapports difficiles
s'amplient sous les 2eet 3e
Républiques. A partir de 1869, la
guerre est déclarée entre l'église et la
Municipalité de Pierre-Beaujon-
Fils. Elle atteint son paroxysme sous
la mandature de Jean-Dechaud.
Une des tactiques de ces fervents
républicains, pour contrecarrer le
pouvoir de l'Eglise, sera de grignoter
progressivement son patrimoine.
C'est à cette période que seraient
apposées les lettres «R.F.» si
particulières, que l’on peut voir sur
le fronton de l'église. Le Conseil a,
en effet, décidé l'illumination de
tous les bâtiments communaux
pour les fêtes du 14 juillet. Les lettres
auraient donc été disposées à cette
occasion. Jean-Dechaud fera abattre
les dépendances de l'église qu'il juge
inutiles (hangar, boulangerie etc.)
et façonnera ainsi l'esquisse de
la place que nous connaissons
actuellement en réunissant l'église
et les Paisseaux.
Le bâtiment religieux ne connaîtra
pas de réelles modications avant
la moitié du 20esiècle: en 1948, la
foudre s'abat sur le clocher ce qui
nécessite d'importantes réparations.
Mais, depuis la n du 19e, les
relations sont désormais appaisées...
* La courbe intérieure d'une voûte.
** Espace compris entre deux points
d'appui principaux ...
Détail de peintures polychromes de Notre Dame