Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- CHAPITRE I GENERALITES SUR LES ONDES ELECTROMAGNETIQUES I.1- Onde Electromagnétique On appelle onde électromagnétique (OE) le phénomène résultant de la propagation de deux grandeurs vibratoires : le champ électrique E et le champ magnétique B . On représente cette onde en tout point M de l’espace qu’elle atteint, à l’instant t, par le couple de vecteurs ( E (M, t) ; B (M, t)). I.2- Onde Lumineuse En optique, la lumière est décrite comme une perturbation de l’espace associée à la présence d’un champ électromagnétique qui varie dans l’espace et dans le temps. La lumière est donc une onde électromagnétique. I.3- Equations de Maxwell Ce sont quatre équations, aux dérivées partielles, du premier ordre, qui expriment des relations entre les variations spatiales et temporelles des champs E et B . Elles s’écrivent dans le vide parfait (en l’absence de toute charge et de tout courant) : div E 0 B rot E t div B 0 1 E rot B c 2 t c étant la célérité de la lumière; c = 2.99792458 x 108 m/s Dans un milieu, autre que le vide, supposé homogène, transparent et isotrope (MHTI), la vitesse de propagation est : v nc , n étant l’indice du milieu. Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 6 Kénitra Maroc Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- I.4- Equation de Propagation d’une OE Pour établir l’équation vérifiée par le champ E seul, on élimine B en calculant: rot (rot E) . On obtient l’équation de propagation du champ électrique E : 1 2E ΔE 0 c2 t2 Δ étant le Laplacien. De la même façon, le calcul de rot (rot B) conduit à l’équation de propagation du champ 1 2B ΔB 0 magnétique B : c2 t2 Si, à l’instant t et au point M(x, y, z) d’un trièdre direct (O, i , j , k) , s(M, t) désigne l’une des composantes du champ électromagnétique, on montre que : Δs(M, t) - 1 2s(M, t) s(M, t) 0 2 2 c t □ étant le d’Alembertien. On remarque que E , B et s(M, t) vérifient la même équation dite équation de propagation des ondes électromagnétiques ou tout simplement: équation d’onde. I.5- Surface d’onde On appelle surface d’onde Σt l’ensemble des points de l’espace représentant le même état physique à un instant t donné, le champ électromagnétique étant le même sur cette surface. I.6- Onde Plane Progressive OPP Une onde électromagnétique est qualifiée de plane lorsque ses surfaces d’onde sont à tout instant t des plans. C’est le cas lorsque les coordonnées spatiales du champ électromagnétique ne dépendent que d’un seul paramètre, z par exemple: l’onde se propage alors selon l’axe des z. Appliquée à une onde plane se propageant selon cet axe, l’équation de propagation se simplifie en une équation à une dimension : Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 7 Kénitra Maroc Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 2s(z,t) - 1 2s(z,t) = 0 c2 t 2 z2 dont la solution générale s’écrit (voir T.D): s(z, t) = f(z – ct) + g(z + ct) s(M, t) = f( r . i – ct) + g( r . i + ct) f et g étant deux fonctions arbitraires et r OM . ou La fonction f(z – ct) représente une onde plane dite progressive, c’est-à-dire se propageant sans déformation dans un sens donné qui est dans notre cas le sens des z croissants. La fonction g(z + ct) correspond à une onde plane progressive dans le sens des z décroissants. La solution générale de l’équation d’onde à une dimension est donc une superposition de deux ondes planes progressives en sens inverses. Si la direction de propagation est définie par le vecteur u (Fig.I.1) et si la vitesse de propagation est v, la solution générale s’écrit: s(M, t) = f( r . u – vt) + g( r . u + vt) Fig.I.2 Fig.I.1 Σt est définie par l’équation: r . u = OH = Cte. I.7- Onde Sphérique Progressive (OSP) Fig.I.1 Dans ce cas, l’ensemble des points de l’espace représentant leFig.I.2 même état physique, à l’instant t, se trouve sur une surface sphérique. Les solutions de l’équation d’onde sont de la forme (voir T.D) : s(r, t) = [f(r– ct) + g(r + ct)] / r Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 8 Kénitra Maroc Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- I.8- Structure d’une onde Plane dans le vide On montre (voir T.D) que pour une onde plane se propageant dans le vide dans la direction du vecteur unitaire u et à tout instant t: - les champs E et B sont contenus dans le plan d’onde et constamment perpendiculaires ; - leurs modules sont constamment proportionnels: E = cB ; E et B sont donc en phase ; - ( E , B , u ) forme un trièdre direct (Fig.I.2). On dit alors que l’onde lumineuse est une onde transversale. I.9- Onde Plane Progressive Monochromatique OPPM C’est une onde (dite aussi harmonique) caractérisée par une pulsation ω unique ou une fréquence ν unique. Un cas particulier d’une OPPM se propageant à la vitesse v dans la direction du vecteur unitaire u est une onde sinusoïdale de la forme: s(z, t) = a cos k(vt - z) = a cos(ωt - φ) l’origine des phases étant prise à l’origine des coordonnées; a est l’amplitude de l’onde; k est une constante introduite pour que l’argument du cosinus soit sans unité; φ est la phase au point M à t = 0. Remarque Pour simplifier les calculs, il est souvent plus commode d’utiliser la notation complexe: on représente s(M, t) par la fonction: z(M, t) = ae jφ ae- j(ωt - φ) jφ jωt = ae- e est l’amplitude complexe de l’onde. On en déduit : K ω 2π ν 2π 2π 2π σ v v vT λ ; φ 2π z 2π r .u K . r λ λ ; λ = vT λ est homogène à une distance, on l’appelle longueur d’onde: c’est la distance parcourue par l’onde dans le milieu considéré, à la vitesse v, en une période T. La lumière a donc une double périodicité : - T: période temporelle ne dépendant que de la source de lumière; - λ: période spatiale dépendant de la source et du milieu de propagation. 1 : est le nombre d’onde (ou pulsation spatiale); λ K : est le vecteur d’onde tel que le trièdre ( E , B , K ) est direct: K E ω B ; σ Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 9 2π K u λ Kénitra Maroc Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Remarque Dans le vide, la longueur d’onde est: λ0 = cT. Dans un milieu homogène, isotrope et transparent, d’indice n, elle devient: λ = vT, si la vitesse de l’onde est v dans ce milieu. λ0 n λ On en déduit la relation suivante: φ s’écrit alors : φ 2π 2π nz L λ0 λ0 L étant le chemin optique dans le milieu considéré. En optique, on exprime généralement les longueurs d’onde en μm (1μ(micro) = 10-6). Ainsi, le spectre visible (le domaine optique ayant pour détecteur l’œil humain) s’étend approximativement du 0.380 à 0.780 μm. Les tableaux ci-dessous donnent un ordre de grandeur de la longueur d’onde λo dans le vide des différents types d’ondes électromagnétiques et du spectre visible. Ondes Électromagnétiques domaine λo Rayons γ Gamma 30 pm UV Rayons X Ultra- Visible Violet 30 nm 0,3 μm 0,6 μm IR Micro- Infrarouge ondes 3 μm cm, mm Hertzien mm, m, km (1p(pico) = 10-12 ; 1n(nano) = 10-9) Spectre Visible 0,380 ≤ λo ≤ 0,780 couleur Violet Indigo Bleu Vert Jaune Orange Rouge λo (μm) 0,40 0,43 0,48 0,54 0,58 0,60 0,65 Un ordre de grandeur : fréquence ν # 5 .1014 Hz correspond à λo = 0,60 μm. Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 10 Kénitra Maroc Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- I.10- Etat de polarisation d’une OPPM L’état de polarisation d’une onde caractérise la trajectoire décrite par l’extrémité du champ électrique au cours de la propagation. L’onde est dite polarisée rectilignement lorsque le vecteur champ électrique garde une direction déterminée. C’est le cas d’une OPPM se propageant selon l’axe des z par exemple (Fig.I.3). Le plan défini par le champ électrique E et le vecteur d’onde K est appelé : plan de polarisation. Fig.I.3 Dans le cas général, le champ E peut être considéré comme la somme de deux champs électriques perpendiculaires E x et E y d’amplitudes a et b et déphasé l’un de l’autre de Φ : E x = a cosωt i E y = b cos(ωt - Φ) j La trajectoire décrite par l’extrémité de E est donnée par l’équation suivante : 2 2 ExEy Ex Ey cos sin2 - 2 ab a b C’est en général une ellipse inscrite dans le rectangle de côtés 2a et 2b (Fig.I.4) et dont les axes OX et OY sont inclinés d’un angle α sur Ox et sur Oy respectivement. Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 11 Kénitra Maroc Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Fig.I.4 Fig.I.5 Selon les valeurs de Φ et des amplitudes a et b, l’onde est polarisée elliptiquement, circulairement ou rectilignement (Fig.I.5). Cas particuliers : 1) Φ = 0 et a = b: la polarisation est rectiligne. 2) Φ = π 3π et Φ = avec en plus a = b: l'ellipse devient un cercle, la polarisation de l’onde 2 2 est donc circulaire : Φ= π : polarisation circulaire gauche 2 ; Φ= 3π : polarisation circulaire droite. 2 Remarque La lumière naturelle (polychromatique) est une superposition d’OPPM dont les champs électriques sont déphasés d’une manière aléatoire. L’extrémité du champ électrique résultant décrit alors une trajectoire quelconque: l’onde est donc dite non polarisée. I.11- Intensité d’une onde lumineuse Les récepteurs de lumière (œil, plaque photographique,…) ne sont pratiquement sensibles qu’à la moyenne sur le temps du carré du champ électrique (puisque E = cB) en raison de la très faible valeur de la période des ondes lumineuses (de l’ordre de 10-15 s). On appelle cette moyenne: intensité lumineuse I (ou éclairement). C’est une grandeur proportionnelle à l’énergie transportée par l’onde (voir cours d’électromagnétisme) donc directement mesurable: I = < | E |2 > Ainsi, pour une onde monochromatique de fonction d’onde: s(M, t) = acos(ωt – φ) l’intensité est définie à un facteur multiplicatif près par : I = a2 Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 12 Kénitra Maroc Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Ce n’est donc que le carré de l’amplitude de l’onde considérée. C’est cette définition qui est adoptée dans ce cours. Remarque 1 On définit différentes grandeurs énergétiques d’une onde lumineuse selon que l’on s’intéresse à la source de lumière ou au récepteur de cette onde. Ainsi, l’intensité (en candela) est définie comme étant le flux lumineux émis dans un certain angle solide de la source alors que l’éclairement (en lux) représente ce flux reçu sur une certaine surface du récepteur ; ces deux grandeurs sont proportionnelles à l’énergie moyenne rayonnée, elle-même proportionnelle à la moyenne < | E |2 >. Remarque 2 Dans un milieu d’indice n, l’intensité est par définition: I = na2 I.12- Réflexion et réfraction d’une OPPM - Coefficients de réflexion et de transmission Lorsqu’une OPPM dont le champ électrique (champ incident E i et vecteur d’onde avec φi = K i . ri K i ) s’écrit : E i = ai cos(ωt – φi) ei tombe sur un dioptre plan séparant deux milieux diélectriques d’indices n1 et n2, elle se décompose en deux ondes de même pulsation ω. ωt - K . r ) e - une onde réfléchie correspondant au champ électrique: E r a r cos( r r ωt - K . r ) e - une onde transmise correspondant au champ électrique: E t at cos( t t avec : Ki = Kr = n1K0 et K2 = n2K0 ; K0 2π λ0 On définit les coefficients de réflexion r et de transmission t relatifs aux amplitudes par : a r r ai ; a t t ai On les exprime en fonction des indices des milieux (voir cours d’électromagnétisme) par les expressions suivantes: n -n r 1 2 n1 n 2 t 2n 1 n1 n 2 Lorsque la transmission de la lumière se fait dans le milieu n2. Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 13 Kénitra Maroc Prof. H. NAJIB Optique Physique Version 3 : juillet 2012 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- On remarque que: - t est toujours positif, - r est négatif si n1 < n2, ce qui se traduit par un déphasage de π de l’onde réfléchie par rapport à l’onde incidente. Remarque Si on considère les coefficients relatifs à chaque face (sup et inf) du dioptre, on écrit : r = r1.r2 et t = t1.t2 2 n1n 2 Dans ce cas : r1 n1 - n 2 r2 et t n1 n 2 n1 n 2 I.13- Composition de deux ondes monochromatiques synchrones Les trois méthodes de composition : - Méthode trigonométrique - Méthode des nombres complexes - Méthode de Fresnel seront traitées en TD. Univ. Ibn Tofaïl / Fac. Sciences 14 Kénitra Maroc