DONNÉES NOUVELLES
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La Lettre du Pneumologue - Volume III - no2 - avril 2000
de ces anticorps après l’infection (en moyenne une année).
Le sérodiagnostic présente deux inconvénients majeurs : quelle que
soit la technique utilisée, il fournit un diagnostic rétrospectif compte
tenu de la cinétique d’apparition des différentes classes d’anticorps,
et il ne peut être utilisé chez les malades immunodéprimés et les
nourrissons, dont les réponses immunitaires sont respectivement
altérées ou immatures. Un test de détection d’un antigène de M.
pneumoniae est actuellement disponible ; il fournit des résultats
rapides, mais son manque de sensibilité fait qu’il est peu utilisé.
Le diagnostic direct, par mise en évidence de la bactérie, peut
être réalisé dans les expectorations, les produits d’aspiration bron-
chique, les liquides pleuraux, les liquides de lavage bronchoal-
véolaires, les brossages endobronchiques et les prélèvements naso-
pharyngés. L’examen direct ne permet pas de visualiser les
mycoplasmes du fait de leur petite taille. Le seul intérêt de l’exa-
men direct est d’éventuellement exclure la présence d’un autre
pathogène. L’isolement de M. pneumoniae est actuellement rare-
ment pratiqué car la culture sur milieu acellulaire est longue (sept
jours au moins), peu sensible, et réservée à des laboratoires spé-
cialisés (milieux spéciaux, personnel qualifié).
Le diagnostic moléculaire est en général utilisé pour recher-
cher les bactéries de culture difficile en mettant en évidence leur
acide nucléique (ADN le plus souvent). M. pneumoniae est par
conséquent un candidat idéal pour l’application de ce type de tech-
nique. Tout d’abord ont été proposées des techniques d’hybrida-
tion avec des sondes d’ADN spécifiques, ces dernières présentant
une bonne spécificité mais une mauvaise sensibilité. C’est en 1989
que le diagnostic moléculaire des infections à M. pneumoniae a
réellement progressé avec la mise au point d’une technique
d’amplification génique (PCR) de l’ADN de M. pneumoniae réa-
lisée directement dans les prélèvements (11). Cette technique est
rapide (24 à 48 heures), spécifique de M. pneumoniae (94 à 100 %)
et très sensible (19 à 0,019 CCU/ml). Diverses variantes de cette
technique de PCR sont actuellement proposées. Certaines per-
mettent d’améliorer la sensibilité et la spécificité de détection de
l’ADN (double PCR appelée nested-PCR). D’autres permettent,
en une seule manipulation, la détection du génome de plusieurs
micro-organismes dans un seul et même prélèvement : on parle
alors de multiplex PCR. La détection simultanée de l’ADN des
trois principales bactéries impliquées dans les pneumopathies aty-
piques, M. pneumoniae, Chlamydia pneumoniae et Legionella
pneumophila, a été réalisée. Dernièrement, une nonaplex PCR a
été publiée, permettant la détection simultanée du génome de neuf
micro-organismes impliqués dans les infections respiratoires (12).
Il est à noter que la grande sensibilité de la PCR permet la détec-
tion de M. pneumoniae dans diverses circonstances cliniques (per-
sistance après infection, porteurs sains) et dans des prélèvements
cliniques variés comme le LCR.
Des progrès ont donc été réalisés en termes de diagnostic bacté-
riologique des infections à M. pneumoniae, mais tout n’est pas encore
parfait. En effet, les techniques sérologiques, seules disponibles en
pratique courante, manquent de sensibilité et de spécificité. À
l’inverse, les techniques les plus performantes restent pour l’instant
l’apanage de laboratoires spécialisés (tableau II). À ce jour, aucun
kit n’est commercialisé pour effectuer en routine le diagnostic molé-
culaire d’une infection à M. pneumoniae dans un laboratoire de ville.
TRAITEMENT
M. pneumoniae est sensible aux tétracyclines, aux macrolides et
aux fluoroquinolones, mais est résistant aux antibiotiques
agissant sur la synthèse de la paroi bactérienne. En pratique de
ville, dans laquelle le traitement antibiotique est presque toujours
probabiliste, c’est souvent en l’absence d’amélioration clinique
après 48 à 72 heures d’antibiothérapie par une bêtalactamine que
celle-ci est remplacée par un macrolide ou une fluoroquinolone.
L’amélioration clinique faisant suite au changement
d’antibiothérapie permet alors de penser qu’il s’agissait bien
d’un germe atypique. L’antibioprophylaxie des infections à
mycoplasmes n’est pas recommandée. Seuls les patients
immunodéprimés peuvent éventuellement en bénéficier car ils
sont prédisposés aux formes sévères de l’infection. Aucun
vaccin n’est à ce jour disponible, bien que de nombreuses voies
de recherche aient été explorées (13).
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Méthodes Avantages Inconvénients Faisabilité
de diagnostic en “ville”
Sérologie Réalisation facile Diagnostic rétrospectif
Intérêt des IgM Tester 2 sérums à
(primo-infection) 3 semaines d’intervalle Oui
Culture Isolement de la souche Long (7-15 j), peu sensible
Diagnostic de certitude Laboratoires spécialisés Non
PCR Rapide, sensible et spécifique Laboratoires spécialisés Non
Tableau II. Principaux avantages et inconvénients des méthodes de
diagnostic bactériologique d’une infection à M. pneumoniae.