ANNALES DE LINSTITUT FOURIER
ALEXANDER GROTHENDIECK
Résumé des résultats essentiels dans la
théorie des produits tensoriels topologiques
et des espaces nucléaires
Annales de l’institut Fourier, tome 4 (1952), p. 73-112
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RESUME
DES
RESULTATS
ESSENTIELS
DANS
LA
THEORIE
DES
PRODUITS
TENSORIELS
TOPOLOOIQUES
ET
DES
ESPACES
NUCLÉAIRES
par
A.
GROTHENDIECK.
INTRODUCTION
(*)
Sujet.
Cet
article
est
destiné
à
donner
un
résumé,
sans
démonstration,
des
principaux
résultats
contenus
dans
mon
travail
«
Produits
tensoriels
topologiques
et
espaces
nucléaires
»
qui
sera
publié
dans
les
Mémoirs
of
thé
Amer
Math.
Society
(travail
auquel
je
réfère
comme
PTT).
Dans
PTT
prédominait
le
souci
d'être
exhaustif,
tant
pour
traiter
toutes
les
questions
que
posaient
les
sujets
traités,
que
pour
ramener
les
résultats
les
moins
faciles
à
des
théorèmes
aussi
généraux
que
possible.
Aussi
ce
travail
est-il
assez
touffu
et
les
idées
simples
importantes
risquent-elles
d'être
parfois
obscurcies
par
les
détails
techniques.
C'est
pourquoi
ce
résumé
expurgé
n'est
peut-être
pas
inutile
pour
donner
un
aperçu
plus
facilement
assimilable
de
la
théorie.
Quelques
compléments,
inté-
ressants
mais
non
nécessaires
pour
la
compréhension
générale
de
ce
résumé,
ainsi
que
parfois
des
indications
sur
certaines
démonstrations,
ont
été
placés
entre
des
astérisques,
comme
*
...
^.
L'importance
des
produits
tensoriels
topologiqnes
se
manifeste
dans
diverses
directions
:
a)
La
notion
de
produit
tensoriel
topologique
est
à
la
base
d'une
bonne
formulation
générale
et
simple
de
la
théorie
de
Fredholm,
englobant
en
plus
du
cas
classique
d'un
opérateur
intégral
défini
par
un
noyau
continu,
beaucoup
d'autres
opérateurs
définis
dans
les
espaces
fonctionnels
les
plus
importants
(2).
Je
donnerai
ailleurs
un
développement
systématique
de
cette
théorie,
qui
est
seulement
effleurée
dans
ce
travail.
6)
Les
diverses
variantes
de
la
notion
de
produit
tensoriel
topo-
logique
donnent
lieu
par
dualité
à
la
définition
d'autant
de
classes
remarquables
de
formes
bilinéaires
et
d'opérateurs
linéaires,
dont
(1)
Les
numéros
entre
crochets
renvoient
à
la
bibliographie
placée
à
la
fin
de
cet
article.
(>2)
Une
telle
formulation
de
la
théorie
de
Fredholm
semble
avoir
été
aperçue
pour
la
première
fois
par
A.
Ruston,
Direct
Product
of
Ranach
spaces
and
linear
functional
équa-
tions,
Proc.
ofthe
London
Math.
Soc.,
(3),
i,
1901.
Mon
travail
sur
ce
sujet
avait
été
conçu
indépendamment
du
sien
(en
automne
i9&i),
et
en
est
assez
différent.
7^4
GKOTUENDIECK
l'étude
est
seulement
amorcée
dans
PTT,
chap.
i,
^
4.
En
particu-
lier,
les
techniques
exposées
à
cet
endroit,
convenablement
systé-
matisées
et
exploitées,
permettent
d'obtenir
des
résultats
tout
à
fait
inattendus
dans
la
théorie
des
transformations
linéaires
entre
des
espaces
L1,
L2
et
L00
et
leurs
analogues
vectoriels-topologiques
(résultats
qui
à
l'heure
actuelle
ne
sont
pas
encore
définitifs,
et
pour
cette
raison
non
publiés).
Je
pense
revenir
sur
ce
sujet,
et
me
borne
à
signaler,
dans
une
voie
assez
différente,
le
travail
systématique
de
von
Neumann-Schatten
sur
les
classes
remarquables
d'opérateurs
compacts
dans
un
espace
de
Hilberfc
[8],
chap.
!\.
r)
Du
point
de
vue
du
travail
actuel,
la
plus
importante
applica-
tion
des
produits
tensoriels
topologiques
est
la
théorie
des
espaces
nucléaires.
On
y
parvient
à
expliquer,
à
généraliser
de
façon
étendue,
et
à
préciser
en
même
temps
le
fameux
((
théorème
des
noyaux
»
de
L.
Schwartz,
et
de
plus
on
trouve
des
propriétés
nouvelles
jusque
dans
les
espaces
les
plus
classiques.
Ici
le
calcul
tensoriel
topologique
prend
son
maximum
de
simplicité,
car
la
plupart
des
variantes
de
la
notion
de
produit
tensoriel
topologique
coïncident,
et
leurs
pro-
priétés
par
suite
s'ajoutent.
Pour
l'instant,
les
applications
des
théorèmes
généraux
que
nous
obtenons
à
des
théories
particulières
ne
sont
pas
encore
nombreuses.
La
plus
intéressante
semble
une
variante
vectoriel-topologique
du
«
théorème
de
Kùnneth
»,
donnant
Fhomologie
d'un
complexe
défini
comme
produit
tensoriel
de
deux
complexes,
variante
qui
semble
utile
en
Topologie
algébrique.
d)
De
façon
générale,
il
me
semble
que
les
notions
de
produit
tensoriel
topologique
sont-tout
indiquées
pour
fournir
un
langage
suggestif
et
maniable,
qui
a
intérêt
à
être
utilisé
dans
beaucoup
de
situations
en
Analyse
fonctionnelle,
d'autant
plus
que
nous
avons
à
notre
disposition
des
théorèmes
(dont
certains
non
triviaux)
pour
tirer
profit
de
ce
langage.
J'espère
que
ce
résumé,
ou
mieux
le
travail
PTT,
arrivera
à
donner
au
lecteur
une
impression
analogue,
avant
la
publication
des
articles
promis
ci-dessus.
Terminologie
et
notations.
De
façon
générale
nous
suivons
la
terminologie
et
les
notations
de
[3],
sauf
que
nous
appelons
réflexifs
les
espaces
appelés
semi-réflexils
dans
[3j.
Nous
n'envisageons,
sauf
avis
contraire,
que
des
espaces
localement
convexes
et
séparés
;
par
espace
quotient
d'un
espace
E,
nous
entendons
le
quotient
de
E
par
un
sous-espace
vectoriel
fermé.
Le
dual
de
E,
noté
E',
est
sup-
posé
sauf
avis
du
contraire
muni
de
la
topologie
forte
(t.
e.
la
topo-
THEORIE
DES
PRODUITS
TENSORIELS
73
logie
de
la
convergence
bornée).
Le
dual
de
E',
ou
bidual
de
E,
noté
E",
sera
muni
sauf
avis
du
contraire
de
la
topologie
de
la
convergence
uniforme
sur
les
parties
équicontinues
de
E',
topologie
qui
induit
donc
sur
E
la
topologie
initiale.
Il
nous
arrivera
de
faire
appela
des
notions
définies
et
étudiées
dans
[6],
et
notamment
à
la
notion
d'espace
(2)^).
Il
nous
suffira
ici
de
savoir
que
le
dual
d'un
espace
)
est
un
espace
(3)^),
que
tout
espace
norme
est
un
espace
(®^),
enfin
que
le
dual
d'un
espace
(^f)
est
un
espace
(<?).
Soient
E,
F,
G
des
espaces
localement
convexes.
B(E,
F;
G)
(resp.
A(E,
F;
G))
désigne
l'espace
des
applications
bilinéaires
continues
(resp.
séparément
continues,
i.
e,
continues
par
rapport
à
chaque
variable)
de
E
X
F
dans
G,
L(E;
F)
désigne
l'espace
des
applications
linéaires
continues
de
E
dans
F.
i^(.E,,
F,)
désigne
l'espace
des
formes
bilinéaires
séparément
continues
sur
le
produit
des
duals
faibles
E,
et
F,
de
E
et
F,
muni
de
la
topologie
de
la
convergence
biéquicontinue,
i.
e.
la
topologie
de
la
convergence
uniforme
sur
les
produits
d'une
partie
équicontinue
de
E'
par
une
partie
équicontinue
de
F'.
Cet
espace
est
complet
si
et
seulement
si
les
espaces
E,
F
sont
complets.
On
appelle
application
linéaire
bornée
(jresp.
compacte,
resp.
faible-
ment
compacte)
de
E
dans
F,
toute
application
linéaire
de
E
dans
F
trans-
formant
un
voisinage
convenable
de
0
en
une
partie
bornée
(resp.
relativement
compacte,
resp.
relativement
faiblement
compacte)
de
F.
Pour
abréger,
si
E
est
un
espace
vectoriel,
nous
appelons
disque
ou
ensemble
disque
dans
E,
une
partie
convexe
et
cerclée
de
E(3).
Soit
E
un
espace
localement
convexe,
A
un
disque
borné
de
E,
on
désigne
par
E^
l'espace
vectoriel
engendré
par
A,
muni
de
la
norme
||a?[|^:=Inf|^|.
Si
A
est
fermé
alors
la
boule
unité
de
E^
est
A.
Si
A
a:€XA
est
complet,
alors
E^
est
complet.
Soit
V
un
voisinage
disque
de
0
dans
E,
Ey
désignera
l'espace
norme
obtenu
par
passage
au
quotient
à
partir
de
la
semi-norme
||.r[|y==Inf|>J.
xe\\
Rappelons
qu'un
espace
localement
convexe
est
dit
quasi-complet
si
ses
parties
fermées
et
bornées
sont
complètes,
tonnelé
(resp.
quasi-
tonnelé)
si
les
parties
bornées
de
son
dual
faible
(resp.
de
son
dual
fort)
sont
équicontinues,
bornologique
si
tout
ensemble
de
formes
linéaires
sur
E,
uniformément
bornées
sur
toute
partie
bornée,
est
équicontinue.
Si
E
est
quasi-complet,
tonnelé
équivaut
à
quasi-
tonnelé;
en
tout
cas
bornologique
implique
quasi-tonnelé.
(^
Cette
teiiniiiolùgie
in'u
('te
î>ug^réo
par
R.E.
Edwanla.
CHAPITRE
PREMIER
PRODUITS
TENSORIELS
TOPOLOOIQUES
t.
Généralités
sur
E§F
(PTT
chap.
i,
§
i,
i
et
3).
La
définition
axiomatique
du
produit
tensoriel
algébrique
E
<8)
F
de
deux
espaces
vectoriels
E
et
F,
et
de
l'application
bilinéaire
canonique
(x,
y)—^x(S)y
de
E
X
F
dans
E®
F,
[i],
pose
que
pour
tout
espace
vectoriel
G,
les
applications
bilinéaires
de
E
X
F
dans
G
corres-
pondent
biunivoquement
aux
applications
linéaires
y*
de
E^F
dans
G,
lorsqu'à
/
on
fait
correspondre
l'application
(rc,
y)—^f(x^y).
THÉORÈME
i.
Si
E
et
F
sont
deux
espaces
localement
convexes,
alors
on
peut
munir
E
0
F
d'une
topologîe
localement
convexe
et
d'une
seule,
telle
que
pour
tout
espace
localement
convexe
G,
les
applications
bilinéaires
continues
de
E
X
F
dans
G
correspondent
exactement
aux
applications
linéaires
continues
de
E
®
F
dans
G.
Alors
les
parties
équicontinues
de
B(E,
F
;
G)
et
de
L(E
®
F
;
G)
se
correspondent
aussi
exactement.
Sauf
mention
du
contraire,
F
sera
supposé
muni
de
la
topologie
précédente,
appelée
produit
ten-
soriel
projectif
des
topologies
de
E
et
F;
muni
de
cette
topologie,
E
<8
F
prend
le
nom
de
produit
tensoriel
topologique
projectif
de
E
et
F.
Si
E
et
F
sont
normes,
E0
F
est
normable,
et
on
peut
même
y
trouver
une
norme
et
une
seule
telle
que,
pour
tout
espace
norme
G,
risomorphisme
ci-dessus
entre
B(E,
F
;
G)
et
L(E
®
F
;
G)
conserve
les
normes
naturelles.
Cette
norme
sur
E
0
F,
notée
u-^||u||i
quand
les
normes
de
E
et
F
sont
sous-entendues,
est
la
borne
inférieure
des
quantités
S
|
M
11
Ml
'
pour
toutes
les
représentations
de
u
^ous
la
(
forme
u==^a?,0^
(norme
déjà
considérée
dans
[8]).
C'est
aussi
la
i
jauge
de
l'ensemble
r(U
0V),
U
(resp.
V)
est
la
boule
unité
de
E
(resp.
F),
et
U
Ç^
V
désigne
l'ensemble
des
x^y
avec
acçU.
y^\
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