En 1963, une rétrospective de son œuvre est présentée à Tokyo et Kioto, des panneaux
des vitraux de Metz font partie de cette grande exposition.
Il décède à l'âge de 98 ans, le 28 mars 1985 à Saint-Paul de Vence (France).
2. L’œuvre étudiée :
Crucifixion blanche, Chagall, 1938.
Huile sur toile. 155 x 140 cm. The Art Institute of Chicago, Chicago, IL, USA
C’est l’œuvre la plus connue de Marc Chagall. Elle fut réalisée par l’artiste 14 jours après la nuit de
cristal (nuit du 9 au 10 novembre 1938) qui vit la destruction de 2676 synagogues et la mort de 91
juifs en Allemagne. C’est donc un document historique pour une part, mais également une
construction psychique de l’artiste et une façon nouvelle de représenter la crucifixion au XXème
siècle.
L’huile sur toile est précédée de cinq œuvres de préparation connues, qui se trouvent au Musée
National Marc Chagall à Nice. Il y a peu de modifications entre les esquisses et l’œuvre finale.
3. Le contexte ; les sources du peintre :
(cf. programme d’histoire de 3ème : première guerre mondiale, révolution russe, stalinisme, nazisme,…)
La période de la seconde guerre mondiale.
Dès 1933, un certain nombre de mesures antijuives sont prises en Allemagne, reflets d'un racisme
déjà à l'œuvre dans l'appareil d'Etat. Ainsi, en septembre 1935, lors du congrès de Nuremberg, furent
hâtivement rédigés et adoptés deux décrets successifs : la « loi pour la protection du sang et de l'honneur
allemands ». Avec la prise de pouvoir d'Hitler, c'est une litanie d'exclusions et d'interdictions qui touche la
population juive (par exemple le 22 septembre 1933 : interdiction pour les juifs d'exercer les métiers
artistiques)
. La même année, fut créé le premier camp de concentration à Dachau. Les camps,
originellement destinés aux opposants politiques, accueillirent rapidement les juifs. La SchutzStaffel
obtint que leur exécution sommaire ne soit pas l'objet de poursuites policières ou judiciaires. Le 15 juin,
15 000 juifs furent déportés en camps de concentration. Fin octobre commença la déportation des
Polonais.
Le 9 juin, les Allemands détruisirent la synagogue de Munich et le 10 août celle de Nuremberg. Le 9
novembre 1938, un juif allemand ayant assassiné un diplomate allemand de second rang à Paris,
Goebbels profita de la situation pour susciter des émeutes dans toute l'Allemagne. La SturmAbleitung
ordonna alors d'incendier les synagogues. La "nuit du cristal" (9 au 10 novembre) fut un pogrom à
l'échelle du pays : les magasins, les propriétés et les synagogues juives furent attaqués. A cause de
l'impossibilité d'exécution du projet « Madagascar », visant à concentrer tous les juifs dans cette île
, une
phase transitoire fut mise en place : le ghetto, suivi de l'internement dans des camps de travail. Ces
solutions étant toujours encore jugées trop lentes et trop coûteuses pour l'élimination de la race
« inférieure », les nazis organisèrent la « solution finale » : les convois de la mort et l'euthanasie à grande
échelle.
Dès la fin 1940, de nombreux massacres avaient été perpétrés à l'est
. Vitebsk, le village natal de
Chagall, fut conquis en juillet 1941. Une partie de la population émigra vers la Russie intérieure, car
l'armée russe en retrait incendia la ville. Les 16 000 juifs restants furent enfermés dans le ghetto, et le
8 octobre 1941, leur élimination systématique commença. On estime à trois millions les prisonniers de
LECOMTE Jean-Michel, "Les mesures anti-juives en Allemagne", in Savoir la Shoah, p. 43-45.
LECOMTE Jean-Michel, "Le plan Madagascar", in Savoir la Shoah, ibidem, p. 59.
LECOMTE Jean Michel, "La mise en œuvre de la solution finale" ibidem p. 75 à 77.