Ce qui veut dire que les relations entre deux ou trois concepts sont la limite de la capacité de
traitement de la mémoire active. Par exemple, si on propose de mémoriser une liste de 10 à 12
chiffres et lettres en quelques secondes, la plupart des personnes en retiendront de 5 à 9. Toutefois,
si les lettres sont regroupées pour former un mot connu, plus de 10 chiffres ou lettres seront
mémorisés. Dans ce même test, si on propose de mémoriser 10 à 12 mots connus, seulement 5 à 9 le
seront. Si les mots ne sont pas familiers, seulement 2 à 3 mots seront mémorisés. Inversement, si les
mots sont familiers et peuvent être rattachés à des connaissances précédemment acquises, plus de
12 mots seront mémorisés.
Il faut noter que la mémorisation des connaissances apprises mécaniquement se fait dans la
mémoire à long terme, comme les connaissances acquises de façon construite ; la différence se fait
sur la possibilité qu’offre la deuxième méthode d’intégrer les nouvelles acquisitions aux
connaissances précédentes. Les connaissances acquises mécaniquement sont assez vite oubliées, la
structure cognitive de l’élève n’est pas actualisée ou modifiée pour évacuer les idées fausses. Les
erreurs persistant, il y peu de possibilité de réutiliser les nouvelles connaissances ou de résoudre de
nouveaux problèmes (Novak, 2002).
Donc, structurer de grands domaines de connaissance exige une séquence ordonnée d'itérations
entre la mémoire active et la mémoire à long terme lorsque de nouvelles connaissances arrivent
(Anderson, 1991). Nous pensons que l'une des raisons qui expliquent que le processus de
construction d'une carte conceptuelle est si puissant, pour faciliter un apprentissage significatif, est
qu'il sert de gabarit pour aider à organiser la connaissance et à la structurer, quoique la structure doit
être construite pièce par pièce avec de petites unités de concepts et de structures propositionnelles
interagissant. Beaucoup d'élèves et d'enseignants sont surpris de voir comment cet outil simple
facilite l'apprentissage significatif et la création de puissantes structures de connaissance qui
permettent non seulement d'utiliser la connaissance dans de nouveaux contextes, mais également de
retenir la connaissance pour de longues durées (Novak, 1990; Novak & Wandersee, 1991). On
connaît encore très peu les processus de la mémoire et la manière dont en définitive la connaissance
est intégrée dans notre cerveau, mais il paraît évident, selon plusieurs recherches, que notre cerveau
travaille à organiser les connaissances en structures hiérarchiques, et que les méthodes
d'apprentissage qui facilitent ce processus améliorent de façon significative la capacité
d'apprentissage de tous les élèves (Bransford et al., 1999).
Bien qu'il soit vrai que certains élèves ont de la difficulté à construire des cartes conceptuelles et
à les utiliser, au moins, au début de leur expérience, cette difficulté le résultat de plusieurs années de
pratique d'apprentissage mécanique, plutôt que la résultante de différences de structures cérébrales
en soi. Ce que l’on appelle des différences de « styles d'apprentissage » sont, dans une grande
mesure, des différences dans les types d'apprentissages que les élèves utilisent et qui varient
continûment d’un apprentissage mécanique, à un apprentissage presque exclusivement signifiant. Il
n'est pas facile d'aider les élèves de la première catégorie à rejoindre ceux de la deuxième. Bien que
les cartes conceptuelles puissent les aider, les élèves ont besoin qu'on leur apporte des éléments sur
les mécanismes du cerveau et l'organisation de la connaissance, et cet enseignement devrait
accompagner l’utilisation des cartes conceptuelles. Le contenu des paragraphes suivants pourrait
constituer le programme de formation pour une bonne utilisation des cartes conceptuelles. On
trouvera d’autres informations dans Mintzes et al., 1998.
Pour illustrer la difficulté, pour des individus, de modifier leur façon de voir, particulièrement si
l’apprentissage s’est fait de façon mécanique, nous citerons les interviews réalisées dans le cadre du
Private Universe Project (PUP) à Harvard University (Schneps, 1989). L’équipe du PUP a
interviewé 23 diplômés de Harvard, alumni and faculty, demandant à chacun d’eux « pourquoi y a
t’il des saisons ? » Seuls onze concepts, bien organisés sont nécessaires pour comprendre pourquoi
il y a des saisons, une organisation de ces concepts est représentée figure 5. Les enquêteurs du PUP
trouvèrent 21 des 23 interviewés qui ne savaient pas expliquer pourquoi il y a des saisons. Dans ce
groupe se trouvait un récent diplômé qui venait de suivre un cours de physique sur le mouvement
des planètes, ils croyaient que les saisons étaient dues à la différence d’éloignement de la terre par