vient de paraître homme et société Publications de la Sorbonne 212, rue Saint-Jacques 75005 Paris Tél : 01 43 25 80 15 - Fax : 01 43 54 03 24 Courriel : [email protected] La France et les îles Britanniques : un couple impossible ? Véronique Gazeau et Jean-Philippe Genet (dir.) 2012, 16 x 24, 380 p., 32 € 978-2-85944-704-5 ISSN 0292-6679 L’actualité n’a d’yeux que pour le couple franco-allemand, dont l’existence est pourtant fort récente. Le couple dont les relations tumultueuses ont structuré et rythmé l’histoire de l’Europe occidentale est bien le couple franco-anglais, si l’on admet que c’est l’impérialisme anglais qui a façonné l’identité britannique et ce, à partir du XVIIe siècle seulement. Un vieux couple donc, avec ses périodes de rapprochement et d’éloignement, avec ses incompréhensions, ses rancunes mais aussi ses complicités, ses influences réciproques et souvent, plus souvent qu’on ne le croit généralement, une amitié et une complicité qui ont permis de surmonter les épreuves. Grâce à la multiplication des points de vue et à l’originalité des angles d’attaque, ce livre collectif entreprend d’éclairer d’un jour neuf cette longue histoire et les identités paradoxales de deux protagonistes que la Manche n’a pas toujours séparés. C’est vrai lorsque les Normands passent la Manche, ça l’est également quand les rois anglais gouvernent une bonne partie du royaume de France. Et quand les Anglais ont enfin quitté le territoire français, les deux royaumes sont devenus de grands empires ce qui n’a fait qu’exacerber leur rivalité et la transposer à l’échelle du globe. Pourtant, les contacts intellectuels et culturels n’ont jamais cessé, et ont nourri un dialogue d’une richesse extraordinaire dont il faut espérer qu’il n’est pas près de s’interrompre. Les contributeurs : Christophe Allmand, Jean-Marie Augustin, Maïté Billoré, Isaure Boitel, Pascal Brioist, Michel Brunet, Anne Curry, Richard Davis, Pascal Dupuy, Edmond Dziembowski, Véronique Gazeau, Jean-Philippe Genet, Judith Green, Xavier Hélary, Stéphane Jettot, Stéphane Lebecq, Fanny Madeline, Françoise Passéra, Sophie Poirey, Jean Quellien, Solange Rameix, Agnès Tachin, Florence Tamagne, Ann Thomson, Audrey Vedel-Bonnéry, Didier Veillon, Nicholas Vincent, André Zysberg. bon de commande à retourner aux : Publications de la Sorbonne 212, rue Saint-Jacques 75005 Paris T I T RE E T AUT E U R Prix unitaire Qté Prix + frais de port * TOTA L * 6 € par ouvrage, 1,5 € par ouvrage supplémentaire Mme, M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ................................................................................... Code postal et ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . DateSignature Veuillez libeller votre titre de paiement à l’ordre de : L’Agent comptable de l’Université Paris 1 – Publications de la Sorbonne Avant-propos Le titre du colloque conclusif du GDR, qui s’est tenu à Caen du 20 au 22 septembre 2007, « France-îles Britanniques : un couple impossible ? », s’imposa pour mettre un point final à des réflexions qui depuis huit ans n’ont cessé d’interroger ce couple historique de deux puissances qui, depuis le Moyen Âge, vivait une relation turbulente et difficile. Aujourd’hui encore, que ce soit dans les vicissitudes de la construction européenne ou de la définition d’un nouvel ordre mondial1, les réactions des Français aux initiatives britanniques et celles des Britanniques aux françaises sont toujours plus ou moins passionnelles. Nous avions d’abord pensé intituler cette rencontre « Brouilles et réconciliations », mais le mot brouille est sans conteste faible pour qualifier des séismes de l’ampleur de la guerre de Cent Ans ou du Blocus continental, et le mot réconciliation semble a priori exclure toute arrière-pensée. Il nous a donc semblé préférable de partir à la recherche d’une véritable structure relationnelle, tant au point de vue des fonctionnements (militaires, diplomatiques, économiques, sociaux) qu’à celui des représentations, et donc de prendre comme thème central le couple franco-britannique, l’histoire de la France ne pouvant se lire sans celle des îles Britanniques, et réciproquement. Quelle que soit la situation du moment, la guerre, la paix, la détente, l’hostilité, les deux puissances sont toujours unies par une relation extrêmement complexe, où se mêlent des intérêts antagonistes, des complicités et des collaborations parce que se rattachant aux mêmes objectifs ou aux mêmes ambitions, et où des sentiments teintés de crainte, d’amitié, d’admiration, de méfiance constituent une alchimie dangereuse. C’est ce substrat qui sert de toile de fond au déroulement des événements et qui est exploré autour de trois axes principaux : la construction des territoires, faire la guerre/faire la paix et les représentations mutuelles. Un des bénéfices tirés du GDR 2136 a été de renforcer ou de faire naître des partenariats avec des institutions britanniques de la recherche, et d’engager ou de poursuivre des recherches sur le monde britannique. Dès le premier colloque tenu en Sorbonne en février 2000, François Crouzet2 n’hésitait pas, dans la conclusion, à parler d’« événement historique ». Il évoquait « la 1. Sans compter les confrontations sportives. Rappelons que le colloque s’est tenu pendant la sixième coupe du monde de rugby qui s’est déroulée en France du 7 septembre au 20 octobre 2007. 2. Le professeur François Crouzet est décédé le 20 mars 2010. Livre .genet.indb 9 21/09/12 12:42 Langue et histoire naissance d’une école française d’histoire anglaise, au moins pour les périodes moderne et contemporaine [qu’il appliquait] à l’époque médiévale pour la Normandie, la Gascogne et la guerre de Cent Ans3 ». Il se demandait encore dans quelle mesure l’« école » d’historiens français de la Grande-Bretagne aurait une autonomie (comme c’est le cas des historiens anglais de la Révolution française par rapport à leurs collègues français). Il était, selon lui, trop tôt pour répondre à ces questions qu’il souhaita laisser « pour une journée d’étude en 2020 ». Le GDR « France-îles Britanniques » aura été une étape vers cette autonomie. Le colloque de Caen s’est tenu grâce à de multiples concours. Le CNRS et son GDR 2136, quatre de ses unités mixtes de recherche – le Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (CRAHAM/ UMR 6273) qui l’a organisé, le Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (LAMOP/UMR 8589), le Centre de recherche d’histoire quantitative de Caen (CRHQ/UMR 6583) et l’UMR 8138 de Paris 1/Paris 4 Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe (centre Roland Mousnier) ; les universités de Caen Basse-Normandie (UCBN) et de Paris 1 PanthéonSorbonne, le conseil régional de Basse-Normandie, la ville de Caen, la Maison de la recherche en sciences humaines de l’UCBN, l’Office universitaire d’études normandes, et la Société d’histoire du droit et des institutions des pays de l’Ouest de la France, dont le siège est situé à l’UFR de droit et sciences politiques de l’université de Caen Basse-Normandie. Nos remerciements vont à ceux de nos collègues qui, sans qu’il soit possible, pour diverses raisons, de publier ici leurs contributions, ont contribué, notamment par leurs participations aux tables rondes, à l’animation et aux débats qu’une telle rencontre n’a pas manqué de susciter : Loïc Bienassis, JeanFrançois Dunyach, Renaud Morieux, Nicolas Offenstadt, Liliane Pérez, Michel Rapoport, Jean-Claude Sergeant, David Todd et Julien Vincent. Notre gratitude va enfin aux Publications de la Sorbonne, et tout particulièrement à Bertrand Hirsch, que nous remercions d’avoir bien voulu accepter de publier le dernier volume d’un ensemble d’ouvrages, véritable valorisation des travaux en sciences humaines et sociales (SHS) des membres et des équipes constituant le GDR 2136 du CNRS, qui nous aide à reconstruire le socle d’une école historique française vouée à l’étude des îles Britanniques, de leur histoire et de leur civilisation. La décision prise en février par le CNRS de recréer pour quatre ans un nouveau GDR consacré à l’étude de l’histoire des mondes britanniques est sans aucun doute l’une des conséquences majeures de leur action. Véronique Gazeau Université de Caen Basse-Normandie, CRAHAM, CNRS 3. Histoires d’outre-Manche…, op. cit., p. 10. 10 Livre .genet.indb 10 21/09/12 12:42 Introduction Le GDR 2136 s’est attaché depuis bientôt huit ans à relancer les recherches françaises sur l’histoire des îles Britanniques. Il nous a paru opportun de conclure provisoirement ses travaux sur les problèmes du couple franco-britannique. Couple, non seulement en raison d’une proximité géographique, mais aussi d’une longue histoire commune, pendant laquelle les divisions territoriales n’ont cessé de fluctuer, alors même que la coupure maritime semblait constituer une infranchissable coupure physique. Géopolitique et irénisme ne font pas bon ménage ! Le mot « couple » s’est donc imposé, tant il nous a semblé préférable de partir à la recherche d’une véritable structure relationnelle, tant c’est un mot fort, qui ne s’applique qu’à quelques cas précis dans l’histoire de la longue durée européenne. Le « couple » franco-allemand, s’il existe bel et bien lui aussi, n’a qu’une histoire assez brève, puisqu’elle ne couvre même pas deux siècles : en revanche les pays germaniques et les royaumes slaves (Bohême, Pologne) ont bien une histoire de couple sur la longue durée. Prenons garde aux conséquences de ce choix si l’on prend comme thème central le couple franco-britannique, cela implique que l’histoire de la France ne peut se lire sans celle des îles Britanniques, et réciproquement. La terminologie mérite cependant d’être éclairée. Les membres du GDR ont travaillé sur l’ensemble des îles Britanniques, c’est-à-dire l’Angleterre – qui est devenue ensuite le Royaume-Uni puis la Grande-Bretagne – mais aussi l’Irlande et l’Écosse. Le couple franco-britannique comprend tout cela : l’Écosse et l’Irlande y sont impliquées, non seulement quand l’histoire les a intégrées avec plus ou moins d’autonomie dans une construction politique édifiée par l’Angleterre, mais aussi quand elles se sont trouvées en position d’indépendance, la nature de leurs relations avec l’Angleterre déterminant leur position par rapport à la France. Il est pourtant clair que l’élément déterminant du côté britannique est l’Angleterre, et c’est sur elle que se sont concentrés les travaux à Caen. Et en effet, quelle que soit la situation du moment, la guerre, la paix, la détente, l’hostilité, les deux puissances (terme préférable, sur le long terme, à celui de pays) sont toujours unies par une relation extrêmement complexe, où Livre .genet.indb 11 21/09/12 12:42 La France et les îles Britanniques : un couple impossible ? se mêlent des intérêts antagonistes, des complicités et des collaborations parce que se rattachant aux mêmes objectifs ou aux mêmes ambitions. Des sentiments teintés de crainte, d’amitié, d’admiration, de méfiance, de jalousie y constituent une dangereuse alchimie. C’est ce substrat qui sert de toile de fond au déroulement des événements qui, bien évidemment, ne sont pas uniquement liés aux avatars du couple franco-anglais, soudé dès le xie siècle dans le tumulte des rapports complexes et mouvementés qui se sont établis entre le rex Anglie, vassal pour ses territoires continentaux du rex Francie, et son seigneur. Elles s’intègrent d’abord dans le cadre européen, avec la construction puis l’évolution des relations entre chacune des deux puissances et leurs partenaires continentaux respectifs. Puis, enfin, elles prennent une ampleur universelle après la constitution de deux empires coloniaux rivaux à partir du xviiie siècle, et se poursuivent jusque dans les soubresauts de la décolonisation. Et aujourd’hui encore, que ce soit dans les vicissitudes de la construction européenne ou dans celles de la définition d’un nouvel ordre mondial, les réactions des Français aux initiatives britanniques et celles des Britanniques aux françaises restent toujours plus ou moins passionnelles. Nous voudrions donc explorer cette matière, à partir de trois axes principaux : la construction des territoires, les successions de guerres et de paix, et enfin le problème des identités et des représentations mutuelles. La construction des territoires nous paraît en effet un phénomène essentiel. Une partie des îles Britanniques a fait partie, pendant plusieurs siècles, du même ensemble politique que la Gaule, en l’occurrence l’Empire romain. Les peuples germaniques qui se sont établis dans la Gallia et la Britannia sont fort proches et leurs relations ont été étroites. Surtout, le souverain anglais a dominé jusqu’au milieu du xve siècle une fraction importante du royaume de France : l’histoire médiévale de la France et celle de l’Angleterre sont totalement imbriquées, ce que les historiographies nationales ont occulté par la rétroprojection des concepts du xixe siècle – une vision dont nous sommes encore largement prisonniers et que nous nous sommes efforcés de corriger. Le lieu du colloque n’a évidemment pas été indifférent : c’est ainsi que nous nous sommes penchés sur le cas – au demeurant passionnant – des îles Anglo-Normandes, et que nous avons prêté une attention toute particulière à l’un des marqueurs les plus efficaces du territoire, que ce soit sur le plan symbolique ou institutionnel : le droit, en l’occurrence celui de la France de l’Ouest, avec lequel les spécialistes de la Common Law ne manqueront pas de relever bien des parentés. L’alternance des périodes de guerre, parfois longues, et de paix – selon la période dont ils sont spécialistes, les historiens français parlent volontiers de trois « guerres de Cent Ans » même si nos collègues modernistes ne parlent que de la « seconde » qui s’avérerait en fait en être une troisième ! – définissent une autre composante du couple franco-britannique. Il n’était évidemment pas question d’en faire une revue exhaustive, et nous nous sommes contentés 12 Livre .genet.indb 12 21/09/12 12:42 Introduction de quelques éclairages sur la guerre de Cent Ans, les conflits du xviie siècle, et les rivalités en matière d’art de guerre terrestre (espionnage, technologies de l’armement) et de marine, non sans pousser jusqu’au xxe siècle. Ils permettent néanmoins de se faire une idée assez précise de l’évolution générale. Quant au problème des identités et des représentations, l’« effet de couple » est largement déterminé par les regards que Français et Britanniques posent réciproquement les uns sur les autres. Ce regard décrypte la représentation que les uns et les autres veulent donner d’eux-mêmes, mais génère en retour une représentation qui est mise à l’épreuve des représentations des autres agents, qu’elle abonde ou contredit. C’est toute une gamme de sentiments complexes (amour, admiration, méfiance, suspicion, peur, etc.), compliquée par les stratégies individuelles ou collectives, qui est ici mise en œuvre et aboutit à la fois à la construction de stéréotypes, mais aussi à des phénomènes d’attirance ou de répulsion indépendants de ces stéréotypes, allant parfois jusqu’au déchaînement de la violence. Véronique Gazeau Université de Caen Basse-Normandie, CRAHAM, CNRS Jean-Philippe Genet Université Paris I Panthéon-Sorbonne, LAMOP, CNRS 13 Livre .genet.indb 13 21/09/12 12:42 Sommaire Véronique Gazeau Avant-propos9 Véronique Gazeau et Jean-Philippe Genet Introduction11 Stéphane Lebecq Les relations entre royautés et élites franques et anglo-saxonnes au très haut Moyen Âge (fin vie-fin viiie siècle) 15 Judith Green Henri Ier entre Angleterre et Normandie 29 Maïté Billoré Construction des territoires et choix des aristocraties normandes entre la France et l’Angleterre (1204-1258) Some effects of the dynastic alliances between England and France (1050-1350) Les « travaux publics » et la construction territoriale dans l’empire Plantagenêt 43 Nicholas Vincent 59 Fanny Madeline Sophie Poirey L’archipel Anglo-Normand, huit cents ans de contestation franco-anglaise 75 85 Michel Brunet et Didier Veillon Observations sur le parage normand d’après la coutume de 1583 101 Réconciliation dynastique ou réconciliation nationale ? Les paix entre la France et l’Angleterre au xviie siècle 115 Les armées anglaises de la guerre de Cent Ans 131 0.page titre.genet.indd 5 Stéphane Jettot Anne Curry 24/09/12 10:44 Xavier Hélary Face à la défaite. L’évolution des armées françaises de la guerre de Cent Ans au regard de la défaite : quelques réflexions 149 Information et espionnage pendant la guerre de Cent Ans 163 La figure de l’ennemi injuste dans l’Angleterre de la fin du xviie siècle 169 Christopher Allmand Solange Rameix Pascal Brioist L’influence de la France sur l’Angleterre dans le domaine de l’armement et des sciences militaires sous les Tudors et les premiers Stuarts 183 André Zysberg La rivalité navale entre la France et l’Angleterre aux xviie et xviiie siècles 197 Livre .genet.indb 6 Jean-Marie Augustin La marine française face à l’Angleterre : de Bonaparte à Darlan 211 L’alliance militaire au xxe siècle 221 Élie-Catherine Fréron et la politique britannique du xviiie siècle : les avatars d’un torysme à la française 229 Le renard croquant le coq : les satires iconographiques hostiles à la France dans l’Angleterre de Guillaume III 245 Un couple dans la tourmente : la caricature anglaise et française sous le Consulat 263 Les affiches de propagande antibritanniques en France pendant la Seconde Guerre mondiale 279 Le libre penseur anglais et l’athée français : constructions opposées et complémentaires 301 BBC et politique de propagande : quel(s) discours sur la France pendant la Seconde Guerre mondiale ? 315 Richard Davis Edmond Dziembowski Isaure Boitel Pascal Dupuy Françoise Passéra et Jean Quellien Ann Thomson Audrey Vedel-Bonnéry 21/09/12 12:42 Florence Tamagne Dialogues franco-anglais sur l’homosexualité de Oscar Wilde à Édith Cresson 325 Le voyage officiel du général de Gaulle à Londres en avril 1960 : regards croisés franco-britanniques 343 Français et Anglais : quels Européens ? 353 Livre .genet.indb 7 Agnès Tachin Richard Davis Jean-Philippe Genet Conclusion363 21/09/12 12:42