Prise en charge clinique de l'infection humaine par le virus A(H5N1) de la grippe aviaire
Avis actualisé au 15 août 2007
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En général, on ne recommande pas l'utilisation des tests rapides de dépistage de la grippe à faire
sur place et disponibles dans le commerce pour le diagnostic individuel des patients. Les tests
actuels sont peu sensibles en cas d'infection par un virus A(H5N1) : une réaction négative ne
permet pas d'exclure la possibilité d'une infection humaine par des virus de la grippe aviaire (7) et
un test positif ne fait pas la distinction avec d'autres virus grippaux. Les échantillons pour le
diagnostic du virus H5N1 doivent être prélevés en suivant les recommandations de l'OMS (8) et
testés dans un laboratoire reconnu qui a les moyens de diagnostiquer ces virus, comme les centres
collaborateurs de l'OMS ou les laboratoires de référence pour les virus H5 (9). La collecte de
plusieurs échantillons respiratoires (aspirations nasales, pharyngées, endotrachéales pour les
patients intubés) sur un cas suspect d'infection à virus A(H5N1) doit être faite de préférence avant
le début du traitement antiviral, mais elle ne doit pas retarder celui-ci. On peut aussi recueillir des
échantillons respiratoires supplémentaires après le début du traitement. Il faut alerter
immédiatement les autorités de la santé publique et les directions hospitalières.
2. Lieu des soins
L'infection humaine par un virus A(H5N1) se manifeste souvent par une évolution rapide vers
une pneumonie suivie d'insuffisance respiratoire pendant plusieurs jours. Dans tous les cas où elle
est possible, l'hospitalisation au stade initial de la maladie est indiquée pour contrôler l'état
clinique du patient, notamment son oxygénation. Lorsqu'il n'a plus besoin d'être hospitalisé, la
poursuite des soins à domicile est une mesure raisonnable. On donnera alors à l'entourage toutes
les instructions nécessaires sur les mesures d'hygiène personnelle et de lutte contre l'infection à
prendre par la famille (pour plus de précisions, voir : Avian Influenza, Including Influenza
A(H5N1), in Humans: WHO Interim Infection Control Guideline for Health Care Facilities et
Infection prevention and control of epidemic- and pandemic-prone acute respiratory diseases in
health care, WHO interim guidelines) (10, 11). On a détecté des virus infectieux dans les
sécrétions respiratoires, mais aussi parfois dans le sang, les selles et d'autres liquides biologiques.
Le suivi des malades sortis de l'hôpital sera assuré par des visites à domicile ou par téléphone afin
de vérifier que l'état du patient ne se dégrade pas de nouveau et que les personnes à son contact
restent en bonne santé. Il semble que la durée de réplication du virus A(H5N1) soit prolongée
chez l'homme et l'on a établi qu'elle pouvait se poursuivre pendant 15 à 17 jours après l'apparition
de la maladie (4, 12, 13). En l'absence de corticoïdes, l'excrétion de virus infectieux chez le sujet
immunocompétent infecté par le virus A(H5N1) cesse probablement trois semaines après
l'apparition de la maladie, mais il faudra de nouvelles données sur l'excrétion des virus pour le
vérifier.
3. Traitement antiviral
3.1 Oseltamivir
L'oseltamivir, disponible uniquement par voie orale, reste l'antiviral de choix pour le traitement
des infections à virus A(H5N1) (2, 3). On n'a pas pour l'instant de données provenant d'essais
cliniques contrôlés sur l'oseltamivir ou d'autres antiviraux pour le traitement des patients infectés
par le virus A(H5N1). D'après quelques observations, il semblerait qu'on puisse associer une
diminution de la mortalité à l'administration précoce d'oseltamivir (A Abdel-Ghafar,
communication personnelle 2007) (14). En cas de suspicion d'infection par un virus A(H5N1), il
est important que le patient reçoive le traitement le plus vite possible, sur la base de cette
suspicion et avant la confirmation de l'étiologie. Une fois que l'on a commencé le traitement d'un