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Dossier de presse
Théâtre du Peuple Bussang 2013
Direction Vincent Goethals
Du 13 juillet au 25 août
118
ème
saison
Service de presse :
Fouad Bousba Tel : 06.13.20.02.22
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La jeune fille folle de son
âme
Texte Fernand Crommelynck
Mise en scène Michael Delaunoy
Création
Juillet : 13, 14, 19, 20, 21, 26, 27, 28
Août : 1, 2, 3, 4, 7, 8, 9, 10, 11, 14, 15, 16, 17, 21, 22, 23, 24
Horaires : 15h
Durée : 2h30 avec entracte
Scénographie Anne Guilleray
Costumes Laurence Hermant
Environnement sonore Lorenzo Chiandotto
Lumières Philippe Catalano
Marionnettes Bernard Clair
Coiffeur-maquilleur Serge Bellot
Assistante à la mise en scène Anne Claire
Avec
Anne Claire, Damien De Dobbeleer, Itsik Elbaz, Noémi Knecht, Anaïs Pellin, Charlotte Villalonga
Et douze comédiens amateurs du Théâtre du Peuple
Production Théâtre du Peuple - Maurice Pottecher
Coproduction Rideau de Bruxelles
Avec le soutien du Centre des Arts Scéniques
Le spectacle fera l’objet d’une reprise au Rideau de Bruxelles (au Théâtre Marni) du 8 au 26 octobre 2013. Les rôles tenus
par des amateurs à Bussang seront repris à Bruxelles par des stagiaires de Arts
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(Conservatoire royal de Mons), le rôle tenu
par Itzik Elbaz sera repris par Steve Driesen.
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L’histoire
Un château au milieu d’un parc, en automne, à la tombée du jour. À l’extérieur, une chasse à courre.
À l’intérieur, enfermé dans une chambre, un jeune couple : Carine et Frédéric. Leur « nuit » de noces
dure depuis vingt-quatre heures. Une nuit de noces à la hauteur de l’interminable séparation qui
avait jusque-là empêché leur union. Cinq longues années que Carine aura passées dans un couvent,
ne rencontrant Frédéric que clandestinement, en « faisant le mur ». Pourquoi la Mère de Carine l’a-t-
elle contrainte à cette séparation ?
La porte de la chambre s’ouvre enfin. Frédéric s’absente une heure pour rendre visite à sa mère
malade. Le Chasseur, propriétaire du château et oncle de Carine, met alors en place avec les invités
de la noce un étrange bal masqué qui permettra aux couples de se mêler, de s’interchanger au gré de
leur fantaisie dans un jeu anonyme.
Quel rôle Frédéric et Carine, la jeune fille folle de son âme, seront-ils invités à jouer dans ce jeu
dangereux ? Leur amour absolu y survivra-t-il ?
Note d’intention du metteur en scène
« Cela fait longtemps que je tourne autour du théâtre de Crommelynck.
Au Rideau (maison attachée aux écritures belges qui a joué Crommelynck à plusieurs reprises), j’ai
programmé en 2009 Le Cocu magnifique que Vincent Goethals a monté et coproduit avec sa
compagnie Théâtre en scène. Lorsque Vincent a énommé à la direction du Théâtre du Peuple de
Bussang, il m’a proposé de mettre en scène dans sa saison belge un Crommelynck. Nous sommes
tombés d’accord sur cette pièce étrange et fascinante : Carine ou la jeune fille folle de son âme, que
nous jouerons sous le titre La jeune fille folle de son âme.
J’aime Crommelynck pour plusieurs raisons.
Tout d’abord sa langue. D’une inventivité poétique étourdissante, elle fait le grand écart entre
raffinement et truculence. Ses qualités sont proprement shakespeariennes, ce qui est rarissime dans
la langue de Molière. Même si Crommelynck s’en défendait, il est clair que seul un Belge pouvait
malmener le français de cette façon pour en extraire une sève si enivrante !
Sur le plan de la dramaturgie, Crommelynck est un architecte de génie. Si sa langue est touffue et
échappe constamment à la rationalité, la construction de ses textes relève d’une maîtrise quasi
scientifique. La tension qui naît entre cette langue bouillonnante et cette science de la structure est
tout à fait singulière et constitue un défi permanent lancé à la scène.
Si Crommelynck est un formidable inventeur de langue, son théâtre, à la différence de la grande
majorité de la production francophone de l’entre-deux-guerres, échappe complètement au théâtre
de conversation, qu’il soit de tendance boulevardière, psychologisante ou philosophique. Car la
langue de Crommelynck appelle le corps et s’enracine en lui. Le corps, et en particulier le corps
désirant, est au centre de sa dramaturgie.
Si l’on renonce à la majorité des didascalies de Crommelynck, qui ancrent un peu lourdement son
théâtre dans une pratique théâtrale pouvant paraître compassée, et si l’on s’empare de sa langue
avec gourmandise, la laissant contaminer nos corps, on réalise tout ce que le caractère audacieux,
électrique, incisif et démesuré de ce théâtre peut apporter à la scène contemporaine. Crommelynck,
si l’on en fait bon usage, est un des auteurs qui met le plus à mal les conceptions à la mode, faciles et
intellectuellement paresseuses, qui opposent texte et corps, tradition et modernité…
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La jeune fille folle de son âme explore à mon sens la question : que faire de mon corps et du désir qui
l’habite ? Elle inscrit en outre cette question dans ce qui s’apparente à un récit d’initiation. Deux
groupes réunissent en effet la plupart des personnages : un groupe de jeunes gens à peine sortis de
l’adolescence, et un groupe d’êtres plus mûrs (Pierre Piret a eu raison de souligner les parentés entre
le texte de Crommelynck et L’éveil du printemps de Wedekind, même si le texte de Crommelynck est
comme l’envers de celui de Wedekind). Les jeunes gens sont dans une dynamique de découverte du
désir et de la sexualité. Les êtres mûrs semblent tous pris dans une dynamique de reconquête de ce
désir, dont ils ont perdu à tout jamais la fraîcheur, le caractère de première fois : comment maintenir
ou reconquérir le désir vivant, avec tout ce que cela implique de subterfuges et de jeux
fantasmatiques ?
Parmi les jeunes gens, outre Carine et Frédéric, il y a Nency, Christine, Eliane et Evelyne. Parmi les
êtres mûrs, il y a le Chasseur (oncle de Carine), la Mère de Carine et Brissague, amant de la re de
Carine.
A ces deux groupes, s’ajoutent les Masques, figures du désir anonyme, dont on ne peut évidemment
définir précisément les âges, et les serviteurs au premier rang desquels la Gouvernante et le Valet de
chiens. Serviteurs qui, comme souvent chez Crommelyck, jouent un rôle clef et ambigu.
A l’intérieur de chaque groupe, les différents personnages de la pièce se définissent par une certaine
position vis-à-vis de cette question du corps désirant : découverte joyeuse de la sexualité (Nency),
désir homosexuel non assumé (Christine), désir et passion vécus comme une chaîne (la Mère),
manipulation du désir des autres et voyeurisme (le Chasseur) etc.
Frédéric, tout comme Carine, attache son désir à l’être aimé, mais à la différence de Carine, il se
révélera faillible sur le plan de la fidélité à son désir : il a couché avec Nency pendant que Carine était
au couvent. Au cours de la pièce, Frédéric manifestera également une jalousie d’une grande violence
vis-à-vis de Carine (on trouve chez lui des échos au Bruno du Cocu magnifique, pièce antérieure de
Crommelynck). Indissolublement lié à Carine, il la rejoindra dans la mort.
Carine est celle pour qui le désir physique, assumé et bien réel (bien qu’ayant passé cinq ans au
couvent, Carine n’a rien d’une sainte-nitouche : sa nuit de noce dure 24 heures !) est attaché à un
seul objet : Frédéric. L’amour qu’elle porte à celui-ci s’apparente à un amour divin. Carine dit : « Je
suis au-dessus de l’amour » et « Frédéric n’est pas un homme » (réplique qui donne lieu dans la pièce
à une méprise tragique). « Folle de son âme », c’est à dire indissolublement liée à la pureté, à
l’exclusivité de l’amour qu’elle voue à Frédéric, davantage qu’à l’objet de cet amour, qu’à Frédéric
lui-même. Carine mourra de l’incompatibilité d’un amour aussi absolu, aussi immaculé, avec les
contingences de la vie sociale. Sortie du cocon protégé que représente la chambre nuptiale, elle sera
en effet confrontée à une série d’épreuves, de révélations, subtilement agencées par Crommelynck
comme autant de scènes de théâtre dans le théâtre :
- sa mère se révèle prête à la livrer à la concupiscence de son amant pour conserver celui-ci,
- les masques reprennent les mots d’amour échangés entre Carine et Frédéric pour en faire un jeu
sexuel - ce qui fera dire à Carine : « Non, il n’est pas possible que le mensonge ressemble à la
vérité ! » ;
- et « last but not least » : son homme-Dieu, son Frédéric s’avère capable d’infidélité.
Bien entendu, il n’est pas vraisemblable qu’autant d’épreuves se présentent à un seul être en
quelques heures à peine. C’est que le théâtre de Crommelynck n’a rien de vraisemblable. Si
Crommelynck touche à des thématiques qui s’ancrent dans le réel : la découverte de la sexualité,
l’usure du désir etc. il le fait avec des outils proprement théâtraux. En rassemblant sur une soirée
tous ces événements, il opère une concentration, une condensation qui participe du principe de
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paroxysme qui caractérise son théâtre. La parole chez Crommelynck est nécessaire et urgente. Elle
va de l’avant et échappe aux écueils du théâtre de conversation.
Il est un autre élément essentiel qui nourrit le paroxysme de son théâtre. Tout comme dans ses
autres textes de maturité, Crommelynck explore le point de vue d’un personnage unique poussé à
son degré d’incandescence - ici l’attachement viscéral à la pureté de l’amour - et montre non
seulement l’incompatibilité de ce point de vue avec un ordre social donné, mais plus encore, la façon
dont ce point de vue bouleverse l’ordre social. Si la jalousie morbide de Bruno dans Le Cocu
magnifique a pour conséquence paradoxale de mener tous les hommes du village dans le lit de la
fidèle Stella, provoquant une énorme guerre des sexes entre les hommes et les femmes du village,
dans La jeune fille folle de son âme, l’amour absolu de Carine gagne toute la noce, et en nourrit
paradoxalement le désir sans frein, jusqu’à l’orgie, jusqu’aux bacchanales…
Bien entendu, dans le cas de La Jeune fille folle de son âme, cette bacchanale ne se déroule pas sur la
place publique, mais dans un milieu aristocratique clos, dans l’enceinte d’une propriété privée, sous
l’œil organisateur du maître des lieux : le Chasseur, et sous l’œil goguenard des serviteurs, qui
semblent attendre leur heure. Tout cela concoure à accentuer le caractère tout à la fois trouble et
sophistiqué dans lequel baigne la pièce, caractère qui n’est pas sans rappeler le Eyes wide shut de
Kubrick.
J’ai insisté ici sur les qualités théâtrales de Crommelynck car cela me semblait nécessaire.
Mais qu’en est-il de la nécessité de porter un tel texte à la scène aujourd’hui ? A-t-il encore quelque
chose à nous dire ? Cela pourrait faire l’objet d’une seconde note d’intention…
Je dirai toutefois ceci. Si les années ’60 ont été marquées par un vent de révolution sexuelle, nous
assistons depuis une vingtaine d’années à une exacerbation entre différentes conceptions sociales du
désir et des pratiques sexuelles. Entre radicalisation religieuse et consumérisme. Entre
embourgeoisement des pratiques et évasion virtuelle… Dans ce contexte, une pièce comme La jeune
fille folle de son âme me semble prendre sens de façon particulière. »
Michael Delaunoy
Biographies
Fernand Crommelynck (1885-1970), auteur
Crommelynck a joué un rôle majeur dans l’histoire du théâtre européen du XXème siècle. Issu d’une
famille de comédiens (son oncle en particulier a fait les beaux soirs des revues bruxelloises du début
de siècle !), héritier de Verhaeren et de Maeterlinck sur un plan poétique, Crommelynck s’affranchira
après la première guerre mondiale du symbolisme caractérisant ses premiers essais dramatiques
pour inventer un théâtre du paroxysme, tragi-comique, truculent et démesuré, charnel et raffiné,
d’une théâtralité exacerbée et pourtant concrète. Ses textes donneront lieu à des réalisations
novatrices de metteurs en scène aussi prestigieux que Lugné-Poë, Louis Jouvet, ou encore le russe
Vsevolod Meyerhold, qui montera un Cocu magnifique d’anthologie dans un décor constructiviste.
Principales œuvres : Le Sculpteur de bois (1911), Les Amants Puérils (1911), Le Cocu Magnifique
(1920), Tripes d’or (1925), Carine ou la jeune fille folle de son âme (1929), Une femme qu’a le cœur
trop petit (1933), Chaud et Froid ou l’idée de Monsieur Dom (1934).
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